HAL Id: jpa-00237879
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Submitted on 1 Jan 1881
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Rapports sur l’exposition internationale d’électricité et sur les travaux du congrès des électriciens
M. Mascart
To cite this version:
M. Mascart. Rapports sur l’exposition internationale d’électricité et sur les travaux du congrès des électriciens. J. Phys. Theor. Appl., 1881, 10 (1), pp.547-560. �10.1051/jphystap:0188100100054700�.
�jpa-00237879�
547
RAPPORTS SUR L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
ET SUR LES TRAVAUX DU CONGRÈS DES
ÉLECTRICIENS ;
PAR M. MASCART.
1.
Monsieur le
Ministre,
Avant de donner lecture des
récompenses
décernées auxprin- cipaux exposants,
vous avez cruqu’il
était nécessaired’indiquer
en
quelques
traits le caractèregénéral
de cetteexposition, d’après
l’examen attentif
qui
en a été fait par lejury.
Est-il besoind’ajouter
que ce
jurn, composé
des hommes lesplus
autorisés dans les dif- férents pays, et àqui
vous aviez laissé son entière libertéd’appré- ciation,
aaccompli
sa mission avec unesprit
dejustice absolu,
etqu’il
a la conscience de n’avoir laissé dans son 0153uvre que lapart
d’imperfection qui
tient à la nature même desjugements humains,
surtout dans une
question
aussi neuve et aussi difficile?Les
récompenses
que vous allez décerner s’adressent à lapartie
matérielle de
l’Exposition,
mais commentoublier,
avant d’en fairel’énumération,
lespectale
noble et émouvant que nous a donné lecongrès
danslequel
sont venuss’exprimer
les v0153uxqui
se rappor- taient à lapartie
intellectuelle de la science ‘?Par une nouveauté
hardie,
dont aucuneexposition jusqu’ici
nenous avait rendus
témoins,
vous ayez eu le bonheurinespéré
deréunir autour de vous les savants les
plus
éminents de notretemps,
ceux dont les découvertes ont étonné le
monde,
ceuxqui
ont faitde la science de l’électricité ce
qu’elle
estaujourd’hui.
Ils sontvenus à votre
appel pleins
d’uneloyale confiance,
ils ont ou, ertdevant le
public surpris
et charmé tous les trésors de leurgénie,
et nous devons ici
expriiner
leregret
que laplupart
d’entre euxn’assistent pas à cette solennité.
Après
des discussions dontl’histoire de la sciencegardera
lesouvenir,
faisant le sacrifice de toutpré- jugé national,
de toute idéepréconçue
et de touteprétention
per-sonnelle,
ils ontdonné,
par une entente commune, une formepratique
et universelle à lalangue
de l’électricité et unsystème
coordonné de mesures pour en déterminer les effets.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:0188100100054700
L’Exposition
actuelle n’a pas deprécédent.
Ellereprésente
l’en-semble des
applications
industrielles d’une sciencequi
est pour ainsi dire née avec le siècle.Quelques-unes
de cesapplications
ont paru dans les
expositions antérieures,
dont elles ne formaient que la moindrepartie.
Il y aquelques
moisseulement,
onpouvait
encore douter que cette industrie fût
capable
de fournir les éléments d’uneexposition
universelle et d’attirer l’attention dupublic,
mais lesprogrès accomplis
de nosjours
et presque sousnos yeux ont donné à l’ensemble des
objets exposés
un éclat incom-parable.
L’Exposition présente
même ce caractèreinaccoutumé,
que la science et l’industrie y sont intimementmêlées ;
on retrouve dansles
applications
usuelles les déductions de la science laplus
élevéeet le
génie
de l’invention dans cequ’il
a deplus imprévu.
Aussi le
jury
s’est-il trouvé souvent dansl’impossibilité
de re-connaître par les
récompenses
ordinaires le mérite des institutionset des savants
qui
ontexposé
des instruments de recherches scien-tifiques
ou les résultats de leurs travaux ; c’est ce concours désin- téresséqu’il
a voulu reconnaître par desdiplômes
decoopération.
Dans le
développement historique
de lascience,
lespremiers
instruments sont ceux
qui
servent à laproduction
de l’électricitéstatique.
