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Invariants polynˆ omiaux des groupes finis - Groupes de r´ eflexions

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(1)

Cours de DEA

Invariants polynˆ omiaux des groupes finis - Groupes de r´ eflexions

(Besan¸con 2004)

21 h de cours, 7h de TD

1

(2)

Partie 0. Pr´ eliminaires

Id´eaux maximaux, id´eaux premiers.

SoitA un anneau (commutatif, unitaire).

Lemme chinois. Soienta1,. . . ,ar des id´eaux deA tels queai+aj =Apour tous16i < j 6r.

Alors l’application canonique

A−→

Yr i=1

A/ai

est surjective.

Lemme de Nakayama. Supposons A local et notons m son id´eal maximal. Soit M un A- module de type fini. Alors mM =M si et seulement si M = 0.

Preuve - Si M = 0, alors mM = 0 = M. R´eciproquement, supposons que mM = M. Soient u1,. . . , ur des g´en´erateurs du A-module M. Puisque mM = M, il existe une matrice X= (mij)16i,j6r `a coefficients dans mtelle que

ui = Xr j=1

mijuj

pour tout 16j6r. En multipliant par la transpos´ee de la comatrice de Idr−X, on obtient que

det(Idr−X).uj = 0

pour tout 16j6r. Or, det(Idr−X) est inversible dans Acar Aest local. DoncM = 0.

Corollaire A.SupposonsAlocal. SoientM etN deux sous-A-modules deAntels queM⊕N = An. Alors M et N sont libres.

Preuve - Notons m l’id´eal maximal de A et soit k = A/m. Soit π : An → kn la projection canonique. Tout d’abord,M etN sont de type fini comme facteurs directs d’un module de type fini. De plus M/mM⊕N/mN = kn. Soient (u1, . . . , ur) et (v1, . . . , vs) des ´el´ements de M et N respectivement tels que (π(u1), . . . , π(ur)) et (π(v1), . . . , π(vs)) soient des bases deM/mM et N/mN respectivement. Alorsr+s=net, d’apr`es le lemme de Nakayama, (u1, . . . , ur) engendre M et (v1, . . . , vs) engendre N. Pour conclure, il suffit de montrer que (u1, . . . , ur, v1, . . . , vs) est libre surA, ce qui est trivial.

Un id´ealpde Aest ditpremiersiA/p6= 0 est int`egre. On note SpecAl’ensemble des id´eaux premiers deA.

On fixe un morphisme d’anneaux π :A → B, de sorte que B sera vu comme une A-alg`ebre via π.

Proposition B.Si qest un id´eal premier de B, alors π1(q) est un id´eal premier de A.

Preuve - En effet,π induit un morphisme injectif A/π1(q),→B/q. Le r´esultat d´ecoule alors du fait qu’un sous-anneau d’un anneau int`egre est int`egre.

(3)

On noteraπ : SpecB→SpecA,q7→π−1(q). C’est une application croissante. Commen¸cons par deux r´esultats ´el´ementaires.

Remarque - SiA⊂B etπ :A ,→B est l’injection canonique, alors π−1(q) =q∩A.

Lemme C.Soit I un id´eal de A et soit S une partie multiplicative de A.

(a) Notons π :A→ A/I l’application canonique. Alors π : SpecA/I →SpecA induit une bijection croissante entre SpecA/I et l’ensemble des id´eaux premiers de A contenant I.

(b) Notons π : A → S1A l’application canonique. Si p est un id´eal premier de A ne rencontrant pasS, alors S1p=p(S1A)est un id´eal premier deS1Aetπ(S1p) =p.

Par suite, l’application π : SpecS−1A → SpecA induit une bijection croissante entre l’ensemble des id´eaux premiers de S1A et l’ensemble des id´eaux premiers de A ne rencontrant pas S.

Si p ∈ SpecA, alors A−p est une partie multiplicative de A et on notera Ap le localis´e de A par rapport `a cette partie. AlorsAp est un anneau local (contenantA carA−p ne contient pas de diviseurs de z´ero) : son unique id´eal maximal estpAp. De plus,pAp∩A=p etAp/pAp est le corps des fractions de A/p. Si M est un A-module, alors on poseMp =ApAM. C’est un Ap-module. Par exemple, Bp est un Ap-alg`ebre. Nous noterons πp :Ap →Bp le morphisme induit parπ.

Proposition D.Soit p un id´eal premier de A. Alors l’application π∗−1(p) −→ π∗−p 1(pAp)

q 7−→ ApAq

est bijective. La bijection r´eciproque est donn´ee par q 7→ i−1(q) o`u i :B → Bp, est l’injection canonique.

On dit queB est fini(e) sur A (ou queπ est un morphisme fini) si B, vu commeA-module, est de type fini. On dit que B est de type fini surA (ou que π est un morphisme de type fini) si B, vu comme A-alg`ebre, est de type fini. On dit que B est entier sur A si tout ´el´ement de B est entier surA. On appelleclˆoture int´egralede A dans B l’ensemble des ´el´ements de B qui sont entiers sur A. C’est un sous-anneau deB.

Proposition E.π est fini si et seulement si π est de type fini et entier.

Lemme F.Supposons π injectif et entier etB int`egre. Alors A est un corps si et seulement si B est un corps.

Preuve -Pous simplifier nous supposerons queA⊂B et queπest l’injection canonique. Notons queA est int`egre comme sous-anneau d’un anneau int`egre.

(1)⇒(2) : Supposons queA est un corps. Soitb∈B,b6= 0. Il existe un polynˆome unitaire, irr´eductible (car B est int`egre) P ∈A[X] tel que P(b) = 0. ´Ecrivons P = Xn+an−1Xn1+

· · ·+a1X+a0 avecai ∈A. Alors a0 6= 0. Puisque A est un corps,a0 est inversible. De plus, b.

−a01(bn1+an1bn2+· · ·+a1)

= 1, ce qui montre quebest inversible dansB. DoncB est un corps.

(4)

(2) ⇒ (1) : Supposons que B est un corps. Soit a ∈ A, a 6= 0. Alors a est inversible dans B. Il existe un polynˆome unitaire, irr´eductible P ∈ A[X] tel que P(a1) = 0. ´Ecrivons P =Xn+an−1Xn1+· · ·+a1X+a0 avec ai ∈A. On a alors

a1 =−(an−1+an−2a+· · ·+a1an2+a0an1).

