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SAVOIR ALLEZ

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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!

BIOLOGIE

Ces stars des jardins qui nous envahissent 30-35

ÉNERGIE

Gaz de schiste : eldorado ou désastre ? 42-47

CRIMINALITÉ

Les secrets des interrogatoires de police

50-55

SAVOIR ALLEZ

NUMÉRO

54

Le magazine de l’UNIL | Mai 2013 | Gratuit

POP CULTURE

LE PREMIER SUPER-HÉROS REVIENT

SUPERMAN

(2)

LOGEZ UN-E ÉTUDIANT-E WWW.UNIL.CH/LOGEMENT

021 692 21 10

19 ans

Étudiant en architecture

Cherche un espace de vie

convivial et animé.

(3)

ÉDITO

ISSN 1422-5220

IMPRESSUM Magazine de l’Université de Lausanne

N° 54, mai 2013 www.unil.ch/allezsavoir Editeur responsable Université de Lausanne Une publication d’UNICOM, service de communication et d’audiovisuel

Quartier UNIL-Sorge Bâtiment Amphimax 1015 Lausanne Tél. 021 692 22 80 allezsavoir@unil.ch Rédaction en chef Jocelyn Rochat, David Spring (UNICOM) Direction artistique Edy Ceppi (UNICOM) Rédacteurs Sonia Arnal Sophie Badoux Elisabeth Gordon Virginie Jobé Muriel Ramoni Nadine Richon Renata Vujica Correcteurs Albert Grun Fabienne Trivier

Graphisme et mise en page Secteur B Sàrl

www.secteurb.ch

Ont participé à ce numéro Cynthia Khattar

Emmanuelle Marendaz Colle Thomas Fitzsimons Sandrine Wenger Photographie Nicole Chuard Illustration

Eric Pitteloud (pp. 3, 41) Couverture

Brendan Hunter Photography / iStockphoto Publicité

Go-Uni Werbung Impression IRL plus SA Tirage

15 000 exemplaires Abonnements allezsavoir@unil.ch (p. 62)

SUPERMAN VOLE

DANS L’AIR DU TEMPS

DAVID SPRING Rédacteur, UNIL

L’

occasion était trop belle. Avec la sortie cet été de Man of Steel, le film de Zack Snyder consacré à Superman, le premier des super- héros revient sur le devant de la scène. Apparu en juin 1938 sur le pa- pier bon marché de la revue Action Co- mics, l’extraterrestre s’est aussitôt ins- crit au cœur de son temps. Ainsi, dans une planche ahurissante datée du 27 fé- vrier 1940 et publiée par Look, il arrête Hitler puis Staline, avant de les amener manu militari à la Société des Nations à Genève, afin de les faire condamner pour leurs crimes.

Rapide comme l’éclair, le redresseur de torts est plagié tout aussi vite : plus de 700 super-héros voient le jour entre 1939 et 1945 (lire l’article de Virginie Jobé en p. 16). Leurs exploits alimentent une spi- rale de surenchère musculaire. Quand Superman se contente de soulever une voiture, son concurrent Captain Marvel, vêtu de rouge et d’or, la lance contre un mur (en couverture de Whiz Comics, fé- vrier 1940). Au fil des comics, cette course aux armements implique la destruction de tanks à coups de poing, l’interception de missiles en plein vol ou le renflouage de sous-marins en perdition, le tout bien sûr dans le contexte de la guerre contre les forces de l’Axe.

L es cost umes moulants et les prouesses physiques des super-héros n’ont pas surgi du néant : les hommes forts des cirques, les acrobates, les magi- ciens, les catcheurs et les sportifs du dé- but du XXe siècle ont influencé leur appa- rence. L’inspiration se trouve également

chez les animaux. Les bonds invraisem- blables du Superman des origines ren- voient ainsi aux capacités des criquets.

Son invulnérabilité aux balles et autres contrariétés létales devient pour- tant encombrante et ne laisse que peu de place aux surprises. Batman, qui a dé- ployé ses ailes en 1939, est à cet égard plus intéressant, puisqu’il ne possède pas de pouvoirs autres que ceux procu- rés par une technologie d’avant-garde et par une fortune personnelle. Cette édi- tion d’Allez savoir ! renvoie dos à dos, ou plutôt cape à cape, ces deux personnages, l’un solaire et positif, l’autre nocturne et tourmenté.

Après un long passage dans la zone des séries B au milieu du siècle précédent, les super-héros redeviennent fréquentables.

Sorti en 1978, avec Christopher Reeve dans le rôle principal, Superman rapporte un milliard de dollars. Les quatre films suivants ne connaissent toutefois pas un tel succès. Mais l’actualité des années 2000 mobilise à nouveau les justiciers surhumains. Parfois regroupés en coa- litions, ils reprennent alors leur combat, c’est-à-dire la défense d’une Amérique placée sous le feu d’attaques extérieures.

Il est ainsi bien difficile de ne pas voir dans Avengers (2012) une revanche sur le 11 Septembre. Les trois Batman réali- sés par Christopher Nolan (2005, 2008, 2012) adoptent également une esthétique crépusculaire et pessimiste. Dans Man of Steel, Superman perd un peu de ses couleurs (et son ridicule slip rouge) pour adopter un costume plus terne et plus sombre. Ton sur ton avec son époque. 

EN 1940,

SUPERMAN

ARRÊTE HITLER

ET STALINE AVANT

DE LES LIVRER

À LA SOCIÉTÉ DES

NATIONS.

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The Experience of a lifetime

• Séjours linguistiques dans le monde entier

• Préparations aux examens de langues

• Stages professionnels / Cours & Job rémunérés

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Kaplan Suisse

Petit-Chêne 11 1003 Lausanne Tél : 021 331 24 24

E-mail : info.suisse@kaplaninternational.com

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BRÈVES L’actualité du campus : évènements, conférences, distinctions, publications.

PORTFOLIO Dalaï Lama, étudiants, Inde.

ÉCONOMIE La Suisse crée bien plus d’emplois qu’elle n’en supprime.

IL Y A UNE VIE APRÈS L’UNIL Le principal, c’est l’essentiel...

ou le contraire ! Rencontre avec Satyavan Benoît Reymond.

BIOLOGIE Ces stars des jardins qui nous envahissent.

RELATIONS INTERNATIONALES Extension du domaine de la norme.

RÉFLEXION S’engager pour la formation sans se quereller.

Par Christine Bulliard-Marbach, conseillère nationale.

GAZ DE SCHISTE Eldorado énergétique

ou désastre environnemental ?

MOT COMPTE TRIPLE Matching funds.

CRIMINALITÉ Olivier Guéniat :

« Un suspect a le droit de mentir, et il ne s’en prive pas. »

C’ÉTAIT DANS ALLEZ SAVOIR ! Le Titanic vogue encore…

dans notre imagination.

Texte paru en 1998.

MÉMENTO

Cours publics, animations, visites et expositions ouvertes au public.

FORMATION CONTINUE L’horlogerie fine de la fiscalité. Sciences cognitives et conscience.

ABONNEMENTS Retrouvez Allez savoir ! et l’uniscope sur iPad.

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LIVRES Séismes.

Avec Jérôme Meizoz.

LIVRES Science-fiction, polar, architecture, criminalité, médecine.

CAFÉ GOURMAND Repenser le métier de prof.

Avec Eric Verrecchia.

SOMMAIRE

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!

SAVOIR ALLEZ

Le magazine de l’UNIL | Mai 2013 | Gratuit POP CULTURE

Superman : le retour du premier super-héros.

