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La structure des raies K des atomes très légers
-(Deuxième article)
A. Hautot
To cite this version:
LA STRUCTURE DES
RAIES K DES ATOMES
TRÈS LÉGERS
(DEUXIÈME
ARTICLE)
Par A. HAUTOT. Assistant à l’Université de
Liége.
Sommaire. - Dans un article publié ici même (1), j’ai décrit la structure fine des raies K du carbone et du bore et j’ai donné quelques indications au sujet des appareils qui m’ont permis de mettre cette structure
fine en évidence. Le présent article apporte quelques précisions nouvelles au sujet de ces appareils ainsi que des résultats expérimentaux nouveaux relatifs aux raies K de l’oxygène, de l’azote, du carbone, du bore et du glucinium ; ainsi se poursuit l’étude à grande dispersion de la structure des raies K appartenant
à la première rangée horizontale du système périodique des éléments.
Ensuite, je rappelle la théorie de Langer qui donne l’interprétation correcte des satellites des spectres
de rayons X des atomes moyens et lourds et qui parait devoir s’appliquer encore aux éléments de la première
rangée horizontale du système périodique à partir du carbone. Le rayonnement K anormal du bore etdu glu-cinium ayant été attribué par certains chercheurs à l’existence, dans le cristal, d’électrons de valence à l’état libre ou plus ou moins lié, j’apporte des faits expérimentaux en désaccord avec ce point de vue; il semble
plutôt qu’il faille attribuer ce rayonnement anormal à l’existence, dans les atomes de bore et de
gluci-nium, de passages défendus non quantifiés.
1.
Caractéristiques
générales
desspectro-graphes employés. -
J’ai démontré lacomplexité
durayonnement
carbone et du bore à l’aide despectrographes
dans le vide à réseau concave éclairé sous unangle
dequelques degrés
(1).
La moyenne de ces
appareils
est d0,71
par mm dupremier
ordre,
cequi
constitue lplus
fortedispersion
utiliséejusqu’à présent
pou l’étude de ce domainespectral.
Leest de l’ordre de
0,1 1 ;
cepouvoir
séparateur
élevé eCliché 1. - Vue
générale d’une installation.
obtenu par
l’emploi
de réseaux degrand
rayon de courbure(2
mètres et 5 î00 traits parcm).
La honinosité du
spectrographe
à réseau concave estaussi un élément
important ;
alors que lesexpérimen-tateurs utilisant la méthode du réseau
plan
tangent
sont
généralement obligés
de recourir à delongues
d réesd’exposition,
de l’ordre deplusieurs
heures,
je pu
photographier
les mêmes raies enquelques
minutmalgré
unedispersion
beaucoup
plus
élevée.Cettesup
riorité du réseau concave sur le réseauplan
aupoi
21
de vue de la luminosité
provient
de la différenceconsi-dérable d’ouverture des deux
systèmes
optiques;
on nepeut,
eneffet,
utiliser pour laspectrographie
dans le vide que des réseauxplans
d’un millimètre delargeur
environ à cause del’impossibilité
d’utiliser une len-tilleconvergente;
parcontre,
onpEut
utiliser des réseaux concaves degrande
largeur
grâce
à la focalisa-tion du faisceau diffracté.Sans
doute,
les réseaux concavesprésentent quelques
inconvénients : à cause de leurlargeur considérable,
on les trace
beaucoup plus
aisément sur métal que sur verre et l’on sait que le métalspéculum
a unpouvoir
réflecteur pour lesrayons X
beaucoup
plus
faible que le verre; d’autrepart,
le réseau concave est t af fectéd’astigmatisme
etl’importance
del’astigmatisme
croit à mesure que l’incidence devientplus oblique;
ce son Lla deux
particularités qui
nuisent à la luminosité duspectrographe
dans le vide à réseau concave, mais ladifférence d’ouverture
optique
parrapport
au réseanplan
compenselargement
ces inconvénients.Un autre inconvénienl des réseaux concaves tracés sur métal a été
signalé
parplusieurs expérimentateurs :
la surface de ces réseaux se ternitrapidement lorsqu’on
lesplace
dans le vide etqu’on
fait éclater des étin-celles dans leurvoisinage
ouqu’on chauffe,
parboln-bardement
électronique,
des substances donnant lieu à une distillationimportante.
