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Rapports sur l exposition internationale d électricité et sur les travaux du congrès des électriciens

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(1)

HAL Id: jpa-00237879

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Submitted on 1 Jan 1881

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Rapports sur l’exposition internationale d’électricité et sur les travaux du congrès des électriciens

M. Mascart

To cite this version:

M. Mascart. Rapports sur l’exposition internationale d’électricité et sur les travaux du congrès des électriciens. J. Phys. Theor. Appl., 1881, 10 (1), pp.547-560. �10.1051/jphystap:0188100100054700�.

�jpa-00237879�

(2)

547

RAPPORTS SUR L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ

ET SUR LES TRAVAUX DU CONGRÈS DES

ÉLECTRICIENS ;

PAR M. MASCART.

1.

Monsieur le

Ministre,

Avant de donner lecture des

récompenses

décernées aux

prin- cipaux exposants,

vous avez cru

qu’il

était nécessaire

d’indiquer

en

quelques

traits le caractère

général

de cette

exposition, d’après

l’examen attentif

qui

en a été fait par le

jury.

Est-il besoin

d’ajouter

que ce

jurn, composé

des hommes les

plus

autorisés dans les dif- férents pays, et à

qui

vous aviez laissé son entière liberté

d’appré- ciation,

a

accompli

sa mission avec un

esprit

de

justice absolu,

et

qu’il

a la conscience de n’avoir laissé dans son 0153uvre que la

part

d’imperfection qui

tient à la nature même des

jugements humains,

surtout dans une

question

aussi neuve et aussi difficile?

Les

récompenses

que vous allez décerner s’adressent à la

partie

matérielle de

l’Exposition,

mais comment

oublier,

avant d’en faire

l’énumération,

le

spectale

noble et émouvant que nous a donné le

congrès

dans

lequel

sont venus

s’exprimer

les v0153ux

qui

se rappor- taient à la

partie

intellectuelle de la science ‘?

Par une nouveauté

hardie,

dont aucune

exposition jusqu’ici

ne

nous avait rendus

témoins,

vous ayez eu le bonheur

inespéré

de

réunir autour de vous les savants les

plus

éminents de notre

temps,

ceux dont les découvertes ont étonné le

monde,

ceux

qui

ont fait

de la science de l’électricité ce

qu’elle

est

aujourd’hui.

Ils sont

venus à votre

appel pleins

d’une

loyale confiance,

ils ont ou, ert

devant le

public surpris

et charmé tous les trésors de leur

génie,

et nous devons ici

expriiner

le

regret

que la

plupart

d’entre eux

n’assistent pas à cette solennité.

Après

des discussions dontl’histoire de la science

gardera

le

souvenir,

faisant le sacrifice de tout

pré- jugé national,

de toute idée

préconçue

et de toute

prétention

per-

sonnelle,

ils ont

donné,

par une entente commune, une forme

pratique

et universelle à la

langue

de l’électricité et un

système

coordonné de mesures pour en déterminer les effets.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:0188100100054700

(3)

L’Exposition

actuelle n’a pas de

précédent.

Elle

représente

l’en-

semble des

applications

industrielles d’une science

qui

est pour ainsi dire née avec le siècle.

Quelques-unes

de ces

applications

ont paru dans les

expositions antérieures,

dont elles ne formaient que la moindre

partie.

Il y a

quelques

mois

seulement,

on

pouvait

encore douter que cette industrie fût

capable

de fournir les éléments d’une

exposition

universelle et d’attirer l’attention du

public,

mais les

progrès accomplis

de nos

jours

et presque sous

nos yeux ont donné à l’ensemble des

objets exposés

un éclat incom-

parable.

L’Exposition présente

même ce caractère

inaccoutumé,

que la science et l’industrie y sont intimement

mêlées ;

on retrouve dans

les

applications

usuelles les déductions de la science la

plus

élevée

et le

génie

de l’invention dans ce

qu’il

a de

plus imprévu.

Aussi le

jury

s’est-il trouvé souvent dans

l’impossibilité

de re-

connaître par les

récompenses

ordinaires le mérite des institutions

et des savants

qui

ont

exposé

des instruments de recherches scien-

tifiques

ou les résultats de leurs travaux ; c’est ce concours désin- téressé

qu’il

a voulu reconnaître par des

diplômes

de

coopération.

