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L'orientation argumentative dans les discours politiques français et anglais

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L'orientation argumentative dans les discours politiques français et anglais

FONTANET, Mathilde

Abstract

Les textes dits « incitatifs » se voient souvent amputés d'une part de leur portée incitative, car le traducteur cherche à restituer fidèlement les arguments du texte source sans se soucier de l'agencement général de celui-ci. Or, pour que les arguments puissent se déployer avec autant d'efficacité que souhaité, cet agencement doit parfois prendre une autre forme dans la traduction que dans l'original. Nous nous proposons de montrer, à l'aide d'exemples tirés de discours politiques anglais et français, que les mécanismes d'argumentation observables dans deux langues

FONTANET, Mathilde. L'orientation argumentative dans les discours politiques français et anglais. In: Mathieu Guidère. Traduction et Communication orientée. Paris : Le Manuscrit, 2009. p. 189-227

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:14831

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L’orientation argumentative dans les discours politiques français et anglais

Par Mathilde Fontanet

Université de Genève (ETI, Suisse)

Introduction

Il existe une catégorie de textes qui posent des problèmes spécifiques au traducteur en raison de leur dimension argumentative : les textes dits « incitatifs »1. Lors de leur traduction, bon nombre de ces textes se voient amputés d’une part sensible de leur portée incitative, car le traducteur, dans son souci de restituer fidèlement les arguments du texte source et de donner à chaque phrase toute l’idiomaticité voulue, tend à négliger un aspect essentiel, qui relève de l’agencement général du texte et que nous appellerons « substrat argumentatif ». L’objectif de cet article est de montrer que faire l’économie des ajustements nécessaires pour rétablir le substrat propre à la langue cible, c’est s’exposer à produire un texte qui restera mû par un principe discordant et dont la portée incitative semblera brouillée.

Afin de faire apparaître clairement l’existence d’un substrat argumentatif propre à la langue, nous avons entrepris de comparer des discours politiques britanniques et français2, dans l’idée de dégager les tendances respectives de l’anglais (britannique) et du français (de France) en matière d’orientation argumentative. Nous nous proposons de montrer ici, à l’aide de quelques exemples extraits de notre corpus de recherche, que les mécanismes d’argumentation observables dans deux langues distinctes présentent des différences souvent insoupçonnées, mais sensibles et mesurables, et qu’il convient de les prendre en considération dans le processus de traduction.

Cadre théorique

La démarche suivie pour l’étude est inspirée des travaux en analyse critique du discours (CDA) telle que théorisée par Ruth Wodak et Teun Van Dijk3. Celle-ci fait appel à la fois aux acquis de la linguistique énonciative – dans le sillage d’Antoine Culioli4 – et à ceux de la linguistique contrastive5. Cependant, nous avons choisi de ne pas établir nos observations sur des traductions et de limiter nos investigations aux dimensions argumentatives du discours.

C’est dire que notre réflexion est de nature interdisciplinaire, puisqu’elle relève tout à la fois de la linguistique, de la rhétorique et de la traductologie. Toutefois, compte tenu du fait que notre travail prend essentiellement la forme d’une analyse contrastive du discours argumentatif, c’est le domaine de l’argumentation qui nous offre l’essentiel de notre assise

1 Voir à ce sujet la typologie de Katharina Reiss (2002 : 43-63) qui distingue trois types principaux de textes :

« informatifs », « expressifs » et « incitatifs ».

2 Nos recherches portent plus largement sur les éditoriaux de journaux et prennent en compte d’autres facteurs, tels que l’aspect, la modalité et la ligne argumentative. Elles sont menées à l’Université de Genève sous la direction du professeur Lance Hewson (ETI, Suisse).

3 Pour un aperçu de la CDA (Critical Discourse Analysis), voir l’article de Teun A. Van Dijk à l’adresse suivante : http://www.discourses.org/OldArticles/Critical%20discourse%20analysis.pdf [accès 07/2009].

4 Voir Culioli A. (1990), Pour une linguistique de l’Énonciation, Tomes 1 et 2 (1990), Tome 3 (1999), Paris, Ophrys.

5 Voir à ce sujet Guillemin-Flescher J. dir. (1992), Linguistique contrastive et traduction, Gap, Ophrys.

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théorique. Or, celui-ci connaît depuis quelques décennies un grand essor et donne lieu à une profusion d’articles et d’ouvrages théoriques. Parmi les perspectives intéressantes qui s’offrent au chercheur dans ce domaine, les plus fécondes pour notre travail sont celles de Chaïm Perelman, de Jean-Claude Anscombre et d’Oswald Ducrot (cf. bibliographie).

Dans ces théories, l’argumentation déploie son action sur plusieurs plans du discours.

Nous en avons retenu trois. Sur le premier plan, qu’on pourrait qualifier d’explicite, s’enchaînent les arguments et fleurissent les figures de style pour permettre à l’énonciateur d’imposer un certain cheminement mental au récepteur afin d’amener celui-ci à adopter telle conclusion ou tel comportement. Nombreux sont les auteurs qui s’y sont intéressés depuis l’antiquité. Aristote, déjà, distinguait trois types de preuves : celles qui relèvent du caractère de l’orateur (ethos), celles qui s’appuient sur le contenu du discours (logos) et celles qui ont pour base les passions de l’auditoire (pathos)6. Il opposait par ailleurs les « preuves naturelles » (extrinsèques, telles que témoignages, aveux, textes de loi ou serments) et les

« preuves artificielles » (intrinsèques, créées par le discours, les lieux communs). Les preuves extrinsèques renvoient à des éléments extérieurs au discours (notamment à des personnes réelles, à des faits historiques ou mythiques, à des éléments du contexte et des lois physiques ou mathématiques). Les preuves intrinsèques, en revanche, ont un caractère discursif et relèvent de la rationalité inhérente à la langue. On compte parmi elles les proverbes, les exemples et les maximes (qui confèrent au discours un caractère de vérité), ainsi que les structures logiques tenant au système d’organisation propre à la langue, comme la définition, l’énumération, le genre, les rapports de cause à effet, le lien entre le tout et ses parties, les contraires et les comparaisons.

Dans Le traité de l’argumentation : la nouvelle rhétorique, publié en 1958, Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca Perelman élaborent une théorie de l’argumentation qui s’inscrit dans la continuité de celle d’Aristote. S’opposant au rationalisme, ils cherchent à valoriser le vraisemblable, en mettant l’accent sur l’opinion davantage que sur les faits.

Comme le souligne Corinne Hoogaert, Perelman « préférera se concentrer sur l’aspect persuasif, voire manipulatoire de la rhétorique plutôt que sur l’aspect ornemental, stylistique.

Dès les premiers chapitres du Traité, Perelman distingue la logique de la rhétorique.

L’argumentation est à la rhétorique ce que la démonstration est à la logique. La démonstration est semblable à un calcul qui serait basé sur des règles précises, édictées une fois pour toutes (…). L’argumentation, quant à elle, utilise le langage naturel, ce qui explique son ambiguïté »7.

