M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
B. L. M EEK
Une nouvelle approche du scrutin transférable (fin)
Mathématiques et sciences humaines, tome 29 (1970), p. 33-39
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1970__29__33_0>
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UNE NOUVELLE APPROCHE DU SCRUTIN TRANSFÉRABLE (fin)
par B. L. MEEK *
LE
PROBLÊME
DES VOTESNON-TRANSF£RABLES..
Résumé
La méthode à rétroaction utilisée pour le
dépouillement
des votes dans un scrutin à un seul tourdéveloppée
dans unprécédent article,
estélargie
defaçon
àpouvoir englober
le cas des scrutinsnon-transfé-
rables. D’autre part, il est démontré ici que les méthodes actuelles de
dépouillement
peuvent ne passatisfaire
à la condition selon
laquelle
le nombre des voix «perdues »
doitêtre,
dans de tels cas, réduit au minimum.On trouvera décrite aussi une extension de la méthode
qui
permet aux électeurs d’accorder despréférences égales
aux candidats.1. - INTRODUCTION.
Dans la
première partie
de cette étude(à laquelle
renvoie le chiffre[1]
utiliséci-après),
lesystème
de scrutin transférable à un tour
(système STUT)
a été considéré dupoint
de vue de certainesconditions,
la
principale
étant que, dans la mesure dupossible,
lesopinions
de tous les électeurs soientprises
encompte équitablement ;
nous avons montré que les méthodes effectivement utilisées pour ledépouil-
lement du
système
STUT ne satisfontpas à
cette condition. Pour venir à bout de ladifficulté,
nousavons donc
proposé
un processus de calcul « rétroactif ». Dans[1], cependant,
nOllS nous sommes limitéaux cas
où, chaque
foisqu’une
voix est remise au scrutin pourtransfert,
une nouvellepréférence
esttoujours
donnée. Dans laprésente étude,
nous allons montrer que la méthode « rétroactive »peut
êtreadaptée
avecprofit
à des cas où une tellepréférence
n’est pasutilisable ;
nous commencerons par étudierl’application
dusystème
« rétroactif » à ce genre de cas, et c’est seulement ensuite que nous discuterons les méthodes actuelles dedépouillement, à
la lumière de ces conditions.II. - PRINCIPES POUR LE TRAITEMENT DES SUFFRAGES.
A l’intérieur d’un même
système
de vote, on obtient degrandes
différences sisimplement
onmodifie les
règles qui garantissent
la validité d’un bulletin. Parexemple,
dans une élection à vacances* Département de Mathématiques, Queen Elizabeth College, Londres.
** Cet article constitue la seconde partie de l’étude de B. L. Meek, dont la première partie a été publiée dans le numéro 25 (1969) de M.S.H. La traduction du manuscrit en anglais, remis par l’auteur, ne s’est pas révélée aisée, en raison de la epécificité du problème traité. On a tâché d’utiliser les mêmes termes que dans la première partie, et le lecteur voudra bien excuser, nous l’espérons, quelques néologismes inévitables. (N.D.L.R.)
multiples
et à lamajorité simple,
et oùchaque
électeurdispose
d’une voixindépendante
pourchaque
vacance, le résultat peut être totalement différent selon que l’électeur est tenu d’utiliser tous ses
suffrages (ce qui équivaut
pour lui à voter contre ses candidatsfavoris),
ouqu’il
peut n’en utiliser quequelques-
uns 1. Dans le
système STUT,
la conditioncorrespondante
serait que tous les candidats soientmarqués
sur les bulletins par ordre de
préférence. Cependant,
s’ils’agit
d’un vote à lamajorité simple,
des distor- sions peuvent seproduire,
certainssuffrages
n’étant pasauthentiques
car ayant étéajoutés
à seule find’obtenir le nombre
requis ;
dans lesystème STUT,
un électeur peut vouloirexprimer
sapréférence
àquelques
candidatsseulement,
étant indifférent aux autres. Lapratique
ordinaire dusystème
STUTrevient de fait à accepter comme valide un bulletin
qui
ne porte mention que d’une seulepremière préférence ; après quoi,
en secondlieu,
l’électeurpeut éventuellement, indiquer
d’autrespréférences,
en nombre
plus
ou moinsgrand,
concernant les candidats restants. Dans lesystème STUT,
pourappliquer
le
procédé
de « rétroaction » il subirait de déclarer nonvalables,
tous les votesqui n’indiquent
pas despréférences
pour tous les candidats de la liste ou(en
atténuant un peu ceprincipe)
de déclarer nonvalable tout bulletin sur
lequel
une nouvelleoption
est nécessaire mais nefigure
pas - ceci dans le coursdu
dépouillement,
et en recommençant alors ledépouillement. Cependant,
il serait naturellementplus satisfaisant,
dans la mesure dupossible,
de ne pasimposer
à l’électeur des restrictionssupplémentaires.