Dans le

développement historique

de la

science,

les

premiers

instruments sont ceux

qui

servent à la

production

de l’électricité

statique.

Le fait le

plus

saillant que nous ait montré

l’Exposition

est le

grand

nombre des

appareils multiplicateurs

fondés sur les

phénomènes d’influence,

et dont la machine de Holtz est encore

le

type

le

plus répandu.

La construction des

piles

n’a

présenté

aucun

progrès

saillant.

On lutte

toujours,

avec

plus

ou moins de

succès,

contre les effets

de

polarisation

et les usures

inutiles;

mais dans toutes les

appli-

cations

importantes,

même en

télégraphie,

la tendance de l’in- dustrie est de

remplacer

les

piles

par les machines d’induction.

On doit

signaler cependant

les accumulateurs d’électricité dont

nous avons vu les

premiers essais, qui

n’ont

peut-être

pas encore reçu leur dernière

forme,

et dont le

principe

trouvera sa

place

dans l’industrie.

Les machines

magnéto-électriques

ont été une des

plus grandes

curiosités de

l’Exposition.

Toutes les solutions

théoriques

du pro- blème ont été

réalisées,

mais le nombre des

types auxquels

on s’est

arrêté est réellement très

restreint,

et on sait maintenant les

adapter

(4)

549 d’une manière si

parfaite

aux différents besoins de 1 industrie

qu’on pourrait

croire

qu’on approche

de la

perfection

et de la

forme,

définitive,

s’il n’était

prudent

de

s’exprimer

avec réserve

dans une science si féconde en

surprises.

La construction des càbles sous-marins s’améliore

chaque

année.

Au

point

de vue de

l’isolement,

il y a une

question

de durée sur

laquelle l’expérience

seule peut prononcer; mais les câbles trans-

atlantiques posés

dans ces derniers temps conservent leurs pro-

priétés

isolantes avec une

perfection qui

n’avait pas encore été atteinte.

Pour les câbles

souterrains,

on n’est pas encore entièrement sorti de la

période d’essai;

les conditions

d’adjudication

sont

peut-

être un obstacle à la bonne fabrication.

De nouvelles idées se sont fait

jour

dans le

Congrès

et dans

l’Exposition

au

sujet

de la

protection

des édifices contre la

foudre ;

la

question

reste à

l’étude,

mais ne tardera pas à ètre résolue par les commissions internationales.

Les

appareils

de mesure ont subi une transformation

complète depuis

que la pose et

l’exploitation

des câbles

transatlantiques

ont

demandé à la science la solution des

problèmes

les

plus

difficiles.

Les

phénomènes

d’électricité

statique

sont évalués avec une

pré-

cision

inconnue j usqu’ici.

Les

rhéostats,

les

galvanomètres

on t

pris

des dimensions

plus restreintes,

des formes

plus appropriées

aux

besoins de la

pratique

et

plus

conformes aux indications de la théorie. Ici encore, il ne semble pas

qu’il

reste aucun

progrès important

à

accomplir.

La construction des condensateurs et des càbles artificiels av ai t

à vaincre des difficultés toutes

spéciales ;

ces

appareils

s’amélio-

rent

chaque jour

et

comportent

maintenant une exactitude inat- tendue.

Il est

impossible

de

signaler

en

quelques

mots les pas de

géant

franchis par la

télégraphie

pour augmenter le travail des

lignes.

Par les

appareils doubles, quadruples,

basés sur une

analyse

déli-

cate des ondes

électriques,

et par la transmission des vibrations

sonores de différentes

périodes,

on est parvenu a

transporter

sur

un même

fil,

dans le même sens ou en sens contraires. et simulta-

nément,

un nombre de

dépêches

dont on ne

peut prévoir aujour-

d’hui la limite. D’autre

part,

le

temps employé

par un

signal

pour

(5)

parcourir

les

plus grandes lignes

aériennes est tellement court,

qu’il

reste un

long

intervalle

perdu

entre deux

signaux

consécutifs d’un même

appareil.

On

peut

donc

remplir

cet intervalle par des

signaux

de

plusieurs

autres

appareils,

et il semble

qu’il n’y

aiL

d’autre obstacle à cette

multiplication

des

dépèches,

par division du

temps,

que la durée même de

propagation

de

l’agent qui

en est

le messager.

Les effets de condensation n’ont pas encore

permis d’appliquer

aux câbles toutes ces méthodes si

fécondes ;

c’est un

problème

à

résoudre.

