Présentation du cours et introduction

SEX1183

Épistémologie et histoire des idées sur les sexualités

Cours 1

Dominic Beaulieu-Prévost Septembre 2020, UQÀM

Sexualité?

Idées?

Histoire?

Épistémologie?

Présentation du cours et introduction

Présentation du cours

Ce cours a principalement été développé par 4 enseignant.es., et son contenu provient de la convergence de nos

contributions mutuelles.

• Julie Lavigne(professeure) s’est surtout occupée les cours sur les mouvements sociaux et l’histoire contemporaine;

• Dominic Beaulieu-Prévost(professeur) s’est principalement occupé d’organiser les cours sur l’épistémologie, la période pré-sexologique et les débuts de la sexologie;

• Julie Beauchamp(chargée de cours) s’est surtout occupée des cours sur les mouvements sociaux de la diversité sexuelle (mouvements LGBTQ+);

• Maude Lecompte(chargée de cours, doctorante) s’est surtout occupée de la période entre les deux guerres mondiales.

Présentation

Enseignant

• Formation, autres cours, recherche (

) Cours

• Développement du contenu

• Objectif général

• Référence wiki en développement (

)

Règles du cours

Le cours demande une implication de votre part pour réussir.

En classe…

• il y a de la matière à comprendre et assimiler;

• et il y a des moments d’interactions, de réflexion et/ou de discussion en groupe. (-)

Entre les classes…

• il y a des lectures à faire (lecture active avec soulignement et/ou

Règles du cours

Le cours demande une implication de votre part pour réussir.

Contexte COVID…

•Règles générales à lire (https://etudier.uqam.ca/info-etudes/cours- en-ligne);

•Classe de plus en plus inversée.

Objectifs généraux du cours

1. S’initier à l’épistémologie appliquée à la sexualité humaine;

2. Historiciser les idées sur les sexualités du XVIIIe siècle à nos jours;

3. Reconnaître l’apport des mouvements des sociaux (droits civiques, femmes et LGBTQIA+);

4. S’initier à une approche réflexive de l’intervention et de la recherche sexologique.

Horaire des cours

• Cours 1. Présentation puis mœurs et discours prémodernes sur la sexualité.

• Cours 2 et 3. Introduction à l’épistémologie appliquée aux idées sur les sexualités : Vocabulaire de l’épistémologie et approches essentialiste et constructiviste de la sexualité

• Cours 4 à 7. L’émergence de la scientia sexualis: Tissot, Krafft-Ebing, Hirschfeld, Ellis, Freud, Reich, Marcuse, Kinsey, Masters et Johnson.

• Cours 8. Semaine de lecture

• Cours 9. Examen

• Cours 10 à 12. Les mouvements de lutte contre la répression de la sexualité et l’émergence d’une politique des identités: féministes, droits civiques et LGBTQIA+

• Cours 13 et 14. Foucault et ses successeurs

• Cours 15. Examen

Méthodes pédagogiques

• Exposés magistraux;

• Présentations PowerPoint;

• Présentations de documents visuels: images, photographies, documentaires, œuvres artistiques;

• Discussions en plénières; (-)

• Échanges plus informels; (-)

• Lectures obligatoires;

• Encadrement pédagogique;

• Accès à des ressource pour les cours par le projet de SexoWiki (www.sexowiki.uqam.ca).

Attitude en classe

• Trigger Warning

• L’étude de l’histoire nous confronte à des pratiques, événements, croyances et attitudes concernant la sexualité qui peuvent nous paraître choquantes.

• Si vous êtes plus sensibles à certains thèmes, vous pouvez regarder les diapos avant le cours et considérer vous préparer ou vous retirer pour certaines parties si nécessaire. Vous pouvez m’en informer ou non, selon les implications académiques.

• Ouverture d’esprit & Respect des différentes voix

• Préférer le dialogue à la confrontation

• La sexualité est sujet sensible qui porte à la controverse

• Votre apport est important et favorise l’apprentissage

• Sous forme de questions, commentaires ou précisions

• Toujours dans le respect de vos collègues et du professeur

Évaluations

Deux types d’évaluation sont prévus

1. 3 courts résumés critiques (cours 4, 10 et 14.) (3 x 15%)

•2 pages chacun

•les textes de Dupras (1993), Baillargeon (2012) et Dorlin (2008).