Le fait leplus
saillant que nous ait montrél’Exposition
est le
grand
nombre desappareils multiplicateurs
fondés sur lesphénomènes d’influence,
et dont la machine de Holtz est encorele
type
leplus répandu.
La construction des
piles
n’aprésenté
aucunprogrès
saillant.On lutte
toujours,
avecplus
ou moins desuccès,
contre les effetsde
polarisation
et les usuresinutiles;
mais dans toutes lesappli-
cations
importantes,
même entélégraphie,
la tendance de l’in- dustrie est deremplacer
lespiles
par les machines d’induction.On doit
signaler cependant
les accumulateurs d’électricité dontnous avons vu les
premiers essais, qui
n’ontpeut-être
pas encore reçu leur dernièreforme,
et dont leprincipe
trouvera saplace
dans l’industrie.
Les machines
magnéto-électriques
ont été une desplus grandes
curiosités de
l’Exposition.
Toutes les solutionsthéoriques
du pro- blème ont étéréalisées,
mais le nombre destypes auxquels
on s’estarrêté est réellement très
restreint,
et on sait maintenant lesadapter
549 d’une manière si
parfaite
aux différents besoins de 1 industriequ’on pourrait
croirequ’on approche
de laperfection
et de laforme,
définitive,
s’il n’étaitprudent
des’exprimer
avec réservedans une science si féconde en
surprises.
La construction des càbles sous-marins s’améliore
chaque
année.Au
point
de vue del’isolement,
il y a unequestion
de durée surlaquelle l’expérience
seule peut prononcer; mais les câbles trans-atlantiques posés
dans ces derniers temps conservent leurs pro-priétés
isolantes avec uneperfection qui
n’avait pas encore été atteinte.Pour les câbles
souterrains,
on n’est pas encore entièrement sorti de lapériode d’essai;
les conditionsd’adjudication
sontpeut-
être un obstacle à la bonne fabrication.
De nouvelles idées se sont fait
jour
dans leCongrès
et dansl’Exposition
ausujet
de laprotection
des édifices contre lafoudre ;
la
question
reste àl’étude,
mais ne tardera pas à ètre résolue par les commissions internationales.Les
appareils
de mesure ont subi une transformationcomplète depuis
que la pose etl’exploitation
des câblestransatlantiques
ontdemandé à la science la solution des
problèmes
lesplus
difficiles.Les
phénomènes
d’électricitéstatique
sont évalués avec unepré-
cision
inconnue j usqu’ici.
Lesrhéostats,
lesgalvanomètres
on tpris
des dimensions
plus restreintes,
des formesplus appropriées
auxbesoins de la
pratique
etplus
conformes aux indications de la théorie. Ici encore, il ne semble pasqu’il
reste aucunprogrès important
àaccomplir.
La construction des condensateurs et des càbles artificiels av ai t
à vaincre des difficultés toutes
spéciales ;
cesappareils
s’amélio-rent
chaque jour
etcomportent
maintenant une exactitude inat- tendue.Il est
impossible
designaler
enquelques
mots les pas degéant
franchis par la
télégraphie
pour augmenter le travail deslignes.
Par les
appareils doubles, quadruples,
basés sur uneanalyse
déli-cate des ondes
électriques,
et par la transmission des vibrationssonores de différentes
périodes,
on est parvenu atransporter
surun même
fil,
dans le même sens ou en sens contraires. et simulta-nément,
un nombre dedépêches
dont on nepeut prévoir aujour-
d’hui la limite. D’autre
part,
letemps employé
par unsignal
pourparcourir
lesplus grandes lignes
aériennes est tellement court,qu’il
reste unlong
intervalleperdu
entre deuxsignaux
consécutifs d’un mêmeappareil.
Onpeut
doncremplir
cet intervalle par dessignaux
deplusieurs
autresappareils,
et il semblequ’il n’y
aiLd’autre obstacle à cette
multiplication
desdépèches,
par division dutemps,
que la durée même depropagation
del’agent qui
en estle messager.
Les effets de condensation n’ont pas encore
permis d’appliquer
aux câbles toutes ces méthodes si
fécondes ;
c’est unproblème
àrésoudre.