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LA SPIRITUALITÉ ET LA SCIENCE SE PARLENT

Le Dalaï Lama a passé la journée du 15 avril à l’UNIL, à l’occasion d’un évènement consacré à deux thèmes : le vieillissement et la mort. Devant plus de 1 000 personnes rassemblées dans l’auditoire Erna Hamburger, il a dialogué avec des chercheurs provenant de différentes disciplines. Si le guide spirituel a souvent été pragmatique dans ses contributions à la discussion, il a également beaucoup parlé de compassion et insisté sur la nécessité de bâtir une « éthique séculière », plus universelle que les religions. Parfois, en toute humilité, le Dalaï Lama a répondu :

« Je ne sais pas » aux questions des scientifiques. Ces interrogations constituent autant de points de départ pour de nouvelles recherches. DS

Reportage photo www.unil.ch/allezsavoir. Le site de l’évènement : www.unil.ch/dalai-lama.

PHOTO DAVID PRÊTRE - STRATES

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Etudiante en Lettres, Alice Moraz souhaite perfectionner son espagnol. Etudiant à l’Ecole de français langue étrangère, Julian Miranda vient du Costa Rica et veut améliorer ses compétences dans la langue de Voltaire. Comme des centaines de personnes chaque année, ce duo profite du programme « Tandem » de l’UNIL.

Lors de rencontres régulières, ces deux musiciens amateurs (elle joue du violoncelle, lui de tout) communiquent dans leur langue maternelle, à tour de rôle.

Un moyen simple, libre et peu formel d’exercer ses compétences linguistiques et, au-delà, de mieux comprendre la culture de l’autre.

Reportage sur une soirée Tandem www.unil.ch/allezsavoir

PHOTO NICOLE CHUARD © UNIL

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LE CALME ET LA TEMPÊTE

Satapada, au bord du Chilika Lake, dans l’est de l’Inde. Située dans l’Etat d’Odisha, parmi les plus pauvres du pays, cette lagune plus vaste que le Léman est au cœur d’enjeux sociaux et économiques, où la pêche traditionnelle et l’aquaculture coexistent difficilement. Mémorant en Faculté des géosciences et de l’environnement, Oskar Hnatek a passé trois mois dans les villages qui bordent cette étendue d’eau, dans le cadre de son travail de master en géographie humaine.

Sa démarche scientifique, mais parfois presque journalistique, met en lumière la manière dont la mondialisation peut bousculer un cadre de vie.

Article complet sur www.unil.ch/allezsavoir

PHOTO JOËLLE PROZ

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Dès la rentrée de septembre, une nouvelle spé- cialisation en Dramaturgie et histoire du théâtre est proposée conjointement par les Universités de Fribourg, Genève, Lausanne et Neuchâtel. « La Suisse romande possède une offre très riche dans les domaines du théâtre, des performances, de la danse ou du cirque, note Danielle Chaperon, res- ponsable du programme pour Lausanne et profes- seure en Section de français. Ce foisonnement ne possédait pas de reflet académique. Les instru- ments pour penser les pratiques contemporaines manquaient. »

Destiné aux étudiants en maîtrise ès Lettres avec spécialisation, le cursus comprend des cours-bloc,

lors desquels les universitaires côtoieront leurs collègues de la Haute école de théâtre de Suisse ro- mande (HETSR). Les volets pratiques s’annoncent également excitants : écriture de critique à chaud, ateliers d’observation, voire un bref passage sur les planches. « Il est important d’expérimenter physiquement ce que signifie monter sur scène », ajoute Danielle Chaperon.

Si le but n’est pas de former des comédiens, mais bien de fournir un solide bagage théorique et histo- rique, un spectacle créé par les étudiants de la spé- cialisation devrait être présenté lors du Festival Fé- cule, au printemps 2014, sur le site de Dorigny. DS www.unil.ch/lettres/page95668.html

UNE SPÉCIALISATION CÔTÉ SCÈNE

Le 11 mars dernier, le Centre Lee- naards de la Mémoire - CHUV a été officielle- ment inau- guré. Comme l’explique le neu- rologue Jean-François Démonet, son directeur, « les démences et troubles de la mémoire chez les personnes âgées consti- tuent une réelle épidémie silen- cieuse ». Le Centre possède une triple vocation : les soins aux patients, la formation des méde- cins, psychologues, infirmiers et travailleurs sociaux, ainsi que la recherche clinique. (RÉD.) www.centrememoire.ch

Le réseau des diplômés de l’UNIL (plus de 16 000 membres) pour- suit sa croissance et étoffe ses prestations (voir au dos du maga- zine). Un service d’offres d’em- ploi en ligne est désormais à disposition des membres du réseau ALUMNIL, ainsi que des employeurs qui souhaitent recru- ter. Cette nouvelle rubrique recueille les annonces de postes vacants destinés à des diplômés universitaires, quel que soit leur niveau d’expérience.

Les membres peuvent s’abonner à un service d’alerte et recevoir automatiquement un e-mail dès qu’un poste correspondant à leurs critères est publié. Tout employeur peut gratuitement annoncer un poste vacant en remplissant le for- mulaire sur : www.unil.ch/alum- nil/ - Rubrique EMPLOI. Enfin, pour adhérer au réseau, il suffit de compléter le formulaire via la rubrique ADHERER. SW

ALUMNI

MÉDECINE ENQUÊTE

FORMATION

DES OFFRES POUR LES DIPLÔMÉS UN CENTRE POUR LA MÉMOIRE

© Sebastian Kaulitzki - Fotolia.com

Chaque année, l’UNIL mène une enquête télé- phonique auprès des étudiants qui se sont ins- crits pour la première fois. Avec le concours de la Fédération des associations d’étudiant-e-s (FAE), l’enquête « Comment allez-vous ? » permet de voir comment les débutants s’acclimatent au milieu aca- démique. L’occasion également de repérer et d’ai- der les personnes plongées dans des difficultés.

Bonne nouvelle : les trois-quarts des nouveaux ne signalent aucun souci d’adaptation.

Les points désignés comme problématiques sont le haut niveau de la matière enseignée, la charge de travail et des aspects d’organisation comme la gestion du temps.

Cette année, un accent particulier a été placé sur la situation des étudiants un an avant leur en- trée à l’UNIL. Petite surprise : seuls 56,6 % d’entre eux étaient au secondaire II et ont obtenu leur

maturité en 2012 (contre 61,5 % dans l’enquête 2011). 15 % ont pris une année sabbatique, par exemple pour un séjour linguistique. D’autres ont suivi une formation, travaillé ou accompli leur service militaire.

La grande majorité des débutants vise l’obten- tion d’un master, et seul 1 sur 7 pense s’arrê- ter au bachelor. Mais les idées ne sont pas aussi claires en ce qui concerne le projet professionnel futur, puisque 38 % des personnes interrogées dé- clarent en avoir un, la médecine et les sciences du sport en tête.

L’enquête du Service d’orientation et conseil grouille de données intéressantes, qui donnent parfois le vertige. 89 % des premières années utilisent les réseaux sociaux, et parmi eux, 98 % d’entre eux possèdent un compte Facebook ! DS Tous les résultats : www.unil.ch/soc/page79295.html

des étudiants ont pris une année sabbatique avant d’entrer à l’UNIL.

des débutants travaillent à côté de leurs études, pour gagner leur vie.

48,7 % 15 %

des nouveaux habitent chez leurs parents. Et 18,3 % vivent en colocation.

