cours 15, le lundi 14 mars 2011
IV.3. In´egalit´es classiques In´egalit´e de H¨older
On donne un couple (p, q) de nombres r´eels, tel que 1< p, q < +∞ et tel que 1
p + 1 q = 1,
qu’on appelle un couple d’exposants conjugu´es, par exemple (2,2) ou (3,3/2). On peut donner plusieurs formes ´equivalentes utiles de cette relation de conjugaison,
p+q
pq = 1, p+q =pq, q
p =q−1, q =p(q−1), p=q(p−1).
On note que si a, b≥0, on a
ab≤ ap p + bq
q ,
par exemple par la convexit´e de l’exponentielle : si ab = 0 c’est clair, sinon a, b > 0 et on peut poser ap = eu, bq = ev, ce qui donne puisque 1/p+ 1/q= 1
ab= eu/pev/q = eu/p+v/q ≤ eu p + ev
q = ap p + bq
q .
On peut aussi ´ecrire cette mˆeme in´egalit´e sous la forme suivante : si 0 ≤ α ≤ 1 et α+β = 1, alors
∀u, v ≥0, uαvβ ≤αu+β v.
Si f ∈Lp, g∈Lq, on en d´eduit que f g est int´egrable, (∗)
Z
E
|f g|dµ≤ 1 p
Z
E
|f|pdµ+ 1 q
Z
E
|g|qdµ <+∞.
On ´etend la notion d’exposants conjugu´es aux cas limites (1,+∞) et (+∞,1), pour lesquels on peut encore pr´etendre que 1/1 + 1/(+∞) = 1.
Proposition : in´egalit´e de H¨older. On suppose que p, q r´eels v´erifient 1 ≤ p, q ≤ +∞
et la relation de conjugaison 1/p+ 1/q = 1. Si f ∈ Lp(E,F, µ) et g ∈ Lq(E,F, µ), le produit f g est int´egrable et
Z
E
f gdµ
≤ kfkpkgkq.
Preuve. — Le r´esultat est ´evident pour (1,+∞) ou (+∞,1) ; si f ∈L1 et g ∈ L∞, on sait que |g| ≤ kgk∞ presque partout, donc
Z
E
f gdµ ≤
Z
E
|f g|dµ= Z
{|g|≤kgk∞}
|f| |g|dµ≤ kgk∞ Z
E
|f|dµ=kfk1kgk∞.
On suppose maintenant que 1 < p, q < +∞ et kfkp,kgkq > 0 (sinon, f ou g est nulle presque partout, R
Ef gdµ= 0 et ce cas est clair). On pose f1 = f
kfkp, g1 = g kgkq. Alorskf1kp =kg1kq = 1, et
Z
E
f1g1dµ ≤
Z
E
|f1| |g1|dµ≤ 1 p
Z
E
|f1|pdµ+ 1 q
Z
E
|g1|qdµ= 1.
Par homog´en´eit´e, puisque f =kfkpf1 et g=kgkqg1, on obtient que
Z
E
f gdµ
=kfkpkgkq Z
E
f1g1dµ
≤ kfkpkgkq, ce qui termine la d´emonstration.
Remarque. On peut ´ecrire l’in´egalit´e de H¨older sous la forme Z
E
|F|α|G|βdµ≤Z
E
|F|dµαZ
E
|G|dµβ
,
quand α ≥0 etα+β = 1.
Cas extr´emal de l’in´egalit´e de H¨older
Proposition : cas extr´emal de l’in´egalit´e de H¨older. On suppose que p, q r´eels v´erifient 1 ≤p, q ≤+∞ et la relation de conjugaison 1/p+ 1/q = 1. On donne f ∈Lp(E,F, µ).
Pour p <+∞, on a
kfkp = maxn Z
E
f gdµ
:kgkq ≤1o
;
pour p= +∞, et `a condition que tout ensemble A ∈ F de mesure infinie contienne un ensemble B∈ F tel que 0< µ(B)<+∞, on a
kfk∞ = supn Z
E
f gdµ
:kgk1 ≤1o .
Dans le casp <+∞, on peut dire qu’il existe g telle que kfkp =
Z
E
f gdµ et kgkq ≤1.
Il suffit de prendre une fonctiong1 qui r´ealise le max du module de l’int´egrale de f g, et de multiplier g1 par un nombre complexe de module un convenable.
