• Aucun résultat trouvé

ez écwoir i

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "ez écwoir i"

Copied!
33
0
0

Texte intégral

(1)

№ 2 - Juin 1995

ez écwoir i

Athletissima:

La couive contre le contrôle antidopage

Naples, Santorin ou les Canaries:

Dej destinatane de vacances ou leé volcané grondent.

Hlétotre d'un danger permanent observé depuis l'espace

É É ^ Ç l La peau

n'oublie a u c u n W

• ^ N ^ ^ ^ ^ coup de soleil

É C O N O M I E : L ' A V E N I R EST AU T O U R I S M E É V É N E M E N T I E L - U N I V E R S I T É : L E S C H E R C H E U R S

ONT-ILS U N A V E N I R S U R I N T E R N E T ? • I N T E R V I E W : L A S U I S S E DOIT-ELLE

L U ml Lqjjil AVOIR PEUR D'APPRENDRE CE Q U E L L E A FAIT ENTRE 1 9 3 9 ET 1 9 4 5 ?

(2)

Quand la déménageuse démarre, tout est dit.

Q u a n d v o u s v o y e z p a s s e r u n e d é m é n a g e u s e L a v a n c h y , d i t e s - v o u s q u e tout a été o r g a n i s é , p r o g r a m m é , planifié, a u d é p a r t et à l'arrivée.

L e client n'a q u e d e u x c h o s e s à f a i r e : i n f o r m e r

Lavanchy... et s'installer d a n s s o n n o u v e a u c a d r e . « A v e c d e s g a n t s b l a n c s » , c'est u n e n g a g e m e n t .

F R I B O U R G (037) 26 51 51 (037) 26 71 55

M I L A N

(39-2) 48 91 09 71 (39-2) 4 8 91 49 57

G E N E V E (022) 788 42 88 (022) 788 42 92

P A R I S

(33-1) 45 73 66 00 (33-1) 4 6 80 78 70

/AVAVZ)

avec des gants blancs

Sommaire

Edito. .page 2

Les chercheurs ont-ils un avenir sur Internet?

Livré aux entreprises qui voient dans le World Wide Web un canal commercial supplémentaire, en proie aux serveurs ludiques, voire pornographiques, Internet n'est plus dans les mains de ses pères, les chercheurs universitaires. Pour l'instant, ces derniers peuvent encore échanger leurs informations comme par le passé, mais ils envi- sagent de reformer un autre réseau à l'abri du vent de Folie qui souffle sur le «net». Voir en page -Il

Le tourisme événementiel est l'avenir d'une Suisse convalescente

Un emploi sur dix dépend de l'industrie tou- ristique. Mais depuis une bonne dizaine d'années, ce secteur perd des parts de marché.

Pour dynamiser la branche, la Suisse peut compter sur le tourisme événementiel. Les fes- tivals de l'été ont notamment un effet multipli- cateur, comme le montrent plusieurs études de l'Université de Lausanne. Résultat.! en page 3

IMPRESSUM

Allez savoir!

Magazine de l'Université de Lausanne No 2, juin 1995

Tirage 20 000 ex.

Rédaction:

Service de presse de l'UNIL

Axel-A. Broquet resp., Florence Klausfelder BRA, 1015 Lausanne-Dorigny

Tél. 021/692 20 71 Fax 021/692 20 75 Rédacteur responsable:

Axel-A. Broquet

Conception originale et coordination:

Jocelyn Rochat,

journaliste au Nouveau Quotidien Ont collaboré à ce numéro:

Sonia Amai, Patricia Brambilla, Jean-Bernard Desfayes, Luc Domenjoz, Isabelle Gulsan, Nicolas Imhof, Mathieu Truffer, Nicolas Verdan.

Photographes:

Nicole Chuard, Alain Herzog Correcteur:

Albert Grun Concept graphique:

Richard Salvi, Territet/Montreux Imprimerie et publicité:

Presses Centrales Lausanne SA Rue de Genève 7,1003 Lausanne Tél. 021/320 59 01

Photos de couverture:

Volcan: KRAFT/JEULIN Bronzage: dessin de KIRAZ

Athlétisme: Mike Powell/ALLSPORT USA

Le tourisme événementiel est l'avenir d'une Suisse

convalescente

page 3

Le tourisme en chiffres page 7 Du Palèo de Nyon au Verbier Festival page 9

WÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊËÈÊÊÊk Notre peau n'oublie aucun coup de soleil

page 10

Les U V e n bref page 13 Les produits qui augmentent la sensibilité page 14 Les UVA, ces rayons qui accélèrent le vieillissement de la peau page 16

Les volcans livrent peu à peu leurs secrets

page 17

Ah! si Pompéi avait s u ! page 24 Le Vésuve est observé depuis l'espace page 25

ШШШШШЗЁШШЕЕШШШШШШШШШЯШ Hans- Ulrich Jost, là Suisse doit-elle avoir

peur de découvrir ce qu'elle a fait entre 1939 et 1945?

L'interview d'Allez savoir! page 27

Les athlètes se mesurent aussi aux laboratoires

antidopage

page 34

Contrôles antidopage: mode d'emploi page 37 Des dangers qui ne se limitent pas au sport d'élite page 40

IIVERSITÉ

Les chercheurs ont-ils un avenir sur Internet?

page 41

Comment W W W peut permettre des économies page 43 L'UNIL pourrait jouer les pionnières page 45 Allez savoir!, premier média suisse sur Internet page 46

Pas de numerus clausus en médecine cet été page 48 Le LUC a tout raflé sur son passage page 49 La chimie en sécurité page 50 L'UNIL et l'Europe page 51 Théâtre et histoire: les questions de «l'Ambassadeur» page 52 Découvertes génétiques: quelles conséquences juridiques? page 53 Photos Express page 54

(3)

Edito

L A U S A N N E

« M o n aile droite est en déroute, mon aile g a u c h e faiblit, m o n c e n t r e se d é r o b e . J ' a t t a q u e ! » Les fi- nances du canton de Vaud sont en diffi- culté, la situation des étudiants et des chercheurs suisses en Europe est menacée, l'enseignement supé- rieur n'est plus consi- déré comme une prio- rité. L'Université n'a pas le choix: elle doit réaffirmer sans cesse le caractère indispensable et multiple de la formation

qu'elle propose, sa volonté d'ouverture internationale et son rôle de service au bénéfice de la société tout entière.

«Allez S A V O I R ! » , dont le numéro 2 est sous vos yeux, présente diverses acti- vités universitaires sous un regard inédit, à l'intention d'un public élargi. Il est dif- fusé grâce aux techniques les plus ac- tuelles: le magazine est en effet disponible aussi sur INTERNET. A l'heure où cer- tains doutent de la justification même de l'Université, «Allez savoir!», au même titre qu'«UNISCOPE», a pour but de mieux faire connaître la Haute Ecole vaudoise et ses acteurs.

M a i s la communication institutionnelle ne suffit pas: les membres de la commu- nauté académique, les étudiants, les cher- cheurs, les professeurs sont les meilleurs informateurs sur l'Université et ce qui s'y passe. A eux revient pour une part impor- tante la responsabilité de faire rayonner l'institution à laquelle ils appartiennent.

A Dorigny et dans les hauts de Lausanne, l'UNIL réaffirme jour après jour sa pré- sence et sa vocation d'institution au ser- vice du public. C'est le message qu'elle a cherché à diffuser depuis une décennie.

En 1987, elle faisait publier un livre dont le titre se passe de commentaire: «L'Uni- versité dans la cité». Les auteurs en sont J e a n - C h r i s t i a n Lambelet, Antonio Cunha et Christine Delapierre.

POURRAIT-ELLE VIVRE S A N S S O N U N I V E R S I T É ?

L a meilleure informa- tion du monde peut trouver ses limites, si elle ne s'alimente pas auprès de sources nou- velles. Dix ans après avoir chargé le profes- seur Lambelet et son équipe d'une première étude, le Rectorat a confié un nouveau mandat à l'Institut CREA de macroéco- nomie appliquée (Eco- le des HEC), dont le directeur n'est autre que J e a n - C h r i s t i a n Lambelet. L'objectif de cette nouvelle recherche est de chiffrer dans toute la mesure du possible l'impact de l'Université sur son envi- ronnement économique et social.

