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1ER COURS
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LE CONCEPT D 1 ANII~NrION
1 . - Un sol de mots instabl es .
Li s te d es mots e t termes r enco ntr és Les rai sons de cett.e i nstabi li té
d ' ordre historique d ' ordre in s Litutj.on11 el
dl ordre idéolog ique.II. - Essai de classif:Lcation des termes . Expli cation du schéma proposé
1I1.- Les pr.incipaux termes et leursd:i;vers sens
1 . Educatio n popul aire , Culture populùire , ouvrière
I,'égi'tlité
devânt la cu lture
Le C0ITtba t con tre 1.' a lié nation cul turelle
Un e
cult~rede c l asse
dans un sens e thnologic!ue
dans un sens de lutt e des classes .
2. I.e cul t.ureJ., le socia-culturel, le socio-éducatl. f ...Le
so~io.êducati.fet J eunesse et spor ts La cultu re. e t les affaires c ultur el les Le social et l es affai r es soc iales Le pr6fixe
'~ccio."3. L ' Animation
Le s raisons
deson appar.ition
Les d i ve rses significations àu terme (schéma nO 2)
4. Diffusion,dction ,
développement: cuJturelL ' idée de diffus ion et de déce nt ralisation
L'action et lapolitiq ue
interventionisteLe développemen c et le co n c.cxte
planifiçateurLi ste de s ouvrages consu ltés .
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1 - Un sol de mots instables
IITout exposé concernant les problèmes culturels avance sur un sol de mots instables
leurs significations tiennent
lides fonctionnements dans des idéo- logies et des systèmes disparates".
MiclEl de Certeau ... La culture au pluriel.
Notre pratique
1une certaine habitude de J.
1écoute des milieux qui' travaillent dans le secteur concerné (que pour
l'instant nous hésitons à nommer),nous conduit à des observations analogues
àcelles de Michel de CERTEAU.
Une même difficulté pour circonscrire le champ de
18'lr5investiga- tions transparaissait d'ailleurs dans les rapports de la commission des acti- vités socio éducatives du sixième plan:
IILafrontière est très floue entre le
socio-éduc~tif,d'une part, le culturel, le social ou le tourisme d'autre part ... "
Que ce soit au travers de nos lectures, que ce soit au travers de réunions ou d'entretiens, nous relevons,nour désigner des activités souvent semblables en apparence, une multitude de mots, de notions variées, disparates dont la liste pour n'être pas exhaustive, est assez significative:
L'éducation populaire La culture populaire La culture ouvrière La culture bourgeoise La culture
L'action culturelle
Le développement culturel La diffusion culturelle L'animation
Une animation
L'animation socio-culturelle L'animation socie-éducative L'animation globale
L'animation concertée
Le travail social
L'action sociale
La politique sociale
La politique cultureU'e
la politique éducative
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Le système sacia-culturel d'éducation permanente L'éducation culturelle
LI
animation cOinmerciale L'animation de groupe
L'animation de collectivités Les oeuvres post scolaires Les oeuvres péri scolaires Loisir et culture
Tourisme social
Activités sacia éducatives La Cul ture - Action
Tenter d'y mettre un peu d'ordre, c'est déjà tenter de mieux cir- conscrire le champ de notre recherche et commencer à en clarifier les con- tenus.
Il ne s'agit pas de prétendre imposer un terme commun, utilisable par tous, dont la définition serait parfaitement au point. Il est sans doute dans la nature même de notre secteur, mouvant, en permanente recherche de son identité d'llavancer sur un sol de mots instable9. Il s'agira d'essayer de rendre compte de cette instabilité.
On oeut expliquer ce maquis de mots et de sens par des raisons his- toriques, institutionnelles et idéologiques.
Nous verrons, en effet, que certains termes apparaissent à des épo·- ques précises. Un mot apparait fréquemment pour en chasser un autre jusqu'- alors utilisé, sous le prétexte qu
1i l désigne
W1eréalité, un ensemble d' ac- tions et d'attitudes contestées ou que son lIaura
liest mauvaise.
La diversité des termes tient encore à la diversité des institutions concernées. Les institutions semblent vouloir tenir les citadelles conquises, en gardant les étendards conceptuels. L'exemple le plus frappant est celui de la Jeunesse et les Sports, en filiation avec l'Education Nationale, qui
tient aux terminologies d'animation socio-éducative, après avoir tenu le ter- me d'Education Populaire tandis que le ministère des affaires culturelles et ses satellites en tiennent pour "l'action culturelle".
Ils peuvent encore être l'expression de finalités différentes. En- core qu'il y ait lieu d'être prudent sur ce point, dans la mesure où le dis- cours peut tenir compte de finalités, le discours étant quelquefois illusoire, voire mystificateur. Beaucoup d'animateurs savent aujourd'hui que le discours est "piégé!! et seraient prêts
àsouscrire aux réflexions de JO TREHARD, alors directeur de la maison de la culture de Caen
IILes mots, les formules, oui, nous nous interrogeons sur eux; oui,
nous savons qu'ils peuvent être des pièges, qu'ils recouvrent bien souvent
des idées aussi gC;;néreuses et définitives qu'imprécises ou erronées.