L’emploi

des relais a, pour ainsi

dire, supprimé

les

longues lignes

et

permis l’application

à toute distance des

appareils

les

plus

délicats.

Des

catastrophes

récentes ont

appelé

l’attention du

public

sur

la sécurité des chemins de fer. Les

compagnies

ont

inontré,

par le

grand

nombre des

systèmes

de

signaux exposés,

que c’est là une de leurs

principales préoccupations. L’emploi

de l’électricité dans les

signaux

de

protection

avait été d’abord

l’objet

de nombreuses

préventions ; l’expérience

a

montré,

au

contraire,

que l’électricité n’est pas un

agent capricieux,

mais un serviteur fidèle et d’une sécurité absolue

quand

on sait bien l’utiliser.

Que

dire de la

téléphonie,

la merveille de notre

temps?

La sur-

prise

causée dans le

public

et dans le monde savant par la pre- mière annonce de cette

prodigieuse

découverte a été

dépassée

par l’admiration de tous ceux

qui

ont pu en être les témoins. Les moyens de transmettre les sons

musicaux,

le chant et la

parole humaine,

et d’en

multiplier

la

puissance

sans en altérer le carac-

tère,

sont même devenus si nombreux

qu’on peut

se demander

pourquoi

la découverte a été si tardive. C’est comme un nouveau sens donné par le

génie

de Graham Bell à l’activité humaine et une

véritable révolution sociale.

Dans l’ordre

purement scientifique,

la

téléphonie

a transformé

les méthodes

d’observation ;

on arrive

aujourd’hui

à déterminer le

poids,

la

composition chimique

et la structure

mécanique

des

corps par le seul concours de l’oreille.

Nous ne pouvons passer sous silence les

phénomènes

de radio-

phonie qui

sont nés avec le concours de l’électricité et se rattachent aussi à cette science par le nom de 1"inventeur : mais la

radiophonie

(6)

551

n1emprunte plus

rien à l’électricité et fait

intervenir

la lumière seule comme

agent

de transmission de la

parole.

L’éclairage électrique

a été dans

l’Exposition

une véritable révé-

lation. A côté de la lumière à arc de

Davy, qui

a été

transformée, régularisée

par les méthodes les

plus simples

et les mécanismes les

plus ingénieux,

nous avons vu

apparaitre

sa soeur

rivale,

la lumière

à

incandescence, qui

ne se propose

plus

seulement d’illuminer les

phares

et d’éclairer les

grands

espaces, mais de s’établir au

foyer domestique.

Nous ne sommes

qu’au

début de cette industrie nou-

velle,

et

l’épreuve

est

déjà complète ;

la lumière à incandescence

est un hôte acclimaté

qui

ne nous

quittera plus.

Les machines

magnéto-électriques,

créées d’abord en vue de la

lumière,

sont maintenant

appelées

à un rôle

plus

étendu. Dans l’industrie des

dépôts métalliques,

elles ont éliminé les

piles,

encom-

brantes et

coûteuses ;

dans les arts

mécaniques,

l’électricité n’avait d’abord servi

qu’à régler

le

départ,

l’arrêt t et le mouvement des

organes de

précision;

elle

transporte

maintenant la force aux ma-

chines-outils,

et même aux machines

plus puissantes, qui exigent

un travail

important,

sans autre intermédiaire que des fils métalli- ques

qui

suivent les routes les

plus capricieuses.

On

peut

réaliser

aujourd’hui

ce

problème singulier

de faire passer

ving t

chevaux-

vapeur par le trou d’une serrure.

Cette

question

du

transport

de la force par l’électricité a exercé la

sagacité

des inventeurs. Nous voyons

approcher

le moment

l’électricité sera

transportée

à

domicile,

mise à la

disposition

du

public

par un

jeu

de

robinets, réglée

par des soupapes et mesurée par un

compteur, plus rigoureusement peut-èurc qu’on

ne le fait

aujourd’hui

pour l’eau et le gaz

d’éclairage.

L’art médical ne

paraît

pas encore en mesure de

profiter

des

ressources que lui offrent la science de l’électricité et la richesse de

l’instrumentation ;

mais la

Physiologie

est dans une voie de

progrès manifeste,

et elle sent

aujourd’hui

le besoin d’une exacti- tude

plus grande

dans ses méthodes d’observation.