Preuve. — L’in´egalit´e de H¨older montre que kfkp est un majorant pour le terme de droite de l’´egalit´e `a prouver. Inversement, si f est dans Lp(E,F, µ), non nulle, posons comme avant f1 =kfk−1p f, de norme 1 dans Lp, et d´efinissons g en posant
g(x) =|f1(x)|p/f1(x)
si f(x)6= 0 et g(x) = 0 sinon. Alors Z
E
|g(x)|qdµ(x) = Z
E
1{f6=0}(x)|f1(x)|(p−1)qdµ(x)
= Z
E
1{f6=0}(x)|f1(x)|pdµ(x) = Z
E
|f1(x)|pdµ(x) = 1, donc g est dans la boule unit´e de Lq et
Z
E
f1gdµ= Z
E
1{f6=0}|f1|pdµ= 1, par cons´equent
Z
E
f gdµ=kfkp.
On a donc r´ealis´e le maximum possible avec cette fonction g de la boule unit´e de Lq. Le cas L∞ est sp´ecial. Si la norme L∞ de f est M =kfk∞ >0, l’ensemble
A ={|f|>M−ε} ∈ F
o`u on a choisi 0 < ε < M, est de mesure > 0, peut-ˆetre infinie. D’apr`es l’hypoth`ese additionnelle, l’ensemble A contient un ensemble B de mesure > 0 et finie (si A est de mesure finie, on prend B = A). On pose
g=1B |f|
µ(B)f qui est de norme un dans L1. Alors
Z
E
f gdµ= 1 µ(B)
Z
B
|f|dµ >M−ε.
Remarques.
— La condition pourp= +∞est satisfaite quand la mesureµestσ-finie : on dit que µ est une mesure σ-finie sur (E,F) s’il existe une suite (Cn) ⊂ F, qu’on peut supposer croissante, telle que E =S
nCn et que µ(Cn)<+∞ pour toutn. L’exemple typique est la mesure de Lebesgue sur R, avec par exemple Cn = [−n, n]. La mesure de comptage surN estσ-finie ; en revanche, la mesure de comptage sur R (qu’on n’utilisera gu`ere que pour produire des contre-exemples) n’est pas σ-finie.
Si µ est σ-finie et si A ∈ F est de mesure infinie, les ensembles Bn = A∩Cn sont de mesure finie mais µ(Bn) → +∞ = µ(A) ; il en r´esulte que pour n assez grand, on a Bn⊂A et 0 < µ(Bn)<+∞.
— Le cas p = 2 de l’in´egalit´e de H¨older est un cas particulier de l’in´egalit´e de Cauchy-Schwarz des espaces de Hilbert.
— Si p= +∞, si f(x) =x sur E = [0,1], on voit que dans le cas p= +∞ le sup en g∈L1([0,1], λ) n’est pas atteint. On a kfk∞ = 1 mais pour toute g telle que kgk1 ≤1, la fonction (1−x)g(x) est≥0 sur [0,1] et n’est pas presque partout nulle, donc
0<
Z 1 0
(1−x)g(x) dx≤1− Z 1
0
xg(x) dx,
et par cons´equent on a toujours R1
0 xg(x) dx < 1, pour toute g de norme ≤ 1 dans L1([0,1]). Le sup en g de ces int´egrales est ´egal `a 1, mais n’est atteint par aucune g.
Les difficult´es du cas extr´emal quandp= +∞proviennent de l’exemple pathologique qu’on va d´ecrire maintenant. La d´efinition des mesures accepte la mesure µ suivante, sur (R,B) par exemple : on posera µ(A) = +∞ d`es que A n’est pas vide, et on sera bien oblig´e de poser, d’apr`es la d´efinition des mesures, µ(∅) = 0. Alors, l’espace L1(R,B, µ) est r´eduit
`
a {0}! Mais l’espace L∞(R,B, µ) contient la fonction constante f =1, et on ne peut pas obtenir la norme 1 =kfk∞ comme le sup des int´egrales contre les fonctionsg de L1.
Cons´equence : inclusion des espaces en mesure finie. Lorsque la mesure µest finie, les espaces Lp sont d´ecroissants avec p : on a Lp(µ)⊂L1(µ) pour tout p≥1,
Z
E
|f|dµ= Z
E
|f|.1 dµ≤ kfkpZ
E
1qdµ1/q
=µ(E)1/qkfkp.
En appliquant cette in´egalit´e `a |f|s et p = r/s on voit que Lr(µ) ⊂ Ls(µ) pour tous r≥s ≥1. En r´esum´e, on a quand 1≤s≤r ≤+∞, et quand la mesure µ est finie
L∞(E,F, µ)⊂Lr(E,F, µ)⊂Ls(E,F, µ)⊂L1(E,F, µ).