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.. Culture . . . . culture populaire . . . . diffusion de la culture .... ces mots ne peuvent nous cacher. "l'étrange et douloureux divorce
llqui sépare la pensée de l'action, le vrai du réel",
(Bulletin de la Maison de la Culture de Caen. - 1965)
II - Essai de classification des termes.
L'observation attentive de la longue liste des termes employés ner- met de mettre
fijour un certain fonctionnement du discours et d'en expliquer le mécanisme (Cf. schéma nO 1).
Au centre du dispositif, se trouvent trois termes clefs - culture
- éducation - social.
On observe de suite qu'à chacun des termes correspond un secteur ministériel: l'éducation nationale (et, jeunesse et sports qui fu'C. longtemps dans sa mouvance)
1les affaires sociales et les affaires culturelles. Les mots nous renvoient donc aussi
àune certaine organisation administrative, à une certaine conception de la répartition des tâches et des fonctions.
Chacun des troi s termes
Cineu à peu produit un Sous-t2rme par le jeu des suffixes et des mots composés qui rend compte d'une liaison possible avec le secteur voisin :
- socio-culturel - socio-éducatif
- éducation culturelle
On remarquera que nous sonunes encore renvoyés vers des instj_tutions avec "socio éducatif", à ce qui se trouve dans la mouvance de
jeunesse et sport et de l'éducation nationale.
avec "socio-culturel", à ce qui se trouve dans la mouvance
desaf- faires et institutions sociales et du ministère de l'agricul- ture.
avec lIeducation culturelle" au ministère de
11agriculture.
Les mots clefs, culture, social, éducation ainsi que leurs composés,
entrent ordinairement en combinaison soit avec un noyau de qualificatifs déjà
anciens : populaire, ouvrier, :r:ura1, etc ... , soit avec une couronne de qua tl'.-e
substantifs qui se sont nlus recemment imposés animation, action, dévelop-
pement, diffusion.
•
N'~
. -
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III - Principaux termes, diversité de sens.
Ce tahleau de classification des termes mis en place, i l nous faut le reparcourir plus attentivement pour nous arrêter sur quelques notions ou expressions plus courantes et tenter d'en dégager le sens.
1) Education populaire
Culture populaire, ouvrière . . .
Le terme d'lIéducation populaire
llaura
étélongtemps utilisé par
l'ensemble des courants, institutions, pratiques élaborées par les mouvementsde jeunesse,
Jesecteur associatif et officialisé par le secrétariat d'Etat à la
jeunesse et aux soorts.
Dans l'organigramme du secrétariat d'état apparaîtra longtemps un bureau de l'éducation Dopulaire ; les associations ou mouvements recoivent un agrément se référant à la notion d'éducation populaire; le premier diplôme national mis en place pour consacrer la qualification professionnelle des ani-
mateurs et responsables divers s'intit.ulait la D E CEP (Diplôme d'Etat de
Conseiller d'Education Populaire).L'ensemble des mouvements de jeunes et d'adultes sont encore aujour- d'hui rassemblés
à
l'int:érieur du C N A J E P : "Conseil National des Asso- ciations de Jeunes et d'Education Populaire".Par ailleurs, la notion de culture populaire, de culture ouvrière est présente dans le discours des syndicats ouvriers, comme dans celui des militants et mouvements issus du syndicalisme. La référence est présente dans la dénomination de certains mouvements de l'après-guerre. Peuple et Culture, Centre de Culture Ouvrière, 'rravail et Culture ...
Quand on emploie la terminologie d'éducation populaire ou celle de culture ouvrière ou populaire, l'accent est mis sur la référence au peuple et au monde ouvrier. Mais cette référence peut avoir plusieurs sens.
L'égalité devant la culture.
L'éducation populaire apparaît ordinairement dans les ~rogram~es gé- nér(,ux de la gauche, dans celui du Front Populaire de lq36 1 incarnée par Léo LAGRANGE secrétaire d'Etat aux loisirs on retrouve le même idéal dans les mouvements issus de la résistance.
1936 symbolise pour le mouvement ouvrier la conquête du loisir pour tous: les 3/8, les congés payés, la semaine de quarante heures . . . • qui de- vait déboucher, au delà du repos et de la détente, sur une promotion cultu- relle de la classe ouvrière. En même temps que les lois, les accords sur le temps de loisir, sont créés pour les travailleurs des organismes de voyage éducatif, des théâtres itinérants . . .
La pensée qui sous tend cet ensemble d'actions politiques et sociales, est celle du nécessaire partage des "biens culturels Il qui n'ont plus à être réservés à une élite. Finalement, derrière la notion d'éducation populaire, on trouve la volonté d'une meilleure répartition des biens de la culture.
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Dans }n pensée de gauche traditionnelle, .
.cela s'accompagne d'un refus de tout ouvrierisme. La culture n'est pas bourgeoise par ses contenus, elle l'est par son ,nuhlie qui jouit de privilèges qu'il faut combattre en permettant
àchaque citoyen d'y accéder égalitairement.