•Pour chaque résumé, vous devrez :

•identifier la thèse de l’auteur.e;

•nommer 3 idées principales;

•répondre à 1 à 2 questions de compréhension;

•formuler une courte critique à la lumière des connaissances acquises dans le cours;

•un modèle vous sera remis pour chacun des textes.

Évaluations

Deux types d’évaluation sont prévus

2. Examen de mi-session (3 ou 4 novembre) (20 %) et Examen de fin de session (15 ou 16 décembre) (35 %)

•Les deux examens porteront sur la matière vue en classe et sur les textes obligatoires.

•Le protocole à suivre sera détaillé avant chaque examen

•Examens mixtes comprenant:

• Des questions à choix multiples, à court développement et à moyen développement (max ½ page).

Règles et PowerPoint…

• Les diapos devraient être disponibles sur le site du cours la veille du cours au plus tard (mais généralement avant)

• Résumés critiques:

•Retard: 1 point par jours, à moins d’une justification

•Prendre entente avant la date de dépôt!

• Absence à un examen: raison médicale avec preuve.

• Notation selon le barème de sexologie

• Les lectures sont à faire avant le cours (sauf au cours 1)

• Présence au cours fortement conseillée

•Absences à vos risques

•Demandez à vos collègues leurs notes, je ne donne pas les miennes!

Règles et PowerPoint…

• Accès asynchrone au cours…

Pour me joindre…

•Par courriel: le plus efficace (mais n’attendez pas de réponse la fin de semaine ou en soirée)

•En classe: je serai parfois disponible un peu avant le cours et après

•Prendre rendez-vous…

À éviter

•Téléphone? Je ne vérifie pas mes messages!

•Facebook, autres réseaux sociaux, courriel personnel ou téléphone personnel? N’y pensez même pas!

Lectures obligatoires

•Un recueil qui devrait être prêt dans la première semaine

•Les deux textes dont vous avez les URL sur votre plan de cours.

•Quelques extraits de textes anciensaccessibles sur internet:

•Un à deux textes par semaine (lorsque pertinent)

•Obligatoires pour les discussions en classe

•À l’examen

Pour la semaine prochaine

Textes à lire

• En lien avec le cours d’aujourd’hui:

• Diamond, J. (1987). The Worst Mistake in the History of the Human Race.

Discover Magazine, Mai, 64-66.

• Phillips, K. M., et Reay, B. (2011). Sin. Sex before Sexuality : A premodern history(pp. 17-39). Cambridge, UK : Polity Press.

• Pour le prochain cours:

• Gagnon, M., et Hébert D. (2000). Les leçons de l’histoire des sciences : trois approches épistémologiques. En quête de science. Introduction à l’épistémologie(pp. 221-252). Montréal, Canada : Fides.

• Aussi: les entrées du SexoWiki associées au contenu de cours

Élection

•Élection de la représentante ou du représentant groupe-cours (https://youtu.be/GtrmxrvIrQI)

Suite du cours

Les grandes périodes historiques La révolution néolithique Mœurs sexuelles prémodernes Discours religieux prémodernes

Les grandes périodes de l’histoire

Ou comment résumer l’histoire de l’humanité en 10-15 tranches d’histoire

Les grandes périodes historiques

La périodisation: pertinence et biais

• Le découpage de l’histoire en tranches permettra une mise en contexte socioculturelle et historique des éléments présentés dans ce cours.

• Les noms et dates des périodes et les événements soulignés font principalement référence à l’histoire de l’occident et aux événements pertinents à l’études des mœurs, discours et pratiques associées à la sexualité humaine.

Aller @

Révolution néolithique

Ou les transformations de l’intime lors de l’émergence de la civilisation

Plan

Matériel associé

• Texte : Diamond (1987). Cet article décrit les principaux impacts de la révolution néolithique et met plus l’emphase sur les conséquences négatives. La thèse de l’auteur est développée plus en détails dans un ouvrage de 1997 (Guns, Germs and Steel: The Fate of Human Societies) qui gagna un Pulitzer en 1998.