III. - L’EXTENSION DE LA
MÉTHODE
« AVECRÉTROACTION
~.Rappelons
ici les deuxprincipes
de la méthode à rétroaction décrits dans[1] : Principe
1.Si un candidat est
éliminé,
tous les bulletins de vote sont traités comme si ce candidat ne s’était pasprésenté.
Principe
2.Si un candidat a atteint le
quotient,
il conserve uneproportion
fixe dechaque
voix reçue, ettransmet le reste au candidat non éliminé venant ensuite sur
chaque
bulletin(qu’il
soit élu ounon),
la
proportion
étant telle que le totalqu’il
conserve soitégal
auquotient.
Comme les transferts ont lieu seulement à
partir
de candidats éliminés ouélus,
la non-transféra- bilité seproduit
seulementquand
tous les candidats inscrits sur un bulletin sont éliminés ou élus. Lecas le
plus simple
à considérer est celui où tous les candidats inscrits sont éliminés. De par lePrincipe 1,
un tel vote doit être traité comme si ces candidats ne
s’étaient j amais présentés ;
et donc comme si levote n’était pas valide. Ceci
implique
que le total T des votes valides se trouveréduit ;
d’où il découleen outre que si des votes non-transférables
apparaissent
du fait de l’élimination d’uncandidat,
la«
régénération
» devra comporter le recalcul duquotient,
àpartir
de la valeur réduite de T.Le cas d’un bulletin où les candidats
marqués
sont élus est moins facile à résoudre.Supposons
un candidat élu
C, qui reçoit
un total x desuffrageiî
surlesquels
aucune autreoption
n’estindiquée (tous
les candidats inscritsqui
sont éliminés peuventêtre,
en vertu duPrincipe 1, négligés).
En vertudu
Principe 2,
C doit céder uneproportion
fixe p de cessuffrages,
comme de tous les autres, et conserverle reste comme
partie
de sonquotient.
Il y a une difficulté parcequ’on
ne voit pas très clairement surqui
ces voix doivent être transférées.On ne
peut
pasespérer
résoudre cette difficulté enaugmentant
laproportion
des votes transféréssur
lesquels
une secondepréférence
estmarquée,
afin depermettre
à toutes les voix x d’être conservées parC,
car ce serait évidemment réintroduire desinégalités
dans le genre de celles que le1. Cela peut en effet conduire à la défaite d’un candidat qu’une majorité d’électeurs avaient placé en tête de liste. Il est assez déprimant de remarquer qu’une élection publique a été organisée en Angleterre suivant ces principes encore tout récemment, en 1964.
Principe
2 estchargé
d’éliminer. Ne pas transférer du tout laproportion,
ce serait laisser à Cplus
que lequotient (voir aussi § IV).
Les deux solutionspossibles
pourrespecter
strictement lePrincipe
2 sont :a)
diviser laproportion,
non transférableautrement, à égalité
entre les candidats restants(c’est-à-dire
nonmarqués
et nonéliminés) ;
ou :
b)
soustraire cettequantité
du total T des voixobtenues,
et recalculer lequotient
avec lanouvelle valeur.
La méthode
a)
repose surl’hypothèse
selonlaquelle
l’électeur considère les candidats nonmarqués
comme d’un mérite
égal,
et que c’est pour cette raisonqu’il
n’a pasindiqué
depréférences ;
la secondeméthode considère l’attitude de l’électeur comme une abstention
partielle ;
il ne connaît pas suffisammentces candidats pour
pouvoir
lesdépartager,
etpréfère
laisser le choix à d’autres électeurs. Il faut noterque les deux méthodes ne sont pas
équivalentes ;
avec lapremière,
les totaux des candidats nonmarqués,
en
particulier
des nonéliminés,
sontaugmentés
defaçon égale,
tandisqu’avec
laseconde,
la réduction duquotient augmente
lesproportions
transférées àpartir
des candidatsélus,
etl’augmentation
desvoix des candidats non élus varie selon ces valeurs.