Jesignale
que les rué seaux quej’utilise
sont en service continueldepuis
trois ans dans des circonstances assezdéfavorables ;
-, la surface en est visiblementternie,
cependant
ces réseauxparaissent
conserver unpouvoir
réflecteur à peuprès
constant pour lesrayons X
mous;j’en
ne[-toie souvent la
surface,
il estvrai,
àl’éther,
àl’alcool,
au collodion.
2 Le tube à rayons X mous. -- Etant donnée
la
dispersion
considérable desappareils employés,
il était nécessaire de réaliser un tubeélectronique
per-mettant une excitation intense desspectres
de rayons X mous.J’avais effectué les
premiers
essais relatifs au car-bone et au bore à l’aide d’uu tube à rayons X du mêmetype
que celuide Thibaud ;
entièrementdémontable,
il était caractérisé par une distance filament anode de
l’ordre d’un
millimètre,
condition nécessaire pour obtenir un rendement suffisant sous de faiblesten-sions ;
l’anode recevait d’unedynamo
une tension variant entre 500 et 3 000 volts et le débitpouvait
atteindre 500 millis.Pour l’excitation de la raie l~ du
carbone,
un tel tube est d’unemploi
trèscommode ;
mais ce tube nepermet
pas de déceler aisément des raies faibles etlarges,
surtout avec lesspectrographes
trèsdispersif
employés,
à cause des inconvénients suivants :1° Aucun
dispositif
de focalisation des rayonscatho-diques
n’étantprévu,
le faisceauélectronique
est unfaisceau
divergent
let,
parsuite,
le rendement du tube est faible.2° La
température
élevée àlaquelle
le filament detungstène
estporté
(2
au moins si l’on veut un débitimportant)
produit
une distillation intense dutungstène
qui
recouvre Fanodo d’unepellicule
nuisible à deuxpoints
de viie : ellearrête,
au moins enpartie,
les électronslents ;
elle absorbe les rayons X mous issus du métalanodique.
3° Aucun écran ne masque la lumière émise
par le
filamentqui,
réflécllie par l’anode d’ailleurs trèsrap-prochée,
finit par voilcr lapiaque photographique
si l’on tente de faire des posesprolongées.
4" Des ions
prenant
naissance dans le tube entrent dans lespcch’ographe
par la fente et voileotrapide-ment la
ptaqnc
Schumann,
très sensible à l’action desparticules
électrisées ;
ce dernierphénomène
m’aparti-culièrement
gèné.
J’ai pu éviter les inconvénients mentionnés au 2" et au 11’° en substituant au filament de
tungstène
une cathode de constituée par un ruban deplatine
iridié recouvertd’oxydes
alcalino-terrenx etporté
au rougeCliché 2. - Tube à
rayons X.
mais
l’emploi
de ces cathodes nepermet
pas d’obtenir une émission intense à cause del’évapora-tion
rapide
del’oxyde
aloalino-terreux et aussi à cause de l’iustabilité du débit sous des tensionsdépassant
1 00~) volts.
Ces difficultés ont pu être écartées par la
construc-tion d’un nouveau tube à rayons X mous
possédant
ledispositif
f de focalisation du faisceaucathodique
repré-senté surla figure
1 ;
undisposifif
du même genre avaitdéjà
été réalisé par Süderman(2).
Les électrons émispar le filament de
tungstène
sont accélérés dans unchamp
créé par unepièce cylindrique
entourant lefilament,
percée
d’unpetit
trou etportée
à unpoten-tiel de 501) volts environ ; les électrons ainsi accé-lérés vienent ensuite
frapper
l’anodeportée
à-3 000 volts.22
50
millis ;
le courantqui
s’écoule dans lapièce
cylin-drique
est d’une centaine de millis. Ceprocédé
permet
d’obtenir un
foyer
trèsfin,
de l’ordre d’une fraction de millimètrecarré,
cequi augmente
considérablement lerendement;
lapuissance
totaledépensée
dans le tubeatteignant plusieurs
centaines de watts, un refroidissement par eau du tube tout entier estnéces-saire ;
l’anode subit d’ailleurs à l’endroit dufoyer
une volatilisationimportante.
Fig. i.
