A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
G. K OENIGS
Étude bibliographique. La géométrie réglée et ses applications
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1
resérie, tome 3 (1889), p. 1-24
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1889_1_3__1_0>
© Université Paul Sabatier, 1889, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de la faculté des sciences de Toulouse » (http://picard.ups-tlse.fr/~annales/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisa- tion (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression sys- tématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fi- chier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
1
ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE.
LA
GÉOMÉTRIE RÉGLÉE
ET SES APPLICATIONS,
PAR M. G.
KOENIGS,
Maître de Conférences à l’École Normale et à la Sorbonne.
INTRODUCTION.
Dans une branche de la Géométrie
qui
touche auxpoints
lesplus
essentiels detoutes les autres, et dont le
développement
a été un des termes de l’évolution de la Sciencependant
toute lapremière partie
de cesiècle,
il semble bien difficile de donner avec certitude le nom de l’inventeur. C’est à Plücker que l’on attribuegénéralement
lagloire
de cetteinvention,
etcependant
ni l’idée des congruences dedroites,
ni même celle descomplexes
n’ont reçu de lui leurpremière
consé-cration. Tout
le
monde reconnaît que lespropriétés
des congruences remontentaux
premières
recherchesd’optique géométrique; mais,
pour cequi
est des coni-plexes,
onparaît trop disposé
à oublier que Malus les a conçus lepremier
dansson Traité
d’Optique,
etqu’il
est parvenu dans cesujet
à uneproposition capi- tale,
mentionnée ultérieurement par Chasles dans sonRapport
sur un intéressant Mémoire de Transon sur le groupe.ment des droites d’uncomplexe
en congruences de normales à une surface. Il est trèsremarquable
que laproposition
de Malustouche de fort
près
à un autre ordred’idées,
dont nous aurons occasion deparler,
et
qui
a étédéveloppé
d’unefaçon magistrale
par M.Sophus
Lie.On trouvera
plus loin,
dans lapartie historique,
les citations exactesqui
cor-roborent les affirmations actuelles. Il n’en reste pas moins à Plücker l’immortel mérite d’avoir entrevu le rôle de la droite dans la Géométrie et
d’avoir,
sinonpratiqué,
au moinsindi.qué
une méthode pour grouper sous des loisplus
élevéesles
grands principes
de lagéométrie projective appelés
par Chasleshomographie
et dualité.
Mais il n’a pas été donné à Plücker de cueillir les fruits de sa découverte. Pour les faire
prospérer
etmûrir,
il ne fallait rien moins que legrand
talent d’ungéo-
mètre universellement estimé et
qui
s’estégalement
illustré dansl’Analyse.
M. Klein a
repris
les idées de Plücker en lesappuyant
sur les méthodes de l’Al-gèbre
moderne. Lasymétrie
etInélégance
de sesrésultats,
notamment en cequi
concerne les
complexes quadratiques,
lui ont attiré àjuste
titre l’admiration desgéomètres.
Nous aurons
occasion,
dans le cours de cetteétude,
de mentionner d’autresnoms très
justement dignes
d’êtrecités;
mais les travaux de M.Sophus
Lie surcette branche de la
Géométrie- méitent
une mentionparticulière.
Cet illustregéomètre
a établi les liens lesplus
étroits entre lagéométrie
de Plücker et la théorie deséquations différentielles;
il a, enquelque
sorte,transporté
sur le do-maine transcendant une doctrine
qui
peutparaître
aupremier
abord presque exclusivementalgébrique.
J’arrêterai ici les noms que
je
veux citer dans cetteIntroduction,
pour ne pas faire doubleemploi
avec la Noticehistorique qui
accompagne ce Mémoire. Il estcertain que la Géométrie
réglée
doitbeaucoup
à MM.Cayley, Sylvester, Mobius, Chasles, Battaglini,
mais les trois noms dePlücker, Klein, Sophus Lie,
caracté-risent en
quelque
sorte troisphases
de la doctrine de laligne droite,
et c’est .pourquoi je
les aiplacés
en tête de laprésente
étude( ~ ).
(’) Ce travail est une reproduction partielle d’un Cours que j’ai professé en 188~-~888 au Collège ’
de France.
CHAPITRE I.
LES
COORDONNÉES
DE LA LIGNEDROITE; GÉNÉRALITÉS.
Caractère
dualistique
etprojectif
de la Géométrie réglée. - Double définition des eoor-données
plückériennes.
