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Thérapies brèves : travailler sur et avec la contrainte - Un entretien avec le Pr Olivier Cottencin

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Le Courrier des addictions (18) – n° 4 – octobre-novembre-décembre 2016

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Th érapies brèves :

travailler sur et avec la contrainte

Un entretien avec le Pr Olivier Cottencin*

Propos recueillis par Florence Arnold-Richez

VASTE PALETTE ET TRANSVERSALITÉ

Le Courrier des addictions.

Vous êtes psychiatre, médecin addictologue et votre champ d’exercice et de recherche est la psychiatrie, la psychologie, les neurosciences et la pharmaco- logie. What’s else?

Olivier Cottencin. C’est déjà pas mal ! C’est une palette de centres

d’intérêt que beaucoup partagent aujourd’hui dans le champ de l’addictologie, et qui s’imposent à tous compte tenu de l’état actuel de nos connaissances. En ce qui me concerne, on en retrouve nombre d’éléments dans le choix des thèses que j’ai dû présenter au cours de mon cursus de forma- tion de médecin, de psychiatre et d’addicto logue. Si au début mon cursus était clairement dans le champ de la psychiatrie, en présen- tant le devenir des patients atteints

des facteurs psychiatriques et addictologiques en prétransplan- tation cardiaque sur la survie en posttransplantation. De fait, mon habilitation à diriger les recherches en 2008 avait pour thème l’étude des facteurs de vulnérabilité (biolo- giques, cognitifs et psychopatho- logiques) et de l’optimisation des stratégies thérapeutiques en psychiatrie et addictologie.

Aujourd’hui, c’est ce sujet assez large qui constitue la thématique principale de recherche du service : les facteurs de vulnérabilité et de protection à l’initiation et à l’auto-entretien des conduites addictives.

Mais, à titre personnel, ma formation en hypnothérapie ericksonienne et en thérapie systémique brève à l’institut Milton H. Erickson du nord de la France est un outil thérapeutique de tous les instants que je tente de transmettre à tous les internes qui passent dans le service.

Le Courrier des addictions.

Quelles vous semblent être les perspectives de prise en charge des patients addicts aujourd’hui sur le plan des modalités ? Olivier Cottencin. Celles qui travaillent justement sur l’ensemble de ces plans, pharmacologique, psychiatrique et psychothérapique.

D’ailleurs, mon équipe s’investit sur 2 plans principaux. Le premier, la pharmacologie clinique, en colla- boration avec le Pr Régis Bordet , neurologue et pharmacologue bien connu, qui développe les liens entre neurosciences et pharmacologie.

Et c’est ainsi que le Dr Benjamin Rolland a remarquablement développé la consultation des traitements d’exception (comme la prescription de baclofène hors AMM) et des modèles théra- peutiques innovants. Aujourd’hui en mobilité, son travail est repris par le Dr Louise Carton, qui main- tient cet esprit de “transdisciplina- rité” entre nos 2 services.

Le second plan concerné est dans le domaine des neurosciences, du fait de mon appartenance au grand laboratoire de recherche Sciences cognitives et sciences aff ectives , SCALab (CNRS UMR 9193), qui a vu le jour au début de l’année

Le Pr Olivier Cottencin, professeur de psychiatrie et d’addictologie, est, à 51 ans, et, depuis 2010, le jeune chef du service d’addictologie du CHRU de Lille. Celui-ci comporte un site hospitalier (2 unités d’hospitalisation résidentielle et 2 unités d’hospitalisation de jour, chacune pour l’addictologie générale et les troubles du comportement alimentaire) et un centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie en ambulatoire (CSAPA), généraliste.

Il est également très investi dans l’organisation du diplôme interuniversitaire (DIU) sur les troubles du comportement alimentaire (Lille, Nantes, Montpellier) dont il est le cofondateur et le cocoordinateur national depuis 2010 avec les Prs J.L.Venisse (Nantes) et P. Courtet (Montpellier) et, aujourd’hui, M. Grall-Bronnec (Nantes) et S. Guillaume (Montpellier). Il est également directeur de la capacité d’addictologie clinique et du diplôme universitaire de soins infi rmiers en addictologie de l’université de Lille et coordonnateur interrégional du diplôme d’études spécialisées complémentaires (DESC) d’addictologie (Lille, Amiens, Rouen, Caen).