Donca−1∈A. DoncA est un corps.

Corollaire G. Supposons π entier. Soit q un id´eal maximal de B. Alors q est maximal si et seulement siπ1(q) est maximal.

Si A est int`egre, on notera Frac(A) son corps des fractions. Dans ce cas, on dit que A est int´egralement clos s’il est ´egal `a sa clˆoture int´egrale dans Frac(A).

Th´eor`eme H. Supposons π entier et injectif. Alors π : SpecB → SpecA est surjective et strictement croissante. Si π est fini, alors les fibres deπ sont finies.

Preuve - Nous supposerons pour simplifier queA⊂B et queπ est l’injection canonique.

Montrons tout d’abord que π est surjective. Soit p un id´eal premier de A. D’apr`es la proposition D, on peut supposer queA est local d’id´eal maximalp. Soit qun id´eal maximal de B. Alorsq∩A est un id´eal maximal de Ad’apr`es le corollaire G. Donc q∩A=p.

Revenons au cas g´en´eral et montrons que π est strictement croissante. Soient q etq0 deux id´eaux premiers de B tels que q∩A = q0 ∩A = p et q⊂q0. Alors S1q∩Ap = pAp et S−1q0∩Ap =pAp. D’apr`es le corollaire G,S−1q etS−1q0 sont des id´eaux maximaux deS−1B.

DoncS−1q=S−1q0. Doncq=q0.

Pour finir, supposonsπ fini et montrons que les fibres deπ sont finies. Soitpun id´eal premier deA. Comme pr´ec´edemment, on peut supposer queA est local et quepest son id´eal maximal.

Alors B/pB est une k-alg`ebre de dimension finie (o`u k =A/p) et π1(p) est en bijection avec les id´eaux premiers (i.e. maximaux) deB/pB. Il n’y en a bien sˆur qu’un nombre fini.

Action d’un groupe fini.

SoitG un groupe fini agissant surA. Posons

AG={a∈A | ∀g∈G, ga=a}. Proposition I.On a :

(a) A est entier sur AG.

(b) Le groupeGagit transitivement sur les fibres de l’applicationSpecA→SpecAG (qui est surjective).

Preuve - (a) Soita∈A. Posons

P = Y

gG

(X−ga)∈A[X].

AlorsP est invariant sous l’action deG, doncP ∈AG[X]. De plus, P est unitaire etP(a) = 0.

(b) La surjectivit´e de l’application SpecA→SpecAG d´ecoule du (a) et du th´eor`eme H. Soit pun id´eal premier de AG. Pour montrer queG agit transitivement sur la fibre deπ au-dessus de pnous pouvons, grˆace au lemme D, supposer que A est local d’id´eal maximal p. Soientq et q0 deux id´eaux premiers de A tels queq∩AG=q0∩AG=p. Puisque Aest entier sur AG (voir

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proposition I) et puisquepest maximal, on en d´eduit que qetq0 sont des id´eaux maximaux de A (voir proposition G). Supposons que q0 6= gq pour tout g ∈ G. D’apr`es le lemme chinois, il existea∈A tel que

a≡0 modq0

et a≡1 modgq

pour tout g ∈ G. Posons x = Q

gGga. Puisque ga 6∈ q pour tout g ∈ G, on a x 6∈ q. Mais, x∈q0∩AG=p⊂q, ce qui contredit l’hypoth`ese. D’o`u le r´esultat.

Corollaire J. Les fibres de l’application SpecA→SpecAG sont finies.

Supposons maintenant queA est int`egre. NotonsL le corps des fractions de AetK le corps des fractions deAG.

Proposition K.Avec les notations pr´ec´edentes, on a :

(a) Si x∈L, il existea∈A et u∈AG, u6= 0 tel que x=a/u.

(b) K =LG.

Preuve - (a) Soitx∈L. Il existe a∈A etu∈A,u6= 0, tel que x=a/u. Posons a0 =a Y

g∈Gg6=1

gu et u0= Y

g∈G gu.

Alorsa0∈A,u0∈AG,u0 6= 0 etx=a0/u0. (b) d´ecoule imm´ediatement de (a).

Proposition L. Si A est int`egre et int´egralement clos, alors AG est int`egre et int´egralement clos.

Preuve - Six∈K est entier aurAG, alors il est entier surA, donc il appartient `a AcarA est suppos´e int´egralement clos. Donc x∈A∩K =AG.

Si|G|est inversible dans un anneau commutatifR, on pose eG= 1

|G| X

gG

g∈R[G].

Notons que geG = eGg = eG pour tout g ∈ G. En particulier, eG est un idempotent (i.e.

e2G =eG) central. La proposition suivante est imm´ediate.

Proposition M.Supposons |G| inversible dans R. Soit M un R[G]-module. Alors MG=eGM.

En d’autres termes, pourm∈M, on a m∈MG si et seulement si eGm=m.

Corollaire N. Supposons |G| inversible dans R. Soit M un R[G]-module et N un sous-R[G]- module. Alors l’application canoniqueMG →(M/N)G est surjective.

Alg`ebre sym´etrique.

(6)

Soit k un corps commutatif et soit V un k-espace vectoriel de dimension finie. On pose T0(V) =k et, pourr>1,

Tr(V) =V ⊗kV ⊗k· · · ⊗kV

| {z }

rfois

. On pose ensuite

T(V) = ⊕

r>0Tr(V).

Alors le produit tensoriel⊗k induit une application bilin´eaire Tr(V)×Ts(V)−→Tr+s(V)

qui fait de T(V) une k-alg`ebre associative : on l’appelle l’alg`ebre tensorielle de V (sur k). Si f :V →W est une application lin´eaire, on note Tr(f) : Tr(V) → Tr(W) l’unique application lin´eaire telle que

Tr(f)(v1⊗ · · · ⊗vr) =f(v1)⊗ · · · ⊗f(vr)

pour tous v1, . . . , vr ∈ V. Alors T(f) = ⊕r>0Tr(f) : T(V) → T(W) est un morphisme de k-alg`ebres.

