HAL Id: jpa-00206673
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Submitted on 1 Jan 1968
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Rôle de l’émission stimulée dans la fluorescence
G. Monod-Herzen, L. Langouet, G. Thomin
To cite this version:
G. Monod-Herzen, L. Langouet, G. Thomin. Rôle de l’émission stimulée dans la fluorescence. Journal
de Physique, 1968, 29 (5-6), pp.471-476. �10.1051/jphys:01968002905-6047100�. �jpa-00206673�
ROLE DE
L’ÉMISSION STIMULÉE
DANS LAFLUORESCENCE
Par G.MONOD-HERZEN,
L. LANGOUET et G.THOMIN,
Laboratoire de Luminescence, Faculté des Sciences de Rennes.
(Reçu
le 12 décembre1967.)
Résumé. 2014 L’existence d’une émission stimulée modifie
profondément
leséquations
différentielles de la luminescence, non seulement dans le cas des cavités résonnantes, mais
d’une
façon générale.
On cherche ici à établir les nouvelleséquations
relatives aux fluorescencessimples
et aux résonances.Abstract. 2014 Stimulated
light
canplay
animportant part
in luminescence, notonly
inthe resonant cavities of masers and lasers, but
generally.
We try to establish here new diffe-rential
equations
forsimple
fluorescence and for resonance.Depuis
la d6couverte des masers et lasers(1954
et
1960),
les emissions stimul6es(ou induites)
ont 6t66tudi6es surtout pour determiner le comportement de la matiere contenue dans leur cavite r6sonnante. On
a ainsi 6tabli les bilans de leurs
6changes d’énergie
et ceux de 1’evolution dans le
temps
despopulations 6lectroniques
des diff6rents niveaux des ions 6metteurs.L’effet laser
dependant
de la difference de densite deces
populations plus
que de ces densiteselles-m6mes,
on a fait entrer directement cette
quantite
dans lesbilans
num6riques
de cesreactions,
cequi
a conduitaux
equations
de Statz-de Mars[1]
pour les lasers aquatre
niveaux. Elles ontete,
par lasuite, adaptees
par Birnbaum aux lasers a trois
niveaux,
cequi
apermis, grace
aquelques simplifications,
de les rame-ner a une forme lin6aire. Leur
integration
devenaitalors
possible
sans1’emploi d’ordinateurs,
et l’on a pu ainsijustifier th6oriquement
1’existence d’oscillations amorties du nombre desphotons presents [2].
Dans sa
these, Cohen-Tannoudji [3]
a 6tudi6 lecycle
de pompageoptique
dans unchamp
de radio-fr6quences
en vue d’6tablir les lois du transfert de coherence et des effets de modulation et de les verifierexpérimentalement,
dans le cadre des travaux fonda-mentaux de
J.
Brossel[4].
On peut s’int6resser aux emissions stimul6es d’un
autre
point
de vue.En
mentionnant pour lapremiere
fois leur existence
[5]
en1916,
Einstein a montre quechaque
luminescencecomprend
n6cessairement unecertaine
proportion
de lumierestimul6e,
de sorte que, memequand
cetteproportion
estpratiquement n6gli- geable,
on ne peut pas la consid6rerth6oriquement
comme nulle. En
consequence,
lesequations
ducycle
de luminescence le
plus general,
etablies sans en tenircompte, sont n6cessairement
incompletes,
meme si leuremploi pratique
estamplement justifi6
parl’expé-
rience. C’est ce
point
de vue, a la foisgeneral
etélémentaire, qui
a eteadopte
dans cet article[6].
I. Doimdes du
probl6me.
- Soit un ensemble desyst6mes (atomes, molecules,
centresluminogenes...)
6clair6s uniformément par une lumiere monochro-
matique
d’intensit6 constante I et defrequence
conve-nable pour
pouvoir
les amener dans un 6tat exciteunique. L’expérience
montre que l’intensit6 de la luminescence survenant lors du retour de cessyst6mes
a 1’etat fondamental est
proportionnelle
a celle de la lumiere excitatrice[7], [8], [9],
tant que celle-ci n’est pas tresintense,
cequi
revient a dire que le nombre desphotons atteignant
lessystemes
est nettementinferieur au nombre total des
syst6mes
accessibles.Dans ce
qui suit,
nous supposerons 6tretoujours
dansce cas. Bien que les
syst6mes
effectivement irradi6s nesoient pas,
individuellement,
les memes d’un instant a1’autre,
si leur nombre est assezgrand,
onpeut
consid6rer sa valeur moyenne N comme constante :c’est ce que nous
appellerons
le nombre total dessystèmes
irradies.
