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Une relation entre l'absorption et la phosphorescence

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HAL Id: jpa-00242465

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00242465

Submitted on 1 Jan 1911

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To cite this version:

L. Brüninghaus. Une relation entre l’absorption et la phosphorescence. Radium (Paris), 1911, 8 (4),

pp.147-153. �10.1051/radium:0191100804014700�. �jpa-00242465�

(2)

Une relation entre l’absorption et la phosphorescence

Par L. BRÜNINGHAUS

[Faculté des Sciences de Paris - Laboratoire de Chimie-physique.

Nous avons déjà montré dais un précédent travail’

que les phénomènes d’émissiun de la lumière dans les substances phosphorescentes paraissaient devoir

être attribués au phosphorogène, lc diluant ne servant

(me de support u ce dernier. Cette hypothèse se trouve

basée sur les dcm faits suivants, déjà signalés :

1° Les diluants purs ne sont jamais que très peu

phosphorescents, et ce reste de phosphorescence est toujours attribuablc à l’impossibilité oit l’oll se trouve

de pousser les purifications au delà de toute limite.

2" Les spectres de phosphorescence sont caracté- risti(lues du phosphorogène.

La matière phosphorescente en activité semble dolc,

cll première approximation, constituée par des mollé- cules phosphorogènes incandescentes, réparties dans

la masse transparente du diluant.

J’ai pensé pour cette raison clve les relations géiié-

ralement observées entre l’énlission et l’absurptiull

devaient sc retrouver dans le phénomène de la phos- phorescence et pouvaient servir comme point de départ a l’explication de certaines particularités de ce phéno-

mène. J’avais surtout en vue, ell faisant cette étude, d’expliquer les changements spectraux précédemmellt

observés dans les phosphorcscences d’un même phos- phorogène dissous dans différents diluants (Le Radium,

Les phosphorescences calciques du manganèse), et

ensuite de donner une théorie des optima de phospho-

rescence, dont le mécanisme me paraissait lié étroite-

ment aux propriétés intimes de la matière, et non

à des causes extérieures à celle-ci, telles qu’excitatioll, température, etc,..

Nous envisagerons donc les relations entre l’élnis- sion et F absorption successivement aux deux points

de vue que je viens de rappeler.

I.

-

Relation entre le pouvoir phosphorogé- nique d’un corps et son pouvoir absorbant.

.

Dans la matière phosphorescente, le pouvoir émis-

sif provient, comme je l’ai déjà rappelé, au phospho- rogène. Le diluant n’est qu’un support, dont le rôle

est de 111maintenir les molécules lumineuses ii distance les unes des autres, condition qui se montre indispen-

sable. Il y a donc opposition complète dans le rôle de

ces deux corps, et aussi, par conséquent, dans leurs propriétés. Le diluant devra être avant tout transpa-

j’ent aux radiations émises par le phosphorogène. Ce

.

1. L. BRÜNINGHAUS. Le liadizl1n, 4 190îl 116.

dernier sera au contraire absorbant, si toutefois la phosphorescence obéit à des lois qualitatives analo-

gues à celles des autres phénomènes émissifs.

Et c’est bien ce qu’on observe en réalité. La plupart

des diluants connus sont des substances transparentes

à l’état cristallisé, blanches à l’état pulvérulent, et qui ne présentent généralement pas de spectres d’ab-

sorption, tout au moins dais les limites usuelles d’obsern atioii. Telles sont, par cxctuple, lcs substances

suivantes :

J ai observé, d’autre part, que si 1 on prend comnlc

diluants une série de sels de calcium formes de radi-

eaux acides de plus en plus colorés, la phosphores-

cence diminue en même temps. Pour cela, ,j’ai

dllllé 1 200 d’oxydu de manganèse dans les composes

calciques suivants :

Les tètes de série donnent toutes par addition de

2¿O d’oxyde de manganèse des produits extrêmement lumiueux. Parmi les deuxièmes corps de chaque série,

le chlorure est assez phosphorescent, le sulfure l’est très vivement, le suléniate l’est peu, et l’arsénialc

moyennement. Parmi les corps de la troisiène li-ne,

seuls le bromurc et lc seleniurc sont phosphorescents,

et encore très faiblement. Les diluants de la quatrième ligne sont complètement dépourvues de phosphores-

cence.

