G ERGONNE
Géométrie de situation. Sur le théorème d’Euler relatif aux polyèdres
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 19 (1828-1829), p. 333-338
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coniques bi-confocales ;
ce théorème consiste en ce que trois coni- quesbi-confocales
étantdonnées ,
si untriangle
mobile et varia-ble de
forme
est constamment circonscrit à l’uned’elles ,
de tellesorte que deux de ses sommets décrivent les deux autres, son troi- sième sommet décrira une
quatrième conique bi-confocale
avec lestrois
premières.
Ce théorème résulte de ce que I.° en
plaçant
le centre du cer-cle directeur à l’un des
foyers,
les troispremières coniques
se trans-forment eu trois cercles ayant un axe de
symptose commun; 2.°
trois cercles tracés sur un mêmeplan,
ayant un axe de symptose com-mun, si l’on inscrit à l’un d’eux un
triangle mobile
et variablede
forme,
dont deux côtésenveloppent respectivement
les deux au-tres, son troisième côté
enveloppera
unquatrième
cercleayant
unaxe de
symptose
commun avec les troispremiers ( PONCENT,
Pro-priétés projectives,
pag. 323).
Châlons-sur-Marne,
le I0 novembre 1828.GÉOMÉTRIE DE SITUATION.
Sur le théorème d’Euler relatif aux polyèdres ;
Par M. G E R G O N N E.
ON
a vu dans le III.me volume duprésent
recueil(
pag.I69)
que ce n’est
qu’après
des tentadves réitéréesqu’Euler
est parvenu àétablir,
d’une manière à la foiscomplète
etgénérale,
son curieuxthéorème sur la relation constante entre le nombre des
faces
ce-- lui des sommets et celui des arêtes d’unpolyèdre quelconque.
OnTom. XIX 45
334 POLYGONES
sait que, dans ces derniers
temps ,
M.Cauchy
adémontré,
d’unemanière
beaucoup pins simple,
un autre théorème dont celui d’Eu- ler n’estqu’un
casparticulier.
En suivant une marche un peu
différente,
M. le docteur J. A.Gruner,
deTorgau,
dans le II.me volume duprécieux
recueil deM. Crelle
( pag. 367 ) ,
est parvenu à démontrer le théorème d’Eu- ler d’une manièreplus simple
encore , et , en suivant la marche tracée parl’auteur,
on peut obtenir une démonstration non moinssimple
du théorème de M.Cauchy,
et ramener ainsi toute cettethéorie à être
racontée,
pour ainsidire,
dans unepromenade,
àquelqu’un
mêmequi
n’aurait aucune notion degéométrie,
ainsique nous allons le faire voir.
Remarquons
d’abord que , si s estle
nombre des sommets d’unpolygone
ouvert,s+
I sera le nombre de sescôtés; c’est-à-dire,
que le nombre des côtés d’un
polygone
ouvert surpasse constam-ment d’une unité le nombre des sommets de ce
polygone.
Soit
présentement
unsystème
noninterrompu,
on, en d’autres ter-mes , un réseau de
polygones contigus
les nns aux autres et for- mante par leurensemble,
unpolygone unique ,
convexe ou non.Soient F le nombre des
figures partielles
composant cepolygone total , S
le nombre despoints qui
leur servent de sommets et Ale nombre des droites
qui
leur servent de côtés.Concevons
qu’on
enlève unquelconque
despolygones
extérieurssans toucher aucunement aux autres ; ceux-ci formeront un nou- veau réseau.
Désignons
par FI le nombre desfigures qui
compo-sent ce
dernier) par Sr
le nombre despoints qui
lui servent desommet et par A’ le nombre des droites
qui
lui servent de côtés.Il est évident que, pour passer du
premier
réseau ausecond ,
on n’aura eu autre chose à faire que de
supprimer
dans celui-làun certain
polygone
ouvert, et,qu’en représentant
par s le nombrede ses sommets, on aura
ET POLYÈDRES. 335
d’où
onconclut sur-le-champ
ainsi,
ensupprimant
un despolygones extérieurs
le nombre despolygones, augmenté
du nombre despoints
servant de sommets etdiminué du nombre de droites servant de
côtés,
demeurera cons-tant ; il en sera donc de même si l’on enlève uu second
poly-
gone
extérieur, puis
un.troisième
et ainsi desuite , jusqu’à
cequ’on
ait enfin amené le réseau à se réduire à unpolygone
uni-que.
Mais,
dans ce dernier cas , on aura évidemmentdonc ,
cette relation auraégalement
lieuquel
quepuisse
être lenombre des
polygones qui composeront
leréseau,
c’est-à-dire que, dans un réseau depolygones contigus
les uns aux auitres, le nom-bre
des polygones, augmenté
du nombre des sommets, surpasse cons-tamment d’une unité le nornbre des droites. C’est le
premier
desdeux théorèmes de M.
Cauchy.
La forme de la déinonstration de ce théorème prouve évidem-
ment
qu’il
estapplicable
auxpolygones plans
,curvilignes
et mix-tilignes,
comme auxpolygones plans rectilignes,
pourvu que l’on admettequ’aucun
despremiers
n’a moins de troiscôtps,
et il n’estpas moins évident
qu’il
serait encorevrai,
sous la même restric-tion,
pour un réseau depolygones curvilignes
tracés sur une sur-face courbe
quelconque.