Ainsi s'exprimera Roland LEROY, chargé des problèmes culturels au P C F
"Le problème n lest pas de fabriquer un ersatz de culture à .la portée de la classe ouvriRre, mais de faire disparaitre les obstacles sociaux qui freinent l'accès de la classe ouvrière à la culture cont.emporaine".
De même, François MITTERAND en 1974 à Avignon, après avoir fait réfé- rence à la nécessaire "conquête du temps de vivre" dira: "Nous cherchons
àrenverser l'ordre des choses, à étendre au niveau populaire une culture réservée soit à une élite soit
âune classe".
Cette idée d'une action visant
àla répartition égalitaire des biens de culture, e.pparaît encore dans le discours des principaux ministres des af-
faires culturelles de la cinquième République. Ils font régulièrement allusion dans leurs programmes
àla lutte nécessaire, con1:r:"e les inégalités culturelles.
Ils parlent de culture pour tous. Seul, Michel GUY dans un entretien paru dans le Monde du 14/6/75 tendait à renverser les termes des propositions de ses pré- décesseurs : ''.Je pa:!:'le de culture pour chacun et non de culture pour tous
ll •. Le combat contre l'aliénation culturelle.
S'il existe un certain cônsëï1sus a1..Îtour··de la nécessaire répartition du savoir et de la culture, à tout le moins dans les paroles puisque c'est de cela que nous traitons ici, i l n'en va pas de même si les termes d'éducation populaire ou de culture ouvrière signifient une lutte à mener contre une aliéna- tion à caractère culturel
Dans le discours d'Avignon déjà cité, ltiITTERAND parle de l
t"oppression culturelle" .
Pour ceux qui s 'y réfèrent, l'aliénation culturelle accompagne né- cessairement l'aliénation économique.
C'est toute la thèse de Jacques CHARPEN'rREAU dans !!l'homme séparé!! :
"Par rapport à la bourgeoisie, pouvant dominer les moyens de masse, n'ayant d'ailleurs pas à remettre en cause l'explication du monde qui lui est donné car c'est la sienne, le travailleur reste bien un
horr~eséparé. L'acces- sion
âl'instruction primaire marque un progrès si l'on se réfère à la classe des travailleurs manuels du XIXème siècle; mais l'aliénation culturelle a sim- plement changé de niveau".
Pour CHARPENTREAU
Il'aliénation culturelle est par nécessité liée
àl'aliénation économique. Les sys tèmes de télédiffusion massive di ffusent des produits qui proposent une explication du monde en conformité avec l'ordre éco- nomique instauré et tendant en conséquence
àla conforter. Faire un travail de culture populaire, c'est selon lui
lmener une entreprise de désaliénation et par
ricochet atteindre l'ordre économique.
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Le concept d'aliénation culturelle a fait l'objet des travaux de paul CHOHBAR1' de LAUWE. Il définit ce type d'aliénation par la "perte de conscience des aspirations". Il voit au travers de l'entreprise culturelle dominante, une technique de manipula.tion des aspirations aboutissant à l'apparition récente d'une nouvelle forme de prolétariat, qu'il carctérise comme étant celui de la sou- mission.
Toutefois CHOHBART de LAUWF. délie un peu le concept d'aliénation cul- turelle, de celui d'aliénation économique. Il considère, en effet, que ce prolé- tariat de la soumission réunit des individus qui par ailleurs peuvent être rela- tivement favorisés sur le plan matériel.
UNF. CULTURF. DE CLASSE.
Dans le premier sens donné au terme d'éducation populaire ou de culture ouvrière, l'idée forte autour de laquelle s'organisent la réflexion et les actions, est celle dlune culture unique et universelle, qu'une classe se serait approprlee et qu'il suffirait de redistribuer à l'ensemble de ses destinataires naturels.
Au troisième sens, l'emploi des qualifiants populaire, ouvrière signifie d'abord que la culture est "pluriel", pour reprendre le vacable utilis" par Hichel de CERTEAU.
Il existerait donc une culture ouvrière, rurale, bourgeoise, de rùême que des culturr.:!s régionales.
Nais on peut encore entendre cela dans un double sens :
+ le sens le plus admis est ethnologique - La culture étant le produit des façons devivre-;--des systèïnes de relations;-arun mode d'appropriation du monde, il existe des cultures différenciées. Dans ce cas, le mot l'culture" est synonyme de société ou de civilisation. Parce qu'il existe une société ou une civilisation rurale, on peut parlet de culture rurale. Parce qu'il existe une civilisation à base de travail manuel, on peut parler de culture ouvrière.
Dès lors si l'on parle d'éducation populaire, de culture populaire, il faut tout
àla fois reconnaître l'existence de cette pluralité des cultures et les respecter, en se refusant notamment à conserver les échelles de valeurs comme celles qui se sont introduites entre arts majeurs et arts mineurs - entre art et artisant - entre savoir et savoir faire.