Il est membre du conseil d’administration du Collège universitaire national des enseignants d’addictologie (CUNEA) et du Collège national universitaire de psychiatrie (CNUP), et, bien sûr, de celui de plusieurs sociétés savantes, parmi lesquelles la Société française d’alcoologie (SFA), le Groupement d’études et de prévention du suicide (GEPS) et l’Association de formation et de recherche des cellules d’urgence médico-psychologique-Société française de psychotraumatologie ( AFORCUMP -SFP).

Sur le plan de la recherche, il participe aux travaux du laboratoire CNRS UMR 9193 SCALab (sciences cognitives et affectives), au sein de l’équipe PsyCHIC (Psychiatrie Croyance Hallucination Illusion Conscience), en tant que responsable de… l’axe illusion ! Vaste programme ! Mais sa marque de fabrique n’a rien du flou de l’illusion, loin de là ! Elle est frappée au coin des “thérapies brèves et de la contrainte”. Dans le cadre de prises en charge psychothérapiques avant tout “compréhensives”, construites avec et pour les patients. Et il

“joue” résolument collectif, travail collaboratif d’équipe, et ouverture sur des coopérations transversales…

* Chef du service d’addictologie, CHRU de Lille ; faculté de médecine de l’université de Lille, laboratoire SCALab CNRS UMR 9193.

de schizophrénie pour ma thèse de médecine en 1995 et l’importance de la toxicité des radicaux libres dans les moments productifs de psychose pour mon mémoire de DES de psychiatrie la même année, ma thèse d’université de neuro- sciences, en 2004, était sur le thème des troubles du fonctionnement de la mémoire autobiographique dans l’état de stress post-traumatique.

Et lorsque j’ai orienté ma carrière en addictologie en 2006, à la demande du Pr  Michel Goudemand , j’ai pu utiliser ces connaissances pour mon DESC d’addictologie en étudiant, auprès du Pr Silla Consoli, l’influence

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Le Courrier des addictions (18) – n° 4 – octobre-novembre-décembre 2016 6 2015. Je dis que c’est un grand

laboratoire, car il regroupe des chercheurs de 2  universités (Lille 3, Sciences humaines et sociales pour la psychologie, et Lille 2, Droit et Santé pour la psychiatrie). Dirigée par le Pr Yann Coello (Lille 3) et par le Pr Pierre Th omas (Lille 2), le directeur adjoint, cette unité mixte de recherche (UMR) a été créée par le regroupement de chercheurs en psychologie et en neurosciences fonctionnelles qui partagent des intérêts scientifi ques. Ce labora- toire développe un programme de recherche sur la cognition, les émotions et les croyances. Ces thématiques, étudiées sur le plan individuel ou en situation d’inter - actions sociales, comprennent des applications innovantes dans le domaine de la santé, des indus- tries créatives et de l’innovation. Il est rare de voir de grands labora- toires ainsi réunis sur ces thèmes de recherche ! Toujours la trans- versalité, et la transdisciplinarité, originale, pour une synergie des expertises…

Le Courrier des addictions.

Sur quels thèmes de recherche travaillez-vous au sein du SCALab ?

Olivier Cottencin. Dans le cadre général du programme de recherche sur la cognition, les émotions et les croyances du SCALab, je travaille dans l’équipe PsyCHIC , un acronyme qui signifi e : Psychiatrie Croyance Hallucination Illusion Conscience.

Avec le Dr Dewi Guardia , je travaille, par exemple, sur l’illu- sion qu’ont les anorexiques d’être trop grosses et sur les biais de reconnaissance de leur corps réel (c’est Hugo Saoudi qui s’y attelle en ce moment). Avec Delphine Pins (chercheur au CNRS), nous travaillons sur les troubles de la familiarité chez les alcoolodépen- dants, et le Dr Philippe Lapierre (chef de clinique dans quelques jours dans le service), qui a réalisé cette étude, s’oriente aujourd’hui sur l’étude de la perturbation de la vision chez les fumeurs de cannabis auprès de Muriel Boucart (directrice de recherche au CNRS). Nous accueillons des

thésards de l’équipe du Pr Jean- Louis Nandrino pour étudier la reconnaissance des émotions chez les patients alcoolodépendants. Et notre projet actuel, avec Fabien D’Hondt ( MCU ), est de nous intéresser à la perturbation des émotions chez les sujets dépen- dants à l’alcool qui présentent un ensemble de troubles causés par l’alcoolisation fœtale (ETCAF) : un facteur de vulnérabilité considé- rable qui les précipite plus facile- ment dans les addictions, comme on le constate dans nos services.

