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3.2. L analyse économique de l entreprise

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3.2. L’analyse ´economique de l’entreprise

January 11, 2021

1 Introduction

2 La firme comme boite noire

Dans l’approche n´eo-classique, la firme est une boˆıte noire qui se r´eduit `a un producteur combinant efficace- ment les facteurs de production (G. Debreu,Th´eorie de la valeur, 1959). L’objectif de la firme est seulement de maximiser son profit. Pour Friedman (1953), mˆeme si l’hypoth`ese de cette mod´elisation est discutable, l’important est qu’en pratique les entreprises se comportent comme si elles maximisaient leurs profits. Pour F. Machlup (Essai de s´emantique ´economique, 1971), l’objectif de la firme dans les mod`eles n´eo-classiques est surtout de comprendre le processus d’allocation des ressources que la firme en elle-mˆeme. Plus un mod`ele a des hypoth`eses r´ealistes, plus il est difficile de l’interpr´eter.

Toujours dans l’approche n´eo-classique, la firme permet de faire des ´economies d’´echelles (A. Marshall, Principes d’´economie politiques, 1890). On parle de rendement d’´echelle croissant quand l’augmentation des inputs pour produire donnent `a une augmentation plus que proportionnelle de l’output (1 ouvrier en plus permettra de produire 2 fois plus de voitures par exemple). On distingue les ´economies d’´echelles internes (permises par l’optimisation de l’utilisation des ressources de la firme), des ´economies d’´echelles externes (la diffusion des techniques et des savoirs au niveau d’une branche qui permet d’augmenter la productivit´e de toutes les entreprises de cette branche). Enfin, pour J. Viner (Costs curves and Supply curves, 1932), `a court terme, les possibilit´es de production de la firme sont limit´ees. En revanche, `a long terme, la firme a la possibilit´e d’augmenter sa productivit´e par des investissements. En particulier, dans le cas d’une production

`

a ´economies d’´echelles (on doit construire une usine avant de produire des voitures par exemple), produire en grande s´erie permet d’amortir le coˆut fixe initial, jusqu’`a un certain niveau, et donc la firme doit avoir une taille minimale. Au-del`a, le gigantisme devient une source de gaspillage : le niveau optimal de capacit´e de production est celui qui minimise les coˆuts moyens. C’est la taille minimale efficiente. Cette vision th´eorique peut faire ´echo `a la vision coasienne. Pour H. Leibenstein (Allocative Efficiency vs. X-Efficiency, 1966) le mode d’organisation de l’entreprise a un impact sur la productivit´e de l’entreprise. Il parle d’une efficience-X.

Ces th´eories ne s’int´eressent donc ni `a la firme en tant que telle, ni `a l’entrepreneur. Or, pour W.

Baumol (Entrepreneurship in Eocnomic Theory, 1968), ”une th´eorie qui ´evacue les diff´erentes fonctions que peut remplir l’entrepreneur, c’est comme jouer Hamlet sans le prince”. La th´eorie ´economique s’est donc int´eress´ee `a la firme : pourquoi les firmes existent ? pourquoi grandissent-elles ? quel lien avec l’innovation et l’entrepreneur ?

3 L’approche transactionnaliste de la firme

3.1 R. Coase : les coˆ uts de transactions

Pour R. Coase (La nature de la firme, 1937), la firme est une alternative au march´e. En l’absence d’une information transparente, le recours au march´e g´en`ere des coˆuts de transactions. Ce sont des coˆuts associ´es au transfert de propri´et´e lors d’une transaction sur un march´e, notamment la recherche d’information sur les prix

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et leur n´egociation. Ils y a trois types de coˆuts de transactions : ex ante (recherche d’information,´elaboration d’un contrat), ex post (coˆuts de surveillances) et institutionnels (mise en conformit´e du produit pour les normes environnementales). Or, au sein d’une firme, le m´ecanisme d’allocation des ressources est fond´e sur la hi´erarchie et l’autorit´e, et non les prix. Ce m´ecanisme permet de r´eduire les coˆuts de transactions au point o`u la firme a int´erˆet `a produire elle-mˆeme les biens et les services n´ecessaires `a son activit´e. Cependant, une firme a int´erˆet `a grandir (c’est-`a-dire ´etendre son activit´e selon ses besoins) jusqu’au point o`u les coˆuts de transactions deviennent inf´erieur aux coˆuts de coordination interne dans la firme. Si la firme devient beaucoup trop grande, il devient impossible de g´erer l’activit´e de l’int´erieur.

3.2 O. Williamson : la th´ eorie des coˆ uts de transactions (TCT)

O. Williamson (The economic institutions of capitalism, 1985) cherche `a prolonger les travaux de Coase, en

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elaborant la th´eorie des coˆuts de transactions.

Il fait deux hypoth`eses sur le comportement des agents :

• La rationalit´e des agents est limit´ee (H. Simon, 1951). De fait, les contrats sont forc´ement incomplets car ils ne peuvent pas prendre en compte toutes les ´eventualit´es, et peuvent ˆetre remis en cause `a terme.