64,8 %

L’UNIL AU BOUT DU FIL

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L’Ecole des Sciences criminelles lance une nou- velle « Maîtrise universitaire ès Sciences (Msc) en traçologie et analyse de la criminalité ». Le pre- mier des quatre semestres est donné à l’Univer- sité de Montréal. Partenaire du projet, cette der- nière propose une offre de cours riche dans le domaine de la criminologie, complémentaire aux enseignements criminologiques et forensiques de Lausanne. L’occasion d’un « mélange de cultures

scientifiques, intéressant pour les étudiants », relève Quentin Rossy, l’un des organisateurs. Le cursus permet la découverte d’un système judi- ciaire et policier différent. Interdisciplinaire, le diplôme obtenu permet de se lancer dans une car- rière de chercheur. Mais il étend également l’em- ployabilité à d’autres domaines, comme la sécu- rité, ou, par exemple, la lutte contre le dopage et la contrefaçon. DS

UN MASTER À LA TRACE

FORMATION

Le 21 mars dernier, la Fondation Leenaards a re- mis des prix scientifiques, d’un montant de 750 000 francs pour 3 ans, à deux projets prometteurs. Mené par Pierre-Yves Bochud (UNIL-CHUV), Zoltan Kutalik (UNIL & SIB), Christian van Delden (HUG & UNIGE) et Oscar Marchetti (UNIL-CHUV), le premier porte sur le diagnostic et le traitement des infections fon- giques. Le second, consacré à la lutte contre le can- cer du sein et de l’ovaire, est mené par Michele De Palma (ISREC-EPFL) et George Coukos (UNIL-CHUV).

De son côté, la relève académique a été soutenue par six bourses. Elles ont été accordées à David Baud (CHUV), Nicolas Senn (PMU), Emanuela Roma- no (UNIL-CHUV), Julie Delaloye (CHUV), Lukas Flatz (CHUV) et Franziska Gruhl (UNIL). (RÉD.)

DES MOYENS

POUR LA RECHERCHE

CONFÉRENCE MÉDECINE

UN GRAND EUROPÉEN SUR LE CAMPUS

LA RECHERCHE A MONTRÉ LES AVANTAGES D’UN ENCADREMENT PROFESSIONNEL SUR LE DÉVELOPPEMENT DES ENFANTS EN BAS ÂGE, VOIE POSSIBLE POUR SORTIR DU CERCLE VICIEUX DE L’EXCLUSION ET DE LA PRÉCARITÉ.

Emmanuelle Marendaz Colle, chargée de communication au Pôle de recherche national LIVES, dans Le Temps du 11 mars 2013.

© Hugues Siegenthaler

LE PREMIER DES QUATRE SEMESTRES DU CURSUS EST DONNÉ À L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL.

Le 22 mars, la Fondation Jean Monnet pour l’Europe a accueilli Martin Schulz, pré- sident du Parlement européen (à g.), José Maria Gil-Robles, président de la Fonda- tion, ainsi que Micheline Calmy-Rey. 350 personnes, dont de nombreux étudiants, ont assisté à la conférence. En grande forme, l’orateur a délaissé le discours écrit qu’il avait préparé et s’est lancé dans un plai- doyer flamboyant, empli d’émotions. Il a éga- lement fait part de son « amitié profonde » pour la Suisse et de sa fascination pour

son multilinguisme. Pour lui, la désaffec- tion croissante et la perte de confiance des citoyens européens constituent une réelle menace pour le projet européen. L’idée de l’Europe unie a constitué une réponse histo- rique au lendemain des deux guerres mon- diales. La réconciliation franco-allemande et la paix sur le continent sont les fruits de ce projet. Mais aujourd’hui, les succès du passé ne suffisent plus : il faut une nouvelle vision pour convaincre les citoyens du bien-fondé du projet européen. DS www.jean-monnet.ch

© Jean-Bernard Sieber / ARC

www.unil.ch/esc/page95846.html

© Sébastien val / FJME

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C’est le nombre d’articles que les chercheurs de l’UNIL et du CHUV ont fait paraître dans des revues scientifiques (d’après Serval, au 24 avril 2013). Le 31 janvier dernier, PLoS Pathogens publiait 24 Hours in the Life of HIV-1 in a T Cell Line, une étude me- née par des scientifiques de l’UNIL, du CHUV, de l’Institut suisse de bioinformatique, de l’ETH et de l’Hôpital de Zu- rich. Le but ? « Observer le cadre dynamique de l’infection des cellules du système immunitaire par le VIH, pendant 24 heures », explique Angela Ciuffi, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut universitaire de microbiologie UNIL-CHUV et dernière auteure de l’article.

720 millions de lymphocytes ont été préparés : la moitié a été infectée par des doses massives de virus, et l’autre a été épargnée pour servir de point

de comparaison. Ensuite, des échantillons ont été prélevés toutes les deux heures. « Dès son entrée dans la cellule, le VIH provoque des chambou- lements », note la chercheuse.

Ainsi, une sorte de couvre- feu s’installe au niveau de l’ARN du lymphocyte. Celui- ci, proche de l’ADN, est un sup-

port intermédiaire utilisé pour la fabrication de protéines.

« Est-ce dû au virus, ou est-ce une réaction de défense ? La question est ouverte », ajoute la chercheuse. Ensuite, cer- taines cellules meurent, alors que d’autres reprennent leur activité. Le virus utilise la machinerie des survivantes pour se répliquer et se propager.

Cette étude – financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique et par la Fondation Bill & Melinda Gates – a bénéficié des nouvelles technologies de séquen- çage de l’ARN à haut débit et des progrès de la bioinforma- tique. Il a fallu en effet traiter « des quantités de données impressionnantes » produites par les évènements en cours sur des milliers de gènes.

PLoS Pathogens, à l’excellente réputation, appartient à la fa- mille des publications en « open access ». Ainsi, l’article signé par Angela Ciuffi et ses collègues est disponible gratuite- ment. Il n’est donc pas nécessaire de souscrire un abon- nement exorbitant. Enfin, les chercheurs ont mis en place une ressource en ligne qui permet – aux spécialistes tout de même – de consulter l’activité des gènes cellulaires au cours de l’infection. DS 

1990

Le nombre de références faites à l’Univer- sité de Lausanne et au CHUV dans les mé- dias suisses, en 2013 (selon la revue de presse Argus, au 24 avril). Mi-janvier, l’annonce de la dé- couverte d’un « chromosome social » chez la fourmi de feu, grâce à une étude menée par le biologiste Laurent Keller à l’UNIL et par l’Institut Suisse de Bioinformatique, a connu un écho médiatique. Comme par exemple, une mention en couverture du magazine français La Recherche. L’an- nonce du soutien de la Commission européenne au Hu- man Brain Project, ainsi que la construction annoncée, à Dorigny, du bâtiment Neuropolis destiné à l’accueil- lir, ont été abondamment traités. En mars, dans le cadre d’un article sur les chouettes, le New York Times interro- geait Alexandre Roulin, professeur associé au Départe- ment d’écologie et évolution (lire également Allez savoir ! N° 53). Les chercheurs sont régulièrement intervenus dans les médias romands, que ce soit par des chroniques dans Le Temps, ou même par des pages entières. Par exemple, le professeur Bernard Andenmatten (section d’Histoire) narrait, dans 24 heures du 30 mars, l’abdication du pape Félix V à Lausanne, en 1449.

