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Recension "Vers une poétique du discours dramatique, Actes du colloque international organisé au Palais de Neptune de Toulon les 13 et 14 septembre 2008, textes réunis par Xavier Leroux, Paris, Champion, 2008"

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Texte intégral

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Cahiers de recherches médiévales et humanistes

Journal of medieval and humanistic studies 2011

Vers une poétique du discours dramatique au Moyen Âge, textes réunis par Xavier Leroux

Estelle Doudet

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/crm/12732 ISSN : 2273-0893

Éditeur

Classiques Garnier

Référence électronique

Estelle Doudet, « Vers une poétique du discours dramatique au Moyen Âge, textes réunis par Xavier Leroux », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 2011, mis en ligne le 18 août 2012, consulté le 03 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/crm/12732

Ce document a été généré automatiquement le 3 mai 2019.

© Cahiers de recherches médiévales et humanistes

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Vers une poétique du discours dramatique au Moyen Âge, textes réunis par Xavier Leroux

Estelle Doudet

RÉFÉRENCE

Vers une poétique du discours dramatique au Moyen Âge, textes réunis par Xavier Leroux, Paris, Champion (« Babeliana » 14), 2011, 340p.

ISBN 978-2-7453-2256-2

1 « Une poétique qui n’est pas » : c’est ainsi que l’éditeur des douze articles réunis dans ce volume définit la vision qui a longtemps prévalu à l’égard du jeu dramatique. Alors que les spécialistes du roman, de la chanson de geste et de la lyrique sont parvenus à imposer l’idée que ces écritures font l’objet, en ancien et en moyen français, d’une élaboration réflexive cruciale, les historiens du théâtre sont toujours assez réticents à voir dans le texte dramatique et les pratiques qui l’accompagnent un objet suffisamment cohérent pour être élevé en poétique. Depuis une quarantaine d’années, l’étude des jeux du Moyen Âge a connu de profonds renouvellements grâce un ensemble d’enquêtes, de l’essai d’A.

Knight sur les genres au récent ouvrage de P. Dumont sur le traitement de l’espace et du temps1. Toutes pointent la double difficulté de ce terrain d’étude : par leur taille et leur diversité, le corpus et la documentation découragent les chercheurs qui tentent des synthèses ; ceux-ci sont handicapés par le manque d’outils théoriques qui leur permettraient de mieux saisir leur objet, ou par les dysfonctionnements que provoquent les notions héritées de la dramaturgie classique. Comme le soulignait récemment J.

Enders2, les spécialistes du jeu dramatique en langue anglaise ont en quelque sorte trop à dire sur presque rien et les médiévistes continentaux rien à dire sur presque trop. Encore faut-il se donner les moyens d’interroger les textes par des instruments adaptés. L’enjeu

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n’est pas mince. Le présent recueil, visant à ouvrir des perspectives en ce sens, est donc particulièrement bienvenu.

2 Le premier pré-requis est de savoir de quoi on parle. Or l’évidence se dérobe lorsque le chercheur doit affronter le lexique nouveau qui, en moyen français, entoure les textes et les pratiques dramatiques : qu’est-ce qu’une « farce », un « mystère », un « jeu » ? L’enquête lexicale, ouverte notamment par G. Runnall, demeure à creuser. L’article de J.

Koopmans, placé à la fin d’un volume qu’il aurait pu aussi bien ouvrir, le souligne avec le brio qu’on connaît à ce grand trouveur. La supposée ignorance médiévale des typologies, génériques ou pratiques, révèle surtout la méconnaissance moderne des mots qui disent le jeu dramatique sous toutes ses formes. Usages locaux, usages sociaux, usages d’époque, extension et précision des termes, autant de paramètres essentiels pour saisir le dynamisme de ce vocabulaire.

3 Un deuxième attendu est d’explorer les textes qui nous sont parvenus à travers des composantes qui n’ont pas livré tous leurs secrets. M. Longtin appelle ainsi à la constitution et à la mise à disposition d’un répertoire développé des personnages, qui permette de mieux comprendre la réapparition de certains d’entre eux au sein de formes ou entre des formes d’expression différentes : mystères, farces, moralités, sotties, etc. Le choix d’un personnel dramatique a en effet longtemps été la pierre de touche des classements génériques imposés aux pièces en moyen français. Mais la relation du personnage au fonctionnement de la représentation a été sous-estimée. Il est en effet temps de la renouveler en éclairant aussi le rôle de certains actants dans l’organisation des textes, qu’ils se donnent à voir ou à lire. À cet égard, le regard que pose C.