A l’instant
initial,
nous supposerons les Nsyst6mes
dans leur 6tat fondamental. A l’instant t, une par- tie n* d’entre eux sera
pass6e
a 1’etat excite alors que les n autressyst6mes
seront rest6s ou revenus a leur 6tatinitial,
etl’on
aura :La
variation,
par unite de temps, du nombre n* dessystemes
a 1’etat excite estdue,
d’unepart,
a1’aug-
mentation de ce
nombre,
a la suite del’absorption
de
1’energie
desphotons
incidents par lessyst6mes
a1’etat
fondamental,
d’autrepart,
a sa diminutionArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01968002905-6047100
472
provenant des
désactivations, spontan6es
ou non, sousforme d’6mission de lumiere ou sous toute autre
forme,
ce que nous 6crivons :l’indice 1
correspondant
a 1’excitation et l’indice 2 à la désactivation.II. Mdthode de calcul. - Pour soumettre aux
calculs les reactions de
luminescence,
onpeut,
ou bienécrire les bilans
energetiques
de ces reactions - enappliquant
leprincipe
de conservation de1’energie
-ou bien on
peut
6valuer 1’evolution du nombre desparticules
mat6rielles se trouvant dans tel ou tel 6tat- en
appliquant
leprincipe
de l’invariance du nombre total desparticules.
Ce sont ces bilansnumiriques
quenous allons utiliser : leur
emploi permet
de ne paspr6ciser
danschaque
cas lafrequence
ou la naturedes
energies
mises enjeu.
Avec cettem6thode,
lesintensités
lumineuses, qui
sont par definition despuis-
sances, c’est-a-dire des debits
d’6nergie :
s’6criront en fonction du nombre n’ de
photons
defrequence hv :
et comme le nombre n’
importera seul,
on pourrasupprimer
le facteurhv,
a condition de tenircompte s6par6ment
des transitions non rayonnantes de cer- tainssystemes,
cequi
a1’avantage
de bien mettre enevidence la relation de ces transitions avec la
regle
de Stokes.
Nous consid6rerons dans ce
qui
suit deux intensiteslumineuses reelles l’intensit6 I de la lumiere incidente
et l’intensit6
Iem
de la lumiereemise;
et deux intensités fictives : l’intensit6 I’ de la lumiere excitatrice etl’intensit6 I" de la lumiere
stimulante,
dont la naturevarie suivant que la fluorescence consid6r6e est ou non
une resonance.
III.
Excitation
parabsorption.
- Tous lessystemes
a 1’etat fondamental
qui
absorbent unphoton
passent a 1’etatexcit6,
mais ce n’estqu’une partie
dessyst6mes
irradi6s
qui
absorbe : cephénomène
estspontan6
et,dans ces
conditions,
laprobabilite d’absorption
par unite detemps,
pour 1’ensemble des nsyst6mes
a1’etat
fondamental,
estproportionnelle
a l’intensit6 I’de la lumiere
excitatrice,
ce que nous 6crirons :La lumiere excitatrice I’ ne doit pas 6tre confondue dans tous les cas avec la luniière incidente
I,
car ilest
possible
que la lumiere6mise,
d’intensitéle,n, joue
un role dans 1’excitation. Nous traiterons ici les deux
cas extremes :
celui
d’une fluorescence pure, c’est-à-dire telle que le
spectre
d’emission et le spectre d’exci- tation ne se chevauchent pas, et celui d’une resonance ou le chevauchement est total.IV. Désactivation et dmission. - Le retour d’un
systeme
excite a 1’etat fondamentalpeut
se faire de trois mani6res différentes :1) Spontan6ment
avec emission delumiere;
2) Spontan6ment
sans emission delumi6re,
lad6sactivation se faisant soit par transfert
d’6nergie
ades
systèmes voisins,
soit en raison de la nature memedu
cycle
de luminescencequi exige
une emission de chaleur conformément a laregle
deStokes;
3)
Sous 1’action stimulante de la lumiere6mise,
avec emission de lumiere.
