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Note de conjoncture - Novembre 2013

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Groupe SNES EcoSoc - Note de conjoncture du 19 novembre 2013 - 1/4

Note de conjoncture - Novembre 2013

A la rentrée de septembre, l’heure était aux «bonnes nouvelles» pour de nombreuses économies, dont celle de la France. Mais dès le début octobre, le FMI revoyait ses prévisions de croissance à la baisse sous l’effet de deux nouvelles menaces. La crise du Shutdown, dont les Etats-Unis sont difficilement sortis au bout de 16 jours, ne remet pas en cause leur rôle de locomotive de l’économie mondiale, mais leur coûtera 1pt de Pib au 4ème trimestre et, surtout, menace de rebondir d’ici la fin 2013. La seconde menace provient des pays émergents, soutien principal de l’économie mondiale dans la dernière période, et qui ont vu leur situation se dégrader brutalement à la veille de l’été quand la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) a évoqué l’éventualité de revoir, à terme, sa politique monétaire « ultra accommodante ». Les émergents ont alors été frappés par une fuite brutale des capitaux et par la chute de leur monnaie nationale, phénomènes qui n’ont pas été enrayés par la décision, cet automne, de la Fed de renoncer, pour l’instant, à son projet.

La récession dans laquelle était entrée la zone euro fin 2011 s’est achevée au 2ème trimestre 2013. Mais la reprise, plombée par l’échec d’une politique européenne de réduction brutale de l’endettement, va rester anémique jusqu’en 2015 au moins. Les « pays de la périphérie » sortiront en 2014 de la « grande récession » qu’ils viennent de traverser sans que soient réglés leurs problèmes de dette et de chômage. La grande crainte qui saisit la zone euro est aujourd’hui, avec une inflation descendue à 0,7%, celle d’une déflation à la japonaise. Les décisions prises par la BCE le 7 novembre devraient faire baisser l’euro, donner du tonus au crédit et faire remonter l’inflation.

Pour la France, la croissance de –0,1% au 3ème trimestre a déçu, surtout après le rebond inattendu de +0,5% au 2ème. Plus inquiétant, les deux moteurs de la croissance que sont la consommation des ménages et l’investissement des entreprises émettent des signaux négatifs.

Alors que s’accumulent les plans sociaux, le chômage continue de croître, même si c’est, souligne le gouvernement, à un rythme moins rapide qu’en début d’année. L’inversion de la courbe du chômage, engagement phare du Président, semble bien incertaine.

La question de la fiscalité et la préparation du budget ont cristallisé un mécontentement massif de l’opinion, aux multiples origines ( chômage, pouvoir d’achat,..) contre un exécutif qui se retrouve au plus bas dans les sondages. Les incessantes tergiversations et voltes-faces du pouvoir, son choix de céder aux patrons plutôt qu’aux salariés et aux actions minoritaires, y compris violentes, ouvre la porte à toutes les surenchères tout en offrant un terrain de manœuvre idéal pour les petits groupes aux objectifs politiques. C’est, aujourd’hui, la question de ses capacités d’action qui est posée.

Shutdown, émergents : nouveau coup de frein sur l’économie mondiale

Dans un contexte où la croissance mondiale progressait déjà lentement, le FMI pointe dans ses dernières prévisions économiques (8 octobre) deux risques de « nouvelles crises » : les "incertitudes" budgétaires et monétaires aux Etats-Unis et les difficultés rencontrées par les pays émergents. Pour la première fois, la zone euro

n’apparaît plus parmi ses premières préoccupations.

La prévision de croissance mondiale est revue à la baisse à +2,9% pour 2013 (soit –0,3 pt par rapport aux prévisions de juillet) et à +3,6% pour 2014 (soit –0,2 pt).

