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Le monde de l'art des tribute bands : conventions, carrières et publics

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Academic year: 2022

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Thesis

Reference

Le monde de l'art des tribute bands : conventions, carrières et publics

NIKOGHOSYAN, Nune

Abstract

Cette enquête étudie sociologiquement le phénomène récent sur la scène musicale contemporaine des tribute bands. Les tribute bands sont des groupes de musicien-ne-s qui reprennent la musique des stars pop/rock en respectant divers degrés de fidélité envers l'œuvre originelle, avec parfois aussi des aspects non musicaux comme les habits, les gestes et les décors. En se focalisant sur le répertoire d'un-e seul-e artiste, on lui rend ainsi hommage tribute » en anglais). Alors que la popularité des tribute bands s'étend sans cesse, ce phénomène paraît à l'heure actuelle atypique et dévalorisé étant donné la norme de l'auteur(e)-compositeur(e)-interprète qui prévaut dans le rock et, plus généralement, le « régime de singularité » (Heinich 2010) qui régit la culture contemporaine. La question de recherche principale de l'enquête est celle-ci : comment travaille et s'organise le « monde de l'art » (Becker 1988) des tribute bands alors que la notion même de reprise à l'identique – au cœur de ce phénomène – s'accorde difficilement avec les normes et les valeurs des musiques [...]

NIKOGHOSYAN, Nune. Le monde de l'art des tribute bands : conventions, carrières et publics. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2018, no. SdS 97

URN : urn:nbn:ch:unige-1115125

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:111512

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:111512

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conventions, carrières et publics

THÈSE

présentée à la Faculté des sciences de la société de l’Université de Genève

par

Nuné Nikoghosyan

sous la co-direction de

André Ducret

Professeur honoraire, Université de Genève

Marc Perrenoud

Maitre d’enseignement et de recherche, Université de Lausanne

pour l’obtention du grade de

Docteur ès sciences de la société mention sociologie

Membres du jury de thèse:

Jean-François STASZAK, Professeur, Université de Genève, Président du jury Lisa MCCORMICK, Lecturer, University of Edinburgh, Ecosse

Muriel SURDEZ, Professeure, Université de Fribourg

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Table des matières

Résumé ... v

Remerciements ... viii

Préambule ... x

Tribute à Eric Clapton dans un bar genevois... x

Tribute à ABBA au Théâtre du Léman à Genève ... xv

Introduction ... 1

Chapitre 1. Les tribute bands dans la littérature scientifique ... 26

1.1 Une histoire de reprises ou la genèse des tribute bands ... 27

1.2 Qu’est-ce qu’une reprise ? Qu’est-ce qu’un tribute band ? ... 33

1.3 L’(in)authenticité des reprises et des tribute bands ... 42

1.4 Expliquer la popularité des tribute bands ... 51

1.4.1 La prévalence de la musique live ... 52

1.4.2 Le familier qui attire ... 55

1.4.3 Fabrique et commercialisation d’une époque dorée ... 59

1.4.4 Un goût « nostalgique » ... 65

1.4.5 Intérêts et conflits ... 69

Chapitre 2. Une approche interactionniste ... 75

2.1 L’art comme action collective ... 80

2.1.1 Les conventions ... 85

2.1.2 Les mondes de l’art ... 91

2.2 Les tribute bands en tant que « monde de l’art » ... 96

Chapitre 3. Une réflexion méthodologique ... 105

3.1 Une journée avec un tribute band ... 107

3.2 Les observations ... 112

3.3 Les entretiens ... 119

3.3.1 Le recrutement et la population d’enquête ... 119

3.3.2 Le déroulement des entretiens... 128

3.4 Les conditions d’enquête ... 134

3.4.1 L’intersubjectivité et les « contre-interprétations » ... 136

3.4.2 Les motivations et les attentes réciproques ... 139

3.4.3 La relation d’enquête prolongée ou les imprévus de Facebook ... 146

Chapitre 4. Se produire en tribute band : les conventions ... 152

4.1 Le nom et le logo : les premiers indices ... 163

4.2 Le répertoire : jouer les hits à l’identique, ou presque ... 170

4.2.1 Les attentes mutuelles autour d’un répertoire « best of » ... 174

4.2.2 Des choix pris dans une boucle ... 177

4.2.3 Le style de l’interprétation : reprendre à l’identique ou réarranger ? ... 182

4.3 Le visuel : « rester dans l’esprit » ... 193

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4.3.1 Contre le visuel : le refus de l’imitation ... 196

4.3.2 Pour le visuel : la cohérence du show ... 199

4.3.3 Jouer un personnage : le « cadrage du jeu » par le visuel ... 204

4.4 La parole : raconter et ironiser ... 212

Chapitre 5. Etre dans un tribute band : intérêts et parcours ... 221

5.1 Les raisons qui président au choix de jouer dans un tribute band ... 224

5.1.1 L’apprentissage et la relative facilité du travail ... 225

5.1.2 Se démarquer comme groupe ... 228

5.1.3 Le plaisir du concert ... 231

5.2 Le tribute band entre loisir et travail : une typologie ... 235

5.2.1 Le type amateur ... 242

5.2.2 Le type spécialisé ... 255

5.2.3 Le type opportuniste ... 266

5.2.4 Le type exécutant ... 284

5.3 Coopération, rivalités et concurrence ... 293

Chapitre 6. Vendre un tribute band : programmations et publics ... 302

6.1 Le choix de l’artiste à reprendre… ... 305

6.1.1 … en fonction des goûts personnels et des compétences techniques ... 305

6.1.2 … en fonction du style musical ... 310

6.1.3 … en fonction de sa notoriété ... 315

6.2 Opportunités et contraintes dans la hiérarchie des dispositifs de jeu ... 334

6.2.1 Les valeurs qui guident les programmations ... 340

6.2.2 Le dispositif d’entertainment ... 350

6.2.3 Le dispositif du festival ... 369

6.2.4 Le dispositif de concert ou l’idéal à atteindre ... 386

Chapitre 7. Défendre un tribute band : une reconnaissance ambivalente ... 402

7.1 « Garder la face » ... 405

7.2 Reconnaissance et patrimonialisation ... 414

Conclusion ... 431

Bibliographie ... 442

Annexes ... 475

Annexe 1 : La programmation d’un bar ... 475

Annexe 2 : La programmation d’un festival de tribute bands (1/2) ... 476

Annexe 3 : La programmation d’un festival de tribute bands (2/2) ... 477

Annexe 4 : La programmation d’un festival mixte ... 478

Annexe 5 : La programmation d’un tribute band dans une salle ... 479

Annexe 6 : Guide d’entretien – musicien-ne-s ... 480

Annexe 7 : Exemple de guide d’entretien – intermédiaires ... 481

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Résumé

Cette enquête étudie sociologiquement le phénomène récent sur la scène musicale contemporaine des tribute bands. Les tribute bands sont des groupes de musicien- ne-s qui reprennent la musique des stars pop/rock en respectant divers degrés de fidélité envers l’œuvre originelle, avec parfois aussi des aspects non musicaux comme les habits, les gestes et les décors. En se focalisant sur le répertoire d’un-e seul-e artiste, on lui rend ainsi hommage (« tribute » en anglais).

