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Recension « Le Recueil de Florence, 53 farces imprimées à Paris vers 1515, édition critique par Jelle Koopmans, Orléans, Paradigme, 2011 »

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Recension “ Le Recueil de Florence, 53 farces imprimées à Paris vers 1515, édition critique par Jelle Koopmans,

Orléans, Paradigme, 2011 ”

Estelle Doudet

To cite this version:

Estelle Doudet. Recension “ Le Recueil de Florence, 53 farces imprimées à Paris vers 1515, édi-

tion critique par Jelle Koopmans, Orléans, Paradigme, 2011 ”. Cahiers de Recherches Médiévales et

Humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies, Classiques Garnier, 2014. �hal-02314332�

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Journal of medieval and humanistic studies 2011

Le Recueil de Florence. 53 farces imprimées à Paris vers 1515, édition critique par Jelle Koopmans

Estelle Doudet

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/crm/13259 ISSN : 2273-0893

Éditeur

Classiques Garnier

Référence électronique

Estelle Doudet, « Le Recueil de Florence. 53 farces imprimées à Paris vers 1515, édition critique par Jelle Koopmans », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 2011, mis en ligne le 22 juin 2014, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/crm/13259

Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019.

© Cahiers de recherches médiévales et humanistes

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Le Recueil de Florence. 53 farces

imprimées à Paris vers 1515, édition critique par Jelle Koopmans

Estelle Doudet

RÉFÉRENCE

Le Recueil de Florence. 53 farces imprimées à Paris vers 1515, édition critique par Jelle Koopmans, Orléans, Paradigme (« Medievalia » 70), 2011, 826p.

ISBN 978-2-86878-280-9

1 Il est des publications qui sont des évènements, et certainement telle est l’édition, attendue depuis longtemps, que Jelle Koopmans offre du recueil de Florence et de la cinquantaine de farces du début du XVIe siècle qu’il contient. L’exceptionnalité du travail tient à deux raisons principales, l’une philologique, l’autre relevant de l’histoire littéraire.

L’imposant volume de 800 pages est d’une part la première édition véritablement critique d’un vaste corpus, uniquement connu jusqu’ici à travers la transcription fautive publiée par Gustave Cohen en 1949. L’entreprise repose d’autre part sur une refondation radicale des méthodes et des concepts de l’histoire du théâtre d’expression française, et sur une remise en cause des hypothèses usuellement admises sur les genres dramatiques médiévaux, en particulier sur la farce.

2 Le recueil de Florence est l’un des objets les plus mystérieux de l’ancien théâtre européen, qui en compte pourtant beaucoup. Il a en effet été dérobé aux yeux des chercheurs depuis sa détection en 1928. Proposé à la vente par le libraire italien Léo Olschki en même temps que le recueil dramatique dit aujourd’hui Trepperel, il a été acquis par des collectionneurs privés, qui ne l’ont ensuite montré qu’à de rares spécialistes, Eugénie Droz, Gustave Cohen, Jelle Koopmans enfin, à qui revient le mérite de sa redécouverte aujourd’hui. L’objet, rare, est de valeur, puisque les cinquante-trois farces qu’il contient forment un quart des pièces de ce type connues en français. Ajouté au recueil Trepperel

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Cahiers de recherches médiévales et humanistes , 2011

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avec lequel il fait couple, il rassemble la moitié du corpus farcesque des XVe et XVIe siècles.

3 L’édition de Jelle Koopmans, c’est l’un de ses premiers intérêts remarquables, s’attache à comprendre en profondeur le fonctionnement matériel et les enjeux de composition d’un recueil dramatique. Une étude minutieuse des bois gravés suggère une réalisation dans un atelier parisien ainsi qu’une nouvelle datation, vers 1515, beaucoup plus convaincante que les années 1540 proposées par Eugénie Droz. Grâce à cette datation, les recueils Trepperel et de Florence apparaissent comme les premiers témoignages conservés d’anthologies théâtrales en français, avant le recueil du British Museum, imprimé au milieu du XVIe siècle, avant le recueil La Vallière, copié dans les années 1570. La fabrication est d’évidence d’assez piètre qualité, indice d’une production à bas coût. Si elle ouvre d’intéressantes perspectives socio-économiques sur les modes de diffusion et le possible lectorat de telles productions, la constatation a aussi des conséquences que l’édition critique prend habilement en compte.