Publiées en pleine crise du shutdown aux Etats- Unis (1er au 16 octobre), les prévisions du FMI ont été établies sur la base de l’hypothèse de coupes budgétaires se poursuivant jusqu’en septembre 2014, mais aussi d’un accord trouvé avant la date fatidique du 17 octobre pour sortir de la crise et relever le plafond de la dette, évitant ainsi un défaut de paiement aux conséquences incalculables. Ce qui a bien été le cas. Cependant cette crise, qui a paralysé le pays avec la fermeture d’un grand nombre

d’administrations, représentera un coût important pour les Etats-Unis : le taux de croissance annualisé du PIB pour le 4ème trim., initialement prévu à +3% sera amputé d’environ 1pt, soit un manque à gagner de 24Mds$. Sans compter que, depuis mars 2013, les

dépenses de l'État fédéral ont été amputées d’environ 1,75pt de PIB par des coupes automatiques massives conçues à l'été 2011 lors d'une précédente crise sur la dette. Conséquences de cette amputation, l’investissement public est en 2013 à son plus bas niveau depuis 1947 (3,5% du PIB contre 5% habituellement) et le déficit public s’est réduit en un an de plus du tiers (de 7,0% à 4,1% du PIB), du jamais vu depuis 50 ans. L’administration Obama déplore une baisse des dépenses bien trop brutale pour ne pas avoir de conséquences sur la croissance. De plus, le compromis du 17 octobre n’étant que provisoire, le conflit risque de rebondir à la fin 2013.

Au total si les Etats-Unis restent bien le principal moteur de la croissance mondiale, la prévision de croissance est abaissées à +1,6% en 2013 (-0,1pt) et à +2,6% en 2014 (–0,2pt). L’ensemble des économies avancées progresserait à +1,2% en 2013 et à +2,0% en 2014 (sans changement par rapport aux prévisions de juillet)

Les prévisions concernant les pays émergents sont, elles, nettement revues à la baisse : +4,5% en 2013 (soit –0,5pt par rapport aux prévisions de juillet) et +5,1% (soit –0,4pt) pour 2014. Les économies émergentes, soutien principal de l’économie mondiale dans la dernière période (+7,5% en 2010), ont révélé des faiblesses certaines, depuis l’été dernier, suite aux velléités de la Banque centrale américaine (Fed) de mettre à profit l’amélioration de la situation économique des Etats-Unis (croissance, chômage) pour revoir progressivement sa politique monétaire « ultra accommodante ». Cette politique consiste à maintenir son principal taux directeur à un niveau proche de 0

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Groupe SNES EcoSoc - Note de conjoncture du 19 novembre 2013 - 2/4 (0,25% depuis 2009), et à procéder à des injections massives de liquidités dans l’économie par des achats de titres immobiliers et

d’obligations d’Etat pour un montant mensuel de 85 Mds$, le bilan de la Fed atteignant désormais le montant, plutôt inquiétant, de 3 840Mds$ !La faiblesse des taux d’intérêts aux E-U a provoqué un afflux des capitaux disponibles vers les économies émergentes plus à même que les économies avancées de proposer des produits plus risqués et donc plus rémunérateurs. Ce qui a eu pour effet pour les pays émergents d'augmenter la valeur de leurs actifs, d'y faire baisser les taux d'intérêts et de faire s'apprécier leurs monnaies. La simple perspective d’un éventuel changement de cap de la Fed a provoqué des sorties massives de capitaux des marchés émergents, vers les E-U pour l’essentiel. L'Asie du Sud-est a été la plus touchée : moins la Chine dont la balance des paiements positive lui permet de s’autofinancer que des pays comme l’Inde et l’Indonésie auxquels leur balance des paiements négative ne donne pas cette possibilité. Ceux-ci voient leurs monnaies se déprécier (- 40% pour la roupie indienne depuis juillet), ce qui creuse encore plus leur déficit commercial. Les prévisions de croissance pour la Chine sont de +7,6% en 2013 (soit –0,2pt par rapport à juillet) et +7,3% pour 2014 (-0,4pt). Elles sont pour l’Inde de +3,8%

en 2013 (-1,8pt) et de +5,1% en 2014 (-1,1pt). La Fed, d’ailleurs confrontée à des résultats économiques moins bons et à une inflation moins forte qu’attendus, s’est engagée à reculer à beaucoup plus tard son changement de cap. Cela n’a pas modifié la tendance pour les émergents.