- La formequadratique
fondamentale w(z). - La formepolaire.
- Retour aux notions purement
dualistiques.
- Transformation linéaire. - Faisceau, gerbe et systèmeplan.
-Systèmes réglés;
leur classification.1. Dès le début de ses
recherches,
Plücker lui-même a insisté sur le double caractèredualistique
etprojectif
del’espace réglé.
On
peut,
dans unefigure
deGéométrie,
ne considérer que lespoints qui
lacomposent.
En transformanthomographiquement,
on obtient unefigure analogue
définie immédiatement au moyen de ses
points.
C’est ce que l’onexprime
en di-sant que la
transformée homographique d’une figure ponctuelle
est une autrefigure ponctuelle.
Si l’on s’était
attaché,
aucontraire,
à la considération desplans qui
concourentà
engendrer
lafigure,
celle-ci eût étéune figure planaire ; sa transformée
Iao-mographique
serait une autrefigure planaire.
On résumera ces deux remar-ques en disant que
l’espace ponctuel
etl’espace planaire
sonttransformés
.
respectivement
en espaces DE MÊME NOM par toute transformationhomogra- phique.
Effectuons, maintenant,
une transformationdualistique :
parexemple,
unetransformation par
polaires réciproques;
alors toutefigure ponctuelle
sechange
en une
figure planaire
et toutefigure planaire
est unefigure ponctuelle.
On
peut
résumer cette double remarque en disant quel’espace ponctuel
etl’espace planaire
sonttr~ansformés respectivement
en espaces de NOM CONTRAIRE par toutetransformation
DUALISTIQUE.Mais on doit se souvenir que la dualité a été
placée
par Chasles à côté de l’ho-myographie
dès lepremier quart
de cesiècle,
et que lesprogrès
ultérieurs n’ont faitqu’accentuer l’importance
et en mêmetemps
la similitude de ces deux trans-formations fondamentales. On
comprend
doncqu’il
y aitquelque
intérêt à trouverune
conception,
un mode de définition desfigures qui
reste inaltéré par suite de l’une et l’autre de ces transformations.Si l’on considère dans une
figure
nonplus
lespoints qui
la composent, nimême les
plans qui l’engendrent,
mais bien les droitesqui
entrent dans sa con-struction,
nous obtenons un nouveau mode de définition que nous caractérisonsen disant que la
figure
estréglée,
Lafigure réglée
vient donc seplacer
naturelle-ment à côté des
figures ponctuelles
etplanaires.
Maisl’avantage
de ce mode dedéfinition
apparaît
immédiatement si l’on observequ’une
droite a pour transforméeune droite par dualité aussi bien que par
homographie;
car il en résulte aus-sitôt que la transformée d’une
figure réglée
soit pardualité,
soit parhomographie,
est une autre
figure réglée,
ce que l’on peutexprimer
en disant quel’espace
se transforme en un espace de même nom et
homographie
et par dualité.La théorie des
figures réglées
est donc enquelque
sorte lasuprême expression
de la
grande
évolutiongéométrique inaugurée
parPoncelet, Gergonne et Chasles,
et
qui,
bien loin des’arrêter,
tend au contraire àpénétrer jusque
dansla. géomé-
trie transcendante.
Tout théorème concernant une
figure ponctuelle, planaire
ouréglée,
pourras’ap- peler ponctuel, planaire,
Il est clair que tout théorème nonréglé
donnelieu à une
proposition conjuguée,
à savoir celle que l’on en déduit parpolaires
.réciproques.
De là le nom degéométrie
enpartie
doublequi
sert àrappeler
l’habitude
qu’ont quelques géomètres d’opposer
à tout théorème nonréglé
sonthéorème
conjugué.
Parl’emploi
des droites ce double énoncédisparaît,
un seulsuffit pour les deux
propositions.
On en verra bientôt unexemple
dans lagéomé-
trie de la
gerbe
et dans celle dusystème plan.
Pour rendre
plus
claire l’idée dominante de ceparagraphe,
considérons unecourbe dans l’espace.