Dragomirescu sur les messagers dans un mystère comme La Vengeance de Nostre Seigneur invite à approfondir cette piste. La syntaxe des textes, c’est-à-dire leur dramaturgie propre, doit également être interrogée plus finement, ce que suggère G. Gros à propos du tissage des scènes oniriques dans le Mystère du Siège d’Orléans. De nouveau, les outils d’analyse demandent à être affûtés. C’est pourquoi X. Leroux propose plusieurs critères pour différencier tirade et monologue dramatique, engageant en ricochet une recherche sur le dialogue et son fonctionnement. La structuration dramatique est enfin structuration métrique. Malgré les fréquentes remarques sur la variété des vers et des rimes dans les textes performatifs, la logique de leurs enchaînements et leur lien avec les scènes où ils apparaissent nous échappe encore en grande partie. C’est ce dossier difficile qu’affrontent deux articles, l’un de T. Kuroiwa, examinant le cas du rondeau triolet si fréquent dans les formes dramatiques brèves, l’autre sous les plumes de X. Leroux, D.

Smith et T. Kuroiwa. Constatant avec justesse le manque d’efficacité des formes métriques complexes identifiées depuis H. Chatelain, ils proposent de faire bouger la compréhension moderne de la rime comme couple sonore (AA par exemple) vers la saisie d’une articulation entre deux sons (AB). Il faut saluer cette révolution copernicienne.

Rejoignant certaines remarques de B. de Cornulier, elle ouvre à une appréhension dynamique de la dramaturgie médiévale, poétique inscrite dans la matière même de la langue.

4 Le troisième champ d’enquêtes ouvre aux questions soulevées par les pratiques dramatiques. Elles révèlent beaucoup sur le statut des auteurs et les finalités du geste dramatique envisagé comme gestus social. N. Henrard poursuit ici ses réflexions sur le corpus des mystères rouergats et alpins. Leur inscription dans des espaces différents – urbain pour les textes rouergats, rural pour les pièces alpines – se double de desseins spécifiques, allant de la méditation à la propagande dans les terres gagnées par l’hérésie

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vaudoise. L’importance des cultures régionales et locales est patente pour la période pré- moderne. Les sub-cultures sont aussi sociales, tel le milieu universitaire étudié par D.

Smith à travers le cas exemplaire d’A. Gréban. On peut ajouter, pour aller dans le sens de la démonstration, que l’effervescence dramatique en français est sensible dans les collèges depuis le début du XVe siècle au moins – que l’on songe aux moralités bien connues du collège de Navarre à la fin des années 1420 ou, quelques décennies plus tôt, au Jeu du cœur et des cinq sens écoliers, dramatisation d’un prêche de J. Gerson probablement destiné à un usage scolaire. Ce milieu des écoles, en particulier des petites écoles, où le jeu dramatique, les chants et la musique assument une fonction pédagogique non négligeable aux XVe et XVIe siècles, est étudié par deux articles de K. Lavéant et I. Ragnard. Croisant les perspectives musicologiques, culturelles et historiques, ils éclairent l’exceptionnel témoignage offert par les Noëls de F. Briand. Pourquoi le théâtre, et le théâtre en français, dans ces milieux intellectuels ? La question est d’importance et M. Bouhaïk-Gironès la pose dans une remarquable étude de l’apprentissage professionnel par le jeu dramatique dans certaines communautés de métiers, en particulier les juristes. La coexistence du latin et du français dans les pratiques juridiques du temps fait l’objet chez eux d’intenses réflexions, à la lumière desquelles est éclairée avec finesse la célèbre farce de Maistre Mimin étudiant.

5 Comme on le voit, l’ensemble est riche, à la fois par les analyses détaillées qu’il offre de certaines œuvres ou corpus importants et par ses suggestions méthodologiques. Destiné aux historiens du théâtre, il gagne à être lu par tous ceux qui s’intéressent à la culture du moyen français, celle de l’orateur, où s’inscrit pleinement la poétique du discours dramatique.

NOTES

1. A. Knight, Aspects of genres in Late Medieval French Drama, Manchester University Press, 1983 ; P.

Dumont, L’espace et le temps dans la dramaturgie médiévale française, Orléans, Paradigme, 2010.

2. J. Enders, « Medieval Stages », Theater Survey, novembre 2009, p. 317-325.

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