• Les agents ont un comportement opportuniste. C’est la cons´equence de la premi`ere hypoth`ese. Les agents exploitent les incertitudes `a leur avantage. Ce faisant, il ne peut pas y avoir de m´ecanismes de coordination informels (loyaut´e, confiance, r´eputation) sur le march´e, et il est n´ecessaire d’avoir recours

`

a des institutions pour limiter la s´election adverse et l’al´ea moral.

Ces hypoth`eses en main, O. Williamson caract´erise les transactions d’actifs sur le march´e. Il distingue trois caract´eristiques :

• La sp´ecificit´e de l’actif. Un actif sp´ecifique est un actif non red´eployable dont la valeur productive s’accroˆıt concomitamment `a son utilisation dans une entit´e particuli`ere et, au contraire, d´ecroˆıt dans toute utilisation alternative. Par exemple, une machine qui ne peut produire qu’un seul type de bien pour un seul type d’entreprise (une imprimante 3D qui n’imprimerait que des briques, et donc ne pourrait pas ˆetre utilis´ee pour autre chose)

• La fr´equence des transactions. Pour Williamson, des relations fr´equentes sont associ´ees `a plus de comportements opportunistes. La litt´erature tend `a montrer que c’est l’inverse (M´enard, 1995) car une mauvaise r´eputation empˆeche de signer des contrats.

• L’incertitude qui p`ese sur les transactions.

En fait, dans la TCT, c’est la sp´ecificit´e des actifs qui va jouer le plus grand rˆole, les deux autres n’´etant que connexes. En effet, lorsqu’un actif tr`es sp´ecifique est en jeu dans une relation marchande, il peut y avoir un risque de rupture de contrat donnant lieu `a une perte irr´em´ediable (sunk cost). En effet, comme les agents sont opportunistes, et les contrats incomplets, si un contrat fait l’objet d’une ren´egociation, un des deux partis du contrat peut chercher `a s’approprier la quasi-rente. La quasi-rente est d´efinie comme le gain que peut obtenir l’un des partis en ren´egociant les conditions initiales du contrat `a son avantage dans le cas o`u la rupture du contrat poserait trop probl`eme `a l’autre agent. Il peut ˆetre utile en effet qu’un agent prenne en otage l’actif (le fabriquant de l’imprimante 3D la garde jusqu’`a ren´egociation du contrat dans son int´erˆet par exemple) afin de ren´egocier sachant toute l’importance de cet actif. Cette tentative d’appropriation peut aller dans les deux sens, au point o`u on arrive `a une situation de hold-up : les deux partis abandonnent le contrat. Dans la TCT, il y a un sous-investissement dans les actifs sp´ecifiques (pourtant n´ecessaire) car les agents veulent ´eviter le sunk cost, et l’effet de lock-in c’est `a dire ˆetre bloqu´e dans une relation commerciale avec un agent dˆu `a la sp´ecificit´e de l’actif.

Par cons´equent, il faut choisir la structure de gouvernance qui convient. Une structure de gouvernance est d´efinie comme un arrangement institutionnel qui minimise les coˆuts de transactions en fonction d’un environnement donn´e. La structure de gouvernance doit permettre de contrˆoler le comportements des agents et de consolider leurs engagements, et doit ˆetre adapt´e `a la nature des transactions : sp´ecificit´e des actifs,

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fr´equence et incertitude.

Pour O. Williamson, les coˆuts de transactions sont une fonction croissante de la sp´ecificit´e des actifs, et on aura recours alternativement au march´e, `a une structure hybride ou `a la firme selon les cas. La firme existe chez Williamson `a partir du moment o`u les transactions portent sur des actifs sp´ecifiques, avec des contrats fr´equents et sur lesquels p`esent des incertitudes.

4 L’approche contractualiste de la firme

4.1 L’approche des droits de propri´ et´ es

A. Alchian, H. Demsetz, Production, Information costs and Economic organization, 1972.

Un des rˆoles du march´e est de permettre d’´egaliser la productivit´e marginale et le salaire. Cependant, lorsqu’une production est collective, ce n’est pas possible. Par des effets de synergie, la productivit´e de l’´equipe est sup´erieure `a la somme des productivit´es individuelles. Comme les individus peuvent b´en´eficier de ces effets, il y a un risque d’al´ea moral, notamment avec des passagers clandestins tire-au-flanc (M. Olson, La logique de l’action collective, 1968).

Comment est-il possible d’´eviter ces comportements ? L’avantage de la firme est de pouvoir nommer un contrˆoleur (monitor) dont le but est de surveiller les performances individuelles. N´eanmoins, qui contrˆole le contrˆoleur ? Lui aussi peut ˆetre un passager clandestin, ou agir contre les int´erˆets de la production. Pour Alchian et Demsetz (1972), il faut donner le rˆole de contrˆoleur `a l’agent dont les int´erˆets d´ependent le plus de l’efficacit´e de la production : le cr´eancier r´esiduel (le propri´etaire de la firme). Le cr´eancier r´esiduel est l’agent qui touche les revenus nets de la production, apr`es la r´etribution de tous les autres facteurs de production.

Il a donc le plus int´erˆet `a maximiser ce revenu, et minimiser les comportements opportunistes.