On peut y voir d’abord un ensemble depoints dépendant d’un paramètre,
savoir lespoints
de lacourbe;
onpeut
y voir aussi un ensemble deplans dépendant
du mêmeparamètre,
à savoir lesplans osculateurs;
enfin onpeut
y voir un ensemble de droitesdépendant toujours
du mêmeparamètre,
àsavoir les
tangentes
de la courbe. La connaissance de Funquelconque
de ces troisensembles suffit pour définir tous les autres au moyen
d’opérations
différentielles faciles à exécuter.Néanmoins,
une étudeapprofondie
des transformationsgéomé- triques
a montréqu’il
y avait lieu de lesdistinguer
les uns des autres et deporter
son
attention,
suivant les cas, tantôt surl’un,
tantôt surl’autre,
bienqu’ils soient,
enfait, inséparables. Représentons
doncprovisoirement
parEp, En, Ed
l’ensemble des
points
d’unecourbe,
l’ensemble de sesplans
osculateurs et l’en- semble de ses tangentes. Si l’on effectue une transformationhomographique,
chacun de ces ensembles se transformera dans un ensemble
identique Ep, Eg, Effectuons,
aucontraire,
une transformationdualistique ; Ep
sechangera
en unsystème E~
etEx se changera
dans lesystème Ep
attaché àmais,
enrevanche,
le
système Ed
sechangera
dans lesystème E~. Ainsi,
il y aura cet avantage à définir les ensembles attachés à une courbe au moyen de l’ensembleEd
des tan-gentes,
que cette définition conservera son caractère par dualité aussi bien que parhomographie.
Tout théorème concernant unsystème Ep,
parexemple,
aurason
correspondant
dans unsystème E~; mais,
si l’on traduit le théorème de tellesorte que le
système Ed (attaché
àEp) figure
seul dans sonénoncé,
laproposition
se trouvera coïncider avec la
proposition conjuguée.
On
pourrait pareillement
définir unesurface,
nonplus
par sespoints
ou sesplans tangents,
mais par ses tangentes; on a été ainsi conduit à despropriétés
nouvelles, qui
montrent bienl’avantage
de la méthode.2. Une droite
possède
elle-même deux modes degénération;
elle est le lieud’un
point;
elle est aussi le lieu d’unplan qui
tourne autour d’elle. Plücker ap-pelle
rayon la droite considérée comme lieu depoints,
et axe la droite considéréecomme lieu de
plans.
Le mot axe estemployé
dans tantd’acceptions,
et, d’antrepart, la distinction est si peu essentielle que nous ne trouvons pas
d’avantage
àrecueillir ces locutions. A vrai
dire,
ilimporte
peuqu’une
droite soit considéréecomme lieu de
points
ou deplans;
elle est naturellement l’un etl’autre,
et ce n’estpas, dans tous les cas, à la
géométrie réglée
à établir une telledistinction;
bienmieux elle doit y être
impuissante, puisqu’elle
reste indifférente à toute transfor- mationdualistique.
La distinction établie par Plücker tient doncplutôt
àl’imper-
fection de sa
méthode, qui
ne sutjamais
se libérer de la considération encom-brante de
l’espace ponctuel
et del’espace planaire.
Dans les travaux de M. Kleinon ne trouve rien de
pareil. Tous
les éléments que l’on y rencontre sont dualis-en
eux-mêmes,
c’est-à-dire se transforment par dualité en éléments iden-tiques ;
et telle doit être notrepréoccupation
dès ledébut,
en définissant les coordonnées. Il pourra sembler aupremier
abord que nous nous écartons decette
règle;
mais nous ne tarderons pas à y rentrer.3. Considérons un espace
ponctuel rapporté
à des coordonnéeshomogènes ponctuelles;
soient x,, x2, x3, xx les coordonnées d’unpoint
x, etl’équation
d’unplan,
lesquantités 1, , ;2, ;3, ~4
seront les coordonnéeshomogènes
de ce
plan,
etl’équation (i) exprime
que lepoint
x et leplan;
sontunis,
c’est-à-dire que le
point
est dans leplan.
Prenons deux
plans (,
cesplans
secoupent
suivant une droiteD,
etl’on pose
où p est un coefficient de
proportionnalité,
lesplans
menés par la droite D et par les sommets du tétraèdre de référence auront pouréquations,
en coordonnéescourantes
Xi,
Si l’on
développe
le déterminant nulon trouve
Prenons
réciproquement
sixquantités
Pi4, p34, p42, p23, liées parl’équation (4),
et formons leséquations (3)
en convenant que Pki=-Pik, on vérifie par un calcul facile que lesquatre plans (3),
en vertu de(4 ~,
se coupent suivant une même droiteD;
on vérifie encore fort aisément que si par cette droite on fait passer deuxplans 1,
~, le binôme((1,
~k- estproportionnel
à
Donc,
sixquantités
liées par
l’équation
définissent
complètement
une droite par le moyen deséquations (3),
où il estentendu que pk~ =-pik. Mais nous devons hésiter encore à
adopter
ces six quan- tités p pour coordonnées de la droite à cause de l’absence de tout caractère dua-listique
dans la définition de cesquantités.