Alors que la popularité des tribute bands s’étend sans cesse, ce phénomène paraît à l’heure actuelle atypique et dévalorisé étant donné la norme de l’auteur(e)- compositeur(e)-interprète qui prévaut dans le rock et, plus généralement, le « régime de singularité » (Heinich 2010) qui régit la culture contemporaine. La question de recherche principale de l’enquête est celle-ci : comment travaille et s’organise le

« monde de l’art » (Becker 1988) des tribute bands alors que la notion même de reprise à l’identique – au cœur de ce phénomène – s’accorde difficilement avec les normes et les valeurs des musiques actuelles, et notamment celles du rock ?

L’approche sociologique retenue est celle dite interactionniste, notamment telle qu’elle ressort dans Les mondes de l’art d’Howard S. Becker (1988). Les tribute bands sont analysés en tant que « monde de l’art » (1988), autrement dit : comme le résultat d’une action collective regroupant de nombreux individus qui travaillent à l’instar d’une « chaîne de coopération » et qui dépendent de « conventions » partagées dans la réalisation de leur travail. Le terrain d’étude étant principalement la Suisse romande, la méthodologie privilégiée est celle dite qualitative : des observations de concerts et des entretiens semi-directifs avec des musicien-ne-s, des intermédiaires et des membres du public.

Diverses analyses des conventions mises en œuvre dans le monde de l’art des tribute bands seront d’abord présentées. La convention principale consiste à se rapprocher de l’artiste originel-le aussi bien que de s’en distancier, ce que l’on fait à l’aide de quatre outils : le nom ou le logo du tribute, le répertoire interprété, la reprise du visuel et la parole sur scène. Surtout, ces conventions permettent aux musicien-

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ne-s de « cadrer » (Goffman 1991) le concert. La « distance au rôle » (Goffman 1961b), rendue possible par ces conventions, devient cruciale dans la constitution et le maintien de l’identité individuelle de chaque musicien-ne et ses tentatives d’échapper à une stigmatisation qui peut surgir de la dévalorisation du phénomène.

Un examen plus rigoureux des différents parcours et intérêts qu’ont les musicien-ne- s à jouer dans un tribute band met en lumière les avantages qu’offre ce type de prestation par rapport aux reprises variées et aux compositions. Une typologie élaborée au croisement de deux axes permet de distinguer quatre types de musicien-ne jouant en tribute band. En fonction de la motivation principale de l’individu (le tribute comme un but en soi ou comme moyen pour mettre ensuite en avant ses propres compositions) et du revenu qui en est tiré (comme source principale ou d’appoint), les types amateur, spécialisé, opportuniste et exécutant sont ainsi construits.

La mise en relation des intérêts des musicien-ne-s et de ceux des intermédiaires ainsi que celui des publics à organiser et à participer à ce type de concerts fait ressortir les nuances nécessaires pour comprendre comment les tribute bands se situent sur le marché musical local et quelles implications ils peuvent avoir sur ce même marché. Selon qu’il s’agit d’un bar, d’un festival ou d’une salle de spectacle à billetterie, les « registres de valeurs » (Heinich 1994) mobilisés sont différents, ainsi que les buts de la programmation musicale (comme outil d’animation ou comme but en soi), ou encore la situation de la production et, donc, les contraintes auxquelles font face les tribute bands.

Malgré les bénéfices que tirent de ce phénomène tous les maillons de la chaîne de coopération (tribute bands, intermédiaires, publics, artistes repris-es), les individus interrogés se montrent réticents face à l’idée même de tribute band et cherchent à se justifier vis-à-vis d’une pratique toujours atypique, en tentant de « garder la face » (Goffman 1974) tant les uns vis-à-vis des autres que lorsqu’ils sont confrontés aux questions de la sociologue. En fin de compte, les tribute bands contribuent à la patrimonialisation de ces musiques reprises en ancrant et en réactualisant ces répertoires et ces artistes dans la « mémoire collective » (Halbwachs 2001). Ils sont ainsi un élément de la « programmation commémorative » musicale (McCormick

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2015). Ceci, sans qu’il s’agisse de « nostalgie », car l’apparition de ce phénomène est inhérente au domaine artistique lui-même ainsi qu’au fonctionnement économique du « système de star » (Marshall 2013) sur lequel se fonde l’industrie musicale contemporaine.

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Remerciements

Je tiens à remercier de tout cœur mes co-directeurs, André Ducret et Marc Perrenoud, pour leur soutien inconditionnel pendant toutes ces années et jusqu’au dernier moment, pour leur disponibilité, leur amitié, leurs commentaires à la fois critiques, bienveillants et portant la touche d’humour nécessaire, leur patience avec mes anglicismes et nos innombrables discussions sur les tribute bands, la culture et la sociologie.

Merci à André pour son amitié de si longue date. Merci de m’avoir autant encouragée dès mes premiers pas en sociologie, de m’avoir donné le goût pour la recherche et de m’avoir appris les ficelles du travail scientifique. Je n’oublierai jamais sa présence rassurante à mes côtés quand, sous la pression de ses encouragements, j’ai présenté pour la première fois à un colloque et ensuite publié mon premier article scientifique. Une fois arrivée à la thèse, c’est en partie grâce à son manque d’intrigue initial pour ma question de recherche que, déterminée à le convaincre, mon propre intérêt grandissait sans cesse.

Merci à Marc pour son enthousiasme pour cette enquête dès le départ – un enthousiasme contagieux grâce auquel je retrouvais le mien quand le désespoir se faisait sentir. Merci pour ses connaissances socio-musicales qui m’ont tant aidée. Et on lui pardonnera le fait qu’il ne connaissait pas (encore) Katy Perry. Merci également pour toutes nos collaborations au-delà de la rédaction de cette thèse.

J’aimerais également remercier Jean-François Staszak, Lisa McCormick et Muriel Surdez d’avoir accepté de composer le jury de ma thèse. Grâce à nos discussions et leurs critiques, j’ai pu améliorer mon manuscrit et ajouter une vingtaine de pages de plus alors que j’étais persuadée de n’avoir plus rien à dire…

Je suis reconnaissante à toutes les personnes sans lesquelles je n’aurai pas pu produire de données : celles qui m’ont accordé leur temps, qui m’ont permise d’entrer dans les coulisses et qui ont patiemment répondu à toutes mes questions.

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I have to address my gratefulness to my family for their unrestricted and whole- hearted support every single day in the past five years. I could never have made it without them. Their continuous encouragement and their “you’ll be done soon, you’re almost there” kept me going even when exhausted. They did their best in helping me out with whatever they could. In fact, they lived this thesis together with me: “What was the concert last night? How many interviews? How many more pages? How many more weekends to work?” Thanks to my dad for having set an example.

Thanks to my mum for having been the strongest and most courageous person I have ever known. Thanks to my sisters and brother-in-law for having always been there and for their efforts to distract me for good when the thesis would become all- absorbing. My niece and nephew, my two little sunshines, deserve appreciation in their own right, for all the hugs and kisses and for just being their crazy selves.

Mes gratitudes spéciales vont à Miriam, Philippe, Esther, Mélanie et Dina pour leur travail de relecture et de corrections.

Je remercie, enfin, toutes et tous les ami-e-s et collègues avec qui j’ai pu échanger à de nombreuses occasions, dans les couloirs de l’Université, lors de colloques ou autour de repas. Merci à toutes les personnes qui se sont étonnées à la découverte de mon objet de recherche – leurs réactions, commentaires et questions m’ont beaucoup aidée à avancer dans ma réflexion !