LA CONTRAINTE COMME

UNE CHANCE

Le Courrier des addictions.

Comment amener des personnes qui ne le souhaitent pas, ou du moins n’en expriment pas la demande, à recourir aux soins, pour éviter qu’elles n’aillent plus mal ?

Olivier Cottencin. Cela fait long- temps que je me suis penché sur l’utilisation de la contrainte dans les soins psychiatriques. D’abord, parce que j’ai été longtemps responsable d’une unité de soins attentifs (une unité fermée), mais aussi lorsque j’ai développé la psychiatrie de liaison au CHU de Lille. Un exercice dans lequel les patients sont également rarement demandeurs de soins psychia- triques. En arrivant en addicto- logie, j’ai très naturellement adapté les thérapies systémiques brèves et l’utilisation de la contrainte à ma pratique. Car en eff et, comme le dit le Pr Philippe Jeammet , la contrainte peut être une chance : une chance d’accéder aux soins, une chance de redevenir acteur de sa santé et de s’en sortir soi-même.

En addictologie, bien des patients viennent nous consulter sous la contrainte, qu’elle soit expli- cite (la pression du conjoint, du médecin traitant, de la police, de la justice, etc.), ou implicite (ils s’y sentent obligés, dans l’in- térêt de leurs enfants, de leur entourage, pour conserver leur emploi, pour leur santé, etc.). Les soignants, en retour, se trouvent dans la position paradoxale de

soigner des personnes qui ne le demandent pas, ne le souhaitent pas au plus profond d’elles-mêmes.

Les soignants se retrouvent être à la fois les garants d’un certain ordre social (et sanitaire) et des aidants pour des personnes en souff rance. Il est donc important qu’ils puissent se départir de leur toute-puissance de “ sachant ” face à un patient qui “ ne sait pas” (alors qu’il sait bien des choses sur cette situation qui l’amène dans notre service). Le changement de para- digme est qu’ils doivent accepter de prendre le patient comme il est, là où il en est, dans sa position

“contrainte” . Dès lors, les théra- peutes peuvent comprendre que sa motivation, ses contraintes ne soient pas fixées dans le temps, qu’elles puissent changer. Ils doivent tenir compte de son ambi- valence, de ses résistances, et même de ses rechutes, comme autant de leviers possibles de son change- ment, voire de sa guérison… Nous n’en sommes plus à opposer guérir et punir, et même l’obligation de soins devient une chance dans le parcours souvent chaotique d’un patient addict. Mais encore faut-il avoir les “ outils ” de communication adéquats pour permettre à chacun de comprendre que son implica- tion dans les soins lui permettra de retrouver son libre arbitre, même s’il aura fallu en passer par la coercition, comme nous l’avons développé avec Camille Bence dans un article publié cette année dans La Presse médicale , “ Addic- tions : soins obligés, soins motivés (cf. Sélection de publications) . D’expérience, on n’a pas besoin d’attendre le moment, assez rare dans la vie, où un sujet se dit : “J’en ai marre, je veux me libérer, pour moi” pour qu’il puisse accéder à un véritable changement. Si nous travaillons bien avec la contrainte, nous pouvons dégager des objectifs de changement qui ne seront pas forcément ceux qu’on voudrait leur assigner, mais qui seront effi caces.

Un “thérapeute bref” se satisfait des solutions qui fonctionnent.

À nous de travailler sur et avec ces contraintes, tout en évitant de fabriquer chez le patient des résistances, en nous eff orçant, au contraire d’en faire un moteur puissant de motivation au chan- gement à l’aide de nos thérapies.

TOURISTE,

PLAIGNANT, CLIENT

Le Courrier des addictions.

Pouvez-vous nous donner des exemples de cette approche selon les patients qui viennent vous consulter ou qu’on vous adresse ?

