Partie IV.
Etude expérimentale du séchage de levures par fluidisation.
Le séchage des levures est une technique de conditionnement destinée à garantir la conservation de la viabilité de ces dernières pendant plusieurs mois à température ambiante.
Les micro-organismes sont séchés jusqu’à une teneur en eau comprise entre 4 à 8%. Cette quantité d’eau leur permet de survivre en état de latence [Taeymans, et al. ,1983] [Beker, et al.
,1987]. Les micro-organismes seront réactivés ultérieurement par réhydratation.
Une cinquantaine d’expériences a été réalisée dans le but de tenter d’identifier les paramètres responsables de la perte de viabilité des levures en cours de séchage en lit fluidisé. Une partie des résultats a fait l’objet d’une communication orale dans la session « Matière biologique et systèmes vivants » lors du huitième congrès francophone de Génie des Procédés en octobre 2001 à Nancy et d’un article intitulé « Séchage des levures en lit fluidisé » paru dans les actes du congrès. La copie de l’article se trouve en Annexe 1 .
Le but poursuivi dans la présente étude expérimentale est de mettre en évidence les conditions opératoires de séchage conduisant à la viabilité la plus élevée de la levure .
L’étude expérimentale se divise en 2 séries d’expériences :
¤ dans une première série d’expériences, les caractéristiques de l’air de séchage sont maintenues constantes durant toute l’opération de séchage et la viabilité est évaluée principalement en fin de séchage,
¤ ensuite, les caractéristiques de l’air de séchage sont modifiées en cours de séchage de manière à tenir compte des observations faites lors de la première série d’expériences. La viabilité de la levure est mesurée en cours et fin de séchage.
En outre, les résultats de ces expériences permettront de valider les modèles mathématiques
développés dans le cadre de ce travail.
IV.1. Analyse de courbes expérimentales de séchage.
IV.1.1. Phases de séchage.
L’installation pilote de séchage en lit fluidisé exploitée ci-après a été présentée en Partie III du présent travail. Elle permet de suivre pendant les essais de séchage l’humidité et la température de l’air à l’entrée et à la sortie du lit fluidisé ainsi que l’humidité du solide (Figure IV.1) .
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Temps (min)
Température (%), HR (%)
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
X (kg d'eau/kg de M.S.)
1 2 3
Figure IV.1. : Evolution en fonction du temps de l’humidité et de la température de l’air à l’entrée et à la sortie du lit fluidisé ainsi que de l’humidité absolue du solide pendant l’essai Sclf20
1.
A partir des courbes de la Figure IV.1 , les trois phases de séchage présentées précédemment (cf.
Partie II.2.2.) peuvent être clairement distinguées :
- phase 1 : la phase de mise en régime, de courte durée (≈ 5min),
- phase 2 : la phase de séchage à vitesse constante, durant laquelle la température du solide reste constante et est égale à la température humide de l’air de séchage.
L’humidité du solide décroît linéairement et l’humidité relative de l’air de séchage à la sortie du lit fluidisé est constante et proche de son niveau de saturation (HR=100%). L’air de séchage à la sortie du lit fluidisé peut ne pas atteindre son niveau de saturation soit parce que l’activité en eau développée par le produit à sa surface est inférieure à 1, soit parce que l’air ne passe pas un temps suffisant au contact direct de la levure pour entrer en équilibre avec celle-ci. Autrement dit la vitesse de l’air de séchage serait trop élevée. Des essais de séchage réalisés dans les mêmes conditions mais avec une vitesse de l’air supérieure (Figure IV.2a) ou inférieure (Figure IV.2b) à celle de l’essai Sclf20 (Figure IV.1) montrent que l’humidité relative de l’air à la sortie du lit fluidisé reste dans le voisinage de 90% quelle que soit sa vitesse.
1 Les conditions opératoires des essais de séchage se trouvent dans le Tableau IV.5, paragraphe IV.2.2.
♦ : température de l’air à l’intérieur et à la sortie du lit fluidisé (°C) - : température de l’air à l’entrée du lit fluidisé (°C)
▲ : humidité relative de l’air de séchage à la sortie du lit fluidisé (%) ■ : humidité relative de l’air de séchage à l’entrée du lit fluidisé (%)
♦ : humidité
absolue du solide
(kg d’eau kg -1 de
matière sèche)
La gamme des vitesses de l’air visitée dans ce travail semble donc permettre un temps de séjour du gaz dans le lit fluidisé suffisant pour que l’équilibre humide entre le solide et le gaz s’installe. D’ailleurs, le temps de séjour de l’air dans le lit fluidisé est de l’ordre de 10 -1 s (rapport du volume des particules en fluidisation par le débit volumique de l’air de séchage) et le temps caractéristique de transfert de l’humidité de la surface des grains dans l’air est de 10 -4 s (rapport de la surface d’un grain de 1mm de diamètre par le coefficient de diffusion de l’eau dans l’air).
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Temps (min)
Température (%), HR (%)
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Temps (min)
Température (%), HR (%)