Ainsi, l’absorption est en opposition avec la capacité

de donner un bon diluant. Il y a pourtant une dis-

tinction à faire : certains bons diluants sont absor-

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:0191100804014700

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y regardant

que pour de tels corps, la bande d’absorption est toujours très éloignée de la bande de phosphorescences

du phosphorogène, ce qui confirnle cc que nous avions

dit au début.

Ainsi, la gaduline, a spectre d’absorption ultra-

violet lointain, peut servir de diluant à des substances

comme l’europium, le terbium, le sarnariulll, dont les

radiations d’émission par phosphorescence sont bien

moins réfrangibles que les radiations absorbées par la gadoline. Il est fort probable, au contraire, qu’un phosphorogène émettant dani l’ultra-violet extrême

ne pourrait être dilué avec ’succès dans la gadoline.

On peut considérer comme une vérification de cette

prévision ce fait que la gadoline, qui est aussi un phosphorogène, n’est pas à elle-même un bon diluant, la phosphorescence de la gadoline pure étant beau- coup plus faible que celle de la gadoline diluée, par

exemple dans la chaux. Ceci parait général : un corps

qui est phosphorogène dans une certaine région du spectre, ne peut ètre diluant dans la niême région

c’est une conséquence de la loi de l’optimum. Ainsi,

nous verrons que les oxydes de chrome, d’arsenic, d’antimoioc, sont de bons phosphorogènes. Et nous

venons de voir que les chromate, arséniate et antimo-

niate de chaux sont de mauvais diluants pour le man-

ganèse, qui émet u peu près dans la méme région spectrale que ces phosphorogènes.

Les phosphorogène, au contraire, sont tous ab- sorbants sans exception, en ce sens que leurs sels sont fortement colorés, ou présentent des bandes d’absorption. Voici la liste dcs principaux phospho- rogènes usuels :

La prévision précédente se trouve donc justifiée.

Mais, cette j justification serait, à elle seule, insuffisante.

On sait, en effet, que tous les corps absorbent dans une

région du spectre, et les diluants eux-mêmes, nous l’avons vu, peuvent obéir à cette règle. Il faut donc préciser, en tenant compte uniquement de ce qui se

passe au voisinage immédiat de la bande de phospho-

rescence.

jours transparents dans cette région, et dans les régions avoisinantes. La contre-partie se retrouve,

encore ici, très exactement pour les phosphorogènes.

Nous allons, en effet, démontrer, que les bandes cle

yltospl2oueseercoc el d’absorption des phosphorogènes

sonl toujours dans le L’oisina!Jc les unes des autres.

En voici quelques exemples :

Les oxydes de manganèse, chroiiic, llickel, cuiv re, samarium, absorbent dans le spectre visible, leurs sels étant coloi-és. Les phosphorescences de ces corps,

dilllés, par exemple, dans un sel de calcium, sont également dans le spectre visible. La tcrbine présente

un spectre d’absorption compris entre les longueurs

d’onde fi88 et 301,2 (du bleu à l’uliraviolet) ; sa phosphorescence dans la chaux se compose de bandes vertes, bleues, violettes et ultra-violettes.

La gadoline absorbe entre les longueurs d’onde

579 et 505. Elle émet entre 519 et 279.

L’oxyde d’europium présente des bandes d’absorp-

tion dans tout le spectre, et également des bandes de

phosphorescence dans tout le spectre.

ûn peut se demander en outre si les bandes de pllos- phorescence et d’absorption, ne coïncident pas entre elles le plus souvent. J’ai été amené à la conclusion

inverse, et je retracerai ici la voie par laquelle j’y ai

été conduit.

Dans un précédent travail (Radium, Les phosphores- cences calciques du manganèse), j’avais cru pouvoir don-

ner la règle suivante pour les changements de l acouleur

de phosphorescence lorsqu’on change de diluants. Pour

une série de sels isomorphes d’une même base (chaux),

les déplacements de la bande de phusphorescencc se produisent vers la partie violettc du spectre lorsque

,

le poids moléculaire du diluant augmente, c’est-it- dirc lorsque l’ion électro-négatif combiné à lrrl même

aniun devient de plus en plus lourd.

