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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

ANNALES

DE LA FACULTÉ DES SCIENCES

Mathématiques

DIDIERARNAL, MOUNACHAABOUNI ETMABROUKAHFAIEDH

Formalité linéaire analytique

Tome XXVIII, no1 (2019), p. 129-143.

<http://afst.cedram.org/item?id=AFST_2019_6_28_1_129_0>

© Université Paul Sabatier, Toulouse, 2019, tous droits réservés.

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cedram

Article mis en ligne dans le cadre du

Centre de diffusion des revues académiques de mathématiques

(2)

pp. 129-143

Formalité linéaire analytique

(∗)

Didier Arnal(1), Mouna Chaabouni(2) et Mabrouka Hfaiedh(3)

RÉSUMÉ. — Dans ce papier nous étudions la restriction de la formalité de Kont- sevich à la sous-algèbre des tenseurs linéaires, dans l’algèbre de Lie des tenseurs sur Rd. On établit que c’est une formalité analytique.

ABSTRACT. — In this paper, we study the restriction of the Kontsevich formality to the subalgebra of the linear polyvectors in the algebra of polyvector fields onRd. We prove that this formality is an analytic map.

1. Introduction

NotonsTpoly(Rd) l’algèbre de Lie différentielle graduée des multichamps de vecteurs munie de la différentielle nulle et du crochet de Schouten, et Dpoly(Rd) l’algèbre de Lie différentielle graduée des opérateurs polydifféren- tiels munie de la différentielle de Hochschild et du crochet de Gerstenhaber.

Les éléments de degréndans Tpoly(Rd) sont les (n+ 1)-champs de vec- teurs, et les éléments de degrémdansDpoly(Rd) sont les opérateurs (m+ 1)- différentiels. Dans les espaces gradués décalésTpoly(Rd)[1] etDpoly(Rd)[1] ce sont les (n+2)-champs de vecteurs (resp. les opérateurs (m+2)-différentiels) qui sont de degrén(resp.m).

(*)Reçu le 8 février 2017, accepté le 15 mars 2017.

Classification Mathématique (2010) :53D50, 53D55, 05C30.

(1) Institut de Mathématiques de Bourgogne, UMR 5584, Université de Bourgogne-Franche Comté UFR Sciences et Techniques BP 47870, F-21078 DIJON Cedex (France) — Didier.Arnal@u-bourgogne.fr

(2) Laboratoire de Mathématiques appliquées et d’Analyse Harmonique, LR/11/ES-52, Université de Sfax, Faculté des sciences de Sfax, route de Soukra, BP 1171, 3000 SFAX (Tunisia) — mounaelloumichaabouni@gmail.com

(3) Université de Sfax, Faculté des sciences de Sfax, route de Soukra, BP 1171, 3000 SFAX (Tunisia) — mabrouka_hfaiedh@yahoo.fr

Article proposé par Bertrand Toën.

(3)

Toute algèbre de Lie différentielle graduée est uneL-algèbre. Cela signi- fie en particulier que les structures d’algèbres de Lie différentielles graduées sur Tpoly(Rd) et Dpoly(Rd) induisent des codérivations Q et Q0 de degré 1 sur les cogèbresS+(Tpoly(Rd)[1]) etS+(Dpoly(Rd)[1]), vérifiant toutes deux l’équation maîtresse :

[Q, Q] = 0 et [Q0, Q0] = 0.

UnL-morphisme de Tpoly(Rd) versDpoly(Rd) est par définition un mor- phisme de cogèbres

F:S+(Tpoly(Rd)[1])→S+(Dpoly(Rd)[1])

de degré 0 et commutant aux codérivations, c’est à dire vérifiant l’équation : F ◦Q=Q0◦ F.

Si la restriction deF à Tpoly(Rd) est un quasi-isomorphisme de complexes deTpoly(Rd) dansDpoly(Rd), on dira queF est une formalité.

M. Kontsevich a défini dans son article [7] une formalité qui est unique- ment déterminée par ses coefficients de Taylor :

Fn:Sn(Tpoly(Rd)[1])→Dpoly(Rd)[1].