Outre
l’augmentation
considérable durendement,
ceprocédé présente
encore d’autresavantages :
il per-met de réduire dans de fortesproportions l’épaisseur
dudépôt
detungstène
distillé sur l’anode et le voileoptique
dû à la diffusion de la lumière parl’anode;
enfin,
il évite que des ions ouélectrons, pénétrant
dans le corps du
spectrographe,
y voilent laplaque
Schumann. Ce tubepermet
ainsi de faire des posesprolongées
dans de bonnes conditions de rendementmais,
engénéral,
les duréesd’exposition
sont trèscourtes.
Résultats
expérimentaux.
3. Raies K de
l’oxygène
et de l’azote. - Cesdeux raies
apparaissent
sur laplupart
de mes clichés avec une intensité assezconsidérable;
elles sont émisesprobablement par
les gaz résiduels du tube àrayons X.
Ces raies ont été
photographiées
maintes fois par la méthode du réseauplan
tangent;
la raie K del’oxy-gène
a été décrite commeayant
unelargeur
dequel-ques dixièmes
d’angstrôln ;
or, lesspectrographes
à réseau concavetangent
quej’ai
réalisés fonrnissentune raie dont lalargeur
aupremier
ordre est de0, 15
mm,soit
0,1
À,
et ceci prouve de manière incontestable lasupériorité
du réseau concavetangent
sur le réseauplan
tangent
aupoint
de vue de la définition des raies.La raie K de l’azote
apparaît
également
sur mes clichés comme une raie assezfine,
delargeur
0,2 À
environ. Lepouvoir
de résolution de messpectro-graphes
étant de0,1 À
environ et lalargeur
des raies Kde 0 et N étant du même ordre de
grandeur,
il ne m’estpas
possible,
actuellement,
de mettre en évidence une’éventuelle structure fine de ces ra,ies.
La
longueur
d’onde de la raie K del’oxygène
a été mesuréesoigneusement
à l’aide du réseauplan
par Soderman(3) [23,56
~~,
par Prins1’)
[23,58
~~.
La méthode du réseau concavetangent
nepermettant
pas de faire des mesures absolues delongueurs
d’ondetrès
précises
(1) j’ai
effectué des mesures relatives àpartir
de lalongueur
d’onde23,58 Á
de la raie l~ de 0indiquée
ci-dessus. Lalongueur
d’onde de la raie K de N obtenue de cette manière est31,8
±0,1
~1. Les raies 7~ de 0 et Napparaissant
sur certains clichésjusqu’au quatrième
ordre dediffraction,
je dispose
ainsi entre 20 et 130 Á de 8repères qui
mepermettent
d’obtenir de bonnes mesures pour leslongueurs
d’onde des autresraies ;
laprécision
des mesures delongueurs
d’onde est ainsi de0,1
À;
ces mesures sontplus
précises
que celles quej’ai indiquées
dans mesprécédentes
publications.
La raie K de
l’oxygène
estaccompagnée,
du côté desgrandes longueurs
d’onde,
par un satellite de faible intensité disant de0,15 Â
de la raie.,
4. Raie K du carbone. - Les résultats de l’étude de cette raie ont été
indiqués,
dans lepremier
article(’);
ces résultats ont été confirmésdepuis
par Prins(°)
etSiegbahn (’).
Les mesuresplus précises
deslongueurs
d’onde m’ont conduit à modifierlégèrement
les nombres caractérisant les intervalles entre les troisraies;
la raie deplus
grande longueur
d’onde est dis-tante des deux autresrespectivement
de0,34 Â
etO, 74 À;
il y a lieu designaler
d’ailleurs que ces raies sont d’untype
assez diffus et ont unelargeur
d’environ0,2 À
de telle sorte que les nombres ci-dessus nereprésentent
que des valeurs moyennes.Les
longueurs
d’onde des troiscomposantes
sont44,79Â, 44,45 À
et44,05
À.5. Raie K du bore. - J’ai
signalé
dans lepremier
article que cette raie est constituée par deuxcompo-santes : la
composante
deplus
courtelongueur
d’ondeest fine et assez faible
(largeur
0,3
A) ;
lacomposante
deplus grande longueur
d’onde est intense etlarge.
Il y a lieu de donnerquelques précisions
nouvelles à cesujet.
