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Recension « Le Mystère de saint Clément de Metz, édition critique de Frédéric Duval, Genève, Droz, 2011 »

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Recension “ Le Mystère de saint Clément de Metz, édition critique de Frédéric Duval, Genève, Droz, 2011 ”

Estelle Doudet

To cite this version:

Estelle Doudet. Recension “ Le Mystère de saint Clément de Metz, édition critique de Frédéric Duval,

Genève, Droz, 2011 ”. Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes / Journal of Medieval and

Humanistic Studies, Classiques Garnier, 2011. �hal-02314307�

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Journal of medieval and humanistic studies 2011

Le Mystère de saint Clément de Metz, édition critique de Frédéric Duval

Estelle Doudet

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/crm/12357 ISSN : 2273-0893

Éditeur

Classiques Garnier

Référence électronique

Estelle Doudet, « Le Mystère de saint Clément de Metz, édition critique de Frédéric Duval », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 2011, mis en ligne le 14 septembre 2011, consulté le 30 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/crm/12357

Ce document a été généré automatiquement le 30 avril 2019.

© Cahiers de recherches médiévales et humanistes

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Le Mystère de saint Clément de Metz, édition critique de Frédéric Duval

Estelle Doudet

RÉFÉRENCE

Le Mystère de saint Clément de Metz, édition critique de Frédéric Duval, Genève, Droz (« Textes Littéraires Français » 608), 2011, 813p.

ISBN 978-2-600-01454-0

1 Le Mystère de saint Clément de Metz est le fleuron de la culture dramatique messine des 15e et 16e siècles et un remarquable témoin parmi les mystères de saints de cette période. Il était jusqu’ici difficile d’accès, consultable seulement dans l’ancienne édition de C. Abel (1861), amendée par une thèse de l’universitaire allemand F. Tinius (1909). Grâce à F.

Duval est donc remise au jour une œuvre de grande ampleur, importante pour les expressions hagiographiques, voire folkloriques : on y trouve en effet une rare et spectaculaire mise en scène du dragon graoully, emblème de la ville et l’un des

« monstres » urbains les plus célèbres de France, avec la tarasque et les géants des cités septentrionales. Au-delà de l’importance du texte pour l’histoire dramatique d’expression française, c’est le travail de l’éditeur qui attire l’attention. C’est en effet à partir d’un manuscrit de la seconde moitié du 15e siècle disparu dans un incendie en 1944, d’une publication ancienne ayant « remédiévalisé » le texte original et des corrections incomplètes apportées ultérieurement que F. Duval propose cette gageure : tenter d’offrir au lecteur du 21e siècle une édition véritablement critique à partir de sources instables. Le défi est de taille et la démarche de F. Duval ne peut que susciter le vif intérêt des philologues, qui sont souvent confrontés à ce problème.

2 Le Mystère de saint Clément de Metz est l’illustration la plus éclatante de l’histoire dramatique de cette cité, connue pour l’intensité de sa tradition théâtrale : les chroniqueurs messins relèvent sept mystères joués entre 1412 et 1438, puis treize représentations de 1480 à 1520. C’est donc d’un foyer culturel actif qu’est issue cette

Le Mystère de saint Clément de Metz, édition critique de Frédéric Duval

Cahiers de recherches médiévales et humanistes , 2011

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œuvre considérable, rassemblant plus de cent vingt personnages pour une représentation de dix-huit heures. Le manuscrit qui avait conservé la pièce, vraisemblablement un original (c’est-à-dire un texte servant de source à une représentation), semblait dater des années 1470 ; il est possible que l’œuvre ait été écrite et représentée vers 1439. Les lacunes documentaires qui affectent à ce moment les archives locales empêchent de préciser davantage.

3 « Drame historique », Saint Clément est une célébration scénique des origines de la cité messine. Le mystère, comme c’est l’usage, s’appuie sur la tradition hagiographique locale, encore en partie inédite, et notamment sur des vies françaises du saint dont Philippe de Vigneulles, entre autres, rappelle la diffusion. Mais surtout, il apparaît comme un geste d’investissement de l’espace urbain, qui en commémore la naissance et en glorifie le développement. C’est Metz, ses églises, ses rues, sa population, qui sont les héroïnes du jeu. Quoique divisé en tableaux et non en journées, le mystère propose, à travers divers épisodes de la vie du saint, une méditation sur la fondation d’une ville. De ce point de vue, Saint Clément est un bel exemple du rôle imaginaire et social que l’âge d’or théâtral que furent les années 1400-1550 donnait à ce type de représentation.