D'une certaine façon, l'effort entrepris par Lionnel STORELU,
secrét~ired'
ét~ d~~)egouvernement de Raymond BARRE, autour àe la tlr.evalorisation du tra- vail manuel", s'inscrit dans ce mode d'interprétation du concept de culture ou- vrière.
+ mais pour d'autres, le sens est encore différent. La
cultu~~-E~~le produit de la lutte des classes. Pour eux, la culture ouvrière est à la fois
le produit et l'expression des luttes ouvrières. C'est ainsi que les grèves, les
meetings, les manifestations ... au delà de leurs fonctions revendicatives, ont
ulle signification culturelle.
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Micœl de CERTEAU perçait dans les formes prises par certaines luttes politiques ou syndicales depuis 1968 un important fait culturel: "les manifes- tations dites "sauvages
Ilprésentent un type de mouvement dont la forme est cul- turelle, parce que les participants ne peuvent plus exprimer leu:rs requêtes dans les cadres socio-politiques traditionnels".
Ainsi lorsque les organisations syndicalûs parlent de culture ouvrière, ils tendent
àdésigner l'ensemble des analyses, des valeurs, des attitudes, des expressions ... produites et pratiquées collectivenJent dans le cadre dé la lutte des classes.
+
+ +
Dès maintenant, nous sommes conduit à constater que cherchant
àcerner de plus près les mots, les notions les plus courant.es, non seulement nous devons
faire face à un maquis verbal, mais encore à un maquis de signification. Il va de soi que derrière cette diversité des sens et des termes, nous trouvons une diversitn d'actions et de projets.
La poursuite de notre investigation confirmera cette première impres- sion.
.2 .-Le culturel, le socio-cu.!-tu"el, socio-éducatif.
Le terme "d'éducation po)?ulaire" qui prévalait dans les années 60 celui de "culture f)oçmlaire" auquel étaient at.tachés nombre de mouvements et associations, tend
àdisparaître du langage institutionnel. L'emploi du vo- cable aujourd'hui semble plutôt signe d'un attachement à des institutions et des modes d'action du passé.
On peut considérer comme significatif de cette tendance que l'un des mouvements attachés dans le passé
àla notion d'une culture spécifique aux tra- vailleurs, ait transformé son sigle et se soit appelé "Culture et Liberté"
après s'être appelé Centre de Culture Ouvrière".
Le passage de l'éducation populaire au socio éducatif correspond aussi
àun glissement du langage militant vers une terminologie d'inspiration socio- logique, plus technocratique.
Aujourd' hui, ?ri vé, de leurs références de classe ture, tendent
àréapparaître
de leurs épithètes populai1re, ouvrière, ou de milieu. .• les concepts d 'éduca tim avec une signification d'universalité.
rurale ...
et de cul-
A la Jeunesse et Sports,
àl'Education Nationak. et dans les i.ns-
titutions et mouvements qui en dépendent, la notion de "socio éducatif
l ll'em-
porte sur celle d'éducation 'populaire.
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Après 1 %H, 1 e diplôme d'Etat (DECEP) se transforme ct devient le C1\Pl\.SE : ce.rtificnt. d'
,,~)titudeprofessionnelle aux activités sacia éducatives.
Le bureau de l'éducation populaire a fait place à une Direction de la jeunesse et des acti.vités socia éducatives. A la même époque, l'Education Nationale rend offie 1elle l
rexis tence dans les établissements du second degré, de foyers socio-
éducatifs.
1Ainsi donc les mouvements et associations dites hier d1lléducation po- pulaire" ou de "culture populaire", et l'institution scolaire proprement dite se retrouvent unies pour adopter une même appellation contrôlée. Au delà des faits conjoncturels; on peut y voir le souci pour l'école d'affirmer son pouvoir et son rôle éducatif. Pourtant l'éducatif se différenciant de l '
~._.enseignementsemble commencer ainsi/une fois la mission d'enseigner remplie. En quelque sorte, l'éducatif serait constitué
c1.~tout ce qui reste
àentreprendre par l'école et ses appendices, une fois remplie la mission d'enseigner.
Alors que l'enseignement s'exerce principalement dans la salle de clas- se l'éducatif quant à lui trouverait avec la cour de récréation, les jours de
con~lPs,les temps de vacances, le foyer des élèves un espace pour s' y pro- duire. C'est:
àpeine, si un timide "dix pour cent", facultatif de toute manière, se charge d'introduire au coeur de l'enseignement un peu de socio éducatif.
La culture quant à elle apparaît comme un territoire réservé
lil'ad··
ministration des Affaires Cultur2l1es. Avec le ministè.re
t .. aj ..llé sur mesure pour André MALRl\UX par le Général de Gaulle en 1958, elle tend à prendre une dimension sacrée, voire religieuse. En cela, les Affaires Culturelles se déma.rquent le plus possible de l'action et surtout des activités exercées sous tutelle Jeunesse et Sports.