Cettecomposante
degrande longueur
d’onde a un bord très net du côté des courteslongueurs
d’onde;
l’inten-sité estuniforme,
àpartir
de cebord,
sur unelargeur
de 1 Âenviron,
puis
l’intensité décroîtrapidement
jus-qu’à
zéro;
cette raielarge
s’étend a’nsi sur2,5 l
envi-ron. Lafigure 2
donne unenregistrement
microphoto-métrique
de cetteraie;
on remarquera le bord net a, lemaximum
b b’,
puis
la décroissancerapide
d’intensité. Afin de mettre en évidence une variation éventuelle de la structure de la raie avec la nature du réseaucris-tallin,
j’ai
produit
l’émission de la raie en recouvrantl’anode successivement avec du
bore,
de l’acideborique
PLANCHE.
1. Cliché
pris
avec une fente fine: raie K de 0.2. Cliché montrant les raies K de
0, N,
C et Gi. 3. Raie K de Gl.23
dépasse
pas laprécision
donnée par inesappareils,
soit0,1
~;
si un teleffet existe,
il ost donc trèsfaible;
je
reviendraiplus
loin sur ce faitimpoi-lant.
~
Fig. 2.
La
planche
donne unereproduction
de la raie I( du bore. Lalongueur
d’onde de lacomposante
fine est64,63 À ;
l’écart entre cette raie et le bord net a del’autre
composante
est de2,25
À.6. Raie K du
glucinium. -
Cette raie a étéphoto-graphiée
en recouvrant l’anode d’unepastille
degluci-nium
métallique.
Comme lacomposante
degrande
Fig. 3.
longueur
d’onde dubore,
cette raie seprésente
sousl’aspect
d’une raie trèslarge
s’étendant sur 9 À environ.Le
bord
situé du côté des courteslongueurs
d’ondeest,
comme dans le cas du bore trèsnet,
l’intensité estuniforme,
àpartir
de cebord,
sur4,5 À
environpuis
l’intensité
croît fortement, atteint un maximum et tombe ensuitegraduellement
jusqu’à
zéro(voir planche),
le bord situé du côté des
grandes longueurs
d’onde n’est donc pas biendéfini,
de telle sortequ’on
peut
dire seulement que lalargeur
est de l’ordre de 9 Á. Ils’agit
là d’unelargeur
considérablepuisque
ladiffé-rence
d’énergie
entre les bords extrêmes de la raie est de 9 volts environ.Il y a certaines
analogies
entre la raie duglucinium
et lacomposante
degrande
longueur
d’oncle du bore ;dans les deux cas, on a une raie très
large
ayant
un bordnet,
du côté des courteslongueurs
d’onde et dont l’intensité décroitgraduellement jusqu’à
zéro du côté desgrandes longueurs
d’onde,
mais larépartition
de l’intensité au centre de la raie e--t différente pour les deux atomes. Lafigure
3 donne unenregistrement
de la raie duglucinium.
La
partie
mn de la raien’apparaît
avec une certaineintensité que
lorsqu’on dépense
uneénergie
très notabledans le tube à rayons X. Au
contraire,
dans le cas dubore,
il semble que l’intensité de la raie fine diminue parrapport
à l’intensité de l’autrecomposante
quand
l’excitation devient
plus
intense.Essai
d’interprétation
des résultats.
7.
L’interprétation
des satellites desspectres
de rayons X : théorie deLanger.
Les
spectres
de rayons X dénommésspectres K,L,j1f,
dont les raies ont desfréquences
satfsfaisant à la loi deMoseley
ont recu uneinterprétation
due àKossel,
qui
est devenueclassique.
lVIais à côté de ces raiesnormales
qui
seprésentent
sousl’aspect
dedoublets,
se trouvent un nombre considérable d’autres raies dont
les
fréquences
nepeuvent
seplacer
sur lediagramme
deMoseley
etqui
ont étéappelées,
pour cetteraison,
raies satellites.Prenons le cas du
spectre
K xqui
nous intéressespécialement
dans cetteétude;
il y acinq
satellitesappelés
eta’,
0..3’ a4, a5 ab, cités dans l’ordre deslongueurs
d’ondedécroisssantes. Ces satellites
ayant
unefréquence
supérieure
et une intensité inférieure à celle de la raieKa
normale,
apparaissent
naturellement comme desraies d’étincelle dues à une double ionisation de l’atome. Un
grand
nombred’hypothèses particulières
peuvent
être faites : onpeut admettre,
dans le cas duspectre
qu’il
y a un étatinitial,
caractérisé par une double ionisation de la couche K(ce
qui
serepré-sente par
K2),
ou par une ionisationsimple
de la couche Ket par une ionisationsimple
de la couchéLi
(ce
qui
sereprésente
parKL,),
etc.J’ai
discuté,
ailleurs(g~
les différents essaisd’inter-prétation qui
ont étéproposés :
théories deWentzel,
Druyvesteyn, Richtmyer,
Ray,
Langer;
la conclusionà
laquelle
cette discussion a conduit est que la théorie deLanger
seule rendcompte
des satellites de manièrecomplête
tout en se conformant auxrègles
bien connues de las pectroscopie.Voici
un brefrappel
de cette théorie.Langer
admet lapossibilité
d’une ionisation initiale de la couche K ainsi que de l’une ou l’autre, des deux sous-couchesL,
etL2
(/.2
est mis ici au lieu deLI,
et24
a)
L’état initial estKL,
(1s ~?s)
et l’état final estL,
l,>
(~s
~p).