Si lesαi sont des ki-champs de vecteurs, alorsFn1. . . αn) est d’ordre k1+. . .+kn−2ndansDpoly(Rd)[1]. C’est à dire un opérateurm-différentiel,

avec n

X

i=1

ki= 2n+m−2. (1.1)

Les Fn sont construits à l’aide des graphes et des poids associés à ces graphes (pour les définitions voir les parties 2 et 3).

SoitGn,ml’ensemble des graphes admissibles ànsommets aériens (numé- rotés) etmsommets terrestres. Soit Γ un graphe deGn,m, etkile nombre de flèches partant du sommet aérienidans Γ. A toutn-uplet de multi-champs de vecteurs (α1, . . . , αn), tel que chaque αi soit un ki-champ de vecteurs, on associe un opérateurm-différentielBΓ1, .., αn), oùmest donné par la relation 1.1. L’opérateurBΓ1, . . . , αn) dépend des dérivées des coefficients des tenseursαi.

L’applicationFn est alors donnée par la formule : Fn1. . . αn) = X

Γ∈Gn,m

wΓBΓ1, . . . , αn) où le poidswΓ est un nombre réel dépendant uniquement de Γ.

NotonsAn,ml’ensemble des graphes admissibles tels que sur chaque som- met aérien il arrive au plus une flèche. Dans cet article, le nombre d’éléments

(4)

deGn,m et de An,m est d’abord majoré, puis une majoration du poids wΓ associé à Γ est établie. Ces majorations sont des généralisations des résultats d’Andler, Dvorsky et Sahi dans [2].

Ensuite, on restreint la notion de formalité à l’espace des tenseurs li- néaires c’est à dire à l’ensembleTpoly(1) (Rd) des tenseursαdont les coefficients αi1...ik sont des fonctions linéaires. En effet, cet espace est une sous-algèbre deTpoly(Rd). On a donc une notion de formalité linéaire. La restrictionF(1) de la formalité de Kontsevich à Tpoly(1) (Rd) est un exemple de formalité li- néaire.

On établit alors que F(1) est analytique. Plus précisément il existe une suiteRn,mde fonctions analytiques en 0 telle que, pour tous tenseurs α1, . . . , αn, tous vecteursa1, . . . , am, etx,

Fn(1)1. . . αn)(ea1x, . . . , eamx) =Rn,m(x, aj, αi)e(a1+...+am)x

2. Graphes et opérateurs

2.1. Graphes admissibles

On se place surRd, un vecteurx∈Rdest déterminé par ses coordonnées, siaetxsont des vecteurs, on poseax=X

i

aixi. Un tenseur complètement antisymétrique, ou multi-champ de vecteursαest donné par ses coordonnées αr1,...,rk(x), complètement antisymétriques en lesrs :

α= X

r1,...,rk

αr1,...,rk(x)∂r1. . .rk,r= ∂x

r.

Dans cette section et la suivante, on rappelle la construction de Kontse- vich d’une formalité naturelle surRd.

Définition 2.1. — Un graphe orienté est une paire (VΓ, EΓ) de deux ensembles finis ordonnés tels queEΓ est un sous-ensemble de VΓ×VΓ.

Les éléments deVΓ sont les sommets deΓ et les éléments deEΓ sont les flèches deΓ. Si e= (v1, v2)∈EΓ est une flèche, on dit que e part dev1 et arrive surv2 et on écrite=−−→v1v2.

(5)

On se restreint aux graphes admissibles, c’est à dire aux éléments des ensemblesGn,m:

Définition 2.2. — Pour chaque couple de nombres naturels (n, m), on dit que le graphe orientéΓ appartient àGn,msi :

1. Γpossède (n+m)sommets et 2n+m−2 flèches.

2. L’ensemble des sommetsVΓ est{1, . . . , n}∪{1, . . . , m}, les sommets 1, . . . , n sont dits aériens, les sommets1, . . . , mterrestres.

3. Les flèches−−→v1v2 partent toutes d’un sommet aérien. Leur ordre est compatible : les flèches issues du sommeti précèdent les flèches is- sues du sommeti+ 1.