En diverses circonstances, André MALRAUX devait à ce su.jet s'exprimer très clairement: ainsi, dans le discours prononcé le 18 avril 1964 pour l'inau- guration de la 1-1aison de la Culture de Bourges :
"Ce qui est la racine de la culture c'est que la civilisation qui est la nôtre et qui, même dans des pays en partie religieux, n'est plus une civilisation
r~ligieuse,laisse l'homme en face de son destin et du sens de sa vie. Et ce qu'on appelle la culture, c'est ·l'ensemble des réponses mystérieuses que peut se faire un homme lorsqu'il re- garde dans une glace ce que sera son visage de mort !"
Dans le même discours, t-lALRAUX prenait très directement le cont.repied de la doctrine du "loisir éducatif" prévalant dans les milieux de la Jeunesse et des Sports"
" Oui il faut que les gens aient des loisirs. Oui i l faut les aider
àavoir les meilleurs loisirs du monde. 1-1ais, si la culture existe, ce n'est pas du tout pour que les gens s'amusent parce qu'ils peu- vent aussi s'amuser et peut-être bien davantage, avec toute autre chose et même aveC le pire".
Le gaullisme propice à ces visions hautes et mystiques s'effritant,
les successeurs d'André MALRAUX baisseront chaque fois plus le niveau de leurs
discours et
d~le'.lrs intentions, mais i l restera trace longtemps du passage de
MALRAUX au Ministère de la culture.
- I l -
Pierre EM.Ml\NUEL qui fut par deux fois président de la Conunission du
Plan consacréeà
la Culture, la décrit, dans le livre qui r21ate son actioncomme un effort continu des peuples vers 11harmonie : "llanti babel où chacun
parle sa langue sans ignorer celle des autres, où les intérêts différents sont encastrés dans les mêmes fondationsll•La culture, c'est
à
terme la société sans classe pour ces hommes.LI
idéal culturel rejoint l'idéal gaullistf de la participation, négation de la
lutte des classes.Le che f de cabinet de Jacques DUHAt-ŒL, l'un des successeurs de MALRAUX,
Jacques
RIGAUDc1f>crit la culture comme une "manière de religion laïque destinée à
retrouver l'unité morale et sociale".Ainsi, en simplifiant volontairement le propos, l'écart entre l'éduca- t i f et le culturel peut se définir ainsi
- dans le secteur éducatif, on tend il mettre l'accent sur l'activité, les activités, autant de moyens pour chaque individu d'occuper intelligemment ses loisirs, d'exprimer ses potentialités, d'exercer ses responsabilités.
- dans le secteur cul turcl, i l Si agi t. avant tout de proposer ·à tous la contemplation des oeuvres prestigieuses.
Mais entre, ou
à
côté de 1.1 T éducatif ct du cul turcl surgit le social.Un lIsoc ial ll qui tend
à
dépasser, parce qu'il ne la cont.ente plus, sa tradition- nelle mission d'aides, d'assistance, de prestation de service. Un "socialll'qui cherchantà
renouvc: 1er son image, tout autant que ses final ités, tendà
affir- mer une fonction éducative et culturelle.Dans ce sens, on a pu voir s'affirmer l'évolution des "centres sociaux"
sous tutelle du ministère des affaires social'es.
LI un des derniers signes de cette évolution sera l'entente réalisée entre le minist.ère de la qualité de la vie (Jeunesse et Sport) et celui de la Santé et des Affaires Sociales pour une transformation du CAP A S E (certifi- cat d' apti tude professionnelle aux acti vi tés socio éducatives en un D A PAS S E commun, diplôme d'aptitudes professionnelles
à
l'animation sociale et socio édu- cative.C'est dans les années 65 que se répandirent progressivement les nou- veaux vocables socio éducatifs et socio culturels. Quelles sont donc les raisons qui contribuent à la vogue du préfixe? outre la culture et l'éducatif, i l s'ac- cole encore volontiers à l'économique, au politique: on fait du socio économique, du socio politique comme du socio éducatif ou de la socio culture.
Sans doute,sonne-t-il
à
l'oreille de beaucoup comme un diminutif ai- mable : le socio culturel fait un peu moins culturel, le socio éducatif un peu moins éducatif, le socio politique moins politique . . . le vocable devient moins intimidant, moins rébarbatif, moins compromettant peut-être. Il indique des pro-jets d' aITLl:Jition moindre , comparés par exemple
à
ceux qui alimentent les discours d'André MALRAUX.- 12 -
Le terme désigne par ailleurs des institutions à caractère mixte : lorsque les institutions traditionnellement sociales sc
dormentdes objectifs culturels ou éducatifs ou lorsque les institutions éducatives et culturelles étendent le champ de leurs activités à des actions de caractère social. Au mieux il indique une volonté de décloisonnement entre l('s actions de divers types.
La préfixation peut aussi indiquer une volonté d'infléchir les contenus de la culture ou de l' éduca tian. Il
Siagit pour certains de mettre l'accent sur une culture socialement impliquée
1ouverte aux Ç>roblèmes de la vie quotidienne, aux questions de l'homme contemporain.
De même, le socio éducatif apparaît en même temps que se répandent les théories d'ouverture de l'école
àla vie, à la société, au monde extérieur.