b)
L’état initial estf(L2
(ls 2p)
et l’état final estL22
(2p
2~).
Il
n’y
a pas d’autrepossibilité
car un électron de lacouche
Li
1(2s)
nepeut
passer sur la coucheK (1 s)
àcause de la
première régie
de sélection.dès
lors,
le schéma destransitions possibles,
d’après
La-nger :
et
Depuis
lapublication
deLanger,
deux confirmationsremarquables
en ont été données.10 La
première,
d’ordrethéorique,
a été donnée parHugh
C. Wolfe(9),
qui
a pu calculer lesfréquences
descinq
raies satellites dans le cas dupotassium.
Wolfe a retrouvé par lecalcul,
avec une excellenteapproxima-tion,
lesfréquences expérimentales;
mais il a été conduit à modifierquelque
peu la distribution des raies dans le schémaindiqué
ci-dessus;
cette distributionayant
d’ailleurs été faite de manièrearbitraire,
le schéma deLanger
n’est pas mis en échec mais seule-ment rectifié. Voici la distribution correcte résultantdu calcul de Wolfe.
et
La distribution de Wolfe est d’ailleurs
logiquement
préférable
à laprécédente ;
ellefait,
eneffet,
résulter les deux raies a.4. d’un même processus(KLI -
L1
L2) ;
il en est de même pour les deux raies a5, a6
L22);
or c’est un fait
expérimental
bien connu que les raies 1X3, a*apparaissent généralement ensemble;
et,
demême,
les deux raies a5, ~6apparaissent
simultanément :on les observe pour les éléments 1~1 à 16. La coïnci-dence excellente
qui existe,
selonWolfe,
entre lesfréquences
théoriques
résultant du schéma ci-dessus et lesfréquences expérimentales,
constitue une bonneconfirmation du schéma de
Langer-Wolfe.
2° Une deuxième
confirmation,
d’ordreexpérimental,
en a été donnée par Coster etThyssen
(1°)
qui
ontvérifié que le doublet
1(11.34.
du cuivrecorrespond
bien à unpotentiel
d’excitationA"+ L ;
ainsil’hypothèse
qui
est à la base de la théorie deLanger
estexpérimenta-lement confirmée.
3°
Enfin,
le schéma deLanger paraît
sejustifier
encore dans lesconséquences
qu’elle implique;
eneffet,
si le schéma deLanger-Wolfe
estcorrect,
les raies a3et a~ sont en réalité des
triplets.
Effectivement,
la raie a3possède
une structurefine;
celle-ci a été mise en évidence parRichtmyer
etTaylor (1’)
pour lesélé-ments Cu et
Ni,
par Deodhar(12)
pour Si et par Fordpour tous les éléments
depuis
Aljusque
Cl(*).
(*) Il faut remarquer qu’on observe encore quelques satellites
très faibles qui ne trouvent pas de place dans le schéma de
Langer, à moins qu’ils ne correspondent à des passages entre
termes de simplets et termes de triplets.
8. Extension de la théorie de
Langer
au cas des atomes trèslégers.
- Le schéma deLanger,
rectifié parWolfe,
parait
doncs’appliquer
d’unemanière excellente aux satellites du
spectre
Il« des atomes moyens et lourds. On doit dès lors s’attendre à retrouver ces mêmes satellites dans lespectre
K des éléments de lapremière rangée
horizontale dusystème
périodique
deséléments,
àpartir
deCf,’
Prenons,
parexemple,
le cas deCs;
cet atomecom-prend 2
électrons1s,
2 électrons 2s et 2 électrons 2 p.Les 4 états
KLI,
1,1
L2,
L~2
sont doncpossibles
et l’on doit s’attendre àobserver,
à côté de la raie ICa.ordinaire,
les 5 satellites ci-dessus. Il en est de même pourN7,
O8,
F 9.