4. Il n’y a pas de petites boucles :Γn’a pas de flèche de la formevv.→ 5. Il n’y a pas de flèches doubles : sie=−−→v1v2 et e0 =−−→

v1v02 sont deux flèches deΓ, alorsv26=v20.

Soit Γ∈Gn,mun graphe admissible. De chaque sommet aérieni, il sortki flèches notées : (e1i, e2i, . . . , ekii). Notonsstar(i) l’ensemble de ces flèches. On noteraGn,m(k1, . . . , kn) le sous-ensemble deGn,mformé des graphes tels que

|star(i)|=ki pour touti(siX est un ensemble, on note|X| son cardinal).

Exemple 2.3. —L’ensembleG0,2a un seul élément : le graphe possèdant les sommets 1 et 2 et aucune flèche.

De même |G1,2| = 5 : il y a un seul graphe sans flèche, deux avec une seule flèche et, en tenant compte de l’ordre des flèches, deux à deux flèches.

Exemple 2.4. —(voir [2]) Pour m = 2, et ki = 2 pour tout i, Γ a n sommets aériens et deux sommets terrestres, de chaque sommet aérien sort deux flèches, pas de flèche sortant de 1 et 2. Comme il n’y a pas de boucles, ni de flèches doubles, pour chaquestar(i), il y a (n+ 1) choix pour la pre- mière flèchee1i etn choix pour la deuxième flèchee2i. Donc il y a n(n+ 1) manières de dessiner la paire de flèches partant d’un sommetiet par suite Gn,2(2, . . . ,2) est fini de cardinal (n(n+ 1))n.

2.2. Majoration de |Gn,m(k1, . . . , kn)|

Les graphes deGn,montnsommets aériens etmsommets terrestres. Pour estimer|Gn,m|, il suffit de compter le nombre des flèches aériennes (aboutis- sant sur un sommet aérien) et le nombre des flèches terrestres (aboutissant

(6)

sur un sommet terrestre) possibles du graphe Γ. Soit i un sommet aérien.

D’abord, on ne tient pas compte de l’ordre sur les flèches.

1. Flèches aériennes arrivant suri

Soit aucune flèche n’arrive suri (1 choix), soit une seule flèche aé- rienne arrive suri(n−1 =Cn−11 choix), soit deux flèches aériennes arrivent suri(Cn−12 choix),. . . , soitn−1 flèches aériennes arrivent suri(Cn−1n−1choix). Il y a donc 1 +Cn−11 +Cn−12 +. . .+Cn−1n−1= 2n−1 choix possibles de flèches arrivant suri.

2. Flèches terrestres issues du pointi

Soit il n’y a aucune flèche terrestre (1 choix), soit il y a une seule flèche terrestre (Cm1 choix), soit deux flèches terrestres (Cm2 choix),. . . , soitmflèches terrestres (Cmm choix).

Donc il y a : 1 +Cm1 +Cm2 +. . .+Cmm= 2mchoix possibles de flèches terrestres issues du pointi.

Donc, sans tenir compte de leur ordre, il y a 2n−1+mpossibilités de choix de telles flèches pour chaque sommeti, (16i6n) et (2n+m−1)n choix de flèches au total. Il reste à fixer l’ordre compatible, parmi les

n

Y

i=1

ki! possibi- lités, comme il y a une relation entre les |star(i)| et le nombre des flèches énumérées ci-dessus, on n’obtient qu’une majoration :

Lemme 2.5. — Le nombre total |Gn,m(k1, . . . , kn)| de graphes admis- sibles, ayantnsommets aériens,m sommets terrestres et, pour chaquei,ki

flèches issues du sommetiest majoré par :

|Gn,m(k1, . . . , kn)|6(2n+m−1)n

n

Y

i=1

ki!.

Par exemple, sim= 2 etki= 2 pour chaque i, comme dans [2],

|Gn,2(2, . . . ,2)|62n(n+2).

2.3. Majoration de |An,m(k1, . . . , kn)|

On noteAn,mle sous ensemble des graphes admissibles deGn,mtels que sur chaque sommet aérien il arrive au plus une flèche, etAn,m(k1, . . . , kn)

(7)

l’ensemble des graphes deAn,m tels que|star(i)|=ki pour touti.