Perelman et Olbrechts-Tyteca ont recensé les divers types d’arguments pour proposer la taxinomie suivante, sur laquelle nous avons fondé notre analyse :

1) Les arguments quasi logiques, qui « prétendent à une certaine force de conviction, dans la mesure où ils se présentent comme comparables à des raisonnements formels, logiques ou mathématiques. Pourtant, celui qui les soumet à l’analyse perçoit aussitôt les différences entre ces argumentations et les démonstrations formelles, car seul un effort de réduction ou de précision, de nature non-formelle, permet de donner à ces arguments une apparence démonstrative »8. Parmi ces arguments, qui tirent leur efficacité de leur apparente proximité avec les modes de raisonnement reconnus que sont les démonstrations formelles, se trouvent l’identité et la définition, la règle de justice, la réciprocité, la transitivité, l’inclusion de la partie dans le tout, la division du tout en ses parties, la comparaison et le sacrifice.

6 Aristote, Rhétorique, texte établi et trad. par Médéric Dufour, T. 3, Livre III.

7 C. Hoogaert 1995, « Perelman et Toulmin : pour une rhétorique néo-dialectique », in Argumentation et rhétorique (II), Hermes 15, CNRS Editions, Paris, p. 162.

8 Perelman Ch et Olbrechts-Tyteca L., Traité de l’argumentation : La nouvelle rhétorique, p. 259.

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2) Les arguments fondés sur la structure du réel, qui « se servent de celle-ci pour établir une solidarité entre des jugements admis et d’autres que l’on cherche à promouvoir »9 ; ces arguments font intervenir soit des liaisons de succession10 (en particulier les relations de cause à effet), soit des liaisons de coexistence11 (associant une personne à ses actes, un groupe à ses membres, une essence à ses manifestations). Ils reposent sur l’expérience et procèdent d’une démarche explicative.

3) Les liaisons qui fondent la structure du réel, par le recours au particulier ou sur la base du raisonnement par analogie. Le recours au particulier « peut jouer des rôles fort divers : comme exemple, il permettra une généralisation ; comme illustration12, il étayera une régularité déjà établie ; comme modèle, il incitera à l’imitation »13 ; la métaphore est un cas particulier du raisonnement par analogie.

4) La dissociation des notions, qui procède de ruptures de liaison et de dissociations :

« La technique de rupture de liaison consiste (…) à affirmer que sont indûment associés des éléments qui devraient rester séparés et indépendants. Par contre, la dissociation présuppose l’unité primitive des éléments confondus au sein d’une même conception, désignés par une même notion. La dissociation des notions détermine un remaniement plus ou moins profond des données conceptuelles qui servent de fondement à l’argumentation : il ne s’agit plus, dans ce cas, de rompre les fils qui rattachent des éléments isolés, mais de modifier la structure même de ceux-ci »14.

Le deuxième plan sur lequel œuvre l’argumentation est celui de la langue. Ce plan a été examiné par Anscombre et Ducrot, qui ont élaboré la théorie de « l’argumentation dans la langue ». Selon eux, « signifier, pour un énoncé, c’est orienter ; de sorte que la langue, dans la mesure où elle contribue en première place à déterminer le sens des énoncés, est un des lieux privilégiés où s’élabore l’argumentation »15.

C’est dans la structure même de la langue qu’ils décèlent des mécanismes de l’argumentation : « Les enchaînements argumentatifs possibles dans un discours sont liés à la structure linguistique des énoncés et non aux seules informations qu’ils véhiculent »16.

La même idée est exprimée dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage : « La structure linguistique de [deux] segments [liés par une relation exprimée en termes d’argument ou de conclusion] impose des contraintes sur leur orientation argumentative, indépendamment des faits auxquels ils font allusion. Les mêmes indications

9 Ibid., p. 351.

10 Parmi les arguments qui présentent des liaisons de succession, on trouve : le lien causal comme rapport d’un fait à sa conséquence ou d’un moyen à une fin, les fins et les moyens, l’argument du gaspillage (faisant valoir ce qui a déjà été sacrifié pour atteindre un but), l’argument de la direction (selon un raisonnement par étapes) et l’argument du dépassement (marquant la volonté d’aller plus loin, de se surpasser).

11 Parmi les arguments qui présentent des liaisons de coexistence : l’argument reposant sur l’interaction de l’acte et de la personne, l’argument d’autorité, le discours en tant qu’acte de l’orateur, l’argument de double hiérarchie appliqué aux liaisons de succession et de coexistence et les arguments concernant les différences de degré et d’ordre.

12 Selon Perelman, « L’illustration diffère de l’exemple en raison du statut de la règle qu’ils servent à appuyer.

Tandis que l’exemple [est] chargé de fonder la règle, l’illustration a pour rôle de renforcer l’adhésion à une règle connue et admise, en fournissant des cas particuliers qui éclairent l’énoncé général, montrent l’intérêt de celui-ci par la variété des applications possibles, augmentent sa présence dans la conscience ». (Op. cit. p. 481).

13 Perelman C., op. cit., p. 471.

14 Ibid., pp. 550-551.

15 Anscombre J.-Cl. et Ducrot O., L’argumentation dans la langue, Bruxelles, Mardaga, 1983, Avant-propos, page non numérotée.

16 Ibid., p. 9

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factuelles peuvent être, selon leur habillage linguistique, orientées vers des conclusions opposées »17.

Dans son article intitulé « La théorie des topoï : sémantique ou rhétorique ? »18, Anscombre présente un « aménagement » plus récent de la théorie de l’argumentation qu’il a élaborée avec Ducrot. Il y définit un nouveau type de lieux communs (topoï), qu’il définit ainsi : « Un topos est une correspondance graduelle entre mots : par exemple, pour rendre compte des phénomènes liés au prédicat chercher, nous avons été amenés à dire qu’il convoquait un topos du type ‘Plus on cherche, plus on trouve’. Ce que nous exprimions de façon lapidaire en disant que derrière chercher il y a trouver »19. Ainsi, pour Anscombre,

« derrière les mots, il y a non pas des objets ou des propriétés, mais des topoï. Et ces topoï sont ce qui définit le sens des mots »20.

Ces topoï définitoires du sens se distinguent des lieux communs « classiques » en ce sens qu’ils sont profondément ancrés dans la langue, assimilables au réseau d’associations potentielles et au halo d’implicite qui entoure les mots. Ils présentent plusieurs caractéristiques qu’Anscombre détaille de la manière suivante :

a) « Ce sont des principes généraux qui servent d’appui au raisonnement, mais ne sont pas ce raisonnement. Ils ne sont pas assertés par le locuteur (…), mais simplement utilisés. Ils sont par ailleurs présentés comme allant de soi au sein d’une communauté plus ou moins vaste »21.

b) « Ils sont intralinguistiques, i.e. présents en langue. (…) Le sens d’un mot n’est rien d’autre que le faisceau de topoï attaché à ce mot »22.

c) « [Ils] sont graduels (…) ce qui permet le passage d’un argument à une conclusion dans un enchaînement. Or, un argument est plus ou moins convaincant en tant qu’argument pour une conclusion donnée. Il y a donc une force persuasive plus ou moins grande résultant de l’application d’un topos »23.

Le deuxième plan de l’argumentation correspond donc à l’orientation que la langue – le plus souvent au niveau du mot – imprime aux énoncés et, plus largement, au discours.