Ce t’uit paraissait intéressant par lui-même, d’au-

tant plus que des déplacements inverses (vers le rouge) paraissaient produits par alourdissement de l’anion du diluant. Il fallait donc se rendre compte de

son degré de généralité.

Dans cc but, on a d’abord refait les mêmes expé- riences, en prenant comme phosphorogène une terre

rare, la san1arille, dont les bandes de phosphorescence

sont très étroites, et présentent par conséquent l’avantage de pouvoir être repérées avec précision.

Mais les variations ne’ se sont pas produites, dans le

sens attendu, avec la samarine. En passant d’un sel du diluant à un autre, on observe que certaines bandes du diluaiit restent fixes à l’intensité près, tall-

dis que d’autres se déplacent vers leviolet, et d’autres

encore vers le rouge.

D’autres phosphorogènes n’appartenant pas au groupe des terres rares, tels que l’aiitimoine et le bis-

muth, ont également donné des résultats discordants.

(4)

La relation proposée se trouvait ainsi remise en

question, et il fallait trouver une antr4:"’ explication des

relations spectrales observées dans les phosphores-

cences calciques du manganèse.

J’y suis parvenu en groupant celles de mes obscur-

vantions antérieures auxquelles j’attribuais la plus grande valeur de certitude, avec les résultats qui

avaient été obtenus il y a quelques années par M. Le- coq de Boisbaudran ’.

Voie! un double tableau dans lequel sont repro- duites, mes observations personnelles (sels calciques)

et celles de M. Lecoq de Boisbaudran :

Des deux tableaux qui précèdent résulte ce fait important que les nuances si variables des phospho-

rescences du manganèse restent pourtant ramassées

dans une portion étroite du spectre, entre le rouge et le vert. Les nuances varient du rouge très pur et très vif avec le phosphate, an vert superbe avec le sulfate

calcique, le fluornre de calcium et l’alumine, en pas- sant par l’intermédiaire de la chaux, rouge orangé,

du sulfate d’yttrium, jaune, et du sulfate de cadmium,

vert jaune. Et l’on voit que les verts et lcs rouges

prédominent. (A 1"exception du tungstate, bleu, pour

lequel la phosphorescence n’est vraisemblablement pas dueau manganèse, car le tungstate decalcium pur

est tout aussi lumineux en bleu que le tungstate manganésifère).

L’on songe aussitôt à rapprocher de ces colorations,

les couleurs des sels de manganèse, pris en masse ou 1. LECOQ

ne

BOISBAUDRAN. C. n , t. 103, 104, 105, 107

en solution qui se retrouvent, comme on sait, dans les

mêmes nuances.

Avant d’adopter cette idée, il convient d’ahnrd de rechercher dans quelle mesure elle peut être géné- ralisée, si l’on considère quelques autres éléments phosphorogènes usuels. Nous passerons en revue

quelques exemples les plus nets qui aient été observes par différentes auteurs ou par nous-même.

I. M. Lecoq de Boisbaudran a observe que lecuivre, mêlé a la chaux par la précipitation des carbonates

,

suivie dune forte calcination al 1 air, lui communique

une phosphorescence vert clair extrêmement brillante 1.

Et l’on ne peut s’empêcher de penser aussitôt au

colorations vertes ou bleues des solutions des sels (le cuivre ou des solutions d’oxyde de cuivre dans les

alcalis.

2. Le même auteur a montré que cc mélange, cal-

ciné dans l’hydrogène, luit en rosc. Or il est vrai-

sembable que le cuivre s’y trouve à l’état d’oxydule, qui est rouge en nlasse, ou en dissolution solide, par

exemple dans le verre.

5. J’ai moi-même observé que le sulfure de cal- cium cuprifère, obtenu en faisant passer de l’llydro- gène sulfuré sur de la chaux cuprifère au rouge, suivi d’une forte calcination dans l’hydrogène, donne

une superbe phosphorescence verte. Et l’on sait que le sulfure cuivriquc est vert.

4. Les sulfures alcalino-terreux de MM. Lénard et

Klatt2 contenant du cuivre sont phosphorescents dans

les principales nuances suivantes : vert, vert bleuâtre,

bleu turquoise, bleu, vert lavande, vert jaunissant,

violet (pour Ca) ; vert jaune, IUcu, bleu clair (pour Sr ) ;

bleu turquoise, rouge orangé? jaune vert (pour Ba).