Pour l’instant nous résoudrons ce dilemme
(apparent)
en décidant arbitrairement(en apparence) d’adopter
la seconde méthode. Cequi justifie à première
vue cettedécision,
c’est que, engénéral, quelques
candidats non
marqués
deviennent des candidatsélus,
de sorte que même si l’onadopte
lapremière
méthode il est nécessaire de recalculer le
quotient. Cependant
lavéritable justification
de cela sera donnéedans
le § VI, quand
nous aurons démontré que ledilemme,
enréalité,
n’a aucune raison d’être.IV. - LA
PRATIQUE
COURANTE DUSYSTÈME
« STUT ».Le
système STUT,
en cequi
concerne le traitement des voixnon-transférables, procède
de dif-férentes
règles, applicables
aux différents cas. Lesrègles principales
sont les suivantes :(i)
Si une voix n’est pas transférable àpartir
d’un candidatéliminé,
elle est laissée decôté ;
de telles voix
ne jouent plus
ensuite aucun rôle dans ledépouillement ;
(ii)
Si le nombre des voix non-transférables àpartir
d’un candidat élu n’est pasplus grand
que lequotient
ces voix sont incluses dans lequotient
et ce sont seulement les voix transférablesqui
déter-minent la
répartition
dusurplus.
Si le nombre estplus grand
que lequotient
les voix transférables sonttransférées
(avec
une valeur nondiminuée),
la différence entre les voix non-transférables et lequotient augmentant
le total non-transférable.Dans
[1]
nous avons considéré lesystème
STUT dupoint
de vue de trois conditions. Nous discu-terons
plus
tard la conditionC ;
les autres étaient :(A)
Le nombre des voixperdues
dans un scrutin est limité à unminimum ;
(B)
Dans la mesure dupossible,
il est tenucompte
desopinions
dechaque
électeuréquitablement.
Il
apparaît
tout de suite clairement que,lorsqu’il
existe des voixnon-transférables,
la condition(B)
ne peut être satisfaite - même avec la méthode de calcul avec rétroaction que si l’on
procède
au recalculdu
quotient,
carautrement, à
un stade ultérieur dudépouillement, quand quelques
voix non-transfé- rables se seraientaccumulées,
on aurait des candidats élus avec moins que lequotient originel.
Eneffet,
si un
nombre q
de voix deviennentnon-transférables,
il estimpossible
au dernier candidat élu d’atteindre lequotient complet.
Nous avons vu dans
[1]
que la condition(A)
est satisfaitequand
iln’y
a pas de voix non-transfé- rables.Quand
des voix deviennentnon-transférables,
elles doivent êtreajoutées
au total ccperdu » W,
et la formule de
[1]
devient :To
représentant
le total non-transférable.Cependant,
ceciprovient
d’unquotient
calculé sur le totaldes voix
T,
et non sur le total des voix utilisablesTl
i T - To.Ainsi,
avec le recalcul duquotient
nous avons :--
c’est-à-dire,
la condition(A)
est violée à moins que l’on ne recalcule lequotient
1.Il est clair que la
règle (ii)
ci-dessus est une tentative pour satisfaire la condition(A),
mais cefaisant on viole la condition
(B) ;
parexemple,
si un candidat E est élu avec unnombre q
-~- x devoix,
une
proportion q
d’entre elles étantnon-transférables,
les x voix restantes seront transférées avec unevaleur non diminuée sur
l’option suivante,
même si lapremière préférence qu’elles
ont donnée à E a été satisfaite. Ausurplus,
larègle
actuelle selonlaquelle
ces voix-là ne peuvent pas être transférées sur un candidat êtu(cf. [1]) implique
que, en vertu de larègle (i)
et de larègle (ii),
de nombreux bulletins entiers peuvent être déclaréscomplètement non-transférables,
venant ainsigrossir
les totaux To et W mention-nés
ci-dessus,
alorsqu’au
contraire la méthode avec rétroaction permet àchaque
voix de compter par- tiellement pour les candidats élus etmarqués,
cequi
fait que seule une fraction de ces voix devient non-transférable.