• Entrées du SexoWiki (révolution néolithique, grandes

périodes #préhistoire)

Révolution néolithique

Ce que c’est

La période appelée le néolithique est associée à d’importantes transformations sociales qui nous affectent encore maintenant, au point qu’on parle souvent de révolution néolithique ou agricole.

L’autre grande révolution sociale est la révolution industrielle au 19e siècle

Révolution néolithique

Ce que c’est

Les principales caractéristiques de la transition au néolithique sont:

• Une sédentarisation graduelle de la majorité des groupes d’humains (c.-à-d., les premiers villages et villes);

• Le développement de l’agriculture (blé et orge en Europe, maïs et riz ailleurs);

• La domestication d’animaux pour fins de subsistance (chèvre, mouton, porc, bœuf) et autres (chat, cheval);

• Une importante hausse de la natalité, puis de la population.

Mœurs sexuelles avant la révolution néolithique

Rôles de genre et pouvoir économique Rapports de pouvoir économiques relativement équilibrés entre hommes et femmes durant la période paléolithique.

•Les rôles sexuels auraient été relativement flexibles/égalitaires car la distribution des rapports économiques entre les genres et entre les chasseurs vs

cueilleurs auraient été relativement équilibrés.

•L’apport nutritif de la cueillette était environ le double de celui de la chasse.

Mœurs sexuelles avant la révolution néolithique

Parentalité

Dans les sociétés nomades, les femmes portent les enfants jusqu’à environ 3-4 ans.

•La période d’allaitement est aussi généralement longuecar la mère est continuellement accessible pour l’enfant durant cette période (Bocquet-Appel et Naji, 2006).

•L’allaitement retarde le retour des menstruations et de la fertilité(jusqu’à 1-2 ans avec un allaitement intensif). La présence d’un enfant auprès de sa mère en tout temps ou presque peut aussi réduire les occasions de relations sexuelles.

On peut donc parler d’un contrôle des naissances par la relation mère-enfant.

Implications sexologiques de la révolution néolithique

Santé sexuelle et générale

• Augmentation des problèmes de malnutrition, de carences alimentaires et de santé générale, réduction de la taille adulte moyenne (d’environ 10 cm) et espérance de vie probablement plus courte;

• Accélération et facilitation de la propagation des maladies contagieuses (ITSS et autres);

• Augmentation des naissances et de la fertilité.

Implications sexologiques de la révolution néolithique

Pratiques sociosexuelles

• Développement d’inégalités sociales associées au genre;

• Émergence des bases du mariage et de la famille dite

traditionnelle.

Autres conséquences de la révolution néolithique

• Développement de la notion de propriété (territoriale et matérielle) et d’héritage suite à l’agriculture et la sédentarisation;

• Accumulation des biens et outils rendue possible avec la sédentarisation;

• Augmentation des guerres et conflits territoriaux, émergence des notions de frontières et militarisation pour combler les besoins de production;

• Spécialisation/division du travail et classes sociales;

• Complexification des sociétés.

Mœurs sexuelles prémodernes

… soit avant l’émergence de la sexologie

Plan

Matériel associé (mœurs et discours prémodernes)

• Texte : Sin (chapitre 1 de Phillips et Reay, 2011). On y détaille la conception de la sexualité dans le

christianisme du moyen-âge à la renaissance. Ce livre est la principale référence pour cette section.

• Entrées du SexoWiki (discours prémodernes, mœurs sexuelles)

Plan

• Variabilité des normes et des discours

• Sexualité prémaritale et adultère

• L’amour courtois

• Diversité sexuelle

Mœurs sexuelles prémodernes

Variabilité des normes et des discours

Les normes et discours sexuels, de genres et relationnels ont varié énormément d’une génération/époque à l’autre de l’antiquité au moyen-âge, et même en ne tenant compte que du moyen-âge chrétien catholique européen.

Toute synthèse n’est donc qu’une simplification d’une réalité beaucoup plus complexe.

Mœurs sexuelles prémodernes

Sexualité prémaritale et adultère

Les relations sexuelles prémaritales auraient été souvent tolérées et l’adultère relativement fréquent…

… même si les relations sexuelles hors mariage étaient officiellement prohibées par les discours religieux de l’époque.