Le troisième plan de l’argumentation, dont l’intérêt ne se révèle que lors d’une comparaison entre langues, n’a – à notre connaissance – guère été envisagé dans les théories de l’argumentation. C’est un plan plus général, qui touche aux éléments syntaxiques et lexicaux, aux « arguments » (au sens que Perelmann donne à ce terme), aux figures et aux topoï d’Anscombre et de Ducrot, mais qui ne s’y limite pas, car il intègre ces éléments dans une analyse plus globale qui fait intervenir la ligne argumentative du texte dans son ensemble.

Il s’agit de la topographie argumentative du discours, de sa configuration argumentative générale, qui prend en compte les lieux de Perelman comme les topoï d’Anscombre et de Ducrot, mais envisagés du point de vue de leur effet intégré.

Examiner ce plan de l’argumentation exige de passer par l’observation des deux autres niveaux, et d’analyser la manière dont ceux-ci s’articulent et cohabitent pour mieux déployer leurs effets, le but étant d’établir la densité critique des divers effets argumentatifs dans les

17 Ducrot O. et J.-M Schaeffer, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Paris, Seuil, 1995, p. 563

18 Voir Anscombre J.-Cl. (1995), Argumentation et rhétorique (1), Hermes 15, pp. 185-198.

19 Ibid., p. 195.

20 Ibid., p. 193.

21 Ibid., p. 190.

22 Ibid. p. 191.

23 Ibid.

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langues qui nous intéressent. Cela revient, en réalité, à caractériser le « substrat argumentatif », envisagé comme une dynamique argumentative sous-jacente au discours. La méthode pour y parvenir consiste, d’une part, à analyser tous les facteurs argumentatifs présents sur les deux autres plans et, d’autre part, à observer un nombre important de textes pour définir les teneurs types (minimale, efficace et maximale) des effets argumentatifs propres à une langue dans un genre et dans un type de situation bien définis.

Présentation du corpus

Nous avons résolu d’appuyer notre quête des dissymétries argumentatives entre les langues française et anglaise sur l’analyse d’un corpus multilingue comparable, c’est-à-dire sur un corpus composé de textes originaux dans chacune des langues, qui ne sont donc pas des traductions les uns des autres, mais qui sont comparables du point de vue du genre, de l’époque et de la fonction. Nous avons délibérément exclu de notre champ d’investigation les traductions, qui nous semblent moins propices à manifester les comportements langagiers collectifs et les tendances discursives propres à une langue en particulier, parce que le traducteur, en cherchant à s’affranchir de la forme de l’original, est plus enclin que l’auteur d’un texte premier à aboutir en deçà ou au-delà de l’expression qui lui serait naturelle dans un autre cas de figure, le risque étant, soit qu’il surcharge par inadvertance sa langue de caractéristiques de la langue source, soit qu’il choisisse, par excès de zèle, la tournure qui s’en démarque le plus.

Plusieurs auteurs ont mené des études sur la question de « la langue de la traduction ».

Ainsi, Mona Baker, partant du principe que « la nature et les pressions du processus traductionnel doivent laisser des traces dans la langue utilisée par les traducteurs »24 a pu démontrer que « les textes traduits ont tendance à se conformer aux caractéristiques typiques de la langue cible et même à les exagérer »25.

Cette opinion n’est pas partagée par l’Oxford Guide to Literature in English Translation – qu’elle cite au demeurant – lequel indique à la rubrique Translation Norms (Normes de traduction) que « les traductions vers l’anglais tendent à se caractériser par une langue moins spécifique et plus internationale que la plupart des œuvres écrites directement en anglais »26.

De son côté, Sara Laviosa rend compte, dans son article intitulé « Core Patterns of Lexical Use in a Comparable Corpus of English Narrative Prose », des résultats d’une comparaison effectuée sur la base d’un corpus de textes littéraires et journalistiques qui sont, pour les uns, rédigés en anglais et, pour les autres, traduits en anglais à partir de diverses langues. Elle fait les constatations suivantes :

1) Les textes traduits présentent un moindre taux de « mots signifiants » (ou « mots pleins », c’est-à-dire non grammaticaux) que les autres (leur densité lexicale est plus faible)27 ;

24 Baker M. (1998), « Réexplorer la langue de la traduction : une approche par corpus », in Meta, XLIII, 4, p. 2

25 ibid., p. 1.

26 (Notre traduction) Voir Oxford Guide to Literature in English Translation, P. France (ed.) Oxford, Oxford University Press, 2000, p. 77 : « Translations into English have tended to be in a language that is less specific, more international, than most works originally written in English ».

27 Laviosa utilise l’expression densité lexicale selon la définition de Stubbs : « Lexical density is expressed as a percentage and is calculated by subtracting the number of function words in a text from the number of running words (which gives the number of lexical words) and then dividing the result by the number of running words », Voir Stubbs M., « Lexical Density: A Technique and Some Findings », in Talking about text, Michael Coulthard (Ed.), University of Birmingham, 1986, p. 33.

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2) Les textes traduits se caractérisent par une plus forte proportion de mots fréquemment employés que les autres ;

3) Les textes traduits présentent un taux de répétitivité des mots les plus employés plus élevé que les autres ;

4) Les textes traduits tendent à contenir un vocabulaire moins étendu que les autres28. Nous avons constitué notre corpus de sorte à pouvoir aborder la dimension argumentative qui fait défaut à aux études contrastives précédentes. Aussi notre corpus est-il constitué d’une centaine de discours politiques britanniques et d’autant de discours politiques français, qui ont été prononcés par les membres des équipes ministérielles respectives de Gordon Brown et de Nicolas Sarkozy, pour la plupart entre 2007 et 2008. La sélection de ces discours s’est opérée de manière aléatoire, en recherchant sur Google le nom du ministre suivi du mot « discours » (en français) ou « speech » (en anglais), puis en extrayant les trois premiers textes proposés, pour autant qu’ils ne soient pas trop anciens et ne dépassent pas un certain nombre de pages. Parmi les textes que nous avons ainsi recensés, certains ont manifestement été retranscris tels qu’ils ont été prononcés, alors que d’autres ont été mis en ligne sous leur forme originelle. Nous avons cependant considéré qu’ils reflètent tous valablement l’usage de la langue pour les besoins de notre analyse. Au total, notre corpus compte 175 968 mots en français et 178 429 mots en anglais.

Notre but n’étant pas d’étudier l’éloquence des orateurs, mais l’orientation argumentative du discours le plus représentatif des locuteurs des langues qui nous intéressent, nous avons préféré analyser des discours que nous qualifierons d’« ordinaires ». En tant que représentants de leurs gouvernements et peuples respectifs, les ministres nous semblent pouvoir être considérés comme représentatifs d’une manière de parler dans laquelle se reconnaît la population ou du moins une grande partie de la population. À l’évidence, les divers ministres ne sont pas à proprement parler les « auteurs » des discours qu’ils prononcent, mais cet aspect même rend leur manière de dire plus intéressante, car plus travaillée et plus proche d’une certaine « norme du dire ». Comme le souligne Caroline Ollivier-Yaniv : « toute prise de parole ministérielle est le fruit d’un travail collectif, et la notion même d’auteur est particulièrement impropre. (…) En premier lieu, chaque conseiller technique, par son travail sur un sujet spécifique et par les documents écrits qu’il produit – les

« notes » –, contribue à alimenter les arguments du ministre en la matière. Ensuite et surtout, il existe dans les cabinets ministériels au moins une personne qui se consacre spécifiquement à l’écriture des prises de parole du ministre29.