Dans cette vision, la firme est d´efinie comme un m´ecanisme d’incitation pour maximiser l’efficience de la production collective.

4.2 La th´ eorie des incitations

M. Jensen, W. Meckling,Theory of the firm: Managerial behavior, agency costs and ownership structure, 1976 Pour ces auteurs, la firme est une fiction l´egale, c’est `a dire un noeud de contrats entre tous les agents (employ´es, fournisseurs, clients, cr´eanciers, ...) qui lui sont associ´es. Ce statut de fiction l´egale permet de minimiser le nombre de contrats n´ecessaires `a la mise en relation des agents, par rapport au march´e notamment. Dans la vision de Jensen et Meckling, les agents sont li´es par la firme, et le contrat le m´ecanisme incitatif pour faire agir les individus en vu de la maximisation du profit de la firme. La firme est restreinte

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a un rˆole incitatif dans des relations d’agence multiples.

Cette vision de la firme comme un syst`eme incitatif est prolong´ee par B. Holmstrom et P. Milgrom. En pr´esence d’asym´etrie d’information, il y a potentiellement un al´ea moral et une s´election adverse, et donc un probl`eme d’agence (cf. cours sur les transformations des entreprises). Pour Holmstrom et Milgrom (Multitask

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Principal-Agent Analyses: Incentive Contracts, Asset Ownership, and Job Design, 1991), la firme dispose d’un ensemble d’instruments incitatifs pour r´esoudre les probl`emes d’agence : r´emun´eration compensatoire de l’effort (bonus), d´el´egation de l’autorit´e, plans strat´egiques, r`egles de travail, culture d’entreprise, contrˆole des r´eseaux d’informations, etc.

Dans leur article de 1994 (The firm as an incentive system), Homstrom et Milgrom consid`erent que la diff´erence entre la firme et le march´e ne r´eside pas tant dans les modes de coordinations `a leur disposition (l’autorit´e, le syst`eme de r´emun´eration, et la structure des droits de propri´et´es). C’est simplement que la firme les combine simultan´ement et de fa¸con compl´ementaire pour orienter au maximum les efforts des agents en vue de l’int´erˆet de la firme. La firme est donc un syst`eme d’incitation coh´erent. D’autres types d’incitations existent : promotions, incitations implicites, encouragements verbaux. La firme a donc pour but de minimiser les probl`emes d’agence inh´erents `a des activit´es complexes, organis´ees en syst`eme.

Pour eux, les incitations de la firme sont moins forte que les incitations individuelles du march´e, mais qu’elle permet une meilleure appr´ehension de production de groupes difficile `a ´evaluer.

4.3 La th´ eorie des contrats incomplets

Article principal : O. Hart, J. Moore, Incomplete Contracts and Renegotiation, 1988.

Par rapport `a la TCT, ces auteurs maintiennent l’hypoth`ese d’information parfaite et de rationalit´e des agents. Cependant, ils postulent l’incompl´etude des contrats. Les contrats sont incomplets au moment de leur signature pour deux raisons : l’impossibilit´e d’impl´ementation (pr´evoir tous les sc´enarios qui conduiraient `a une ren´egociation) et l’impossibilit´e d’ex´ecution (faire respecter toutes les clauses du contrat).

• L’impossibilit´e d’impl´ementation est due aux coˆuts de transactions associ´es `a la r´edaction d’un contrat qui prendrait en compte toutes les contingences futures possibles.

• L’impossibilit´e d’ex´ecution tient au fait, que mˆeme si le contrat ´etait complet, en cas de litige, la justice aurait trop de difficult´e `a faire respecter le contrat, faute de pouvoir l’interpr´eter dans son sens initial.

Ils analysent la mˆeme situation que O. Williamson : que se passe-t-il quand on est en pr´esence d’un contrat entre deux partis portant sur un actif sp´ecifique ? Le contrat est incomplet. Donc, comme les actifs sp´ecifiques peuvent d´egager une quasi-rente, le contrat ne sp´ecifie pas la r´epartition de cette rente. Dans un ´equilibre coop´eratif de Nash, les deux partis se r´epartiraient ´egalement cette rente. Cependant, aucun des partis n’a int´erˆet `a jouer la coop´eration (dans les hypoth`eses de leur mod`ele), et comme chacun tente de s’approprier la quasi-rente, cela conduit `a une situation sous-optimale soit de hold-up (avec des pertes irr´em´ediables) ou un sous-investissement dans l’actif sp´ecifique par crainte du hold-up.

Ces auteurs pr´econisent l’attribution de la propri´et´e (dans leurs termes : le droit r´esiduel) de l’actif sp´ecifique dans le contrat initial. En effet, s’il y a un hold-up, au moins un des partis peut toujours en garder physiquement la propri´et´e, donc maintenir le contrˆole sur l’usage et l’usufruit. La cons´equence de d´efinir ex ante la propri´et´e de l’actif sp´ecifique est que la parti qui dispose de la propri´et´e de l’actif sur-investira dans celui-ci, car il peut d´ecider de la r´epartition des revenus ex post, et sera prot´eg´e en cas de rupture de contrat.