5. Le sesquioxyde de chromc, on le sait, se pré-

sente sous deux états, l’un vert, l’autre rose violacé

(poussière rose) . Dilué dans la chaux, il prend 1 état

vert, et la phosphorescence obtenue est verte. Dilué dans l’alumine, il prend l’état violet et colore l’alu- mine en rose : la phosphorescence est rouge. Les rubis présententde même une phosphorescencerouge.

Et M. Lecoq de Boisbaudran, à qui l’on doit ces

résultats, a mis hors de doute, par des analyses très

nettes, que le chrome se trouve dans ces corps à l’état de sesquioxyde.

6. J’ai observé que l’oxyde d’antimoine ,jaune donne

à la chaux une vive phosphorescence jaune, et quc le sulfure d’antimoinc, généralement jaune, communique

au sulfure de calcium une phosphorescence jaune

clair particulièrement éclatante.

7. La litharge communique à la chaux une phos- phorescence jaune (Lecoq de Boisbaudran), et la li- tharge est jaune.

Tous ces faits s’accordent bien avec notre dernière

hypothèse : parmi les éléments usuels, les nuaàes de

1. LECOQ

DE

BOIsnAUDlUN. Comptps loc. cit.

2. LUNARD

ET

KIATT. Ann. d. Phys., 12. 13 C’t 14

(5)

phosphorescence produisent

spectre qui correspond à la couleur des composés phosphorogènps pris en masse. Si cette propriété est générale, on doit s’attendre dans le groupe des terres rares a une vérification précise, par l’étude compara- tive des spectres d’absorption et des spectres de phos- phorescence de ces corps.

Dire que la couleur de pllosphorescence est ana- logue à la couleur des corps par réflcYion, c’est dire que les bandes de phosphorescence s’intercalent dans le spectre, en moyenne, entre des bandes d’absorption.

Et c’est bien ce qu’on observe, en effet.

J’ai réuni, pour cette comparaison, toutes les me-

sures faites sur les spectres de phosphorescence et d’absorption des corps suivants : europium, gadoli-

nium, terbium, dysprosium, praséodyme, erliam, sa-

marium. La plupart de ces nlesures ont été extraites des travaux de M. G. Urbain sur les terres rares.

Voici brièvement résumés les résultats obtenus de

ces comparaisons :

Le tableau qui précède montre assez nettement que le plus généralement les bandes de phosphorescence

snnt situéex dans des régions dépourrues de bandes d’absorption.

C’est précisément ce que nuus aBions déjà conclu

usuels, et ceci nous ramènc à l’hypothèse dont nous

étions partis, hypothèse qui se montre ainsi très géné-

ralement valable.

Et il paraît maintenant très probable que le rap-

prochement que nous avons été amené à faire entre

les couleurs de phosphorescence du manganèse .et lcs

couleurs des sels de cc métal, ne résulte pas d’une

simple coïncidence, mais constitue un caractère propre

à l’émission par phosphorescence.

Nous avons vu que les phosphorescences du man- ganèse manifestent une prépondérence de couleurs rouges et vertes, avec quelques nuances intermé- diaires, et, s’il est vrai que les bandes de phosphores-

ednce se placent entre les bandes d’absorption du phosphorogène pris en masse, dans l’état où il se trouve dans la matière phosphorescente, il faut que les phosphorescences rouges correspondent à la pré-

sence dans la matière phosphorescente d’un composé

du manganèse rouge, et de même pour la phospho-

rescence verte, Les phosphorescences jaunes seraient

dues à l’existence simultanée de ces deux composés.

Une vérification de ces conséquences est à vrai dire

fort difficile. En eflet, remarquons d’abord que le

manganèse dissous dans le diluant ne s’y trouve pro- bablement pas à l’état de cumposé défini, je veux dire

sous un état unique d’oxydation. Cela résulte de la

préparation même des substances, laplupart obtenues

par précipitation u l’aide d’un réactif ammoniacal, additionné d’ammoniaque. On saint que, dans ces con-

ditions, l’hydrate de manganèse précipité présente une composition éminemment variable dans son degré d’oxydation, selon les conditions de la précipitation.

