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To cite this version:
L. Brüninghaus. Une relation entre l’absorption et la phosphorescence. Radium (Paris), 1911, 8 (4),
pp.147-153. �10.1051/radium:0191100804014700�. �jpa-00242465�
Une relation entre l’absorption et la phosphorescence
Par L. BRÜNINGHAUS
[Faculté des Sciences de Paris - Laboratoire de Chimie-physique.
Nous avons déjà montré dais un précédent travail’
que les phénomènes d’émissiun de la lumière dans les substances phosphorescentes paraissaient devoir
être attribués au phosphorogène, lc diluant ne servant
(me de support u ce dernier. Cette hypothèse se trouve
basée sur les dcm faits suivants, déjà signalés :
1° Les diluants purs ne sont jamais que très peu
phosphorescents, et ce reste de phosphorescence est toujours attribuablc à l’impossibilité oit l’oll se trouve
de pousser les purifications au delà de toute limite.
2" Les spectres de phosphorescence sont caracté- risti(lues du phosphorogène.
La matière phosphorescente en activité semble dolc,
cll première approximation, constituée par des mollé- cules phosphorogènes incandescentes, réparties dans
la masse transparente du diluant.
J’ai pensé pour cette raison clve les relations géiié-
ralement observées entre l’énlission et l’absurptiull
devaient sc retrouver dans le phénomène de la phos- phorescence et pouvaient servir comme point de départ a l’explication de certaines particularités de ce phéno-
mène. J’avais surtout en vue, ell faisant cette étude, d’expliquer les changements spectraux précédemmellt
observés dans les phosphorcscences d’un même phos- phorogène dissous dans différents diluants (Le Radium,
Les phosphorescences calciques du manganèse), et
ensuite de donner une théorie des optima de phospho-
rescence, dont le mécanisme me paraissait lié étroite-
ment aux propriétés intimes de la matière, et non
à des causes extérieures à celle-ci, telles qu’excitatioll, température, etc,..
’
Nous envisagerons donc les relations entre l’élnis- sion et F absorption successivement aux deux points
de vue que je viens de rappeler.
I.
-Relation entre le pouvoir phosphorogé- nique d’un corps et son pouvoir absorbant.
.
Dans la matière phosphorescente, le pouvoir émis-
sif provient, comme je l’ai déjà rappelé, au phospho- rogène. Le diluant n’est qu’un support, dont le rôle
est de 111maintenir les molécules lumineuses ii distance les unes des autres, condition qui se montre indispen-
sable. Il y a donc opposition complète dans le rôle de
ces deux corps, et aussi, par conséquent, dans leurs propriétés. Le diluant devra être avant tout transpa-
j’ent aux radiations émises par le phosphorogène. Ce
.
1. L. BRÜNINGHAUS. Le liadizl1n, 4 190îl 116.
dernier sera au contraire absorbant, si toutefois la phosphorescence obéit à des lois qualitatives analo-
gues à celles des autres phénomènes émissifs.
Et c’est bien ce qu’on observe en réalité. La plupart
des diluants connus sont des substances transparentes
à l’état cristallisé, blanches à l’état pulvérulent, et qui ne présentent généralement pas de spectres d’ab-
sorption, tout au moins dais les limites usuelles d’obsern atioii. Telles sont, par cxctuple, lcs substances
suivantes :
J ai observé, d’autre part, que si 1 on prend comnlc
diluants une série de sels de calcium formes de radi-
eaux acides de plus en plus colorés, la phosphores-
cence diminue en même temps. Pour cela, ,j’ai
dllllé 1 200 d’oxydu de manganèse dans les composes
calciques suivants :
Les tètes de série donnent toutes par addition de
2¿O d’oxyde de manganèse des produits extrêmement lumiueux. Parmi les deuxièmes corps de chaque série,
le chlorure est assez phosphorescent, le sulfure l’est très vivement, le suléniate l’est peu, et l’arsénialc
moyennement. Parmi les corps de la troisiène li-ne,
seuls le bromurc et lc seleniurc sont phosphorescents,
et encore très faiblement. Les diluants de la quatrième ligne sont complètement dépourvues de phosphores-
cence.
Ainsi, l’absorption est en opposition avec la capacité
de donner un bon diluant. Il y a pourtant une dis-
tinction à faire : certains bons diluants sont absor-
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:0191100804014700
y regardant
que pour de tels corps, la bande d’absorption est toujours très éloignée de la bande de phosphorescences
du phosphorogène, ce qui confirnle cc que nous avions
dit au début.