L’emploi
des relais a, pour ainsidire, supprimé
leslongues lignes
etpermis l’application
à toute distance desappareils
lesplus
délicats.Des
catastrophes
récentes ontappelé
l’attention dupublic
surla sécurité des chemins de fer. Les
compagnies
ontinontré,
par legrand
nombre dessystèmes
designaux exposés,
que c’est là une de leursprincipales préoccupations. L’emploi
de l’électricité dans lessignaux
deprotection
avait été d’abordl’objet
de nombreusespréventions ; l’expérience
amontré,
aucontraire,
que l’électricité n’est pas unagent capricieux,
mais un serviteur fidèle et d’une sécurité absoluequand
on sait bien l’utiliser.Que
dire de latéléphonie,
la merveille de notretemps?
La sur-prise
causée dans lepublic
et dans le monde savant par la pre- mière annonce de cetteprodigieuse
découverte a étédépassée
par l’admiration de tous ceuxqui
ont pu en être les témoins. Les moyens de transmettre les sonsmusicaux,
le chant et laparole humaine,
et d’enmultiplier
lapuissance
sans en altérer le carac-tère,
sont même devenus si nombreuxqu’on peut
se demanderpourquoi
la découverte a été si tardive. C’est comme un nouveau sens donné par legénie
de Graham Bell à l’activité humaine et unevéritable révolution sociale.
Dans l’ordre
purement scientifique,
latéléphonie
a transforméles méthodes
d’observation ;
on arriveaujourd’hui
à déterminer lepoids,
lacomposition chimique
et la structuremécanique
descorps par le seul concours de l’oreille.
Nous ne pouvons passer sous silence les
phénomènes
de radio-phonie qui
sont nés avec le concours de l’électricité et se rattachent aussi à cette science par le nom de 1"inventeur : mais laradiophonie
551
n1emprunte plus
rien à l’électricité et faitintervenir
la lumière seule commeagent
de transmission de laparole.
L’éclairage électrique
a été dansl’Exposition
une véritable révé-lation. A côté de la lumière à arc de
Davy, qui
a ététransformée, régularisée
par les méthodes lesplus simples
et les mécanismes lesplus ingénieux,
nous avons vuapparaitre
sa soeurrivale,
la lumièreà
incandescence, qui
ne se proposeplus
seulement d’illuminer lesphares
et d’éclairer lesgrands
espaces, mais de s’établir aufoyer domestique.
Nous ne sommesqu’au
début de cette industrie nou-velle,
etl’épreuve
estdéjà complète ;
la lumière à incandescenceest un hôte acclimaté
qui
ne nousquittera plus.
Les machines
magnéto-électriques,
créées d’abord en vue de lalumière,
sont maintenantappelées
à un rôleplus
étendu. Dans l’industrie desdépôts métalliques,
elles ont éliminé lespiles,
encom-brantes et
coûteuses ;
dans les artsmécaniques,
l’électricité n’avait d’abord serviqu’à régler
ledépart,
l’arrêt t et le mouvement desorganes de
précision;
elletransporte
maintenant la force aux ma-chines-outils,
et même aux machinesplus puissantes, qui exigent
un travail
important,
sans autre intermédiaire que des fils métalli- quesqui
suivent les routes lesplus capricieuses.
Onpeut
réaliseraujourd’hui
ceproblème singulier
de faire passerving t
chevaux-vapeur par le trou d’une serrure.
Cette
question
dutransport
de la force par l’électricité a exercé lasagacité
des inventeurs. Nous voyonsapprocher
le moment oùl’électricité sera
transportée
àdomicile,
mise à ladisposition
dupublic
par unjeu
derobinets, réglée
par des soupapes et mesurée par uncompteur, plus rigoureusement peut-èurc qu’on
ne le faitaujourd’hui
pour l’eau et le gazd’éclairage.