Nous les avons en effetobtenues,
par le moyen deséquations (2)
et(3),
enregardant
la droite D comme intersection de deux ou deplusieurs plans.
Pour lever la
difficulté,
il suffira de faireappel
à la définition corrélative.Prenons deux
points
x, y sur la droite : toutpoint
de cette droite serarepré-
senté par les coordonnées
où
l,
m sont deuxparamètres.
Cherchons la trace de cette droite sur leplan
o ; en posant
où o- est un facteur de
proportionnalité,
nous trouverons que la droite coupe leplan ~« ~
o en unpoint
de coordonnéeson a donc ainsi les
quatre points
en
développant
le déterminant nulanalogue
à ~on constatera que
l’expression
suivante est nulle :Réciproquement,
prenons sixquantités
q34, q42, q23 liées parl’équation (8);
un calcul facile prouve que,grâce
à la seule condition(8),
lesquatre points (7),
où l’on suppose qki_-_. - qik, sont sur une même droite D.4. Nous voilà donc en
présence
d’un nouveausystème
decoordonnées q
de ladroite,
où cetteligne
est maintenant considérée comme lieu depoints. D’après
cequi
a été ditplus
haut sur le caractère de dualité que nous devons conserver à notreexposition,
nous n’aurions pasplutôt
le droit de choisir lesystème
de coor-données q
que lesystème
de coordonnées p. Mais heureusement nous n’avons pas besoin dechoisir,
ces coordonnées se trouvent êtreidentiques.
Partons,
eneffet,
de la droite Dreprésentée
par leséquations (3)
etexpri-
mons que la droite contient les
points
x et y; nous auronsd’où l’on conclut
c’est-à-dire
on
aurait,
demême,
d’où
c’est-à-dire
de la troisième des
équations (3)
on tirerait de même que cesrapports égaux
sontencore
égaux
à~’3~ ,
ensuitequ’on
a définitivementq12
et en
rapprochant
alors les formules(2)
et(6),
et enchangeant
un peu les coef- ficients deproportionnalité,
nous écrironset ce sont ces
quantités
l’ik,susceptibles
d’une doublesignification,
que nousadop-
terons pour coordonnées de la
ligne droite;
ces coordonnées vérifiant la relationquadratique
Cette forme
quadratique w ( r) joue
un rôle essentiel. Nous allons établir à sonégard
uneproposition
de laplus
hauteimportance.
5. Cherchons la condition de rencontre des deux droites r,
r’;
pour cela par-tons des
équations (3),
la droite r sera l’intersection des deuxplans
et la droite sera l’intersection des deux
plans
Éliminons X, et X2
entre(12) et(ia):
nous trouveronsla condition de rencontre, nécessaire et
suffisante,
est doncce
qui
s’écritmais on a
de
plus
r2,, =-- rb?; on a ainsiet
l’équation (13)
devientNos calculs
supposent
que etrff 2
ne sont pasnuls, hypothèse
sansimpor-
tance. La condition cherchée s’écrira donc
Mais,
si l’on sereporte
àl’expression
de w(r),
le
premier
membre del’équation (14)
peut s’écrireon
représente généralement
cetteexpression
par lesymbole
la condition de rencontre
s’exprimera
donc parl’équation
Ainsi,
si l’on construit la POLAIRE 03C9(r,r’)
relative tc deux droitesr,
r’,
l’évanouissement decette forme exprime
la rencontre des droites r et j’.Ce fait
présente
laplus
hauteimportance : grâce
à lui nous pourrons désormaisnous affranchir de toutes considérations
d’espace ponctuel
ouplanaire qui
ne nousont servi
jusqu’ici
que comme intermédiaires pourparvenir
à cette formequadra- tique
u et à lapropriété
siremarquable
de sa formepolaire.