Enfin, le 15 avril 2013, la venue du Dalaï Lama à l’UNIL a suscité beaucoup d’intérêt chez les médias, ainsi que sur les réseaux sociaux (voir également en p. 6). DS

24 HEURES SUR LA PISTE DU VIH

FOURMIS, CERVEAU ET DALAÏ LAMA

RECHERCHE

L'UNIL DANS LES MÉDIAS PASSAGE EN REVUE

LE CANARI HEC DANS LA MINE DU SECTEUR FINANCIER

Au début de 2013, la Fa- culté des HEC a lancé un nouveau système d’alerte précoce pour mesurer le risque systémique ban- caire en Europe. Le Cen- ter for Risk Manage- ment Lausanne (CRML) évalue le niveau de risque de près de 200 des plus grands établissements financiers européens.

Il a été mis sur pied avec le Volatility Institute de la Stern School of Busi- ness de l’Université de New York en collabora- tion avec le Prix Nobel d’économie Robert Engle.

En utilisant des outils in- dépendants, les cher- cheurs examinent le ni- veau de risque financier affectant les banques commerciales, les assu- rances, les fonds de pen- sion, les régulateurs et les banques centrales.

Des mises à jour régu- lières permettent d’indi- quer quels sont les éta- blissements qui ont le plus besoin de capital.

La sonnette d’alarme est tirée quand une banque passe au rouge, afin d’éviter une autre crise financière comme celle qui a dévasté le système mondial en 2007-2008.

« Le CRML s’emploie à suivre le risque en Eu- rope, où qu’il se situe, ex- plique Michael Rockinger, professeur de finance.

Le centre est composé d’un groupe de profes- seurs issus de différents départements d’HEC qui entendent améliorer la qualité de l’enseignement et de la recherche dans le domaine de la gestion du risque et promouvoir une gouvernance financière plus responsable. » TF www.crml.ch

groups notably identified the Reactome generic transcription pathway (43%, 47/108,p,1024) that includes components of the mediator complex and zinc finger proteins. Individual upregulated clusters showed overrepresentation of several signaling and innate

immune pathways, such as cytokine-cytokine receptor interaction (p,1023), TLR signaling (p= 0.0016), and activation of NF-kB (p,1023

). Genes involved in antiviral defense and cell death signaling were also enriched in the four clusters, comprising 1,111 Figure 2. Clusters of host genes correlated with viral progression.Temporal expression patterns of 7,991 genes modulated in concordance with key steps of viral replication (panelA) were grouped into 18 clusters with differential expression profiles at three phases of the viral life cycle, namely reverse transcription, integration, and late phase. The cluster code characters ‘+’ and ‘2’ mark significant (p,1022) upregulation and downregulation, respectively, while ‘o’ indicates no significant deviation from zero. For example, the cluster ‘2+o’ contains 373 genes downregulated during reverse transcription, upregulated during integration, and unregulated during the late phase. In total, six upregulated clusters (B), four clusters with mixed patterns of regulation (C), and eight downregulated clusters (D) were found. Details of clusters are available at the dedicated web resource [6].

doi:10.1371/journal.ppat.1003161.g002

24 Hours in the Life of HIV-1

PLOS Pathogens | www.plospathogens.org 3 January 2013 | Volume 9 | Issue 1 | e1003161

Quand unpape abdiquaità Lausanne

Le renoncement de Félix V, le 7 avril 1449, marque la fin d’un épisode curieux de la papauté Bernard Andenmatten Professeur d’histoire médiévale à l’UNIL*

Les commentateurs de la démis- sion du pape Benoît XVI ont souligné son caractère excep- tionnel dans l’histoire mo- derne de la papauté. Il faut re- monter au Moyen Age pour trouver des cas de renoncements à la tiare.

Il s’agit de Célestin V, qui abdiqua six mois après son élection en 1294, ou encore de Grégoire XII qui se démit en 1415 pour favo- riser la résolution du Grand Schisme, en laissant la place à Martin V, le candidat du concile de Constance.On n’a guère parlé en revanche d’une autre abdication pontificale qui se déroula à… Lausanne! Le 7 avril 1449 en effet, le pape Félix V renonça à la dignité pontifi- cale. Il invoquait non pas la maladie ou la vieillesse – il avait pourtant 66 ans, un âge alors respectable –, mais le souci de l’unité de l’Eglise. Ainsi se termina un épisode curieux de l’histoire de la papauté qui se déroula sur les bords du Léman.

Veuf et père de famille Dès son élection, dix ans auparavant, Fé- lix V, qui avait été duc de Savoie sous le nom d’Amédée VIII, avait vu sa légitimité contestée. L’élection au trône pontifical de ce prince laïc, veuf et père de famille, avait suscité de nombreuses réserves. Toutefois, la question du non-respect du droit canoni- que est moins évidente qu’il n’y paraît: en théorie, aucun empêchement majeur ne s’oppose à l’élection d’un laïque, pourvu qu’il soit un homme, baptisé dans la foi catholique. Aujourd’hui pourtant, Félix V ne figure pas dans la liste officielle des pa- pes et il est considéré comme antipape par l’Eglise romaine. Celle-ci a en effet toujours regardé ce pontificat comme étant l’ultime dérive d’une assemblée ayant perdu toute légitimité. Le concile, qui s’était réuni à Bâle

à partir de 1431 pour réformer l’Eglise, était entré en conflit avec le pape Eugène IV, qui était resté à Rome et qui ordonna sa disso- lution. Le concile refusa et proclama la su- périorité du concile sur le pape. Il déposa Eugène IV le 24 juin 1439 et élut le 5 novem- bre le duc de Savoie Amédée VIII. Celui-ci ne fut reconnu comme pape légitime que dans son duché et dans quelques cantons suisses (notamment Berne et Soleure). Il ne trouva pas non plus grâce auprès des histo- riens de l’Eglise, qui soulignent combien son autorité fut contestée et limitée.Les raisons qui poussèrent les pères conciliaires à faire ce choix surprenant sont assez prosaïques. Il fallait trouver un prince riche et puissant pour s’imposer face aux monarchies et soutenir par ses revenus une assemblée, qui prétendait gouverner col- lectivement l’Eglise mais qui ne disposait pas des revenus du Siège apostolique.

Ajoutons quand même au crédit du nou- veau pontife, et des prélats qui l’avaient élu, qu’Amédée VIII jouissait alors d’une réputation de sagesse et de piété, obtenue grâce à son retrait du monde en 1434 et la nouvelle condition d’ermite qu’il menait dans son château de Ripaille (lire encadré).

Qu’elle ait été ou non inspirée par le St-Esprit, l’élection pontificale ne fut pas acceptée tout de suite par Amédée VIII. Des négociations serrées s’engagèrent entre le concile et la cour de Savoie, qui portèrent sur des aspects financiers mais aussi sym- boliques: le duc Amédée souhaitait conser- ver son prénom, en usage dans sa famille depuis l’an Mil, et sa barbe, insigne de sa condition d’ermite. Si ces deux demandes lui furent refusées, la répartition des char- ges financières fut complexe et source de bien des malentendus. Les Savoie obtinrent des droits étendus sur les dignités ecclésias- tiques de leur duché, désormais considérés comme les nouveaux Etats de l’Eglise. Le

pape savoyard quitta Ripaille et se rendit à Bâle où il fut couronné le 24 juin 1440.Entre une assemblée de clercs un peu bavards, aux aspirations démocratiques mais manquant de moyens pour les mettre en œuvre, et un prince autoritaire, imbu de son pouvoir et soucieux des finances de ses Etats, il y avait un sérieux malentendu. Le nouveau pontife se brouilla avec le concile et revint dès 1442 au bord du Léman, rési- dant à Genève et à Lausanne. Dans un souci de légitimation, il recréa une cour et une administration structurées selon l’organi- gramme de la Curie romaine. Des échanges de fonctionnaires, mais aussi d’artistes, étaient fréquents avec la cour savoyarde qui séjournait dans la région, dans ses rési- dences de Thonon, Genève et Morges.