Lemme 2.6. — On a la majoration :

|An,m(k1, . . . , kn)|6(2mn)n

n

Y

i=1

ki!6(2me)nn!

n

Y

i=1

ki!.

Preuve. — Pour décrire un graphe Γ deAn,m, il suffit de regarder les différentes situations pour chaque sommet aérieni.

1. Flèches aériennes arrivant suri

En comptant le cas où il n’y a aucune flèche aboutissant ài, il y a nchoix possibles.

2. Flèches terrestres issues du pointi

Comme ci-dessus, le sommet i est relié soit à aucun sommet ter- restre, soit 1, etc. . . Il y a 1 +Cm1 +. . . .+Cmm= 2mcas possibles.

Alors il y a au plus 2mnchoix pour chaque sommeti, et en tenant compte de l’orientation de l’ensemble des flèches sortant de chaque sommet, on obtient le résultat

|An,m(k1, . . . , kn)|6(2mn)n

n

Y

i=1

ki! D’autre part on sait que :nn6n!en, d’où

|An,m(k1, . . . , kn)|6(2me)nn!

n

Y

i=1

ki!.

2.4. L’opérateurBΓ1, . . . , αn)

A chaque graphe admissible Γ deGn,m(k1, . . . , kn), on associe un opéra- teur multi-différentielBΓ1, . . . , αn) nul sauf si chaqueαiest unki-tenseur.

Notons|k|=P

iki, et{−→e1, . . . ,−→e|k|} l’ensemble des flèches de Γ, rangées dans leur ordre. A lasi`emeflèche −→es, on associe un indicers, compris entre 1 etd.

Soit a un sommet aérien ou terrestre de Γ. Si les flèches arrivant sur a sont {−es1, . . . ,−−→es`a} (l’ordre n’importe pas), on leur associe l’opérateur différentiel :

Da=Da(rs) =rs1. . . ∂rs`a.

(8)

D’autre part, si on poseKi=k1+. . .+ki−1pour touti>2 etK1= 0, les flèches issues du sommetisont (dans leur ordre){−−−→eKi+1, . . . ,−−−−→eKi+ki}.

Dans le cas où chaqueαi est unki-tenseur,BΓ1, . . . , αn) est un opéra- teurm-différentiel surRd dont la valeur sur les fonctionsf1, . . . , fm est :

BΓ1, . . . , αn)(f1, . . . , fm) = X

16rs6d

Y

i

DiαriKi+1,...,rKi+kiY

j

Djfj. (2.1) Dans cette formule, lesαriKi+1,...,rKi+ki sont les composantes du tenseurαi. Exemple 2.7. —(voir [4]) Prenons n= 3, m= 2 et ki = 2 pour tout i, et choisissons le graphe Γ deG3,2(2,2,2) suivant, où l’ordre des flèches est fixé par celui des indicesr1,. . . , r6 :

1 2

1 B

B B

B B

B r1N

b b

b b

b b

b b

b b j

r2

2 A A

A A

A A

A A r4U PP

PP PP q

r3

3

"

"

"

"

"

"

"

"

"

"

r5

r6

Le graphe Γ

L’opérateurBΓ1, α2, α3) correspondant à ce graphe Γ est : (f1, f2)7→ X

r1,...,r6

αr11r2αr23r4r3αr35r6 r1r5f1r2r4r6f2.

3. Espace de configuration et poids

Pour finir de définir la formalité de Kontsevich, il faut sommer les opéra- teursBΓ1, . . . , αn) affectés d’un poidswΓ.

Définition 3.1. — Soit H= {z ∈ C : Im(z) >0} le demi-plan de Poincaré. L’espace de configurationConfn,mest l’ensemble des nuages den pointspi dans Hetmpoints réels qj :

Confn,m=

(p1, . . . , pn, q1, . . . , qm) : pi∈ H, qj ∈R, pi6=pi0, qj6=qj0 sii6=i0, j6=j0 .

(9)

L’ensembleConfn,mest une variété différentielle de dimension 2n+m.

Si 2n+m>2, le groupeGdes transformations affines : G={z7→az+b : a >0, b∈R}

agit librement surConfn,m. L’espace quotient Cn,m=Confn,m/G est une variété de dimension 2n+m−2.