Qu’avec ce manuscrit, la bibliothèque et moi puissions maintenant prendre une pause bien méritée l’une de l’autre.

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Préambule

Tribute à Eric Clapton dans un bar genevois1

Ce samedi de mars 2014, la soirée du bar Mr Pickwick sera animée par un tribute à Eric Clapton. C’est la deuxième fois que je vais voir ce groupe en concert. La dernière fois, l’année passée, je n’ai pas pu observer toute la soirée et j’ai des notes très limitées. Je me réjouis d’être là aujourd’hui et de voir ce que cela donne. Moi- même, je ne connais que quelques morceaux du répertoire de Clapton et je me demande dès le début s’ils les joueront ce soir ou pas. Aussi, la dernière fois que j’ai vu le groupe, ils ont joué quelques-unes de leurs propres compositions si bien que j’attends de voir s’ils le feront ce soir aussi ou non. Jusqu’ici, c’est le seul groupe parmi ceux que j’ai vu qui a joué des titres autres que le répertoire annoncé.

La musique est prévue pour 22h. J’arrive à 22h10 et ils n’ont pas encore commencé à jouer. L’entrée coûte 5 francs ; le « billet » se présente sous forme de tampon sur la main, ce qui permet de sortir et d’entrer librement dans la salle où la musique aura lieu. Le bar est situé sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée : un grand espace avec le comptoir principal, une dizaine de tables, plusieurs écrans télé qui diffusent généralement des sports sur différentes chaînes. Au sous-sol, un espace aussi grand sinon plus qu’en haut, avec un petit comptoir, une scène pour la musique live, plus d’une vingtaine de tables, quelques écrans accrochés aux murs, un coin pour les joueurs de fléchettes et, enfin, les toilettes. Une petite porte juste derrière la scène amène vers les caves du bar et les loges utilisées par les artistes. Une autre salle se trouve à côté et peut être réservée pour des fêtes privées : il y a aussi un petit comptoir, quelques tables et une scène plus petite.

Quand j’entre, plus de la moitié des tables sont libres. Je prends une boisson et choisis une place au comptoir, pour avoir une bonne vue sur la scène ainsi que sur la salle. Sur les écrans au-dessus de moi – un match de foot, avec le volume coupé.

1 Les deux passages qui suivent ont été tirés de nos notes d’observation sur le terrain.

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Une petite table est placée juste en face de la scène, avec deux petits cartons remplis de CDs : l’album de compositions originales de ce groupe.

A 22h20, les musiciens sortent de la porte des loges et montent directement sur scène. Il y a un bassiste, un batteur et un chanteur-guitariste. Ils sont habillés en jeans et t-shirt. Je ne vois rien de très spécifique rappelant Clapton. Le public est composé d’hommes et de femmes, la plupart trentenaires.

Sans annonce, ni plus de retard – sans compter le humble « Bonsoir » du chanteur dans le micro – les musiciens attaquent avec une première chanson, « Cocaine ». Ils ont chacun une bière posée par terre. Je vois un homme dans le public que j’ai vu à plusieurs reprises, dans ce bar comme en ville lors de concerts gratuits. J’ai toujours du mal à comprendre qui il est, mais il semble un personnage incontournable : toujours habillé dans un style extravagant, avec une petite guitare en plastique (un jouet). Il fait semblant de chanter et de jouer comme s’il était la star de la soirée. Dès qu’il est là, j’ai l’impression d’être à une soirée déguisée…

Après le premier morceau, le peu de public présent applaudit avec enthousiasme ; le chanteur dit simplement : « Thank you. Good evening. » Ils commencent tout de suite le morceau suivant, toujours sans annonce. Au milieu de la chanson, l’ingénieur du son monte sur scène et commence à farfouiller dans les câbles derrière le batteur, puis il passe à l’amplificateur du guitariste. Les musiciens ne semblent pas gênés et continuent la chanson. A la fin de ce morceau, le chanteur annonce brièvement le titre de la chanson qui suit, mais je ne l’entends pas dans le bruit général du bar.

Comme toujours, je fais des vidéos sur mon téléphone portable, pour ensuite retranscrire les séquences de paroles, notamment les inter-morceaux, quand les musiciens interagissent verbalement avec le public. Le reste du temps, je note quelques mots, toujours sur mon portable, mots que je combinerai par la suite avec les vidéos pour compléter mes notes d’observation. J’ai déjà essayé par le passé d’écrire des notes plus détaillées sur place, avec du papier et un stylo, mais j’ai vite abandonné cette méthode puisque je n’arrivais pas à écrire dans le noir du bar et

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que je pensais avoir l’air bizarre en passant une soirée entière seule dans un bar en train d’écrire. Avec le téléphone, je reste plus « conforme » à l’entourage : tout le monde fait des vidéos et écrit des messages de temps en temps. Plusieurs personnes m’ont déjà posé des questions, car je prenais des vidéos des pauses et non des chansons. Je pensais « m’intégrer » discrètement dans ce lieu, mais j’attirais beaucoup l’attention sur moi par ce que je faisais.

Ce soir n’est pas une exception. Alors que j’enregistre l’inter-morceau, j’entends un homme derrière moi dire à son voisin : « Regarde, c’est une cassette ! » Effectivement, la coque de mon téléphone ressemble à une cassette. La conversation entre eux continue. Finalement, ils me demandent, pour vérifier, si c’est une cassette ou un iPhone que je tiens dans les mains. Lorsque cette conversation se termine et qu’ils s’éloignent, je me rends compte que j’ai raté quelques détails de ce qui se passait entre-temps sur scène.

Il est maintenant 22h40 et il y a beaucoup plus de monde au comptoir et aux tables, si bien que j’ai du mal à voir la scène, tandis que la piste de danse est carrément vide. J’essaie de me mettre debout sur les repose-pieds du tabouret de bar, mais ça devient vite fatigant et je préfère m’approcher de la scène. Alors que je regarde autour, j’entends le chanteur dire : « Bonsoir. Je m’appelle Phil Sébastien2. Ça va ? » Sans réaction de la part du public, le groupe enchaîne avec le morceau suivant : « I Shot the Sheriff ». L’homme avec la guitare en plastique se met à encourager le public à participer, entre autres en montrant l’exemple parfait. Cinq minutes plus tard, les trois premiers danseurs de la soirée s’y mettent (et ils resteront presque les seuls jusqu’à la fin).

A la fin de ce morceau, le chanteur demande au public : « You OK ? ». Personne dans le public ne réagit et je me demande même s’il ne s’adressait pas à l’ingénieur du son qui est en face du groupe. Le chanteur continue :

« That’s good. So, we come from France, and I will try to speak English. We are here to do a tribute to Eric Clapton. We are happy to be here tonight, and we would like to do some compositions, because we have an album of

2 Nom d’emprunt.

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compositions, it was released in February. So this next song is called

“Sahara”. »

Ils commencent tout de suite à jouer cette composition, le cinquième titre de la soirée à ce que j’ai pu compter. A la fin, après un court applaudissement, le chanteur annonce simplement le morceau suivant, par Eric Clapton, « Further Up On the Road. » Il y a un va-et-vient général dans le bar, et le groupe enchaîne aussitôt, sans pause ni annonce, avec le titre « Before You Accuse Me » de Clapton. Le chanteur encourage le public à frapper dans ses mains avec le rythme, mais seules trois ou quatre personnes suivent, et elles s’arrêtent quelques secondes après. Pendant ce temps, un homme dans le public se balade sur la piste de danse avec une bière dans la main et crie « Come on, rock’n’roll ! ». Un autre se met tout près de la scène et commence à chanter le titre en cours.