Sym´etriquement, le parti qui ne dispose pas de la propri´et´e de l’actif sous-investira dans l’actif sp´ecifique car il aura moins `a gagner (vu qu’il n’a pas de contrˆole sur la r´epartition des revenus associ´es `a l’actif sp´ecifique, il touchera moins).

La question est de savoir `a qui donner la propri´et´e de l’actif ? Il faut donner la donner au parti dont les investissements ont le rendement net le plus ´elev´e, de sorte `a compenser le sous-investissement de l’autre parti.

De la mˆeme fa¸con, ce mod`ele permet de comprendre les d´eterminants de l’int´egration verticale. Par exem- ple, lorsqu’une firme ach`ete un fournisseur, elle a int´erˆet `a surinvestir dans les actifs sp´ecifiques (`a la relation), car elle augmente sa part dans la r´epartition du surplus ex post, mais cela diminue l’int´erˆet du fournisseur

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a investir dans l’actif sp´ecifique. Ce faisant, la condition pour qu’une firme en int`egre une autre est que le rendement marginal net du total des investissements dans l’actif sp´ecifique si la firme int`egre l’autre doit ˆetre sup´erieur `a ce mˆeme rendement lorsqu’il n’y a pas d’int´egration. Du point de vue de la firme rachet´ee, ces investissements en actif sp´ecifique peuvent ˆetre dans le capital humain n´ecessaire `a la production par exemple.

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Ces auteurs voient la firme comme une collection d’actifs-non humains. Pour ces auteurs, l’autorit´e d´ecoule de la propri´et´e. En effet, le propri´etaire d’un actif sp´ecifique peut exclure l’acc`es `a l’usage de l’actif.

Or, comme les employ´es, ou la firme int´egr´ee, ne dispose pas des moyens de production, ils sont oblig´es, dans une certaine mesure, de se soumettre `a l’autorit´e du propri´etaire, pr´ecis´ement parce qu’il peut l’empˆecher d’y acc´eder. Cette vision a ´et´e critiqu´ee, par les auteurs eux-mˆemes, qui reconnaissent qu’elle ´echoue `a expliquer l’organisation interne de la firme.

Cela a conduit `a un d´eveloppement r´ecent de Hart en 2008 sur le contrat comme point de r´ef´erence.

Pour Hart, un contrat est sign´e initialement sur la base de crit`eres de march´e, puis le contrat va guider le comportement des agents, notamment par des effets de lock-in. Une partie contractante est satisfaite si elle estime obtenir son dˆu. Si ce n’est pas le cas, la performance non-contractuelle de l’agent sera beaucoup plus faible, et seulement ce qui est impos´e par le contrat sera respect´e. Ce mod`ele permet de comprendre notamment la relation employeur-employ´e.

Ces auteurs reconnaissent ainsi que des m´ecanismes de d´el´egation et de responsabilisation, qui d´ecoulent des contrats initiaux, compl`etent et p´erennisent les relations contractuelles en suscitant l’engagement. A con- trario, toute remise en cause de ces m´ecanismes serait per¸cue comme une rupture de promesse et briserait la dynamique relationnelle (aggrievement). En pr´esence de contrats incomplets, ces auteurs accordent un rˆole important aux normes sociales ainsi qu’aux variables non strictement contractuelles telles que la confiance, l’honnˆetet´e, ou encore les contrats implicites. Ces notions nouvelles sont au cœur des d´eveloppements r´ecents du paradigme contractualiste.

Le paradigme contractualiste rend compte de l’id´ee que la confiance et l’honnˆetet´e jouent un rˆole compl´ementaire aux contrats, en particulier si on les consid`ere incomplet.

• Baker, Gibbons, Murphy (2002) : les contrats relationnels jouent un rˆole fondamental dans l’organisation interne de la firme. Ils sont d´efinis comme des codes de conduites non-formels qui affectent le comporte- ment des partis prenantes de la firme, et pallient les d´efauts de contrats de droits, sans avoir besoin d’un recours `a la justice.

• Pour Roberts (2004), les architectures informelles l’emportent souvent sur les architectures formelles dans la coordination des relations ´economiques. La firme est institution cr´e´ee pour servir les besoins humains, et la performance passe par le d´eveloppement de r´eseaux sociaux. Par cons´equent, la culture, les routines, etc. revˆetent une importance fondamentale dans la firme et entre les firmes.

• R. Rajan et L. Zingales (1998) montrent dans leur th´eorie de la firme que les employ´es font un in- vestissement en capital humain sp´ecifique pour l’entreprise, et donc dispose donc d’un actif sp´ecifique, n´ecessaire `a l’entreprise. Ils ont une propri´et´e sur ce capital humain, ce qui leur donne une forme de pouvoir. Cette th´eorie est `a mettre en lien avec les d´ebats sur la propri´et´e de l’entreprise et la gouvernance. D’une certaine fa¸con, les employ´es investissent aussi dans la firme par leur travail, de la mˆeme fa¸con qu’un actionnaire fournirait des capitaux. Cela renvoie donc au d´ebat sur l’int´egration des employ´es dans la structure de gouvernance.