Tout ce noussuffit
de retenirici, c’est que
si l’on choisit sixquantités quelconques
r12,r34, r42, r23, liées par
l’équation
une dr~oite se trouve
définie (peu importe
pour le moment comment la construc-tion de la droite
peut
résulter de cettedéfinition)
et que, deplus,
la rencontre dedeux droites 1, r’
s’exprime
parl’équation r’)
= o.Il est assurément fort
digne
d’intérêt que cettesimple
notion de la forme(0 (r) suffise,
sansdavantage préciser,
pour édifier toute lagéométrie réglée.
6. Notre
premier
soin sera de donner une vueplus large
sur cette forme w. Sinous
exprimons
lesparamètres
rik en. fonction linéaire de six nouveaux para- mètres xirien ne nous
empêche
deprendre
xz, ..., x~ pour nouvellesvariables,
le dé-terminant de la substitution linéaire
(16)
n’étant pas nul. Ces nouvelles variablesseront liées par une relation
quadratique homogène ~(x)
= o, où laforme ~( x)
est la
transformée
de laforme w (r).
Quant
àu(1, ;’)
sa transformée sera,d’après
unepropriété
bien connue desformes
quadratiques,
la formepolaire ~(x, x’). Voici,
ausurplus,
la démonstra-ti on de ce fait. Soient
( r~, :,
j~, ,~,... , r.~3 ), ( r’’~ ?, r~ ~,
...,r~ ~ )
deuxsystèmes
de va-leurs des r, et X2, ...,
xs), (x’~, x’.,,
...,xb)
lessystèmes
de valeurs corres-pondantes
des x. Lesystème (x,
-E-ax~), (x~
+~x;,),
...,(xs
+~,x~ )
où À est unearbitraire, correspondra
ausystème ( r, ~ -~- ~ n’, ,,), ( r, 3 -I- ~~ n’~, ;; ),
..., ( j’, 3
+)~ r:> 3 ),
et l’on aura, par
suite,
d’où
et, identifiant les coefficients de
À2, À,
l, on trouve, outre deux relationsévidentes,
la relation
qu’il
fallait trouver, à savoiroù, d’après
la formule( 1 ~ ) même,
on aLa. forme
particulière
que nous avions trouvée pour la formequadratique
n’a donc rien d’essentiel : une transformation linéaire des
paramètres permet
deramener cette forme à une forme
quadratique quelconque
à six variables(quel-
conque si l’on ne recule pas devant une transformation linéaire à coefficients
imaginaires),
et dont le discriminant n’est pas nul. Onpeut
donc énoncer le théorème suivant : :A tout
système
de six variables x, x2, x3, x4, , liées par une relation= o, de discriminant non
nul,
onpeut faire correspondre
une droite déterminée de
l’espace,
lacorrespondance
ayant ce caractère quel’équation ;(x, x’)
= oexprime
la rencontre de deux droites x, x’.Maintenant que nous avons donné toute son
ampleur
à la notion de cette formequadratique fondanaentale 1(x),
nous pouvonspénétrer plus
avant dans la théorieen
n’y employant plus
désormais que des élémentsdualistiques
etprojectifs.
7. Le
premier
des éléments dont nous aurons à nousservir,
c’est le faisceauplan
desdroites,
c’est-à-dire l’ensemble des droitesqui
sont issues d’unpoint
dansun
plan;
nousappellerons
cepoint
et ceplan
les supports du faisceau de droites.Un faisceau est défini
complètement
par deux de ses droites a etb;
; toutes les autres ont des coordonnées de laforme
ou
?,,
[JL sont desparamètres.
Eneffet,
on a d’abordet comme
~(a)
= o,1( b)
= u et1 (a, b) =
o, à cause de la rencontre des droites aet
b,
il en résultedonc
~7,a~-~-
sont les coordonnées d’une droite x; cette droite faitpartie
du°
faisceau
(a, b);
eneffet,
soit d une droitequi
coupe a et b, on auraet, par
suite,
Les droites
représentées
par la formule(18)
coupent donc toute droite dqui
coupe a
et b ;
cela ne sepeut
que si ces droites x sont dans leplan (a, b),
commeon le voit en
prenant pour d
une droitequelconque
de ceplan ;
demême,
en pre-nant
pour d
une droitequelconque
issue dupoint (a, b),
on voit que toutes lesdroites
(18)
doivent passer par lepoin t (a, b ).