Il y a de plus en plus de monde dans le bar, mais la piste de danse reste toujours carrément déserte. Après le dernier morceau, les musiciens prennent leur temps, ils discutent entre eux et boivent. Puis, le chanteur annonce: « We’d like to do “The Midnight Blues”. You know what is midnight blues ? It’s called “Driftin’ Blues” ». Le morceau commence sans tarder. Puis, le dernier morceau de cette première partie s’enchaîne, mais je ne le reconnais pas. A la fin, le chanteur dit : « Thank you so much. We will do a little break and we’ll be back in 5 minutes, thank you. » Ils reposent leurs instruments, prennent chacun leur bière et partent en coulisse. Il est 23h20.

Pendant la pause, la plupart des gens quittent la salle. Je reste sur place et je m’installe près d’une table, un peu plus loin du comptoir et de la scène. Je gribouille quelques notes sur mon portable, j’essaie d’analyser quelques points, je note des questions qui me viennent à l’esprit et auxquelles je ne trouve pas de réponses – à garder pour les entretiens, me dis-je. Un quart d’heure plus tard, à 23h35, le groupe revient sur scène et commence tout de suite à jouer. C’est un morceau que je ne connais pas. Pendant le deuxième titre du second set, le chanteur présente les membres du groupe. Ils ne sont que trois, mais la présentation dure plus d’une minute. Mais je n’entends plus rien, gênée par le bruit autour de moi.

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Environ un quart d’heure plus tard, je constate qu’il y a de moins en moins de monde dans le bar et que les tables se vident très vite. Tout à coup, quatre personnes se mettent à danser avec beaucoup d’enthousiasme, je ne les avais pas vues auparavant. Avec autant d’enthousiasme, quelques individus chantent le refrain du prochain titre, « Tears in Heaven », l’un des plus connus de Clapton. Suit une autre chanson que je ne connais pas, puis le plus rythmique « Sunshine of Your Love », qui remet quatre ou cinq danseurs debout. A la fin de ce morceau, les applaudissements sont les plus fournis de la soirée, même si le bar est maintenant presque vide. Je compte à peine une quinzaine d’individus dans le public.

Après cette chanson, les trois derniers titres interprétés sont des compositions du groupe, toutes sorties de l’album qui est en vente ici ce soir. Le chanteur les annonce en tant que telles : « And now, we’d like to do one more of our compositions for you, it’s called “Crime and Punishment” ». Ce sont des chansons rythmiques, et les quelques danseurs continuent leur soirée toujours avec autant d’enthousiasme.

Avant d’attaquer le dernier morceau, le chanteur ajoute : « This one is also our composition. The CD is right here, it’s 10 francs. »

A la toute fin de la soirée, j’entends le chanteur dire au revoir dans le micro, mais le reste de ce qu’il dit m’est inaudible. Les quatre ou cinq danseurs se mettent à crier

« One more, one more ! » pendant que le chanteur continue à parler dans le micro.

Le groupe joue encore un autre morceau, mais je ne comprends pas si c’était prévu ou s’il s’agit là d’une réponse au rappel par le public. En tout cas, les danseurs sont vite déçus car le morceau se révèle être une chanson de blues avec un rythme plutôt lent. A la fin, les musiciens reposent leurs instruments, prennent leurs bières, quittent la scène et repartent tout de suite dans les coulisses. J’attends quelques instants pour voir s’ils reviendront ou non, mais je comprends vite que la soirée est finie, et je m’empresse de quitter les lieux vers 00h40.

Pour conclure ma soirée d’observation, je sors mon iPod et je mets ma musique préférée, mais je me rends compte vite qu’avec le léger sifflement dans les oreilles dû au volume du bar, j’entends finalement très mal.

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Tribute à ABBA au Théâtre du Léman à Genève

Pour cette soirée du 24 janvier 2014, j’ai un billet pour le concert du groupe Abba Gold au Théâtre du Léman à Genève. Le concert doit commencer à 20h et j’arrive sur place vers 19h30. Il y a des gens près du bar devant l’entrée de la salle : ils tournent autour, discutent, commandent des verres au bar. A l’entrée, on me dit qu’il est obligatoire de laisser les vestes et les sacs au vestiaire. Je réussis juste à garder mon billet, mon téléphone, mon cahier, un stylo et un peu d’argent dans mes poches.

Devant la salle, je demande à quelqu’un du personnel s’il y a un programme, une brochure ou un flyer du concert, pensant pouvoir récolter du matériel pour plus tard.

Surpris par ma question, on me répond par la négative. J’entre dans la salle, l’une des collaboratrices regarde encore une fois mon billet et me montre mon siège. Elle me dit que je peux me servir du bol pour prendre des bouchons d’oreille. Je n’en prends pas, pensant que le volume sera plus gérable ici que dans les bars où le son atteint facilement des décibels pénibles pour les non habitués.

La place qui m’a été assignée à l’achat de mon billet se trouve au fond de la salle, mais au centre. J’ai donc une très bonne vue sur la scène et sur la salle : je peux bien observer à la fois les musiciens et le public. Une fois installée, je vois que je suis l’une des seules personnes dans la salle. Les autres sont toujours au bar, à l’entrée de la salle. Je décide de demander à l’une des collaboratrices à l’entrée si je peux faire des photos du concert. Je regrette ma question quand je reçois une réponse négative, mais je réussis à prendre une photo de la scène, avec le logo de « Abba Gold – The Concert Show ». Plus tard, je vois que plusieurs personnes dans le public font des photos et des vidéos, et je n’hésite pas à en faire de même, sans tenir compte de l’interdiction. J’essaie néanmoins de cacher mon écran avec les mains autant que possible, afin que la lumière de celui-ci n’attire pas l’attention.

Le concert débute et je commence à prendre des notes dans mon petit cahier. Je me sens très bizarre à écrire dans une salle de concert et pendant le concert même.

Surtout, quand les lumières s’éteignent, je ne vois plus rien de ce que j’écris.

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J’écris à l’aveugle. Il est presque impossible d’utiliser mon portable pour prendre des notes – la lumière de l’écran est gênante pour les autres.

La salle n’est qu’à moitié remplie. Je continue à me dire que je devrais changer de place et aller plus vers l’avant de la salle, pour avoir une meilleure vue de la scène, mais je décide au final de rester là où je suis pour voir le public et faire des photos et vidéos sans déranger les autres. Je regarde autour de la salle et ne vois que des cheveux blancs. J’estime qu’à peu près 70% de la salle est de la génération même d’ABBA. Je vois quelques familles avec des enfants et des adolescents, puis quelques individus trentenaires. Je suis un peu surprise, car les publics que j’ai vus jusque-là, surtout dans des bars, étaient plus mixtes en termes d’âge. Je me demande si ce n’est pas lié au dispositif de ce concert et au fait que, contrairement aux bars où l’entrée est généralement gratuite, le billet, ici, coûte en moyenne 50 francs – un montant non négligeable pour la jeune population. Ou est-ce le genre musical qui n’attire pas les jeunes ? Mais les soirées de bars présentent bel et bien des tribute bands consacrés à des artistes de l’époque 1960-1980… Je ne trouve pas de réponse satisfaisante.