5 Le paradigme cognitiviste

5.1 La th´ eorie des comp´ etences

5.1.1 E. Penrose

E. Penrose (The Theory of the Growth of the Firm, 1959) est la premi`ere auteur `a mettre en avant une vision dynamique de la firme. Pour elle, la firme est une collection de ressources productives (humaines et non humaines) coordonn´ees de mani`ere administrative par une structure de communication autoritaire afin de produire des biens et de services marchands destin´es `a d´egager des profits inter-temporels. La firme diff`ere du march´e au sens o`u elle institue une r´egulation administrative. Contrairement `a la vision n´eo-classique, lorsqu’une firme produit elle n’´epuise pas forc´ement l’int´egralit´e de ses ressources productives. De fait, en

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plus de ces ressources r´esiduelles, elle va d´egager aussi des profits, et aura d`es lors des ressources en exc`es.

M´ecaniquement, la croissance de la firme, voir la diversification de celle-ci est l’emploi de ces exc´edents, dont le coˆut est nul vu qu’il a d´ej`a ´et´e assur´e.

5.1.2 G. Richardson

G. Richardson (The organization of industry, 1972) critique l’´equilibre concurrentiel n´eo classique. Pour lui, les firmes sont envisag´ees comme des ˆılots de coordination planifi´ee dans un oc´ean de relations de march´e . Les firmes coop`erent entre elles. Pourquoi ? Parce qu’il existe unedivision cognitive du travail. Pour comprendre ce qu’est la division cognitive du travail et sa raison d’ˆetre, il faut comprendre la nature des activit´es des firmes.

G. Richardson distingue les activit´es similaires et compl´ementaires. Les activit´es similaires r´eclament des comp´etences semblables quand les activit´es compl´ementaires sont des activit´es dont les comp´etences requises sont diff´erentes, mais se compl`etent au sein du processus de production. Les firmes se sp´ecialisent dans des activit´es similaires. Par exemple, BIC produit `a la fois des stylos et des rasoirs car cela requiert les mˆemes comp´etences. A l’inverse, lorsqu’il y a des activit´es compl´ementaires au sein d’un processus de production, il y a des transferts de technologies entre firmes sous la forme de ”r´eseaux de coop´eration”.

Les firmes peuvent se coordonner entre elle par la division cognitive du travail. La coop´eration entre firmes est d´efinie comme des organisations ind´ependantes mais qui ont des relations ´etroites dans le long terme r´egul´ees par un certain nombre de plans pr´ealables sans relations hi´erarchique mais avec l’acceptation d’un certain degr´e d’engagement.

5.2 La th´ eorie ´ evolutionniste

La th´eorie ´evolutionniste de l’entreprise a ´et´e introduite par Nelson et Winter (An evolutionary theory of economic change, 1982). A la diff´erence de la TCT ou la TCI, elle introduit une vision dynamique o`u l’histoire et l’environnement jouent des rˆoles majeurs.

5.2.1 Evolution et comp´´ etences

Il faut reprendre la distinction de M. Polanyi (Personal Knowledge, 1958) : il y a des connaissances codi- fiables et des connaissances tacites. Les premi`eres sont des connaissances transf´erables d’une firme l’autre et dont l’ex´ecution pourrait ˆetre confi´ee `a un robot. Les connaissances tacites quant `a elle sont propres `a l’entreprise. Elles sont une forme de capital humain sp´ecifique `a l’entreprise, qui naˆıt du fait de travailler dans l’entreprise (learning by doing). Ces connaissances sont d´ecouvertes `a mesure que l’entreprise ´evolue, et lui sont sp´ecifique. Donc c’est du temps investi par les managers et les employ´es non-red´eployable dans une autre compagnie. Ce sont ces connaissances qui permettent aux entreprises de s’adapter et d’avoir un avantage concurrentiel.

Comment transmettre ces connaissances aux employ´es ? Par des routines. Les routines sont des codes de conduite fix´ees par l’entreprise pour permettre aux employ´es de faire face `a l’environnement sans heurs, et acqu´erir les comp´etences sp´ecifiques de l’entreprise (une fois qu’elles sont connues).

Les comp´etences au sein de l’entreprise sont am´elior´ees `a partir d’un processus de recherche d´eveloppement.

Cependant, mˆeme ce processus peut tendre `a ˆetre routinier, ce qui peut freiner l’innovation `a long terme. La firme va ´evoluer selon ses comp´etences, et l’histoire de ses choix. Ainsi, une firme peut s’enfermer dans un choix (effet de lock-in). Par exemple, `a une tr`es grande ´echelle, le fait d’avoir choisi des claviers QWERTY / AZERTY n’est pas du tout optimal, mais il serait trop coˆuteux de changer de syst`eme `a pr´esent.

5.2.2 Les r´egimes technologiques et la coh´erence de la firme

Pour Winter, il faut distinguer deux types de r´egimes technologiques : le r´egime routinier et le r´egime en- trepreneurial. Dans le r´egime routinier, l’organisation industrielle est domin´ee par des grandes firmes, qui

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d´etiennent un nombre important de comp´etences tacites, et les comp´etences codifiables sont largement dif- fus´ees. Dans le r´egime entrepreneurial, les comp´etences codifiables diff`erent de celle du r´egime routinier : elles sont nouvelles, mais elles ne sont pas tacites car l’innovation n’est qu’`a ses d´ebuts, et il faut du temps avant d’accumuler assez d’exp´erience (learning by doing) pour pouvoir d´evelopper des comp´etences tacites.