C h a c u n sait en effet - ou devrait savoir - que l'Université offre une formation large et diversifiée, dominée par l'édu- cation au sens critique et à l'indépen- dance intellectuelle. Chacun devrait être convaincu d'autre part que les personnes bénéficiant d'une formation universitaire possèdent une capacité accrue d'ouver- ture et d'adaptation au changement. Mais ce sont là des notions abstraites et diffi- cilement quantifiables.

L e s flux économiques, industriels et cul- turels engendrés pas la présence d'une université dans sa région, eux, sont direc- tement profitables à cette dernière. Ils peuvent être analysés, mesurés, démon- trés. Il suffit pour se convaincre de l'attrait qu'exerce une université sur les régions qui en sont dépourvues d'obser- ver les ambitions affichées par le Tessin, le Valais ou le canton de Lucerne.

L'étude de l'impact économique et social de l'UNIL sur sa région est attendue pour la rentrée. Pour l'heure, conseillons au lecteur de se plonger dans «Allez savoir!». Bonne lecture!

Pierre Ducrey, recteur èe l'UNIL

É C O N O M I E

Palèo Festival de Nyon

ou Open de golf à Crans-Montana

m

V U . » -°ï'-•>>*«:#

AT*

\Z~aM

i I 1

est l'avenir d'une Suisse convalescente

'n emploi dur dix dépend de l'Industrie touristique. Mais depuis une bonne dizaine d'années, ce secteur perd ded parte de marché. Pour dynamiser la branche, la Suis je peut compter dur le tourisme événementiel.

Leé festivals de l'été ont notamment un effet multiplicateur, comme le

montrent plusieurs étudeé de l'Unlverdlté de Lausanne. —>•

(4)

É C O N O M I E : L e t o u r i s m e é v é n e m e n t i e l

|g» ProfeMeur Francis Scherly

O

ui n'a jamais entendu parler de l'Open de golf de Crans-Mon- t a n a f C h a q u e année, la jet-set golfique se rencontre pendant une semaine dans la station valaisanne pour assister aux prouesses des Severiano Ballesteros, Nick Faldo et autres Ian Woosnam durant le Canon European Masters.

L'an passé, 45 000 personnes ont fait le déplacement. Et durant quatre jours, il a fallu les héberger, les nourrir, les distraire et leur vendre souvenirs, montres ou cartes postales.

Une semaine intense pour les acteurs du tourisme de Crans-Mon- tana. Mais une semaine fort profitable.

Car l'Open de golf a un effet multipli- cateur: il rapporte deux fois plus d'argent qu'il n'en coûte. C'est en tout cas la conclusion d'une étude détaillée (1), menée p a r un groupe d'étudiants H E C de l'Université de Lausanne sous la direction du professeur Francis Scherly, dans le cadre du cours de ges- tion touristique appliquée.

Ainsi les hôtes du Canon European Masters dépensent en moyenne 2000 francs par personne et par semaine. En additionnant les effets directs, indirects

et induits, les auteurs estiment que l'Open de golf génère des retombées économiques de l'ordre de six à neuf millions de francs. Soit près de deux fois le budget (5 millions) de la manifestation. Et cela en l'espace d'une semaine.

Prenez l'impact promotionnel (cou- verture TV, médias, image de marque, connaissance de la station): si le Canon European Masters n'existait pas, les offices du tourisme de Crans et de M o n t a n a devraient débourser 2,5 mil- lions de francs pour obtenir le même résultat. Inutile de dire qu'ils n'en ont pas les moyens.

Idem pour ce qui est du taux d'occu- pation hôtelier. «L'Open, qui a lieu la première semaine de septembre, pro- longe la saison, puisque la fin août est caractérisée par un taux d'occupation hôtelier d'environ 30% seulement, alors que le tournoi fait passer ce taux à 60%

pour les trois étoiles, 70% pour les quatre étoiles et 8 0 % ou plus pour les cinq étoiles», écrivent les auteurs.

Bref, l'événement «Open de golf»

dope l'industrie touristique locale. C'est l'avantage de ce q u e les spécialistes

appellent le tourisme événementiel, comme le montrent d'autres études de cas (lire l'encadré «Du Paléo de Nyon au Verbier Festival»). Intéressant, à l'heure où la branche ne cesse de perdre des parts de marché.

( 1 ) «L'impact économico-jociai du Canon European Ma.tteiv de Craiu- Montana dur le tour Lune régional.»

Dominique Barras, Gusti Crettaz, J e a n - B e r n a r d Léger, Emmanuel Rey, Unité d'enseignement et de recherche en tourisme, H E C , Uni- versité d e Lausanne, décembre 1994, 94 pages.

4 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5

Les limites du fédéralisme

«L'industrie du tourisme est com- parable à l'industrie lourde du fait de ses investissements. Mais elle induit des rendements aléatoires, parce qu'elle est tributaire des saisons. A une demande fortement élastique correspond u n e offre plutôt rigide.» Francis Scherly met le doigt sur un vrai problème. Pour ce spécialiste, la branche souffre de trop de fédéralisme. «L'industrie tou- ristique exige la maîtrise d'un ensemble intégré de prestations pour atteindre son plein rendement: du démarchage du client à son accueil. Cela suppose un haut degré de concertation entre dif- férents acteurs. Mais nous nous heur- tons trop souvent aux limites du fédé-

ralisme, alors même que de nombreuses régions touristiques dépassent les fron- tières cantonales. Difficile dans ces conditions de faire jouer pleinement les synergies.»

P o u r t a n t les atouts ne manquent pas. «Nous avons en Suisse u n e géo- morphologie du territoire qui permet une large palette touristique: les mon- tagnes, les lacs, la plaine, le tourisme d'affaires, souligne le professeur. Mais pour jouer intelligemment de ces avan- tages, il faut une vision stratégique au- delà du cadre de la région. » C'est la seu- le manière de ne pas tomber dans la monoculture, comme certaines stations de l'arc alpin qui ont longtemps misé sur la montagne et le ski seulement.

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5 5

(5)

É C O N O M I E : L e t o u r i s m e é v é n e m e n t i e l

marché des articles de sport où 6 5 % des ventes reviennent au tourisme. Les entreprises de location de voitures, elles, réalisent 6 8 % de leurs affaires grâce aux touristes. Malheureusement, la part du marché de la Suisse au tou- risme international est à la baisse depuis une bonne décennie. Elle occupe aujourd'hui u n e portion de

se développent au d é t r i m e n t de l'Europe.» U n e orientation nouvelle qui reflète le formidable développe- ment de la mobilité: on voyage de plus en plus rapidement, confortablement et à bon marché. Autrement dit, quantité de pays exotiques deviennent des concurrents touristiques sérieux.

P o u r Claude Kaspar, le problème

Une consommation de 40 milliards de francs

Quatrième employeur du pays, troi- sième secteur d'exportation, u n e contribution de presque 8% au PIB...

c'est dire si le tourisme pèse dans l'éco- nomie nationale (lire l'encadré «Le tou- risme en chiffres»). Avec ses 360 000 emplois - un actif sur dix - la branche dégage des recettes annuelles de 21 mil- liards de francs, dont près de 13 mil- liards dus aux touristes étrangers. D'où sa troisième place au hit-parade des exportateurs, devant l'industrie horlo- gère. D'où aussi u n e balance touris- tique traditionnellement positive (2,2 milliards en 1993).

Mais à en croire u n e étude de l'Ofiamt (Office fédéral de l'industrie, des arts et métiers et du travail), le poids réel de l'industrie touristique est bien supérieur (2). Cherchant à mesu- rer son apport aux différentes branches économiques, l'étude adopte une défi- nition élargie du tourisme. Raison pour laquelle elle parle de la demande du tourisme, qui serait la demande directe auprès de divers secteurs générée p a r les activités touristiques.