J’essaie de me concentrer sur le concert et de laisser les questions pour plus tard.

N’arrivant pas à bien noter dans le noir, je me mets à faire des vidéos, comme toujours. D’une manière générale, ce tribute fait beaucoup d’efforts pour engager le public, le faire chanter, danser, crier, rire et, bien sûr, applaudir.

Les musicien-ne-s sont plusieurs sur scène : en sus des quatre personnages d’ABBA, il y a aussi un bassiste, un guitariste et un batteur. Le groupe vient d’Angleterre. Tout le monde sur scène est vêtu comme le groupe originel : costumes en soie, chaussures à hauts talons qui brillent, perruques. Les musiciens changent d’habit trois fois pendant la soirée. Les instruments sont aussi du même modèle que ceux d’ABBA. Les gestes et les pas de danse sont très proches. Les décors sur scène sont simples, mais ils rappellent ABBA et la musique pop des années 1970 : lumières et bols disco, un écran où sont projetées des photos d’ABBA ou d’autres images rappelant cette époque. Il y a des escaliers sur scène qui donnent l’impression d’avoir une deuxième scène, plus haute, entourée d’ampoules.

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La première chanson est l’une des plus connues du groupe, « Waterloo », et elle reçoit des applaudissements dès les premières notes. A la fin du morceau, l’un des musiciens prend la parole au micro : « We are here tonight to celebrate the wonderful music of ABBA. It’s great to see so many fans of ABBA here tonight! » Cette annonce est suivie par la chanson « Voulez-vous ». Le public francophone acclame fortement ce titre avec quelques mots en français. A la fin, et sans annonce, on enchaîne avec le titre « Take A Chance ».

Après ce morceau, le musicien qui joue le rôle de Björn (d’ABBA) dit : « It’s wonderful to see so many ABBA fans here tonight. And it’s great to be with you in Genevaaaa!

[le public applaudit] This next song tonight, one of ABBA’s great pop-songs. This is

“Knowing Me, Knowing You”. » Le public applaudit avec des cris de « aaah ! » et le morceau commence. En regardant autour de moi, je vois qu’une bonne partie du public chante le refrain avec enthousiasme.

A la fin du titre, les deux musiciennes (jouant les rôles d’Agnetha et d’Anni-Frid) se mettent à dialoguer, parlant très lentement, comme si elles parlaient à des enfants :

Agnetha3 [par rapport au public] : « I guess they look ready. »

Anni-Frid : « They look ready, so we’re going to see them dancing. »

Agnetha : « It’s a very good idea! So, first of all we need everybody to stand up, please. Come on! [au public] Let me see you! Right, at the back! OK, everybody’s standing. And now, you put your fingers in the air, like this. » Elle montre comment faire, le public suit sagement.

Anni-Frid : « They are very good. And now, we go like this. » Elle montre qu’il faut bouger les mains de gauche à droite – le public fait comme il faut.

Agnetha : « And you know, this dance is so simple, even Benny can do it! » Le public applaudit quand le musicien jouant Benny commence à faire ces pas de danse aussi. « And I am quite sure that you all know this next song. Are you ready? [le public applaudit] Come on, let’s see those fingers in the air! »

La chanson commence, c’est « Mamma Mia », et le public continue à faire la petite danse comme expliquée. A la fin, le musicien jouant le rôle de Björn annonce, parlant toujours très lentement : « In 1980, ABBA wrote their most emotional song. It

3 Pour faciliter la lecture, nous utilisons les prénoms des musiciens et musiciennes du groupe originel dont on joue le rôle sur scène.

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features the wonderful voice of Agnetha. And I’m sure you’re all going to know this one. » Les applaudissements sont très vifs quand la chanson qui suit commence, et c’est « The Winner Takes It All », l’une des plus connues. Le refrain est chanté par, me semble-t-il, le public entier. De plus en plus de personnes prennent maintenant des vidéos sur leurs portables.

Avant d’attaquer le morceau suivant, « Super Trouper », l’un des musiciens montre encore une autre danse que le public est censé faire : les mains comme ci, les doigts comme ça. Le public le fait, comme demandé, et parvient à bien garder le rythme de la chanson. Enfin, le même musicien annonce : « And now, it’s time for our super- schlager medley! » Les acclamations accompagnent le medley entier et puisque le groupe ne chante que les débuts et les refrains de ces hits – les parties les plus connues –, le public continue à chanter jusqu’à la fin presque sans s’arrêter.

A la fin du titre, l’un des musiciens (Björn) prend la parole : « Now, in a moment, we are going to take a very short little break. » Le public crie « nooooo ! » et quelqu’un n’hésite pas avec un « I love you, Benny ! ». Il continue, très lentement, mot par mot :

« It’s ok, we’re coming back, it’s only very short! [le public acclame] But I must ask, have you enjoyed this part of the show? [le public crie “yeah!”] Thank you!

Then I have a very important question to ask everybody here tonight: does anybody have Facebook? [“yeah!”] Was that a cheer at the back for Facebook? [plus d’acclamations suivent] Does anybody else have Facebook?

[le public crie toujours “yeah!”] It’s looking good! Well, we have our own Facebook page! [plus d’acclamations] And it’s called: Abba Gold – The Concert Show. Now you can look us up on Facebook, and you can like the page and you can leave comments. And we love to read your comments.

Really. And we like them. I like all of them. I like everything! So…! Before this very short break, when you can look us up on Facebook, we leave you with the lovely Frida, who has for you a story about living in a rich man’s world. » Sous les applaudissements, la chanson “Money, Money, Money” débute. Comme avant, le public chante le refrain avec beaucoup d’enthousiasme. A la fin, le groupe part directement dans les coulisses.

Au début de l’entracte, j’essaie de prendre encore quelques notes, puis je sors de la salle, mais il fait très froid dehors si bien que je retourne à ma place et attend patiemment la suite du concert. Une partie du public est maintenant au bar, d’autres

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sont en train de fumer dehors, et quelques personnes sont dans la salle. Je continue à réfléchir sur cette dernière annonce – jouer la musique d’un groupe qui n’existe plus depuis plus de trente ans et mentionner Facebook… Je ne sais pas si l’ironie était voulue ou non, si le jeu de rôles sur scène s’est arrêté, ou… Est-ce que le musicien qui joue le rôle de Björn parle en tant que Björn ou en son propre nom ? Est-ce une parenthèse dans le show ? Suis-je la seule personne perplexe devant ce jeu d’ironie ? Avant que je puisse trouver une réponse, la pause se termine et le concert reprend.

Benny prend la parole : « Welcome back to tonight’s show. We’ve got some fantastic songs lined up for you in this second half. This next song… » Il est interrompu par le cri de quelqu’un du public : « I love you, Benny ! », pour la seconde fois. La remarque donne lieu à des rires sur scène comme dans le public. Björn, l’autre musicien, s’exclame, faisant une tête triste : « Nobody ever loves Björn. » Les rires continuent et Benny reprend la parole : « This next song… well, it’s my favourite, I hope you like it too. [applaudissements] Come on, let’s see those hands, everybody!