L'intention est assez clairement indiquée dans le rapport de la commis- sion du sixième plan des activités socio éducatives:
IIpermettre de passer du passe temps utile ou agréable au besoin et
àla capaci té d'une découverte active des réalités sociales. La mise en reJlation de chacun avec la signification des divers ensembles où il se retire est un besoin profond, même s'il n'est parfois que confusément ressenti".
Le C N A
JE P (conseil national des associations de jeunesse et d'éducat_ion populaire) au nom des 65 organisations qu'il représente prenait en 1972, allant;. dans le même sens, position corrunune pour "une pédagogie faisant appel à la participation, à l'initiative, à la créativité
iune formation de leurs membres leur permettant de se situer dans la société et de participer à sa tr-ùns forma tion ... "
Certains tentent de dépasser le côté aimable ou part.icipationiste de ces vocables qui allient l'éducatif, le culturel et le social pour
yvoir une di-
rection nouvelle Dour un combat culturel. Michel de CERTEAU y voit des perspec- tives pour dp.finir une action de transformation.
"On ne peut dissocier l'acte de comprendre l'environnement et la volon- té de le changer. La culture en reçoit une définition: il n'est possible de dire le sens d'une situation qu'en fonction d'une action entreprise pour la
transformer. Une production sociale est la condition d'une product.ion culturelle".
Paul Henry CH0MBARI' de LAtJ1iJE affirme quant
àlui que "la culture est présente dans toutes les formes de la vie sociale comme le produit et le moteur des transformations".
3) Animation.
Dans la couronne .des substantifs que notre schéma a fait -apparaître, l'animation est sans doute le .nlus beau fleuron. Il est apparu comme un mot clef, un mot magique, un mot mythique.
Avec le management, les publics relations::.J'animation n'est-elle pas un des maîtres mots d'une société en mal de communication? Il s'agit là de t.ermeS qu'on emploie lorsqu'on répugne à parler de direction, de pouvoir, de manipula-
tion, de propagande, de publicité, d'assistance.
- 13 -
D'O~ vient·-il ?
Quand apparait-il pour la première fois dans le lan- gage des mouvements d'éducation populaire? dans les associations et institu- tions culturelles
?Dans les structures de l'action sociale? Dans les magasins
?Dans les écoles? Dans les systèmes de diffusion: radio, télévision . . . ?
Il semble bien que ce soit entre 1955 et 1960 que le vocable se soit frayé progressivement un chemin là où on employait le mot d'éducation populaire
et de dirigeants
1là où on employait communément les termes de chefs ou de res..,.·
ponsables .•. les uns, les autres tendent'à se transformer progr.essivement en animateurs et à passer d'une pratique de direction à des pratiques d'animation.
Tout cela dans les termes, puisque, rappelons-le/c'est aux termes que nous nous attachons principalement ici.
I l
est certain que vers
1960,le terme s'est imposé à peu près partout sans qu'on sache bien, pourquoi et comment. Pour en témoigner, on trouve des titres d'articles, d'études, de commissions, qui fleurissent nombreux après
1960.La ligue de
l'enseignement appellera sa revue : "l'anima tian culturelle'!..les textes émanant du mouvement Peuple et culture adoptent le vocable. Le très officiel IIHaut Comité à la Jeunesse
llauprès du premier minist:re donn.e pour titre à l'une de ses commissions de travail: Equipement - Animation. Une petite. revue centrée sur les problèmes de cult.ure populaire, "Affontement", dirigée par .Jacques CHARPENTREAU publie sous forme de livres collectifs aux éditions ouvrières un nu- méro spécial intitulé: "l 'animation culturelle", en 1964.
On peut rassembler ici les principales explications habituellement données pour éclairer la vogue assez soudaine du vocable, sans qu'il soit pos- sible de dire celles qui furent les plus détenninantes :
- dans les mouvements de jeunesse traditionnels le mot apparaît souve!1t au terme d'une réflexion sur leurs finalités et leurs pratiques, rendues néces- saire-spar les risques d'affaiblissement des valeurs éducatives et morales.
- aprés la naissance des premiers grands ensembles d'habitation, des preminres villes nouvelles, des premiers grands ensembles de vacances, on com- mence
àdétecter l' appari tion dl
unmal social. On parle alors de "Sarcelli te", pour dire le sentiment d'habitants concentrés dans une ville sans pavé et sans
"âme". L'animation apparaît comme le remède, la possibilité d'injecter une âme dans l'univers de béton.
- Paradoxalement, dans le même temps, le monde rural commence à sentir les effets et les méfaits créés par l'accélération de l'exode. Le dépèuplcment entralne lui aussi une privation d'âme que devrait résoudre l'animation.
- Sous l'influence de la psychosociologie américaine, de ROGERS, de
LEWEN, se répandent en France les concepts et les théories de la non direc-
tivité.
Ondécouvre l'importance des relations interpersonnelles dans la vie
des groupes et les entreprises découvrent l'importance de la communication et
de la relation pour prévenir, ou résoudre les conflits. L'animation s'en trouve
chargée.