Malgré le caractère aléatoire de notre sélection, les discours sont comparables par leurs fonctions : présentation de programme politique, discours de vœux, de bienvenue, de commémoration, de remise de prix ou d’inaugurations. Il faut également préciser que, dans l’intégralité des cas, l’orateur n’a pas à gérer une situation conflictuelle, dans la mesure où il s’exprime en tant qu’élu, reconnu, et qu’il n’a pas à justifier d’une politique que son auditoire conteste. Pour lui, les enjeux majeurs sont de soigner son image et de communiquer un certain nombre d’informations (programme à exposer, chiffres à transmettre, protocole à prononcer), tout en répondant aux exigences propres aux circonstances de son intervention. La dimension argumentative, quoique omniprésente, est ainsi rarement mise en avant, ce qui la rend d’autant plus intéressante à analyser dans une optique multilingue.

28 Pour plus de détails, voir Sara Laviosa (1998), « Core Patterns of Lexical Use in a Comparable Corpus of English Narrative Prose », in Meta, XLIII, 4, p. 8.

29 Ollivier-Yaniv C., « La fabrique du discours politique : les ‘écrivants’ des prises de parole ministérielles », in Argumentation et discours politique, Antiquité grecque et latine, Révolution française, Monde contemporain, Actes du colloque international de Cerisy-la-Salle, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2003, p. 90.

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Résultats de l’étude

Nous nous limiterons ici à la présentation des résultats que nous avons obtenus pour deux facteurs argumentatifs :

1) L’argument d’autorité, qui relève des arguments de coexistence30 et, plus généralement, des « arguments fondés sur la structure du réel » ;

2) L’illustration et l’exemple, qui relèvent du recours au particulier et, plus généralement, des « arguments fondant la structure du réel ».

Comme annoncé précédemment, nous ne nous sommes pas intéressée au seul plan thématique des arguments avancés, mais avons cherché à observer comment ceux-ci conjuguent leurs effets avec l’orientation propre à la langue, de même que leur configuration générale dans le discours.

L’argument d’autorité

Les facteurs concourant à asseoir l’autorité de l’orateur sont essentiels, car, si celle-ci vacille, c’est toute la légitimité du propos qui est menacée. Or, l’autorité de l’énonciateur procède de plusieurs facteurs : son titre, sa fonction sociale, ses actes (connus de l’auditoire), ses qualités particulières (intellectuelles, physiques et morales), sa personnalité (son

« personnage ») et son maniement de la langue et du discours. À ce dernier égard, le verbe peut le servir (ou le desservir) doublement, car bien gérer son discours lui permet non seulement d’amener l’auditoire aux conclusions, croyances et convictions qu’il préconise, mais aussi de le séduire par son éloquence, son ingéniosité ou son humour, autant d’éléments constitutifs de son autorité morale. Dans ce contexte, comme l’écrit Buffon, « le jugement sur la personne compte presque davantage que le jugement sur son action même »31.

Ainsi, pour maintenir son autorité, l’énonciateur doit procéder à des choix stratégiques portant notamment sur les citations, la manière de réfuter les objections, la structure générale du discours et les effets humoristiques. Pour mieux convaincre, il a tout intérêt à se doter des attributs d’autorité qui s’avéreront les plus efficaces auprès du récepteur. Selon Fabrice Clément, « l’acceptation d’une proposition est grandement facilitée lorsqu’elle est énoncée par une source munie de tous les symboles de l’autorité »32. Il s’agit donc de bien gérer l’image de soi qu’il convient de projeter. Comme l’écrit Bertrand Buffon, « L’homme politique doit jongler entre deux postures à l’égard de l’électorat. Il lui faut tout à la fois se montrer proche de ses concitoyens, semblable à eux-mêmes, et témoigner de sa compétence qui le différencie et l’éloigne d’eux. Il est constamment dans l’entre-deux de l’identification et de la distinction, de la proximité et de la distance »33.

L’argument d’autorité au sens strict :

L’argument d’autorité au sens où l’entend Perelman repose sur l’instauration d’une proximité entre des personnes prestigieuses et l’orateur, de manière à investir ce dernier de leur caution. À cette fin, deux options sont possibles : se contenter de mentionner le nom de la personne en question ou citer ses propos pour marquer qu’elle souscrit au point de vue énoncé. Comme le fait valoir Perelman, « les autorités invoquées sont fort variables : tantôt ce sera ‘l’avis unanime’ ou ‘l’opinion commune’, tantôt certaines catégories d’hommes, ‘les savants’, ‘les philosophes’, les ‘Pères de l’Église’, ‘les prophètes’ ; parfois l’autorité sera

30 Les arguments de coexistence, tels que définis par Perelman, associent une personne à ses actes, un groupe à ses membres, une essence à ses manifestations.

31 Buffon B. (2002), La parole persuasive : théorie et pratique de l’argumentation rhétorique, p. 333.

32 Clément F. (2006), Les mécanismes de la crédulité, Droz, Genève, p. 190.

33 Buffon B. (2002), La parole persuasive : théorie et pratique de l’argumentation rhétorique, p. 333.

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impersonnelle : ‘la physique’, ‘la doctrine’, ‘la religion’, ‘la Bible’ ; parfois il s’agira d’autorités nommément désignées »34.

Dans les discours que nous avons examinés, il convient de distinguer entre les citations proprement dites (c’est-à-dire des mots ou déclarations d’autres auteurs rapportées par l’orateur) et l’évocation de personnalités reconnues ou prestigieuses (autorités invoquées).

Par rapport aux discours britanniques, les discours français de notre corpus font mention de davantage de personnalités, mais recourent moins à la citation. Le nom le plus évoqué est celui de Nicolas Sarkozy, qui fait presque figure de leitmotiv dans les interventions de ses ministres. Comparativement, il est cité trois fois plus souvent par les membres de son équipe que ne l’est Gordon Brown par ses ministres35. Après Sarkozy, c’est le Général de Gaulle qui est le plus évoqué par les orateurs français. Suivent les membres de l’équipe ministérielle, qui se réfèrent très souvent les uns aux autres, puis, nettement moins souvent, à d’autres personnalités politiques, françaises pour la plupart (notamment Georges Pompidou, Valery Giscard d’Estaing, Simone Veil, Ronald Reagan et Margareth Thatcher). Parmi les repères culturels comptent aussi Victor Hugo, Senghor, Baudelaire, Marcel Aymé, Jacques Brel, Blaise Pascal, Emile Durkheim, Charles Aznavour et Edwige Feuillère.

Les personnalités citées à proprement parler dans les discours français sont nettement plus rares. À l’exception de Nicolas Sarkozy, dont les propos sont très souvent rapportés littéralement, on trouve une ou deux citations du Général de Gaulle, et quelques citations éparses, notamment d’André Malraux, de René Char et de Prévert. Le discours n’est jamais

« intellectuel », mais il reste intellectualisant.