Olivier Cottencin. Nous rencon- trons, schématiquement bien sûr, 3 “ types ” de patients : le premier, c’est “ le touriste” (un terme dont je ne raff ole pas… “consommateur heureux” ou “sujet non concerné”

seraient plus heureux). C’est une personne que l’on nous amène plutôt à son corps défendant (lui, il ne se sent pas mal …). Le “touriste”

est clairement contraint par les autres, et n’a que 3 choix : accepter la demande des autres, la refuser ou la négocier. Mais négocier quoi ? Sûrement pas l’étiquette d’ “alcoo- lique” (qu’il refuse). En revanche, il est prêt à négocier les circons- tances, les conséquences ou les raisons de son comportement : recouvrer la tendresse perdue de sa compagne, par exemple. On va parler avec lui de cet “ objectif ” pour l’amener à estimer jusqu’où il est prêt à aller pour l’atteindre. C’est ainsi qu’on peut arrêter de boire sans se laisser enfermer par l’éti- quette d’alcoolique (toujours stig- matisante et contre-productive).

Le deuxième type de patient est “ le plaignant ”. Lui, souff re à cause des autres, à cause de son chef de service qui le harcèle, de ses parents qui lui ont fait du mal, de son boulot qu’il a perdu, etc. Sans nier, tant s’en faut, les causes réelles de mal-être qui ont leur part dans son comportement, l’objectif thérapeutique est de lui faire comprendre que même si on emmenait son chef ou ses parents en consultation, ce serait toujours lui qui aurait “ le problème” , pas eux ! Il veut changer les autres qui le font souff rir, mais les soignants ne possèdent pas la “ zapette à changer les autres ”. Et quand bien même nous la posséderions, son problème resterait entier. Alors, la question posée sera : en quoi la responsabi- lité des autres a un intérêt pour aller mieux ? Sans nier la réalité, l’objectif est de l’aider à trouver les bonnes stratégies de coping pour aff ronter des événements, ses émotions, les

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gérer ”… Ces stratégies peuvent être variées. On peut même proposer un coping social , pourquoi s’en priver ? Ainsi, dans le service, nous avons 2 assistantes sociales à temps plein, une pour les anorexiques, l’autre pour les abuseurs de substances…

Quoi qu’il en soit, comme l’écrivait le philosophe stoïcien grec Épic- tète (50- 125 ) : “Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses ” et “Notre salut et notre perte sont en nous-mêmes” . C’est donc l’idée que nous nous faisons “ des choses” qui nous fait souff rir. Des citations qui justifi ent pleinement… la psychothérapie ! S’il fallait focaliser toute notre attention sur les faits, les “choses” , et non sur la vision que l’on en a, point ne serait besoin de psycho- thérapie ! C’est ce qu’avait bien compris Freud. Nous allons donc nous attacher à ce ressenti, repré- sentation, vision “ des choses” , pour essayer de “ dégager” avec le patient des facteurs de protection, de rési- lience pour y résister.

Le troisième type est “le client” . Lui, il veut vraiment changer pour lui-même. C’est celui que tous les soignants souhaitent avoir en face d’eux. Et pourtant, lui non plus ne comprend pas vraiment comment et pourquoi il entretient toujours le problème dont il veut se débar- rasser. Car, en réalité, son problème est “la solution” qu’il a choisie pour s’en sortir et qui ne fait qu’entre- tenir le problème. Ainsi, le travail du soignant est de parvenir avec lui à le faire changer de paradigme.

J’ai en mémoire l’histoire de cet homme dépendant à l’alcool qui rechutait sans cesse. En thérapie, nous nous apercevons tous les 2 qu’il se donnait beaucoup de mal pour cacher son “alcoolisme” : plus il le cachait, plus tout le monde s’en rendait compte, et plus il buvait pour ne pas avoir à en parler. Un jour, en sortant d’hospitalisation, il “craque” et en parle à un ami qui l’emmenait au restaurant.

Son ami saluant son “courage” n’a pas bu d’alcool ce jour-là en guise de soutien et d’amitié. Depuis, il ne se cache plus et maintient son abstinence. “Cacher ce qui est” : une bonne méthode pour entretenir les problèmes. J’aime travailler sur ces interactions qui me semblent plus importantes que

la cause du problème elle-même, sur les mécanismes d’auto-entre- tien des conduites addictives et les moyens de les “démonter” . C’est le cœur de mon travail clinique et de recherche.

L E CSAPA,

UN ENTONNOIR DANS LA VILLE

Le Courrier des addictions.

Comment fonctionne votre service d’addictologie ? Vous tra- vaillez sur toutes les addictions, comportementales comprises ? Olivier Cottencin. Oui, nous avons développé des consulta- tions et des prises en charge de toutes les addictions, avec ou sans substances, troubles des conduites alimentaires (l’anorexie), jeu patho- logique, etc.