Les espaces Confn,m et Cn,m ont m! composantes connexes, on note Confn,m+ respCn,m+ les composantes telles queq1< . . . < qm.

On plonge l’espace de configurationCn,m+ dans une variété compacte de la façon suivante. Chaque fois que l’on prend deux pointsaetbdeH, on leur associe l’angleArg(ba), à chaque triplet de points (a, b, c) deR, on associe l’élément [a−b, bc, ca] de l’espace projectifP2(R) qu’ils définissent. On définit ainsi une applicationG-invariante :

Φ :e Confn,m+Kn,m=T(2n+m)(2n+m−1)×(P2(R))(2n+m)(2n+m−1)(2n+m−2)

En faisant le quotient par le groupeG, on obtient un plongement Φ deCn,m+ dans une variété compacte :

Φ :Cn,m+Kn,m.

On définit le compactifiéC+n,m de l’espace Cn,m+ comme étant la fermeture dansKn,m de Φ(Cn,m+ ). (Pour plus de détails voir [5]).

Exemple 3.2. — Puisqu’on peut par l’action de G, amener p1 en √

−1, ouq1 en 0 etq2 en±1, on trouve, en petites dimensions :

Conf1,0=H, C1,0' {√

−1}, C0,2=Conf0,2/G' {−1, 1}.

De même, en posantt=q2q3dans la paramétrisation deC0,3,

C1,1=Conf1,1/G'R, C0,3' {±1} × ]− ∞,0[∪]0,1[∪]1,∞[

. De même :

C2,0=Conf2,0/G' H \ {√

−1 }, C1,2'R2\ {(t, t) : t∈R}.

3.1. Définition du poids

Le poidswΓ associé à Γ∈Gn,mest défini par l’intégrale d’une forme sur l’espace de configurationCn,m+ (voir [7, 3]).

(10)

Si c est un point de Cn,m+ , on trace le graphe Γ sur un représentant (pi, qj) ∈ Confn,m+ de c, en plaçant le sommet i en pi, le sommet j en qj

et la flèche−→

ii0 (resp.−→

ij) est dessinée comme l’arc du cercle passant par ces deux points et centré sur l’axe réel.

A chacune de ces flèchese, on associe l’angle Φe entreeet l’axe vertical issu depi vers +∞:

Φe(p, q) =Arg

pi0pi pi0pi

, ou Arg

qjpi qjpi

Cet angle ne dépend pas du choix du représentant de c, on a donc une application ΦΓ : Cn,m+ → T|k|, ΦΓ(c) = (Φe1(c), . . . ,Φe|k|(c)), et une |k|- forme surCn,m+ :

ωΓ = 1 (2π)|k|

1

k! e1. . .e|k|,k! =Qn

i=1ki!. Le poids wΓ est l’intégrale de cette forme sur la variété Cn,m+ :

wΓ= Z

C+n,m

ωΓ.

On a doncwΓ = 0 sauf si les ki satisfont la relation 1.1. Dans ce cas, on montre quewΓ est fini.

3.2. Majoration du Poids|wΓ|

Le poidswΓ a été majoré par Andler, Dvorsky et Sahi dans [2] sim= 2.

De même, on a pour les graphes deAn,m :

Lemme 3.3. — Pour tout grapheΓdeAn,m(k1, . . . , kn), on a

|wΓ|622n+m−2 k! .

Preuve. — On ne considère que le cas|k| = 2n+m−2, et n >0, le casn= 0 étant trivial. On a vu que ωΓ est l’image réciproque de la forme volume du tore T2n+m−2 sous l’application ΦΓ : Cn,m+ → T2n+m−2. Un pointc deCn,m+ est donné par son représentant (pi, qj) tel que p1 =√

−1.

Si φ = (φs) ∈ Φ(Cn,m+ ), ses antécédents sont les c tels que pour chaque

(11)

s, si es = −→

ii0 (resp.es =−→

ij), (pi, pi0) (resp. (pi, qj)) sont les solutions des équations quadratiques :

(z0z)(z0z) =e2

−1φs(z0z)(z0z) (3.1)

Il y a ainsi 2n+m−2 équations quadratiques dans Cde type 3.1 dont les variables sontp2, . . . , pn, q1, . . . , qm, ou les 2n+m−2 variables réelles (Re(pi),Im(pi), qj, 26i6n, 16j6m).