Du côté des Britanniques, après Gordon Brown, modérément évoqué (et rarement cité), c’est Tony Blair dont le nom est le plus souvent évoqué (huit fois), suivi de Churchill (deux fois). Sinon, apparaissent ponctuellement, aux côtés de Yeats, Newton, Darwin et quelques prix Nobel, Beckham, Google (deux fois), les Beatles et divers chanteurs. Pour ce qui est des citations, elles émanent le plus souvent d’auteurs de rapports ou des personnalités compétentes dans le domaine concerné. Rares sont les « mots d’auteur » et, même si le corpus comporte des citations ponctuelles de Dickens, du poète Philip Larkins et de George Orwell, chacun d’eux est moins souvent cité que Wikipedia. La culture qui sous-tend les discours britanniques est relativement populaire. Enfin, les ministres britanniques étayent leurs propos à l’aide de citations davantage que ne le font leurs homologues français.

De manière générale, les ministres français mentionnent et louent plus fréquemment leurs collègues ministres que ne le font les britanniques, de sorte que l’impression générale est celle d’une pensée plus monolithique : une seule voix autour d’un seul homme (Nicolas Sarkozy). Cela peut tenir à une volonté politique de constituer un front uni ou refléter un réel enthousiasme pour la personnalité de Nicolas Sarkozy, emblème de la rupture et d’un nouveau départ prometteur, alors que Gordon Brown a pris ses fonctions sans susciter pareille ardeur et qu’il est donc politiquement moins profitable de s’associer à son image. Il conviendrait de procéder à une analyse comparable sur des discours d’une autre époque pour déterminer si cette différence de « rapport à l’autorité politique » est circonstancielle ou si elle reflète une tendance à manifester davantage de distance chez les Britanniques.

Les chiffres, statistiques et termes techniques :

34 Perelman, Ch. (1997), L’empire rhétorique : rhétorique et argumentation, p. 108.

35 Il est fait 176 fois mention de Nicolas Sarkozy dans le corpus français (soit, un taux de fréquence de 1 ‰), et seulement 56 fois de Gordon Brown dans le corpus britannique (soit un taux de fréquence de 0,3 ‰, moins du tiers du taux français).

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La mention de chiffres et de statistiques pour attester les progrès réalisés ou mesurer l’ampleur des problèmes évoqués peut être assimilée à l’argument d’autorité dans le sens où, outre leur valeur informative, ces mentions donnent à penser que les instituts de sondage et les scientifiques, reconnus pour leur objectivité, viennent corroborer par leurs données le propos de l’énonciateur. De même, l’usage de termes techniques peut permettre à l’énonciateur de suggérer des connaissances plus pointues dans un domaine, au risque d’entraver la communication s’il en abuse.

Buffon (2002) fait état de fréquentes références aux chiffres, aux sigles et aux abréviations dans les discours politiques et souligne que ce « tropisme technocratique réduit des réalités humaines à des processus évoqués en termes abstraits, fonctionnels, à dominante économique »36. Fabrice Clément fait en outre valoir que « l’utilisation de statistiques est susceptible de favoriser l’acceptation d’un message car ce dernier est automatiquement associé à la rigueur qui caractérise l’exposition de faits »37.

Les chiffres et les statistiques sont omniprésents dans la plupart des discours de notre corpus, indépendamment de la langue. Les Français semblent toutefois s’appuyer un peu plus sur les pourcentages que les Britanniques38, alors que les chiffres sont relativement plus fréquents chez les Britanniques39. Pour nous, dans le cadre européen, l’autorité du chiffre est probablement davantage tributaire de la catégorie socioprofessionnelle que de la sphère linguistique.

L’argument ad hominem :

Pour réfuter un point de vue, il est toujours efficace de discréditer son auteur. Ainsi, comme l’explique Perelman, « celui qui voudra attaquer un témoignage ou une appréciation cherchera, au contraire, à établir une solidarité entre l’agent et ses actes, en disqualifiant celui dont ils émanent »40.

Comme nous l’avons signalé, de par leurs conditions d’énonciation, les discours de notre corpus ne sont guère représentatifs de la gestion de la contradiction. Les exemples d’argument ad hominem y sont donc relativement rares (tout au plus une dizaine pour chaque langue) et il conviendrait de vérifier si ce que nous avons observé dans quelques cas isolés se vérifie dans un plus grand nombre de discours. Ces différences ponctuelles sont cependant suffisamment marquées pour que nous jugions utile d’en rendre compte.

Bien que les ministres français dont nous avons examiné les discours se plaisent à faire de l’esprit pour critiquer leurs adversaires, leurs moqueries restent rigoureusement subordonnées à l’expression de leurs objections et leurs jeux de mots demeurent mesurés. En revanche, les Britanniques vont plus loin dans la raillerie et adoptent dans ce contexte une posture moins pondérée et plus théâtrale.

Par exemple, Ed Balls, après avoir ouvertement critiqué le conservateur David Cameron, s’en prend au candidat que celui-ci souhaiterait voir devenir maire de Londres, en le couvrant de termes insultants : « A gaffe-prone, TV quiz-show clown. A Bullingdon club throwback to a bygone age. Yes, Boris Johnson. »41 Il simule ensuite un dialogue dans lequel

36 Buffon B. (2002), La parole persuasive : théorie et pratique de l’argumentation rhétorique, p. 335.

37 Clément F. (2006), Les mécanismes de la crédulité, Droz, Genève, p. 129.

38 Pour les pourcentages, le taux de fréquence est de 1,36 ‰ chez les Français, contre 1,02 ‰ chez les Britanniques.

39 Pour les valeurs absolues, le taux de fréquence est de 19,75 ‰ chez les Britanniques contre 14,71 ‰ chez les Français.

40 Perelman, Ch. (1997), L’empire rhétorique : rhétorique et argumentation, p. 110.

41 Discours prononcé en septembre 2007 par Ed Balls à la Conférence annuelle « Strength to change Britain » de 2007 [accès 09/2008].

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il défie directement David Cameron : « But, David: Have I got news for you. We will expose day by day, week by week, in every constituency, from now to the election: Tory division and confusion. »42 De même, Jacqui Smith, à l’encontre du même David Cameron, donne libre cours à sa fantaisie pour le tourner en ridicule : « So I’ve a suggestion for the theme tune for the Tories’ conference next week. It’s not “Anarchy in the UK”43. It’s “Pretty Vacant”.»44

Les critiques d’André Santini à l’égard des socialistes semblent autrement moins débridées lorsqu’il déclare : « Si François Bayrou est au centre de nulle part, notre ambition à nous est d’être au centre de l’action »45 ou encore : « Nous ne sommes pas le centre à droite, mais le centre adroit »46.

Bien qu’ils jouent volontiers sur les mots, les arguments ad hominem français avancés dans notre corpus restent toujours modérés, alors que ceux des Britanniques, plus incisifs, cherchent plus clairement à ternir l’image de l’adversaire.