Armé de cette définition, l'Ofiamt estime à 40 milliards de francs en 1992 cette consommation touristique. E t pour certaines branches, le tourisme est tout simplement vital. Exemples: le

(2) «Le tourisme, un facteur éco- nomique», in «La Vie économique», 12/90, Heinz Rutter. L'étude porte sur les données de 1985. C'est p a r extrapolation que l'Ofiamt obtient une consommation touristique de 40 milliards de francs en 1992.

E E X C E I S I 0 R & B 0 H P 0 R T

2,3% (selon les recettes), ce qui la place au neuvième rang mondial, derrière H o n g k o n g et juste devant le Mexique.

La quatrième baisse consécutive des nuitées dans l'hôtellerie enregistrée l'an passé est un indice supplémentaire de cette perte d'attrait. Depuis 1979, jamais la demande n'a été aussi basse.

Les hôtels vieillissent mal

Directeur de l'Institut de tourisme et d'économie des transports de l'Ecole des hautes études économiques de Saint-Gall, Claude Kaspar n'est guère impressionné p a r ces chiffres. «Il est vrai que la Suisse perd des parts de marché. Mais ce n'est ni grave ni sur- prenant. Depuis des années, une mul- titude de nouvelles destinations tou- ristiques sont apparues. En particulier en Asie et dans la zone Pacifique, qui

numéro u n se situe dans l'offre hôte- lière. «Vu le niveau de nos prix, nous attirons une clientèle haut de gamme.

C'est un atout, car ces gens a u x reve- nus élevés sont moins sensibles a u x aléas de la conjoncture. Mais encore faut-il que notre offre soit à la hauteur de leurs exigences. Et là, la qualité des services, en particulier dans l'hôtelle- rie, laisse à désirer, explique-t-il. Nous avons un parc hôtelier vieilli. Et d'une manière générale, les hôtels suisses ont de la peine à répondre a u x attentes d'une clientèle exigeante, à l'exception peut-être des quatre et cinq étoiles.» Un aspect d'autant plus important que, toujours plus mobiles, les vacanciers comparent les performances d'un pays à l'autre. Comme d'autres branches économiques, l'industrie touristique est désormais soumise à une forte pression

concurrentielle. — ^

' . Moo.iegg, à la cro'uée du cbetniiu du tourisme pédedtre.

lage. La moitié des établisse- ments occupent trois employés au plus.

Mais l'offre touristique, ce sont aussi 5'000 km de voies ferrées, 8'600 km pour le réseau des cars postaux, 200 téléphéri- ques, 100 télécabines, 250 télésièges, l'IOO remonte- pentes

L E TOURISME E N CHIFFRES

L'offre touristique en Suisse, ce sont 6'200 hôtels

avec 265'000 lits recensés.

«la part d u lion»

Les petits et moyens hôtels dominent, puisque les trois quarts disposent de 50 lits au maximum. Les stations de montagne se taillent la part du lion avec 41% du total des nuitées d'hôtel contre 21%

pour les zones des lacs et 15%

pour les grandes villes.

Ce sont, en revanche, les grandes villes qui affichent le

taux d'occupation des lits le plus élevé. Les hôtes étrangers achètent par année 19 millions de nuitées contre 13 millions pour les touristes suisses. En dix ans, la Suisse a perdu plus de 1000 hôtels. La para-hôtel- lerie, elle, offre 831'300 lits/

places. Au total, hôtellerie et para-hôtellerie ont vendu 75,5 millions de nuitées en 1993.

Du côté de la restauration, on dénombre 269'000 établisse- ments qui vont des restaurants de montagne à l'auberge de campagne ou au bistrot de vil-

les hôtes de la Suisse sont des

touristes individuels»

couvrant une distance de l'950 km et 200 écoles de ski.

Selon une enquête réalisée en 1988/89, les hôtes de la Suisse sont des touristes individuels:

en été 89% d'entre eux (en hiver 92%) rejoignent individu- ellement leur lieu de villégia- ture. Et ils sont plutôt fidèles.

En été, 55%o des touristes étran- gers passaient leurs vacances en Suisse pour la quatrième fois au moins {65% en hiver).

P.B.

(6)

É C O N O M I E : L e t o u r i s m e é v é n e m e n t i e l

Exhibition durant l'Open golf de Crans-Montana

Un marché d'acheteurs

Qui dit concurrence dit aussi néces- sité de s'adapter. «Autrefois, le mar- ché était d'abord un marché de ven- deurs. Il s'est transformé en un marché d'acheteurs, insiste le professeur Francis Scherly. Il s'agit de mettre en place une stratégie créatrice orientée sur le marché, de réagir face à l'évé- nement. Bref, d'adopter un «manage-

1

Les vieilles affiches de tourisme qui illustrent cet article sont tirées du livre: «Le romande la pub», Ralph C h a v a n n e s , Florian M a r t i n et Pascal Lavanchi, ed. Fédération romande de publicité, 1994.

WÊÊÊÊÊÊÊÊm

8

ment by opportunities.» La priorité est à la croissance qualitative, en modu- lant l'offre autour de la trilogie sui- vante: santé - beauté et bien-être - sport, nature, culture.»

L'exemple de l'Open de golf de Crans-Montana

Le tourisme événementiel peut jus- tement jouer un rôle dynamisant. Bien sûr, il n'existe pas de recettes appli- cables dans tous les cas de figure.

Même si certains événements sont plus porteurs que d'autres, l'art consiste à trouver la formule originale adaptée aux contingences de la station X ou Y.

Comme le résume Francis Scherly, «sur la base d'un événement central qui assure le seuil de rentabilité, il faut ensuite décliner toute une série de pro-

duits pointus capables de drainer une clientèle plus spécifique». Le vacancier n'est plus cette personne qui se conten- tait d'une prestation compacte, dans le style deux semaines de vacances bal- néaires. Il a besoin d'événements, d'émotion, de qualité.

C'est d'ailleurs une des priorités que s'est fixées l'Office national suisse du tourisme ( O N S T ) , fraîchement réor- ganisé. Et il compte bien favoriser l'éclosion du tourisme événementiel. Ce que les spécialistes jusqu'à la Fédéra- tion suisse du tourisme applaudissent des deux mains. Mais attention, aver- tit Francis Scherly: «Le tourisme évé- nementiel ne suffit pas pour sauver une station en difficulté. Il faut le conce- voir dans une vision à long terme».

Pielro Boschetti

Du Paléo de Nyon au V e r b i e r Festival

Unité d'enseignement et de recherche en tourisme de l'Ecole des HEC à Lau­

sanne a produit plusieurs études sur l'impact du tourisme événementiel, ce tourisme engendré par un évé­

nement marquant dans une région.

L'une porte sur le Paléo Festival de Nyon, qui fêtera cet été son ving­

tième anniversaire.

Les auteurs ont mesuré l'espace rédactionnel consacré par les mé­

dias à l'édition 1994. A partir de là, ils ont estimé le coût de cette publi­

cité si elle avait dû être payée au tarif des réclames. Ils obtiennent ainsi la somme de quatre millions de francs. A cela s'ajoute la pub générée par les affiches, le mailing, les annonces, etc. L'ensemble tota­

lise quelque cinq millions de francs.

Dans quelle mesure la ville de Nyon profite-t-elle de la promotion du festival? Selon un calcul assez com­

pliqué - la mesure de l'indice de notoriété relatif global - les auteurs considèrent que la ville de Nyon au­

rait pu obtenir le même impact pro­

motionnel en déboursant 476'000 francs. C'est modeste, mais si on extrapole sur les 18 éditions précé­

dentes, on arrive à un montant de 4,1 millions de francs.

Autre exemple, celui du Verbier Festival. En additionnant la totalité des dépenses induites ou générées par la manifestation, les chercheurs évaluent son apport à 2,16 millions, soit les retombées économiques dont la région Verbier - Val de Bagnes a bénéficié. Et cela à l'issue de sa première édition, l'année der­

nière.

P . B .

«Tourisme événementiel et impact du Paléo Festival sur Nyon et sa région: essai de calcul d'un indice de notoriété», Nicolas Meyer, Pascal Sâuberli, Ecole des Hautes études commerciales, Université de Lausanne, octobre 1994.

«Le Verbier Festival eJ Academy.