Génériquement, chaque équation 3.1 a deux racines, chaque pointφd’un ouvert dense de ΦΓ(Cn,m+ ) a donc 22n+m−2 antécédents. Donc si V est le volume du toreT2n+m−2, on a :

|wΓ|6 22n+m−2V

(2π)2n+m−2k! 6 22n+m−2 k! .

4. Formalité

4.1. La formalité de Kontsevich

L’espaceTpoly(Rd) possède une structure d’algèbre de Lie graduée diffé- rentielle lorsqu’on le munit du degrédeg(α) =k−1 si αest unk-tenseur, de la différentielle nulle et du crochet de Schouten :

(−1)(k−1)(k0−1)1. . .ξk, η1. . .ηk0] =

=X

i,j

(−1)i+ji, ηj]∧ξ1. . .ξbi. . .ξkη1. . .ηbj. . .ηk0. (La notationξbi signifie que le termeξi est omis.)

De même l’espace Dpoly(Rd) est une algèbre de Lie différentielle gra- duée lorsqu’on le munit du degré deg(D) = m−1 si D est un opérateur m-différentiel, de la différentielle donnée par l’opérateur de cobord de Hoch- schild :

(−1)m+1dD(f0, . . . , fm) =f0D(f1, . . . , fm)+

+ X

16`6m

(−1)`D(f0, . . . , f`−1f`, . . . , fm) + (−1)m+1D(f0, . . . , fm−1)fm,

(12)

et du crochet de Gerstenhaber, antisymétrisé de la composition : (D◦D0)(f1, . . . , fm+m0−1) =

=

m−1

X

`=0

(−1)`(m0−1)D(f1, . . . , f`, D0(f`+1, . . . , f`+m0), . . . , fm+m0−1).

Une algèbre de Lie différentielle graduée (g, d,[, ]) est une L-algèbre (pour cette construction, voir par exemple [1]). On considère d’abord son décalég[1], muni du degré|x|=deg(x)−1, puis l’algèbre graduée symétrique S+(g[1]) avec :

x·x0 = (−1)|x0||x|x0·x=εx0,x x,x0

x0·x.

On munit cette algèbre de la déconcaténation :

∆(x1·. . .·xn) = X

ItJ={1,...,n}

n>|I|>0

ε(x1x,...,xIxJn)xI

OxJ.

(SiI ={i1, . . . , ik}, xI =xi1·. . .·xik, le signe est celui de la permutation (x1x,...,xIxJn) en tenant compte des degrés desxi). On pose alors Q1(x) =dx, Q2(x, y) = (−1)deg(x)[x, y]. Ces applications ont chacune un seul prolonge- ment en des codérivations de ∆ :

Q1(x1·. . .·xn) =X

i

ε x1...xn

xix1...

xbi...xn

Q1(xix1·. . .xbi. . .·xn. Q2(x1·. . .·xn) =X

i<j

ε x1...xn

xixjx1...

xbi...

xbj...xn

Q2(xi, xjx1·. . .xbi. . .xbj· · · ·xn. AlorsQ=Q1+Q2 est une codérivation de ∆ qui satisfait l’équation maî- tresse [Q, Q] = 0.

Soient (S+(g[1]), Q), (S+(g0[1]), Q0) deuxL-algèbres, un morphismeF de L-algèbres entre elles est donné par une suite d’applications linéaires Fn :Sn(g[1])→g0[1], de degrés 0, prolongée en un morphisme des déconca- ténations en posant :

F(x1·. . .·xn) =X

j>0

1 j!

X

I1t···tIj={1,...,n}

I1...Ij6=∅

ε xxI11...x...xnIj

F|I1|(xI1. . .· F|Ij|(xIj),

et telle queF ◦Q=Q0◦ F.