Propri´et´e universelle. Soit f : V → A une application lin´eaire, o`u A est une k-alg`ebre associative. Alors il existe un unique morphisme de k-alg`ebres f˜:T(V)→A ´etendant f.

NotonsIr le sous-k-espace vectoriel deTr(V) engendr´e par lesv1⊗ · · · ⊗vr−vσ(1)⊗ · · · ⊗vσ(r) pour tousv1, . . . , vr∈V etσ ∈Sr (groupe sym´etrique de degr´er). AlorsI =⊕r>0Ir est un id´eal bilat`ere de T(V). On pose

S(V) =T(V)/I = ⊕

r>0Tr(V)/Ir= ⊕

r>0Sr(V).

AlorsS(V) est une k-alg`ebre associative et commutative, appel´eealg`ebre sym´etrique deV (sur k). Puisque Sr est engendr´e par des transpositions, il est facile de v´erifier que I est l’id´eal bilat`ere deT(V) engendr´e par les v⊗v0−v0⊗v∈T2(V) =V ⊗V, o`uv etv0 parcourentV. Le produit dans S(V) sera not´e usuellement.

Propri´et´e universelle. Soit f : V → A une application lin´eaire, o`u A est une k-alg`ebre associative COMMUTATIVE. Alors il existe un unique morphisme dek-alg`ebres f˜:S(V)→A

´etendant f.

Proposition O. Soit X1, . . . , Xn une k-base de V. Alors X1, . . . , Xn sont alg´ebriquement ind´ependants dansS(V) et ils engendrent S(V).

Corollaire P.Si n= dimV et si r>0, alors dimSr(V) =

r+n−1 n−1

.

Proposition Q.SoientV etW deuxk-espaces vectoriels de dimension finie. Alors l’application naturelle ⊕ri=0Si(V)⊗kSr−i(W) → Sr(V ⊕W) est un isomorphisme de k-espaces vectoriels.

Ces isomorphismes induisent un isomorphisme dek-alg`ebres S(V)⊗kS(W)'S(V ⊕W).

Preuve - Ceci revient `a dire que

k[X1, . . . , Xm]⊗kk[Xm+1, . . . , Xm+n]'k[X1, . . . , Xm+n].

Notons Fonc(V, k) l’ensemble des fonctions quelconques V →k. C’est une k-alg`ebre commu- tative pour la multiplication na¨ıve. Alors V est un sous-espace vectoriel de Fonc(V, k). Par

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la propri´et´e universelle des alg`ebres sym´etriques, on obtient ainsi un morphisme de k-alg`ebres S(V) → Fonc(V, k) dont l’image est la k-alg`ebre des fonctions polynˆomiales V → k, not´ee Pol(V, k).

Proposition R. Si k est infini, l’application S(V) → Pol(V, k) est un isomorphisme de k- alg`ebres.

Supposons maintenant queV est unk-espace vectoriel gradu´e de dimension finie, c’est-`a-dire V =V1⊕ · · · ⊕Vd, o`u Vi est appel´e lacomposante homog`ene de degr´eideV. Par la proposition Q, on a

S(V) =S(V1)⊗ · · · ⊗S(VN).

Les ´el´ements de Sr(Vi) sont dits homog`enes de degr´e ri, ce qui munitS(Vi) d’une structure de k-alg`ebre commutative gradu´ee. Par produit tensoriel,S(V) devient unek-alg`ebre commutative gradu´ee.

Exemple - Le cas le plus fr´equent est celui o`u V =V1 est concentr´e en degr´e 1. On retrouve alors la structure usuelle dek-alg`ebre gradu´ee deS(V).

Exemple - Le groupe sym´etrique Snagit sur lak-alg`ebrek[X1, . . . , Xn] par permutations des ind´etermin´ees : σXi = Xσ(i). Il est bien connu que la k-alg`ebre des polynˆomes sym´etriques k[X1, . . . , Xn]Sn est engendr´ee par les polynˆomes sym´etriques ´el´ementairesσ1 =X1+· · ·+Xn, . . . ,σn=X1. . . Xn, et que ces derniers sont alg´ebriquement ind´ependants. Si on poseVi =kΣi etV =V1⊕ · · · ⊕Vn⊂k[X1, . . . , Xn], cela signifie que l’applicationS(V)→k[X1, . . . , Xn]Sn est un isomorphisme dek-alg`ebres gradu´ees.

Alg`ebres de type fini. Soit k un corps commutatif. Soit A une k-alg`ebre de type fini.

Proposition S. A est un anneau nœth´erien.

Proposition T.Si A est un corps, alors A est une extension alg´ebrique finie de k.

Corollaire U. Si k est alg´ebriquement clos, alors l’application Homkalg(A, k) → Max(A), ϕ7→Kerϕ est bijective.

Preuve -En effet, simest un id´eal maximal de Max(A), alorsA/mest unek-alg`ebre de type fini et c’est un corps. C’est donc, d’apr`es la proposition T, une extension alg´ebrique finie dek. Ce dernier ´etant alg´briquement clos, l’application naturelle k→A→A/mest un isomorphisme.

Corollaire V.Supposons k alg´ebriquement clos. Soient X1, . . . , Xn des ind´etermin´ees sur k et soient P1, . . .Pr ∈k[X1, . . . , Xn]et notons I l’id´eal qu’ils engendrent. Soit

V(I) ={(x1, . . . , xn)∈kn |P1(x1, . . . , xn) =· · ·=Pr(x1, . . . , xn) = 0.

Si P ∈k[X1, . . . , Xn] s’annule sur V, alors il existe e>1 tel quePe∈I. Preuve - SoitA=k[X1, . . . , Xn][T]/(P1, . . . , Pr,1−P T). Posons

V0 ={(x1, . . . , xn, t)∈kn+1 |P1(x1, . . . , xn) =· · ·=Pr(x1, . . . , xn) = 1−tP(x1, . . . , xn) = 0}. Alors, par hypoth`ese, V0 =∅. Or, d’apr`es le corollaire U, V0 est en biijection avec les id´eaux maximaux de A. Donc (P1, . . . , Pr,1−P T) = k[X1, . . . , Xn][T]. En d’autres termes, il ex- iste α1, . . . , αr, β ∈ k[X1, . . . , Xn, T] tel que α1P1 +· · · +αrPr +β(1−T P) = 1. Soit f : k[X1, . . . , Xn, T] → k(X1, . . . , Xn), Xi 7→ Xi, T 7→ 1/P. En appliquant f `a l’´egalit´e

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pr´ec´edente, et en multipliant par une puissance suffisamment grande deP, on obtient le r´esultat souhait´e.