Zone euro : pas de vraie reprise avant, au mieux, 2015

Les dernières prévisions de la Commission européenne (5 nov.) confirment que la récession qui a débuté en 2011 aurait pris fin au 2ème trim.

2013. Mais la reprise restera anémique : la croissance ne serait que de +1,1% en 2014, pour atteindre +1,7% en 2015.

Ces résultats médiocres marquent l’échec de la politique européenne de réduction massive et rapide de l’endettement public censée, en dégageant des gains de productivité, dynamiser les exportations et au delà le reste de l’économie. Or les exportations de la zone s’essoufflent de plus en plus : +11,6% en 2010, +6,5% en 2011, +2,5% en 2012 et +1,3%

seulement en 2013. Elles pourraient remonter à +4,2% en 2014. La demande intérieure reste peu soutenue : l’investissement reculerait de -3,3% en 2013 et progresserait de +1,9% en 2014, tandis que la

consommation des ménages resterait atone avec –0,7% en 2013 et +0,7%

en 2014.

En 2014, les pays de « la périphérie » devraient, à l’exception de Chypre (-3,9% de croissance) et de la Slovénie (-1,0%), sortir enfin de la

« grande récession » qu’ils viennent de traverser : notamment la Grèce (+0,6 %), le Portugal (+0,8 %), l'Espagne (+0,5 %) et l'Italie (+0,7 %).

Ce progrès limité ne leur permettra pas pour autant de régler leurs problèmes de dette qui continueront de s’accroître pour la plupart d’entre eux ni les problèmes sociaux exacerbés par les politiques d’austérité qui leur ont été imposées et auxquelles s’opposent de plus en plus vivement des populations comme celles de la Grèce et du Portugal . Cela, surtout, n’arrêtera pas la progression insupportable du chômage qui frappe ces pays en particulier mais aussi toute la zone à l’exception de l’Allemagne. Les taux de chômage prévus en 2014 sont de 26% en Grèce, 26,4% en Espagne, 17,7% au Portugal, 19,2% à Chypre, 12,2% pour la zone euro et de 5,4% pour l’Allemagne.

L’Allemagne subit depuis quelques semaines les remontrances bien tardives de la Commission après celles des Etats-Unis. Sa croissance, la meilleure de la zone à +1,7%, n’a pas d’effet d’entraînement sur les pays voisins. Elle est en effet portée surtout par ses exportations vers les pays tiers, alors que sa consommation interne reste trop faible pour profiter à ses partenaires européens. Il lui est officiellement reproché, pour la première fois, l’importance de ses excédents commerciaux (7% du PIB prévu en 2014). Ceux-ci sont, au moins autant que les déficits, sources des déséquilibres dans la zone qui ont permis à l’Allemagne de renforcer constamment ses positions au détriment, notamment, des pays de la périphérie contraints de s’engager dans des politiques de dévaluation interne des rémunérations et des prix, entraînant une baisse considérable

de leur richesse et de leur niveau de vie. L’Allemagne que la Commission va soumettre à une procédure « d’examen approfondi» est en conséquence appelée à pratiquer une politique de hausse des salaires et d’ouverture de son marché des services.

La dernière période a vu se préciser le risque majeur d’une déflation à la japonaise. L'inflation, dont la valeur recherchée par la BCE est de 2%, est tombée en oct. à 0,7 % dans la zone euro, contre 1,1 % en sept. et 2,5 % un an plus tôt. Cette désinflation se traduit par un fort ralentissement de la hausse des prix, notamment dans les pays les plus fragiles : 0,5 % en Espagne, 0,3 % au Portugal, 0 % en Irlande et même -1 % en Grèce. La hausse de l’euro face au dollar fait mécaniquement baisser le tarif des produits importés, notamment ceux de l'énergie, en recul de -1,7 % en octobre. Mais le principal moteur de la désinflation est, outre l’austérité, la baisse des salaires observée dans les pays du sud de l'Europe (cf ci-dessus). Le risque est alors que la désinflation se transforme en une spirale déflationniste auto entretenue : les prix baissent, les achats sont différés, la demande baisse et ne peut plus absorber la production ce qui pousse encore à la baisse des prix.