L’art médical ne
paraît
pas encore en mesure deprofiter
desressources que lui offrent la science de l’électricité et la richesse de
l’instrumentation ;
mais laPhysiologie
est dans une voie deprogrès manifeste,
et elle sentaujourd’hui
le besoin d’une exacti- tudeplus grande
dans ses méthodes d’observation.La
galvanoplastie,
au moins pour ledépôt
des métauxusuels, l’argent,
l’or et lecuivre,
est arrivée à uneperfection qui
ne laisserien à désirer. La fabrication des
objets
detable, qui
fait descendrejusqu’aux plus
humblesménages
lesjouissances
autrefois réservéesau
luxe,
apris
une telleimportance
quel’argenture
des cuillers etdes fourchettes absorbe
chaque
année 25 o0000o de francsd’argent métallique,
c’est-à-dire lequart
de laproduction
annuelle detoutes les mines connues il y a
quelques
années.On est maître
aujourd’hui
deproduire
desalliages
en toutesproportions,
etplusieurs
métaux, tels que lefer,
lenickel,
lecobalt et l’étain ont fait, leur
apparition
dans cette industrie si ré- cente. L’électro-chimie devient même unpuissant
moyen métal-lurgique
pour lapurification
ducuivre,
siimportante
entélégra- phie,
et pourl’affinage
des métauxprécieux.
Elle envahit aussi ledomaine de la Chimie
organique
pour la rectification desesprits,
etelle tend à se substituer au chlore dans le blanchiment des étoffes.
En
horlogerie,
onparaît
avoir renoncé à utiliser l’électricitécomme force
motrice,
et la tendance des artistes est de s’en serviruniquement
comme moyen deréglage
et de remise àl’heure,
sousla direction d’une
horloge
centrale.Le
problème
de la subdivision dutemps
a donné lieu à ungrand
nombre
d’appareils ingénieux.
Enprenant
lesdiapasons
commecompteurs
et l’électricité commesignal
desphénomènes,
on estparvenu à
supprimer
et à éliminer l’inertie des organes et à évalue des intervalles detemps
tellement courts quel’imagination peut
àpeine
les concevoir. Il nous suffira de citer lesapplications
à ladétermination des
longitudes,
de lavitesse de lalumière,
et à l’étude du mouvement desprojectiles
dans l’àme des armes à feu. L’électro-diapason pénètre
même dans les ateliers et devient un instrumentd’usage
industriel.On a recours à l’électricité pour
enregistrer
à distance lesphé-
nomènes
météorologiques,
les indications des niveauxd’eau,
lesobservations
d’hydrographie.
Elle est en voie de transformer les instruments de
musique;
elledonne aux
pianos
la durée des sons del’orgue,
et elleenregistre
les
improvisations
musicales.On la retrouve encore dans les
jouets qui
serviront ainsi à l’édu-cation de
l’enfance,
et dans desappareils
d’unegrande
utilité so-ciale,
tels que lestélégraphes
dequartiers
et les avertisseurs d’in- cendie.D’ailleurs,
toute énumération serait nécessairement écourtée etincomplète
et nous avons àpeine
letemps
de saisir au passage les différentesapplications qui
semultiplient
sous nos yeux.553 Il serait
injuste
d’oublier les machines à vapeur et les machines à gazqui
donnaient la vie àl’Exposition,
etauxquelles
on demandemaintenant des formes nouvelles mieux
appropriées
à l’industrie de l’électricité. On recherche dans le cas actuel des machinesrapides
et à mouvementrégulier ;
nous ne pouvons pas affirmer que leproblème
soit encorerésolu,
mais degrands
efforts ont étéfaits dans cette direction.
Les
organisateurs
del’Exposition
ont eu l’heureusepensée
deréunir les
appareils qui
ont servi aux fondateurs de lascience,
desorte que l’histoire tout entière s’en déroulait sous les yeux des visiteurs. Nous devons adresser nos
plus
vifs remerciements auxgrandes
institutionsscientifiques qui
ont bien voulu nous confier lesprécieuses reliques
de leurs homm es degénie .
Lacomparaison
de ces instruments de travail si modestes avec les résultats mer-
v eilleux de l’industrie
qu’ils
ont fondéepar leur s
découvertes a été pour lepublic,
si désireuxd’apprendre,
une véritable initiation etun salutaire
enseignement.
On a pu ainsi toucher dudoigt
ce que devient lapensée
d’ungrand esprit quand
elle est fécondée par letemps
et par le travail des hommesintelligents
et dévouésqui
s’enemparen t.