- 14 -
- par ailleurs, on notera l'influence de nouvelles écoles pédagogi- ques françaises qui, sous la terminologie générale
d(~IIméthodes actives"
(mou-vement
FREINET), C E M E A ..• )ont répandu dans une certaine frange des éducateurs et enseignants une idéologie éducative qui les rend tout à fait perméable au concept d'animat.ion.
- on peut d'une manlere générale évoquer les connotations fortement po- sitives dont est alors chargé le vocable animation, ce qui contribue à son adop- tion :
- i l y a l e gentil animateur du club méditerranée, le sympathique ani- mateur de radio ou de télévision . . .
- porteur d'idées de vie, de dialogue, de rencontre, de
co~nunicationid'échange ... l'animation est marquée du sceau de l'idéalisme fraternel, de cha- rité universelle. Porteur de signification chrétienne, ou simplement. humaniste, le terme est suffisament généreux et suffisamment vague pour que chacun puisse le prendre
àson compte.
- et, le mot "animation
Ilse répand
àla mesure du sentiment de "manque social
Ilqui se répand. Il en est l'antidote.
Mais le mot Uanimation" dit-il la même chose pour chacun de ceux qui l'utilisent?
UneÂtude des différents usages du mot serait fort éclairante.
A titre expérimental, i l paraissait ici intéressant de se pencher sur des textes utilisant le vocable pour en cerner le sens. Nous l'avons fait pour tluis textes :
- un chapitre de Jacques CHARPEN'fREAU dans "l'homme séparé".
- un chapitre de Jacques RIGAUD dan's "la culture pour vivre".
- l'introduction de la commission du 6ème Plan des activités socio édu- catives.
Dans chacun de ces textes, on trouve une
ser~ed'expressions, chargée de préciser le sens du mot animer. Le relevé de ces expressions aboutit aux lis- tes suivantes
Pour Jacques CHARPENTREAU, Animer
c'est agir pour la transformation des rapports sociaux valoriser l'action de groupe
permettre les relations humaines
susciter les conditions d'une ambiance de vie
créer un bouillonnement qui vis'c
À.faire participer les citoyens
àune vie culturelle nouvelle.
inventer en permanence faire confiance à l'homme
agir pour l'émancipauion collective
offrir des possibilités de culture
- 15 -
faire éclatel: les cadres oppressifs être responsable de sa vie
viser l'autogestion et le pluralisme.
Pour J·acques RIGAUD, Animer
Cl
est éveiller
susciter le frémissement de la vie libérer l'aspiration à la ferveur
susciter l'éclosion ou l'épanouissement d'une certaine vie établir une -médi'ation entre le public et les oeuvres redonner vie
recréer pour la culture une motivation 'autonome et spécifique susciter le besoin de culture
Pour la commission du sü.:ième plan : Animer
C'est éveiller rassembler
mettre en échange mettre en mouvement coordonner
informer
permettre l'exT)ansion rendre responsable
entraîner
àla vie sociale permettre l'insertion sociale susciter des besoins
clonner
fiune société son dynamisme et sa créativité.
Il nous a paru
1?Ossible de regrouper cet ensemble de verbes et de locutions verbales autour de quelques verbes clefs, indicateurs
- du rassemblement social
~rassembler, mettre en relation, donner vie à une collectivité.
de l'action sur la société: insérer, faire participer, transformer.
- de l'action sur les -individus accéder
àla culture, rendre responsable.
éveiller, rendre créatif
1faire
C'est le sens de notre schéma nO 2 - qui contient. la définition la
plus large possible de l'animation: provoquer la vie collective pour agir sur
les individus ainsi rassemblés ou pour agir sur la société, avec plus ou moins
d'intentions de transformation.
- 16 -
Lorsque sur le schéma proposé, nous rassemblons ainsi réduit
àneuf tcmnes l'ensemble des locutions employées dans les trois textes, tenant compte par ailleurs de l'insistance que les auteurs
ymettent en les répétant (chaque répét.ition d'une locution renvoyant
àl'un rIes termes clefs est dans le schéma traduite par un trait différent selon le texte analysé) ,on aperçoit bien les écarts de sens donnés au terme animer selon les textes.
Ainsi, la conunission du sixième plan propose des définitions du terme qui gravitent surtout au centre du tableau: essentiellement autour de l'idée de rassemblement.
Le texte de Jacques CHARPENTREAU, ainsi décrypté, se trouve situé prin- cipalement vers les extrêmes indiquant une volonté d'action transformatrice, sans insistance sur l'idée de rassemblement. Il apparaît le seul pour qui animer c'est agir en direction d'une transformation de la société.
Quant au texte de Jean RIGAUD, s ' i l admet une action de rassemblement, i l n'y voit qu'une possibilité d'action sur les individus qui par la grâce de lla-
nim~tion
s'éveillent, et accèàent à
lacult.ure.
IV - LA DIFFUSION, LE DEVELOPPEMENT, L'ACTION CULTURELLE.
Selon les cas, selon les institutions et selon les périodes, les trois autres vocables: diffusion, développement, action apparaissent en complémentari- té ou en opposition
àl'animation.