And stand up! » Tout le monde se met debout et applaudit le début de « Lay Your Love On Me ». Le deuxième titre de la seconde partie, « Eagle », est annoncé très brièvement et reçoit peu d’acclamations. C’est une chanson très lente. Personne ne chante ; en attendant la fin, les gens commencent à regarder alentour.

Björn annonce la suite : « These next few songs tonight are totally acoustic. So that means no electric instruments. Just our wonderful band! [acclamations du public] It’s also a lovely part of the show, to present to you our beautiful ladies. » Sous des applaudissements, il présente les deux chanteuses, avec leurs vrais noms et prénoms ainsi que leur ville d’origine. Il continue : « This leads us to a beautiful love song. So sit back, relax, this is “I’ve been waiting for you”. » Le public reste silencieux pendant toute la durée de cette chanson.

Puis c’est Benny qui prend la parole : « All right, Geneva? [acclamations] Are you having a good time tonight? [plus d’acclamations]. Oh, come on! Are you having a good time? [les acclamations s’intensifient]. Well, it’s my pleasure tonight to introduce to you our amazing Abba Gold band! » Il présente le guitariste, puis le bassiste et, enfin, le batteur. Le public applaudit amplement, puis le groupe commence

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« Cassandra » et le public se calme encore une fois. Je commence à me dire que la première partie était meilleure, avec plus de chansons connues et rythmées. A la fin de ce titre, l’une des chanteuses s’adresse au public :

« Ladies! All the beautiful ladies here in Geneva, would you like to hear Björn sing? [le public applaudit et crie “yeah!”] I can’t hear you up here. I said do you want to hear Björn sing? Let’s hear you scream! »

Sous un tonnerre d’applaudissements, le groupe commence à jouer « Does Your Mother Know ? ». Encore un titre que je découvre ce soir. A la fin du morceau, c’est au tour des deux musiciens d’être présentés, toujours sous des acclamations et suivi aussitôt par « Gimme, Gimme, Gimme ». Le rythme de la musique devient de plus en plus vif dans cette deuxième partie et le public se remet à chanter.

On comprend que la fin du concert s’approche quand Björn annonce : « Thank you so much! You’re such a fantastic audience! Yes! Amazing! Thank you! Well, sadly…

we are coming to the end of the show. » J’entends des “ooh” dans le public et quelqu’un crie “Dancing Queen!” Le musicien recule un peu avec les mains couvrant son visage, comme s’il avait peur du public. Il revient au micro : « But, don’t worry! [le public se relâche avec un “aah!”] It will all be ok. And now, you will be having the time of your life to “Dancing Queen”! » La chanson commence sous les acclamations.

Après ce titre, le groupe quitte la scène, mais les lumières restent allumées. Le public demande un rappel ; une partie des personnes présentes se met debout.

Quelques secondes plus tard, Benny et Björn reviennent, sous les applaudissements. Björn prend la parole : « Thank you so much! Did you have a good time tonight? [le public: “yeah!”] We couldn’t just go [le public: “nooo!”] without saying au revoir. Goodbye! » Agnetha et Anni-Frid sortent sur scène et s’adressent au public : « All right, Geneva! Are you ready to party? » Les applaudissements accompagnent « So Long » tout le long.

Puis, Benny prend la parole : « Thank you so much. You know, for all of us here at Abba Gold, it’s been such an honour to come here and play for you, thank you so much for coming. [applaudissements] Nous sommes très contents d’être ici à

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Geneva [le public applaudit et acclame très fort le français]. You know, it’s far too early to go home. [public : “yeah!”] Björn, can we play another song? »

Björn répond : « I’m not sure, what do you think? [le public continue avec des “yeah!”]

[sur un ton ironique] That’s really convincing. [il reprend] What do you think? [il met sa main à son oreille, comme pour mieux entendre le public] Oh go on, then, yes!

OK, what would you like us to play? » Le public crie des titres, surtout « Thank You For the Music ». Presque tout le monde est maintenant debout et, d’une manière générale, le public a l’air très impatient. Björn continue le dialogue : « Thank you for the music? [public: “yeah!”] Thank you for the music? Can you sing it? [public :

“yeah!”] Can you sing it? [le public crie toujours “yeah!”]. OK, ready? [public: “yeah!”]

Go! » Il commence à chanter les premières lignes, le public suit, sans accompagnement musical. Benny et Björn gardent le rythme avec leurs mains. Le public chante le refrain entier ainsi, prononçant les paroles très clairement. Tout de suite après, Benny dit « Bonne nuit ! » et commence à se diriger vers les coulisses.

Le public acclame très fort et les musiciens reviennent sur scène et ils reprennent leurs micros. Benny continue : « Of course, we couldn’t go tonight, without saying

“Thank you for the music”! » Le public applaudit, j’entends des « aaah ! » et des soupirs de soulagement, et le groupe commence à jouer cette chanson.

A la fin, Agnetha et Frida disent, ensemble : « Thank you, we love you! Goodnight!

Thank you so much everybody here tonight! » Le public applaudit toujours ; le groupe revient sur scène, s’incline, puis Benny serre les mains de quelques personnes du public aux premiers rangs. Enfin, le groupe quitte la scène, les lumières s’éteignent, le public commence à quitter la salle sans plus de bruit.

Quand je quitte ce lieu et me dirige vers la gare, je décide de prolonger la soirée avec les quelques chansons d’ABBA que j’ai sur mon iPod, mais cela devient vite redondant. Je change aussitôt pour ma musique préférée et me sens dès lors plus

« à ma place » après ces quelques heures d’ABBA non-stop. En marchant dans la rue, sans trop en avoir conscience, je continue à réfléchir à ce que je viens d’observer. Au moins, me dis-je, c’était de la musique que je connais plus ou moins – plus facile à observer et, au final, plus agréable que nombre d’autres soirées.

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Introduction

La pratique musicale est, dans la tradition « occidentale », fondée sur la distinction entre deux rôles : d’un côté, celui de la création et de la composition de l’œuvre et, de l’autre, celui de son interprétation et exécution (Kihm 2010). Il se peut qu’un même individu incarne simultanément ces deux rôles, comme dans le cas des auteur(e)s-compositeur(e)s-interprètes. Toutefois, l’importance et la reconnaissance accordées à l’un ou l’autre varient en fonction du genre musical, du contexte et de l’époque. En outre, dans les musiques actuelles4, nous retrouvons aussi la notion de

« reprise », dont la définition a minima englobe deux éléments : la dimension temporelle et le changement d’interprète. Autrement dit, il s’agit de l’exécution d’une chanson écrite et déjà interprétée par d’autres musicien-ne-s dans le passé (Cusic 2005 ; Butler 2010 ; Chateau 2014) ou de « toute nouvelle version d’un morceau obtenue à partir d’un original » (Kihm 2010 : 21).

La notion de « reprise » est connue dans presque tous les genres musicaux, sous différentes formes et appellations : on parle tantôt de « standards » (du jazz), tantôt de « réinterprétations », ou encore de « sampling »5. Des reprises voient le jour régulièrement, qu’il s’agisse des versions live ou enregistrées, par des vedettes ou des musicien-ne-s moins connu-e-s. Au niveau local, nous retrouvons souvent des groupes dits de reprises : des musicien-ne-s « ordinaires » (Perrenoud 2007, Becker

& Faulkner 2011) qui se produisent dans de petits lieux (bars, clubs, fêtes de village ou privées) et jouent les titres de différent-e-s artistes, époques et genres musicaux dans une même soirée, généralement des hits.