Quiconque
a vul’Exposition
et s’est renducompte
des résultatsacquis aujourd’hui
dans une science aussi récente reconnaîtra que c’est un nouveau monde ouvert à l’activité del’in telligence
humaine.
II.
M. le lflinistre m’a donné la mission
périlleuse
de résumer devantvous les travaux
pratiques accomplis
par leCongrès,
enindiquant
brièvement la
portée
desquestions qui
ont été examinées et lesmotifs des résolutions
auxquelles
voues vous êtes arrêté. Pourremplir dignement
cettetâche, je
m’efforcerai den1’inspirer
devotre propre
pensée
et de nie faire l’écho fidèle de vos délibéra- tions.Dans le domaine de la science pure, nous devons
signaler
lesdiscussions
qui
se sont élevées sur lemagnétisiiie
terrestre etl’électricité
atmosphérique.
On sait
depuis longtemps qu’il
existe un lien étroit entre lesperturbations magnétiques,
les aurorespolaires
et les courantsqui
se manifestent à la surface de la terre. Les
lignes télégraphiques
forment
aujourd’hui
un réséauqui enveloppe
le mondeentier, jusqu’aux
contrées on la civilisation n’a pas encorepénétré,
etconstituent ainsi un immense observatoire
magnétique.
Vous avezpensé
que la science devait demander le concours des administra- tionsd’État
et desgrandes compagnies qui exploitent
leslignes télégraphiques,
afin d’utiliser ce réseau pour l’étude dunzagné-
tisme terrestre. La
question présente
même un caractèred’urgence,
si l’on veut venir en aide aux
expédi tions organisées
par la com- missionpolaire
internationale pourentreprendre pendant
uneannée,
àpartir
de l’automneprochain,
une série d’observations simultanées sur lemagnétisme
terrestre, avec des stations distri- buées dans les deuxhémisphères
et aussiprès
despôles
que lepermettront
lesrigueurs
du climat.Tels sont les motifs des voeux suivants
adoptés
par leCongrès :
« il
Que
des mesures soientprises
par les différentes adminis- trationstélégraphiques,
afind’organiser
une étudesystématique
des courants terrestres, sous le
patronage
d’un comité interna-tional ;
» 2° S’il n’est pas
possible
d’obtenir à bref délai unepareille organisation générale,
il est à désirerqu’au
moins des observations soient faites auxjours
termesspécifiés
par la commissionpolaire internationale,
àl’époque
de sesexpéditions.
»L’électricité
atmosphérique
a donné lieu à un débat danslequel
nous avons eu la fortune d’entendre les vues
ingénieuses
ou pro- fondes émises par desesprits éminents, parmi lesquels
il me suffirade citer les noms de sir W. Thomson et de M. Helmholtz. Le
Congrès
en agardé l’impression
que lesphénomènes
d’électricitéatmosphérique,
si peu étudiésjusqu’à présent,
constituent l’un desproblèmes
lesplus
élevés de lascience, qu’ils jouent
sans doute ungrand
rôle dans la nature et méritent d’attirer l’attention de tousles observateurs. Les
principes
ont été bienétablis,
lasignification physique
des effets que l’onpeut
observer a été nettementdéfinie ; mais,
pourapporter
unprogrès marqué
dans nos -connaissancessur cette
question difficile,
il est nécessaire que l’ondispose
d’ob-servations nombreuses faites simultanément dans un
grand
nombrede stations avec des méthodes
comparables
entre elles. Vous avez555
donc
pensé,
sur laproposition
de M.Ro«-land, qu’il
était utile d’établir une entente commune sur le « choix des méthodes etdes instruments
qui répondront
le mieux aux indications de lathéorie,
afin degénéraliser
cette étude à la surface duglobe.