Dans le cas o`u µ est une probabilit´e, on a que pour toute fonction f ∈ Lr(E,F, µ), la fonction p∈[1, r]→ kfkp est croissante.
Dualit´e
Pour toute fonction f ∈Lp, d´efinissons une forme lin´eaire `f sur Lq en posant
∀g ∈Lq, `f(g) = Z
E
f gdµ.
L’in´egalit´e de H¨older montre que `f est continue sur Lq, avec k`fk ≤ kfkp. L’´etude du cas extr´emal montre que les deux normes sont ´egales (sous une condition si p = +∞, par exemple `a condition que µ soit σ-finie).
Proposition :injection isom´etrique dans le dual de Lq.Si(E,F, µ)est un espace mesur´e quelconque et 1 < p <+∞, 1/p+ 1/q = 1, l’application jp de Lp(E,F, µ) dans le dual (topologique) de Lq(E,F, µ) est une isom´etrie lin´eaire ; siµ est σ-finie, l’applicationj∞
est une isom´etrie lin´eaire de L∞(E,F, µ)dans le dual (topologique) de L1(E,F, µ).
Remarque. Le th´eor`eme de repr´esentation vu dans le cours sur les espaces de Hilbert permet de dire que toute forme lin´eaire continue sur L2 peut ˆetre obtenue de la fa¸con pr´ec´edente, c’est `a dire que j2 est une bijection lin´eaire de L2 sur le dual topologique de L2. Il faut faire attention `a un petit d´etail dans le cas complexe. Il n’y avait aucune raison de placer une barre de conjugaison dans la d´efinition de`f, ce qui fait que j2 est C-lin´eaire dans le cas complexe. Au contraire, on doit mettre une barre de conjugaison dans le produit scalaire hilbertien, qui fait que l’identification hilbertienne iH g´en´erale entre un Hilbert H et son dual topologique H0 est antilin´eaire, iH(αx) = α iH(x) pour tout scalaire α et tout x∈H.
Si ` est une forme lin´eaire continue sur l’espace de Hilbert L2, il existe un vecteur F∈L2 qui repr´esente par produit scalaire cette forme lin´eaire,
∀g∈L2, `(g) =hg,Fi= Z
E
g(x)F(x) dµ(x).
On voit donc que ` est l’image par j2 de la fonction f = F∈L2, complexe conjugu´ee de la fonction F.
On admettra la g´en´eralisation suivante : pour tout p tel que 1 < p < +∞ et tout espace mesur´e (E,F, µ), l’application jp est une bijection lin´eaire isom´etrique de Lp(E,F, µ) sur le dual topologique de Lq(E,F, µ), o`u 1/p+ 1/q = 1. Si la mesure µest σ-finie, l’applicationj∞ est une bijection lin´eaire isom´etrique de L∞(E,F, µ)sur le dual topologique de L1(E,F, µ).
On peut d´emontrer le cas 1 ≤p <2 `a partir du th´eor`eme hilbertien qui permet de r´egler le casp= 2. Les autres cas peuvent se traiter par le th´eor`eme de Radon-Nikodym, qui peut ˆetre vu en fait comme une autre cons´equence du cas hilbertien.
In´egalit´e de Jensen
Quand ϕ est une fonction convexe d´efinie sur un intervalle I, on montre facilement par r´ecurrence, `a partir de la d´efinition de la convexit´e, que
(∗) ϕXn
j=1
cjxj
≤
n
X
j=1
cjϕ(xj)
lorsque les xj sont des points de I et les (cj) des coefficients ≥0 tels que Pn
j=1cj = 1.
La combinaison convexePn
j=1cjxj est une hhmoyenneiides valeurs xj, et l’in´egalit´e dit que la valeur deϕ `a la moyenne des nombres xj est inf´erieure ou ´egale `a la moyenne des valeurs ϕ(xj).
Quand on a une probabilit´eµ, on peut consid´erer que Z
E
f(x) dµ(x)
est la moyenne des valeurs de la fonction f d´efinie sur E, et qui sont pond´er´ees par les masses infinit´esimales dµ(x). L’in´egalit´e de Jensen g´en´eralise l’in´egalit´e (∗) au cas de ces
hhmoyennes continuesii.
Proposition.Siϕest convexe sur l’intervalleI, sif est r´eelle int´egrable `a valeurs dans I et si µ est une probabilit´e sur (E,F), on a
ϕZ
E
f(x) dµ(x)
≤ Z
E
ϕ(f(x)) dµ(x).
Il est possible que l’int´egrale de droite soit ´egale `a +∞.