Descriptif et approche économico- touristique d'un concept culturel nouveau dans une station des Alpes suisses», Julien Hoefliger, Stéphane Martin, Philippe Mondada, Ecole des Hautes études commerciales, Université de Lausanne.

Paléo Festival de Nyon, affiche du 20e anniversaire

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5 9

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5

(7)

S A N T E

Notre peau a

T '

J—àete arrive, avec la

perspective de de préLas- ser des heures au soLeiL.

A moins que La mau- vaise conscience, qui tient aux rumeurs

(confirmées) de pro- gression des cas de can- cer de La peau, ne vous en empêche. Le point sur La situation, avec Les scien- tifiques Lausannois qui mènent depuis des années des recherches sur Les mécanismes de défense de La peau contre Les rayons soLaires.

s

JU I N 9 5

la mémoire tenace

Elle n ' o u b l i e a u c u n coup de soleil

L

a peau du corps humain a la mémoire tenace: elle se souvient de toutes les caresses tendres ou violentes du soleil. Elle n'oublie pas les coups qu'il lui a infligés depuis la petite enfance. Elle peut même en faire une véritable maladie: le cancer cutané, dont la forme la plus dangereuse et par- fois mortelle est le mélanome.

Les premières campagnes d'infor- mation sur le mélanome ont démarré au début des années 80. Les ligues contre le cancer ont bientôt multiplié les avertissements, les pharmaciens les affichent toujours avec persistance sur leur comptoir. Si les grandes migrations estivales précipitent encore sur les plages des peaux claires et donc parti- culièrement fragiles, la médecine prend aujourd'hui acte plus tôt des lésions de la peau. D u coup, si le nombre de mélanomes ne diminue pas, la mortalité, elle, est déjà en baisse.

Mais que sait-on de ce fameux can- cer de la peau, des facteurs de risque et des moyens de le prévenir? Le point en quelques questions, avec le profes- seur de dermatologie E d g a r Frenk, de l'Université de Lausanne.

1 . Est-il vrai que les cas de cancer de la peau sont toujours plus nombreux?

Oui. C'est toujours une réalité: le cancer de la peau le plus dangereux, le mélanome, progresse très nettement dans les pays européens. O n estime son taux de croissance à 4% dans les pays occidentaux (et donc en Suisse). Ce cancer est caractérisé par une crois- sance invasive des mélanocytes, les cel- lules spécialisées dans la production de

mélanine qui se trouvent dans la couche basale de l'épiderme.

Le mélanome touche surtout des hommes et des femmes au milieu de la vie, vers 40-50 ans. Au Oueensland australien, où la mortalité due à ce car- cinome est la plus forte du monde, elle a augmenté entre 1980 et 87 de 5 3 % chez les femmes et a plus que doublé chez les hommes (116%).

Les hommes qui présentent le plus fort risque semblent être ceux nés en 1932 (1947 pour les femmes). La cour- be de mortalité baisse pour les géné- rations qui suivent, grâce aux cam- pagnes de sensibilisation menées intensivement dans certains pays (Australie, Etats-Unis) et à des détec- tions plus précoces.

L'exposition au soleil est le princi- pal facteur responsable du mélanome dans les populations blanches, même si environ 5% des cas ne peuvent lui être attribués. D a n s des populations dites de couleur, 3 5 % des mélanomes sont dus à d'autres causes, encore inex- pliquées. O n ne sait pas vraiment pour- quoi les Noirs, par exemple, souffrent de mélanomes à la plante des pieds et la paume des mains notamment.

ProfeMeur Edgar Frenk

(8)

S A N T É : N o t r e p e a u a l a m é m o i r e t e n a c e

2. Vrai: la peau n'oublie jamais un coup de soleil, même ceux de l'enfance...

Si chacun doit trouver sa manière à lui de bénéficier des rayons solaires, un impératif reste valable pour tous: évi- ter les coups de soleil. La peau garde en effet la mémoire de toutes les atteintes qu'elle a subies depuis l'enfance. «Une irradiation ne se répare qu'en partie», constate le Professeur Frenk.

La cause première du mélanome, ce sont les coups de soleil précoces, subis depuis tout petit. O n le sait aujourd hui avec certitude, même si le long déca- lage qui s'ensuit jusqu'à l'apparition de la maladie, vers 40-50 ans, rend la recherche causale difficile: qui se rap- pelle du nombre et de l'emplacement des coups de soleil subis depuis sa nais- sance... Mais on a clairement constaté en Australie que les immigrants arri- vés à l'âge adulte étaient moins sujets au mélanome que les immigrants enfants.

Les mélanomes se développeront logiquement sur les parties du corps les plus vulnérables parce que moins sou- vent exposées, les jambes pour les femmes, le dos chez les hommes.

3 . Variétés et symptômes du cancer de la peau

Le mélanome n'est pas le seul can- cer de la peau provoqué par l'exposi- tion au soleil. O n parle moins des car-

cinomes dits «spinocellulaires» ou

«basocellulaires» parce qu'ils sont en général moins invasifs. Ils sont la résul- tante de la dose totale de rayons solaires reçus par la peau. Ils se développent à partir des kératinocytes, c'est-à-dire les cellules épidermiques qui se différen- cient en couche cornée. Ces cancers apparaissent le plus souvent sur les par- ties du corps régulièrement exposées, comme le visage.

1 2 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5

Le principal symptôme du méla- nome est l'apparition d'une tache noire ou de couleur bariolée, aux contours irréguliers, qui grandit et saigne faci- lement. Son évolution est souvent lente au début. La lésion peut rester petite pendant longtemps et n'est de ce fait détectée que tardivement.

Les symptômes des autres cancers varient fortement.

LES U V EN BREF

Le rayonnement solaire qui parvient jusqu'à la Terre est

constitué pour 55% d'infrarouges qui réchauffent notre planète, de 40% de lumière visible et de 5%

d'ultraviolets. L'atmosphère terrestre retient complètement les UVC, les rayons ultraviolets les plus courts, et 70% des UVB. En revanche, les UVA passent presque tous à travers ce filtre.

UVB: Rayons ultraviolets entre les longueurs d'onde 290-320 nm.

UVA: Rayons ultraviolets entre 320-380 nm.

(nm = nanometres.)

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5 1 3

(9)

S A N T É N o t r e p e a u a l a m é m o i r e t e n a c e

LES PRODUITS QUI AUGMENTENT LA SENSIBILITÉ

Principaux agents

photosensibilisants connus:

* Plantes et extraits (parfums) contenant des psoralènes (pattes d'ours, fenouil, céleri, bergamote...)

• Certains colorants et antiseptiques

* Goudrons (notamment de houille)

• Médicaments: certains

antidépresseurs, antidiabétiques, antihistaminiques, anti-

infectieux, anti-inflammatoires, diurétiques, neuroleptiques, produits pour maladies cardio-vasculaires. La propriété photosensibilisante

est en principe annoncée dans le dépliant du médicament en question.

Ì

A . Le bronzage constitue-t-il une protection contre le soleil?

Le contenu de la peau en pigments mélaniques (bronzage) n équivaut pas automatiquement à une meilleure pro- tection contre les effets du soleil, constatent les chercheurs lausannois.

N o u s ne connaissons pas le détail de la composition de notre mélanine qui contient deux types de pigments. Les eumélanines noires ont un effet pho- toprotecteur alors que les phénoméla- nines brun rouge sont, eux, photosen- sibilisantes.

«La composition chimique des mélanines est déterminée par des fac-

teurs constitutionnels et raciaux». En bref,

la sensibilité au soleil d'un individu dépend de l'épaisseur de sa couche cornée, de la qualité du pig-

ment mélanique produit et de l'effica- cité des mécanismes de défense et de réparation cellulaire.

Des facteurs exogènes peuvent aug- menter la photosensibilité. Certains médicaments et plantes, notamment. Il faut éviter de mettre du parfum avant de s'exposer au soleil car il peut conte- nir des essences photosensibilisantes, comme l'huile de bergamote (voir enca- dré page 14).

5. Le parfum n'est pas

recommandé aux bronzeurs de salon

Corollaire des recherches lausan- noises (voir encadré), les lampes à bronzer émettant des UVA ne sont pas sans danger et accélèrent en tout cas le vieillissement de la peau. Or, la majorité des gens qui cherchent ce bronzage accessoire ont une peau claire qui se défend plu- tôt mal contre les agressions du soleil.