Ainsi, la gaduline, a spectre d’absorption ultra-
violet lointain, peut servir de diluant à des substances
comme l’europium, le terbium, le sarnariulll, dont les
radiations d’émission par phosphorescence sont bien
moins réfrangibles que les radiations absorbées par la gadoline. Il est fort probable, au contraire, qu’un phosphorogène émettant dani l’ultra-violet extrême
ne pourrait être dilué avec ’succès dans la gadoline.
On peut considérer comme une vérification de cette
prévision ce fait que la gadoline, qui est aussi un phosphorogène, n’est pas à elle-même un bon diluant, la phosphorescence de la gadoline pure étant beau- coup plus faible que celle de la gadoline diluée, par
exemple dans la chaux. Ceci parait général : un corps
qui est phosphorogène dans une certaine région du spectre, ne peut ètre diluant dans la niême région
c’est une conséquence de la loi de l’optimum. Ainsi,
nous verrons que les oxydes de chrome, d’arsenic, d’antimoioc, sont de bons phosphorogènes. Et nous
venons de voir que les chromate, arséniate et antimo-
niate de chaux sont de mauvais diluants pour le man-
ganèse, qui émet u peu près dans la méme région spectrale que ces phosphorogènes.
Les phosphorogène, au contraire, sont tous ab- sorbants sans exception, en ce sens que leurs sels sont fortement colorés, ou présentent des bandes d’absorption. Voici la liste dcs principaux phospho- rogènes usuels :
La prévision précédente se trouve donc justifiée.
Mais, cette j justification serait, à elle seule, insuffisante.
On sait, en effet, que tous les corps absorbent dans une
région du spectre, et les diluants eux-mêmes, nous l’avons vu, peuvent obéir à cette règle. Il faut donc préciser, en tenant compte uniquement de ce qui se
passe au voisinage immédiat de la bande de phospho-
rescence.
jours transparents dans cette région, et dans les régions avoisinantes. La contre-partie se retrouve,
encore ici, très exactement pour les phosphorogènes.
Nous allons, en effet, démontrer, que les bandes cle
yltospl2oueseercoc el d’absorption des phosphorogènes
sonl toujours dans le L’oisina!Jc les unes des autres.
En voici quelques exemples :
Les oxydes de manganèse, chroiiic, llickel, cuiv re, samarium, absorbent dans le spectre visible, leurs sels étant coloi-és. Les phosphorescences de ces corps,
dilllés, par exemple, dans un sel de calcium, sont également dans le spectre visible. La tcrbine présente
un spectre d’absorption compris entre les longueurs
d’onde fi88 et 301,2 (du bleu à l’uliraviolet) ; sa phosphorescence dans la chaux se compose de bandes vertes, bleues, violettes et ultra-violettes.
La gadoline absorbe entre les longueurs d’onde
579 et 505. Elle émet entre 519 et 279.
L’oxyde d’europium présente des bandes d’absorp-
tion dans tout le spectre, et également des bandes de
phosphorescence dans tout le spectre.
ûn peut se demander en outre si les bandes de pllos- phorescence et d’absorption, ne coïncident pas entre elles le plus souvent. J’ai été amené à la conclusion
inverse, et je retracerai ici la voie par laquelle j’y ai
été conduit.
Dans un précédent travail (Radium, Les phosphores- cences calciques du manganèse), j’avais cru pouvoir don-
ner la règle suivante pour les changements de l acouleur
de phosphorescence lorsqu’on change de diluants. Pour
une série de sels isomorphes d’une même base (chaux),
les déplacements de la bande de phusphorescencc se produisent vers la partie violettc du spectre lorsque
,le poids moléculaire du diluant augmente, c’est-it- dirc lorsque l’ion électro-négatif combiné à lrrl même
aniun devient de plus en plus lourd.
Ce t’uit paraissait intéressant par lui-même, d’au-
tant plus que des déplacements inverses (vers le rouge) paraissaient produits par alourdissement de l’anion du diluant. Il fallait donc se rendre compte de
son degré de généralité.
Dans cc but, on a d’abord refait les mêmes expé- riences, en prenant comme phosphorogène une terre
rare, la san1arille, dont les bandes de phosphorescence
sont très étroites, et présentent par conséquent l’avantage de pouvoir être repérées avec précision.
Mais les variations ne’ se sont pas produites, dans le
sens attendu, avec la samarine. En passant d’un sel du diluant à un autre, on observe que certaines bandes du diluaiit restent fixes à l’intensité près, tall-
dis que d’autres se déplacent vers leviolet, et d’autres
encore vers le rouge.
D’autres phosphorogènes n’appartenant pas au groupe des terres rares, tels que l’aiitimoine et le bis-
muth, ont également donné des résultats discordants.