(13)

Dans le casg=Tpoly(Rd),g0=Dpoly(Rd), cette relation se réduit à : Q01(Fn1·. . .·αn)) +1

2

X

ItJ={1,...,n}

I,J6=∅

ε(αα1I...αJn)Q02(F|I|I)· F|J|J)) =

= 1 2

X

k6=`

ε α1...αn

α{k,`}

{1,..., k,`,...,n}b

Fn−1(Q2k·α`α1·. . .αck. . .cα`· · · ·αn).

Définition 4.1. — Soit g=Tpoly(Rd), g0 =Dpoly(Rd). Une formalité est unL-morphismeF deS+(g[1])versS+(g0[1])dont le terme linéaireF1 est l’identification canonique des tenseurs à des opérateurs poly-différentiels d’ordre1, . . . ,1 :

F1(α)(f1, . . . , fk) =hα, df1. . .dfki.

Cette notion est due à M. Kontsevich qui a montré que l’application F définie par :

Fn1, . . . , αn) =X

m

X

Γ∈Gn,m

wΓBΓ1, . . . , αn)

est une formalité. En particulier, il a montré que la relation de Stokes sur les diverses formesωΓdéfinies sur chaqueCn,m+ et les faces de son bord implique queF est unL-morphisme (voir [7, 3]).

4.2. Formalité linéaire analytique

Dans toute la suite on se restreint à l’espace Tpoly(1) (Rd) des tenseurs li- néaires, plus précisément les coefficients des tenseurs α sont des fonctions linéaires. Pour tousr1, . . . , rk, il existe des vecteursαr1,...,rk deRdtels que :

α(x) = X

r1,...,rk

r1,...,rkx)∂r1. . .rk.

Par définition du crochet de Schouten, Tpoly(1) (Rd) est une sous algèbre de Lie différentielle graduée de Tpoly(Rd). On a donc une notion de L- morphisme et de formalité linéaire.

Définition 4.2. — On dira qu’unL-morphismeF =X

n

FndeTpoly(1)(Rd) dansDpoly(Rd)est une formalité linéaire siF1 est l’identification canonique d’un tenseur linéaire à un opérateur poly-différentiel d’ordre1, . . . ,1.

(14)

Bien entendu, la restrictionF(1)de la formalité de Kontsevich àTpoly(1) (Rd) est une formalité linéaire.

Considérons maintenantF(1) comme une application (non linéaire) sur Tpoly(1) (Rd). Pour étudier l’analyticité de cette fonction, on se restreint à l’es- paceTk(1) des tenseurs linéaires d’ordre au plusk. Un tel tenseur s’écrit :

α=X

i

αi, avec deg(αi) =ki−16k−1.

On écrit alors formellementeα−1 =X

n>1

αn

n!, et on considère l’application : α7→ F(1)(eα−1) =

+∞

X

n=1

1 n!

X

i1,i2,...,in

Fn(1)i1·. . .·αin).

Son imageF(1)(eα−1) est un opérateur multidifférentiel formel : F(1)(eα−1) =X

m

Dm(α)

=X

m

X

β1,...,βm

Em(x, αi)β1...βmβ1. . .βm.

(4.1)

On dira que F(1) est analytique si pour chaque m la fonction symbole (x, αi, ξj) 7→ X

β1,...,βm

Em(x, αi)β1...βmξ1β1. . . ξmβm de Dm(α) est analytique.

De façon équivalente,

Définition 4.3. — Une formalité linéaire F, qu’on écrit F(eα−1) = X

m

Dm(α), est dite analytique si, pour chaquek, il existe une suite de fonc- tions analytiques en 0 :

Rm:Rd×Tk(1)×(Rd)m→R telle que pour toutα=X

i

αi deTk(1), pour tout(a1, . . . , am)de(Rd)m, Dm(α)(ea1x, . . . , eamx) =Rm(x, αi, aj)e(a1+...+am)x.

Avec cette définition,

Théorème 4.4. — La formalité linéaire de Kontsevich F(1) est analy- tique.

(15)

Preuve. — Par définition de An,m, si Γ est un graphe de Gn,m\An,m, l’opérateur BΓ1, . . . , αn) s’annule sur (Tpoly(1) (Rd))n. La restriction de la formalité de Kontsevich àTpoly(1) (Rd) est donc :

Fn(1)1, . . . , αn) =X

m

X

Γ∈An,m

wΓBΓ1, . . . , αn).