Proposition W.Soitk0 une extension alg´ebrique dek. PosonsA0 =k0kA. AlorsA⊂A0. De plus, l’application Spec(A0) →Spec(A), p7→ p∩A est surjective et a ses fibres finies. D’autre part, p est maximal si et seulement sip∩A¯ est maximal.

Exercices de la partie 0

Exercice X. Soit A un anneau et soit G un sous-groupe fini de AutanneauA. On suppose A int`egre et int´egralement clos. On note K le corps des fractions de A. SoitA0 un sous-anneau de AG int´egralement clos et soit K0 son corps des fractions. On suppose que [K :K0] =|G|et queAG et entier surA0. Montrer que A0=AG.

(9)

Partie I. Introduction

Sauf mention explicite du contraire, tous les anneaux et toutes les alg`ebres de ce cours seront commutatifs (commutatives).

Le th´eor`eme de base, bien que facile, de la th´eorie des invariants d’un groupe fini agissant sur une k-alg`ebre de type fini est le suivant :

Th´eor`eme 0. Soit A un anneau commutatif et soit G un groupe fini agissant sur A (par automorphismes d’anneau). Alors :

(a) A est entier sur AG.

(b) L’applicationSpecA→SpecAG,p7→p∩AGest surjective. Ses fibres sont desG-orbites.

De plus, si p∈SpecA, alors p∈MaxA si et seulement sip∩AG∈MaxAG. (c) Si A est r´eduit, alors AG est r´eduit.

(d) Si A est int`egre, alors AG est int`egre.

(e) Si A est int`egre et int´egralement clos, alors AG est int`egre et int´egralement clos.

(f) Sikest un corps, siAest unek-alg`ebre de type fini et siGagit surApar automorphismes de k-alg`ebre, alors Aest un AG-module de type fini et AG est unek-alg`ebre de type fini.

Preuve - (a), (b), (c), (d) et (e) ont ´et´e montr´es dans la partie . Montrons (f). Soientx1,. . . , xn des g´en´erateurs de la k-alg`ebre A. Posons Pi = Q

σ∈G(X− σxi) ∈ AG[X]. Notons B la sous-alg`ebre deA engendr´ee par les coefficients desPi, 16i6n. Alors B⊂AG⊂A. De plus, A est enti`ere sur B et, puisque A =B[x1, . . . , xn], A est un B-module de type fini. Par suite, AG est un B-module de type fini car B est nœth´erienne. Donc AG est une k-alg`ebre de type fini.

Exemple 0 - Polynˆomes sym´etriques. Le groupe finiSn agit surk[X1, . . . , Xn] par permu- tations des ind´etermin´ees :

σXi =Xσ(i).

On a k[X1, . . . , Xn]Sn =k[σ1, . . . , σn] o`u lesσj sont les polynˆomes sym´etriques ´el´ementaires :

σj = X

16i1<i2<···<ij6n

Xi1Xi2. . . Xij. De plus,σ12,. . . ,σn sont alg´ebriquement ind´ependants.

Remarque 0 - Effectivit´e. La preuve du th´eor`eme 0 (f) n’est pas effective. Par contre, lorsque |G| est inversible dans k, alors on peut rendre cette preuve effective. En effet, on remarque tout d’abord que l’anneauB de la preuve est construit explicitement. Posonsg=|G|. Alors D’autre part,A=P

(i1,...,in)∈{0,1,...,g−1}nBx1i1xi22. . . xinn. Par suite,

AG= X

(i1,...,in)∈{0,1,...,g−1}n

BeG(xi11xi22. . . xinn)

(10)

careG(xy) =xeG(y) si x∈AG.

Proposition 0. Soit k un corps, soit A une k-alg`ebre de type fini et soit G un groupe fini agissant sur A par automorphisme de k-alg`ebre. Alors il existe un sous-espace vectoriel de dimension finie V de A, engendrant A comme k-alg`ebre et stable sous G. On obtient ainsi un morphisme surjectifG-´equivariant de k-alg`ebres S(V)→A.

Si de plus|G|est inversible dans k, alors l’application induiteS(V)G→AG est surjective.

Preuve - Soientx1,. . . ,xn des g´en´erateurs de la k-alg`ebreA. PosonsV = X

σG 16i6n

k σxi. Alors V est bien sˆurG-stable, de dimension finie et il engendreA.

Dans ce cours, nous ´etudierons essentiellement la situation suivante :

• k est un corps commutatif ;

• V est unk-espace vectoriel de dimension finie ;

• Gest un sous-groupe fini de GLk(V).

• Probl`eme : Etudier l’alg`ebre´ S(V)G...

On appelle pseudo-r´eflexionun ´el´ement s∈GLk(V) tel que dim Im(s−1) = 1. On appelle r´eflexion une pseudo-r´eflexion d’ordre 2. Si G⊂GLk(V), on notera R´ef(G) l’ensemble des pseudo-r´eflexions deG. Un des buts du cours est de montrer le th´eor`eme suivant :

Th´eor`eme (Shephard-Todd, Chevalley). Soit k un corps commutatif de caract´eristique 0, soit V un k-espace vectoriel de dimension finie n et soit G un sous-groupe fini de GLk(V).

Alors les assertions suivantes sont ´equivalentes : (1) G est engendr´e par des pseudo-r´eflexions.

(2) S(V) est un S(V)G-module libre de rang |G|.

(3) S(V)G est engendr´ee par npolynˆomes (homog`enes) alg´ebriquement ind´ependants.

Si ces conditions sont satisfaites et si d1,. . . , dn sont les degr´es des npolynˆomes homog`enes alg´ebriquement ind´ependants engendrant S(V)G, alors

(a) La suite (d1, . . . , dn) ne d´epend pas (`a permutation pr`es) du choix des n g´en´erateurs homog`enes alg´ebriquement ind´ependants.

(b) |G|=d1. . . dn.