En Europe, un tel scénario serait d'autant plus grave que la déflation alourdirait aussi le coût de financement des Etats. Plus le niveau des prix baisse, plus les taux d'intérêt réels payés par les gouvernements pour placer leurs obligations augmentent.

C’est contre ces dangers, même si elle en nie officiellement le caractère aigu, que la BCE a pris, le 7 novembre, des mesures qui ont surpris par leur rapidité et leur ampleur. Le principal taux directeur est abaissé de 0,50% à 0,25% (plus bas historique). Elle espère ainsi redonner du tonus à l’offre de crédit, et, tout en s’en défendant, faire baisser l’euro. Le renchérissement des importations pourrait contribuer à pousser les prix à la hausse. Pour la suite, la BCE pourrait réduire sous 0% le taux de dépôt auquel les banques placent de l'argent chez elle pour 24 heures. Un prêt à long terme aux banques, comme fin 2011 et début 2012, est aussi envisagé. Pour le moment, elle s'est contentée d'allonger d'un an, jusqu'à mi-2015, ses allocations illimitées aux banques de liquidités à une semaine et un mois.

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Groupe SNES EcoSoc - Note de conjoncture du 19 novembre 2013 - 3/4

Economie française : l’«éclaircie» encore loin d’être confirmée

L’Insee dans son point semestriel de conjoncture (3 oct) faisait preuve d’optimisme en l’intitulant « l’éclaircie se confirme » Il prévoyait, après le rebond inattendu du 2ème trim.

(+0,5%), une stagnation du PIB au 3ème trim. (+0,0%) suivi d’une progression au 4ème trim.

(+0,4%) (cf graphique ci-contre), permettant au PIB français de retrouver son niveau du début 2008, juste avant la crise. Ce que seule l’Allemagne a réalisé parmi les pays voisins de la France. L’Insee précisait cependant que «les freins à la crise restent nombreux».

Le chiffre réel de la croissance pour le 3ème trim. (Insee 15 Nov) ne sera finalement que de -0,1%, négatif, mais proche de la prévision de 0,0%.

Au delà du chiffre, dont on savait qu’il serait « bridé » par les contrecoups du trimestre précédent exceptionnel, le plus préoccupant est que toutes les composantes de la croissance sont orientées à la baisse ou au ralentissement, à la seule exception de la constitution de stocks.

La consommation des ménages ralentit en fin d’année (+0,4% au 2ème trim., +0,2% au 3ème trim. et +0,3% au 4ème trim.). Les dépenses d’énergie en particulier se replient au 3ème trim. après deux trimestres dynamiques (+2,0% et +2,5%) en raison de températures plus basses que la normale saisonnière. Pourtant la consommation devrait être portée par l’amélioration du pouvoir d’achat (+0,5% en 2013 après -0,9% en 2012), lui-même stimulé par la faiblesse de l'inflation et par l’anticipation d’achats en amont du durcissement du malus automobile et de l’augmentation des taux de TVA au 1er janvier.

L’investissement des entreprises, l’un des principaux points noirs de l’économie

française, après 2 années de baisse continue, rechute de –0,6% au 3ème trim. et repartirait légèrement (+0,3%) au 4ème trim.. Au total, la situation reste critique puisque l’investissement des entreprises déjà en retard de –6,3% par rapport à son niveau de 2007, reculerait de -1,9%

pour l’ensemble de 2013, après avoir reculé de –1,9% en 2012.

Pénalisées, face aux pays hors zone euro, par la forte poussée de l’euro depuis la mi 2013, les exportations rechutent (-1,5% après les +1,9% du 2ème trim.), faisant rebondir le débat sur la compétitivité. Les importations continuent de progresser (+1,0% après +1,6%) Au total, 2013 apparaîtra comme une 2ème année de croissance quasi-nulle (+0,2% après les 0,0% de 2012) en moyenne, mais, ajoute l’Insee, «cette moyenne masque une nette accélération au cours de l’année». Cette prévision conforte celle du gouvernement (+0,1%).