La présence de la masse principale entraînant ce pré- cipité peut, du reste, jouer un rôle important pour stabiliser tel oxyde du manganèse aux dépens de tel

autre. Et les prévisions que l’on pourrait formuler

se trouvent encore compliquées par la forte calcination

préalable -,’t laquelle «doivent être toujours soumis les

mélanges avant l’emploi, le manganèse pouvant, ici

encore, s’oxyder de façon plus ou moins complète,

selon son état de dissolution, selon les propriétés physiques du diluant, selon aussi la parenté chimique

ou cristallographique du sel du diluant envisagé et

du même sel de manganèse,.

Ajoutons que, au cours des divers traitements qu’on

pourra faire subir au mélange phosphorescent, pour le transformer d’un composé calcique en un autre composé calcique, il est impossible de faire unique-

ment appel aux propriétés du phosphorogène pris en

masse pour savoir ce qu’il est devenu, car ces pro-

priétés se trouvent modifiées par la présence du di- lnant, et semblent tendre, en général, vers les pro-

du diluant lui-même, lorsque le phosphoro- gène est a l’état de faibles traces.

Enfin, l’analyse chimique ne peut être d’ordinaire

(6)

d’aucin secours, les différences à déterminer (dans

le degré d’oxydation par exemple) étant de l’ordre de

grandeur des erreurs inhérenies aux manipulations analytiques, puisque la proportion de pliosphorogètie

est généralement de l’ordre du centième, et que, lors-

qu’on en ajoute davantage, on n’est nullement assuré

que l’excès de phosphorogène conserve le même

état que la proportion qui se trouve active à l’opti-

mum .

Moyennant ces réserves, dont il faudra largement

tenir compte dans ce qui va suivre, nous allons

passer en revue les substances que nous avons étu-

diées, en commençant par celles qui présentent le

moins d’incertitude.

1. Phosphate de calcium.

-

Ce cas est l’un des

plus nets que j’aie rencontrés; le précipité obtenu,

par l’action du phosphate d’ammoniaque sur le mé- lange des chlorures, étant rouge et devenant rose

après calcination ; la forme dominante parait donc

être un oxyde rouge, probablement l’oxyde salin, et

ce résultat s’accorde avec la pliosjihorescence rouge observée.

2. Sulfate de magnésie .et sulfate de zinc.

-

Ces deux substances sont des solutions ’de petites quantités des sulfales doubles dans le sulfate en

excès. Les sulfates doubles sont roses, la phospho-

rescence est rouge.

5. Borate de calcium.

-

La phosphorescence est généralement d’un joli rose, parfois d’un beau vert clair. Certains échantillons présentent à la fois les

deux teintes. La substance elle-même est rose, plus

ou moins f’oncé, selon la teneur. Le produit dessous

est donc généralement rouge (oxyde salin). 1 lorsque

la phosphorescence est verte, elle paraît due à du protoxyde vert, qui a pu échapper à l’action oxydante

de l’air pendant la fusion. (Le borate a été ohtenu,

soit par précipitation, puis fusion : c’est dans ce cas

que certains points luisent en vert; soit par mélange

de borate de calcium et d’oxyde rouge et fusion, et alors la masse est uniformément phosphorescente en rose). L’expérience suivante le prouve j’ai mis du

borate au 1/200 dans un tube à cathode, il luit d’abord en rose; puis je force le courant primaire de

la bobine. On assiste alors à une transformation pro-

gressive de la nuance rose en nuance verte, pour les

grains de la matière qui sont situés sur l’axe du fais-

ceau cathodique. J’ai interrompu le courant, et, après avoir attendu un temps suffisant pour que la substance soit complètement refroidie, j’ai fait passer de faibles décharges pendant un temps assez court

pour ne pas échauffer la matière : la substance a con-

tinué à luire en beau vert au centre, tandis que les

parcelles environnantes continuaient à luire en rose.

Or, on connaît les propriétés réductrices des rayons

cathodiques; ils ont vraisemblablement réduit, sous

l’action de la chaleur que produit le bombardement

cathodique intense, l’oxyde rouge en proton de vert,,

aux points sltllés sur l’axe du faisceau.

.

4.’ Chaux et carbonate de rna!Jnésie fortement.

calcinés.

-

Après précipitation des solutions de

chlorures par le carbonate d’ammoniaque mclé d’am- moniaque, le manganèse se trouve probablement à

l’état de carbonate, de sesquioxyde et d’oxyde salin:

Le produit au 1/100 a une couleur café au lait.