Le service d’addictologie, dont j’ai la charge, comprend un site hospi- talier et un centre de soins d’ac- compagnement et de prévention en addictologie en ambulatoire (CSAPA), généraliste (dirigé par le Dr Th ierry Danel ).

Le site hospitalier comprend 29 lits d’hospitalisation complète, soit

18 lits en addictologie générale et 11 lits pour les troubles du compor- tement alimentaire (TCA). Nous enregistrons 422 hospitalisations par an, dont 344 en addictologie générale et 78 en TCA. À ces lits, dont j’ai directement la responsa- bilité, il faut ajouter les places en hôpital de jour : 10 places en addic- tologie générale (sous la responsabi- lité du Dr   Caroline Mézerette ) et 10 pour les TCA (dont le Dr Jean Vignau s’occupe). Le nombre d’entrées par an en hôpital de jour est important : 3 937, dont 2 037 en addictologie générale et 1 900 pour les TCA. En ce qui concerne le nombre annuel de consultations que nous assurons, il est de plus de 3 500. J’ajoute 2 “ dyades mère-en- fant” partagées avec le service de psychiatrie périnatale.

Nous avons donc 49  lits au total , mais, malheureusement, l’équipe de liaison et de soins en addictologie (ELSA) est réduite à sa plus simple expression (une psychologue aide le responsable médical et les internes répondent

“à la demande”). Heureusement, le Dr Benjamin Rolland a déve- loppé un partenariat fort avec l’hépato-gastroentérologie, et particulièrement en transplanta- tion hépatique. Et nous collaborons

beaucoup avec la rhumatologie (qui travaille sur l’ostéoporose liée à l’anorexie), et, bien entendu, avec la psychiatrie (sur les comorbidités psychiatrie-addictologie).

Nous avons ouvert aussi une consultation d’avis multidiscipli- naires de traitements d’exception en addictologie (CAMTEA) – dont le responsable était Benjamin Rolland  –, en partenariat avec le Centre d’évaluation et d’infor- mation sur la pharmacodépen- dance (CEIP) de Lille, dirigé par le Pr Régis Bordet . Le but est d’off rir un réseau de consultants et de prescripteurs de traitements pharmacologiques hors AMM, pour des situations de résistance aux traitements classiques (baclo- fène pour l’alcool, topiramate pour la boulimie) et bientôt, nous déve- lopperons d’autres champs, comme la prescription de méthylphénidate dans l’hyperactivité avec défi cit de l’attention de l’adulte.

Enfin, sous l’égide de l’Agence régionale de santé, nous avons participé à la création d’un Pôle régional de spécialisation sur les addictions aux jeux (PRESAJ).

Il s’agit d’une structure régionale de recours pour le jeu patho- logique, en ligne et vidéo. Quatre CSAPA référents répartis dans le

SÉLECTION DE PUBLICATIONS

Articles

Bauwens I, Cottencin O, Rolland B, Bonord A, Guardia D.

Place des soins de support dans la prise en charge de l’anorexie mentale chronique réfractaire. Presse Med 2014;43(3):263-9.

Cottencin O, Bence C. Addictions : soins obligés et soins motivés. Presse Med 2016. [Epub ahead of print]

Cottencin O, Bence C, Rolland B, Karila L. Consé- quences somatiques de l’usage du cannabis . Rev Prat 2013;63(10):1430-2.

Cottencin O, Rolland B, Karila L. New designer drugs (synthetic cannabinoids and synthetic cathinones): review of literature. Curr Pharm Des 2014;20(25):4106-11.

Cottencin O, Guardia D, Karila L, Rolland B. Alcoologie clinique. Presse Med 2012;41(12 Pt 1):1248-58.

Guardia D, Rolland B, Deheul S, Danel T, Bordet R, Cot- tencin O. Prescription hors AMM de topiramate dans le trouble hyperphagique au sein du dispositif CAMTEA.

Th erapie 2012;67(5):480-1.

Guardia D, Conversy L, Jardri R, Lafargue G, Th omas P, Dodin V, Cottencin O, Luyat M. Imagining one’s own and someone else’s body actions: dissociation in anorexia nervosa.

PLoS One 2012;7(8):e43241.