Toutes les droites( 18 ~
font doncpartie
du faisceau(a, b). J’ajoute
que,réciproquement,
toute droite du faisceau(a, b)
estreprésentable
par les formules(18).
Eneffet,
prenons une droite clquelconque coupant’
une droite arbitraire z du faisceau(a, b);
iln’y
aqu’une
seule droite de ce faisceau
qui
coupe d(on
ne suppose pasque d
soitcoupée
partoutes les droites du
faisceau),
et cette droiteunique
c’est la droite z.Or,
onpeut
déterminerÀ,
de sorte que x couped;
il suffit de vérifierl’équation
’
il y a donc une droite
(18) qui coupe d,
et, comme toutes les droites(18)
fontpartie
dufaisceau,
cette droite(18), qui coupe d et
faitpartie
dufaisceau,
nepeut
être que la droite z
qu’on
aprise
arbitrairement dans le faisceau(a, b);
donctoute droite du faisceau
(a, b)
estidentique
à une droite et à une droiteunique
du
système (18).
En
résumé,
si l’on sereporte
aux formules(18),
à toute valeur de A: ~.répond
une droite du faisceau
(a, b),
etréciproquement.
Les formules(18)
réalisent doncla
représentation
du faisceauplan (a, b).
Mais il y a
plus, puisque 03BB:
et les droites dufaisceau
secorrespondent
uni-voquement,
c’est-à-direpuisque
à une valeur de03BB: répond
une droiteunique,
et,
Inversement, puisqu’à
une droite du faisceau nerépond qu’une
valeur de À : p, il enrésulte,
conformément auprincipe
decorrespondance
sous sa forme laplus simple,
que, si l’onprend quatre
droites a,fi,
y, ô du faisceau et que l’ondésigne
par p, 0", ï, u les valeurs
correspondantes
de1,: p,
lerapport anharmonique
y,
3)
desquatre
droites seraégal
aurapport anharmonique (p, ’J",
T.u)
desrapports correspondants
Par
exemple,
les droites~ ~, cc~ -~-
ubi)
et~~ ai - u bi )
furment avec les droites aet b un faisceau
harmonique.
8. Deux droites
qui
secoupent
définissent un faisceauplan;
trois droitesqui
se coupent forment un
triangle
ou un trièdre. Si elles forment untriangle,
toute droite
qui
les coupeengendre
lesystème
des droites d’unplan (système plan).
Si elles forment untrièdre,
toute droitequi
les coupe passe par leurpoint
commun et l’ensemble de ces droites
engendre
ce que l’onappelle
uneg’erbe de
droites,
c’est-à-dire l’ensemble des droites issues d’unpoint
fixe. l.agéométrie
dela
gerbe
et lagéométrie
dusystème plan
sontréciproques;
il ne faut donc pas s’étonner que lagéométrie réglée
ait pour toutes deux le mêmelangage
et soitincapable
d’établir entre elles unedistinction ;
ilfaut,
aucontraire,
y voir unsigne
de cette
perfection
de lagéométrie réglée
àlaquelle j’ai déjà
fait allusion.Soient donc a,
b,
c trois droitesqui
se coupent : nous dirons de toutes les droitesqui
coupenta, b,
cqu’elles
forment unhyperfaisceau,
car ilrépugne d’opter
pour l’une ou l’autre desexpressions
degerbe
ousystème plan qui
seprésentent
avec des titreségaux;
le nomd’hyperfaisceau
n’a rien dechoquant
et convient bien à ces
systèmes qui jouissent,
comme on va levoir,
d’unerepré-
sentation
analogue
à celle des faisceaux. Soient a, b, c trois droites d’unhyper- faisceau : je
dis que l’ensemble des droites dusystème
estreprésenté
par les l’or-mules
où
1,,
~, v sont desparamètres
arbitraires. La démonstration estanalogue
à celledont on a fait usage pour le cas du
faisceau ; je
ne lareprendrai
donc pas iciavec détail. On constate d’abord que
est
identiquement nul,
cequi
prouve que lesquantités
xi sont les coordonnées d’une droite. Ensuite on constate que cette droite x coupe a,b,
c et, parsuite,
fait
partie
dasystème;
enfin on prouvera que toute droite. dusystème
est unedroite
(20),
en montrant que deux droitesd, e quelconques qui
coupent sonttoujours coupées
par une droite(20) unique
engénéral.