4 Le fatiste alterne les réflexions monologiques de l’évangélisateur, qui s’adresse souvent à ses ouailles sous forme de sermon, et des scènes très spectaculaires, comme la construction animée des principaux monuments ecclésiastiques de la ville et bien sûr l’impressionnante victoire sur le graoully. La volonté d’animation est patente dans le choix de personnages secondaires haut en couleurs, dont l’habituel rusticus, comme dans le travail concerté de la versification, étudié p. 105-112 de l’introduction.

5 L’édition qu’offre F. Duval est particulièrement riche. Une introduction fouillée présente, après le problème posé par la perte du manuscrit de base, une analyse précise de la pièce, qui n’hésite pas à proposer des hypothèses sur les conditions de représentation : sa localisation possible dans la cité, l’organisation et l’aspect des décors, les déplacements des acteurs que l’on peut inférer des didascalies externes ou internes. Une étude linguistique et rimique est proposée ensuite, utilement complétée par des notes critiques à la fin de l’ouvrage. Celles-ci, essentiellement philologiques, ajoutent également des indications bibliographiques et des références au corpus des mystères contemporains. Un glossaire de plus de soixante-dix pages, à recommander aux amateurs de textes en moyen français, clôt l’ouvrage. L’ensemble, maîtrisé et d’utilisation aisée, permet un accès privilégié au texte.

6 C’est naturellement la méthode d’édition proposée par F. Duval qui retient particulièrement l’attention. Comment parvenir à offrir un texte stable lorsque la source manuscrite ne survit plus que dans une transcription ancienne et assez souvent

« inventive » ? L’éditeur nous invite à le suivre dans une enquête fascinante dans la mesure où, comme il le souligne, elle permet de confronter, sur un matériau textuel précis, les étapes de la discipline philologique, de ses origines au 19e siècle à nos jours.

7 L’étape pré-scientifique est représentée par le premier éditeur, C. Abel. Elle se caractérise par un geste de transcription fortement interventionniste et par une volonté de

« reconstitution » linguistique (et parfois même littéraire). Un travail de correction a été proposé, une cinquantaine d’années plus tard, par un représentant de la philologie allemande alors triomphante. Les notes de Tinius, qui s’inscrivent dans les tensions qui entourent la Lorraine et sa culture entre 1870 et 1918, n’en sont pas moins essentielles, en ce qu’elles offrent de précieux amendements, puisant au manuscrit aujourd’hui disparu. À

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partir de ces indices, F. Duval propose une reconstitution de la méthode des deux éditeurs qui l’ont précédé, afin d’évaluer la logique de leurs interventions et contre-interventions.

8 Ce premier pas l’engage à proposer une nouvelle édition, qui se nourrit d’autres indices : le signal que peut constituer la métrique ; le traitement du mystère comme un corpus cohérent ; sa mise en relation avec le corpus des autres mystères contemporains, à partir des divers outils lexicographiques mis à la disposition du chercheur du 21e siècle. La présentation du texte illustre les différentes strates de cette reconstitution, en alternant caractères italiques et romans. L’ouvrage se présente donc comme le résultat d’une enquête et d’une démonstration, présentées avec la prudence nécessaire mais avec clarté et fermeté. Les résultats emportent l’adhésion – et même l’admiration. De plus, la lisibilité du texte pour un lecteur moins spécialiste ne semble pas être affectée. Doublement intéressant pour la qualité remarquable de l’œuvre et pour la méthode inventive de son éditeur, Le Mystère de saint Clément de Metz est une contribution essentielle à la bibliographie, en forte et heureuse expansion, du corpus dramatique en moyen français.

Le Mystère de saint Clément de Metz, édition critique de Frédéric Duval

Cahiers de recherches médiévales et humanistes , 2011

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