Les
probabilités,
par unite detemps,
des transfor- mationsspontan6es,
sont des constantes si le milieu ext6rieur et l’irradiation ne varient pas. Nousappel-
lerons
Bl
lapremiere
etB2
la seconde.Quant
a latroisieme
probabilité,
elle estproportionnelle
a l’inten-site de la lumiere 6mise seule dans le cas d’une fluo-
rescence pure et a la somme de cette intensite et de celle de la lumiere
incidente,
dans le cas d’une reso-nance.
Appelons
I" une seconde intensite fictive ayant, suivant le cas6tudi6,
l’une ou 1’autre des valeursqui
viennent d’ être
pr6cis6es,
nous 6crirons :et :
mais : donc :
Telle est la forme
g6n6rale symbolique
de1’6quation
de la loi d’évolution de la
population n*
du niveauexcite. Cette
equation
ne peut pass’int6grer
sans que l’onprecise auparavant
la nature de laquantite I",
ce
qui
nous amene a traiters6par6ment
les deux caspr6vus.
V. Fluorescence pure. -1.
EQUATION
D’EVOLUTION.- Le
spectre
d’émission ne chevauchant pas le spectre d’excitation et lessystemes
6tantsupposes
ne recevoiraucune
energie
ext6rieure autre que la lumiere inci-dente,
laregle
de Stokesexige qu’ils perdent
unepartie
de leurenergie
d’excitation sous forme nonrayonnante :
nous supposerons, cequi
est le cas leplus frequent, qu’il s’agit
d’une emission de chaleur.Donc,
le coefficientB2
de notre relationg6n6rale (1)
ne
peut
6tre ni nul nin6gligeable.
La lumiere excitatrice I’ est ici la seule lumiere incidente d’intensit6
I; quant a
l’intensit6 fictiveI",
elle est l’intensit6
Iem
de la lumiere6mise,
somme de1’emission
spontan6e
et de 1’emissionstimul6e,
ce que nous ecrirons :d’oii :
En
portant
ces valeurs de I’ et de I" dans la relationg6n6rale,
on obtient pour1’6quation
d’evolution dessyst6mes
excites :2. DÉCLIN. - Si 1’on
interrompt
1’excitation(I
=0),
on a, pour définir le
d6clin, 1’6quation :
L’int6gration
de cetteexpression
donne :La duree de vie a 1’etat excite est
th6oriquement
d6finie comme :
et en introduisant cette
quantite
dans1’expression precedente :
on met en evidence l’influence du terme
B2 Cn.
Eneffet :
- Si ce terme est
petit
devant1/’T,
on retrouve laloi de variation de n* en fonction du
temps
pour une fluorescence sansstimulation,
cequi peut s’interpreter
par des faibles valeurs de
B2,
C oun* ;
- Si ce terme est
grand
devant1/’T,
ou tout aumoins
important
parrapport
a1/r,
on a la loi citeeplus
haut.En utilisant la relation :
on obtient une
expression
deIem
en fonction du temps :cette
expression
se reduisant a :si on n’a pas de stimulation
(C
=0).
On voit ainsi que les mesures conduisent a la determination d’unepseudo-p6riode
de vier’ telle que l’intensit6Iem
dimi-nue dans le
rapport 1/e
dans unlaps
detemps ’T’,
soit :si
I0 em
est l’intensit6 6mise a l’instant t = 0. - Onpeut
obtenir un ordre degrandeur
der’/T
ensupposant
qu’a
l’instantT’, Iem
est assezpetit
pour que L’onpuisse
faire desdéveloppements
limites et neconsid6rer que les termes du
premier degr6.
Onobtient :
3.
RTAT
DE REGIME. - L’emission a 1’etat deregime,
pour
lequel
on a, pardefinition, dn*/dt
= 0 estdonn6e par une des solutions de
1’6quation
du seconddegr6 :
qui
se r6duit aupremier degr6
si 1’emission stimul6eest
negligeable.
Les solutions de cetteequation
sont :avec :
Mais
lorsque
l’intensit6 I de la lumiere incidente estnulle,
le nombre n* desystemes
a l’état excite doit êtrenul,
d’où :Cette
expression
nepeut
s’annuler que si l’on choisit lesigne
moins devant le radical. La seule racine de1’6quation
du deuxiemedegr6 qui
convienne est donc :Cette
expression g6n6rale
de n* en fonction de Ipeut
6tre
simplifi6e :
1)
Si l’intensiti I estfaible,
on peutnégliger
lestermes en 12 dans
1’expression
de A.L’expression
de n* * sesimplifie
alors et devient :En introduisant cette
expression
de n* dans celle deIem,
on obtient :2)
Si l’intensité I est trèsforte, A
sesimplifie :
474
L’expression
de n* devient :et on obtient :
On peut
representer
1’alluresch6matique
descourbes
I,,. =f(I) ( fig. 1).
