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Cifali, M. (2019). Préserver un lien. Éthique des métiers de la relation. Paris : PUF, 340 p. ISBN : 978-2-13-081853-3

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Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/rechercheformation/6514 DOI : 10.4000/rechercheformation.6514

ISSN : 1968-3936 Éditeur

ENS Éditions Édition imprimée

Date de publication : 31 décembre 2020 Pagination : 109-112

ISSN : 0988-1824 Référence électronique

Bruno Robbes, « Cifali, M. (2019). Préserver un lien. Éthique des métiers de la relation », Recherche et formation [En ligne], 95 | 2020, mis en ligne le 05 mai 2021, consulté le 24 avril 2022. URL : http://

journals.openedition.org/rechercheformation/6514 ; DOI : https://doi.org/10.4000/

rechercheformation.6514

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Cifali, M. (2019). Préserver un lien.

Éthique des métiers de la relation

Paris : PUF, 340 p. ISBN : 978-2-13-081853-3

Bruno Robbes

RÉFÉRENCE

Cifali, M. (2019). Préserver un lien. Éthique des métiers de la relation. Paris : PUF, 340 p.

ISBN : 978-2-13-081853-3

1 Cet ouvrage est le second d’une série de trois essais1, dans lesquels l’auteure nous livre ce qu’elle retient de son parcours d’historienne, de psychanalyste, de clinicienne…

formatrice de professionnels des métiers de la relation. Comment y faire vivre une éthique en actes ? Tel est le projet de ce livre qui comprend trois parties, une « Note sur la provenance des textes » et une « Note d’écriture » précisant son processus d’élaboration.

2 La première partie aborde la construction et la valeur du lien. Elle pose aussi le débat de la non scientificité supposée de la démarche clinique.

3 Dans le chapitre d’ouverture, Cifali soutient l’exigence de penser une relation qui n’évince pas le sujet. Travailler la relation dans ses effets constructeurs comme destructeurs s’impose. La relation « est d’abord une affaire d’immersion », appelant une

« subjectivité travaillée » (p. 28). S’y tenir professionnellement est une position éthique à préserver, réclamant des gestes spécifiques, des actes adressés, à travers laquelle celui qui cherche « à être “sujet” pour un autre » le considère comme tel. Mais l’autre peut refuser la relation. Là, « ne pas s’en tenir à l’immédiateté de nos réactions, […]

accueillir la violence sans nous sentir blessé, […] continuer d’être fiable, […] faire confiance » (p. 41) sont d’utiles repères. La relation (présence immédiate) n’est pas le lien (qui ajoute confiance, estime, réciprocité) ni la rencontre (survenant avec des personnes rares). Le tact préserve nos dignités.

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5 Le troisième chapitre s’adresse au malade chronique et au soignant accompagnant la maladie et la mort. Avec l’angoisse et l’échec, apprendre peut être empêché par la prévalence de l’affectif. Le « savoir sur », appris dans les livres, n’est pas le « savoir de », résultant d’un travail sur soi en relation à un autre pouvant « transformer notre manière d’être et d’agir » (p. 72) : pour le malade, ne pas être réduit à un objet, en gardant ses capacités de création ; pour le soignant, aménager « un contexte soutenant, par un accompagnement sécurisant » (p. 76). Ce professionnel peut alors enseigner certains aspects psychologiques appris de cette confrontation.

6 Dans le quatrième chapitre, Cifali revient sur les attaques envers la démarche clinique dans le champ de l’éducation et de l’enseignement. « Accepter d’entendre ce qui met en débat [sa] position est, pour elle, le socle d’une démarche scientifique comme d’une démarche thérapeutique où formative » (p. 88). Or, le management humaniste, omniprésent (Martin, 2008), emploie les mêmes mots dans l’entreprise et l’éducation, mais avec une théorie du sujet bien différente (Brunel, 2004). L’intelligence émotionnelle (Goleman, 1997, 1999 et 2009) est un exemple de ces techniques manipulatoires visant l’aliénation par une soumission consentie. Cifali plaide pour une réflexion éthique permanente sur nos actes et leurs conséquences. Elle nous alerte sur l’impératif de réflexivité incompatible avec la démarche clinique, qui nécessite une temporalité non réductible à l’urgence. Ainsi, un discours unique exclut, jusque dans l’université même, l’approche clinique.

7 La deuxième partie investigue la préservation d’une intériorité, c’est-à-dire le travail, par la pensée, des sentiments d’un sujet dans la relation à l’autre, par opposition à certaines tendances neurocognitives.

8 Le premier chapitre interroge l’opposition entre objectivité scientifique et subjectivité, cette dernière étant connotée négativement. Cifali défend « une subjectivité assumée » réclamant une « intériorité retravaillée », l’objectivité découlant « d’une confrontation entre les subjectivités en présence » (p. 116). Les sentiments sont une limite à l’action rationnelle, aux risques de déshumanisation. Cifali insiste sur l’exigence de la présence et l’authenticité du clinicien ; sur le devenir, propre à transformer les situations ; sur la disponibilité et la confiance en ces mouvements.

9 L’auteure s’explique dans le deuxième chapitre sur son supposé pessimisme.

L’« obligation d’aimer » des acteurs des métiers de la relation l’a d’abord conduite à insister sur la prise en compte d’un « négatif » refusé. Puis elle a aussi considéré le

« positif », travaillant « contre, et avec la violence » (p. 157), pour l’autonomie sans nier

« le besoin d’une dépendance » et les « responsabilités à accompagner » (p. 163).