4 Nous utilisons le terme « musiques actuelles » pour désigner l’ensemble des genres musicaux dits actuels ou contemporains : pop, rock, reggae, funk, hip hop, techno, chanson. L’appellation a ses racines dans les politiques publiques françaises en matière de culture, notamment pour la promotion des musiques contemporaines (Teillet 2003, Le Guern 2007), à l’opposé de la musique dite classique ou « ancienne ». Aujourd’hui, les « musiques actuelles » englobent les « musiques amplifiées », terme introduit par Marc Touché (1994) pour désigner les musiques interprétées à l’aide de l’amplification et de l’électrification des instruments. Nous faisons usage de ce terme en lieu et place de celui de

« musiques populaires » - traduction directe de « popular music » en anglais (Le Guern 2007) -, qui désigne également les musiques contemporaines, mais ajoute du même coup une dimension d’« illégitimité » culturelle (Bourdieu 1979), car écoutées le plus souvent par des individus issus des milieux populaires, ou encore produite pour divertir les « masses » (Adorno, Horkheimer 1983 [1974]).

5 « Sampling » (« échantillonnage » en français) désigne, en anglais, l’usage d’une ou plusieurs parties de morceaux enregistrés dans la création d’un nouveau titre.

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Depuis une vingtaine d’années, un nouveau type de formation musicale prend de l’ampleur – les tribute bands. Traduit littéralement en français, il s’agit de « groupes d’hommage6 », où les musicien-ne-s jouent exclusivement les titres d’un-e artiste ou d’un groupe durant toute la durée du concert, lui rendant ainsi hommage, et ce contrairement aux groupes de reprises qui se caractérisent par la diversité du répertoire joué. Les tribute bands représentent une forme spécifique ou alternative aux groupes de reprises par leur focalisation sur le répertoire d’un seul groupe ou artiste. Des hommages sont rendus dans tous les genres musicaux, et dans d’autres domaines artistiques plus généralement, mais le terme « tribute band » semble s’appliquer presque uniquement au genre appelé communément « pop / rock ».

Aussi voyons-nous apparaître de plus en plus fréquemment des annonces de concert comme celle-ci, parue dans Genève. Le Guide en février 2013 :

« Trois décennies après la séparation du groupe ABBA, Abba Mania ne cesse de faire revivre l’ambiance mythique qui régnait lors des concerts du célèbre quatuor suédois. Paroles, son, éclairage, chorégraphies, chaussures à semelles compensées, piano électrique, paillettes et boule à facettes, un show totalement disco et fidèle à l’esprit originel d’ABBA7. »

Il s'agit là d'un concert par un tribute band à ABBA. Ce concert a eu lieu dans une salle de concert genevoise à un prix d’entrée de quelques dizaines de francs. Le public a exclusivement entendu le répertoire du groupe formé par Björn, Benny, Agnetha et Anni-Frid, lequel n'a été actif sur scène que pendant une décennie (1972- 1982). Les détails comme les « chaussures à semelles compensées » que souligne l'annonce accentuent la dimension spectaculaire du show. La reprise des éléments visuels, et plus généralement non musicaux, est presque un critère de définition du tribute band, même si le degré de similarité visuelle avec l'artiste originel-e varie selon les groupes. De même, le degré de « fidélité » de la reprise musicale s’avère différent d'un tribute band à l'autre. Il existe une palette de possibilités entre une reprise réarrangée et transformée, et une reprise à l’identique (appelée aussi

« fidèle », « exacte » ou « parfaite » dans la littérature scientifique), c’est-à-dire à la note près de la version originelle autant que faire se peut.

6 Nous utilisons le terme anglais « tribute band » suivant le discours de nos enquêté-e-s. La traduction française « groupe d’hommage » ne semble pas avoir pris racine dans les discours des praticien-ne-s.

7 Annonce de show, Genève. Le Guide, n° 113, février 2013, 37.

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L’un des tribute bands les plus connus, The Bootleg Beatles8, est aussi l’un des plus anciens, actif sur scène depuis 1980 et formé suite à la comédie musicale

« Beatlemania » (Broadway, 1977-1979). Ce groupe joue les titres des Beatles à l’identique. Ses membres sont vêtus de costumes similaires au groupe originel, changeant de style vestimentaire (et donc d’époque représentée) en fonction des titres joués durant la soirée. A ce jour, le groupe a donné plus de quatre mille concerts, dont plusieurs sur des scènes importantes comme le Royal Albert Hall à Londres (dix-huit fois, comme leur site officiel nous en informe), le stade de Wembley, le festival de Glastonbury (six fois) et, enfin, en première partie du concert du jubilé d’or de la reine Elizabeth II, en 2002. Près de 70’000 personnes suivent la page du groupe sur le réseau social Facebook. Selon l’information fournie en ligne par l’agence Alive Network9 qui représente le groupe, le coût d’engagement des Bootleg Beatles pour une soirée (deux sets de 45 minutes) est au minimum de 11’000£. D’autres tributes aux Beatles représentés par la même agence demandent des prix moins élevés, entre 1’000£ et 2’000£ environ. Cette différence de prix peut s’expliquer, non seulement par l’ancienneté des Bootleg Beatles, mais encore par le fait que des membres des Beatles ont assisté à leur show et l’ont commenté. Ces recommandations informelles sont aujourd’hui utilisées par le groupe sur son site officiel, comme nous le découvrons dans les captures d’écran ci-dessous.

Figure 1 : George Harrison et Sir George Martin (guitariste et manager des Beatles) commentent le show des Bootleg Beatles : www.bootlegbeatles.com (5.12.2016).

8 The Bootles Beatles : www.bootlegbeatles.com (5.12.2016)

9 « Bootleg Beatles », Alive Network,

www.alivenetwork.com/bandpage.asp?bandname=(Beatles)%20Bootleg%20Beatles (5.12.2016)

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Les tribute bands constituent un phénomène contemporain en train de prendre de l’ampleur. En Grande Bretagne, les estimations tournaient autour de dix mille tribute bands en 2005 (Gregory 2012), très populaires auprès des touristes et représentant environ 8% du divertissement live (Homan 2006b ; Haanstad 2015). Durant la même période, on estimait qu’il existait quelque 600 tribute bands professionnels ou semi- professionnels consacrés aux Beatles dans le monde entier, dont environ 200 aux Etats-Unis, 75 en Grande-Bretagne et 60 au Japon (Inglis 2006). Quelques années plus tôt, en 2000, on parlait d’environ 250 tribute bands consacrés aux Beatles (amateurs et professionnels) à Liverpool uniquement (Tessler 2006) - la ville d’origine du groupe. Parmi les centaines de tributes à ABBA en Grande-Bretagne, l’un des premiers, Björn Again, déclarait des revenus de près de $8,8 millions en 2005 (Neil 2006), entrant ainsi dans la liste des « Top 50 Entertainers » de l’année et jouant jusqu’à 250 concerts par an10. Plus récemment, en 2014, les agences d’artistes estimaient à quelques trois mille groupes les tributes à Elvis Presley dans le monde, dont une dizaine avec des revenus importants11. Il ne s’agit là que d’estimations, mais ces chiffres augmentent sans cesse.