Abdication âprement négociée Contrairement à ses espoirs, le pape sa- voyard n’obtint pas le soutien des monar- chies européennes. Le roi de France et l’empereur d’Allemagne, qui avaient d’abord observé une prudente neutralité, optèrent pour le pontife romain, ce qui priva Félix V de tout soutien en dehors de son propre duché. Le décès du pape Eugène IV en 1447 et l’élection de son suc- cesseur Nicolas V, habile diplomate, favori- sèrent la tenue de négociations secrètes qui conduisirent à l’abdication du 7 avril 1449.A la différence du coup de théâtre de février 2013, il ne s’agissait pas de la déci- sion solitaire d’un pontife fatigué qui la communique à ses cardinaux décontenan- cés. L’abdication de Félix V fut le résultat d’une négociation serrée entre une dynas- tie princière, décidée à retirer le maximum de son renoncement, et une papauté ro- maine soucieuse de terminer au plus vite cette phase conciliariste. Les actes de Fé- lix V furent validés et ses partisans absous.

Amédée VIII devenait légat pontifical en Savoie et recevait la dignité cardinalice, devenant ainsi cardinal après avoir été pape! L’Eglise romaine reconnaissait donc une certaine légitimité à ce curieux pontife

issu de la Maison de Savoie. Cette dernière obtint encore le droit de nomination aux sièges épiscopaux et abbayes du duché, ce qui lui assura jusqu’à la Réforme le con- trôle de la ville de Genève.A certains égards, le choix des pères de Bâle peut nous sembler novateur. Dans leur esprit, il s’agissait d’instaurer une véritable monarchie constitutionnelle pontificale, le pape devant rendre des comptes à l’assem- blée qui l’avait élu. Force est de constater que cette orientation conciliaire n’a pas vraiment été suivie d’effet, puisque l’Eglise catholique a maintenu, voire renforcé, jus- qu’à l’époque contemporaine cette orienta- tion monarchique du pouvoir pontifical.

Si modernité il y a dans cet étonnant épisode, elle doit plutôt être recherchée dans l’évolution des relations entre Eglise et Etat. L’idée de confier à un pouvoir laïc la tutelle des affaires ecclésiastiques et la ré- forme du clergé avait commencé à se faire jour dans les esprits dès le début du XVe siècle, ce qui relativise au fond le carac- tère inattendu de l’élection d’un duc au souverain pontificat. Moins d’un siècle plus tard, cette conception nouvelle des rela- tions entre les pouvoirs ecclésiastique et laïc sera précisément l’un des enjeux de la Réforme…

* Tous les mois, une page est proposée par les chercheurs de l’Université de Lausanne.

L’occasion de porter un regard plus scientifique sur les événements qui ont façonné le canton et les traces laissées à ceux qui les décortiquent aujourd’hui.

Portrait présumé de Félix V datant du début du XVIe siècle, Domaine du château, Colombier-sur-Morges.G. BOSSHARD

Hiérarchie Le pape et l’ermite Lors de son abdication, Félix V déclare avoir quitté «une tranquille solitude»

pour accepter «une charge pénible et immense», faisant allusion à son départ de Ripaille pour assumer les tracas du pouvoir pontifical. Célestin V avait lui aussi quitté son ermitage pour occuper une charge trop lourde pour lui. Quant à Benoît XVI, il entend mener une vie de prière et de silence dans un monastère situé à l’intérieur du Vatican.

Ainsi, tout semble opposer le pape et l’ermite, placés aux deux extrêmes de la hiérarchie ecclésiastique. Pourtant, la réputation de sagesse, voire de sainteté, acquise par l’ermite peut lui

valoir un destin exceptionnel à la tête de l’Eglise lorsque celle-ci est en crise;

par ailleurs, face aux difficultés d’une charge écrasante, la tentation érémiti- que n’est probablement pas excep- tionnelle chez un pontife. Si, dans la tradition chrétienne, c’est la rude vie des pères du désert qui sert d’exemple aux ermites, le modèle mis en œuvre par Amédée VIII à Ripaille ressemble davantage à une vie mondaine visant à éviter les désagréments causés par le pouvoir tout en continuant à pouvoir exercer ce dernier. De Ripaille au château ducal de Thonon, de l’ermi- tage au Palais apostolique, la distance n’est pas si grande…

Le château de Ripaille, où Amédée VIII vivait en ermite.PHILIPPE MAEDER

Pour en savoir plus -Amédée VIII – Félix V, premier duc de Savoie et pape (1383-1451),éd. B. Andenmatten et A. Paravicini Bagliani, Lausanne 1991 (Bibliothèque historique vaudoise 103).

- Article «Félix V», dans leDictionnaire historique de la Suisse(www.dhs.ch).

Date: 11.03.2013

The New York Times Int. Weekly 10018 New York www.nytimes.com

Genre de média: Médias imprimés N° de thème: 377.6

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Maître assistant au Centre d’études interdisciplinaires Wal- ras-Pareto, François Allisson vient d’obtenir deux prix pour sa thèse : le Joseph Dorfman Prize for the Best Dissertation in the His- tory of Economics 2013 et le War- ren J. and Sylvia J. Samuels Young Scholar Award. Décernée par la prestigieuse History of Economics Society, la première de ces distinc- tions est la seule au monde à cou- ronner un travail de doctorat en histoire de la pensée économique.

Russophone, le chercheur s’inté- resse à l’économiste Mikhail Tu- gan-Baranovsky (1865-1919). Fran- çois Allisson enseigne dans trois facultés différentes : Droit, HEC, Sciences sociales et politiques. DS

© DR

CINQ CHERCHEURS À L’HONNEUR

NOMINATIONS ET RÉCOMPENSES

Aujourd’hui doctorant à l’Univer- sité de Fribourg, Mario Kummert a décroché le Prix ArGiLe 2012 pour la qualité de son mémoire de master en géographie. Choisi par l’Association des géographes de l’Université de Lausanne, son travail « se base sur la réalisation de cartes géomorphologiques pour étudier la dynamique sédi- mentaire contemporaine du bas- sin-versant des Aiguilles Rouges d’Arolla ». Le comité a relevé le ca- ractère pratique de l’étude. « La problématique de ce travail, qui s’inscrit dans un contexte pla- nétaire de réchauffement clima- tique, captive le lecteur. » (RÉD.)  Le mémoire est accessible via www.unil.ch/igul

Le 7 février 2013 à Zurich, Amé- lie Sabine, post-doctorante au Département d’oncologie CHUV- UNIL, et Tatiana Petrova, profes- seure-boursière FNS au Dépar- tement d’oncologie CHUV-UNIL, au Département de biochimie de l’UNIL ainsi qu’à l’ISREC (EPFL), ont été récompensées par la Fon- dation du Prix Pfizer de la Re- cherche pour l’excellence de leurs travaux. Après un cancer du sein avec ablation des ganglions lym- phatiques, de nombreuses pa- tientes souffrent de lymphoedème, une accumulation chronique de lymphe. L’étude des deux scien- tifiques apporte de nouvelles connaissances au sujet de cette maladie et de son traitement. (RÉD.)