La relation proposée se trouvait ainsi remise en
question, et il fallait trouver une antr4:"’ explication des
relations spectrales observées dans les phosphores-
cences calciques du manganèse.
J’y suis parvenu en groupant celles de mes obscur-
vantions antérieures auxquelles j’attribuais la plus grande valeur de certitude, avec les résultats qui
avaient été obtenus il y a quelques années par M. Le- coq de Boisbaudran ’.
Voie! un double tableau dans lequel sont repro- duites, mes observations personnelles (sels calciques)
et celles de M. Lecoq de Boisbaudran :
Des deux tableaux qui précèdent résulte ce fait important que les nuances si variables des phospho-
rescences du manganèse restent pourtant ramassées
dans une portion étroite du spectre, entre le rouge et le vert. Les nuances varient du rouge très pur et très vif avec le phosphate, an vert superbe avec le sulfate
calcique, le fluornre de calcium et l’alumine, en pas- sant par l’intermédiaire de la chaux, rouge orangé,
du sulfate d’yttrium, jaune, et du sulfate de cadmium,
vert jaune. Et l’on voit que les verts et lcs rouges
prédominent. (A 1"exception du tungstate, bleu, pour
lequel la phosphorescence n’est vraisemblablement pas dueau manganèse, car le tungstate decalcium pur
est tout aussi lumineux en bleu que le tungstate manganésifère).
L’on songe aussitôt à rapprocher de ces colorations,
les couleurs des sels de manganèse, pris en masse ou 1. LECOQ
neBOISBAUDRAN. C. n , t. 103, 104, 105, 107
en solution qui se retrouvent, comme on sait, dans les
mêmes nuances.
Avant d’adopter cette idée, il convient d’ahnrd de rechercher dans quelle mesure elle peut être géné- ralisée, si l’on considère quelques autres éléments phosphorogènes usuels. Nous passerons en revue
quelques exemples les plus nets qui aient été observes par différentes auteurs ou par nous-même.
I. M. Lecoq de Boisbaudran a observe que lecuivre, mêlé a la chaux par la précipitation des carbonates
,suivie dune forte calcination al 1 air, lui communique
une phosphorescence vert clair extrêmement brillante 1.
Et l’on ne peut s’empêcher de penser aussitôt au
colorations vertes ou bleues des solutions des sels (le cuivre ou des solutions d’oxyde de cuivre dans les
alcalis.
2. Le même auteur a montré que cc mélange, cal-
ciné dans l’hydrogène, luit en rosc. Or il est vrai-
sembable que le cuivre s’y trouve à l’état d’oxydule, qui est rouge en nlasse, ou en dissolution solide, par
exemple dans le verre.
5. J’ai moi-même observé que le sulfure de cal- cium cuprifère, obtenu en faisant passer de l’llydro- gène sulfuré sur de la chaux cuprifère au rouge, suivi d’une forte calcination dans l’hydrogène, donne
une superbe phosphorescence verte. Et l’on sait que le sulfure cuivriquc est vert.
4. Les sulfures alcalino-terreux de MM. Lénard et
Klatt2 contenant du cuivre sont phosphorescents dans
les principales nuances suivantes : vert, vert bleuâtre,
bleu turquoise, bleu, vert lavande, vert jaunissant,
violet (pour Ca) ; vert jaune, IUcu, bleu clair (pour Sr ) ;
bleu turquoise, rouge orangé? jaune vert (pour Ba).
5. Le sesquioxyde de chromc, on le sait, se pré-
sente sous deux états, l’un vert, l’autre rose violacé
(poussière rose) . Dilué dans la chaux, il prend 1 état
vert, et la phosphorescence obtenue est verte. Dilué dans l’alumine, il prend l’état violet et colore l’alu- mine en rose : la phosphorescence est rouge. Les rubis présententde même une phosphorescencerouge.
Et M. Lecoq de Boisbaudran, à qui l’on doit ces
résultats, a mis hors de doute, par des analyses très
nettes, que le chrome se trouve dans ces corps à l’état de sesquioxyde.
6. J’ai observé que l’oxyde d’antimoine ,jaune donne
à la chaux une vive phosphorescence jaune, et quc le sulfure d’antimoinc, généralement jaune, communique
au sulfure de calcium une phosphorescence jaune
clair particulièrement éclatante.
7. La litharge communique à la chaux une phos- phorescence jaune (Lecoq de Boisbaudran), et la li- tharge est jaune.
Tous ces faits s’accordent bien avec notre dernière
hypothèse : parmi les éléments usuels, les nuaàes de
1. LECOQ
DEBOIsnAUDlUN. Comptps loc. cit.