Une poli tique de diffusion culturelle est caractérisée par la volonté d'assurer dans les meilleures conditions la diffusion de produits culturels (les oeuvres) auprès du plus grand nombre, et notamment en direction des publics ha- bituellement non exposés
àses produits.
Cette politique suppose un travail de sensibilisation et d'approche d'un nouveau public (on parlera en
1968de "non public") et une décentrali- sation des lieux de diffusion de la culture.
Sous la quatrième République, la décentralisation fut mise en oeuvre sous l'impulsion et la responsabilité de Jeanne
LAURENfdans le cadre du Secré- tarial d'Etat aux Beaux Arts, au travers de la décentralisation dramatique dont les pièces maîtresses furent le theâtre national populaire avec Jean VILAR et le festival d'Avignon, la création des centres dramatiques subventionnés en
province: comédie de l'Est, comédie de l'Ouest, comédie de Saint Etienne, etc .. , Les divers ministres des affaires culturelles sous la cinquième Répu- blique se firent les continuateurs de cette politique.
André MALRAUX disait dans le discours de Bourges déjà cité : "Il faut que nous puissions rassembler le plus grand nombre d'oeuvres pour le plus grand
nombre d'hommes",
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Plus tard,
l'url rleses successeurs Jacques
DUH~MELdisait :
Ilnous re- cherchons sur l'ensemble du pays à faire accéder aux valeurs culturelles le pu- blic le plus nombreux et le plus diversifié socialement" (entretien au Monde février 73). L'annde suivante, Alain PEYREFITTE confirmait encore les propos de son prédécesseur parlant "d'une culture plus présente au sein de toutes les cou- ches de notre société" (entretien au Monde, mai 74).
Il existe encore un grand nombre d'associations qui se définissent tant dans leurs objectifs déclarés que dans leurs pratiqlES, par rapport
àune volonté de IIdiffusion de la culture par le livre, le fi.lm, la musique, le théâtre, etc ...
nCette poli tique volontariste et interventionniste en matière de diffu- sion, s'élargit dans le concept d'action culturelle, particulièrement usité dans les milicu'x touchant au ministère des affaires culturelles.
Par action culturelle, i l semble qu'on entende l'ensemble des actes et des interventions touchant à l'oeuvre de diffusion culturelle, de conquêt.e du public ; ou, au delà
ftouchant à tout ce qui dans la vie des citoyens influe sur leur environnement culturel : archi t.ecture, urbanisme. Cela condtüsi t par exemple, suite à la reconunandationdu sixième plan, à la création d'un fond d'intervention culturelle : le F I C .
Car, "l'action cul turelle" est le vocable sous lequel on tend à rassembler aujourd 'hui 1
tensemble des objectifs et. des actions volontaristes et 'intervention- nistes de l'Etat et. de ses
agE~nts.c'est, à ce propos, que trois sociologues Jacques ION, Bernard MIEGE, Alain ROUX, crurent pouvoir, aux termes d' une analyse approfondie, parler dl un appareil d'action culturelle qu'ils définiront comme "un appareil idéologique d 'Etat
l l,selon le modèle Al
thu:s.s~rien.On notera pourtant quele vocable peut être entendu dans un sens assez différent.
Pour Jacques CHARPENTREAU, l'action culturelle est à côté de 11 action politique et de l'action syndicale, à côté mais en cohérence avec elle, le combat mené par la classe ouvrière pour la revendication
àla dignité: "la réponse à une société qui tente d'aménager les rapports du travail et du loisir, du réel et de l'imaginaire, de la vie quotidienne et du rêve".
Paul Henry CHOMBART de LAUHE, auant à lui propose un autre concept, celui de "Culture Action". Au terme de son analyse, la culture étant essentielle- ment action, la dynamique culturelle joue un rôle révolutionnaire dans les trans- formations sociales.
Il est, enfin, l'on dernier vocable, né dans le contexte
planifica~urcelui de développement culturel.
Pour l
tun des responsab12s de la planification c'-11turelle, pierre EMMANUEL, le développement culturel désigne "une politique globale de la culture intéqrée au développement d'ensemble du pays et lui donnant sa plus haute signi- fi.cation".
Les responsables d'association, réunis dans le C N A
JEP ont pour une
part rejoint les planificateurs en réclamant constamment la création d'un "Conseil
du développemeht culturel" analogue au "conseil écononlique et social".
- 19 -
Derrière le concept de développement culturel se profile constarrunent, au delr-) de la cohérence et de la prévision des actions en matière culturelle, la nécessité de corriger les effets d'un développement 8conomique qui ne s'accompa- gnerait pas d'une politique de développement harmonieux de la collectivité so- ciale, des capacités d'épanouissement des individus, d'un progrès par rapport à la qualité de la vie.
Pour la commission du sü,ne.me plan, le développer:lent culturel apparaît
comme l'une des dimensions du développement social. Elle concerne toutes ses
manifestations: er.seignement, formation, information., travai'l, loisirs, mode
de vie, urbanisme, logement).
" " . .
.. 20 -
LISTE DES OiJVRAGES ET 'l'EXrfES COl'JSULTES