Par exemple:

Vers la Renaissance, 20% à 25% des mariées en Angleterre étaient déjà enceintes lorsqu’elles arrivaient à l’église pour se marier (voir Phillips et Reay, 2011, p50).

Mœurs sexuelles prémodernes

L’amour courtois

Même si les relations sexuelles entre un homme et une femme non-mariés étaient tolérées,…

… il y avait une attente socialeque ces relations sexuelles étaient une entrée vers le mariage,

particulièrement si une naissance en résultait.

La notion d’amour courtois codifiait, du Moyen-âge à la Renaissance, le rituel et l’étiquette de fréquentation, particulièrement chez les nobles.

Mœurs sexuelles prémodernes

Diversité sexuelle

La notion d’identité sexuelle (ex: hétérosexuel, lesbienne, gai,…), ou même de communauté sexuelle, n’existait pas clairement ni explicitement avant l’ère moderne selon les sources documentaires actuellement disponibles.

Par contre, la présence d’une certaine diversité dans l’expression de la sexualité est démontrée (comportements, rôles sociaux et sexuels) dans les écrits de l’époque (incluant des documents de cour).

Mœurs sexuelles prémodernes

Diversité sexuelle

Exemples documentés du Moyen-âge à la Renaissance:

•Des unions entre personnes de même sexe;

•Des femmes prenant socialement le rôle d’un homme (habillement et agissements en société,

utilisation d’un godemiché) pour courtiser ou se marier à une femme;

•Des hommes attirés par les femmes et les jeunes hommes;

•Des amitiés particulières entre religieuses.

Discours religieux prémodernes

… soit avant l’émergence de la sexologie

Plan

La sexualité et le christianisme

•Contexte sociohistorique

•Christianisme v. catholicisme (point de clarification)

•Variabilité des normes et des discours

•L’essentiel

•Avant le christianisme

Le péché de la chair dans l’Église catholique

•L’idéal sexuel de la chrétienté

Plan

Mariage et célibat

La sodomie

•Essentiel et référence biblique

•« Ce-péché-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom »

•Diversité des définitions

•Sodomie et hérésie

La sexualité et le christianisme

Contexte sociohistorique

• Les plus anciens textes sacrés du Judaïsme auraient été écrits à partir du 11e ou 10e siècles AEC et l’ensemble du corpus aurait été consolidé vers le 3e siècle AEC.

• Le Christianisme apparait au 1er siècle et devient religion d’état de l’empire romain en 380.

• L’Islam apparait au début du 7e siècle et le monde musulman vivra un âge d’or scientifique, économique et culturel du 8e siècle au 13e siècle.

La sexualité et le christianisme

Christianisme v. catholicisme (point de clarification)

•Le christianismeinclut toutes les traditions chrétiennes (de Jésus Christ). Ex: les Catholiques, Protestants, Orthodoxes, Anglicans, Mormons, Témoins de Jehova, Luthériens, Amish.

•L’Église catholique est la plus grande Église chrétienne (avec plus d’un milliard de baptisés). Elle a eu une énorme influence sur l’Europe, surtout après être devenue religion d’État à Rome (380). Le pape est à sa tête.

•Les traditions protestantes et anglicanes

apparaissent à la Renaissance (15^esiècle) comme des schismes de l’Église catholique.

La sexualité et le christianisme

L’essentiel de la pensée chrétienne sur la sexualité

•La tradition chrétienne oppose (a) un idéal d’abstinence sexuelleou de sexualité contrôlée (la contenance) et exclusivement à visée procréative et dans le cadre du mariage,à (b) une sexualité débridéeet hors de contrôle.

•C’est cette tension entre la volonté et les passions qui résume le mieux la pensée chrétienne à ce sujet.

•Les actes sexuels à visée non-reproductivesont donc considérés comme étant le résultat d’une faiblesse de la volonté ou d’une incapacité à retenir ses pulsions de façon moralement acceptable.

La sexualité et le christianisme

Avant le christianisme

•Le Judaïsmereconnait déjà des restrictions et interdits concernant la sexualité. Les

comportements potentiellement néfastes pour la famille patriarcale, comme l’adultère, les relations de même sexe, l’inceste et la sexualité non-procréative y sont déjà vus comme étant interdits.