(c) |R´ef(G)|=d1+· · ·+dn−n

Exemple 0.1 - Soit V =kn et notons (X1, . . . , Xn) sa base canonique. Le groupe sym´etrique Snagit surV par permutation des vecteurs de la base : σXi =Xσ(i). On aS(V) =k[X1, . . . , Xn] et S(V)G est l’alg`ebre des polynˆomes sym´etriques. Elle est donc engendr´ee par n ´el´ements homog`enes alg´ebriquement ind´ependants, de degr´es 1, 2, . . . , n. Si on applique le th´eor`eme de Shephard-Todd-Chevalley, on obtient que Sn est engendr´e par des pseudo-r´eflexions, ce qui

´equivaut au fait bien connu queSnest engendr´e par les transpositions. En appliquant (b) et (c), on obtient que|Sn|= 1.2. . . . .n=n! et que le nombre de transpositions deSn estn(n−1)/2.

(11)

Exercices de la partie I

On se fixe ici un corps commutatifk et un k-espace vectoriel V de dimension finien>1.

Exercice I.1. Soit G un sous-groupe fini de GLk(V). Montrer qu’il existe un sous-k-espace vectoriel M de S(V), stable par l’action de G et tel queM soit isomorphe `a la repr´esentation r´eguli`ere de G(Indication : travailler avec les corps des fractions de S(V) et S(V)G et utiliser le th´eor`eme de la base normale en th´eorie de Galois).

Exercice I.2. Supposons k de caract´eristique diff´erente de 2 et que G=< σ > o`u σ:V →V, v7→ −v. Alors|G|= 2.

(a) Montrer queS(V)G=⊕r>0S2r(V).

(b) Montrer queS(V)G est engendr´ee parS2(V).

(c) Sin= 1, montrer queS(V)G'k[T], o`u T est une ind´etermin´ee.

(d) Si n = 2, montrer que S(V)G ' k[T1, T2, T]/(T2 −T1T2), o`u T1, T2 et T sont des ind´etermin´ees. En particulier, il existe une sous-k-alg`ebre A de S(V)G engendr´ee par deux polynˆomes homog`enes de degr´es 2 et un ´el´ementv∈S2(V) tel queS(V)G =A⊕Av.

Exercice I.3. Supposonsk de caract´eristique diff´erente de 2. SoitAlak-alg`ebrek[X, Y]/(X2+ Y2−1). Notons x l’image de X dans A et y l’image de Y. Soit G=< σ >, o`u σ2 = 1 et o`u

σx=−x et σy=−y. Montrer queAG'k[T, U]/(T2+U2−U) (Indication : utiliser l’exercice I.2).

Exercice I.4. Soit A une k-alg`ebre commutative, G un groupe agissant sur A par automor- phismes dek-alg`ebres,k0 une extension dek. Montrer que l’applicationG×(k0kA)→k0kA, σ 7→Idk0kσ munit la k0-alg`ebre commutative k0kA d’une action de Get que (k0kA)G= k0kAG.

Exercice I.5. SoientV etV0 deuxk-espaces vectoriels de dimension finie. SoientG⊂GLk(V) etGLk(V0). Alors G×G0⊂GLk(V ⊕V0). Montrer que S(V ⊕V0)G×G0 'S(V)G⊗S(V0)G0. Exercice I.6. SoitA=k[X, X−1]'k[X, Y]/(XY −1) et soitσ l’automorphisme deAtel que

σX =X1. On noteG=< σ > (on a bien sˆur|G|= 2). Montrer que AG=k[X+X1].

Exercice I.7. Supposons que k=R, quen= 2, queV est euclidien et que Gest le groupe des automorphismes deV stabilisant un polygone r´egulier Γ `ar>2 cˆot´es centr´e en l’origine. Soient v1,v2, . . . , vr les sommets du polygˆone r´egulier.

(a) Montrer que|G|= 2ret queGest engendr´e par deux r´eflexionssetttelles que (st)r= 1.

(b) Soit T =v12+· · ·+vr2∈S2(V). Montrer que T ∈S(V)G. Montrer que T 6= 0.

(c) Montrer queU =v1v2. . . vr∈Sr(V)G.

(d) Montrer que, sir >3, alorsT etU sont alg´ebriquement ind´ependants.

(e) Montrer, sans utiliser le th´eor`eme de Shephard-Todd-Chevalley, que S(V)G = R[T, U] (si r>3).

Exercice I.8. Supposons quek est un corps fini, que V =k2 et queG={

1 a 0 1

|a∈k}. Soit (X1, X2) la base canonique de V. Soit W le sous-espace vectoriel de V engendr´e par X2. Montrer que W est G-stable, que G agit trivialement sur V /W et que l’application VG

(12)

(V /W)Gn’est pas surjective. En particulier, l’application S(V)G→S(V /W)G=S(V /W) n’est pas surjective.

Exercice I.9. Supposons que k est un corps fini. Le groupe additif (k,+) agit sur k[X] par translation : si a∈ k, on pose aX = X+a ∈ k[X]. Montrer que k[X](k,+) = k[Xq−X], o`u q=|k|.

Exercice I.10. SoitV =k2, o`uk est un corps fini `aq ´el´ements. SoitG=GLk(V) =GL2(k).

Posons

G1 =SL2(k) ={σ∈G| detσ = 1}

et H={

1 a 0 1

|a∈k}. Soit (X, Y) la base canonique deV. On pose

T =XYq−Y Xq, U = Xq i=0

(Xq1)i(Yq1)qi= XYq2−Y Xq2 XYq−Y Xq

et T0 =Yq−Y Xq1= T

X. (a) Montrer queT0 =Q

λ∈k(Y +λX).

(b) Montrer queT0 etX sont alg´ebriquement ind´ependants et queS(V)H =k[X, T0].

(c) Montrer que, pour tout σ ∈ G, on a σT = (detσ)T. En d´eduire que T ∈ S(V)G1 et U ∈S(V)G.

(d) Montrer queT etU sont alg´ebriquement ind´ependants et queS(V)G1 =k[T, U].

(e) En d´eduire queS(V)G =k[Tq1, U].

Exercice I.11 (Bourbaki, “Groupes et alg`ebres de Lie”, chapitre V, §5, exercice 6).

Supposons que k est un corps fini de cardinal q, que V =kn et que G =GLn(k) = GLk(V).