Ainsi,
de deuxpoints
de vuedistincts,
les méthodes courantes dusystème
STUT violent la condi- tion(A).
Onpourrait objecter
que la méthode avec rétroaction elle-même ne peut satisfaire à la condition(A)
que si l’on utilise la méthode(a) du §
IIIplutôt
que la méthode(b),
en cequi
concerne les candidatsnon
marqués.
Nous examinerons cettequestion au §
VI.V. -- LE RECALCUL DU
QUOTIENT.
On peut voir que le recalcul du
quotient
et sonapplication rétrospective à
des candidatsdéjà élus,
fait
apparaître
les mêmes difficultés que dans les cassimples,
ceuxqui
concernent les voixtoujours transférables,
oùpeut
intervenir la méthode rétroactive - etqui
ont été décrits dans[1].
Considérons d’abord le cas d’un candidat élu. Si un certain nombre de ses voix sontnon-transférables,
on soustraitdu total des voix la
proportion appropriée,
et on recalcule lequotient.
La réduction duquotient
donneau candidat élu un
surplus
de voixqui augmente
laproportion
àtransférer ;
et ceciaugmente
la propor- tion non-transférable à soustraire dutotal,
cequi
en outre réduit lequotient
et ainsi de suite. Leséquations à
résoudre sont :-- comme dans
[1],
S est ici le nombre de vacances, T est le total des voix(ici
à l’exclusion de tous les bulletins ou les candidats éliminés sont seulsindiqués), tx
le total des voix pour le candidatélu,
pl la1. Ce genre d’injustice se rencontre surtout dans les élections qui comportent un grand nombre de candidats et de vacances
--- par exemple pour les conseils de sociétés - et peut faire douter de la valeur du système STUT sans considération de ses vrais mérites.
proportion
à transférerqu’il obtient,
tlo le total des voixappartenant
à ce candidat etqui
ne sont pas transférables surd’autres,
et q est lequotient.
Ces deux
équations
peuvent être résoluesfacilement,
pour pi et q, enégalant
les deuxexpressions de q; cependant,
s’il y aplus
d’un candidatélu,
il faudraemployer
pour calculer le pi la méthode itérative décrite dans[1],
et il conviendra d’étudier l’extension de la méthode itérative defaçon
à ramener le recalculdu
quotient
aux données du cas leplus simple (voir ci-dessus). L’équation (1)
avec p1= 0 donne la valeuroriginelle
de q.L’équation (2)
donne alors unepremière
valeur de pi > 0. En introduisant cettevaleur dans
(1)
on obtient une nouvelle valeurde q plus petite
queprécédemment ;
en utilisant dans(2)
cette nouvelle valeur
de q
on obtient un piplus grand,
et ainsi de suite. De cettefaçon
nous avons pour plune suite monotone croissante bornée
supérieurement
par1,
et pour q une suite monotone décroissante de valeurs bornées inférieurement par0;
ces suites doivent donc tendre vers des limitesqui
sont lessolutions des
équations.
Larapidité
de convergence estsatisfaisante;
uneanalyse simple
montre que leserreurs sont
multipliées
danschaque cycle
par un facteurqui
est auplus égal à s+1 1 S + 1 .
Le raisonnement est étendu au cas de n candidats élus en
ajoutant
auxéquations
données par[1]
l’équation :
qui
peut être d’abord calculée pour q danschaque cycle
itératif.T~
=Tn (pi,
P2, ...pn)
est le totalutilisable dans
chaque
cas pour letransfert;
pour n =1, 2,
3 il est donné par :Dans ces
formules til
... ko est le total transférable àpartir
du candidati,
sur le candidatj,
sur...,sur le candidat
k,
mais pasplus loin; Ml représente
le total pouri ; 1. représente
le total pourl’ensemble, i, j, i :0 j; M, représente
le total pour toutes lespermutations
de(123).
Le lecteur pourra facilement déduire les formules
correspondantes
pour des valeurssupérieures
de n ; on pose pn = 0 dans
l’expression
deTn,
et l’on obtientl’expression
deVI. -
PRÉFÉRENCES ÉGALES.