Professeur assistant en Section d’histoire de l’art, Dave Lüthi a été nommé à la Commission fédé- rale des Monuments historiques, qui compte 15 membres représen- tant toutes les régions du pays.

Cette instance supérieure travaille en lien avec la Commission fédé- rale pour la protection de la nature et du paysage. Elle donne un pré- avis lorsque l’on souhaite « restau- rer, transformer ou raser un bâti- ment, un ensemble de bâtiments ou un quartier », indique Dave Lüthi, historien de l’architecture. Les inté- rêts patrimoniaux, politiques, éco- nomiques pèsent dans la balance, sans oublier l’attachement des ha- bitants. Il arrive que le Tribunal fé- déral sollicite la Commission. DS

© Simon Martin © Pfizer Forschungspreis lix Imhof © UNIL

ONCOLOGIE INTERNATIONAL

LES HAUTES ÉCOLES VAUDOISES À SINGAPOUR

Fin février 2013, la conseillère d’Etat Anne-Catherine Lyon a mené une délégation représentant les Hautes Ecoles vaudoises (la HEP, plusieurs HES, l’IDHEAP et l’UNIL) à Singapour. Comme la Suisse, ce pays mise fortement sur la formation. Les visites d’universités et d’agences gouvernementales ont permis d’échanger au plus haut niveau, par exemple au sujet de la valorisation de la recherche appliquée. Recteur de l’UNIL, Dominique Arlettaz relève également qu’il était intéressant « de présen- ter le système de formation supérieure du canton comme un ensemble cohérent et pertinent, dans l’environnement compétitif de Singapour. » (RÉD.)

© Munshi Ahmed / Swissnex Singapore

Dans trois ans, le futur AGORA - Centre du Cancer accueillera 400 chercheurs et cli- niciens dans un bâ- timent icône, qui sera construit non loin du CHUV. Ce dernier constitue- ra le noyau central du nouveau Centre suisse du cancer Lausanne dont la gouvernance sera assumée de manière conjointe par le CHUV, l’UNIL, l’EPFL et la Fondation ISREC. Imaginé par le Bureau Behnisch de Stuttgart, AGORA possède une surface utile de 11 500 m2. Pourvu de laboratoires et d’un auditorium, mais aussi de lieux d’échanges, le bâtiment permettra un maximum de com- munication entre les scientifiques et les médecins, dans le but de développer de nouveaux traitements pour les patients. La Fondation ISREC et la Fondation Leenaards soutiennent financièrement le projet. (RÉD.)

UN NOUVEAU BÂTIMENT POUR 2016

© incito communication

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En juin, Superman revient sur le grand écran dans « Man of Steel ». Un film de Zack Snyder, scénarisé par les pères de la trilogie cinématographique de Batman, David S. Goyer et Christopher Nolan, qui s’annonce plus sombre que les précédentes aventures du grand brun musclé en collants rouge et bleu. Genèse du personnage BD qui a créé un genre et marqué le début d’un commerce super-lucratif.

TEXTE VIRGINIE JOBÉ

L

e torse bombé, la cape rutilante, le slip rouge serré sur des collants bleus moulants et les bottes étince- lantes, Superman s’impose comme le sauveur des Etats-Unis, voire même de l’Humanité, depuis sa création en 1938. Né dans un comic book américain – périodique de bandes dessinées de quelques dizaines de pages publié sur du papier de mauvaise qualité – l’homme d’acier est considéré comme le premier super-héros. Très vite plagié, il n’a pourtant jamais disparu, et continue à enrichir les éditeurs de comics. Qui est vraiment cet ex- traterrestre adulé ? Pourquoi fascine-t-il encore les foules ? Décryptage avec des chercheurs de l’UNIL.

Naissance du super-pactole

S’il vient de la planète Krypton, Superman ne tombe pas de nulle part dans le paysage économique américain. De- puis 1933, les comic books sont publiés de manière au-

tonome, alors que les BD paraissaient jusque-là dans la presse quotidienne et hebdomadaire (comic strips). « On assiste à une émulation sur le marché de la bande dessi- née, dans un climat de surenchère entre éditeurs, signale Michaël Meyer, premier assistant en sociologie de l’image à l’UNIL, spécialiste de la culture médiatique. Superman ne se construit pas dans un vide symbolique. Il se calque sur les aventures de détective – d’ailleurs, c’est l’éditeur Detective Comics (qui deviendra DC Comics) qui le pro- duit – mais aussi fantastiques, de magiciens. Le but des éditeurs reste cependant d’innover, d’apporter un élé- ment en plus qui permettra d’attirer, et de fidéliser, les lecteurs. » Un lectorat visé jeune, enfants et adolescents, qui n’avaient que quelques cases à lire dans le journal de papa avant que le comic book n’éclose.

Les deux auteurs de Superman, Jerry Siegel et Joe Shus- ter, ont déjà publié une histoire d’espion en 1937 qui

1938 SUPERMAN APPARAÎT POUR LA PREMIÈRE FOIS DANS ACTION COMICS .

LE RETOUR DU PREMIER

SU P ERMAN

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© Courtesy of Warner Bros. Pictures

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reprend l’ensemble des codes qui seront utilisés chez le super-héros, note Michaël Meyer : un environnement urbain, une femme en rouge (future Lois Lane, son grand amour), un espion avec le même visage que Superman. « Les des- sins sont conservés sous forme de caches, de planches que l’on va réutiliser par la suite. Il s’agit d’une industrie qui doit produire vite et pour peu cher. D’ailleurs, quand Superman apparaît, le récit n’a rien d’original : une chasse aux gangs- ters et aux politiciens corrompus comme on en trouve dans les récits de détective depuis longtemps. Mais ce qui est mis en place, c’est l’idée d’un cycle super-héroïque. »

On assiste aux débuts de « l’âge d’or des comics », qui per- durera jusqu’au milieu des années 50. Parmi les déclinai- sons de Superman, on citera Wonder Man, édité par Fox et dessiné par le fameux Will Eisner (père du détective The Spirit), qui sera rapidement poursuivi pour plagiat par DC Comics. Celui-ci aura gain de cause après deux ans de pro- cédure. « Mais entre-temps, des dizaines d’autres super-hé- ros sont nés, sourit Michaël Meyer. Captain Marvel (Fawcett Publications), le principal concurrent de Superman depuis 1940, a aussi été longtemps en procès. » Le marché se par- tage entre de nombreux éditeurs. Ce modèle économique doit être inventé et testé. Et il fonctionne. On estime à envi- ron 700 le nombre de super-héros sortis durant la période 1939-45. Et Superman était distribué aux soldats améri- cains sur le front.

Un héros super-double

Agnieszka Soltysik Monnet, professeure de littérature amé- ricaine à l’UNIL, souligne que Jerry Siegel et Joe Shuster sont des émigrés juifs qui ont conçu un nouveau héros dans un contexte difficile. Ils utilisent déjà le mot « super-man » en 1933, mais pour qualifier un méchant. « Un scientifique modelé sur la philosophie de l’Übermensch de Nietzsche qui veut dominer le monde. Il fait une expérience sur un SDF qui devient très puissant et finit par le tuer. Cepen- dant, les pouvoirs du SDF sont temporaires et il retourne à la rue. On observe donc un lien avec la philosophie de do- mination raciale. »

Peu de temps après, Superman deviendra ce qu’il est, une icône de l’Amérique, « paradoxalement extraterrestre et créée par deux hommes qui se sentaient différents – dans un contexte antisémite – à l’image des immigrés. » Et alors que Superman sauve le monde en costume, Clark Kent, son alibi terrestre, est lui super-maladroit. « Cette maladresse est une sorte de déguisement, une performance de soi telle que même s’il ne porte pas de masque en costume de Su- perman, personne ne le reconnaît. » La professeure de litté- rature américaine de l’UNIL le compare à un Schlemihl, qui dans la culture juive est un homme qui n’a pas de chance, mais s’y habitue sans sourciller.