On note (X1, . . . , Xn) la base canonique deV. Posons

G1 =SLn(k) ={σ ∈G| detσ= 1}. Sie= (e1, . . . , en) est une suite d’entiers naturels non nuls, on pose

Le= det(Xiqej)16i,j,6n∈S(V) =k[X1, . . . , Xn].

PosonsT = Yn j=1

Y

(aj+1,...,an)knj

(Xj+ Xn i=j+1

aiXi) .

(a) Montrer que, pour toutσ∈G, σLe= (detσ)Le. En particulier, Le∈S(V)G1. (b) Montrer queT divise tous lesLe.

(c) Montrer queT =L(0,1,2,...,n1) et que T est homog`ene de degr´e 1 +q+q2+· · ·+qn1. (d) Si 16i6n, on noteei la suite (0,1,2, . . . , n) `a laquelle on a retir´ei. Si 16i6n−1, on pose Yi =Lei/T. Montrer que Yi ∈S(V)G et que Yi est homog`ene de degr´eqn−qi. (Nous montrerons dans un futur exercice queT,Y1, . . . ,Yn1 sont alg´ebriquement ind´ependants et queS(V)G1 =k[T, Y1, . . . , Yn−1] etS(V)G=k[Tq1, Y1, . . . , Yn−1], ce qui g´en´eralise l’exercice I.10 ci-dessus.)

(13)

Partie II. Objets gradu´ es

Fixons jusqu’`a la fin de ce cours un corps commutatif k. Nous noterons ¯k une clˆoture alg´ebrique dek.

1. Espaces vectoriels gradu´es

On appellerak-espace vectoriel gradu´etout k-espace vectoriel M muni d’une d´ecomposition M =⊕r∈ZMr, o`u dimkMr < ∞ et Mr = 0 si r << 0. Sim = X

r∈Z

mr ∈ M avec mr ∈ Mr et si m 6= 0, on appellera degr´e de m, et on notera degm, le plus grand entier naturel r tel que mr6= 0. Les ´el´ements de Mr seront dits homog`enes(de degr´e r).

Soient M = ⊕r∈ZMr et N = ⊕r∈ZNr deux k-espaces vectoriels gradu´es. Une application lin´eairef :M →N sera ditede degr´ed (d∈Z) sif(Mr)⊂Nr+d pour tout r>0. On dit quef est unmorphisme dek-espaces vectoriels gradu´es si f est de degr´e 0. Avec ces notations :

•M ⊕N =⊕r∈Z(Mr⊕Nr) est unk-espace vectoriel gradu´e.

•M ⊗N =⊕r∈Z

ri∈ZMi⊗Nri) est unk-espace vectoriel gradu´e.

•Sif est de degr´ed, alors Kerf et Imf sont desk-espaces vectoriels gradu´es.

• Si d ∈ Z, alors on peut d´efinir le d´ecal´e de d de M, not´e M[d], de la fa¸con suivante : M[d]r = Mr+d. C’est le mˆeme k-espace vectoriel, mais sa graduation a ´et´e d´ecal´ee. Une application lin´eaire f : M → N est de degr´e d si et seulement si f : M → N[d] est un morphisme dek-espace vectoriels gradu´es.

•SiMr⊂Nr pour toutr>0, alors M⊂N etN/M =⊕r>0Nr/Mr est unk-espace vectoriel gradu´e. On dit alors queM est unsous-k-espace vectoriel gradu´ede N.

On dit que M est `a degr´es positifs (respectivement strictement positifs) si Mr = 0 d`es que r <0 (respectivement r60).

Exemple 1.1 - Si M et N sont deuxk-espaces vectoriels gradu´es, on notera Homgradk (M, N) le k-espace vectoriel des morphismes de k-espaces vectoriels gradu´es M → N. Si M ou N est de dimension finie, alors

Homgradk (M, N) = ⊕

r∈ZHomk(Mr, Nr) est unk-espace vectoriel gradu´e.

SiV =⊕ei=dViest unk-espace vectoriel gradu´e de dimension finie, on appellesuite des degr´es deV (ou plus simplement degr´es de V), et on note Degk(V), la suite (finie)

Degk(V) = (d, . . . , d

| {z }

dimVdfois

, d+ 1, . . . , d+ 1

| {z }

dimVd+1fois

, . . . , e, . . . , e

| {z }

dimVefois

).

En d’autres termes, si (X1, . . . , Xn) est une base de V form´ee d’´el´ements homog`enes tels que degX16degX2 6. . .6degXn, alors Degk(V) = (degX1, . . . ,degXn).

(14)

2. Alg`ebres gradu´ees

2.A. D´efinition. Nous adopterons dans ce cours la d´efinition restrictive suivante. Unek-alg`ebre Aest dite gradu´eesi elle est munie d’une d´ecomposition A=⊕r>0Ar telle que :

•A est commutative ;

•dimAr<∞ pour toutr>0 ;

•ArAs⊂Ar+s ;

•A est de type fini ;

•A0=k.

On se fixe une k-alg`ebre gradu´ee A = ⊕r>0Ar. Un id´eal I de A est dit homog`ene si I =⊕r>0(I∩Ar). En d’autres termes, I est homog`ene si et seulement si il est engendr´e par des ´el´ements homog`enes. Si I =⊕r>0Ir est homog`ene, I =6 A, alors A/I = ⊕r>0Ar/Ir est une k-alg`ebre gradu´ee.

SiB = ⊕r>0Br est une k-alg`ebre gradu´ee, une application lin´eaire f :A → B est appel´ee morphisme dek-alg`ebres gradu´eessi c’est un morphisme dek-alg`ebre et sif(Ar)⊂Br pour tout r>0. Sif :A→Best un morphisme dek-alg`ebres gradu´ees, alors Kerf est un id´eal homog`ene de A. On peut aussi d´efinir de fa¸con ´evident la notion de sous-k-alg`ebre gradu´ee.

Exemple 2.1 - Si V est un k-espace vectoriel de dimension finie, alors S(V) =⊕r>0Sr(V) est unek-alg`ebre gradu´ee (en d´ecr´etant que les ´el´ements deSr(V) sont homog`enes de degr´er).