Après forte calcination, la partie de la nlatière eux-

posée à l’air s’est légèrement décolorée, tandis que la masse a pris une coloration rouge. Il a dù se faire à la surface une proportion notable de manganite, qui est blanc, tandis que les parties centrales doivent

être plus riches en oxyde salin, résultant de la dé- composition du sesquioxyde par la chaleur. La phos- phorescence n’est du reste pas attribuable au manga- nite. J’ai, en effet, observé qu’en prolongeant 14

chauffe d’un bâtonnet de la même chaux manganési-

fère au chalumeau oxhydrique, la chaux se décolorait complètement, correspondant à un accroissement dans la proportion du manganite qui est blanc et qui

se forme dans ces conditions (l’oxyde de manganèse

est fixe à cette tell1pérature), et le produit obtenu présentait une phosphorescence nettement Bpoins

vive que celle de la chaux calcinée seulement au

rouge. D’autre part, M. Lecoq de Boisbaudran a montré que, lorsqu’on traite la chaux manganésifère

au rouge par un courant d’hydrogène, ce qui certai-

nement empêche le manganite superficiel de se formcr, la phosphorescence s’avive notablement, sans changer de couleur. Cependant, la réduction ne pa- raît pas avoir été jusqu’au protoxyde, car le produit,

pour des concentrations de 20 pour 100, a conservé

une faible coloration jaunel. Il semble donc que la

phosphorescence de la chaux manganésifère doive

être attribuée à un composé rouge, Mn3 04 probable-

ment, la surface des grains de chaux contenant, dans .

les conditions ordinaires, une mince pellicule de man-

ganite de calcium, inactive. De même pour le carbo- nate de magnésie calciné.

.

5. Sulfur’e de calciul1l.

-

Le nlclanbe binaire pré-

sente une phosphorescence jaune,orangé, Un mélange

obtenu en calcinant de la chaux manganésifère avec

du soufre et du carbonate de soude luisait en une

belle nuance rouge.

On sait que le protosullüre de manganèse est vert

clair on jaune verdâtre, le bisulfure est rouge plus on

moins foncé, enfin l’oxysulfure est vert clair.

Le mélange binaire Mn CaS est préparé en faisant

passer un courant d’hydrogène sulfuré au rouge sur la chaux manganésifère, puis calcinant dans l’hydro- gène. Le sulfure de calcium obtenu présente une

teinte grisâtre, décelant la présence de polysulfures,

non complètement décomposées. Il est, possible que, dans ces conditions, le manganèse se trouve surtout

1. LECOQ

or

BOISBAUDRAN. c, R., 106-432.

(7)

polysulfures, j’ai calciné le sulfure nlanganrsifère à

ta température élevée de l’arc électrique, en intro-

duisant de petites quantités de la matière dans un

trou percé dans le charbon inférieur positif d’un arc électrique. Dans ces conditions, une partie de la suh-

stance est perdue par volatilisation, bien entendu,

mais on obtient de petites quantités d’un sulfure de coloration jaune verdâtre assez pure, qui est phos- phorescent en jaune verdâtre, et qui est singulière-

ment persistant. Par cette calcination énergique, il

ne doit guère plus y avoir que du monosulfure de

manganèse, jaune verdâtre ou vert.

Je dois enfin signaler un dernier résultat obtenu

en préparant le sulfure par réduction du sulfate par

l’hydrogène au rouge. Cette méthode n’est générale-

ment pas à recommander ponr la préparation des

sulfures phosphorescents, car la réduction se fait mal et l’on obtient, en général, des substances dont la phosphorescence n’est pas pure, mais résulte d’une

juxtaposition de régions jaunes et de régions vertes.

Mais dans certaines conditions de température et de

débit gazeux qui restent à préciser, on obtient parfois

une substance présentant une superbe phosphores-

cence verte, qui se montre de nuance encore plus

belle que celle du sulfate et qui est attribuable a la formation de l’oxysulfure, de couleur verte. Ce ré- sultat peut être rapproché de celui des sulfures à

phosphorescence verte, obtenus par li. Mourelo par de longues calcinations à l’air de sulfure de stron-

tium, en présence de carbonate de maii-,,tnèsel.

6. Sulfate de calciunt, de cad11liu11l, de gluci-

îîiiini.