4 Au contraire de Gutave Cohen, Jelle Koopmans propose une transcription très respectueuse des textes. Il y ajoute ponctuation et didascalies, indices d’interprétation souvent indispensables à la compréhension. De cet équilibre entre non-intervention et intervention mesurée résulte un ouvrage aisé à parcourir pour le lecteur. Le protocole de présentation, identique sur l’ensemble du livre, en facilite l’accès : le titre moderne de la pièce est suivi du titre proposé dans l’imprimé, complété par la liste des personnages et un bref synopsis. À l’issue des vers, dont les obscurités sont commentées en bas de page, sont présentées des hypothèses de datation et éventuellement de localisation, un commentaire de la versification, ainsi qu’une analyse dramaturgique et, autant que faire se peut, contextuelle. L’ensemble est complété par un glossaire que l’éditeur a voulu d’une taille raisonnable et de deux utiles index, des personnages et des noms propres. Ce volume complet s’impose donc comme un instrument de travail désormais incontournable pour les spécialistes, mais aussi, ce qui n’est pas négligeable, comme une ressource immédiatement utilisable par les chercheurs en sciences humaines et en arts du spectacle, par les étudiants, voire par un public curieux.

5 L’autre intérêt majeur de ce travail éditorial de grande qualité est de fonder un bouleversement critique dont l’ampleur ne peut être sous-estimée. L’importance du Recueil de Florence n’est pas en effet seulement quantitative. Sa nouvelle édition révèle également les limites des paradigmes critiques qui ont longtemps servi à étudier la production théâtrale d’expression française des XVe et XVIe siècles. Le premier point, lumineusement argumenté dans l’introduction, est que l’étude des genres dramatiques, longtemps assez peu concernée par les variations chronologiques ou géographiques, doit faire place à une analyse plus attentive aux lieux comme aux périodes de production.

N’existe pas, entre 1450 et 1550, « la farce » ; mais sous ce terme, dont le sens est par conséquent moins stable qu’on le pensait, se cachent des expressions liées à des cultures locales, en un temps donné. Ce que donne à lire le recueil de Florence est l’art farcesque parisien des deux premières décennies du XVIe siècle. L’argument vient ébranler l’approche essentialiste sur laquelle reposait la connaissance du « théâtre français du Moyen Âge », ouvrant à une redéfinition générale des genres dramatiques anciens, de leurs spécificités et de leurs interactions.

6 Autre acquis d’importance, dérivé de la rigoureuse analyse matérielle du livre : les pièces qui composent le recueil sont articulées par une disposition sérielle. Série actantielle, les personnages faisant retour (comme le badin sous les noms de Jenin A Paulme ou Jenin

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Clerc) et s’imposant comme des types. Série thématique et dramaturgique, lorsque sont exploités des ressorts scéniques semblables : les étonnantes mises en scène de locutions familières par des rébus visuels (par exemple l’hilarante farce n°XVI des Femmes qui apprennent à parler latin) semblent bien caractéristiques de l’art farcesque développé à Paris à l’orée du règne de François Ier. Enfin série référentielle, si l’on peut dire, de nombreuses pièces commentant, d’un ton amusé ou mordant, d’identiques problèmes contemporains, à l’instar de la crise gallicane. Il demeure certes difficile de proposer une datation précise des cinquante-trois textes ; les propositions de l’éditeur qui tente de les situer, l’un après l’autre, grâce à des critères linguistiques et en traquant leurs possibles allusions, pourront sans doute faire l’objet de discussions dans le détail par les spécialistes. Il faut cependant saluer, non seulement cet effort, déjà sensible dans l’édition d’André Tissier (Recueil de farces, 1450-1550, treize volumes parus aux éditions Droz entre 1986 et 2001), mais aussi l’inflexion méthodologique qu’il révèle.

7 Demeurent enfin de lancinantes questions : qui sont les auteurs de ces pièces ? Quels milieux ont présidé à leur conception, puis à leur diffusion ? Elles sont rendues encore plus délicates par l’hétérogénéité structurelle des pièces rassemblées dans le recueil.

L’édition montre que plusieurs sont de simples canevas, d’autres des machines subtiles ; que certaines sont probablement assez anciennes, alors que la plupart affirment leur nouveauté. Pour expliquer cette disparité, Jelle Koopmans émet l’hypothèse que les cinquante-trois pièces formaient un ou plusieurs répertoires de troupes, que des imprimeurs auraient récupérés. L’idée est judicieuse, encore que notre connaissance de telles pratiques demeure fort limitée pour l’instant. Quant aux troupes en question, il serait séduisant d’y détecter, comme le propose l’éditeur, de grandes figures de la scène contemporaine, comme Pierre Gringore. Là encore, les discussions sont lancées. Et ce n’est pas le moindre mérite de ce travail que d’ouvrir la voie à de passionnants débats.

8 On l’aura compris : à la fois méticuleux et inventif, rare conjugaison de rigueur et d’inspiration, le nouveau Recueil de Florence est un travail qui fera date. Ne doutons pas que la postérité lui reconnaîtra vite le nom de Recueil Koopmans qu’il mérite pleinement.

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