Plus g´en´eralement, si V =V1⊕ · · · ⊕Vd est un k-espace vectoriel gradu´e de dimension finie

`a degr´es strictement positifs (Vi ´etant la composante homog`ene de degr´e i), alors S(V) = S(V1)⊗ · · · ⊗ S(Vd) est une k-alg`ebre gradu´ee. Il faut cependant bien faire attention : la composante homog`ene de degr´er de S(V) n’est pasSr(V) en g´en´eral. C’est

(r1,...,rd)∈Nd

r1+2i2+···+drd=r

Sr1(V1)⊗ · · · ⊗Srd(Vd).

Exemple 2.2 - Si V est un k-espace vectoriel de dimension finie et si G⊂GLk(V), alors S(V)G=⊕r>0Sr(V)G est unek-alg`ebre gradu´ee.

Exemple 2.3 - A+ =⊕r>1Ar est un id´eal homog`ene de A. C’est l’unique id´eal homog`ene maximal deA.

SoitI un id´eal deA. On appelle radical deI (dansA), et on note√

I, l’ensemble des ´el´ements a∈A tels que ae ∈I pour une>1. On appelle le nilradical de A, et on note nil(A), le radical de l’id´eal nul, c’est-`a-dire l’ensemble des ´el´ements nilpotents deA. PuisqueA est commutative,

√I (et donc nil(A)) est un id´eal deA.

Lemme 2.4. Si I est homog`ene, alors √

I est homog`ene. En particulier, nil(A) est homog`ene.

Preuve - Quitte `a quotienter par I, on peut supposer que I = 0. Soit a ∈ A un ´el´ement nilpotent,a6= 0. Notonsd= dega. Alorsa=a0+a1+· · ·+ad, avecai ∈Ai. Soite>1 tel que ae = 0. Alorsaedest la composante homog`ene de degr´ededeae, doncaed= 0, ce qui montre que adest nilpotent. Par suite,a−ad=a0+a1+· · ·+ad1 est nilpotent. On montre alors facilement par r´ecurrence sur degaquea0,a1, . . . ,adsont nilpotents. Donc nil(A) =⊕r>0(nil(A)∩Ar).

2.B. Modules gradu´es. Un A-module M est dit gradu´e s’il est muni d’une d´ecomposition M =⊕r∈ZMr qui en fait un k-espace vectoriel gradu´e v´erifiant de plusArMs⊂Mr+s.

Exemple 2.5 - Un id´eal homog`ene deA est unA-module gradu´e.

(15)

SiM etN sont deuxA-modules gradu´es, on appellemorphisme de A-modules gradu´estout morphisme de A-module f : M → N tel que f(Mr)⊂Nr pour tout r>0. Si tel est le cas, alors Kerf et Imf sont desA-modules gradu´es. De plus,M ⊕N est unA-module gradu´e. On peut d´efinir sur lesA-modules gradu´es les op´erations de somme directe, de d´ecalage, les notions d’applicationsA-lin´eaires de degr´ed(le noyau et l’image ´etant encore desA-modules gradu´es)...

Lemme de Nakayama gradu´e. Soit M un A-module gradu´e. Alors A+M =M si et seule- ment si M = 0.

Preuve - SiM = 0, alors A+M = 0 =M. R´eciproquement, supposons queM 6= 0. Soit r0 le plus petit entier naturel tel queMr0 6= 0. Alors A+M⊂ ⊕r>r0+1Mr, doncA+M 6=M.

Corollaire 2.6. Soit N est un sous-A-module gradu´e de M. Alors N +A+M = M si et seulement siN =M.

Preuve - Il suffit d’appliquer le lemme de Nakayama gradu´e `aM/N.

Corollaire 2.7. Si f : M → N est une application A-lin´eaire de degr´e d entre A-modules gradu´es, alors f est surjective si et seulement si f¯:M/A+M →N/A+N est surjective.

Preuve - Il suffit d’appliquer le corollaire 2.6 `a Imf⊂N.

Corollaire 2.8. Soit V un sous-k-espace vectoriel deA.

(a) Si V engendre M, alors V +A+M =M.

(b) Supposons que V est un sous-k-espace vectoriel gradu´e deM. Alors M est engendr´e par V si et seulement si V +A+M =M.

Preuve -(a) SiV engendreM, alors l’image deV dansM/A+M engendre leA/A+=k-espace vectorielM/A+M.

(b) D’apr`es (a), il ne nous reste plus qu’`a montrer que, siV +A+M =M, alors V engendre M. Mais cela r´esulte imm´ediatement du lemme de Nakayama gradu´e car le sous-A-module de M engendr´e parV est gradu´e lui aussi.

Corollaire 2.9. On a :

(a) M est de type fini si et seulement sidimkM/A+M <∞.

(b) Supposons M de type fini. Alors le nombre dimkM/A+M est ´egal au nombre minimal de g´en´erateurs du A-module M. C’est aussi ´egal au nombre minimal de g´en´erateurs homog`enes du A-module M.

Corollaire 2.10. Supposons M de type fini sur A. Soit n= dimM/A+M. Soient x1, . . . ,xn

des g´en´erateurs homog`enes de M tels que degx1 6degx26. . .6degxn. Alors (degx1,degx2, . . . ,degxn) = Degk(M/A+M).

SiM est un A-module gradu´e de type fini, on appellesuite des degr´es de M (ou plus simple- mentdegr´es de M), et on note DegA(M), la suite Degk(M/A+M).

Proposition 2.11. On a :

(a) Si V est un sous-k-espace vectoriel de dimension finie de A+tel que l’application canon- ique S(V)→A est surjective, alors V + (A+)2 =A+.

(16)

(b) Si V est un sous-k-espace vectoriel gradu´e de dimension finie deA+, alors l’application S(V)→A est surjective si et seulement si V +A2+=A+.

Preuve - (a) est clair. Montrons (b). Compte tenu de (a), il ne reste qu’`a montrer que, si V est un sous-k-espace vectoriel gradu´e de dimension finie de A+ tel que V +A2+ = A+, alors l’application canonique π :S(V) → A est surjective. On va montrer par r´ecurrence sur r que Ar⊂Imπ. C’est clair lorsque r = 0. Supposons maintenant r>1. Soit a ∈ Ar. On a Vr + (A2+)r = Ar par hypoth`ese. Donc a = v+a0, o`u v ∈ Vr et a0 ∈ (A2+)r. On ´ecrit a0 =P

i∈Ixiyi avecxi,yi homog`enes dansA+. Alors, degxi< ret degyi< r. On conclut alors grˆace `a l’hypoth`ese de r´ecurrence.