La

galvanoplastie,

au moins pour le

dépôt

des métaux

usuels, l’argent,

l’or et le

cuivre,

est arrivée à une

perfection qui

ne laisse

rien à désirer. La fabrication des

objets

de

table, qui

fait descendre

jusqu’aux plus

humbles

ménages

les

jouissances

autrefois réservées

au

luxe,

a

pris

une telle

importance

que

l’argenture

des cuillers et

(7)

des fourchettes absorbe

chaque

année 25 o0000o de francs

d’argent métallique,

c’est-à-dire le

quart

de la

production

annuelle de

toutes les mines connues il y a

quelques

années.

On est maître

aujourd’hui

de

produire

des

alliages

en toutes

proportions,

et

plusieurs

métaux, tels que le

fer,

le

nickel,

le

cobalt et l’étain ont fait, leur

apparition

dans cette industrie si ré- cente. L’électro-chimie devient même un

puissant

moyen métal-

lurgique

pour la

purification

du

cuivre,

si

importante

en

télégra- phie,

et pour

l’affinage

des métaux

précieux.

Elle envahit aussi le

domaine de la Chimie

organique

pour la rectification des

esprits,

et

elle tend à se substituer au chlore dans le blanchiment des étoffes.

En

horlogerie,

on

paraît

avoir renoncé à utiliser l’électricité

comme force

motrice,

et la tendance des artistes est de s’en servir

uniquement

comme moyen de

réglage

et de remise à

l’heure,

sous

la direction d’une

horloge

centrale.

Le

problème

de la subdivision du

temps

a donné lieu à un

grand

nombre

d’appareils ingénieux.

En

prenant

les

diapasons

comme

compteurs

et l’électricité comme

signal

des

phénomènes,

on est

parvenu à

supprimer

et à éliminer l’inertie des organes et à évalue des intervalles de

temps

tellement courts que

l’imagination peut

à

peine

les concevoir. Il nous suffira de citer les

applications

à la

détermination des

longitudes,

de lavitesse de la

lumière,

et à l’étude du mouvement des

projectiles

dans l’àme des armes à feu. L’électro-

diapason pénètre

même dans les ateliers et devient un instrument

d’usage

industriel.

On a recours à l’électricité pour

enregistrer

à distance les

phé-

nomènes

météorologiques,

les indications des niveaux

d’eau,

les

observations

d’hydrographie.

Elle est en voie de transformer les instruments de

musique;

elle

donne aux

pianos

la durée des sons de

l’orgue,

et elle

enregistre

les

improvisations

musicales.

On la retrouve encore dans les

jouets qui

serviront ainsi à l’édu-

cation de

l’enfance,

et dans des

appareils

d’une

grande

utilité so-

ciale,

tels que les

télégraphes

de

quartiers

et les avertisseurs d’in- cendie.

D’ailleurs,

toute énumération serait nécessairement écourtée et

incomplète

et nous avons à

peine

le

temps

de saisir au passage les différentes

applications qui

se

multiplient

sous nos yeux.

(8)

553 Il serait

injuste

d’oublier les machines à vapeur et les machines à gaz

qui

donnaient la vie à

l’Exposition,

et

auxquelles

on demande

maintenant des formes nouvelles mieux

appropriées

à l’industrie de l’électricité. On recherche dans le cas actuel des machines

rapides

et à mouvement

régulier ;

nous ne pouvons pas affirmer que le

problème

soit encore

résolu,

mais de

grands

efforts ont été

faits dans cette direction.

Les

organisateurs

de

l’Exposition

ont eu l’heureuse

pensée

de

réunir les

appareils qui

ont servi aux fondateurs de la

science,

de

sorte que l’histoire tout entière s’en déroulait sous les yeux des visiteurs. Nous devons adresser nos

plus

vifs remerciements aux

grandes

institutions

scientifiques qui

ont bien voulu nous confier les

précieuses reliques

de leurs homm es de

génie .

La

comparaison

de ces instruments de travail si modestes avec les résultats mer-

v eilleux de l’industrie

qu’ils

ont fondée

par leur s

découvertes a été pour le

public,

si désireux

d’apprendre,

une véritable initiation et

un salutaire

enseignement.

On a pu ainsi toucher du

doigt

ce que devient la

pensée

d’un

grand esprit quand

elle est fécondée par le

temps

et par le travail des hommes

intelligents

et dévoués

qui

s’en

emparen t.