Les choses sont toutes différentes pour
B5 ;
eneffet,
pour cetatome,
l’état n’estplus possible
car iln’y
aqu’un
seul électron 2s etpartant
le schéma deLanger
nepeut
plus s’appliquer.
Pour cetatome,
la raie ai estencore
possible.
D’autrepart,
l’étatKL, pouvant
seproduire
et nepouvant
subsisterindéfiniment,
l’état nonpossible
L22
sera forcémentremplacé
par un autre état sur la natureduquel
on nepeut
faire apriori
que deshypothèses,
on doit donc s’attendre àobserver,
pour
B5,
à côté de la raie un satellited’aspect
tout différent des satellites ordinaires.Pour l’atome
Gl,
comme pour la théorie deLanger
nepeut plus
intervenir;
laraie a,
même nepeut
plus
existerqu’à
la faveur d’un passagedéfendu ;
lespectre
lide
Gl,
doit donc avoir unaspect
anormalqui
le diffé-renciecomplètement
duspectre
ordinaire.25
C6, Nz, 0,, F,
doivent donner lieu aurayonnement
Ki. ordinaire affecté des différents satellites citésl’alome
85,
pourlequel
cette théorie n’estplus
valable,
doit donner lieu à la raie Ka ordinaire et à un rayonne-ment lianormal; l’atoum Gl+ doit présenter
un rayon-nement K entièrement anormal.9.
Comparaison
desprévisions
théoriques
pré-cédentes aux résultats
expérimentaux. -
Il est très intéressant de remarquer que ces considérationsthéoriques paraissent
correspondre
très bien auxrésultats
expérimentaux
quej’ai
décrits.En
effet,
pour lecarbone,
le schéma deLanger
pré-voit
l’existence,
à côté de la raie a,, de la raie a’(celle-ci
estgénéralement
d’intensité trèsfaible),
du doublet a34 et du doublet a56; orj’ai
observéeffective-ment 3 raies
qui paraissent
bien être la raie ah ledoublet a3~ non résolu et le doublet ai,; non résolu. Il y a
concordance,
eneffet,
aupoint
de vue des intensitésrelatives;
d’autrepart,
il y a concordance aupoint
de vue deslongueurs
d’onde,
car si l’onprolonge, par la
loi deMoseley,
les écarts 3h entre la~ raie normale a et sessatellites,
àpartir
de Na(élément
pourlequel
ces satellites ont été mesurés avecprécision),
onretrouve,
avec une concordance
remarquable,
les écarts A;, quej’ai
observés dans le cas du carbone.Il semble donc bien que la théorie de
Langer
per-metted’interpréter
la structure de la raie K du carbone. Mais on ne pourra se prononcer définitive-ment sur la validité de la théorie deLanger
pour les atomes trèslégers qu’au
moment où la structure fine des raies K del’oxygène
et de l’azote sera connue.Pour ce
qui
concerne les éléments Gl etB,
il estremarquable
de constaterqu’en
concordance avec lesprévisions
duparagraphe
précédent,
la structure de ces raies necorrespond plus
du tout avecl’aspect
clas-sique.
La raie aiqui
estthéoriquement
encorepossible
pourB,
se retrouve sousl’aspect
d’une raie assez fine à61,63
Â;
tandis que pour Gl la raie a,n’apparaît pins,
ce
qui
reste conforme auxprévisions
ci-dessus;
lacomposante
large
de B et la raielarge
de Gl traduisentbien,
d’autrepart,
l’existence durayonnement
anormal annoncé.10. Essai
d’interprétation
durayonnement
anormal de B et (31.-Aquel
processusspécial
d’émis-Fion faut-il attribuerl’apparition
de lacomposante
large
de B et de la raielarge
de Gl ? L’existence d’une bande continue d’émission traduit l’existence d’étatsénergétiques
nonquantifiés ;
deplus,
comme le niveauinitial est ici un niveau K bien
défini,
il est nécessaired’admettre que les électrons de la couche L
peuvent
occuper une infinité d’états
énergétiques
voisins. Deux modesd’explication
de ce faitpeuvent
êtreproposés :
l’un a
déjà
été énoncé à propos iluproblème qui
nous occupe, l’autre estproposé
pour lapremière
fois dans cet article.Le
premier
moded’explication
se rattache au fait que les atomes situés au sein d’un cristal nepeuvent
pas être considérés isolément comme onpourrait
le faire dans le cas d’atomes faisantpartie
d’un gaz ou d’unevapeur ; le deuxième mode
d’explication
serapporte
à l’existenceprobable,
à propos duspectre
K du bore et duglucinium,
de passagesdéfendus
nonqicarctifiés.