Pour Dosi (1988), il y a une alternance entre r´egime routinier et entrepreneurial : la transition se fait par le grossissement de firmes entrepreneurial qui r´eduisent l’incertitude sur le march´e et augmentation des con- naissances tacites par l’introduction de routines.

Dosi, Rumelt, Teece, Winter dans Understanding corporate coherence (1994) prolongent la th´eorie ini- tiale (1982). Pour eux, une firme dispose de comp´etences fonci`eres (c’est ce qui fait sa sp´ecificit´e), et des comp´etences auxiliaires (des comp´etences secondaires mais qui ne fondent pas le coeur de son activit´e).

Lorsqu’une entreprise est en proie `a la stagnation, elle peut s’appuyer sur ses comp´etences auxiliaires pour se diversifier, pivoter dans son activit´e ou innover.

Les firmes diff`erent car elles s’inscrivent dans des trajectoires sp´ecifiques en fonction de comp´etences tacites internes `a la firme, et elles ´evoluent selon les opportunit´es technologiques, et l’environnement dans lequel elles ´evoluent.

Exemple : L’industrie pharmaceutique. On ´etait dans un r´egime routinier, domin´e par des grandes firmes dont les comp´etences fonci`eres reposaient sur la chimie. Cependant `a partir des ann´ees 1980, le d´eveloppement des biotechnologies a conduit `a une rupture du paradigme technologique, et au passage `a un r´egime en- trepreneurial avec des petites firmes dont les comp´etences fonci`eres sont les biotechnologies. Cependant, les grandes firmes se sont maintenus car elles ont put s’appuyer sur leurs comp´etences auxiliaires (marketing, strat´egie, comptabilit´e) afin de pivoter et s’adapter `a ce nouvel environnement.

6 L’analyse ´ economique de l’entrepreneur

6.1 Dans la th´ eorie

6.1.1 Chez les classiques

• Pour R. Cantillon (Essai sur le commerce en g´en´eral, 1753), l’entrepreneur est celui qui ach`ete et vend

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a gage incertain . Il assume les risques associ´es au processus de production.

• Pour J. Bentham (D´efense de l’usure, 1767), l’entrepreneur est un faiseur de projet dont le plaisir d´ecoule du gain permis par le projet mais aussi du projet lui-mˆeme.

• Pour J-B Say (Trait´e d’´economie politique, 1803), l’entrepreneur est un interm´ediaire entre le savant (recherche) et l’ouvrier (fabriquant). Il assume les fonctions d’organisation et de coordination des tˆaches. Et il est la source principale de croissance dans une ´economie.

6.1.2 Chez F. Knight

F. Knight, Risk, Uncertainty and Profit, 1921.

Knight distingue le risque de l’incertitude. Le risque, c’est pouvoir associer des probabilit´es `a des

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ev`enements, et donc pouvoir prendre des d´ecisions rationnelles selon ces probabilit´es. L’incertitude, elle, est pr´ecis´ement l’impossibilit´e de pouvoir donner une probabilit´e `a un ´ev´enement. Ce faisant, en situation d’incertitude, comment prendre une d´ecision et la mettre en place ? Pour Knight, les agents peuvent se fier `a un jugement instinctif pour assurer la coordination sur le march´e. Cependant, les individus diff`erent dans leur capacit´e `a prendre des d´ecisions en cas d’incertitude. Il existe des individus dont les capacit´es de jugement sont sup´erieurs `a la moyenne. Ces individus se sp´ecialisent donc dans la coordination des agents en situation d’incertitude : ce sont les entrepreneurs. Ils ont deux qualit´es ins´eparables : la responsabilit´e et le contrˆole. Ils sont responsables car ils acceptent l’incertitude en cr´eant une entreprise, o`u les travailleurs per¸coivent un salaire fixe. Et en vertu de leur responsabilit´e d’assureur, ils disposent d’un droit de contrˆoler les activit´es des travailleurs dans la firme.

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6.1.3 Chez J. Schumpeter

J. Schumpeter,Th´eorie de l’´evolution ´economique, 1912.

Le point de d´epart de Schumpeter est l’´equilibre walrasien (ce qui revient `a dire l’´equilibre de march´e n´eoclassique). Le profit est nul car les prix sont ´egaux avec les coˆuts marginaux des firmes. Les agents n’ont plus la possibilit´e d’emprunter car la masse mon´etaire est constante. Le niveau d’activit´e se reproduit

