G U E R I R L A G U E R R E
E x p é r i e n c e s e t p e r s p e c t i v e s p s y c h o s o c i a l e s
Les jeunes, acteurs-clés de la reconstruction durable post-conflit Rencontre internationale 10 . : 12 Décembre 2007 : . Genève
CONTEXTE
Malgré les millions de dollars injectés chaque année dans les zones touchées par des combats armés1, 44% de ces régions replongent dans la violence au cours des cinq premières années de paix2. Face à ce constat préoccupant, il apparait nécessaire de poursuivre les réflexions sur la notion de reconstruction post-conflit afin de la rendre plus efficace.
Pour aider à la rupture des cycles de violence et à la gestion des conséquences des conflits, les interventions internationales doivent se concentrer plus sur les dimensions psychologiques et sociales des populations, et non seulement sur leurs besoins matériels. De telles initiatives contribuent à restaurer le bien-être ; à renforcer la capacité de développement ; à faciliter le dialogue et à favoriser la dignité dans la vie et le travail.
Guérir la guerre est une rencontre internationale dont l’objectif est d’améliorer les pratiques psychosociales dans une perspective holistique et multidisciplinaire. Cette rencontre veut encourager les échanges pour « démédicaliser » le psychosocial et promouvoir une approche centrée sur la personne, dans tous les types et à tous les niveaux d’interventions au bénéfice des populations affectées par les conflits. Dans ce contexte, la rencontre appelle à des réponses qui apprécient les diversités culturelles ; reconnaissent l’interdépendance entre le bien-être des individus, des communautés et des sociétés ; soutiennent la mobilisation des ressources et des capacités internes ; promeuvent la collaboration entre diverses disciplines et professionnels respectifs.
A la suite de la rencontre inaugurale l’année passée, Guérir la guerre : « Expériences et perspectives psychosociales dans les zones dévastées par les conflits », l’édition de 2007, proposée par l’Unité Psychosociale et d’Intégration Culturelle de l’Organisation Internationale pour les Migrations, avec le soutien de la Fondation Moncalme et de la Coopération Italienne pour le développement, cherchera à faire progresser les discussions internationales dans ce domaine.
Cette édition aura pour sujet privilégié les besoins, les rôles et les potentiels des jeunes dans la reconstruction post-conflit tout en interrogeant les differents modèles d’intervention passés et futurs.
Les jeunes3 constituent presque un cinquième de la population mondiale4 et représentent un lien crucial entre les générations. Durant les conflits, cette population
1 Le budget du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique pour la reconstruction en Iraq a été estimée à 28 billions de dollars pour la période 2003 - 2006 (Commission budgétaire de la Chambre des
Représentants des Etats-Unis d’Amérique).
2 Cf. L’Unité prévention des conflits et reconstruction de la Banque mondiale.
3 La définition officielle de la jeunesse, utilisée par les Nations Unies, comprend tout individu entre 15 et 24 ans (Guérir la Guerre prend en considération la difficulté de définir ce terme de manière univoque, la notion de jeunesse variant aussi selon les situations et les normes socioculturelles).
4 Division de la Population du Département d’Affaires Sociales et Economiques du Secrétariat des Nations Unies, World Population Prospect: The 2006 Revision et World Urbanization Prospects: The 2005 Revision.
est durement touchée5. Les jeunes constituent la majorité de nombreux groupes armés, ils sont des cibles communes de la violence et sont souvent forcés à migrer, sans parler des nombreuses autres expériences et circonstances qu’ils doivent affronter. Si les situations de post-conflit ne sont pas prises en compte comme il se doit, des problèmes peuvent se développer, comme la stigmatisation, les manifestations de violence et l’augmentation des migrations volontaires des jeunes . Ces phénomènes entravent les processus de rétablissement des individus et de leurs sociétés.
Paradoxalement, les jeunes ont longtemps été négligés dans l’élaboration et la programmation des politiques post-conflits. Depuis peu, les attitudes ont commencé à changer et les jeunes acquierent, petit à petit, une place plus importante dans l’agenda international.
Dans ce contexte, Guérir la guerre 2007 réunira des experts multidisciplinaires et des acteurs spécialisés de la communauté internationale pour examiner le concept selon lequel la jeunesse peut et doit jouer un rôle clé dans la reconstruction durable post- conflit. Les experts seront réunis également pour explorer théories et pratiques qui peuvent répondre aux besoins des jeunes et les aider à construire leurs capacités, dans le but de déterminer de futures pistes possibles.