»Les
questions
relatives àr électro-physiologie comprenaient,
enparticulier,
l’examen des méthodesemployées jusqu’à présent
dans les laboratoires de recherches et dans les
appareils
médi-caux, la discussion des méthodes nouvelles
qui pourraient
êtreproposées
et le moyen d’enrapporter
les effets à des mesures abso- lues. Une commissionspéciale, composée
des savantsles plus autorisés,
a consacréplusieurs
séances à ces travaux et vous avezentendu le savant
Rapport qui
vous a étéprésenté
par M. du Bois-Reymond;
mais la nature dusujet
nec0J11portait
pas de résolu- tions surlesquelles
leCongres
fûtappelé
à émettre un avis.Nous
quittons
maintenant la science pure pour entrer dans lesapplications,
autantqu’il
estpermis
d’établiraujourd hui
une pa- reille distinction enprésence
des résultats et des découvertes dont l’industrie nous a donné lespectacle.
Le
problème
de laprotection
des édifices contre les effets de lafoudre,
résoludéjà
dans ses traitsprincipaux
par legénie
deFranklin,
a étél’objet
d’une discussion mémorable. LeCongrès
aentendu,
avec leplus
vifintérêt,
lesexplications
de M. Illelsenssur les
paratonnerres
à conducteursmultiples,
lesrenseignements
fournis sur les instructions de l’Académie des Sciences de Paris et
de l’Académie de
Berlin,
les idées émises parplusieurs
de nos col-lègues
et les résultats des travaux de la commissionanglaise
desparatonnerres.
Vous avezpensé qu’il
n’était paspossible
actuelle-ment d’émettre un avis motivé sur les différents
systèmes
enpré-
sence, mais que le
Congrès
devait user de son influence pour ob- tenir «qu’une
entente s’établit entre les diversÉtats
en vue de réunir les éléments d’unestatistique
relative à l’efficacité des di-vers
systèmes
deparatonnerres
en usage. » Unepareille enquête,
étendue à tous les pays, sera un document
précieux
pour fixer à l’avenirl’opinion
des savants.La
question
n’a pas tardé àprendre
un caractèreplus général.
Les effets de l’électricité terrestre se manifestent sur les
lignes
té-légraphiques
avec une intensitéparticulière
et dans des circon-stances
plus, ariées,
et l’on a duprendre
de nombreusesprécau-
tions pour
préserver
lesappareils
deréception,
les bureaux et lesfonctionnaires
chargés
du service desdépêches.
Jusque-là
lesparatonnerres télégraphiques
n’avaientguère préoc- cupé
que les administrations. Mais l’électricité ne se borneplus
àtransmettre la
pensée
humaine d’un bout à l’autre de l’univers.Grâce à la merveilleuse invention dont Graham Bell a eu la
gloire,
ot
qui
constitue l’une desplus grandes
découvertes de ce siècle sil’écond ,
l’électricitéporte aujourd’hui
directement d’homme àliomme,
et sans aucune traductionintermédiaire,
les modtilations de lamusique
et laparole
articulée.Si l’on n’a pas trouvé encore, et
s’il y
a peud’espoir
de trouverle secret de
prolonger
la viehumaine,
on enmultiplie
l’actiBité etles
jouissances
intellectuelles dans desproportions inespérées.
Lesrésultats
déjà
obtenus dans les communicationstéléphoniques
nouspermettent
d’affirmerqu’on
a ainsi créé subitement une nouvelle nécessité sociale.l’lais,
pourrépandre
cebienfait,
il devient né- cessaire demultiplier
aussi les filstélégraphiques,
d’en couvrir lesgrandes villes,
de les introduire dans l’intérieur des habitations.L’opinion publique
a pu s’émou’7oir de cette innovation et craindre que l’on nefrayât
ainsi un chemin facile aux ravages de la foudre.A la suite d’une discussion
approfondie,
leCongrès
apensé qu’on
nc devait pass’inquiéter
outre mesure de cesdangers,
si desprécautions
convenables étaientprises
dans l’établissement desfils ; toutefois,
il nepouvait
affirmer que laprotection
fûtabsolue, et il,
a
exprimé
le voeu quel’enquête
relative auxparatonnerres
fût étendue aux accidents observés sur les filstélégraphiques
et les filstéléphoniques.
M. Van
Rysselberglie
a installé dans lepalais
del’Exposition
lin
appareil qui enregistre
à Paris lesopérations météorologiques
faites à
Bruxelles,
démontrant parexpérience
lapossibilité
demettre à exécution un
projet qu’il
aprésenté
auCongrès.