.~. Essai
d’application
de la théorie de la conduc-tibil.itéélectrique
des métaux. - La théorie de la conductibilitéélectrique
des métaux de Sommerfeld= Pauli pose enprincipe
que les électrons de valence de ces métaux sont à même de se mouvoir librement ouplus
ou moins librement travers le cristalqui
lescontient.
Or,
dans le cas de Gl et deB,
les électrons de valence sontprécisément
les électrons de la, couche L donnant naissance à la raieli ;
si ces électrons sont libres dans lecristal,
oncomprend
aisément que leniveau L ne soit pas
quantifié
etqu’il
y ait émission d’une infinité de raies voisines formant une bande continue.Sôderman
ayant
donné unenregistrement
micropho-tométrique
de la raie li deGl,
photographiée
par laméthode du réseau
plan
tangent,
Houston(11)
acalculé,
àpartir
deshypothèses
de la conductibilitéélectrique,
larépartition théorique
de l’intensité dans la raie Iide Gl. Le calcul a été fait à
partir
de deuxhypothèses ;
-.1°)
les électrons de valence sontlibres;
2°)
les électrons de valence sont attachés à un atome mais ont lapossi-bilité de sauter sur un atome voisin sous l’influence d’un
champ
extérienr,
ladispersion
des niveauxéner-gétiques
étant due à laperturbation
exercée sur l’électron par les atomes voisins. Les deux courbesthéoriques
ont étécomparées
à la courbe de Sôderman sans accordsatisfaisant;
il y a lieu de remarquer d’ail-leurs que la raieindiquée
par Sôderman a été obtenuepar la méthode du réseau
plan
tangent,
c’est-à-dire par une méthode donnant une définition des raiestrop
mauvaise pourpermettre
uneopinion
définitive.L’enregistrement
de la raie h’ de Gl donné ci-dessus necorrespond
à aucune des deuxhypothèses
deHous-ton ;
si donc il faut faire intervenir lechamp
des atomes extérieurs sur l’électronémetteur,
il faut admettre quela nature de ce
champ correspond
à deshypothèses
moinssimples
que cellesqui
ont été faites.Mais si ce mode
d’explication
est correct, la structure des raies Ii de Gl et B doitchanger quand
l’atome émetteurappartient
à des cristaux différents. Orj’ai
excité la raie li du bore à l’aide debore,
de borax etd’acide
borique:
la structure de la raie et lesloîiflueii?-g
d’onde sor2t restées
identiques
dans les trois cas.D’autre
part, l’existence,
dans le cas dubore,
d’une 1Ylie fine est en désaccordformel
avec le 1110ded’explication
ci-dessus.Enfin,
il y a lieu de remarquer que, dans le cas du26
quantifiés
et prouve que l’influence du réseau cristallin ne suffit pas pourexpliquer
des raies trèslarges (de
plusieurs
Angstrôms).
Il semble
donc,
qu’à
la suite de mesexpériences,
ilfaille
renoncer àexpliquer
lerayonnement
anormal deGl et B par le
champ
depotentiel
créé par les atoiiiesvoisinant,
dans lecristal,
l’atomeSans
doute,
cechamp
doit avoir une certaine influencepuisque,
même pour des atomeslourds,
on constate unelégère
variation,
en fonction de la naturechimique
ducomposé
de lalargeur
et de lalongueur
d’onde des raies despectres
de rayons X.Précisément,
les 3 raies du carbone et la raie a, du bore ont une
lar.qeur
de l’ordre de0,2
Àqui pourrait
parles considé)-ations ci-dessus.
Mais il semble bien que le
rayonnement
normal K deGl et B ait une
origine
toute différente. Je fais actuelle-ment des essais sur C et Gl semblables à ceux quej’ai
faits surB;
si la naturechimique
ducomposé
ne modi-fie pas l’allure de laraie,
il y aura lieu derejeter
défi-nitivement le mode
d’explication
ci-dessus(*).