« Clark Kent est un clown malhabile, moins capable qu’un Américain normal. Superman doit jouer ce rôle, sachant que, sur une autre planète, il est comme tout le monde et que, sur Terre, il est meilleur que son entourage. Cela fait par- tie d’une espèce de fantasme d’assimilation, mais aussi de supériorité. Son drame : il doit se dédoubler, il ne peut pas vivre sous sa vraie identité. » Ce côté double existence, dont l’une doit impérativement rester secrète, demeurera la base de tous les scénarios de comics de super-héros des débuts.

Agnieszka Soltysik Monnet ajoute que Superman, comme Batman et bien d’autres, est inspiré de l’univers des BD de détective, ce qui fait qu’il est entouré de personnages is- sus de la Grande Dépression et de la prohibition de l’alcool, qui ont vu naître des gangsters qui n’existaient pas aupa- ravant. Avec l’augmentation de la criminalité, la police était dépassée. D’où l’idée de créer plus fort qu’eux, le super-hé- ros, inébranlable Monsieur Muscles qui leur rapporte par le col les politiciens corrompus, les truands et autres bra- queurs de banque. On attend de lui qu’il soit parfait. « En tant que représentant fictionnel du New Deal de Roosevelt, le Superman de la fin des années 30 présente une morali- té à toute épreuve, comme son corps, remarque Michaël Meyer. Il est bulletproof (blindé ndlr) du point de vue phy- sique et du point de vue moral, en toute situation. Ce super- héros est un modèle de rectitude et intervient pour le bien commun. Il est rapidement qualifié de “champion des oppri- més”. » D’ailleurs, dès 1954, un organe de censure, le Comics Code Authority (CCA) sera chargé de réguler les contenus des BD, et formalisera la nature vertueuse des super-héros par une série de règles à respecter. Parmi celles-ci, l’inter- MICHAËL MEYER

Premier assistant à l’Institut des sciences sociales.

Nicole Chuard © UNIL

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crifie sa vie à cette cause, dans la fidélité de la mémoire à ses parents. Alors que Superman, notamment dans certains films, rejoint le sacrifice du Christ, avec les pouvoirs d’un Dieu de l’Ancien Testament. Il voit tout, entend tout. C’est une réécriture de l’histoire de Dieu, de façon séculaire et populaire. Batman n’a pas cette grandeur. »

Superman garde aussi une image de gentil garçon, qua- siment imperturbable, joyeux, pour qui il n’existe pas de pe- tites causes, qui vole au secours du chat d’une petite fille coincé dans un arbre. « Simple, mais pas bête, puissant, gent- leman, très lié à une idée fantasmatique des Etats-Unis, si- gnale Agnieszka Soltysik Monnet. De plus, il ne peut pas mentir, un trait caractéristique de George Washington, l’un des premiers héros américain. Batman, lui, n’est pas particu- lièrement vertueux. Il s’engage pour la justice, mais hésite souvent entre le bien et le mal. » L’homme d’acier extrater- restre sait tout de manière innée et cela ne le perturbe pas.

Contrairement au chevalier noir, à l’intuition et aux pouvoirs de détective entraînés, qui est entouré de zones d’ombre et ne comprend pas forcément le monde qui l’entoure.

Super lié à l’actualité

Dès le début des années 40, parce que le récit du super- héros qui gagne toujours contre les bad guys s’essouffle, on invente la figure du super-méchant, supervillain en an- glais, explique Michaël Meyer. « Il s’agit d’une solution diction de présenter le crime ou la violence de manière po-

sitive, l’interdiction de la nudité et la nécessité de toujours punir les criminels.

L’inquiétude a été attisée par des associations de parents outrés par la violence des héros de comic books. Elle a été évaluée par une commission parlementaire et soutenue par certains éditeurs, qui anticipaient qu’apposer le logo CCA sur leurs albums les démarquerait de la concurrence et les légitimerait. « DC Comics fait partie de ces éditeurs, précise Michaël Meyer. Superman, le personnage qui leur rapporte le plus, étant très lisse et assez moralisateur, ils ne risquaient rien. Superman a en outre été le modèle qui a fixé les codes de représentation pour les justiciers super-héroïques de toute la production approuvée par le Comics Code. »

Le chevalier noir face à l’homme d’acier

DC Comics publie néanmoins aussi Batman, dès 1939.

Un personnage qui va s’assombrir peu à peu, et figurer le

« double gothique de Superman » selon Agnieszka Soltysik Monnet. « On peut dire que c’est le même genre de person- nage. Un super-héros urbain qui lutte pour la justice. Sauf que Batman est plus complexe au niveau psychologique et éthique. Il devient très rapidement un chevalier noir tan- dis que Superman est appelé l’homme d’acier. » Tous deux ont perdu leurs parents biologiques très jeunes. Chez Bat- man, cette situation nourrit un désir de vengeance. « Il sa-

SURENCHÈRE

Le culturiste Eugen Sandow, représenté sur cette affiche de 1894, a façonné la forme sculpturale des super-héros. A droite, la couverture d’Action Comics de juin 1938, où apparaît pour la première fois Superman.

© Library of Congress Prints and Photographs - AP Metropolis Collectibles / Keystone

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L’un vole au soleil, l’autre broie du noir. Apparus presque en même temps dans les comic books, ces deux super-héros sont pourtant bien différents.

COSTUME

Superman est un être diurne qui se nourrit du soleil. Son costume rouge et bleu lui permet de ressortir au milieu des gangsters en complet des années 30. Sa cape, qui hérite au- tant des magiciens que des catcheurs de l’époque, « renvoie à l’idée de spectacle merveilleux, note Michaël Meyer. Elle sert aussi à exprimer la chute, la vitesse. En effet, le comic book de ces années-là met en place des codes visuels pour signifier le mouvement et des gestes qui par définition dé- passent l’observable ». Le corps moulé accentue le « muscle spectacle », que l’on retrouve dans les exhibitions d’hommes forts, divertissement alors populaire.

AMOURS

Tout comme Batman, il a flirté avec différentes super- héroïnes, type Wonder Woman. Mais son grand amour

reste Lois Lane, sa collègue. « Son drame : il doit lui ca- cher sa véritable identité, remarque Agnieszka Soltysik Monnet. Parce qu’il a peur d’être rejeté en tant qu’alien et parce qu’il ne veut pas devenir un danger pour elle. » Romance non consommée dans la plupart des BD, elle deviendra bien réelle au cinéma puisque Superman aura un fils (Superman Returns).

SUPER-ENNEMIS

L’ennemi qui a vraiment marqué les esprits reste le sa- vant fou Lex Luthor. « Il représente en quelque sorte le double négatif du père de Superman sur la planète Kryp- ton, déclare Agnieszka Soltysik Monnet. Ce drôle de per- sonnage lutte contre les pouvoirs magiques de Superman en utilisant la technologie et la science. » La kryptonite, une pierre qui vient de sa planète, affaiblit ses pouvoirs.