Quiconque

a vu

l’Exposition

et s’est rendu

compte

des résultats

acquis aujourd’hui

dans une science aussi récente reconnaîtra que c’est un nouveau monde ouvert à l’activité de

l’in telligence

humaine.

II.

M. le lflinistre m’a donné la mission

périlleuse

de résumer devant

vous les travaux

pratiques accomplis

par le

Congrès,

en

indiquant

brièvement la

portée

des

questions qui

ont été examinées et les

motifs des résolutions

auxquelles

voues vous êtes arrêté. Pour

remplir dignement

cette

tâche, je

m’efforcerai de

n1’inspirer

de

votre propre

pensée

et de nie faire l’écho fidèle de vos délibéra- tions.

Dans le domaine de la science pure, nous devons

signaler

les

discussions

qui

se sont élevées sur le

magnétisiiie

terrestre et

l’électricité

atmosphérique.

On sait

depuis longtemps qu’il

existe un lien étroit entre les

(9)

perturbations magnétiques,

les aurores

polaires

et les courants

qui

se manifestent à la surface de la terre. Les

lignes télégraphiques

forment

aujourd’hui

un réséau

qui enveloppe

le monde

entier, jusqu’aux

contrées on la civilisation n’a pas encore

pénétré,

et

constituent ainsi un immense observatoire

magnétique.

Vous avez

pensé

que la science devait demander le concours des administra- tions

d’État

et des

grandes compagnies qui exploitent

les

lignes télégraphiques,

afin d’utiliser ce réseau pour l’étude du

nzagné-

tisme terrestre. La

question présente

même un caractère

d’urgence,

si l’on veut venir en aide aux

expédi tions organisées

par la com- mission

polaire

internationale pour

entreprendre pendant

une

année,

à

partir

de l’automne

prochain,

une série d’observations simultanées sur le

magnétisme

terrestre, avec des stations distri- buées dans les deux

hémisphères

et aussi

près

des

pôles

que le

permettront

les

rigueurs

du climat.

Tels sont les motifs des voeux suivants

adoptés

par le

Congrès :

« il

Que

des mesures soient

prises

par les différentes adminis- trations

télégraphiques,

afin

d’organiser

une étude

systématique

des courants terrestres, sous le

patronage

d’un comité interna-

tional ;

» S’il n’est pas

possible

d’obtenir à bref délai une

pareille organisation générale,

il est à désirer

qu’au

moins des observations soient faites aux

jours

termes

spécifiés

par la commission

polaire internationale,

à

l’époque

de ses

expéditions.

»

L’électricité

atmosphérique

a donné lieu à un débat dans

lequel

nous avons eu la fortune d’entendre les vues

ingénieuses

ou pro- fondes émises par des

esprits éminents, parmi lesquels

il me suffira

de citer les noms de sir W. Thomson et de M. Helmholtz. Le

Congrès

en a

gardé l’impression

que les

phénomènes

d’électricité

atmosphérique,

si peu étudiés

jusqu’à présent,

constituent l’un des

problèmes

les

plus

élevés de la

science, qu’ils jouent

sans doute un

grand

rôle dans la nature et méritent d’attirer l’attention de tous

les observateurs. Les

principes

ont été bien

établis,

la

signification physique

des effets que l’on

peut

observer a été nettement

définie ; mais,

pour

apporter

un

progrès marqué

dans nos -connaissances

sur cette

question difficile,

il est nécessaire que l’on

dispose

d’ob-

servations nombreuses faites simultanément dans un

grand

nombre

de stations avec des méthodes

comparables

entre elles. Vous avez

(10)

555

donc

pensé,

sur la

proposition

de M.

Ro«-land, qu’il

était utile d’établir une entente commune sur le « choix des méthodes et

des instruments

qui répondront

le mieux aux indications de la

théorie,

afin de

généraliser

cette étude à la surface du

globe.

»

Les

questions

relatives à

r électro-physiologie comprenaient,

en

particulier,

l’examen des méthodes

employées jusqu’à présent

dans les laboratoires de recherches et dans les

appareils

médi-

caux, la discussion des méthodes nouvelles

qui pourraient

être

proposées

et le moyen d’en

rapporter

les effets à des mesures abso- lues. Une commission

spéciale, composée

des savants

les plus autorisés,

a consacré

plusieurs

séances à ces travaux et vous avez

entendu le savant

Rapport qui

vous a été

présenté

par M. du Bois-

Reymond;

mais la nature du

sujet

ne

c0J11portait

pas de résolu- tions sur

lesquelles

le

Congres

fût

appelé

à émettre un avis.