En 2004, le journal The Independent annonçait, sur la base d’une recherche menée par la Performing Rights Society dans sept mille bars du Royaume-Uni, qu’ABBA était désormais plus demandé que les Beatles, en comparaison avec l’année 2003, mais qu’Elvis Presley restait toujours en tête de liste12. Voici la liste des dix artistes auxquels des tribute bands ont le plus rendu hommage en 2004, avec la position de l’année précédente indiquée entre parenthèses :

1. Elvis Presley (1) 6. Frank Sinatra (-)

2. ABBA (3) 7. Beatles (2)

3. Robbie Williams (7) 8. Meatloaf (-) 4. Neil Diamond (-) 9. Rod Stewart (-)

5. Queen / Freddie Mercury (4) 10. The Blues Brothers (6)

10 D. Chamberlain, « Tribute bands: The next best thing », BBC News Online, 29.02.2000.

11 A. Argetsinger, « Don’t call them impersonators: Inside the jumpsuited world of Elvis Tribute Artists », The Washington Post, 12.11.2014

12 A. Barnes, « Start spreading the news: bogus Beatles lose out to fake Frank », The Independent, 28.03.2004.

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En parallèle, le nombre de lieux où se produisent des tribute bands augmente également. Nous pouvons les écouter plus fréquemment, notamment sur des scènes locales, de taille plutôt modeste – des bars ou des fêtes de village. Mais certains de ces groupes ont avancé plus loin et sont montés sur des scènes plus importantes, de grandes salles de concert à billetterie comme le Carnegie Hall (Etats-Unis), le Royal Albert Hall (Grande-Bretagne) ou l’Olympia de Paris (France).

Le nombre de festivals consacrés aux tribute bands s’accroît également. L’un des plus connus parmi ces festivals est celui de Glastonbudget13 (Grande-Bretagne, depuis 2005), dont le nom est un jeu de mots sur le festival de rock Glastonbury14, et qui offre une programmation annuelle composée exclusivement de tribute bands.

Mentionnons également TribFest15 (Grande-Bretagne, depuis 2007), Rock’n’Tribute Festival16 (Allemagne, depuis 2013), Spa Tribute Festival17 (Belgique, depuis 2013) et Cover-Festival Davos18 (Suisse, depuis 2015). N’oublions pas non plus les journées ou semaines de commémoration consacrées à un-e artiste ou à un groupe, organisées par des fan-clubs ou la famille, où les tribute bands sur scène ne sont qu’un élément (d’hommage) parmi d’autres. Ici, mentionnons l’Elvis International Week 19 (Memphis, Etats-Unis, depuis 1977), la Beatles International Week20 (Liverpool, Grande-Bretagne, depuis 1981), le BonFest21 (Kirriemuir, Ecosse, depuis 2006), ou encore les Bellinzona Beatles Days22 (Suisse, depuis 2001) parmi beaucoup d’autres.

A l’occasion de certains de ces événements, des concours de tribute bands sont également organisés. Le concours annuel Ultimate Elvis Tribute Artist Contest23, par exemple, est organisé par les Elvis Presley Enterprises (EPE, gérées par la famille du chanteur) depuis 2007 durant l’Elvis International Week à Memphis. Il s’agit

13 Glastonubdget Festival : www.glastonbudget.org (5.12.2016)

14 Glastonbury Festival : www.glastonburyfestivals.co.uk (24.07.2017)

15 TribFest : www.tribfest.co.uk (5.12.2016)

16 Rock’n’Tribute : www.rock-n-tribute.com (24.07.2017)

17Spa Tribute Festival : www.spatribute.be (5.12.2016)

18 Cover Festival Davos : https://coverfestival.ch/de/ (24.07.2017)

19 Elvis Week : www.graceland.com/elvisweek (5.12.2016)

20 Beatles International Week : www.internationalbeatleweek.com (5.12.2016)

21BonFest (dédié à Bon Scott, chanteur d’AC/DC) : www.bonfest.com (5.12.2016)

22 Bellinzona Beatles Days : www.beatlesdays.ch (5.12.2016)

23 Ultimate Elvis Tribute Artist Contest : www.graceland.com/events/ultimate_eta_contest.aspx (5.12.2016)

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probablement du plus grand concours de tribute bands, avec des phases préliminaires qui se tiennent dans quinze Etats des Etats-Unis ainsi que dans d’autres pays24. Ainsi le gagnant du premier prix de l’année 2017 a-t-il reçu le titre de Ultimate Elvis Tribute Artist of 2017, gravé sur une ceinture et reconnu par les EPE, titre auquel s’ajoutent un montant de 20’000$ et un contrat de participation au show Legends in Concert25. Quant au concours National Tribute Awards26, il a été inauguré en Grande-Bretagne en 2013, sponsorisé principalement par le festival Glastonbudget, avec une deuxième édition en 2016. Ce concours décerne des prix dans plusieurs catégories27.

Cette intensification des concerts donnés par des tribute bands s’accompagne d’une augmentation du nombre d’agences d’artistes qui les représentent. Les agences Tributes Abroad28 et Alive Network29 (Grande-Bretagne), par exemple, offrent chacune le choix d’une centaine de tribute bands à une clientèle mondiale, parmi d’autres formes de divertissement. En France, Belinda Productions30 se présente comme une « agence de spectacles, sosies, tributes et événementiel », avec une quarantaine de tribute bands au choix en sus des sosies et soirées thématiques.

D’autres agences se sont davantage spécialisées dans cette niche, comme tributebands.be en Belgique. N’oublions pas, enfin, les sites web qui servent de bases de données où les groupes peuvent ajouter leurs noms et coordonnées afin d’augmenter leur visibilité en ligne (www.tributecity.com ; www.tribute-band.com).

Les tribute bands sont aussi sollicités pour assurer le divertissement sur des croisières et des lieux de vacances. Par exemple, les croisières de la Norwegian Cruise Line – l’une des plus grandes compagnies – emploient de plus en plus

24 Europe’s Tribute to Elvis Festival : www.elvisfestival.co.uk (5.12.2016)

25Legends in Concert, show de tribute bands : www.legendsinconcert.com (5.12.2016)

26National Tribute Awards : www.nationaltributeawards.co.uk (5.12.2016)

27 Les catégories sont : « meilleure artiste », « meilleur artiste », « meilleur groupe », « meilleurs son et éclairage », « meilleure vidéo », « meilleur site », « meilleure chorégraphie », « meilleur marketing », « meilleur agent de tribute », « prix de l’industrie musicale » et, enfin, « prix d’excellence » (« lifetime achievement award » en anglais). En 2016, le « prix de l’industrie musicale » a été décerné au fondateur du festival Glastonbudget (Nick Tanner), et le « prix d’excellence » au groupe Talon (fondé en 1997), tribute aux Eagles. En 2013, ce prix a été reçu par les Bootleg Beatles (fondé en 1980) et les Counterfeit Stones (fondé en 1991).

28 Tributes Abroad : www.tributesabroad.co.uk (5.12.2016)

29 Alive Network : www.alivenetwork.com (5.12.2016)

30 Belinda Productions : www.belinda-productions.com (5.12.2016)

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