Dans le
§
II nous avons examiné brièvement l’effet derègles
de validité différentes sur dessystèmes
de vote
qui
autrement sontidentiques.
Les méthodes ordinaires dedépouillement
dusystème
STUT sontfondées sur
l’existence,
àchaque
stade dudépouillement,
d’une seulepréférence suivante,
la seuledérogation
admiseétant,
comme nous l’avons vu, que l’absence d’autrepréférence indiquée
ne rendpas le bulletin tout entier invalide. Dans la
pratique
courante, on accepte comme valide un bulletin ne comportantqu’une
seulepremière préférence,
et l’on accepte d’autrespréférences
pourvuqu’il
y en ait une, et uneseule, marquée
àchaque étape;
s’iln’y
a pas d’autrepréférence,
ou s’il y en aplus
d’uneseule,
toutes les
options marquées
à cedegré
et au-delà sont exclues.Dans la forme la
plus simple
dusystème
STUTqui
comporte le transfert matériel des bulletins d’unepile
àl’autre,
la nécessité de n’avoirqu’une
seulepréférence
suivante est évidente.Cependant,
avec la méthode de rétroaction une telle restriction n’est
plus nécessaire,
même si l’on se réfère auxrègles
du Sénat concernant le
dépouillement.
Un bulletin peut êtremarqué Al, BI, C2,
..., A et Breprésentant
deux
premières préférences égales,
chacune d’elle étant créditée de0,5.
Si A est élu ouéliminé,
le0,5
est transféré à valeur réduite ou entière sur lapréférence
suivante -qui
bien entendu est B et non pas C.Pratiquement,
un tel voteéquivaut
à deux votes ordinaires dusystème STUT,
valant chacun0,5,
etmarqués A, B, C,
... etB, A, C,
...respectivement.
De même, si enpremier
lieuA, B, C,
sont tousmarqués
à
égalité,
celaéquivaut
à 6(=
3!)
bulletins valant chacun1/6, marqués A, B, C,
... ;A, C, B,
...;B, A, C,
... ;
B, C, A,
... ;C, A, B,
... etC, B, A,
... Il est facile de voir que ce raisonnement peut être étendu auxpréférences égales
den’importe quel
stade dudépouillement,
et que kpréférences égales correspondent
à k !
dispositions possibles
des candidatsconcernés, chaque disposition ayant
de la valeur à cestade-là.
Une telle extension des
règles
de validité nous permet de résoudre le dilemme entre les méthodes(a)
et(b) du § 3,
concernant le traitement des voix non-transférables. Un électeurqui,
à un certainmoment, désire que son vote, s’il est
transféré,
soitpartagé
àégalité
entre les candidats restants, peutdésigner simplement
ces candidats commeégaux
dans ses autres(c’est-à-dire
sesdernières) préférences.
De ce fait le dilemme n’existe
plus;
les deux méthodes peuvent êtreégalement utilisées,
et l’électeurlui-même peut déterminer
quelle
méthode il veutqu’on
utilise pour son proprebulletin,
par lafaçon
dont il le
rédige;
ne pas donner de rang à uncandidat,
c’estindiquer
alors uneauthentique
volontéd’abstention
(partielle).
Cette extension des
règles
de validité permet aussi de satisfaireplus rigoureusement
à la condition(C)
de lapremière partie
de l’article. Cette condition était :(C)
Un électeur doit être le moinspossible encouragé
à voter dans un sensqui
ne serait pasexactement celui de ses
préférences
réelles.Ici nous
interprétons
cette condition dans uneperspective particulière
dont il n’a étéquestion
dans
[1] :
lesrègles
électorales dusystème
STUT tellesqu’elles
sont, non seulement encouragent maisobligent
un électeur à ne pas voter selon sapréférence,
en ce sensprécis
que si parexemple,
deuxpremiers
candidats sont pour lui de même
valeur,
il ne peut pas voter enconséquence,
mais se trouve au contraireobligé
de leurassigner
un ordre depréférence qui
peut très bien n’êtrequ’arbitraire. Étant
donné l’im-portance des
premières préférences
dans lesystème STUT,
une telle chose est àprescrire.
L’électeur se trouve de mêmeobligé
de ranger dans un ordre factice des candidatsauxquels
il est indifférentsi,
parexemple, après
avoirmarqué
sespréférences
réelles il désire donner le rang leplus
baspossible
à uncandidat
auquel
il estparticulièrement opposé.