B. Essai
d’explication
durayonnement
anormal
K de GI et B par desconsidérations relatives
auxpas-sages défendus. - Le mode
d’explication précédent
paraissant
en désaccord avec les faitsexpérimentaux,
il semble
logique
de chercher le moded’explication
correct dans le fait que, pour les atomes B etGl,
lesélectrons
qui produisent
l’émission de la raie anormale sont des électrons 2 set,
d’autrepart,
dans le fait queles
passages 2
s-~ 1 s sont des passages défendus. Or onsait,
par l’étude desspectres
moléculaires,
que les passages défendusentraînent,
dans certainescircons-tances,
l’émission d’unspectre
continu. Il y a lieu de se demander si unphénomène
de ce genre n’a pas lieu ici.On
peut
admettre,
parexemple,
que l’électron 2 spasse dans un état excité d’où il
peut
retomber dans l’état 1 s sans enfreindre lesrègles
de sélection : la raie K anormale serait donc due au fait que l’atome seraitporté
dans un état métastable et que cet état mé-tastable serait mal défini.Cette manière de voir
paraît
confirmée par lesparti-cularités suivantes :
(*)
Voir, à ce sujet, un article récent de A. Hautot dans leBul-letin de la Société
Royale
des Seiences deLiéqe,
janvier 1934.10 Dans le cas du
bore, la
raie anormale a une lon-gueur d’onde inférieure à la raieKx,
normale. L’élec-tronqui
produit
cette raie anormale est donc à uo niveaud’énergie
inférieur à celui de l’électron 2 pqui
donne lieu à la raie Il semble donc bienqu’il
s’agisse
d’un électron dans l’état 1 s ou dans un étatcompris
entre 1 s et 2 p.21 L’intensité de la raie a, du bore par
rapport
à la raie anormaleparaît
décroîtrequand
la tensionappli-quée
au tubeaugmente;
il est naturel d’admettre que l’électron~~
estfréquemment
arraché de l’atomequand
la tension devientélevée;
dèslors,
l’électron~p
étantabsent,
laprobabilité
du passage 28 -+- 1 saugmente.
Demême,
il semble que lerayonnement
continu duglucinium qui précède
le maximumn’apparaisse
quelorsqu’on dépense
unepuissance
notable dans le tube.Ce
spectre
continuqui
n’apparaît
qu’aux
tensions éle-vées n’est-il pas unspectre
continud’étincelle,
c’est-à-dire émis par l’atome Glayant perdu
un électron Il n’est pasquestion
actuellement,
les résultatsexpé-rimentaux n’étant pas assez
nombreux,
de chercher à décrire dans le détail ce processusspécial
d’émissioncomportant
des passages défendus nonquantifiés.
Tout cequ’on peut
en dire actuellement estqu’il
y a unniveau
d’énergie
que les électrons 2 s nepeuvent
dépas-ser pourpouvoir
retomber dans l’état 1 s : l’existence de ce niveausupérieur d’énergie
se traduit par l’exis-tence d’un bord net de la raie du côté des courteslon-gueurs d’onde.
Si ce mode
d’explication
estcorrect,
la raie L du sodium, dumagnésium
et de l’aluminium(homologues
de
Li, Gl,
B)
correspondra
aussi à unrayonnement L
de nature anormale(passages
3 s-+- 2s) (*).
Conclusions. - Le
rayonnement K
des atomes trèslégers
pose, comme on levoit,
desproblèmes
théoriques
d’un intérêt considérable. Il y a lieu depoursuivre
l’étudeexpérimentale
àgrande dispersion
de cerayonnement
afin de définirquels
sont les pro-cessusspéciaux
d’émissionqui
lui donnent naissance. Je tiens à remericer très vivement M. Max Morandqui
s’estoccupé
de la mise aupoint
du tube à ra.yons Xdécrit dans cet article.
(*) Ces prévisions correspondent effectivement à la réalité (Cf. Siegbahn et Magnusson : Z. Phyaik, janv. t 934).
Manuscrit reçu le 29 novembre 1933.
BIBLIOGRAPHIE _
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Physique
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(2) SODERMAN, Z.
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(7) SIEGBAHN, Proc. of the Phys. Society, (sept. 1933). Vol. 45,
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(8) A. HAUTOT, Mém. de la Soc. Royale des Sciences de
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