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a l’identique de p´eriode en p´eriode. Schumpeter essaie de comprendre le passage de cet ´equilibre de court terme `a un d´es´equilibre `a long terme. Dans sa vision dynamique des choses, le changement ´economique est issu de l’introduction d’une innovation qui remet en cause les principes de fonctionnement de l’´economie sta- tionnaire. Pour ce faire, l’entrepreneur a besoin d’emprunter des capitaux, d’o`u un rˆole central des banquiers, du syst`eme de cr´edit et de la bourse. C’est le syst`eme financier qui va apporter `a l’entrepreneur les capitaux n´ecessaires `a la mise en place de l’innovation. Mais que cherche l’entrepreneur en faisant une innovation ? En situation de concurrence pure et parfaite, les innovations ´economiques sont induites par la recherche de profits temporaires de monopole. Concr`etement, les entrepreneurs cherchent `a obtenir un monopole dans le secteur de leur innovation, et de d´egager une rente d’innovation pendant un certain temps, avant de subir la con- currence du march´e. C’est donc pr´ecis´ement pour ´echapper `a la concurrence walrasienne que l’entrepreneur va chercher `a agir. Notons toutefois que Schumpeter prˆete aussi `a l’entrepreneur des qualit´es morales, de leadership, tr`es sp´ecifiques. Il en fait un un r´evolutionnaire de l’´economie .

J. Schumpeter,Capitalisme, Socialisme et D´emocratie (1942)

Dans Capitalisme, Socialisme et D´emocratie (1942), J. Schumpeter a une position ambivalente sur le capitalisme. D’un cˆot´e, c’est un syst`eme extrˆemement flexible qui est capable de s’adapter. Par exemple, E.

Chapiello et L. Boltanski (Le nouvel esprit du capitalisme, 2001) montrent comment le capitalisme est capable d’internaliser ses propres critiques. Par exemple, les ´ev´enements de mai 1968 ont symbolis´e la r´evolte contre l’autorit´e,le besoin d’´emancipation et la critique du capitalisme. Et c’est pr´ecis´ement `a partir des ann´ees 1970 qu’on observe un essor du marketing de masse centr´e sur l’individu et le d´eveloppement personnel. Le capitalisme survit en absorbant ses contradicteurs (J. Baudrillard,Simulacres et simulations, 1985).

De l’autre cˆot´e, le capitalisme secr`ete lui-mˆeme des ´el´ements qui lui sont destructeurs : une classe d’intellectuels hostiles aux principes du capitalisme (libert´e d’entreprendre, profit), le manque d’innovation des entrepreneurs et le remplacement des petites firmes innovatrices, dirig´ees par leur fondateur, par des grands groupes bu- reaucratiques. La bureaucratie remplace les entrepreneurs au sein de la firme, ce qui pour lui est synonyme de la fin de la prise de risque. Cette situation correspond bien `a la structure des grandes entreprises pendant les Trente Glorieuses.

Comme le dit Schumpeter, ”le progr`es ´economique tend `a se d´epersonnaliser et `a s’automatiser. L’unit´e in- dustrielle g´eante parfaitement bureaucratis´ee n’´elimine pas seulement les firmes de tailles petite ou moyenne, mais en fin de compte, elle ´elimine l’entrepreneur et exproprie la bourgeoisie. Les v´eritables pionniers du socialisme ont ´et´e les Vanderbilt, les Canergie, les Rockfeller”.

Il y a chez lui l’id´ee qu’avec le syst`eme de planification communiste finira par absorber le syst`eme capital- iste. Sur ce point, les ann´ees 1980 lui donnent tord, car en r´ealit´e il est impossible de planifier un syst`eme

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economique complexe. Il y a eu cette illusion pendant les Trente Glorieuses, mais le ralentissement de la croissance y a mis fin.

Enfin, le capitalisme est en d´es´equilibre constant du fait de l’activit´e des entrepreneurs qui d´etournent le capital de son emploi routinier. Par l`a mˆeme, les membres de l’´elite ´economique se renouvellent : Les classes sup´erieurs de la soci´et´e ressemblent `a des hˆotels ou `a des autobus qui, certes sont toujours pleins, mais dont la client`ele change sans cesse . Sur ce point encore, il est difficile de lui donner tord ou raison. D’un cˆot´e, on ne peut pas nier la dimension de reproduction sociale, y compris dans l’entreprenariat. De l’autre, les opportunit´es permises par le r´egime entrepreneurial (que cela soit au XIXe si`ecle, ou aujourd’hui) est aussi un mode d’acc`es au pouvoir qui peut ˆetre transclasse.

6.1.4 Chez I. Kirzner

I. Kirzner,Competition and entrepreneurship, 1973

I. Kirzner synth´etise en quelque sorte la vision de Schumpeter, et l’´equilibre walrasien. L’entrepreneur est

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un individu capable d’identifier une opportunit´e de gain sur un march´e, mais avec un risque de se tromper. Il a une dimension schump´eterienne car il est la source de l’innovation. Mais il a aussi une dimension walrasienne car il joue le rˆole du commissaire-priseur de l’´equilibre g´en´eral par cette recherche d’opportunit´es, et participe donc `a l’´equilibrage du march´e.

6.2 Dans la pratique

6.2.1 L’entrepreneur s’appuie sur des capitaux

S. Boutillier et D. Uzinidis (L’aventure des entrepreneurs, 2011) mettent avant qu’au-del`a de leur personnalit´e, les entrepreneurs ´emergent aussi d’un contexte social. Ils b´en´eficient de trois capitaux :

• Le capital financier (patrimoine, emprunts)

• Le capital de connaissances (ensemble d’exp´eriences, de savoirs, et savoirs-faire `a leur disposition)

• Le capital social (relations, r´eseaux). Par exemple, James Watt fr´equentait la Lunar Society (amicale d’entrepreneurs et d’intellectuels anglais). De nos jours, les incubateurs de start-up servent ce rˆole en

´etant des hubs d’entrepreneurs.