Elle est aussi en phase avec celles du Fmi (+0,2% en 2013 et +1,0% en 2014), de la Commission européenne (+0,2% et + 0,9%) et de l’OCDE qui évoque, le 12 nov., une « inflexion positive pour la France» (+0,3% et +0,8%)

Le chômage continue de progresser, nouvelle déferlante de plans sociaux

La hausse de + 60 000 du nombre d’inscrits (cat. A - France métro) à Pôle emploi en septembre a été aussi spectaculaire que leur baisse de –50 000 au mois d’août (cf graphique ci-contre). Ces résultats,

manifestement erronés, sont dus au « bug SFR » et aux 270 000 SMS de relance perdus qui auraient provoqué la disparition, au mois d’août, de 30 000 inscrits, faute d’actualisation, et leur réapparition en septembre.

Considérant que les «erreurs» d’août et septembre se compensaient, le gouvernement a souligné, en comparant les résultats des différents trimestres, que «la tendance était au ralentissement de la hausse du chômage» : +99 200 inscrits au 1er trim., +54 800 au 2ème et +10 000 au 3ème. Au total, cependant, un nouveau record est battu en cat A (sans activité) - France entière - avec 3 557 600 inscrits tandis que la situation s’améliore très légèrement en cat A,B,C (sans activité ou activité réduite) -

France entière - avec 5 141 000 inscrits, soit 7 000 inscrits de moins qu’en juillet (-0,01%)

A deux mois de l’échéance, l’engagement de F. Hollande d’inverser la courbe du chômage semble difficile à tenir. Pour l’Insee, le chômage continuerait de progresser d’ici fin 2013 (11,0%). De plus, la plupart des institutions prévoient, au vu de la faiblesse de la reprise et du renforcement de la rigueur budgétaire, une nouvelle montée du taux de chômage en 2014 : le Fmi à 11,1%, la Commission européenne à 11,2%, l’OFCE à 11,4%. L’exécutif continue, malgré tout, d’afficher son volontarisme en misant avant tout sur les emplois aidés : 75 000 et, d’ici fin 2013, 100 000 emplois d’avenir, 11 000 contrats de génération seulement et surtout 390 000 emplois aidés classiques auxquels ont été ajoutés 92 000 emplois supplémentaires. Le tout pour un coût de 3,3 Mds€ en 2014, après 2,2 Mds€ en 2013 et 2 Mds€ en 2012.

Depuis quelques semaines, une nouvelle avalanche de plans sociaux inquiète profondément l’opinion bien au-delà des salariés directement concernés, même si, souligne l’exécutif, «les licenciements représentent moins de 5% des entrées au chômage». La

Redoute, Alcatel-Lucent, Goodyear, Tilly-Sabco, FagorBrandt ont succédé aux Petroplus, PSA, ArcelorMittal de l’an dernier. 736 plans sociaux ont été notifiés sur les 9 premiers mois de l'année, soit 16 % de plus que durant la même période de 2012. Au 3ème trimestre 12 790

entreprises ont déposé le bilan (soit +7,5% par rapport à la même période de 2012), 53 000 emplois étant directement concernés.

Plusieurs explications sont avancées. L’OFCE, parmi d’autres, considère que les entreprises, ayant tardé à «s’adapter à la crise»

(décalage de 3 trimestres entre les évolutions de la croissance et de l’emploi, attentisme avant les élections présidentielles de 2012), auraient accumulé, depuis 2009, un sureffectif de 250 000 emplois ! Les entreprises auraient aussi attendu l’entrée en vigueur, le 1er juillet, des nouvelles dispositions, qui leur sont nettement plus favorables, du droit des licenciements collectifs (accord interprofessionnel de janvier). Au delà du retard, ces dispositions, facilitant, en elles-mêmes, les licenciements, favoriseraient la multiplication des plans sociaux.