La question rhétorique :

Dans Les figures du discours, Fontanier définit la figure qu’il appelle « interrogation » comme suit : « L’interrogation consiste à prendre le tour interrogatif, non pas pour marquer un doute et provoquer une réponse, mais pour indiquer, au contraire, la plus grande persuasion, et défier ceux à qui l’on parle de pouvoir nier ou même répondre »47. De son côté, Thierry Guilbert estime que la question rhétorique est « un moyen de produire une opinion désubjectivisée, c’est un coup de force argumentatif, un effet d’évidence puissant par co- responsabilisation du destinataire »48. Pour Dominique Ducart, « la question rhétorique ne permet pas d’envisager toutes les valeurs possibles. En introduisant un préconstruit par pondération d’une valeur déterminée (la réponse sélectionnée), l’énonciateur exprime ce que A. Culioli appelle une question biaisée. Cette pondération oriente ce qui est en fait une simulation de demande de validation par autrui, le locuteur en présence ou celui qui est imaginé, sur une seule valeur »49.

Au vu de notre corpus, la question rhétorique nous paraît être un mécanisme très riche du discours argumentatif, mais il serait abusif de l’assimiler d’emblée à une forme de manipulation. Comme tant d’autres figures, elle est perçue en tant que telle et donc décodée par le destinataire, ce qui tend à désamorcer son éventuelle portée manipulatoire. Nous partageons à ce sujet l’avis de Ducart : « Que la question rhétorique énonce une assertion par le biais d’une pseudo-interrogation en écartant tout possibilité de choix, et qu’elle assigne par là même à l’autre (interlocuteur réel ou imaginé) une position qui n’est pas celle d’un coénonciateur engagé par un questionnement véritable, n’en fait pas pour autant une forme de manipulation par abus de pouvoir sur la pensée d’autrui. La construction ne trompe guère les interlocuteurs, qui l’interprètent à bon escient (…) ».50

42 Ibid.

43 Il s’agit, tout comme le titre qui suit, d’une chanson des Sex Pistols, groupe punk des années 1970.

44 Discours prononcé par Jacqui Smith le 27 septembre 2007 à l’occasion de la conférence annuelle du parti travailliste : http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/politics/7016656.stm [accès 07/2009].

45 Discours prononcé par André Santini le 16 novembre 2007 : http://www.le- nouveaucentre.org/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=284 [accès 07/2009].

46 Ibid. http://www.le-nouveaucentre.org/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=284 [accès 07/2009].

47 Fontanier P. (1977), Les figures du discours, Paris, Champs Flammarion, p. 368

48 Guilbert T. (2008) Le discours idéologique ou La force de l’évidence, Paris, L’Harmattan, Language, Arts &

Disciplines, p. 39.

49 Ducard D. (2004), Entre grammaire et sens, Études sémiologiques et linguistiques, Paris, Orphys, p. 84.

50 Ibid., p. 77.

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Nous avons relevé cinq types de questions dans notre corpus51:

1) Les questions que nous qualifierons de « structurelles », auxquelles l’énonciateur répond lui-même immédiatement. Elles viennent structurer le discours, ont une fonction proche de celle d’un titre et permettent de créer un effet de rupture formelle. Comme le fait valoir Ducard, « ce type de questionnement a aussi un rôle de thématisation dans l’organisation du discours et annonce un propos qui est ensuite développé »52. Pour nous, dès lors que l’énonciateur répond à sa question, celle-ci perd sa force de rhétoricité, mais apporte une dimension dialogique, un élément de théâtralité dans le son discours.

2) Les questions que nous qualifierons de « thématiques », qui relèvent plutôt du méta- questionnement dans le sens où elles sont présentées comme des thèmes de réflexion ou, plus précisément, comme des questions qu’il convient de se poser ultérieurement.

3) Les questions ouvertes, que l’énonciateur pose sans a priori et pour lesquelles il ne semble préconiser aucune réponse prédéterminée. Il les formule sans les orienter, en les laissant en suspens.

4) Les questions que nous qualifierons d’« attribuées » et qui relèvent du discours indirect libre. L’énonciateur les prête à des tiers et semble les rapporter par un raccourci du discours. À titre d’exemple, voici deux questions que pose François Fillon en se plaçant dans la perspective des Allemands, ce qui lui permet de corriger celle-ci par la suite : « Certains, en Allemagne, se demandent où va la France. Est-elle enfin capable de se réformer sérieusement ? De développer ses relations avec ses principaux partenaires (…) ?53 Ces questions, qui présentent l’avantage d’être très directes et de ménager un effet de rupture, peuvent en outre avoir une portée manipulatoire, car elles offrent la possibilité de mettre subrepticement « des mots dans la bouche » d’un adversaire.

5) Enfin, la question purement rhétorique, à laquelle aucune réponse n’est donnée par le discours sinon par la force de l’évidence qui y est créée. La réponse y est implicite, orientée par des éléments syntaxiques, lexicaux et contextuels.

Alors que la fréquence des questions est comparable dans nos deux sous-corpus, leur usage diffère légèrement. Les Britanniques usent davantage de la question ouverte que les Français et marquent une préférence pour la question structurelle, de type dialogique, qui permet tout à la fois d’animer l’argumentation, de structurer le texte et de présenter l’orateur comme plus orienté vers l’interaction et la communication.

Nous avons été frappée par la prépondérance des questions « attribuées » dans les discours français par rapport aux Britanniques qui privilégient un mode de réfutation plus direct. Le taux de fréquence de ces questions y est quatre fois plus élevé chez les Français.

Cela pourrait tenir au fait que ce type de questions est facilement utilisable pour désamorcer en douceur le point de vue de l’adversaire.

Enfin, nous avons relevé une légère tendance à user davantage de la question rhétorique et de la question thématique chez les Britanniques. En ce qui concerne la question rhétorique, nous avons été surprise par leur forte portée argumentative. Outre le fait qu’elles

51 Certains auteurs distinguent deux types de questions rhétoriques : voir Sauerwein Spinola S. (2002),

« Interrogativité, rhétoricité, argumentation, persuasion : les particules modales dans l’interrogation partielle en allemand », in Cahiers de linguistique française, n°24, pp. 231-242, et Obenhauer H.-G. (1994), Aspects de la syntaxe A-Barre. Effets d’intervention et mouvements des quantifieurs, Thèse de Doctorat d’Etat, Université de Paris 8 (cité d’après Sauerwein Spinola).

52 Ducard Dominique, op. cit., p. 83.

53 Discours prononcé par François Fillon le 14 septembre 2007 : http://www.gouvernement.fr/premier- ministre/xvie-rencontres-franco-allemandes-d-evian [accès 07/2009].

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constituent souvent un condensé de connotations et de modaux orientant le discours, elles contiennent souvent de réels arguments susceptibles d’être classés dans l’une ou l’autre catégorie de Perelman. Notre corpus en comporte de nombreux exemples, mais nous nous bornerons à en citer un à titre d’illustration : « Mais qu’y a-t-il de plus inégalitaire que de récompenser pareillement deux agents qui s’investissent pourtant différemment et qui ont des résultats sans comparaison ? »54 Il s’agit ici d’un argument quasi logique reposant sur « la règle de justice » et qui pourrait très bien être développé sous une forme moins concise dans le discours.