ORIGINES

Arrivé sur Terre dans une capsule, à la suite de l’explosion de sa planète, il est recueilli dans un orphelinat. « Les res- ponsables sont tout de suite épatés par ses pouvoirs, signale Michaël Meyer. On le représente bébé en train de soulever un fauteuil. » On apprendra plus tard qu’il se nomme Kal-El et vient de Krypton. Adopté par la famille Kent à Smallville, Clark Kent s’engage en tant que reporter au Daily Planet à Metropolis pour avoir un accès direct à tout ce qui se passe dans la ville et ainsi sauver des vies.

SUPERMAN VS BATMAN

© Brendan Hunter Photography / iStockphoto

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L’un vole au soleil, l’autre broie du noir. Apparus presque en même temps dans les comic books, ces deux super-héros sont pourtant bien différents.

COSTUME

Dès sa première apparition dans un comic book, en 1939, Batman cherche un costume capable d’effrayer les crimi- nels, qui sont des « peureux superstitieux » selon lui. Une chauve-souris passe devant sa fenêtre : cet animal devien- dra son icône. Super-héros nocturne, il met au point ses gadgets dans une grotte.

AMOURS

« Batman est inspiré de deux personnages : The Bat Whisper, un criminel déguisé en chauve-souris dans un film des an- nées 30, et Zorro, un play-boy le jour qui lutte masqué pour la justice durant la nuit, explique Agnieszka Soltysik Mon- net. En journée, Bruce Wayne apparaît comme un homme à femmes superficiel. Ainsi, on ne le soupçonne pas d’être un activiste social. » Il fricote avec des super-héroïnes telles Catwoman et Wonder Woman. Mais aussi avec des femmes « normales ». Dans les années 50, un psy- chologue, Fredric Wertham, le soupçonne d’avoir une relation homosexuelle avec son ami Robin.

SUPER-ENNEMIS

Les ennemis de Batman se comptent par dizaines : politiciens corrompus, le Joker, Double-Face, le Pin- gouin, etc. « Il est entouré d’ennemis fous qui le ren- voient à sa propre folie, indique Agnieszka Soltysik Monnet. Son masque fait le lien avec ses antagonistes, également masqués ou déformés. Il combat des êtres ef- frayants, mais il les comprend, car ils sont le reflet de ce qu’il aurait pu devenir. »

ORIGINES

Richissime héritier, Bruce Wayne a été traumatisé par la mort de ses parents, abattus devant ses yeux lorsqu’il avait 7 ou 8 ans. S’il devient un combattant du crime à Gotham City, c’est par esprit de vengeance. « Il se prépare à ce rôle dès son enfance, déclare Agnieszka Soltysik Monnet. Il étudie les sciences forensiques, fait de la musculation.

Au début, le personnage est un dur à cuire, très violent.

Il va jusqu’à tuer des criminels dans de l’acide. » Les pro- testations des lecteurs, surtout des parents du jeune pu- blic, ont poussé les éditeurs à interdire aux auteurs de le laisser assassiner ses ennemis.

SUPERMAN VS BATMAN

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narrative pour ne pas lasser le public avec toujours le même type de malfaiteurs. Il fallait qu’à un moment don- né, le super-héros soit en difficulté. Cela démontre une fois de plus la capacité du comic book à se réinventer. C’est un média éponge, ouvert aux expérimentations, qui sait pui- ser dans l’air du temps. »

De la sorte, Superman, avant que les Etats-Unis n’entrent dans la Seconde Guerre mondiale, flirtait déjà avec des villains, et d’une certaine envergure. Un comic strip est en effet réalisé avec le super-héros pour la grande presse d’information, Look Magazine, en 1940 – « cette présence, non plus comme divertissement secondaire, mais comme sujet des médias d’actualité, montre que le personnage a acquis un certain statut, après tout juste deux ans d’existence », tient à préciser le chercheur en so- ciologie de l’UNIL – qui se demande comment le person- nage réglerait les problèmes du Vieux-Continent. « On le voit qui vole jusqu’en Europe, attrape Hitler par le cou, idem pour Staline, et les emmène à Genève devant la So- ciété des Nations afin qu’ils soient jugés. Plus largement, la guerre sera un arrière-plan très exploité par les comic books de cette période. S’ancrer dans l’actualité reste une manière d’assurer une accroche à ce qui est vendeur. »

Du super-bond au super-vol

Superman est incroyablement fort. Il adore soulever des poids insensés. Une façon de conquérir un public féru du

« muscle spectacle ». Eugen Sandow, un Allemand d’ori- gine reconnu internationalement et considéré comme le premier culturiste, est l’un des modèles qui a façonné les formes sculpturales du super-héros. « Superman, et les premiers super-héros, compilent visuellement les divertis- sements forains et les spectacles d’hommes forts du XIXe siècle, toujours populaires au début du XXe, indique Mi- chaël Meyer. Un mélange de trapézistes, de boxeurs, de

gymnastes à la musculature surdéveloppée. On touche aussi au monde des magiciens quant à l’aspect du costume et des pouvoirs extraordinaires. »

S’il court plus vite qu’un train dès le premier comic book, Superman ne sait que bondir à ses débuts. Certes au- dessus des immeubles, mais il ne vole pas. « Les conven- tions de mise en image du geste athlétique, du vol ou de la projection dans les airs ne sont pas encore complètement en place, souligne Michaël Meyer. L’idée du vol horizontal est introduite par une série de passages et d’adaptations entre différents médias. » Ainsi, c’est à la radio, en février 1940, que Superman vole pour la toute première fois. On crée pour l’occasion la formule : « Up in the sky ! Look ! It’s a bird ? It’s a plane ? It’s Superman. » « On passe de la mé- taphore du criquet qui bondit dans la première BD à celle de l’oiseau qui correspond mieux au langage imagé de la radio. Le dessin animé, produit en 1941 par les frères Flei- scher, confirme cette représentation dès le générique avec Superman qui voltige comme une fusée dans les airs », in- dique le chercheur. Il fera l’objet d’un serial au cinéma en 1948. Mais il faudra attendre 1978 pour que le super-héros se dévoile au cinéma dans un long-métrage. Encore une fois, il lancera une mode.

Au super-cinéma

« Il y a une grande différence entre Superman à la télévi- sion qui garde le ton du feuilleton des BD, qui conserve une certaine distance, un côté humoristique, et le format qui sort au cinéma dans les années 70, affirme Alain Boil- lat, professeur ordinaire à la Section d’histoire et esthé- tique du cinéma à l’UNIL, et spécialiste de la BD. Un for- mat mis en place par George Lucas et ses Star Wars : le New Hollywood. C’est-à-dire des longs métrages specta- culaires qui, sur un plan narratif, fonctionnent de manière très classique. » Warner Bros investit 55 millions de dol-

« L’IRONIE

N’EXCLUT PAS LA TRANSMISSION DES VALEURS AMÉRICAINES. »

ALAIN BOILLAT, PROFESSEUR

1978 SUPERMAN 1980 SUPERMAN II

1952 – 1957

THE ADVENTURES

Ce film a connu un immense succès et rapporté un milliards de dollars, soit vingt fois son coût. Marlon Brando et Gene Hackman figurent au casting. Christopher Reeve incarne le super-héros. Histoire d’amour et effets spéciaux : le mélange fonctionne.

Tourné en même temps que le précédent pour une grand part, ce film a connu une production chaotique et n’a pas rencontré le même succès que le premier opus au box-office, loin de là. Christopher Reeve arbore toujours la cape.

FI LM O G R A PHI E

Cette série télévisée est très célèbre aux Etats-Unis. Sponsorisée par Kellogg’s, elle met en scène George Reeves dans le rôle prin- cipal. Les trucages, plein de charme, valent le coup d’œil.

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