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Groupe SNES EcoSoc - Note de conjoncture du 19 novembre 2013 - 4/4

Fiscalité et Budget 2014 : l’exécutif sous très haute tension

Le début de quinquennat de F. Hollande a connu bien des agitations et d’importantes contestations. Mais ce qui se joue, depuis trois mois, autour de la fiscalité et du budget 2014 atteint une forme de paroxysme dont l’issue reste incertaine.

L’exécutif a affiché, comme priorité absolue, depuis son installation, sa volonté de ramener le déficit public sous la barre des 3%

exigés par l’Europe, sans pour autant, comme il a toujours pris le soin de le préciser, casser les possibilités de reprise, condition indispensable à l’inversion de la courbe du chômage d’ici fin 2013, objet de l’engagement phare de F. Hollande. Les résultats ne sont pas au rendez-vous, pour la croissance et le chômage, du moins pour l’instant. Quant au déficit, l’objectif n’a cessé d’être différé. La promesse de campagne de repasser sous les 3% en 2013 n’a tenu que jusqu’au printemps 2013. Le programme de stabilité du gouvernement prévoyait alors un déficit 2013 de 3,7%, ce qui conduisait la Commission à accorder à la France un délai supplémentaire de 2 ans, jusqu’en 2015 pour revenir en dessous des 3%. Depuis, la prévision officielle du gouvernement, pour le déficit 2013, a progressivement dévié jusqu'à 4,1 %. Le retour aux 3% est donc programmé pour 2015. Mais la Commission vient déjà de faire savoir qu’elle n’y croit plus puisqu’elle prévoit (5 nov.) un déficit de 3,7% pour 2015. Le gouvernement reverra sans aucun doute, une nouvelle fois, sa copie…

Le gouvernement a fondé sa politique de consolidation budgétaire pour 2013 sur la hausse des impôts, pour l’essentiel. Mais après une décennie de baisses d’impôts et de cadeaux fiscaux aux plus aisés, la crise et la montée de la dette ont contraint les gouvernements successifs à augmenter considérablement la pression fiscale à partir de 2011 : +28Mds€ pour le gouvernement Fillon (2011-2012) et +30Mds€

pour le gouvernement Ayrault (2012-2013), la charge étant répartie à peu près à égalité entre les ménages et les entreprises. Cette hausse n’a fait que rattraper les pertes intervenues dans les années 2000, mais réparties sur 3 ans seulement, elles ont été particulièrement brutales.

En 2013, en dépit des engagements pris, les contribuables les plus aisés sont loin d’être les seuls concernés par les hausses, du fait notamment du maintien du gel du barème de l’impôt. 16 millions de foyers fiscaux ont été concernés, dont 2,3 millions dont les revenus avaient baissé. C’est dans ce contexte, et après avoir lui-même évoqué le « ras le bol fiscal » que l’exécutif a présenté en septembre le budget 2014. Pour atteindre l’objectif de 3,6% de déficit, un effort global de 18 Mds€ était nécessaire, répartis en 3 Mds€ de hausse d’impôts (contre 20 Mds€ en 2013) et en 15 Mds€ de d’économies budgétaires (record «historique»). «Pause fiscale » oblige, les 3Mds€

représentent «seulement» 20% de l’effort global et résulteraient, pour 2Mds€, de la résorption de la fraude fiscale.

C’est pourtant ce volet qui a concentré polémiques et affrontements. En dépit de la véhémence des patrons et entrepreneurs, la relative modicité de la hausse des impôts recouvre un transfert sans précédent de la fiscalité des entreprises vers les ménages. En effet, si l’on tient compte, notamment, de la mise en place du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE), destiné à abaisser le coût du travail, et de la hausse de la TVA qui permettra de le financer à compter du 1er janvier, la hausse des impôts des ménages sera d’environ 11 Mds€ alors que les entreprises verront leur contribution se réduire de 9 Mds€ environ.

Du point de vue de la répartition de la hausse entre les ménages, le caractère éminemment inégalitaire de la TVA sera loin d’être compensé par les mesures dites de « justice sociale » retenues pour 2014 : réindexation sur l’inflation du barème de l’impôt sur le revenu, revalorisation de la décote au profit de 6 à 7 millions de foyers fiscaux modestes, «Taxe à 75%» relative aux salaires de plus d’un million d’euros , abaissement du plafond du quotient familial qui touchera les contribuables à partir des classes moyennes supérieures.

