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Saint Martin, C. de (2019). La parole des élèves en situation de handicap. Grenoble : PUG, 298 p. ISBN : 978-2-7061-4379-3

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Saint Martin, C. de (2019). La parole des élèves en situation de handicap

Grenoble : PUG, 298 p. ISBN : 978-2-7061-4379-3

Rachel Gasparini

Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/rechercheformation/6665 ISSN : 1968-3936

Éditeur ENS Éditions

Référence électronique

Rachel Gasparini, « Saint Martin, C. de (2019). La parole des élèves en situation de handicap », Recherche et formation [En ligne], Notes critiques, mis en ligne le 30 août 2021, consulté le 30 août 2021. URL : http://journals.openedition.org/rechercheformation/6665

Ce document a été généré automatiquement le 30 août 2021.

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Saint Martin, C. de (2019). La parole des élèves en situation de handicap

Grenoble : PUG, 298 p. ISBN : 978-2-7061-4379-3

Rachel Gasparini

RÉFÉRENCE

Saint Martin, C. de (2019). La parole des élèves en situation de handicap. Grenoble : PUG, 298 p. ISBN : 978-2-7061-4379-3

1 L’éducation dite « inclusive » repose sur la volonté de scolariser tous les enfants, quelles que soient leurs particularités et leurs déficiences, dans des écoles

« ordinaires ». En France, ce mouvement s’est traduit notamment par la transformation des classes de perfectionnement en classes d’intégration (1991) puis en classes pour l’inclusion (Clis, en 2009) et enfin en unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis, en 2015) dont le principe d’inclusion se situe au niveau de l’établissement primaire comme secondaire. Claire de Saint Martin a réalisé son enquête à l’époque des Clis avec des résultats et des interprétations dont la portée heuristique dépasse l’analyse de ces dispositifs historiquement datés car elle permet une compréhension plus générale des conditions d’inclusion dans l’enseignement « ordinaire » des élèves en situation de handicap. Ce livre intéressera les chercheurs et les étudiants en éducation mais aussi les professionnels de l’école ou les professionnels médico-psychologiques, les formateurs d’enseignants voire les parents d’élèves en situation de handicap.

2 L’originalité du travail de cette enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation est d’exploiter le cadre théorique de la liminalité1 pour interroger ces lieux de l’entre-deux que sont les Clis. L’enquête s’appuie sur le ressenti des principaux intéressés, en l’occurrence des enfants qui ont des troubles des fonctions cognitives ou mentales. La méthodologie ne repose donc pas principalement sur le point de vue de l’institution, sur l’avis des adultes professionnels ou des autres enfants de l’école. L’auteure a recueilli la parole des 29 élèves de trois Clis d’école élémentaire, à partir de photos

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réalisées par ces enfants et de questionnements sur leur expérience scolaire, leur sentiment de stigmatisation mais aussi de bien-être et leurs conceptions du handicap.

La méthodologie se situe donc à la croisée entre une sociologie de l’enfant, de l’école et une approche du type « disability studies », tout en gardant cependant une lucidité interprétative en resituant les témoignages des élèves dans le contexte social de traitement du handicap à l’école.

3 La classe d’inclusion scolaire est clairement un lieu de liminalité signifié institutionnellement d’abord par la notification MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) qui marque l’entrée des élèves dans le champ du handicap du fait de l’orientation dans un dispositif à la fois spécialisé et à visée inclusive au sein d’un établissement « ordinaire ». Le quotidien de ces élèves s’organise autour d’une expérience de liminalité dans la mesure où ils ne sont pas pleinement insérés dans l’école, mais qu’ils n’en sont pas définitivement écartés. Leurs déficiences sont prises en charge dans le groupe Clis avec l’objectif de les faire participer aussi à l’enseignement ordinaire, que ce soit en classe comme dans les moments quotidiens de l’école. Claire de Saint Martin démontre combien la triple approche de la liminalité selon Robert Murphy (1990) est pertinente pour comprendre le vécu de ces élèves de Clis : structurellement, ils sont maintenus au seuil de la société ; culturellement, les réactions des autres élèves influencent leurs relations sociales ; individuellement, ils peuvent ressentir de la honte et une perte de confiance en soi. L’élève de Clis suit des rites de passage qui comportent autant de risques de stigmatisation : rite préliminaire (élève exclu du système ordinaire car son handicap l’empêche de suivre le rythme d’apprentissage des programmes) ; rite liminaire (l’élève est placé en Clis) ; rite post-liminaire (l’élève retourne en classe ordinaire à condition de prouver qu’il arrive à surmonter son handicap).