Cettefaçon
de concevoir son vote est très courante.Introduire le
système
despréférences égales,
c’est donc donner uneplus grande souplesse
àl’électeur individuel pour le classement
qu’il
doitopérer;
ils’agit
donc là d’une réforme souhaitable dans lesystème
STUT soitqu’on
utilise pour ledépouillement
la méthode àrétroaction,
ou que l’on s’en tienne auxrègles
du Sénat 1.VII. -
REMARQUES
FINALES.L’étude d’un
système
de vote se heurte à deuxproblèmes différents ;
l’informationqui
concerne leschoix que l’on demande à
chaque
électeur deformuler,
et la manière dont cette information va être traitée pour aboutir au « choix collectif ».1. L’étude de la possibilité pour l’électeur de partager sa première préférence autrement qu’en fractions égales entre un
certain nombre de candidats nous entraînerait beaucoup trop loin, dans le domaine des multiples systèmes de votes transférables,
et c’est là l’objet des études que l’on ne cesse de faire sur des systèmes de vote préférentiel plus généraux. Dans le système STUT, la tâche de l’électeur est en comparaison plutôt simple, et elle est rendue plus facile encore si l’on a recours aux préférences égales.
Le
premier
de ces deuxproblèmes
reste engrande partie
en dehors dusujet
de cesétudes,
maisa été abordé dans le dernier
paragraphe.
Aupoint
dedépart,
lesystème
STUTprésume
que l’ordre depréférence
individuel dechaque
électeur constitue une information suffisante 1 pour obtenir un« choix collectif »
satisfaisant,
et les extensions desrègles
de vote décrites ci-dessus découlent naturel- lement de ceprincipe,
et en effet elles font coïncider deplus près
lesystème
STUT dans un certain sens,avec l’étude d’Arrow
[2].
L’évolution
possible
dessystèmes
électoraux(à
votepréférentiel, transférable) qui
utilisent uneinformation
plus pertinente,
faitl’objet
de recherches permanentes(voir
aussi note, p.38).
Le second
problème
est leproblème classique
de la théorie du choix. En reprenant les structures de base dusystème
STUT on a montré dans ces articles que, pour être vraiment conforme aux intentions déclarées dusystème,
il fallait nécessairementemployer
la méthode à rétroaction afin de rendre le pro-cessus du choix
plus
cohérent.Cette amélioration peut être obtenue sans inconvénient
supplémentaire
pourl’électeur,
et elle permet de réduire laprocédure
dudépouillement
à deuxprincipes
au lieu de toute une multitude derègles,
dont certaines sont des méthodesempiriques.
L’inconvénient de la
méthode,
c’estqu’elle
nécessite de nombreux calculsrépétés
et de cefait,
pour des raisons
d’organisation pratique,
elle ne peut pas se limiter à desopérations manuelles,
sauf sile nombre de vacances, de candidats et de votes est peu
important. Cependant,
comme on l’a dit dans[1],
les calculs du
système
STUT sontdéjà
suffisammentcomplexes
pourjustifier l’emploi
d’unordinateur,
et il serait alors
simple
de modifier le programme de la machine en fonction desexigences supplémentaires
de la méthode à rétroaction.
Comme E. G. Cluff l’a montré
[3],
un des avantages de l’automation dans lesopérations
électo-rales,
c’est que l’on n’aplus
à tenir compte, dans le choix d’unsystème
de vote, de cequ’il
estpossible pratiquement
de réaliser avec le calcul manuel. Il est des casparticuliers
où la méthode à rétroaction peut donner des résultats très différents de ceux que l’on obtiendrait avec lesrègles
duSénat,
et c’estdonc là un choix à
considérer,
si l’automation doit intervenir dans des élections par lesystème
STUT.21 mars 1968.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES.
[1]
B. L.MEEK,
« Une nouvelleapproche
du scrutin transférable :l’égalité
de traitement des électeurset
technique
à rétroaction utilisée pour ledépouillement
des votes», M.S.H. n° 25.[2]
K.ARROW,
Social Choices and Individual values(2e éd., Wiley, 1962).
Pour cequ’on
veut dire par« dans un certain sens », voir la