Nous

quittons

maintenant la science pure pour entrer dans les

applications,

autant

qu’il

est

permis

d’établir

aujourd hui

une pa- reille distinction en

présence

des résultats et des découvertes dont l’industrie nous a donné le

spectacle.

Le

problème

de la

protection

des édifices contre les effets de la

foudre,

résolu

déjà

dans ses traits

principaux

par le

génie

de

Franklin,

a été

l’objet

d’une discussion mémorable. Le

Congrès

a

entendu,

avec le

plus

vif

intérêt,

les

explications

de M. Illelsens

sur les

paratonnerres

à conducteurs

multiples,

les

renseignements

fournis sur les instructions de l’Académie des Sciences de Paris et

de l’Académie de

Berlin,

les idées émises par

plusieurs

de nos col-

lègues

et les résultats des travaux de la commission

anglaise

des

paratonnerres.

Vous avez

pensé qu’il

n’était pas

possible

actuelle-

ment d’émettre un avis motivé sur les différents

systèmes

en

pré-

sence, mais que le

Congrès

devait user de son influence pour ob- tenir «

qu’une

entente s’établit entre les divers

États

en vue de réunir les éléments d’une

statistique

relative à l’efficacité des di-

vers

systèmes

de

paratonnerres

en usage. » Une

pareille enquête,

étendue à tous les pays, sera un document

précieux

pour fixer à l’avenir

l’opinion

des savants.

La

question

n’a pas tardé à

prendre

un caractère

plus général.

Les effets de l’électricité terrestre se manifestent sur les

lignes

té-

légraphiques

avec une intensité

particulière

et dans des circon-

stances

plus, ariées,

et l’on a du

prendre

de nombreuses

précau-

(11)

tions pour

préserver

les

appareils

de

réception,

les bureaux et les

fonctionnaires

chargés

du service des

dépêches.

Jusque-là

les

paratonnerres télégraphiques

n’avaient

guère préoc- cupé

que les administrations. Mais l’électricité ne se borne

plus

à

transmettre la

pensée

humaine d’un bout à l’autre de l’univers.

Grâce à la merveilleuse invention dont Graham Bell a eu la

gloire,

ot

qui

constitue l’une des

plus grandes

découvertes de ce siècle si

l’écond ,

l’électricité

porte aujourd’hui

directement d’homme à

liomme,

et sans aucune traduction

intermédiaire,

les modtilations de la

musique

et la

parole

articulée.

Si l’on n’a pas trouvé encore, et

s’il y

a peu

d’espoir

de trouver

le secret de

prolonger

la vie

humaine,

on en

multiplie

l’actiBité et

les

jouissances

intellectuelles dans des

proportions inespérées.

Les

résultats

déjà

obtenus dans les communications

téléphoniques

nous

permettent

d’affirmer

qu’on

a ainsi créé subitement une nouvelle nécessité sociale.

l’lais,

pour

répandre

ce

bienfait,

il devient né- cessaire de

multiplier

aussi les fils

télégraphiques,

d’en couvrir les

grandes villes,

de les introduire dans l’intérieur des habitations.

L’opinion publique

a pu s’émou’7oir de cette innovation et craindre que l’on ne

frayât

ainsi un chemin facile aux ravages de la foudre.

A la suite d’une discussion

approfondie,

le

Congrès

a

pensé qu’on

nc devait pas

s’inquiéter

outre mesure de ces

dangers,

si des

précautions

convenables étaient

prises

dans l’établissement des

fils ; toutefois,

il ne

pouvait

affirmer que la

protection

fût

absolue, et il,

a

exprimé

le voeu que

l’enquête

relative aux

paratonnerres

fût étendue aux accidents observés sur les fils

télégraphiques

et les fils

téléphoniques.

M. Van

Rysselberglie

a installé dans le

palais

de

l’Exposition

lin

appareil qui enregistre

à Paris les

opérations météorologiques

faites à

Bruxelles,

démontrant par

expérience

la

possibilité

de

mettre à exécution un

projet qu’il

a

présenté

au

Congrès.

