S ÉMINAIRE N. B OURBAKI
F RANÇOIS L OESER
Polytopes secondaires et discriminants
Séminaire N. Bourbaki, 1990-1991, exp. no742, p. 387-420.
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387
POLYTOPES SECONDAIRES ET DISCRIMINANTS
par
François
LOESERSéminaire BOURBAKI Juin 1991
43ème
année, 1990-91,
n° 742INTRODUCTION
Le but de cet
exposé
estd’expliquer pourquoi
dans4p3
+27q2
on a4 = 22 et 27 =
33.
A la suite de leurs travaux sur les fonctionshy- pergéométriques
associées à des variétéstoriques [G-K-Z 1], Gelfand, Kapranov
etZelevinsky
ont introduit un nouvelobjet
combinatoire as-socié à un ensemble fini de n
points
A dansR~ :
lepolytope
secondaireQQ(A),
décrit à l’aide destriangulations
* de A etplongé
dans Rn. Unde leur résultat
principal [G-K-Z 2],
que nous allons décrire dans cetexposé,
est queQQ(A)
est lepolyèdre
de Newton d’un discriminant as-socié à A. De
plus
ils donnent une formuleexplicite
pour les coefficients des monômes extrémaux de ce discriminant. Enparticulier
ce sont tou-jours,
ausigne près,
desproduits
d’entiers de la formeNN. Récemment, Kapranov,
Sturmfels etZelevinsky [K-S-Z]
ont donné uneprésentation plus conceptuelle
de ces résultats en terme dedégénérescences toriques
et de formes de Chow.
Le
plan
est le suivant. La section 1 est consacrée à ladescription
du
polytope secondaire,
de ses sommets et de ses arêtes. Dans la sec-tion 2 on énonce les
principaux
résultats sur lespolyèdres
de Newtondes discriminants. On donne
quelques exemples classiques (pour lesquels
* de telles
triangulations
avaient été considérées antérieurement par 0.Viro,
engéométrie algébrique
réelle(cf. [V]).
S.M.F.
Astérisque 201-202 - 203 (1991)
les résultats sont
cependant nouveaux)
en 3. Dans la sectionsuivante, plus technique,
on donne uneinterprétation géométrique
dudiscriminant, qui
permet dans la section 5 deprésenter
la démonstration deGelfand, Kapranov
etZelevinsky.
On expose brièvement(section 6)
le lien avecles fonctions
hypergéométriques.
Les sections suivantes sont consacrées àl’approche
récente deKapranov,
Sturmfels etZelevinsky.
Dans la section7,
on expose desgénéralités
concernant lesdégénérescences toriques
et lespolytopes
deChow,
et dans la suivante les résultats de Sturmfels sur les idéauxtoriques
et les éventails de Grôbner. Ceci nous permet deprésenter
dans la section 9 les résultats de
Kapranov,
Sturmfels etZelevinsky
con-cernant le
polytope
de Chow d’une variététorique, desquels
ondéduit,
dans la section
10,
une autre démonstration des résultatsprincipaux.
N.B. La théorie de
l’élimination,
des résultants et des formes de Chowa une
longue
histoire. Faute decompétence
nous ne tenterons pas de la retracer ici. C’est donc par choix délibéré que les références données sont exclusivement modernes.Signalons cependant
quel’interprétation
du résultant comme déterminant d’un
complexe
de Koszul(cf.7.5)
sembleremonter, au
moins
enpartie,
àCayley,
etqu’elle
a étédéveloppée
dans uncadre
général
par E.Fischer(Über
dieCayley’sche Eliminations-methode,
Math. Z. 26
(1927), 497-550).
0. CONVENTIONS ET NOTATIONS
Pour k >
1,
on note[k] _ ~l, 2, ~ ~ ~, k~.
Si X CR~,
on noteQ(X)
l’enveloppe
convexe de X.Si M est un réseau de rang r dans
Rn,
la forme volume associée à M sur M 0z R est la mesure deLebesgue
normalisée de telle sorte que le volume d’une maille du réseau soitr !,
c’est-à-dire que le volume d’unsimplexe
standard soit 1.1. POLYTOPES SECONDAIRES
1.1
Rappelons qu’un
éventail dans Rn est une famille finie(Ca)aE j
decônes
polyédraux
telle que :(i)
Si C est une face deCa,
on a C =C~
pour un~i
E I.(ii) Quels
que soient a et~i
dansI, Ca
nC/3
est une face deCa
etC/3.