Onpourrait
ainsi obtenirsimultanément,
dans lesprincipaux
institutsmétéorologiques d’Europe,
unenregistrement ininterrompu
desphénomènes
obscrvés dans un certain nombre destations ;
on au-rait constamment sous les yeux l’état
général
de1 atmosphère
àla surface de
l’Europe
et tous les éléments nécessaires pour ren-,cigner
lespopulations,
à lapremière alerte,
sur l’arrivéeprobable
des
tenipétes.
557
Vous avezjugé
que ceprojet
est réalisable etqu’il
rendrait des servicescertains; mais,
avant de le recommander aux gouverne- ments, il a paru nécessaire de le soumettre à une étude appro-fondie,
pour déterminerquelle
serait ladépense
totale d’installa- tion et d’entretien desappareils
et des fils detransmission,
ainsique la
part qui
incomberait à chacune des nationsd’Europe,
sil’on devait y consacrer un réseau
spécial
de fils internationaux.Au
point
de vue de latélégraphie pratique, plusieurs questions
d’intérêt commun ont été soulevées dans les séances de section et
dans le
Congrès.
Lorsqu’une ligne
en servicen’emprunte qu’un
seul territoire ouappartient
à une seulecompagnie,
l’administrationcompétente
atoutes facilités d’en étudier et d’en contrôler le bon
état; mais, lorsque
laligne emprunte
des filsappartenant
àplusieurs
réseauxdifférents,
il est souventdifficile,
en raison des nécessités del’exploitation,
de trouver le momentopportun
pour cesépreuves.
Afin de
remplir
cette lacuneregrettable,
leCongrès
aapprouvé
levoeu
présenté
par la deuxièmesection,
«qu’une
entente soit établieentre les administrations
télégraphiques
des divers pays, à l’effet d’instituer desexpériences périodiques
de mesure sur les fils inter- nationaux. »La deuxième section a encore
présenté
auCongrès
les voeuxsuivants, qu’il
suffira d’énoncer pour en fairecomprendre
l’intérêtpratique :
« Dans les marchés et les
publications,
on nedésignera
désor-mais les fils que par leur diamètre
exprimé
enmillimètres,
à l’exclu-sion de toute autre indication de
jauge.
» La même
règle
seraappliquée
aux dimensions des diélectri- ques. »La construction des câbles souterrains et des câbles sous-marins
exige
desquantités
énormes degutta-percha,
et l’industrie se de- mande avecinquiétude
si les arbres dont on extrait ceproduit précieux
ne menacent pas de nous faire défaut. La deuxième sec-tion a
appelé,
sur cepoint,
l’attention desgouvernements,
en insistant sur la nécessité derégler l’exploitation
de lagutta-percha,
de
prendre
des mesures pour en assurer la conservation et d’es- sayer dans d’autres pays l’acclimatation des arbresqui
laproduisen
t.Une
question
de laplus
hauteimportance
pour lesgrandes
lignes
de communicationstélégraphiques
sous-marines a été sou-levée devant le
Congrès,
celle des droitsrespectifs
descompagnies qui
ont des càblesjuxtaposés
ou croisés et desrègles
à établirquand
un de ces câbles doit être relevé pour desréparations.
On afait remarquer aussi
qu’il
n’existe pas,jusqu’à présent,
de garan-ties suffisantes pour la
propriété
des câbles. Deslignes
établies àgrands frais, qui
mettent en relation les deux mondes etreprésen-
tent de
grands
intérêtsindustriels,
n’ont pas une sécurité en rap-port
avec leurimportance sociale,
et l’onpeut
craindrequ’elles
nesoient souvent
compromises
sans recours par la malveillance ou la brn tali të.Il y a là des
questions
de droit international et de droitprivé qui échappaient
à lacompétence
duCongrés ;
mais vous avez crudevoir
appeler
sur cepoint
l’attention deslégislateurs,
et vousavez émis le v0153u que « les
gouvernements
des différents pays s’oc-cupent
de la gravequestion
depropriété
etd’usage
des câblessous-marins. »
Le
Congrès
s’estpréoccupé
aussi dessignaux
distinctifs et desrègles
denavigation
à établir pour les naviresemployés
à la poseou au relèvement des
câbles,
et il avait émis un voeu à cesujet ;
mais M. le Ministre vous a informés que cette
question
se trouvedéjà
résolue par une convention àlaquelle
ont adhéré laplupart
des nations.