FIG. 1. - Variation de
Iem
en fonction de I dans le cas d’une fluorescence.VI. Resonance. - 1.
EQ,UATION
D’EVOLUTION, - En ce cas, la lumiere 6mise ayant la memefrequence
que la lumiere excitatrice peut, comme
celle-ci,
6treabsorb6e par les
syst6mes
a 1’6tat fondamental etcontribuer a les 6lever a l’état
excite,
cequi
nousconduit a poser :
On a donc pour
l’absorption :
avec :
d’ou :
et :
donc :
A
1’emission,
les facteursspontan6s
ne seront pasmodifies,
mais le termerepr6sentant
1’emission induitesera, lui
aussi, proportionnel
a la somme deI + Iem;
on aura donc :
ou :
Ces valeurs de
L’absorption
et de 1’emissionport6es
dans la relation
g6n6rale
lui donnent la forme :D’ou l’on
tirera,
comme dans le casprecedent,
pourla loi de d6clin :
2. DÉCLIN. - Des l’arr6t de 1’excitation
(1= 0), 1’6quation
d’evolution se modifie :On
peut
ys6parer
les variables et obtenir :qui, apres integration,
donne une relationentre n*
etIe
temps t
du déclin :si
n*o
est le nombre desyst6mes
excites au moment del’arrêt de 1’excitation
(t
=0).
D’autrepart,
l’intro- duction de1’expression :
permet
de calculerIem
en fonction du temps de d6clin :Cette formule est
trop complexe
pourpouvoir
6treutilis6e telle
quelle
et il est difficile de lasimplifier.
Si C =
0,
on retrouve une loi de d6clinexponentielle :
mais des que C diffère de
zero,
cette loi est d6form6eet seule une
etude graphique
peutpermettre
d’enconstater les deformations.
3.
RTAT
DE REGIME. - Cet 6tat est caractérisé par la constance de l’intensit66mise,
donc par celle de lapopulation
du niveau excite :La valeur
correspondante
de n* s’obtient en6galant
a zero le second membre de
1’6quation
differentielle de1’6volution,
cequi
s’6crit :les deux racines de cette
equation
sont :avec :
Le fait que n* doit 6tre
nul lorsque
I est nullepermet
d’éliminer une des deux racines :cette
égalité
est satisfaite pour le seulsigne positif
devant le radical. Donc la seule racine
qui
convienneest :
mais
1’expression
de n* en fonction de I peut 6tresimplifi6e :
1)
Si I estpetite,
on peut6crire,
enn6gligeant
leterme en J2 devant les trois autres :
L’expression
de n* devient alors :et :
qui
se resume a :si I est très faible.
2)
Si I est trèsgrand,
on peutsimplifier A qui
devientalors :
d’oii :
L’expression
de n* se transforme en sesimplifiant :
d’oii :
On peut tracer la courbe
repr6sentant
les variations deIem
en fonction de l’intensit6 incidente I( fig. 2).
FIG. 2. - Variation de
jem
en fonction de Idans le cas d’une resonance.
4.
REMARQUE. CAS B2
= 0. - Dans le cas de larésonance, l’ énergie perdue
sous forme de chaleur est faible etpeut
souvent 6trenegligee.
Les calculsg6n6-
raux que nous venons de faire se
simplifient
siB2
= 0.-
Equation
d’evolution :-
Population
de 1’6tat excit6 :a)
Si Iest faible :
476
b)
Si I estgrand :
comme
pr6c6demment.
- Loi de d6clin de la
population
de 1’etat excité :VII. Conclusion. - Les
equations
de la lumines-cence ne sont
plus
lin6airesquand
on tient compte de 1’emissionstimul6e, qui
ne peut 6trenegligee quand
les
frequences
6mises sont assez faibles. L’allure des fonctions ainsi d6termin6espeut jouer
un roleimpor-
tant
quand
la lumiere excitatrice est modul6e pour la transmission designaux
de faible duree et defrequence
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