AGENDA
La rencontre internationale se déroulera du 10 au 12 décembre 2007 à Genève. Les deux premiers jours seront consacrés à une réunion d’experts au siège de l’Organisation Internationale pour les Migrations et le troisième jour à une conférence publique au Centre International des Conférences de Genève.
Réunion d’experts
Trois thèmes guideront ces journées d’étude :
1. La jeunesse dans les sociétés post-conflit : quelles situations, quels besoins ? 2. Vers une approche holistique : quelles typologies de réponses ?
3. Acteurs externes, acteurs locaux : comment intervenir ?
Les experts discuteront d’abord les trois thèmes en sessions plénières. Suivant les discussions thématiques, les participants seront ensuite divisés en trois groupes de travail. La tâche de chaque groupe sera de réélaborer les contenus des discussions thématiques dans une synthèse qui sera présentée lors de la conférence. La réunion d’experts se conclura par une séance plénière, qui aura pour but de résumer les résultats des différentes sessions.
Des étudiants seront également présents aux séances en tant qu’observateurs. Ils pourront ainsi proposer leurs comptes-rendus, leurs prospectives et perspectives sur les differentes discussions thematiques.
Ci-dessous, une description des trois thèmes :
Thème 1 : La jeunesse dans les sociétés post-conflit : quelles situations ? Quels besoins ?
L’objectif de cette première session est d’explorer la manière dont les parcours individuels et les dynamiques sociales ont été affectés suite aux conflits, et d’identifier les besoins des jeunes dans ces situations. Les discussions répondront à des questions telles que :
De quelle manière le conflit crée traumas et perturbations chez les jeunes ? Comment le conflit change les perceptions et les valeurs des jeunes ?
5 World Youth Report, 2003 - Chapter 14: Youth and Conflict.
Quelles sont les changements socio-économiques apportés par le conflit ?
Quels sont les principaux facteurs de risque post-conflits auxquels les jeunes doivent faire face ?
Comment le rôle de la jeunesse change dans les sociétés post-conflit et quelles significations ce changement a-t-il pour la famille, la communauté et les dynamiques sociales ?
Thème 2 : Vers une approche holistique : quelles typologies de réponses ? Cette session discutera des modalités pour soutenir la jeunesse et renforcer ses capacités, afin de construire une base solide pour la reconstruction post-conflit. Les questions qui seront explorées comprennent :
Comment les initiatives psychosociales répondent aux besoins de la jeunesse et permettent la réconciliation et la reconstruction ?
Quels sont les autres types de réponses qui peuvent et devraient être adressés aux jeunes dans les situations de post-conflit ?
Comment assurer une approche holistique dans les interventions?
Comment peut-on créer un pont entre les réponses dirigées vers les besoins à court- terme et celles facilitant la reconstruction à long terme ?
Thème 3 : Acteurs externes, acteurs locaux, comment intervenir ?
La troisième session considérera les dynamiques entre les acteurs externes, les professionnels locaux et les instances politiques, s’intéressant particulièrement aux manières de maximiser les impacts positifs des interventions au bénéfice des jeunes dans le post-conflit. Cette session s’interrogera sur :
Comment les acteurs externes peuvent encourager une collaboration efficace entre les professionnels locaux et les instances politiques ?
De quelle manière les acteurs internationaux peuvent-ils engager et renforcer les capacités et possibilités des jeunes à travers leurs interventions ?
Quelles étapes devraient être suivies afin d’assurer qu’efforts et actions aient une suite positive et durable après le départ des acteurs externes ?
Conférence
La conférence sera structurée autour des résultats des discussions des trois thèmes de la réunion d’experts. Les éléments clés des journées précédentes seront partagés et discutés avec un public plus large, guidé par une table ronde de représentants des organisations internationales, institutions académiques, ONGs et étudiants, observateurs de la réunion d’experts. Des présentations seront également proposées par des invités spécialisés.
La dernière partie de la conférence comprendra une présentation des recommandations finales, qui auront été compilées au cours des trois jours de la rencontre internationale. En conclusion, les participants à la réunion d’experts formeront une plate-forme de discussion pour répondre aux questions et commentaires du public.