-

Le sulfate de calcium se prépare en trai-

tant la chaux manganésifère, légèrement humectée d’eau, par quelques gouttes d’acide sulfurique, éva-

porant à sec et calcinant au rouge somhre. Il est dif- ficile de se prononcer sur ce cas. La phosphorescence

verte de ce sulfate parait en contradiction avec la

règle que nous voulons établir, le sulfate manganeux étant rose. Disons seulement qu’il n’est pas certain que le manganèse soit à l’état de sulfate dans le mé-

lange. En effet, une longue calcination au rouge vif

pendant une heure ne modifie pas la capacité de luire

en vert, tandis qu’il semble que le sulfate doive être

décomposé dans ces conditions. Mêmes observations pour les sulfates de cadmium et de glucinium.

7. Fluor’lll’e de calcium.

-

On sait que le flun-

rure manganeux est très facilement attaqué par

l’oxyaène et transformé en protoxyde vert, et la pllos- phorescence verte paraît due à ce corps. Elle est du

reste indépendante des conditions et durée de calci- nation, dans la mesure oit le fluorure de calcium n’est pas transforme en oxyfluorure.

8. Alumine. - L’alnminc n’est rendue phospho-

rescente par le manganèse que si elle contient quelques

1. MOURELO. C. R., 128 (1899) 1239.

mélange ternaire donne certainement du manganate de potasse, de couleur verte, dissous dans l’alaminc,

et le mélange est phosphorescent en vert.

Ainsi, on observc un accord aussi satisfaisant que

possible entre les prévisions et les faits expérimcn-

taux, dans les cas des composes manganésifères. Cette

étude fournit donc ion appui expérimental non veau II

la thèse que nous soutenons, qui se trouve ainsi vé-

rifiée dans tout le domaine de la phosphorescence des

sels de la chimie minérale.

Il me reste tirer la conclusion de l’ensemble de tous les faits que nous avons réunis dans ce chapitre.

10 Dans le voisinage de la région spectrale de phos- phorescence, les phosphorogènes sont absorbants, et

les diluants transparents.

2° La présence d’un phosphorogène, corps absor- bant, est nécessaire à la production de lumière.

5° La lumière qui sort de la matière est composée

de radiations pour lesquclles le phosphorogène est

relativement transparente

II. - Essai d’interprétation physique de la loi

de I’optirnutn.

Rappelons d abord que la loi de l’optimum, sur laquelle nous nous somnles étendu longuement *dans

un précédent travail (Radium, 1907), tient tout

entière dans ce fait que l’intensité lumineuse d’un corps phosphorescent en activité n’est pas proportion-

nelle à la quantité de matière phosphorogène. La

mfnie matière qui, diluée, est active, diminue la

phosphorescence lorsqu’elle est plus concentrée. Au

pouvoir émissif du phosphorogène se rattache par

conséquent une sorte d’action absorbante, plus faible

que le pouvoir émissif aux faibles teneurs, plus forte

que lui aux fortes concentrations, et dont il s’agit de

déterminer l’origine. Ainsi se pose le problème que

nous abordions maintenant. Remarquons à ce sujet qu’aucune solution satisfaisante n’a été proposée jus- qu’à ce jour, à ma connaissance du moins. Person-

nellement, je me suis adressé successivement aux

diverses hypothèses qui me paraissaient les plus

raisonnables, pour élucider cette question. Il me paraît inutile de reproduire ici les longs tâtonnements

expérimentaux nécessités par un contrôle rigoureux

de ccs diverses hypothèses. Je rappellerai simplement

que j’ai dû éliminer ainsi cn particulier la théorie de la dissociation électrolytique du phosphorogène qui

scmhlait légitimée à priori par l’allure comparable

de la variation de la phosphorescence avec la concen- traction, et de la variation de la conductibilité des pointions d’électrolytes avec la concentration.

C’est à la suite de ces essais infructueux que j’ai

pu découvrir les relations entre la phosphorescence

l. L. BRÜNINGHAUS. C, R., 149 (1909) 1124.

(8)

et l’absorption qui font l’ohjet du chapitre précédent,

et il m’a semblé que ces relations, sans expliquer

encore complètement le phénomène d’optimum, jetaient cependant sur ceux-ci une certaine clarté,

fort utile pour une recherche ultérieure.