La fonction convexeϕ admet des minorantes affines, de la formet ∈R→at+b; la fonction ϕ(f) est donc minor´ee par la fonction int´egrable af +b : la partie n´egative de ϕ(f) a une int´egrale finie, ce qui permet de donner un sens g´en´eralis´e, fini ou ´egal `a +∞,
`a l’int´egrale de ϕ(f). En effet, on voit que ϕ(f)− = max(−ϕ(f),0)≤ max(−af −b,0), donc ϕ(f)− ≤ |a| |f|+|b| qui est int´egrable.
Preuve. — On pose m=R
Efdµ; si m minore l’intervalle I, la fonction f −m est ≥0 d’int´egrale nulle,
Z
E
(f−m) dµ= Z
E
fdµ−m µ(E) =m−m= 0,
donc f −m est presque partout nulle ; il en r´esulte que f(x) = m µ-presque partout, en particulier m est une valeur de f, donc m∈ I est le minimum de I ; puisque f = m µ-presque partout et quem∈I, on a ϕ(f(x)) =ϕ(m) pour presque tout x, donc
Z
E
ϕ(f(x)) dµ(x) =ϕ(m) =ϕZ
E
f(x) dµ(x)
; on proc`ede de mˆeme si m est un majorant de I.
On suppose donc maintenant quem est un point int´erieur `a I ; alorsϕ0g(m), ϕ0d(m) existent ; si α est la d´eriv´ee (`a droite, `a gauche) de ϕ au pointm, on a
∀t∈I, ϕ(t)−ϕ(m)≥α(t−m)
donc Z
E
ϕ(f(x))−ϕ(m)
dµ(x)≥α Z
E
f(x)−m
dµ(x) = 0.
Jensen pourϕ(t) =|t|p et une mesure finie
On suppose queµest une mesure finie sur (E,F). On consid`ere la probabilit´eνsur (E,F) d´efinie par ν = (µ(E))−1µ; sif est F-mesurable ≥0, d’int´egrale finie pour commencer, on peut appliquer directement le r´esultat pr´ec´edent `a la fonction convexet ∈R→ |t|p,
Z
E
fdνp
≤ Z
E
fpdν.
Si l’int´egrale de droite est +∞, l’in´egalit´e est vraie ; sinon on trouve des fonctions ´etag´ees int´egrables qui croissent vers f et on g´en´eralise l’in´egalit´e pr´ec´edente `a toutes les fonc- tions mesurables `a valeurs dans [0,+∞]. En revenant `a µ, on obtient que pour toute fonction mesurable `a valeurs dans [0,+∞], on a
Z
E
fdµp
≤µ(E)p−1 Z
E
fpdµ valeur +∞ admise, et avec la convention (+∞)p = +∞.
Retrouver H¨older avec Jensen
On suppose f, g ≥ 0, non nulles, g ∈ Lq, on pose B = {g > 0} et pour la mesure finie dν=gqdµ, on va appliquer la version de Jensen pour t→ |t|p; l`a o`ug >0, on peut ´ecrire g=g1−qgq : cette d´ecomposition aura donc un sens sur l’ensemble B. On obtient
Z
E
f gdµp
=Z
E
f1Bgdµp
=Z
B
f gdµp
=Z
B
f g1−qgqdµp
=Z
B
f g1−qdνp
≤(ν(E))p−1Z
B
fpgp(1−q)dν
=(ν(E))p−1Z
B
fpg−qdν
=( Z
E
gqdµp−1Z
B
fpg−qgqdµ
=kgkq(pq −1)Z
E
fp1Bdµ
≤ kgkpqkfkpp. On a ainsi retrouv´e l’in´egalit´e de H¨older.
Dual de L2
On se place dans le cas r´eel. On suppose donn´ee une forme lin´eaire continue ` sur H = L2(E,F, µ), et on d´efinit une fonction Φ sur H en posant
Φ(f) =kfk2−2`(f).
Cette fonction Φ : H→R est minor´ee sur H, car
Φ(f) +k`k2 =kfk2−2`(f) +k`k2 ≥ kfk2−2k`k kfk+k`k2 = (kfk − k`k)2 ≥0.
On pose m= inf Φ(H). On note que kf +hk2+kf −hk2 =
Z
E
|f+h|2+|f−h|2 dµ
= Z
E
f2 + 2f h+h2+f2−2f h+h2
dµ= 2 Z
E
f2+h2 dµ.
Comme ` est lin´eaire, `(f +h) +`(f−h) = 2`(f), donc
Φ(f +h) + Φ(f −h) = 2kfk2+ 2khk2 + 4`(f) = 2 Φ(f) + 2khk2. Supposons que ε >0 soit donn´e, et que g1, g2 soient dans l’ensemble
Cε ={g∈H : Φ(g)≤m+ε2}.