Enfin, il nous semble important de souligner que les divers types de questions qui émaillent les discours de notre corpus, outre l’orientation qu’elles permettent de donner au discours, leur imprime une dynamique intéressante, car elles font nécessairement intervenir un effet de polyphonie, avec changement de perspective, et sont de ce fait propices à l’instauration d’une forme de « mise en scène » du propos.

Les exemples et les illustrations

Dans la typologie de Perelman, les exemples et les illustrations sont des arguments de type empirique, qui font apparaître entre les choses des liaisons insoupçonnées et procèdent d’une démarche illustrative ou associative. Selon lui, « argumenter par l’exemple, c’est présupposer l’existence de certaines régularités dont les exemples fourniraient une concrétisation »55. Par ailleurs, « alors que l’argumentation par l’exemple sert à fonder soit une prévision soit une règle, le cas particulier joue un tout autre rôle quand la règle est déjà admise : il sert essentiellement à l’illustrer, c’est-à-dire à lui donner une certaine présence dans la conscience. Pour cette raison, alors que la réalité de l’exemple doit être incontestée, l’illustration doit surtout frapper l’imagination »56.

D’une manière générale, les exemples présentés dans les discours britanniques sont moins cadrés, étant moins systématiquement annoncés en tant que tels, et viennent donc s’insérer plus discrètement dans le fil du texte. Leur intégration dans la logique du discours y semble plus spontanée et moins maîtrisée. Alors que, dans le discours français, l’énonciateur signale presque toujours qu’il va donner un ou plusieurs exemples, de sorte que l’auditoire peut en tout temps se situer dans le discours, sachant s’il se trouve dans le propos ou dans son illustration, l’énonciateur britannique ne prend pas cette peine et passe souvent de l’un à l’autre sans transition. Il est à relever que le mot « exemple » ne précède souvent pas l’illustration dans le discours britannique, alors qu’il y a parfois redondance à cet égard dans les textes français, qui annoncent volontiers l’arrivée d’un exemple, puis insistent sur le fait que celui-ci vient illustrer le propos, pour rappeler enfin qu’un exemple a été donné).

Par ailleurs, dans le cas des discours britanniques, les exemples sont souvent donnés dans le cadre d’une forme d’échange entre l’orateur et son auditoire. Alors que l’orateur français use plus fréquemment de formules telles que « Ceci étant posé, je veux prendre deux exemples », le britannique recourt volontiers à l’impératif en demandant directement à l’auditoire de prendre en considération un domaine particulier : « Take housing; it is essential for economic development. » De plus, le « you » est plus souvent intégré dans la présentation de l’exemple qui, de ce fait, semble faire intervenir l’auditoire de manière plus active. Cette tendance que nous avons observée, et qu’il conviendrait de vérifier dans un plus grand

54 Discours prononcé le 1er février 2008 par André Santini : http://www.fonction- publique.gouv.fr/IMG/NouvelleAmbitionFonctionPublique.pdf. [accès 07/2009].

55 Perelman, Ch. (1997), L’empire rhétorique : rhétorique et argumentation, p. 119.

56 Ibid., p. 121.

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nombre de textes, pourrait être mise en relation avec l’image que vise à diffuser l’énonciateur.

Alors que, dans les discours que nous avons examinés, les Britanniques cherchent surtout à convaincre leur auditoire de leur sincérité et de leur proximité par rapport à lui, les Français se présentent comme plus sérieux, plus structurants et davantage « maîtres du discours ».

Le recours à l’anecdote

Un autre aspect qui mérite d’être relevé est la prédilection manifeste des orateurs britanniques pour les anecdotes. Ils se mettent volontiers en scène, dans des situations ordinaires de la vie quotidienne qui leur permettent de faire ressortir leur dimension humaine.

Ce goût du détail personnel semble partagé par tous les ministres britanniques. Nous avons ainsi relevé près de dix fois plus de passages où l’orateur britannique évoque son passé personnel, mettant en avant sa sensibilité et son expérience humaine. En revanche, dans les discours français, l’évocation de l’enfance, de la vie privée, est quasiment inexistante. Dans les très rares cas que nous avons constatés, les propos ne relèvent jamais de l’anecdote, et restent toujours directement efficaces par rapport à l’axe argumentatif.

Pour mieux ancrer leur image dans le quotidien, les ministres britanniques s’attachent parfois à indiquer le prénom de telle femme ayant perdu son mari au Darfour, à préciser que tel enfant présentant des difficultés scolaires était mal coiffé, et parlent à l’auditoire des membres de leurs familles : Harriet Harman révèle, par exemple, que sa sœur s’est vu refuser un emploi57, et Beverley Hughes informe son auditoire qu’elle a sept frères et sœurs58. Ces détails du quotidien, de la sphère individuelle, semblent remplir un rôle important dans les discours britanniques. Même Gordon Brown, dans le premier discours qu’il prononce devant le Congrès du Parti travailliste en tant que chef de file de ce parti, s’étend longuement sur son enfance et indique notamment qu’il se rendait en bus au collège le plus proche : « a few streets away from where I lived – and then I took the school bus to the local secondary school up the hill »59.

Dans les discours britanniques, l’anecdote précède fréquemment l’explicitation de ce qu’elle tend à illustrer. Il arrive même qu’elle soit placée au tout début, en guise d’introduction. Par exemple, dans son discours intitulé « The great stink: towards an environmental contract »60 David Miliband annonce tout de go qu’en l’an 1858, une grande puanteur avait envahi les locaux de la Chambre des communes : « In the summer of 1858, the House of Commons fell victim to what became known as the Great Stink ». Suivent la description (mobilisant 160 mots) du phénomène (dû aux eaux de la Tamise), puis la mise en parallèle (en 89 mots) de l’épisode dans le contexte actuel. Ce n’est qu’alors qu’est énoncé le thème du discours : le changement climatique.

En règle générale, les anecdotes racontées par les orateurs britanniques les présentent sous un jour sensible. Ils sont facilement impressionnés, admiratifs ou choqués, et ne cherchent jamais à susciter directement l’admiration en faisant valoir les résultats qu’ils ont obtenus. Bien au contraire, ils se décrivent volontiers avec une certaine ironie, soulignant leurs échecs et leurs faiblesses.

57 Discours prononcé en novembre 2007 par Harriet Harman :

http://www.womenandequalityunit.gov.uk/publications/IPPR_Equality_Speech.doc [accès 09/2008].

58 Discours prononcé le 10 mai 2007 par Beverley Hughes :

http://www.dcsf.gov.uk/speeches/search_detail.cfm?ID=583 [accès 07/2009].

59 Discours prononcé le 24 septembre 2007 par Gordon Brown : http://www.politiquessociales.net/Discours-de- Gordon-Brown-au [accès 07/2009].

60 Discours prononcé le 19 juillet 2006 par David Miliband : http://www.egovmonitor.com/node/7382 [accès 07/2009].

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À l’inverse, on ne trouve pas trace d’anecdote dans les discours français. Les orateurs français n’évoquent quasiment jamais de souvenirs de leur vie privée et se limitent toujours au strict cadre professionnel pertinent quand ils évoquent le passé. La seule fois qu’un orateur (Hervé Morin) annonce un passage plus personnel « Je vous livre quelques réflexions personnelles sur ce dossier »61, il ne digresse en rien, mais fait part de son point de vue dans un discours remarquablement bien structuré (et même articulé en cinq « éléments »).