La lumière
électrique
a tenu dans leCongrès
laplace importante qu’elle
avaitconquise
dans lepalais
del’Exposition.
Il y a
quelques
annéesseulement,
la lumièreélectrique
étaitréservée aux séances
exceptionnelles d’expériences scientifiques
età la
production
desgrands
effets de décorationthéâtrale ;
elle n’a pas tardé àprendre possession
desphares,
où sapuissance
d’éclai-rement a
augmenté
la sécurité desnavigateurs
sur noscôtes;
elleest mise à contribution
depuis quelques
années pourl’éclairage
des
grands
espaces, desateliers,
desmagasins,
des rues; enfin ellepénètre aujourd’hui
dans les habitationsparticulières,
seperfec- tionne,
se subdivise sous les formes lesplus
variées ets’impose
àl’attention
publique.
Dans la discussion
qui
s’est élevée sur cesujet,
et àlaquelle
ontpris part
ungrand
nombre de savants, on a examiné la nature, laqualité
et les caractères nouveaux de cette lumière. Sur laquestion
559 de savoir comment on
pourrait
évaluer sonpouvoir éclairant,
leCongrès
s’est arrêté à cetteconclusion,
que les étalons en usage, lesbougies
et lalampe Carcel,
étaient devenus insuffisants. Il estnécessaire de trouver pour 1 avenir un étalon de lumière
qui
pos- sède d’autresqualités
et unplus grand éclat,
et vous avez entenduavec la
plus
vive attention les idées nouvellesqui
se sont faitjour
à ce
sujet.
En attendant les
progrès
que l’avenir ne tardera pas à nous ap-porter,
vous avez été d’avis : 1 ° « de recommanderl’elllploi
de lalampe
Carcel dans lescomparaisons photométriques
que doit faire lejury
avec les diversappareils
de lumièreélectrique exposés;
2° de
présenter
le voeu que legouvernement français
veuille bienprendre
l’initiative d’une commission internationalequi
serachargée
de déterminer l’étalon définitif de lumière etd’indiquer
les
dispositions
à observer dans lesexpériences
decomparaison.
»Enfin,
on demandeaujourd’hui
àl’électricité,
non seulement detransmettre la
pensée,
laparole
et lalumière,
mais aussi deporter
le travailmécanique.
Elle estlargement
mise àprofit
dans les com-pagnies
de chemins defer,
pour lessignaux
destinés àprotéger
lamarche des
trains;
dansl’industrie,
pour la mise en action des organes délicats et même des machinesqui exigent
un travail im-portant. L’Exposition
nous a montré l’électricitéemployée
à fairemouvoir des
ventilateurs,
des pompes, desvoitures,
descharrues,
et l’on voit arriver le moment où elle
portera
la foret motrice danstous les ateliers des
grandes
villes. L’industrie desmétaux y
a re-cours pour les
dépôts galvaniques, l’affinage,
l’extraction des mé- tauxprécieux,
et nous avons assisté à uneexpérience
curieuse deM. William
Siemens,
où le courantélectrique apporte
à.l’intérieur d’unfoyer
la chaleur nécessaire pourproduire
lestempératures
les
plus
élevées et obtenir de véritablesopérations métallurgiques.
Toutes ces
applications
soulèvent une foule deproblèmes
sur ladistribution,
larépartition,
leréglage
des courantsélectriques,
ainsi que le
transport
du travailjnécanique ;
leCongrès
a entenduà ce
sujet
des communications duplus
hautintérêt,
et il aappelé
l’attention du
jury
sur l’utilité de faire desexpériences
de compa- raison avec lesappareils dynamo-électriques
que renfermel’Expo-
sition.
Le
Congrès international,
avec l’aide del’Exposition
dont il pou-vait
profiter
comme d’un immenselaboratoire,
a donné unegrande publicité
aux découvertes et uneimpulsion
réelle augénie
desinventeurs. En dehors de son rôle dans les