On

pourrait

ainsi obtenir

simultanément,

dans les

principaux

instituts

météorologiques d’Europe,

un

enregistrement ininterrompu

des

phénomènes

obscrvés dans un certain nombre de

stations ;

on au-

rait constamment sous les yeux l’état

général

de

1 atmosphère

à

la surface de

l’Europe

et tous les éléments nécessaires pour ren-

,cigner

les

populations,

à la

première alerte,

sur l’arrivée

probable

des

tenipétes.

(12)

557

Vous avez

jugé

que ce

projet

est réalisable et

qu’il

rendrait des services

certains; mais,

avant de le recommander aux gouverne- ments, il a paru nécessaire de le soumettre à une étude appro-

fondie,

pour déterminer

quelle

serait la

dépense

totale d’installa- tion et d’entretien des

appareils

et des fils de

transmission,

ainsi

que la

part qui

incomberait à chacune des nations

d’Europe,

si

l’on devait y consacrer un réseau

spécial

de fils internationaux.

Au

point

de vue de la

télégraphie pratique, plusieurs questions

d’intérêt commun ont été soulevées dans les séances de section et

dans le

Congrès.

Lorsqu’une ligne

en service

n’emprunte qu’un

seul territoire ou

appartient

à une seule

compagnie,

l’administration

compétente

a

toutes facilités d’en étudier et d’en contrôler le bon

état; mais, lorsque

la

ligne emprunte

des fils

appartenant

à

plusieurs

réseaux

différents,

il est souvent

difficile,

en raison des nécessités de

l’exploitation,

de trouver le moment

opportun

pour ces

épreuves.

Afin de

remplir

cette lacune

regrettable,

le

Congrès

a

approuvé

le

voeu

présenté

par la deuxième

section,

«

qu’une

entente soit établie

entre les administrations

télégraphiques

des divers pays, à l’effet d’instituer des

expériences périodiques

de mesure sur les fils inter- nationaux. »

La deuxième section a encore

présenté

au

Congrès

les voeux

suivants, qu’il

suffira d’énoncer pour en faire

comprendre

l’intérêt

pratique :

« Dans les marchés et les

publications,

on ne

désignera

désor-

mais les fils que par leur diamètre

exprimé

en

millimètres,

à l’exclu-

sion de toute autre indication de

jauge.

» La même

règle

sera

appliquée

aux dimensions des diélectri- ques. »

La construction des câbles souterrains et des câbles sous-marins

exige

des

quantités

énormes de

gutta-percha,

et l’industrie se de- mande avec

inquiétude

si les arbres dont on extrait ce

produit précieux

ne menacent pas de nous faire défaut. La deuxième sec-

tion a

appelé,

sur ce

point,

l’attention des

gouvernements,

en insistant sur la nécessité de

régler l’exploitation

de la

gutta-percha,

de

prendre

des mesures pour en assurer la conservation et d’es- sayer dans d’autres pays l’acclimatation des arbres

qui

la

produisen

t.

Une

question

de la

plus

haute

importance

pour les

grandes

(13)

lignes

de communications

télégraphiques

sous-marines a été sou-

levée devant le

Congrès,

celle des droits

respectifs

des

compagnies qui

ont des càbles

juxtaposés

ou croisés et des

règles

à établir

quand

un de ces câbles doit être relevé pour des

réparations.

On a

fait remarquer aussi

qu’il

n’existe pas,

jusqu’à présent,

de garan-

ties suffisantes pour la

propriété

des câbles. Des

lignes

établies à

grands frais, qui

mettent en relation les deux mondes et

représen-

tent de

grands

intérêts

industriels,

n’ont pas une sécurité en rap-

port

avec leur

importance sociale,

et l’on

peut

craindre

qu’elles

ne

soient souvent

compromises

sans recours par la malveillance ou la brn tali të.

Il y a là des

questions

de droit international et de droit

privé qui échappaient

à la

compétence

du

Congrés ;

mais vous avez cru

devoir

appeler

sur ce

point

l’attention des

législateurs,

et vous

avez émis le v0153u que « les

gouvernements

des différents pays s’oc-

cupent

de la grave

question

de

propriété

et

d’usage

des câbles

sous-marins. »

Le

Congrès

s’est

préoccupé

aussi des

signaux

distinctifs et des

règles

de

navigation

à établir pour les navires

employés

à la pose

ou au relèvement des

câbles,

et il avait émis un voeu à ce

sujet ;

mais M. le Ministre vous a informés que cette

question

se trouve

déjà

résolue par une convention à

laquelle

ont adhéré la

plupart

des nations.