9. Nous ferons de ces notions des
applications incessantes, après
avoir toute-fois fait connaître
quelques
notionsgénérales
sur lessystèmes réglés.
La droite
dépend
de quatreparamètres absolus;
les droites del’espace assujet-
ties à une condition conservent trois
paramètres,
leur ensemble constitue un COMPLEXE. Deux conditions ne laissentplus
que deuxparamètres,
la droite en-gendre
alors une CONGRUENCE. Trois conditions réduisent à un lesparamètres,
la droite
engendre
alors une SÉRIE RÉGLÉE; cette sérieréglée
ne forme pastoujours
une
surface,
car les tangentes d’une courbeplane,
parexemple,
ne peuvent pas ètre à proprementparler regardées
comme formant une surfaceréglée.
Il y a,d’ailleurs,
un autre inconvénient àparler
desurfaces réglées : l’hyperboloïde
entant que surface sert,
en effet,
desupport à
deux sériesréglées,
et il y aurait pournous un inconvénient réel à ne pas
séparer
ces deuxséries,
en les confondant dans le même nom desurface
oud’hyperboloïde. Enfin,
quatre conditions déter- minent une droite ou, pour mieuxdire,
un ENSEMBLE DE DROITES. Il y a ungrand
inconvénient à
dire,
comme on le fait souventlorsqu’on parle
d’un élémentgéo- métrique quelconque dépendant
de nparamètres,
que n conditions définissentun élément. Cette locution est vicieuse et revient à nier la théorie des formes bi- naires. En réalité les n
conditions,
ici quatre, définissent un ensemble de droitesgénéralement fini,
et ces ensemblesjouissent
depropriétés
intéressantes donton
perdrait
la notion si l’on se contentait de dire que quatre conditions définis-sent une droite. Pour donner un
exemple
desplus simples,
t.iré d’un autre ordred’idées,
on sait que deuxcubiques planes
définissent un ensemble de 9points qui jouit
depropriétés spéciales,
et que deuxcourbes d’ordres m
et n secoupent
en n’lnpoints
dont l’ensembleprésente
despropriétés générales
aussiéloignées
despropriétés
d’unpoint unique
que lespropriétés
d’une courbe d’ordre mn le seraient d’unesimple ligne
droite.Pour ces motifs nous considérerons donc
cinq
sortes desystèmes réglés.
D’abordl’espace réglé,
ou l’ensemble de toutes les droites del’espace,
ensuite les com-plexes,
ousystèmes
àtriple indétermination ;
les congruences, ousystèmes
dou-blement
indéterminés;
les sériesréglées
d’indéterminationsimple,
et enfin lesensembles de droites d’indétermination nulle.
10. La condition pour une droite de faire
partie
d’un faisceauplan équivaut
àtrois
conditions, puisque
les droites d’un tel faisceau constituent une série ré-glée ;
demême,
la condition de fairepartie
d’unhyperfaisceau équivaut
à deuxconditions.
Considérons,
dèslors,
uncomplexe
dedroites;
celles de ces droitesqui
fontpartie
d’un faisceauplan
constituent un ensemble d’indéterminationnulle;
lenombre des droites de cet ensemble est ce que l’on
appelle
ledegré
ducomplexe.
Au
contraire,
les droites d’uncomplexe qui
fontpartie
d’unhyperfaisceau
forment une série
réglée;
sil’hyperfaisceau
est unegerbe,
on aura toutes lesdroites du
complexe
issues d’unpoint;
leur ensemble forme évidemment uncône,
’ nous
appellerons
ce cône le cône ducomplexe;
toutpoint
del’espace
est ainsile sommet d’un cône du
complexe. Si,
aucontraire, l’hyperfaisceau
est un sys- tèmeplan,
on aura toutes les droites ducomplexe
situées dans unplan
et elles ,y
envelopperont
unecourbe,
la courbe ducomplexe;
toutplan
contient donc sacourbe
enveloppe
ducomplexe ;
mais notons que cette courbe est définie par ses tangentes et pourraquelquefois dégénérer
en un ouplusieurs points;
nous enaurons bientôt des
exemples.
THÉORÈME. - Le
degré
de tout cône ducomplexe
et la classe de toute courbeplane enveloppe
ducomplexe
sontégaux
etégaux
audegré
ducomplexe.