Enfin,
il sera vrai aussi pour unsystème
depolygones
recti-336 POLYGONES
ligues
tel que deuxpolygones
consécutifspourraient
n’être pas si- tués dans un mêmeplan ; c’est-à-dire,
en d autres termes, pourun
polyèdre
ouvert; de sortequ’en représentant
parf le
nombredes
faces,
par s le nombre des sommets et par a le nombre des arêtes d’un telpolyèdre,
nous devronsavoir
c’est-à-dire que, dans
tout polyèdre
ouvert, le nombre desfaces, augmenté
du nombre des sommets, surpasse constamment d’une unité le nombre des arêtes.Remarquons
que la même relation subsisterai encore, lors mêmequ’on
voudrait faire abstraction tant des sommets que des arêtes extérieures dupolyèdre
ouvert,puisque
les uns et les autres étant enmémenombre,
la valeur def2013a
n’en seraitaucunement affectée;
ainsidans tout
polyèdre
ouvert, le nombre desfaces, augmenté
du nom-bre des arêtes
intérieures,
surpasse constamment d’une unité le nom- bre des sommets intérieurs.Si l’on enlève une
quelconque
des faces d’unpolyèdre
ferméquelconque,
il deviendra unpolyèdre
ouvert danslequel
le nom-bre des faces sera moindre d’une
unité,
tandis que le nombre dessommets et celui des arêtes demeurera le même si donc
F, S
, Areprésentent respectivement
le nombre desfaces
, celui des som-mets et celui des arêtes du
polyèdre fermé,
nous devrons avoir(i)
d’où
c’est-à-dire que, dans tout
polyèdre fermé ,
le nombre desfaces, augmenté
du nombre des sommets, surpasse constamment de deux unités le nombre des arêtes. C’est le théorème d’Euler.Soit
présentement
unsystème non interrompu, ou,
en d’autres termes,POLYÈDRES. 337
un réseau de
polyèdres contigus
les uns aux autres etformant ,
parleur
ensemble ,
unpolyèdre unique,
convexe ou non. Soient P le nombre de cespolyèdres, F
le nombre desplans
leur servant defaces, S
le nombre despoints
leur servant de sommets et enfin Ale nombre des droites leu r setvant d’arêtes.
Concevons
qu’on
enlève unquelconque
despolyèdres extéroeirs,
sans toucher aucunement aux antres ; ceux-ci formeront un nou- veau réseau.
Désignons
par P’ le nombre despolyèdres
de ce der-nier
réseau,
par FI le nombre despians
leur servant defaces,
par S’ le nombre despoints
leur servant de sommets et par AI Îe nom- bre des droites leur servant d’arêtes.Il est évident que , pour passer du
premier
réseau ansecond
on n’aura autre chose à faire que de
supprimer
dans celui-là un certainpolyédre
ouvert, etqu’en représentant
parf
le nombre deses
faces,
par s le nombre de ses sommets intérieurs et par a le nombre de ses arêtesintérieures,
on aura , comme nous l’avonsprouve plus haut ,
mais on aura
aussi ,
d’un autrecôté ,
d’où on conclura
sur-le-champ,
enayant égard à
la relation(I),
ainsi,
ensupprimant
un despolyèdres extérieurs
, le nombre desfaces , plus
le nombre des sommets moins le nombre desarêtes,
338
POLYGONES
ETPOLYÈDRES.
moins encore le nombre des
polyèdres,
demeurera constant ; il en sera donc encore de même si l’oir enlève un secondpolyèdre
ex-térieur, puis
untroisième,
et ainsi desuite, jusqu’à
cequ’on
aitenfin amené le réseau à se réduire à un
polyèdre unique.
Mais,
commealors,
en vertu du théorèmed’Euler,
on auraet comme d’ailleurs on aura
P=I,
on pourra écriredonc cette relation ou son
équivalente
aura
également lien, quel
que soit le nombre despolyèdres
dontle réseau sera
compose ;
c’est-à-dire que , dans un réseau de po-lyèdres contigus les
uns aux autres, le nombredes faces, augmenté
du nombre des sommets, surpasse constamment d’une unité le nom-
bre des arêtes
augmenté
du nombre despolyèdres.
C’est le secondthéorème de M.
Cauchy,
que M.Gruner
n’avait pas démontré.En
rapprochant
cequi précède
des laborieuses recherchesd’Euler,
sur le mêmesujet,
on se trouveramené,
comme dans tant d’autrescas, à cette
réflexion,
savoir :quit
est bien rarequ’une
théoriesorte sous sa forme la
plus simple
des mains de sonpremier
au-teur. Nous pensons
qu’on
sertpeut-être plus
encore la science ensimplifiant,
de la sorte, des théoriesdéjà
connues,qu’en
l’enri-chissant de théories
nouvelles,
et c est là unsujet auquel
on nesaurait
s’appliquer
avec trop de soin.On peut voir à la pag.
I57
du XV.me volume duprésent
re-cueil,
les nombreuses etpiquantes conséquences qui
résultent dece théorème.