Un éventail
(Ca)aEI
estcomplet
si~03B1~IC03B1
= Rn. A unpolytope
I~ dans Rn on associe un éventail
complet F(K)
de la manière suivante.Pour tout
point
p deI~,
soit(( , ) désignant
leproduit
scalaire euclidienusuel).
Si T est une facede
Il,
on définitC(I~, T)
comme étantégal
à pour p unpoint
de l’intérieur relatif de T. L’éventail
F(K)
est la famille desC(I(, T),
Tdécrivant l’ensemble des faces de ~~.
1.2 Soit A =
~al, ~ ~ ~, an}
un ensemble de npoints
distincts deRk
etQ(A) l’enveloppe
convexe deA,
que l’on suppose de dimension k - 1.Une
triangulation
de A est par définition unetriangulation simpliciale
Tde
Q(A),
telle que les sommets dessimplexes
de Tappartiennent
à A.On notera
T(A)
l’ensemble destriangulations
de A. Plusprécisément
on voit un élément T de
T(A)
comme une famille(a)aET d’applications
strictement
croissantes, ~ :
:[k]
-~(n~ .
On associe à a lesimplexe à enveloppe
convexe desQue
T soit unetriangulation
deQ(A)
estéquivalent
aux deux conditions suivantes :(i)
(ii)
Si a et ~’appartiennent
àT,
l’intersection a n a’ est soitvide,
soitune face de (7 et 7~.
Plus loin on sera
parfois amené,
par abus delangage,
àappeler
lesa
(et
lesa)
dessimplexes
de dimension maximale et les faces des 03C3(et
des
a)
dessimplexes.
1.3 A une
triangulation
T ET (A)
on vaassocier,
suivant[G-K-Z 2],
uncône
polyédral
dans Rn de lafaçon
suivante. On identifie tout d’abord Rn àRA (~1, ~ ~ ~ , lbn)
ERn,
on écrit donc Toutvecteur 1/;
de Rn détermine une fonction continue gT,~ : :i~(A) -~ R,
affine sur chacun des
simplexes E T,
et telle que si ai est sommetd’un
simplexe
r,g~~~(ai) _ ~(ai).
On définit le côneC(A, T )
commel’ensemble
des 03C8
tels que :(i)
La fonction soit convexe.(ii)
Pour tout ai EA, gT~~,(ai) 2~(ai).
(Un point
de A n’est pas nécessairement un sommet deT.)
On vérifieque
.~’(A) _ (C(A,
est un éventailcomplet.
1.4 On définit les subdivisions
polyédrales
deQ(A),
ayant leurs som-mets dans A de
façon
similaire auxtriangulations;
ce sont descomplexes polyédraux
au lieu d’être descomplexes simpliciaux.
A toutvecteur ~
deRn associons une subdivision
polyédrale
deQ(A),
ayant ses sommetsdans
A,
comme suit. SoitP1j; l’enveloppe
convexe despoints (ai,
danson obtient
Q~
enprojetant
l’ensemble des faces compactes duconvexe
P~
+~0}~
xR+
surRk.
Une telle subdivisionpolyédrale
estdite
régulière. Pour ~ général, Q,~
est unetriangulation.
Si T est unetriangulation régulière,
il est clair que l’ensembledes 03C8
tels queQ03C8
= Test
égal
à l’intérieur du côneC(A, T ).
On vérifie que,réciproquement,
si
C(A, T)
est d’intérieur nonvide,
T estrégulière.
Engénéral
une sub-division
polyédrale
estrégulière
si et seulement si il existe une fonctioncontinue sur
Q(A),
affine sur chacun despolytopes
de la subdivision et strictement convexe(en
un sensévident).
On notera
T° (A)
l’ensemble destriangulations régulières
de A.1.5 Tous les éventails
complets
ne sont pas nécessairement de la formeF(K),
avec I( unpolytope.
Nous allons voir que c’estcependant
le casde l’éventail
.~’(A).
Notons(el, ~ ~ ~ , en)
la basecanonique
de Rn. Onva
définir,
suivant[G-K-Z 2],
un nouvelobjet
associé à A : lepolytope
secondaire