L’accueil de « l’accident », de l’« événement », et de la souffrance sont parfois créateurs s’ils ne sont pas occultés.

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10 Le troisième chapitre aborde la compréhension des dimensions affectives et relationnelles. Le concept d’« émotion » (employé par un courant des neurosciences et de la psychologie cognitive) se distingue des sentiments éprouvés lorsqu’ils sont mis en travail : « un sentiment est lié à la durée, il a une intériorité ; l’émotion est l’expression de l’instant, se définissant par son intensité et ses manifestations corporelles » (p. 179).

Nos affects sont des alertes, des guides pour l’action. Penser que les émotions sont à l’origine de l’action, ce serait considérer qu’elles doivent être maîtrisées. Or, un être humain est mu par le désir, le manque, la fragilité, là où la maîtrise réduit le soi au biologique. Intelligence et sentiments vont de pair. L’auteure s’inquiète de l’absence d’une réflexion psychanalytique en formation, tout en se méfiant d’une psychanalyse qui détiendrait la vérité. Conjuguer les approches serait plus fructueux.

11 La troisième partie traite de l’éthique au quotidien, en montrant comment l’impossible des métiers de la relation peut être structurant et constitutif d’un « travail d’humanité » jamais achevé.

12 Une réflexion sur l’expression « métier impossible » est proposée dans le premier chapitre. Pour l’auteure, il convient d’« accepter l’interminable » (p. 221) de nos actes vers un autre. Le gouvernement et le soin « sont obligés de se confronter à ce qui les empêche d’exercer leur influence » (p. 224). Une démarche clinique, en considérant les savoirs savants et la singularité du vivant, permet de penser ses actes « avec l’incertitude, le hasard et la complexité » (p. 226). Elle porte une éthique consistant à croire en l’autre et à ce qu’il se reconnaisse comme sujet à travers la rencontre.

13 Le deuxième chapitre définit d’abord morale, déontologie et éthique. Pour Cifali, seule

« une éthique de la finitude » (Enriquez, 1993, cité p. 239) peut permettre de penser la singularité de nos actes, en nous pensant à la fois porteurs « d’amour et de mort » (p. 242). Conjuguer les questionnements sur la technique et la relation à un (ou des) sujet(s) permet d’interroger la « conception du management tout en puissance désincarnante » (p. 244) très présente dans nos organisations. Le questionnement éthique vise à se préserver de l’ignorance, de la déshumanisation et des risques d’une déresponsabilisation vis-à-vis d’un autre. Une éthique de la parole est suggérée, incluant « des espaces d’intériorité » (p. 253) préservés.

14 Dans le chapitre 3, la réflexion porte sur le compréhensible et l’inacceptable. Le savoir et ses usages ne sont pas bons en soi. C’est une posture de recherche de savoir et de ses effets que l’auteure soutient, à travers une éthique de l’action en contexte (politique, social). Il s’agit de rechercher, dans des récits, ce qui autorise ou détruit pour élaborer une pensée des instants critiques, agir autrement, sortir d’un sentiment récurrent d’impuissance, d’un statut d’exécutant. Une liberté de pensée et d’action est à retrouver, loin d’une toute-puissance véhiculée par les idéologies professionnelles de maîtrise, car « le changement […] prend du temps » (p. 264). Se garder de l’absence comme de l’excès de compréhension, maintenir une générosité pour « élargir son champ d’appréhension de soi et du monde » (p. 268) sont d’autres principes directeurs.

Le professionnel en vient aussi à voir la part d’inacceptable qu’il génère. Des ruptures sont nécessaires pour trouver une autre issue à la spirale de l’anéantissement mutuel.

Travailler sur les sentiments éprouvés, faire vivre une éthique de la discussion et de la décision collective qui tienne compte des plus faibles, mais aussi faire la part des comportements individuels et des pathologies institutionnelles, sans substitution au politique sont encouragés par l’auteure.

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redondances parfois. Il veut faire ré-/raisonner les propos de l’auteure avec les pensées, expériences et situations du lecteur. Tout professionnel de l’éducation, du travail social, du soin, de l’enseignement ou de la formation en quête d’intelligibilité et de lucidité s’y reconnaîtra.

BIBLIOGRAPHIE

Brunel, V. (2004). Les Managers de l’âme. Le développement personnel en entreprise, nouvelle pratique de pouvoir. La Découverte.

Goleman, D. (1997). L’intelligence émotionnelle. Comment transformer ses émotions en intelligence : volume 1. Robert Laffont.

Goleman, D. (1999). L’intelligence émotionnelle. Cultiver ses émotions pour s’épanouir dans son travail : volume 2. Robert Laffont.

Goleman, D. (2009). Cultiver l’intelligence relationnelle. Comprendre et maîtriser notre relation aux autres pour vivre mieux : volume 3. Robert Laffont.

Martin, F. (2008). Managez humain, c’est rentable ! Comment humaniser les relations professionnelles. De Boeck Supérieur.

NOTES

1. Les deux autres ouvrages, publiés chez le même éditeur, sont intitulés S’engager pour accompagner. Valeurs des métiers de la formation, paru en 2018 et Tenir parole.

Responsabilités des métiers de la transmission, paru en 2020.

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AUTEURS

BRUNO ROBBES CY Cergy Paris Université

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