Tout accro du bronzage en chambre devrait s'assurer que la lampe n'émet que des UVA, se protéger les parties du corps h a b i t u e l l e m e n t e x p o s é e s , les jambes chez les femmes, et res- pecter le temps d ' e x p o s i t i o n prescrit. Il doit

impérativement protéger ses y e u x par des lunettes qui bloquent les UVA et ses lèvres par une crème antisolaire opaque. Sans appliquer des cosmé- tiques parfumés ni absorber des médi- caments aux propriétés photosensibi- lisantes connues.

Précision de taille: Le développe- ment de la cataracte qui est une consé- quence du vieillissement naturel peut être fortement accéléré par la radiation UVA.

(10)

S A N T É : N o t r e p e a u a l a m é m o i r e t e n a c e

Rien ne vaut le port de lunettes, d'un T-shirt et d'un chapeau

6. Les crèmes sont-elles efficaces?

Absence de rougeur de la peau et donc de coup de soleil ne veut pas for- cément dire protection suffisante ! Une crème protectrice n'écarte pas tout dan- ger même si des filtres chimiques à indice élevé (au-delà de 10-12) sont recommandés à quiconque prévoit une exposition prolongée au soleil. A for- tiori à ceux qui ont la peau claire et par- semée de grains de beauté.

Car attention: le coefficient protec- teur indiqué sur le tube concerne sur- tout les U V B . Il est en général plus bas pour les UVA qui se manifestent, rap- pelons-le, tout au long de la journée.

Passer trois heures au soleil soigneu- sement enduit d'écran solaire prému- nit contre les UVB mais ne protège que peu contre les UVA. Or, les études constatent que des rayons UVA, reçus à faible dose mais appliqués de manière répétée, peuvent aussi affaiblir les défenses immunitaires et induire indi- rectement des cancers cutanés.

Comment se protéger globalement sans avoir l'air d'un masque ambulant?

Il existe aujourd'hui des produits dont l'efficacité réelle contre les UVA éga- lement est due à l'absorption physique des rayons solaires grâce à des micro- cristaux d'oxyde de titane ou de zinc.

Ces crèmes-là sont donc invisibles, elles n'ont pas l'effet désagréable d'un fond de teint opaque mais agissent néan- moins contre les UVA proches de la lumière visible. Rien ne vaut pourtant, conclut le professeur Frenk avec bon sens, le port de lunettes, d'un T-shirt et d'un chapeau!

Isabelle Guisan

epuis plusieurs années, deux équipes scientifiques mènent à Lausanne, en dermatologie à l'hôpital de Beaumont du CHUV et à l'Institut suisse de recherches expéri­

mentales sur le cancer (ISREC), des recherches sur les mécanismes de défense de la peau contre les rayons solaires. Elles s'intéressent surtout aux UVA, les radiations ultraviolettes les plus longues du spectre solaire.

On a longtemps considéré les UVA comme potentiellement moins nocifs:

leurs effets n'ont pas été examinés aussi attentivement que les autres. Et pour­

tant, les UVA, même s'ils sont biologi- quement moins actifs que les UVB, pénètrent plus profond dans la peau, régulièrement, avec peu de variations liées aux saisons et aux moments de la journée.

L'équipe du professeur de dermatolo­

gie Edgar Frenk et celle de son collègue de l'ISREC Rex Tyrrell cherchent à

L e s U V A , c e s r a y o n s qui

a c c é l è r e n t le v i e i l l i s s e m e n t d e

la p e a u

r m

comprendre comment la cellule se défend contre les UVA. S'ils ne sem­

blent pas être directement à l'origine des cancers cutanés, ces rayons sont les premiers responsables, on le constate aujourd'hui, du photovieillissement qui résulte de l'effet cumulatif des exposi­

tions solaires de toute une vie et s'ajoute au vieillissement physiolo­

gique normal.

Cette évolution impitoyable veut que notre peau se ride, se dessèche, perde de son élasticité, se pigmente irrégu­

lièrement et laisse à l'occasion ap­

paraître des lésions précancéreuses.

Autre argument en faveur d'un intérêt accru pour les UVA: les mécanismes naturels de réparation d'ADN lésé par les UVB sont plus efficaces que ceux disponibles contre les effets induits par les UVA. C'est ce que constatait l'équipe du professeur Frenk dans le Journal suisse de pharmacie de juin 1994

SP

1 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5

S C I E N C E S

LgS vol

— \ <• i - rit**

I Jr.i vacances estivales vont attirer à nou- veau les touristes vers les pays du soleil et de l'art de vivre: l'Italie du sud, la région du Massif central français, les Canaries ou, plus loin, l'Indonésie, voire certaines îles du

Pacifique. Une similitude: elles sont toutes terres de volcans, à la fois attirantes et

inquiétantes. - *

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5 1 7

(11)

S C I E N C E S : L e s v o l c a n s l i v r e n t p e u à p e u l e u r s s e c r e t s

R

abaul, en Papouasie-Nouvelle Gui- née. Une ville de pêcheurs tout au bout de l'île de Nouvelle Bretagne, au bord d'une caldeira, autrement dit d'un cratère de volcan. La radio locale donne la météo, bien sûr; mais elle complète son bulletin par l'état de santé de la caldère, ce jour-là. «Le fond n'a pas bougé. Il n'y a pas de risque pour les 24 heures à venir...»

Il faut en effet pouvoir fuir très vite cette terre que le volcan a rendu parti- culièrement fertile. L'évacuation exige toute une éducation et un entraînement fondés sur l'information, rapide et effi- cace. En 1944, sur la base de secousses sismiques de plus en plus rapprochées, 60'000 personnes avaient été déplacées en 48 heures. Les habitants de Rabaul vivent dangereusement, certes, mais un peu moins qu'autrefois grâce aux progrès de la volcanologie.

500 volcans en activité

La planète est constellée de milliers de volcans, dont plus de 500 sont aujourd'hui en activité. Près de la moi- tié se trouvent sur la côte ouest du Paci- fique et sur les îles qui la bordent.

L'Europe est aussi concernée: une bonne poignée d'entre eux se trouvent sur une ligne orientée est-ouest qui traverse la Méditerranée, à la jonction de la plaque eurasienne et de la plaque africaine.

Mont St.Helens, Nevado del Ruiz, Pinatubo, El Chichón, Unzen et, bien entendu, toujours Etna, Stromboli et Vésuve, ces noms reviennent à inter- valles réguliers dans l'actualité; le fait qu'ils soient dans toutes les mémoires tendrait à démontrer qu'il y a eu un nombre exceptionnel d'événements vol- caniques ces dernières années. Ce n'est qu'une impression. «Le globe ne vit pas

une période de volcanisme particulière- ment intense, estime J e a n Hernandez, professeur de pétrologie à l'Université de Lausanne. Mais plusieurs disciplines scientifiques s'intéressent davantage à ces phénomènes. Surtout, on les observe mieux et avec des techniques plus éla- borées.»

La preuve

d'une intense activité souterraine

Pendant longtemps, il est vrai, on a considéré que les volcans étaient à l'écorce terrestre ce que l'acné est à la peau des adolescents: un phénomène accidentel et une fatalité. Depuis le début de ce siècle, ceux qui se sont penchés sur les cratères ont commencé à comprendre que ces fissures de l'écorce terrestre par où jaillit le magma en fusion participent

en plein à la mécanique tellurique; les vol- cans sont l'expression matérielle concrète, pourrait-on dire, de ces pro- cessus géologiques souterrains dont le béotien n'aurait aucune idée sans cela.