•Le stoïcisme, une philosophie fondée durant la Grèce antique (301 AEC), incitait aussi à la maîtrise des passions car elles troubleraient l’âme. La solution en est alors une de modération.

La sexualité et le christianisme

Avant le christianisme

•Le Christianismeprend la même direction générale que le Judaïsme et le stoïcisme, mais ajoute que même l’excitation, le désir et les pensées sexuels sont, au minimum, teintés par le péché.

•Cette interprétation rendra, à toutes fins pratiques, toute sexualité comme étant associée au péché. Les implications seront importantes.

Le péché de la chair dans l’Église catholique

L’idéal sexuel de la chrétienté

•Cet idéal est celui de la continence(ou contrôle) et, ultimement, de la chasteté. La sexualité y est vue comme dangereuse et souvent

problématique.

• À titre d’exemple, une grande majorité des biographies de saints et saintes catholiques mentionnent qu’ils/elles ont sacrifié une partie de l’expression de leur sexualité (abstinence, continence, virginité, chasteté, vie monastique, célibat,…) ou ont eu à combattre une tentation sexuel (d’un esprit maléfique,…) et, implicitement, que cela les rapprocha de Dieu.

l’Église catholique

Le péché originel

• Selon St-Augustin (5e siècle), le péché originel (Adam qui mange le fruit de la connaissance) se transmet à la descendance par le péché de la chair (la sexualité).

• Nous naissons donc tous pécheurs car nous avons été engendrés par la chair.

• Et de là l’importance de la virginité de Marie, mère de Jésus (l’immaculée conception) pour que le Christ ne soit pas teinté par le péché.

l’Église catholique

Le péché originel

• Selon St-Augustin (5e siècle), le péché originel (Adam qui mange le fruit de la connaissance) se transmet à la descendance par le péché de la chair (la sexualité).

• Nous naissons donc tous pécheurs car nous avons été engendrés par la chair.

• Et de là l’importance de la virginité de Marie, mère de Jésus (l’immaculée conception) pour que le Christ ne soit pas teinté par le péché.

Le péché de la chair dans l’Église catholique

Sexualité et procréation

• La sexualité est reconnue comme nécessaire à la procréation, mais son usage en dehors de cette fonction est vue comme étant problématique.

• Aussi, la sexualité est vue comme quelque chose qui éloigne de Dieu (en nous re-souillant par la marque du péché originel). C’est donc souvent vu comme quelque chose à éviter à tout prix, sauf en cas de nécessité.

• Il y a donc tension entre le besoin de sexualité (pour procréer) et le besoin d’éviter la sexualité (pour ne pas souiller son âme). Plusieurs auteurs chrétiens ont écrit sur le sujet (ex: explications, implications et solutions).

Le péché de la chair dans l’Église catholique

Hiérarchies des péchés sexuels

• Dès le 13e siècle, des hiérarchies de luxure (ou péchés sexuels) commencent à apparaître pour préciser le niveau de gravité associé à certains gestes.

• Ces hiérarchies pouvaient varier en termes de nombres de péchés et de leur ordre, mais elles se ressemblaient souvent.

Le péché de la chair dans l’Église catholique

Hiérarchie typique des péchés sexuels (du moins grave au plus grave)

•Sexualité à visée procréative dans le cadre du mariage;

•Fornication(relation sexuelle entre un homme et une femme qui ne sont pas mariés);

•Adultère(relation sexuelle entre une personne mariée et quelqu’un d’autre que son/sa conjoint.e, qui doit quand même être de sexe opposé);

•Inceste(particulièrement parent-enfant);

•…

Le péché de la chair dans l’Église catholique

Hiérarchie typique des péchés sexuels (du moins grave au plus grave)

•…

•Débauche(sexualité excessive, sans restriction et hors de contrôle, comportement immoral);

•Rapt(kidnapping d’une fille/femme sans le consentement de son père [qu’elle consente ou non] et/ou relation sexuelle imposée par la force [raptus ad stuprum]);

•Vice contre nature(incluant tout acte qui ne peut

Mariage et célibat

Le célibat (avec abstinence sexuelle) était considéré meilleur que le mariage, mais le mariage meilleur que d’avoir des relations sexuelles hors mariage.