2. LUNARD
ETKIATT. Ann. d. Phys., 12. 13 C’t 14
phosphorescence produisent
spectre qui correspond à la couleur des composés phosphorogènps pris en masse. Si cette propriété est générale, on doit s’attendre dans le groupe des terres rares a une vérification précise, par l’étude compara- tive des spectres d’absorption et des spectres de phos- phorescence de ces corps.
Dire que la couleur de pllosphorescence est ana- logue à la couleur des corps par réflcYion, c’est dire que les bandes de phosphorescence s’intercalent dans le spectre, en moyenne, entre des bandes d’absorption.
Et c’est bien ce qu’on observe, en effet.
J’ai réuni, pour cette comparaison, toutes les me-
sures faites sur les spectres de phosphorescence et d’absorption des corps suivants : europium, gadoli-
nium, terbium, dysprosium, praséodyme, erliam, sa-
marium. La plupart de ces nlesures ont été extraites des travaux de M. G. Urbain sur les terres rares.
Voici brièvement résumés les résultats obtenus de
ces comparaisons :
Le tableau qui précède montre assez nettement que le plus généralement les bandes de phosphorescence
snnt situéex dans des régions dépourrues de bandes d’absorption.
C’est précisément ce que nuus aBions déjà conclu
usuels, et ceci nous ramènc à l’hypothèse dont nous
étions partis, hypothèse qui se montre ainsi très géné-
ralement valable.
Et il paraît maintenant très probable que le rap-
prochement que nous avons été amené à faire entre
les couleurs de phosphorescence du manganèse .et lcs
couleurs des sels de cc métal, ne résulte pas d’une
simple coïncidence, mais constitue un caractère propre
à l’émission par phosphorescence.
Nous avons vu que les phosphorescences du man- ganèse manifestent une prépondérence de couleurs rouges et vertes, avec quelques nuances intermé- diaires, et, s’il est vrai que les bandes de phosphores-
ednce se placent entre les bandes d’absorption du phosphorogène pris en masse, dans l’état où il se trouve dans la matière phosphorescente, il faut que les phosphorescences rouges correspondent à la pré-
sence dans la matière phosphorescente d’un composé
du manganèse rouge, et de même pour la phospho-
rescence verte, Les phosphorescences jaunes seraient
dues à l’existence simultanée de ces deux composés.
Une vérification de ces conséquences est à vrai dire
fort difficile. En eflet, remarquons d’abord que le
manganèse dissous dans le diluant ne s’y trouve pro- bablement pas à l’état de cumposé défini, je veux dire
sous un état unique d’oxydation. Cela résulte de la
préparation même des substances, laplupart obtenues
par précipitation u l’aide d’un réactif ammoniacal, additionné d’ammoniaque. On saint que, dans ces con-
ditions, l’hydrate de manganèse précipité présente une composition éminemment variable dans son degré d’oxydation, selon les conditions de la précipitation.
La présence de la masse principale entraînant ce pré- cipité peut, du reste, jouer un rôle important pour stabiliser tel oxyde du manganèse aux dépens de tel
autre. Et les prévisions que l’on pourrait formuler
se trouvent encore compliquées par la forte calcination
préalable -,’t laquelle «doivent être toujours soumis les
mélanges avant l’emploi, le manganèse pouvant, ici
encore, s’oxyder de façon plus ou moins complète,
selon son état de dissolution, selon les propriétés physiques du diluant, selon aussi la parenté chimique
ou cristallographique du sel du diluant envisagé et
du même sel de manganèse,.
Ajoutons que, au cours des divers traitements qu’on
pourra faire subir au mélange phosphorescent, pour le transformer d’un composé calcique en un autre composé calcique, il est impossible de faire unique-
ment appel aux propriétés du phosphorogène pris en
masse pour savoir ce qu’il est devenu, car ces pro-
priétés se trouvent modifiées par la présence du di- lnant, et semblent tendre, en général, vers les pro-
du diluant lui-même, lorsque le phosphoro- gène est a l’état de faibles traces.
Enfin, l’analyse chimique ne peut être d’ordinaire
d’aucin secours, les différences à déterminer (dans
le degré d’oxydation par exemple) étant de l’ordre de
grandeur des erreurs inhérenies aux manipulations analytiques, puisque la proportion de pliosphorogètie
est généralement de l’ordre du centième, et que, lors-
qu’on en ajoute davantage, on n’est nullement assuré
que l’excès de phosphorogène conserve le même
état que la proportion qui se trouve active à l’opti-
mum .