Nous avons, en effet, conclu le dernier chapitre en

disant que o la lumière qui sort de la 1natière est

composée de radiations pour lesquelles le phospho- rogène est i-elaliveîiient transparent »

Mais dire que le phosphorogène est relativement

transparent à ces radiations, c’est dire que la sub- stance phosphorescente elle-lnême, prise dans son ensemble, jouit d’une transparence relative vis-à-vis des rayons émis.

Le pouvoir absorbant pour une région déterminée

du spectre paraît donc en opposition avec le pouvoir émissif, par phosphorescence, de la même région.

Or, lorsqu’on concentre la matière, on sait que la bande d’absorption s’élargit de plus en plus. Cette

bande repousse donc devant elle, en vertu de l’oppo-

siuion dont j’ai parlé, la bande de phosphorescence, qui fait progressivement place à un autre phénomène,

l’échaufl’ement de la matière et corrélativement l’émis- sion thermique’.

En somme, la matière très diluée se présente à nous

comme un corps a absorption sélective, très différent

du corps noir comme absorption, et par conséquent

vraisemblablement aussi comme émission. Au con-

traire, à l’état concentré, le phosphorobène tend à

réaliser un corps noir, dont le maximum du pouvoir

émissif saute dans l’infra-rouge plus ou moins lointain,

selon la température.

On peut dire aussi que, à l’état dilué, les molécules phosphorogènes jouissent d’une certaine liberté dans

leurs mouvements d’agitation interne, tandis que les mêmes mouvements internes se trouvent mutuellement liés, lorsque, par une concentration plus grande,

elles sont plus rapprochées les unes des autres.

Et à ce moment, ce n’est plus le rayonnement propre des molécules qui s’établit, c’est le rayonne-

ment de tout corps fortement absorbant, le rayon-

nement thermique des corps noirs.

1. L. BRÜNINGHAUS. C. R., i49 (’19U9) 1375.

[Manuscrit reçu le 16 février 19111.

Sur quelques données actuelles relatives à l’électricité, de la pluie

(A propos des observations récentes de M. Baldit)

Par A. B. CHAUVEAU

I.

-

La détermination, en grandeur et en signe,

des charges électriques apportées par les pluies à la

surface du sol est un des sujets qui, dans les recher-

ches sur l’électricité terrestre, présente actuellement le plus d’intérêt.

On sait, en effet, que, conformément à une hypo-

thèse déjà ancienne et due à l’eltier, on a souvent

cherché dans un excès négatif des apports électriques

dus aux précipitations, sinon le facteur unique, au

moins l’une des causes les plus importante de la reproduction constante de la charge négative de la

surface terrestre, constamment dissipée par la conduc- tibilité de l’atmosphère.

D’autre part, suivant la théorie dite de Wilson- Gerdien, en appliquant à l’atnlosphère ionisée les résultats des expériences de C. T. R. Wilson sur le rôle des ions ordinaires dans la condensation de la vapeur d’eau, on pouvait conclure à une fréquence plus grande des pluies négatives, la sursaturation nécessaire à la condensation sur les ions négatifs

1. BALDIT. Commnnicitirni a la Soriolo météorologique,

’;1’;)11(’(’ d II 7 M:1 rs 1911.

étant moindre, et par suite susceptible d’être plus fré-

quemment réalisée, que celle qu’exige la condensation

sur les ions positifs.

Dans cette théorie, si l’on considère un courant d’air ascendant (que l’on doit supposer débarrassé de

poussières et autres centres neutres de condensation facile de la vapeur d’eau) et se refroidissant par détente adiabatique, pour que la condensation sur

les petits ions négatifs puisse se produire, il faut déjà que soit atteint, dans la masseol’air ascendante,

un état de sursaturation tel que la tension de la vapeur d’eau ait une valeur environ quatre fois plus grande que la tension maxima dans les mêmes con-

ditions, une condensation postérieure, pendant le mou-

vement ascensionnel, sur les ions positifs exigeant

une tension de sursaturation au moins six fois plus grande que la tension maxima. On peut se deman-

der si de telles conditions sont aisément réalisées dans l’atmosphère.

L’existence, au moins dans les couches basses, de

gros ions en nombre beaucoup plus grand que les

petits et susceptibles, par leurs dimensions et par

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