Concernant le volet des 15 Mds€ d’économies budgétaires, l’Etat réduira ses dépenses de 9Mds€ (répartis à égalité entre les dépenses de fonctionnement de l’Etat, les agences de l’Etat et les collectivités territoriales, les dépenses de d’investissement et d’intervention) tandis que les dépenses sociales seront réduites de 6Mds€ : 3Mds de dépenses d’assurance-maladie (Ondam) et 3 Mds au titre des réformes (retraites, retraites complémentaires, politique familiale, assurance chômage. A noter que cette réduction sans précédent des dépenses publiques et sociales pèsera sur l’activité et la croissance mais contribuera aussi à renforcer considérablement les inégalités. On sait en effet que ces dépenses sont un puissant instrument de redistribution, bien supérieur à ce que sont aujourd’hui les impôts.

La crise dont on ne sort toujours pas, le chômage et les plans sociaux, la pression fiscale, le pouvoir d’achat suscitent une profonde inquiétude de la population, allant parfois jusqu’à l’exaspération et s’exprimant massivement par la chute sans fin et sans précédent de la cote de popularité de l’exécutif. Les observateurs pointaient comme paradoxale, il y a encore quelques semaines, l’absence de tout mouvement social, notait l’incapacité des partis politiques comme des organisations syndicales à donner une expression concrète à ce mouvement de fond de l’opinion et voyaient là les prémices de prochaines et sévères sanctions électorales sous forme d’une poussée de l’extrême droite et surtout d’une explosion de l’abstention.

La situation est maintenant aussi marquée par la manière dont le gouvernement a géré la préparation du budget 2014 depuis cet été.

Il n’a cessé, en matière de fiscalité, de tergiverser et a du, à de nombreuses reprises, revenir sur ses positions sous la pression de groupes d’intérêts particuliers, d’artisans, de transporteurs routiers, de patrons, d’entrepreneurs et parfois de sa propre majorité. Les médias ont dressé la liste d’une dizaine de volte-face dont le renoncement à la taxation de l’épargne et la « suspension » de l’écotaxe ne sont que les derniers exemples.

En choisissant de céder aux patrons plutôt qu’aux salariés et aux actions minoritaires, y compris violentes, le gouvernement compromet le dialogue social dont il se faisait le chantre, ouvre la porte à toutes les surenchères tout en offrant un terrain de manœuvre idéal pour les petits groupes aux objectifs politiques, notamment d’extrême droite. Il prend aussi le risque de voir se fédérer contre l’augmentation de la TVA des mouvements aux objectifs pour l’instant divers, voire contradictoires. Certains souhaitent trouver, dans cette situation, l’occasion de remettre en cause la légitimité du pouvoir. C’est en tout cas, la question de ses capacités d’action qui est aujourd’hui posée.

Coup dur supplémentaire, l’agence Standart & Poors a dégradé, le 8 nov. la note de la France de AA+ perspectives négatives à AA perspectives stables. Sujet majeur d’inquiétude pour le gouvernement, les taux d’intérêt auxquels peut emprunter la France n’ont, malgré tout, pratiquement pas bougés pour l’instant. A noter que le communiqué de SP porte moins sur une analyse de la situation économique de la France que sur une critique politique de « l’approche actuelle du gouvernement en matière de réformes budgétaire et structurelle ». Ce qui a conduit le prix Nobel d’économie P. Krugman à voler au secours de l’exécutif en déclarant, notamment : «Cela tient davantage de l'idéologie que d'une analyse économique défendable»….

Bernard Boisseau Sources : FMI, OCDE, Commission européenne, DARES, INSEE, Le Monde, Les Echos, La Tribune, l’Humanité, AFP, Alternatives économiques. Cf. aussi les notes du groupe SNES EcoSoc sur https://www.snes.edu/private/extranet/spip.php?rubrique101

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