L’´emergence d’un entrepreneur (sur un march´e) va d´ependre : de la situation ´economique et sociale, l’existence de mesures politiques favorables, la protection des structures de march´e (barri`ere `a l’entr´ee, acteurs dominants), la configuration de l’offre (taille des entreprises) et de la demande, l’existence et le niveau de diffusion des connaissances.

Il y a aussi un mythe du self-made man `a partir du d´ebut du XX`eme si`ecle. Or, les grands entrepreneurs sont souvent des h´eritiers sur le plan ´economique (e.g. Rockfeller)

6.2.2 Les entrepreneurs dans l’Histoire

T. Azzedine et A. Fayolle (L’odyss´ee d’un concept et les multiples figures de l’entrepreneur, 2009) font l’histoire du concept d’entrepreneur. Alors que les entrepreneurs ont jou´e un rˆole tr`es importants pendant les deux premi`eres r´evolutions industrielles, leur rˆole est d´econsid´er´e pendant les Trente Glorieuses, avec la mont´e en puissance des grandes firmes. Comme on cherche `a routiniser l’innovation, on peut se passer de l’entrepreneur.

Cet effacement est constat´e par J. Schumpeter, A. Berle et G. Means, ou encore J.K. Galbraith : propri´et´e n’est plus synonyme de contrˆole de l’entreprise. Le symbole majeur de cette vision est le renvoi de Steve Jobs par l’entreprise qui l’a lui-mˆeme cr´e´e : Apple. Cependant, le ralentissement de la croissance `a partir des ann´ees 1970 et 1980 a conduit `a revaloriser la figure de l’entrepreneur. En effet, on tient pour responsable la grande firme l’´echec de stimuler la croissance et l’innovation face `a l’´epuisement de la demande. En particulier,

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a partir des ann´ees 1990, l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) a conduit `a un boom de start-up. Comme le dit P. Drucker, dans Les entrepreneurs (1985) : L’entrepreneur est le sauveur du capitalisme . En particulier, la r´evolution des NTIC a notamment permis de baisser consid´erablement le coˆut pour pouvoir cr´eer une entreprise. Il suffit maintenant parfois de cr´eer un site internet pour pouvoir d´egager un revenu.

6.2.3 L’organisation industrielle `a l’`ere de l’entreprenariat

Pour D. Audretsch (La soci´et´e entrepreneuriale, 2007), l’organisation industrielle s’est modifi´ee sans ˆetre transform´ee radicalement. Les grandes entreprises se sont maintenues et disposent de beaucoup de moyens.

Cependant, dans certains secteurs, c’est grˆace aux petites entreprises qu’il y a eu de l’innovation (de produits et de proc´ed´es principalement). De plus, on assiste `a un ph´enom`ene de d´ebordement des connaissances : jamais il n’y a eu autant de connaissances disponibles, mais il n’y a pas forc´ement assez d’entrepreneurs pour se les approprier.

En pratique, le comportement des grandes firmes va avoir beaucoup d’influence sur celui des petites. Afin de se maintenir dans la comp´etition ´economique, les grandes firmes rach`etent les petites structures novatrices, et se d´ebarrassent des filiales les moins efficaces. L’objectif d’ˆetre rachet´e par une plus grande firme peut ˆetre la motivation d’une cr´eation d’entreprise. De plus, la logique d’externalisation des grandes firmes `a partir des ann´ees 1990 a aussi en partie stimul´e la cr´eation de petites et moyennes entreprises.

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Ainsi, le vrai enjeu pour les start-up aujourd’hui est de parvenir `a croˆıtre sans ˆetre rachet´ee par un g´eant du num´erique par exemple. C’est particuli`erement vrai en France o`u les entreprises ont du mal `a atteindre une taille interm´ediaire comme en Allemagne.

6.2.4 Les politiques de l’entreprenariat

L’ ´Etat peut jouer un rˆole dans le d´eveloppement des entrepreneurs. Au Japon, au moment de l’`ere Meiji, il y a eu la volont´e de cr´eer une classe d’entrepreneurs, et des politiques favorables au d´eveloppement des entreprises.

Aux Etats-Unis, leSmall Business Act (1953) a pour objectif de faciliter l’acc`es des petites entreprises aux commandes publiques (avec des quotas), `a l’information (par des guichets), et `a l’acc`es aux prˆets bancaires (grˆace `a des garanties). Il existe aussi un lobby charg´e de d´efendre politiquement les int´erˆets des petites entreprises. Le Small Business Innovation Research (1982) oblige les grandes agences f´ed´erales de recherche am´ericaines `a consacrer une partie de leurs financements pour la recherche des PME. En France, il y a une aide sp´ecifique aux chˆomeurs cr´eateurs d’entreprise depuis 2003, et le statut d’auto-entrepreneur (2008) qui permet d’obtenir, entre autres, des avantages fiscaux au moment de cr´eer une entreprise individuelle.

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