«Le volcan n'est que la partie super- ficielle d'un système magmatique de très grandes dimensions qui s'étend en pro- fondeur, écrit dans «La Recherche»

(Mars 1995) le professeur Claude J a u - part, chercheur à l'Institut de physique du globe de Paris. Le magma provient de la fusion partielle des roches du man- teau terrestre. Il monte vers la surface et se rassemble dans un réservoir, la chambre magmatique. C'est cette der- nière qui alimentera les éruptions vol- caniques. L'étude des éruptions volca- niques est donc indissociable de celle du système magmatique situé en profon- deur et dont elles ne sont que la mani-

festation visible.» — ^

(12)

S C I E N C E S : L e s v o l c a n s l i v r e n t p e u à p e u l e u r s s e c r e t s

Une éruption du Véjuve au XIX' siècle

Les «bulles»

effectuent une remontée de 5'OOQ km

L'activité volcanique n'est pas aléa- toire la plupart du temps; elle est étroi- tement liée à la tectonique des plaques.

Il suffit de suivre les frontières de ces plaques pour dresser la carte mondiale des volcans. Pas de tous, cependant, puisqu'il en est qui sont apparus au beau milieu des plaques continentales et océa- niques. Pourquoi? Explication de J e a n Hernández: «On pense, depuis quelques années, avoir découvert le principe de ces «points chauds». A l'image des bulles qui remontent mollement et viennent crever la surface d'une soupe épaisse cuisant à petit feu, des bulles de matière chaude remontent de la base du man- teau, vers 3'000 km de profondeur, jusqu'à la lithosphère qu'elles finissent

par perforer.

O n p e u t voir, comme à Hawaï, tout un ali- gnement de volcans qui sont nés de

cette façon: c'est dû au défilement de la plaque au-dessus d'un point chaud, en quelques centaines de milliers d'années ou plus. Les volcans les plus anciens sont à une extrémité de la chaîne, les plus jeunes à l'autre extrémité.»

Mais à côté de ce volcanisme intraplaque, il existe deux a u t r e s formes a u x conséquences b e a u c o u p p l u s i m p o r t a n t e s . La p r e m i è r e concerne les zones d'écartement ou de rift médio-océaniques: la fusion partielle du manteau terrestre se p r o - duit à une vingtaine de kilomètres de

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5

profondeur et la lave basaltique se contente de r e m o n t e r et de recouvrir le plancher des océans. «Tous les fonds des océans sont créés par l'action effu- sive de ce m a g m a sous u n e couche d'eau importante», explique le p r o - fesseur de l ' U N I L .

L'implosion est parfois inévitable

Plus spectaculaire et plus d a n g e - reux p o u r les populations, le volca- nisme à la convergence de deux

plaques, là où elles s'affrontent, l'une passant sous l'autre et disparaissant d a n s le m a n t e a u . La fusion se p r o d u i t à de plus g r a n d e s profondeurs, envi- ron 150 km, et le magma s'enrichit alors de toute l'eau contenue dans la plaque qui s'enfonce; plus visqueux, plus siliceux, il est aussi plus explosif que les magmas des deux a u t r e s caté- gories de volcanisme. La c h a r p e n t e de ces systèmes est aussi plus solide et offre plus de résistance à la montée du magma; l'«exsolution» des gaz, c'est- à-dire leur sortie du magma, en est r e n d u e plus difficile. L'explosion devient inévitable. Le magma, qui s'est accumulé dans la c h a m b r e magma- tique à une dizaine de kilomètres de profondeur, doit s'échapper par l'étroit conduit en quelques minutes; le débit peut atteindre des millions de tonnes

à la seconde. —y

Voilà comment le.i touruito fortuné*

graviraient le Vé.iui>e au début du XX' .tiècle

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5

(13)

S C I E N C E S : L e s v o l c a n s l i v r e n t p e u à p e u l e u r s s e c r e t s

Une coulée de lave avance dans les zones habitées lors d'une éruption

du Vésuve au XVIII' siècle (peinture de Lalance)

Des avalanches à haute température

O n compte une bonne demi-dou- zaine de types d'éruptions différents;

mais les deux plus spectaculaires et des- tructrices sont celles «à coulées pyro- clastiques» et les éruptions «pli- niennes». Dans la première, le mélange éjecté, essentiellement gazeux, est plus dense que l'atmosphère; il retombe très vite et dévale les pentes du volcan à la manière d'une avalanche à haute tem- pérature, détruisant tout sur son pas- sage. Une bonne illustration de ces cou- lées pyroclastiques est celle qui, projetée de la montagne Pelée, détrui- sit en 1902 la ville de Saint-Pierre, en Martinique.

Dans les éruptions pliniennes - de Pline, l'écrivain romain qui décrivit le cataclysme à l'origine de la disparition

de Pompéi et de Herculanum en l'an 79 de notre ère -, le mélange éjecté, fait de cendres et de gaz, est moins dense que l'atmosphère; il crée une colonne thermique qui peut s'élever jusqu'à 30'000 m d'altitude, entraînant dans l'ascendance ces matériaux.

Ceux-ci ne sont pas seulement dange- reux pour le transport aérien (risque d'extinction des réacteurs des avions) mais, par leur capacité d'absorption du r a y o n n e m e n t solaire, ils p e u v e n t encore être à l'origine d'une modifica- tion provisoire du climat.

dent à une a p p r o c h e naturaliste du volcanisme. D e p u i s une quinzaine d'années, l'approche expérimentale a pris un essor considérable en mettant en oeuvre toutes les t e c h n i q u e s de la minéralogie, de la géochimie et de la g é o p h y s i q u e n o t a m m e n t . C'est le cas des t r a v a u x entrepris à L a u s a n n e .

«Nous cherchons à c o m p r e n d r e ce qui s'est passé d a n s la c h a m b r e m a g m a - tique et c o m m e n t le magma lui-même a évolué, explique J e a n H e r n a n d e z . N o u s analysons de minuscules q u a n - tités de matériau volcanique, parfois

un micron-cube seulement; c'est suf- fisant p o u r déterminer sa composition ainsi q u e les t e m p é r a t u r e s et les p r e s - sions auxquelles il a été soumis. N o u s sommes, en quelque sorte, les histo- riens du magma...»

L'explication globale de tous les p h é n o m è n e s qui se produisent à l'inté- rieur de la Terre est encore à trouver.

O n en est loin, faute de p o u v o i r y aller.

«Le forage le plus profond jamais effectué a atteint 13 km de profondeur à peine, dit le volcanologue lausannois;

or le diamètre de la Terre est de 6'500 km... P a r échantillonnage indirect de la lave basaltique r e m o n t a n t de la par- tie supérieure du manteau, on connaît assez bien ce qui n o u s attendrait jusqu'à 200 km. Au-delà, cela devient plus difficile».

Jea n - Bernard De, tfaycà

(14)

S C I E N C E S : L e s v o l c a n s l i v r e n t p e u à p e u l e u r s s e c r e t s

A h ! s i P o m p é i a v a i t s u ! . . .

La prévision des éruptions a fait d'énormes

progrès ces dernières années. Mais la seule garantie contre les hécatombes humaines reste l'évacuation.

P

as question pour l'homme de pré- tendre enrayer une éruption, en rai- son des forces colossales en jeu. Tout au plus peut-il espérer la prévoir pour en pré- venir l'impact. Le volcanisme a fait durant ce XXe siècle près de ÎOO'OOO morts. O r aucun spécialiste ne peut encore dire avec précision comment un volcan faiblement actif ou en apparence éteint depuis des centaines d'années peut évoluer.

«El Chichon n'avait pas d'activité his- torique connue, il n'était pas répertorié dans les catalogues de volcans actifs, dit Jean Hernandez, professeur à l'UNIL.

L'écroulement du flanc du mont St.

Helens a présenté une forme d'éruption qui était encore inconnue en 1980, en tout cas jamais observée sous sa forme active - on a identifié depuis des traces similaires dans les volcans du Kamtchatka, des Andes ou d'ailleurs.»

Les éruptions livrent certains de leurs secrets

Souvent imprévisibles par leur fré- quence, leur forme, leur proximité, leur soudaineté, leur ampleur et leur durée, les éruptions livrent pourtant, petit à petit, quelques-uns de leurs secrets. Deux siècles d'observations scientifiques, en Italie, au Japon et à Hawaï surtout, ont permis de dégager d'abord quelques principes. A l'ob- servation oculaire est venue s'ajouter une surveillance instrumentale très élaborée.