Prenons un
point 0 ;
pour avoir ledegré
du cône ducomplexe
de sommet0,
ilfaut couper ce cône par un
plan
fi mené par 0 etcompter
le nombre de droites ~d’intersection;
l’ensembledes génératrices
ainsi obtenues n’est auLreque l’ensemble des droites ducomplexe
contenues dans le faisceau(0, II);
le nombre de cesdroites est donc bien
égal
audegré
ducomplexe.
Même raisonnement pour la courbe
enveloppe
relative à unplan
fl. Pour avoirla classe de cette
courbe,
oncomptera
les tangentesqu’on peut
lui mener d’unpoint
0 defi;
mais l’ensemble de ces tangentes n’est autre que l’ensemble des droites ducomplexe
contenues dans le faisceau(0, 11);
donc la classe de la courbeest bien
égale
audegré
ducomplexe.
Je reviendrai
plus
tard sur cesquestions générales ;
pour le moment, le théo- rème ci-dessus me suffit.11. Prenons maintenant une congruence. Passer par un
point équivaut
à deuxconditions pour une
droite;
de même être dans unplan équivaut
à deux condi-tions. Donc les droites d’une congruence
qui
sont issues d’unpoint
forment unensemble d’indétermination nulle. Le nombre des droites de cet ensemble est
le
degré
de la congruence. Demême,
les droites d’une congruencequi
sont dansun
plan
forment un ensemble dont le nombre estappelé
la classe de la con-gruence.
12. Une série
réglée
étantdonnée,
onappelle degré
de la série le nombre desdroites de la série
qui coupent
une droite arbitraire. Si les droites forment unesurface
réglée,
cedegré
estjustement
celui de lasurface;
si ellesenveloppent
une courbe
plane,
cedegré est justement,
la classe de cette courbe.Enfin,
on peutappeler degré
d’an ensemble fini de droites le nombre des droitesqui
le composent.Je vais débuter en étudiant les
complexes
dupremier degré,
ainsi que leurssystèmes
communs.CHAPITRE IL
LES COMPLEXES
LINÉAIRES
DE DROITES.Pôle et plan
polaire.
- Faisceaux du complexe. - Droites conjuguées. - Distribution despôles et des
plans
polaires sur une droite du complexe. - Corrélation normale d’un com-plexe. - Propriétés des droites
conjuguées.
- Polairesréciproques
par rapport à un complexe linéaire. - Représentationanalytique.
-Complexes spéciaux. -
Invariant deM. Klein. - Droites conjuguées.
i3. Un
complexe
est dit linéairelorsqu’il
est dupremier degré,
c’est-à-direlorsque, parmi
les droites d’un faisceauarbitraire,
iln’y en
aqu’une qui
fassepartie
ducomplexe.
Le cône ducomplexe
se réduit à unplan,
et la courbe enve-loppe
dans unplan
se réduit à unpoint (lieu
de classe1).
De là ce double théo- rème : :Les droites d’un
complexe
linéaires issues d’unpoint
Pengendrent
rcuplan, qu’on appellera
le PLAN POLAIRE dupoint.
Les droites d’un
corraplexe
linéaire tracées dans unplan
passent par ic~apoint fixe
de ceplan,
lefoyer
ou PÔLE de ceplan.
Il existe donc dans
l’espace
une infinité de faisceaux dont toutes les droites fontpartie
ducomplexe;
ce sont les faisceaux définis par unpoint
et sonplan polaire,
ou, cequi
revient aumême,
par unplan
et sonpôle.
Nousappellerons
ces faisceaux les
faisceaux
ducomplexe
linéaire(’ ).
14. On peut faire découler les
propriétés
ducomplexe
linéaire d’uneproposi-
tion
unique,
dont la démonstration est desplus
aisées.Considérons l’ensemble d’un
plan
II et d’unpoint
0 situé dans ceplan,
lepôle
0’ duplan
II est dans leplan polaire
II’ dupoint
O.Autrement
dit,
si unpoint
0 et unplan
II sont UNIS(voir
n°3),
leurs corres-pondants polaires
dans lecomplexe
sont unplan
n’et unpoint
0’ UNIS. Eneffet,
la droite 00’ fait
partie
ducomplexe, puisqu’elle
passe aupoint
0’ etqu’elle
estdans le
plan polaire
II de cepoint;
mais alors elle doit être contenue dans le( 1 ) On peut comparer avec ce que nous appelons plus loin, dans le cas général d’un complexe quelconque, les faisceaux du complexe.