Soit Γ∈An,m(k1, . . . , kn), en utilisant la relation 2.1 : BΓ1, . . . , αn)(f1, . . . , fm) = X

16rs6d

Y

i

DiαriKi+1,...,rKi+kiY

j

Djfj, on a avec les notations de 4.1 :

BΓ1, . . . , αn)(ea1x, . . . , eamx) = X

β1,...,βm

EΓ(x, αi)β1...βm

Y

j

βjeajx

= (X

β,γ

X

s,r

Y

i

αri,sKi+1,...,rKi+ki

i xγY

j

aβjj)e(a1+...+am)x

= (X

δ,β,γ

Cδ,γ,βΓ Y

i,r,j

ri)δi,rxγaβjj)e(a1+...+am)x.

(4.2)

Ici αri,sKi+1,...,rKi+ki

i est la coordonnée si du vecteur αri = αriKi+1,...,rKi+ki, δ= (δi,r) est un multi-indice tel queP

rδi,r = 1. Comme la somme dans 2.1 contientd2n+m−2 termes,

|Cδ,γ,βΓ |6d2n+m−2.

Mais le nombre de flèches terrestres de Γ est |β| =P

jj|, donc celui des flèches aériennes est A = 2n+m−2− |β|. Bien sûr, |γ| = nA =

|β|+ 2−mn, donc le degré des monômes qui apparaissent dans 4.2 est : n+|γ|+X

j

j|= 2n+m−2 + 2|γ|>2n+m−2.

Donce−xPa

jDm(α)(ea1x, . . . , eamx) est une série entière en les coordonnées des vecteursαri,xetaj dont le coefficient du terme

Y

i,r,j

ri)δi,rxγaβjj est, si on posen=P

i,r|, et si chaque αi est unki-tenseur, Cδ,γ,β= 1

n!

X

Γ∈An,m(k)

wΓCδ,γ,βΓ .

(16)

On a donc :

|Cδ,γ,β|6 1

n!|An,m(k)| sup

Γ∈An,m(k)

|wΓ||Cδ,γ,βΓ |

6 1

n!(2me)nn!Y

i

ki!22n+m−2 Q

iki! d2n+m−2 6(2m+1ed)2m+n−26(2m+1ed)

P

i,r|+|γ|+P

jj|

.

Finalement,Rm(x, αi, aj) est la somme de cette série entière. Si on pose

|x|= sup

s

|xs|, |αi|= sup

r1,...,rki,s

ri,s1,...,rki|, etk(x, αi, aj)k= sup{|x|,|αi|,|aj|}, Rm est analytique sur la boule de centre 0 et de rayon 2m+11ed (voir par exemple [6]).

Bibliographie

[1] W. Aloulou, D. Arnal&R. Chatbouri, « Algèbres et cogèbres de Gerstenhaber et cohomologie de Chevalley-Harrison »,Bull. Sci. Math.133(2009), no1, p. 1-50.

[2] M. Andler, A. Dvorsky&S. Sahi, « Kontsevich quantization and invariant distri- butions on Lie groups »,Ann. Sci. Éc. Norm. Supér.35(2002), no3, p. 371-390.

[3] D. Arnal, D. Manchon&M. Masmoudi, « Choix des signes pour la formalité de M.

Kontsevich »,Pac. J. Math.203(2002), no1, p. 23-66.

[4] N. Ben Amar, M. Chaabouni&M. Hfaiedh, « Kontsevich deformation quantization on Lie algebras »,Boll. Unione Mat. Ital. Sez. B Artic. Ric. Mat. (8)10(2007), no2, p. 365-379.

[5] W. Fulton&R. MacPherson, « A compactification of configuration spaces »,Ann.

Math.139(1994), no1, p. 183-225.

[6] R. C. Gunning&H. Rossi,Analytic functions of several complex variables, Prentice- Hall, Inc., Englewood Cliffs, N.J., 1965.

[7] M. Kontsevich, « Deformation quantization of Poisson manifolds »,Lett. Math. Phys.

66(2003), no3, p. 157-216.

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