Comme l'explique Jean-François Lénat, directeur du Centre français de recherches volcanologiques («La Recher- che», Mars 1995), «une éruption corres- pond à l'arrivée en surface de magma ou de gaz ayant migré à travers la lithosphère et l'édifice (le cône du volcan, réd.). Avant même de s'exprimer en surface, ces trans- ferts de chaleur et de matière, de l'ordre

d'un million à cent millions de mètres cubes, parfois beaucoup plus, engendrent des phénomènes physiques et chimiques perceptibles en surface.»

On peut savoir où se produira l'éruption

Le fluide qui monte des profondeurs provoque des coups de boutoir identiques à ceux que l'on entend dans une canalisa- tion d'eau soumise à une variation brutale de pression à l'ouverture ou à la fermeture des robinets. Il suffit d'enregistrer cette activité sismique et d'analyser sa fréquence et son amplitude sur une certaine durée et pour un volcan donné pour pouvoir éta- blir, avec l'expérience, une sorte de carnet de santé du volcan. Mieux, on peut désor- mais localiser, avec un degré de précision élevé, la position du ou des foyers et donc savoir où se produira l'éruption.

L'aspect extérieur du volcan et les éven- tuelles déformations qu'il peut subir à la veille d'une éruption fournissent aussi des indications précieuses. L'évaluation est dé- licate lorsqu'elle se mesure en centimètres.

Minimiser les risques humains

Le succès de l'évacuation des abords du Pinatubo en 1991 aux Philippines - actif après sept siècles de léthargie - a montré qu'on pouvait, avec beaucoup d'efforts et de persévérance, avec un peu de chance aussi, éviter la répétition de Pompéi: ily eut 811 morts seulement pour une région d'un million de personnes di- rectement menacées. Les développements actuels permettent d'espérer qu'on pourra bientôt minimiser les conséquences hu- maines d'un autre Pinatubo. Mais rien ne pourra jamais éliminer tout danger.

J.-B. DJ

2 4 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5

L e V é s u v e

e s t o b s e r v é d e p u i s l ' e s p a c e

L '

J une des a p p l i c a - tions les plus e x t r a o r d i -

naires des techniques spatiales est le radar à synthèse d'ouverture qui per- met non seulement de reconstituer le relief des sols mais encore de fouiller sous le sol et même jusqu'au fond des océans. Les Européens de l'Agence spatiale européenne ( E S A ) ont fait œ u v r e de pionniers dans la mise au point de l'interférométrie radar, pro- cédé utilisé sur le satellite E R S 1.

Surveiller

les modifications du relief terrestre

«Cette méthode, dit un spécialiste de l'ESA, consiste à prendre au moins deux images radar à haute résolution de la même région à partir de deux posi- tions légèrement différentes, p a r exemple à l'occasion de deux survols successifs. Après quoi, grâce à un pro- cédé de superposition informatique qui

met en É V I ­

dence les in- t e r f é r e n c e s , on peut faire apparaître les modifications du relief terrestre.»

Pour la prévision de l'activité sis- mique, les volcanologues s'intéressent aux légers mouvements du sol: les mesures faites sur le terrain ont en effet montré que le magma montant des pro- fondeurs du manteau avant une érup- tion provoquait un bombement du cône volcanique, à l'image du bombement de la cage thoracique d'un individu qui respire.

Le satellite permet de déceler ces signes précurseurs de façon simple et rapide; il suffit d'obtenir les données radar acquises lors de trois survols espacés de manière irrégulière. D e s mesures d'étalonnage rigoureuses dans des régions témoins ont montré que l'on peut analyser par ce procédé des sou- lèvements et affaissements du sol avec une précision de l'ordre du centimètre!

A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5 2 5

(15)

S C I E N C E S : L e s v o l c a n s l i v r e n t p e u à p e u l e u r s s e c r e t s

Des mouvements presque insensibles

Avec E R S 1, le Vésuve est soumis à des observations de routine depuis l'espace. Dans cette surveillance sont inclus les champs Phlégréens situés à l'ouest de Naples, vaste étendue vol- canique de 220 km2 semée de nom- breux cratères et riche en solfatares, mofettes et autres fumerolles. Cette région a connu un passé mouvementé au sens propre du terme: elle a été sou- vent le théâtre de soulèvements et d'affaissements du sol de sorte que les zones littorales tantôt sombraient dans la mer et tantôt ressurgissaient des eaux. Ces mouvements ont pour ori- gine les gaz et magmas volcaniques montant de l'intérieur de la Terre, gon- flant des poches souterraines puis se rétractant à nouveau.

N o r m a l e m e n t , ces m o u v e m e n t s lents sont presque insensibles. Le pro- cessus d'élévation s'est accéléré au XVIe siècle, couronné par l'éruption du Monte Nuovo en 1538. Depuis quelque temps, le processus s'est à nouveau amplifié, cette fois autour de la loca- lité de Pouzzoles. De 1970 à 1972, le sol s'est soulevé d'environ 1,70 m et, dix ans plus tard, il s'est élevé de presque 2 m supplémentaires. Cette dernière poussée a détruit une bonne partie des vieux quartiers portuaires, obligeant des milliers de personnes à les évacuer.

Bientôt une éruption à Naples

Nul ne sait encore si le regain d'acti- vité qui anime le sous-sol de Pouzzoles est le signe avant-coureur d'une érup- tion de grande ampleur. Il n 'est pas pos-

sible non plus de prévoir comment évo- luera le Vésuve; ses derniers soubre- sauts importants remontent à plus de 50 ans. Mais avec E R S 1, sa sur- veillance est devenue beaucoup plus facile. Jusqu'ici, les géomètres devaient s'en remettre pour leurs observations au marégraphe du port de Pouzzoles qui commandait un réseau de points de mesures répartis à travers la ville; le tra- vail de lever exigeait chaque fois plu- sieurs jours. Avec E R S , ils p o u r r o n t rassembler les mêmes données plus vite et de manière plus facile. D'autres vol- cans pourront bénéficier des avantages de cette méthode, y compris ceux qui se trouvent dans des régions difficiles d'accès et dans les pays pauvres. La technique spatiale, pour une fois, remet tout le monde sur pied d'égalité.

(ESAetJ.-B.Dd)

PS. Pour les accroc d'Internet, il exit te un serveur WWW datine au grand public et surtout aux

adolescente: Volcano World (adresse:

http IIvolcano. and. nodak.edul).

Les informations fournie,' par ce serveur sont d'excellente qualité et leur mue

à jour est quotidienne. Volcano World et d'autres adresses sur la volcanologie ont été mis récemment en accès direct sur les ordinateurs de la salle de cours de petrologie de l'UNIL à l'occasion d'un cours post-grade sur les risques volcaniques destiné aux étudiants de l'EPFL.

La prochaine éruption du Vésuve, telle que la prévoient les simulateurs de.i spécialistes.

Le chiffre en haut à droite indique le nombre de seconda après le déclenchement du phénomène.

I N T E R V I E W

H a n s - U l r i c h Jost,

la Suisse doit- elle avoir peur d e d é c o u v r i r

c e

t r e

1 9 3 9 e

1 9 4 5 ?

(16)

I N T E R V I E W : L a S u i s s e d o i t - e l l e a v o i r p e u r d e d é c o u v r i r .

I

l y a un peu plus de 50 ans s'ache- vait la Seconde Guerre mondiale.

Bon gré mal gré, les Suisses sont ame- nés à réfléchir à ce passé douloureux et controversé. Q u e ce soit par le biais des cérémonies du jubilé de l'Armistice, ou à cause de la sortie prochaine d'un film consacré au Général Guisan.

C'était l'occasion d'évoquer cette période avec Hans-Ulrich J o s t , pro- fesseur d'histoire contemporaine à l'Université de Lausanne.

Allez savoirl : Au Conseil national, lors du débat sur ta commémoration suisse de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Pascal Couchepin a déclaré:

«Notuf

allons donner le spectacle de nos interprétations forcément

différentes de l'hutoire»...

Prof. Hans-Ulrich J o s t : Le Conseil- ler fédéral Villiger a dit la même chose:

ils ont peur que cela dégénère en mani- festation patriotique, comme «Dia- mant» en 1989, ou que quelques patriotes exaltés, attisés par la droite de Blocher, transforment cette date en

grande fête de l'indépendance, de l'hé- roïsme de la petite Suisse isolée.