Posons f = (g1 +g2)/2 et h = (g1−g2)/2, de sorte que f +h = g1, f −h = g2. On a Φ(f ±h)≤m+ε2, donc
2m+ 2khk2 ≤2 Φ(f) + 2khk2 = Φ(f+h) + Φ(f −h)≤2(m+ε2),
ce qui prouve que khk2 ≤ ε2. Le demi-diam`etre de Cε est donc ≤ ε. Dans l’espace complet H, l’intersection de la suite d´ecroissante de ferm´es C2−n, non vides et de diam`etre tendant vers 0, est non vide. En un point f0 de l’intersection, la fonction Φ atteint son minimum. Pour toute fonction h∈H et tout r´eel t, on a
Φ(f0+th)≥Φ(f0)
d’o`u Z
E
2tf0h+t2h2
dµ−2t `(h)≥0.
En d´erivant en t= 0,
Z
E
f0hdµ−`(h) = 0.
Cela signifie que la forme lin´eaire continue ` est repr´esent´ee par le produit scalaire avec le vecteur f0 ∈H,
∀h ∈H, `(h) =hh, f0i= Z
E
h(x)f0(x) dµ(x).
hhPetitii th´eor`eme de Radon-Nikodym
Si g est une fonction F-mesurable sur E, telle que 0 ≤ g ≤ 1, si µ est une mesure sur l’espace mesurable (E,F) et si on pose dν(x) =g(x) dµ(x), on voit que
∀A ∈ F, ν(A) ≤µ(A).
En effet, ν(A) = R
Agdµ ≤ R
Adµ = µ(A). Le th´eor`eme de Radon-Nikodym donne la r´eciproque.
Th´eor`eme. On suppose que µ est une mesure finie sur (E,F) et que ν est une autre mesure sur (E,F), plus petite que µ en ce sens que ν(A) ≤ µ(A) pour tout A ∈ F. Il existe alors une fonction F-mesurableg, telle que 0≤g≤1 et que dν(x) =g(x) dµ(x).
Preuve. — On va travailler avec les espaces de fonctions r´eelles, et on va d´emontrer que l’application
` :f ∈L2(µ)→ Z
E
fdν
(bien noter le changement de mesure) est une forme lin´eaire continue sur L2(µ). Elle est donc repr´esent´ee par le produit scalaire avec une fonction g : c’est la densit´e cherch´ee.
On commence par voir que pour toute fonction f positive et F-mesurable, on a Z
E
fdν ≤ Z
E
fdµ;
on v´erifie cette affirmation pour f ´etag´ee positive pour commencer : si f = P
ak1Ak, avec ak ≥0, alors R
Efdν =P
akν(Ak)≤P
akµ(Ak) =R
Efdµ. Ensuite, on passe `a la limite sur les suites croissantes de fonctions ´etag´ees.
Si f ∈L2(µ), alorsf ∈L1(µ) puisque µ est finie, donc Z
E
|f|dν ≤ Z
E
|f|dµ,
ce qui montre que L2(µ)⊂L1(ν). L’application` ci-dessus est donc bien d´efinie. Elle est lin´eaire et continue sur L2(µ),
|`(f)|= Z
E
fdν ≤
Z
E
|f|dν≤ Z
E
|f|dµ≤p
µ(E)kfkL2(µ).
Il existe donc une fonction r´eelle g∈L2(µ) telle que
∀f ∈L2(µ), `(f) = Z
E
f gdµ.
Si A∈ F et si on consid`eref =1A, alors f ∈L2(µ) (la mesure ´etant finie),
`(1A) = Z
E
1Adν =ν(A), et `(1A) = Z
E
1Agdµ, donc ν est la mesure de densit´eg par rapport `a µ,
∀A ∈ F, ν(A) = Z
A
gdµ.
Il reste `a prouver que 0≤g ≤1. Posons
B ={x∈E :g(x)>1}; la fonction 1B g−1
est ≥0, mais Z
E
1B g−1
dµ=ν(B)−µ(B)≤0, donc l’int´egrale est nulle, la fonction 1B g−1
est nulle µ-presque partout ; mais par d´efinition, elle est > 0 sur B, donc B est de mesure nulle pour µ. On peut corriger la densit´egen posantg= 1 sur B, sans changer la valeur des int´egrales. De la mˆeme fa¸con, on voit que g ≥0 presque partout, et on effectue une deuxi`eme correction pour obtenir finalement 0≤g≤1.