De plus, les orateurs français ne se présentent jamais sous un jour prêtant à rire, et préfèrent avancer des aspects de leur personnalité qu’ils considèrent comme favorables. Ainsi, Anne-Marie Idrac se livre à un peu d’autosatisfaction, trait totalement étranger aux discours politiques britanniques de notre corpus, lorsqu’elle raconte : « Quand j’emmène 70 entreprises en Angola et 50 entreprises au Brésil, j’y vois le signe de votre courage et de votre esprit d’entreprise. Mais vous me permettrez d’y voir aussi le signe de l’efficacité des mesures que j’ai prises l’an dernier »62.

L’humour et l’autodérision

Les orateurs britanniques prisent les pointes d’humour, qui trouvent souvent leur place dans les anecdotes et dans les citations. Une qualité qu’ils se doivent de posséder est la capacité de pratiquer l’autodérision. À titre d’exemple, Geoff Hoon, se retrouvant pour la deuxième fois Ministre des affaires européennes, n’hésite pas à indiquer (ou prétendre) d’entrée de jeu que certains l’ont qualifié de recyclé ou même de régurgité, puis déclare préférer qu’on le considère comme « renouvelé » : « As many of you will know, this is not my first time as Minister for Europe. I held the post for a few months in the summer of 1999. This has caused some to say that I have been recycled. Others have said regurgitated. I prefer renewed!» 63.

L’humour est manifestement considéré comme une bonne entrée en matière pour un orateur britannique. Alors que l’orateur français, après les mots d’adresse et les remerciements d’usage, entreprend immédiatement de cadrer son propos, l’orateur britannique prend souvent la liberté d’entamer son intervention par une anecdote, une digression, voire un exemple fictif.

Ainsi, Hazel Blears amorce l’une de ses interventions par un trait humoristique en déclarant qu’elle affectionne la maxime, attribuée aux auteurs les plus divers, « il est difficile de faire des prédictions, surtout sur l’avenir » : « I love that old saying – “it’s hard to make predictions, especially about the future”. I had a quick Google and no-one could agree who said it first – Confucius, Albert Einstein or Woody Allen.»64.

L’importance de l’humour apparaît aussi à travers un commentaire de Catherine Margaret Ashton qui, pour rendre hommage à un collègue, détaille le désordre de son bureau, évoque une plaisanterie qu’il a faite à l’occasion d’un sandwich lunch et insiste surtout sur sa capacité de déclencher chez elle un rire irrépressible. Elle vante ensuite les propos de ce même collègue pour leur entrain, leur perspicacité, leur amabilité et, surtout, leur drôlerie :

61 Discours prononcé le 11 septembre 2007 par Hervé Morin :

http://www.defense.gouv.fr/ministre/prises_de_parole/discours/discours_de_m_herve_morin_toulouse_11_09_0 7

62 Discours prononcé le 15 juin 2009 par Anne-Marie Idrac :

http://www.exporter.gouv.fr/exporter/Pages.aspx?iddoc=1563&pex=1-13-3-1563 [accès 07/2009].

63 Discours prononcé par Geoff Hoon le 14 juin 2006 [accès 07/2009].

http://www.fco.gov.uk/resources/en/pdf/pdf13/fco_beu_newagendaforeurope.

64 Discours prononcé le 19 mars 2008 par Hazel Blears :

http://www.communities.gov.uk/speeches/communities/communityengagement [accès 07/2009].

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“His speech was all that a number of us thought that it would be: spirited, insightful, kind and, most of all, funny.”65.

L’orateur britannique change de casquettes (l’homme et le politicien), semble digresser, fait des apartés, prend du recul par rapport à son personnage et par rapport à son propos, cherchant à établir un rapport de confiance qui passe par son identité humaine et émotionnelle d’homme du quotidien, sensible aux affects de ses interlocuteur et éprouvant lui aussi des émotions. L’orientation argumentative de son discours lui permet de s’y incarner davantage et ses exemples confèrent aux personnes qu’il évoque une identité plus visuelle, davantage axée sur le vécu.

En revanche, l’orateur français définit souvent plus clairement l’axe de son discours, balisant clairement ce dernier pour permettre à l’auditoire de s’y repérer. Il s’affirme en énonciateur et cherche davantage à se faire valoir par sa rigueur et sa conduite de l’argumentation. Il met en avant sa capacité de maîtriser le discours et se caractérise par la clarté du cheminement qu’il impose à son auditoire.

Conclusion

À l’évidence, tout texte de type argumentatif ne doit pas nécessairement être traduit dans la perspective de répercuter sa portée incitative sur le nouveau public cible. L’intérêt qu’il présente pour celui-ci peut être d’une tout autre nature. Il arrive cependant, notamment dans un contexte multilingue, que l’auteur d’un discours politique souhaite que celui-ci soit traduit de manière à convaincre son nouvel auditoire. C’est dans ces cas de figure que nos résultats sont susceptibles de s’avérer utiles. Si le traducteur est sensible aux subtilités des langues source et cible en matière d’orientation argumentative, il pourra réajuster certaines formulations pour s’adapter aux exigences du « substrat argumentatif » de la langue cible et, au besoin, ré-agencera subtilement certains détails du texte pour garantir sa bonne réception par l’auditoire.

Au vu des différences que nous avons relevées, traduire un discours politique en maintenant sa portée incitative exige de tenir compte de certaines exigences propres à la langue cible en matière d’agencement des facteurs argumentatifs. Il serait par exemple peu opportun de traduise « fidèlement » les passages narratifs personnels qui émaillent les discours politiques des orateurs britanniques, sous peine de faire passer ceux-ci pour des excentriques, des égocentriques ou, pis, pour des manipulateurs.

Pour que le discours « fasse sens » globalement, sa configuration générale peut exiger d’être quelque peu corrigée. Il ne suffit pas que chaque phrase de la traduction soit rédigée de manière idiomatique et fidèle au contenu du texte source. Encore faut-il que l’ensemble présente une cohérence pour un récepteur parlant cette langue. Il ne s’agit pas de redéfinir le plan du discours ou d’intervenir brutalement dans sa structure ou son contenu, mais de corriger discrètement des effets ponctuels de manière à produire une topographie globale plus efficace.

S’il traduit vers l’anglais, le traducteur pourra supprimer quelques éléments de cadrage, par exemple en signalant moins systématiquement des exemples et en insérant à la place quelques questions structurelles. Pour des illustrations du type hypothétique s’articulant autour du « Si » français, il pourra choisir la formule plus directe « Imagine that… » en anglais, ce qui lui permettra d’intensifier la relation avec l’auditoire. Il pourra, de plus,

65 Intervention de Catherine Margaret Ashton à la Chambre des lords le 6 novembre 2007 : http://www.publications.parliament.uk/pa/ld200708/ldhansrd/text/71106-0003.htm [accès 07/2009].

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