4 L’intérêt de ce livre est d’apporter des compléments et de questionner l’approche de la liminalité par Robert Murphy, à la fois à partir des résultats de l’enquête et de la mobilisation d’autres recherches. L’analyse de toute situation de handicap suppose évidemment de prendre en compte les représentations, les catégorisations et la place accordée aux personnes considérées comme déficientes dans une société donnée. Claire de Saint Martin reprend ainsi un certain nombre de travaux, dont les célèbres analyses d’Erving Goffman selon lequel le normal et le stigmatisé ne sont pas des personnes mais des points de vue. Elle s’appuie également sur les conceptions d’Howard Becker concernant la déviance qui désigne moins un type de comportement en soi qu’une évaluation de ce comportement au regard de normes sociales dominantes. Cependant, ce point de vue relativiste défendu entre autres par Robert Murphy ne suffit pas et l’auteure rejoint les conceptions de chercheurs tels qu’Alain Blanc (2012) qui nuance l’interprétation du handicap comme un fait exclusivement culturel, dans la mesure où il renvoie à une déficience avérée, tangible, qui empêche la participation des individus à la vie sociale. Les troubles des fonctions cognitives ou mentales des élèves de Clis interrogés limitent ainsi leurs possibilités d’apprentissage, altèrent les relations sociales avec leurs pairs et engendrent une fatigue importante.

5 Les élèves de Clis interrogés se distinguent peu des autres enfants de l’école du point de vue de leur sociabilité, dans la mesure ou leurs amis sont essentiellement ceux de leur classe. Leur scolarisation limitée en classe ordinaire induit des relations lacunaires qui accentuent les risques de conflits avec les autres élèves ou le repli sur les camarades de Clis avec le développement d’« une résistance collective et solidaire, à la fois défensive et protectrice, qui leur assure une existence au sein de l’espace scolaire. Ils s’affirment

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alors avec force comme des enfants comme les autres, au prix d’une socialisation partielle au sein de l’école » (p. 237). Par ailleurs, les élèves de Clis nient tous être dans le champ du handicap. S’ils parlent de « différences », ce n’est pas par rapport aux élèves des classes ordinaires mais à l’intérieur même de la Clis où ils mobilisent les stigmates physiques alors que leurs déficiences sont cognitives ou mentales.

6 L’expérience de liminalité des élèves de Clis, selon Claire de Saint Martin, doit être resituée également par rapport aux représentations sociales du handicap, la déficience intellectuelle étant reconnue comme étant la plus vectrice de rejets et d’exclusions dans un contexte scolaire qui accorde tant d’importance aux résultats, qui valorise la compétition entre pairs, qui induit une discrimination fondée sur la réussite scolaire et qui a un poids si important pour déterminer la valeur sociale des individus et leur accès à l’emploi. Le fonctionnement particulier de la Clis permet de préserver les élèves des stigmates liés à la comparaison entre pairs du point de vue des performances scolaires.

Les élèves les plus en difficulté apprécient de ne partager des moments de classe ordinaire que pour des apprentissages moins théoriques (arts, sport, lecture d’albums) alors que pour d’autres élèves la participation à des cours de français ou de mathématiques vient récompenser leurs progrès parce qu’ils estiment que le travail est trop facile dans leur classe spécialisée.

7 En résumé, l’enquête menée par Claire de Saint Martin montre que les élèves de Clis sont dans une situation de liminalité mais plus complexe que celle décrite par Robert Murphy, dans la mesure où elle est plus ou moins incluante ou excluante. Les élèves ne rejettent pas totalement le dispositif de la Clis dans lequel ils se sentent en sécurité, et même s’ils n’y adhèrent pas complètement, ils ont en tout cas un rôle actif et ils apprécient en partie la situation de liminalité. Reste que malgré tous les efforts réalisés par les professionnels scolaires, la logique inclusive peine à remplacer la logique intégrative du fait que le vivre ensemble au niveau de l’école est peu valorisé, au détriment d’une focalisation sur les performances scolaires. Il serait intéressant de poursuivre maintenant cette enquête au niveau des Ulis dont le principe d’inclusion est un peu différent de celui des Clis et avec des élèves plus âgés, par exemple au niveau des lycées, afin de retracer leur expérience scolaire.

BIBLIOGRAPHIE

Blanc, A. (2012). Sociologie du handicap. Armand Colin.

Murphy, R. (1990). Vivre à corps perdu. Plon. (1re éd. : 1987).

NOTES

1. Ce concept a été développé par Robert Murphy. La liminalité peut se définir comme la situation d'entre-deux dans laquelle se trouvent les personnes handicapées.

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AUTEURS

RACHEL GASPARINI

Université Claude Bernard Lyon 1, INSPÉ de l’académie de Lyon

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