•Selon St-Paul (1^ersiècle), « Il est mieux de ne pas se marier, mais mieux de se marier que de brûler de passion. » St-Paul (1^ersiècle)

•Selon St-Augustin (5^esiècle)le mariage est un moindre mal car :

(a) il amène une descendance;

(b) il canalise le désir charnel dans la sécurité d’une relation monogame;

(c) et il est indissoluble.

Mariage et célibat

Pour le clergé

• Le mariage des prêtres fut critiqué par certaines autorités dès le 4

siècle;

• Mais jusqu’au 12

siècle, il était courant pour un prêtre d’être marié (ou d’avoir une concubine), et d’avoir des enfants;

• Le mariage fut interdit au clergé en 1123, tant pour des raisons théologiques que pratiques (ex: contrôle de l’héritage);

• Les scandales sexuels chez le clergé auraient d’ailleurs augmenté de façon importante à partir de cette interdiction…

Mariage et célibat

Le devoir conjugal

• Il est du devoir de la personne mariée (particulièrement pour les femmes) d’accepter les demandes de relation sexuelle du conjoint.

• La notion de viol ou d’agression sexuelle entre personnes mariée ne fait donc pas de sens dans cette conception du mariage.

La sodomie

Essentiel

•Interprétation actuelle: pénétration anale.

•Du moyen-âge à la renaissance: grandes variations et plus inclusive.

La sodomie

Référence biblique

Sodome et Gomorrhe (Genèse [Bible/Torah])

•Les deux villes sont détruites par Dieu après que de habitants de Sodome eurent tenté de « connaître » (sexuellement?) de force deux anges hébergés par Loth, le neveu d’Abraham.

•Pas de référence à un acte précis.

La sodomie

« Ce-péché-dont-on-ne-doit-pas- prononcer-le-nom »

Le Voldemort des péchés: accusation grave, mais floue

• Souvent évoqué comme « ce péché dont il ne faut pas dire le nom » ou « ce péché sans nom »

Exemples:

• « I hardly dare speak of this vile and horrible sin… » - Jean Benedicti, 1610

• « Crimen inter Christianos non nominandum » - Au procès de Earl de Castlehaven, 1631

La sodomie

Diversité des définitions Éléments communs:

•Associée au péché capital de la luxure

•Réfère à des actes sexuels « contre- nature » (à visée non-reproductive)

Par contre, les gestes précis varient d’un auteur et d’une époque à l’autre.

La sodomie

Diversité des définitions

•Peter Damian (1049)limite le terme aux péchés sexuels des hommes: la pollution de soi (masturbation), la masturbation mutuelle, le coït intercrural (ou interfémoral) et la pénétration anale;

•Thomas D’Aquin (13e siècle)la définie comme étant une relation sexuelle entre hommes ou entre femmes;

•Au 14e siècle, le Fasciculus Morum, un manuel religieux, amalgame sodomie et péché contre nature (sexualité non-reproductive):

• « the fifth and last branch of lechery… the diabolical sin against nature, called sodomy. »

La sodomie

Diversité des définitions

•Pour Pierre d’Abano (14e siècle) la sodomie inclut frotter le pénis avec la main, entre les jambes de garçons ou autour de l’anus, ou mettre le pénis dans l’anus;

•À Venise aux 14e et 15e siècles, la sodomie réfère généralement à des actes entre hommes, mais aussi à des actes « contre-nature » avec des femmes ou des animaux.

•Les relations interfémorales entre Hs sont les gestes les plus souvent mentionnés dans les documents de court.

Implication: la proportion de sodomites dans ce cours est probablement plus grande que vous l’auriez imaginé!

La sodomie

Sodomie et hérésie

•L’accusation de sodomie est souvent amalgamée à celles d’hérésie, d’apostasie et d’athéisme.

•La sodomie représente donc plus une opposition à Dieuet l’ordre divin qu’un crime/péché sexuel.

•Bougre(bugger). Origine: les bogomils (de Bulgarie) accusés d’hérésie et de sodomie.

Autres groupes accusés:

• Les templiers;

• Les Italiens (sources anglaises, françaises, et allemandes), les Français (sources anglaises) et d’autres étrangers.