Corollaire 2.12. Le nombredimk(A+/A2+)est le nombre minimal de g´en´erateurs de lak-alg`ebre A. C’est aussi le nombre minimal de g´en´erateurs homog`enes de A.

Notonsn= dimk(A+/A2+). Six1, . . . , xn est une famille d’el´ements homog`enes deA engen- drant A telle que degx1 6degx26. . .6degxn, alors

(degx1,degx2, . . . ,degxn) = Degk(A+/A2+) = DegA(A+).

On appellerasuite des degr´es deA(ou plus simplementdegr´es deA), et on notera Deg(A), la suite Degk(A+/A2+). Fixons maintenant jusqu’`a la fin de cette partie un sous-k-espace vectoriel gradu´e V de A+ tel que A2+ ⊕V = A+. On notera π : S(V) → A le morphisme canonique d’alg`ebres gradu´ees :

0 //Kerπ //S(V) π //

A //0.

On appellesuite des degr´es des relationsde A(oudegr´es des relationsde A), et on note Rel(A) la suite des degr´es duS(V)-module gradu´e de type fini Kerπ :

Rel(A) = DegS(V)(Kerπ).

On dit que A est une k-alg`ebre de polynˆomes, ou que A est r´eguli`ere, si Kerπ = 0 (c’est-`a-dire si Rel(A) =∅).

Exemple 2.13 - SoitV =V1⊕ · · · ⊕Vd unk-espace vectoriel gradu´e de dimension finie. Alors Deg(S(V)) = Degk(V) et Rel(S(V)) =∅.

Exemple 2.14 - SoitV unk-espace vectoriel. Supposonskde caract´eristique diff´erente de 2 et soitG ={IdV,−IdV}. Alors S(V)G+/(S(V)G+)2 ' S2(V). Donc Deg(S(V)G) = (2,2, . . . ,2), le nombre 2 apparaissantn(n+1)/2 fois (voir exercice I.2 (b)). Si dimV = 2, alors Rel(S(V)G) = 4 (voir exercice I.2 (d)).

Remarque 2.15 - Soit V0 un autre suppl´ementaire gradu´e de (A+)2 dans A+. Notons π0 : S(V0) → A le morphisme surjectif canonique correspondant. Alors il existe un isomor- phisme d’alg`ebres gradu´ees ψ :S(V) → S(V0) tel que π =π0◦ψ. En particulier, ψ induit un isomorphisme Kerπ'Kerπ0 qui montre que Rel(A) ne d´epend pas du choix de V.

(17)

3. Libert´e

Nous allons ici nous int´eresser `a plusieurs questions concernant les modules libres (car- act´erisation, r´esolutions libres, complexes de Koszul).

3.A. Injection directe. Soient M et N deux A-modules gradu´es et soit f : M → N un morphisme deA-modules gradu´es. On dit quef est uneinjection directesif est injective et s’il existe un sous-A-module gradu´eN0 de N tel queN =f(M)⊕N0.

Proposition 3.1. SoientM etN deuxA-modules libres de type fini gradu´es et soitf :M →N un morphisme de A-modules gradu´es. Alors f est une injection directe (respectivement un isomorphisme) si et seulement si f¯ : M/A+M → N/A+N est injective (respectivement un isomorphisme).

Preuve - Il est clair que, si f est une injection directe (respectivement un isomorphisme), alors ¯f : M/A+M → N/A+N est injective (respectivement un isomorphisme). Il suffit donc de montrer que, si ¯f est injective, alors f est une injection directe (en effet, pour l’assertion concernant les isomorphismes, la surjectivit´e d´ecoule du lemme de Nakayama gradu´e).

Supposons donc que ¯f soit injective. Soit ¯g :N/A+N →M/A+M tel que ¯g◦f¯= Idm/A+M (¯g existe car on travaille ici avec des k-espaces vectoriels). Par composition avec la projection N → N/A+N, on obtient un morphisme de A-modules ˜g : N → M/A+M tel que ˜g◦f soit la projection de M sur M/A+M. Puisque N est libre, il existe un morphisme de A-modules g : N → M relevant ˜g. Alors, d’apr`es le lemme de Nakayama gradu´e, g◦f est surjectif. Or, un endomorphisme surjectif d’un A-module libre est un automorphisme (en effet, det(g◦f) :

nM ' A → ∧nM ' A est surjectif, o`u n = rangA(M), ce qui montre que det(g◦f) est inversible dansA).

3.B. Modules libres. Nous commen¸cons par une caract´erisation des modules libres. Nous aurons besoin pour cela de la notation suivante. SiM est un A-module gradu´e, nous noterons TorA(M) le noyau du morphisme deA-modules µM :A+AM →M,a⊗Am7→am. C’est un sous-A-module gradu´e deA+AM.

Remarque - Le morphismeA⊗AM →M,a⊗Am7→amest injectif. Cependant, en g´en´eral, A+AM n’est pas un sous-A-module de A⊗AM. Il y a bien sˆur un morphisme canonique A+AM →A⊗AM, mais il n’est pas injectif.

Sif :M →N est une application A-lin´eaire de degr´e d ∈Z, alors f induit une application A-lin´eaire de degr´e d (par produit tensoriel) IdA+Af :A+AM → A+AN. La restriction de ce morphisme `a TorA(M) induit une application TorA(f) : TorA(M) → TorA(N) qui est A-lin´eaire de degr´ed.

Proposition 3.2. Soit 0−→M −→f M0 −→g M00 −→0 une suite exacte deA-modules gradu´es.

Alors il existe un unique morphisme deA-modules gradu´es ∂: TorA(M00)→M/A+M tel que la suite

TorA(M) TorA(f) //TorA(M0) TorA(g) //TorA(M00)

//M/A+M f¯ //M0/A+M0 g¯ //M00/A+M00 //0 est exacte.

Preuve - Commen¸cons par d´efinir l’application∂. Pour simplifier les notations, on supposera que M⊂M0 et que f : M → M0 est l’injection canonique. Notons µM : A+A M → M,

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