Moyennant ces réserves, dont il faudra largement
tenir compte dans ce qui va suivre, nous allons
passer en revue les substances que nous avons étu-
diées, en commençant par celles qui présentent le
moins d’incertitude.
1. Phosphate de calcium.
-Ce cas est l’un des
plus nets que j’aie rencontrés; le précipité obtenu,
par l’action du phosphate d’ammoniaque sur le mé- lange des chlorures, étant rouge et devenant rose
après calcination ; la forme dominante parait donc
être un oxyde rouge, probablement l’oxyde salin, et
ce résultat s’accorde avec la pliosjihorescence rouge observée.
2. Sulfate de magnésie .et sulfate de zinc.
-Ces deux substances sont des solutions ’de petites quantités des sulfales doubles dans le sulfate en
excès. Les sulfates doubles sont roses, la phospho-
rescence est rouge.
5. Borate de calcium.
-La phosphorescence est généralement d’un joli rose, parfois d’un beau vert clair. Certains échantillons présentent à la fois les
deux teintes. La substance elle-même est rose, plus
ou moins f’oncé, selon la teneur. Le produit dessous
est donc généralement rouge (oxyde salin). 1 lorsque
la phosphorescence est verte, elle paraît due à du protoxyde vert, qui a pu échapper à l’action oxydante
de l’air pendant la fusion. (Le borate a été ohtenu,
soit par précipitation, puis fusion : c’est dans ce cas
que certains points luisent en vert; soit par mélange
de borate de calcium et d’oxyde rouge et fusion, et alors la masse est uniformément phosphorescente en rose). L’expérience suivante le prouve j’ai mis du
borate au 1/200 dans un tube à cathode, il luit d’abord en rose; puis je force le courant primaire de
la bobine. On assiste alors à une transformation pro-
gressive de la nuance rose en nuance verte, pour les
grains de la matière qui sont situés sur l’axe du fais-
ceau cathodique. J’ai interrompu le courant, et, après avoir attendu un temps suffisant pour que la substance soit complètement refroidie, j’ai fait passer de faibles décharges pendant un temps assez court
pour ne pas échauffer la matière : la substance a con-
tinué à luire en beau vert au centre, tandis que les
parcelles environnantes continuaient à luire en rose.
Or, on connaît les propriétés réductrices des rayons
cathodiques; ils ont vraisemblablement réduit, sous
l’action de la chaleur que produit le bombardement
cathodique intense, l’oxyde rouge en proton de vert,,
aux points sltllés sur l’axe du faisceau.
.
4.’ Chaux et carbonate de rna!Jnésie fortement.
calcinés.
-Après précipitation des solutions de
chlorures par le carbonate d’ammoniaque mclé d’am- moniaque, le manganèse se trouve probablement à
l’état de carbonate, de sesquioxyde et d’oxyde salin:
Le produit au 1/100 a une couleur café au lait.
Après forte calcination, la partie de la nlatière eux-
posée à l’air s’est légèrement décolorée, tandis que la masse a pris une coloration rouge. Il a dù se faire à la surface une proportion notable de manganite, qui est blanc, tandis que les parties centrales doivent
être plus riches en oxyde salin, résultant de la dé- composition du sesquioxyde par la chaleur. La phos- phorescence n’est du reste pas attribuable au manga- nite. J’ai, en effet, observé qu’en prolongeant 14
chauffe d’un bâtonnet de la même chaux manganési-
fère au chalumeau oxhydrique, la chaux se décolorait complètement, correspondant à un accroissement dans la proportion du manganite qui est blanc et qui
se forme dans ces conditions (l’oxyde de manganèse
est fixe à cette tell1pérature), et le produit obtenu présentait une phosphorescence nettement Bpoins
vive que celle de la chaux calcinée seulement au
rouge. D’autre part, M. Lecoq de Boisbaudran a montré que, lorsqu’on traite la chaux manganésifère
au rouge par un courant d’hydrogène, ce qui certai-
nement empêche le manganite superficiel de se formcr, la phosphorescence s’avive notablement, sans changer de couleur. Cependant, la réduction ne pa- raît pas avoir été jusqu’au protoxyde, car le produit,
pour des concentrations de 20 pour 100, a conservé
une faible coloration jaunel. Il semble donc que la
phosphorescence de la chaux manganésifère doive
être attribuée à un composé rouge, Mn3 04 probable-
ment, la surface des grains de chaux contenant, dans .
les conditions ordinaires, une mince pellicule de man-
ganite de calcium, inactive. De même pour le carbo- nate de magnésie calciné.
.