La lumière

électrique

a tenu dans le

Congrès

la

place importante qu’elle

avait

conquise

dans le

palais

de

l’Exposition.

Il y a

quelques

années

seulement,

la lumière

électrique

était

réservée aux séances

exceptionnelles d’expériences scientifiques

et

à la

production

des

grands

effets de décoration

théâtrale ;

elle n’a pas tardé à

prendre possession

des

phares,

sa

puissance

d’éclai-

rement a

augmenté

la sécurité des

navigateurs

sur nos

côtes;

elle

est mise à contribution

depuis quelques

années pour

l’éclairage

des

grands

espaces, des

ateliers,

des

magasins,

des rues; enfin elle

pénètre aujourd’hui

dans les habitations

particulières,

se

perfec- tionne,

se subdivise sous les formes les

plus

variées et

s’impose

à

l’attention

publique.

Dans la discussion

qui

s’est élevée sur ce

sujet,

et à

laquelle

ont

pris part

un

grand

nombre de savants, on a examiné la nature, la

qualité

et les caractères nouveaux de cette lumière. Sur la

question

(14)

559 de savoir comment on

pourrait

évaluer son

pouvoir éclairant,

le

Congrès

s’est arrêté à cette

conclusion,

que les étalons en usage, les

bougies

et la

lampe Carcel,

étaient devenus insuffisants. Il est

nécessaire de trouver pour 1 avenir un étalon de lumière

qui

pos- sède d’autres

qualités

et un

plus grand éclat,

et vous avez entendu

avec la

plus

vive attention les idées nouvelles

qui

se sont fait

jour

à ce

sujet.

En attendant les

progrès

que l’avenir ne tardera pas à nous ap-

porter,

vous avez été d’avis : 1 ° « de recommander

l’elllploi

de la

lampe

Carcel dans les

comparaisons photométriques

que doit faire le

jury

avec les divers

appareils

de lumière

électrique exposés;

de

présenter

le voeu que le

gouvernement français

veuille bien

prendre

l’initiative d’une commission internationale

qui

sera

chargée

de déterminer l’étalon définitif de lumière et

d’indiquer

les

dispositions

à observer dans les

expériences

de

comparaison.

»

Enfin,

on demande

aujourd’hui

à

l’électricité,

non seulement de

transmettre la

pensée,

la

parole

et la

lumière,

mais aussi de

porter

le travail

mécanique.

Elle est

largement

mise à

profit

dans les com-

pagnies

de chemins de

fer,

pour les

signaux

destinés à

protéger

la

marche des

trains;

dans

l’industrie,

pour la mise en action des organes délicats et même des machines

qui exigent

un travail im-

portant. L’Exposition

nous a montré l’électricité

employée

à faire

mouvoir des

ventilateurs,

des pompes, des

voitures,

des

charrues,

et l’on voit arriver le moment où elle

portera

la foret motrice dans

tous les ateliers des

grandes

villes. L’industrie des

métaux y

a re-

cours pour les

dépôts galvaniques, l’affinage,

l’extraction des mé- taux

précieux,

et nous avons assisté à une

expérience

curieuse de

M. William

Siemens,

où le courant

électrique apporte

à.l’intérieur d’un

foyer

la chaleur nécessaire pour

produire

les

températures

les

plus

élevées et obtenir de véritables

opérations métallurgiques.

Toutes ces

applications

soulèvent une foule de

problèmes

sur la

distribution,

la

répartition,

le

réglage

des courants

électriques,

ainsi que le

transport

du travail

jnécanique ;

le

Congrès

a entendu

à ce

sujet

des communications du

plus

haut

intérêt,

et il a

appelé

l’attention du

jury

sur l’utilité de faire des

expériences

de compa- raison avec les

appareils dynamo-électriques

que renferme

l’Expo-

sition.

Le

Congrès international,

avec l’aide de

l’Exposition

dont il pou-

(15)

vait

profiter

comme d’un immense

laboratoire,

a donné une

grande publicité

aux découvertes et une

impulsion

réelle au

génie

des

inventeurs. En dehors de son rôle dans les

questions

de science

technique,

ce

Congrès

a donc fait une oeuvre utile au

progrès

général

et marquera une date

importante

dans l’histoire de l’élce- tricité.

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