Par ailleurs, les responsables poli- tiques suisses ont aussi peur de toute interrogation critique. Et cela depuis la guerre. Au début des années soixante, lorsque des historiens ont demandé d'avoir accès a u x sources traitant de cette époque, ils se sont entendu répondre par le Conseiller fédéral Wahlen: «C'est une période très délicate. N o u s en sommes encore trop p r o c h e s . O n risque de t o u c h e r quelques personnalités importantes».

Et voilà le problème.

Le film consacré à

Guuian

sera bientôt projeté dans les salles. Que peut-on dire du Général?

Il n'y a que ça qui intéresse les gens.

Peut-on rabaisser ou héroïser Guisan?

Moi, j'en ai ras-le-bol. J e n'aime pas construire l'histoire autour d'une per- sonnalité mythifiée.

Alors parlons de Pilet-Golaz, un personnage qui a souvent été présenté comme le méchant de

l'histoire...

L'historien Bûcher a essayé de redo- rer le blason de cet homme politique parfois ambigu. Pour y parvenir, il a dû montrer les intrigues des autres. Et notamment celles de Hausamann, un des officiers du renseignement sous Guisan, qui a été couvert par le Géné- ral et qui a beaucoup nui au Conseiller fédéral vaudois.

Le p r o b l è m e est q u ' a u j o u r d ' h u i , on essaie s u r t o u t de c o m p r e n d r e cette p é r i o d e h i s t o r i q u e en la per- s o n n a l i s a n t . En se d e m a n d a n t si tel

2 8 A L L E Z S A V O I R ! / № 2 J U I N 9 5

U N I V € R S I T €

De

L A U S A N N E

Fondation du 450e

Rapport annuel 1 9 9 4 - ? 9 9 5

D

urant l'exercice 1994-1995, la Fondation du 450e anniversaire de l'Université de Lausanne a alloué 69 subsides (1993/94: 63), dont 32 destinés aux sciences expérimentales et 37 aux sciences humaines, pour un total de fr. 423 652.-. Sur ce montant, fr. 9 0 0 0 0 . - ont été versés à la Commission locale du Fonds national de la recherche scientifique afin de renforcer son soutien aux jeunes cher­

cheurs débutants. Compte tenu de cette attribution globale, la Fondation du 450e anniversaire renonce en prin­

cipe à intervenir en faveur des cher­

cheurs de cette catégorie.

L

a fortune de la Fondation est pas­

sée de fr. 4 803 460.- au 31. 12.

1993 à fr. 5 2 5 2 5 6 7 . - au 3 1 . 12 1994, grâce notamment à l'appui ins­

titutionnel du Service des hospices cantonaux. La politique de placement prudente et efficace du Fonds de ges­

tion des biens universitaires vaudois contribue à la protection des biens de la Fondation, qui peut néanmoins distribuer la quasi-totalité des revenus de sa fortune mobilière.

L

es requêtes sont de deux types:

inférieures à fr. 3000.-, elles sont traitées très rapidement par le Président, sur préavis d'un membre du Conseil. Si elles sont supérieures à ce montant, les requêtes sont sou­

mises au Conseil de la Fondation, qui siège trois fois l'an et décide souverai­

nement.

L

a F o n d a t i o n reste ouverte à toutes les formes de dons qu'elle pourrait recevoir. Rappelons qu'elle est destinée, selon ses statuts, à soute­

nir la relève universitaire, à compléter les subsides du Fonds national, à favoriser les échanges internationaux, enfin à appuyer les publications de l'Université de Lausanne.

Hubert Barde,

Président du Conseil de fondation

Le 10 mai 1995

Parmi les projets soutenus par la Fondation ...

Sur les traces du léopard

Frédéric Dind, diplômant, IZEA, Faculté des sciences

Situé à l'ouest de la Côte d'Ivoire, le parc national de Taï est Tune des dernières grandes forêts tropicales humides d'Afrique de l'Ouest.

Elle couvre 436V00 hectares. Erigés en réser- ve de la biosphère en 1978, puis inscrits sur la liste du patrimoine international, ce parc et cette forêt primaire renferment plusieurs espèces de mammifères en danger de dispari- tion, dont le chimpanzé et le léopard.

Depuis 15 ans, le Dr Boesch de l'Institut de zoologie de Bâle étudie le mode de vie des chimpanzés. Celui du léopard est depuis 1992 l'objet d'une recherche soutenue par le Fonds national. Licencié en biologie de TUNIL, Frédéric Dind prolonge cette étude par un travail de diplôme.

Bénéficiant de l'appui du Centre suisse de recherche scientifique basé à Abidjan, il s'est lancé dans l'analyse par radio-pistage du com-

P ¡ ¡ ¡ ¡

vr'.- • -..,-,-".¿'=:

B I S

portement et des stratégies de chasse d'un groupe-cible de quatre léopards.

Si les techniques de chasse utilisées par ce félin dans la savane sont connues, celles que lui impose un milieu fermé le sont beaucoup moins. Parmi toutes les variétés de proies que lui offre la forêt, lesquelles va-t-il choisir? les plus bruyantes, les plus grandes, les plus faibles ou les plus rentables (rapport dépense énergétique-apport alimentaire)? En milieu ouvert, son territoire vital est de quelques km2; dans une forêt tropicale humide, il s'étend, pour un mâle adulte, jusqu'à 70km2. Comment alors gère-t-il ce domaine? com- ment se passe sa concurrence avec ses congé- nères, les panthères, les chimpanzés et les aigles avec lesquels il doit partager certaines proies? Peu d'études existent sur ce domaine.

La contribution de Frédéric Dind devrait apporter des réponses significa- tives à ces interrogations.

Cette recherche a également reçu le soutien de la Société académique vaudoise et celui des Fondations Herbette et Agassiz.

Léopard «piégé» par le flash des chercheurs

Photo F. Dind

L'intégration scolaire des prématurés

Carole Mouron, diplômée en psychologie, Faculté des SSP

Naître avant terme ou avec un faible poids semble avoir des conséquences négatives sur l'intégration scolaire et sociale de l'enfant. Ce constat est celui d'une équipe de chercheurs ca- nadiens que Carole Mouron a rencontrés en juillet 1994 à l'occasion d'un congrès.

Comme les études sur ce domaine en Suisse sont rares et peu approfondies, elle a décidé d'en faire le sujet de sa thèse de doctorat et d'adapter à la Suisse romande les méthodes et

les instruments d'analyse mis au point pour une population francophone.

Depuis janvier et pour une période de six mois, Carole Mouron participe à l'activité d'un groupe de l'Université de Laval au

Québec. Les spécialistes de l'Ecole de psycholo- gie suivent depuis quelque 7 ans une cohorte de 60 enfants nés après 24-28 semaines de ges- tation ou avec un poids inférieur à 1,5 kg. Ils ont notamment suivi leur développement

Références

Documents relatifs

parallélépipède rectangle, I est le centre de la face ADHE et J est celui de la face DCGH. 11) Trace LUTH un quadrilatère quelconque. c) Que peut-on en déduire pour le

Théorème Si, dans un triangle, une droite passe par les milieux de deux côtés du triangle alors elle est parallèle au troisième côté.. Exemple dessin

Or dans un triangle, la droite coupant un côté en son milieu et parallèle à un deuxième côté coupe le troisième côté en son milieu (deuxième propriété des milieux).. Donc M

Ces informations, ainsi que certaines longueurs, sont codées sur le schéma ci-contre.. Soit [AB] un diamètre de ce cercle, et C un point du cercle, différent de A

Des questions de cours et des petits exercices pour la partie Informatique générale, un ou deux algorithmes à écrire pour la partie Algorithmique, un MCD (Modèle Conceptuel de

Une facture ne peut avoir qu’un seul mode de règlement, par contre plusieurs modes de règlement sont

Des questions de cours et des petits exercices pour la partie Informatique générale, un ou deux algorithmes à écrire pour la partie algorithmique, un MCD (Modèle Conceptuel de

[r]