Karila L, Billieux J, Benyamina A, Lançon C, Cottencin O.

Th e eff ects and risks associated to mephedrone and methy- lone in humans: A review of the preliminary evidences. Brain Res Bull 2016;126(Pt 1):61-7.

Nandrino JL, El Haj M, Torre J, Naye D, Douchet H, Danel T, Cottencin O. Autobiographical Memory Defi cits in Alcohol-Dependent Patients with Short- and Long-Term Abstinence. Alcohol Clin Exp Res 2016;40(4):865-73.

Rolland B, Labreuche J, Duhamel A, Deheul S, Gautier S, Auff ret M, Pignon B, Valin T, Bordet R, Cottencin O. Baclofen for alcohol dependence: Relationships between baclofen and alcohol dosing and the occurrence of major sedation. Eur Neuropsychopharmacol 2015;25(10):1631-6.

Rolland B, Deheul S, Danel T, Bordet R, Cottencin O. Un dispositif de prescriptions hors AMM : exemple du baclofène.

Th erapie 2010;65(6):511-8.

Taquet P, Rolland B, Bence C, Liénard S, Cottencin O. Repé- rage des conduites de jeux en addictologie par le Pôle régional de spécialisation sur les addictions aux jeux (PRéSAJ) en région Nord-Pas-de-Calais. Presse Med 2016;45(5):555-8.

Livres

Doutrelugne Y, Cottencin O, Betbèze J . Th érapies brèves :

principes et outils pratiques. Coll. Pratiques en psychothé- rapie. Paris : Elsevier Masson, 2016.

Doutrelugne Y, Cottencin O. Th érapies brèves : situations cliniques. Coll. Pratiques en psychothérapie. Paris : Elsevier Masson, 2009.

Doutrelugne Y, Cottencin O, Betbeze J, Isebaert L, Meggle D.

Interventions et thérapies brèves : 10 stratégies concrètes.

Crises et opportunités. Coll. Pratiques en psychothérapie.

Paris : Elsevier Masson, 2016.

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Le Courrier des addictions (18) – n° 4 – octobre-novembre-décembre 2016 8 Nord-Pas-de-Calais et le service

d’addictologie du CHU de Lille accueillent, orientent et prennent en charge les patients souff rant de cette addiction. Le service d’ad- dictologie du CHU de Lille assure l’activité de recours, de formation et de recherche (recherche assurée par Pierre Taquet ).

Le Courrier des addictions.

Comment le CSAPA de votre dispositif fonctionne-t-il ?

Olivier Cottencin. Oui, c’est le Plan addiction – dont je défends le principe “ d’entrée ” unique dans le système de soins, à charge des addictologues d’orienter les sujets en fonction de leur gravité, en addictologie, en psychiatrie, aux urgences, etc. –, qui nous a permis de fusionner 2 structures que nous avons pu localiser sur le même site, grâce à notre déménagement en 2009 : la structure médico - sociale “ centre de cure ambulatoire en alcoologie ” (CCAA ), Le PARI

(Point alcool rencontres informa- tions) , et le centre spécialisé de soins aux toxicomanes (CSST) du CHU de Lille. Le CSAPA Ville , sous la direction du Dr Th ierry Danel, est donc “ généraliste ” et fait de l’accueil, de l’orientation, de la prévention et dispense des soins aux sujets qui souff rent d’addiction aux substances psychoactives, licites ou illicites, ou d’addiction comportementale.

Il est donc une structure mixte, médicosociale et sanitaire, qui est régie par le CHRU de Lille. Avec plus

de 10 000 consultations par an (tout comportement addictif – consulta- tion jeune consommateur incluse) assurées par les infi rmiers, psycho- logues et médecins du CSAPA, il est un véritable entonnoir dans la ville, qui reçoit toutes les personnes qui le souhaitent, de préférence sans rendez-vous car elles ont le plus souvent trop de diffi cultés à se plier à un cadre, lequel doit être facile à respecter, si on ne veut pas les laisser pour compte ou les faire fuir.

F. Arnold-Richez

SALLES DE CONSOMMATIONS À MOINDRES RISQUES :

L’OUVERTURE !

Attendue depuis de nombreux mois, après bien des péripéties, la première salle de consommation à moindre risque (SCMR), sous l’égide de l’association Gaïa, a été inaugurée le mardi 11 octobre, dans le quartier de la gare du Nord à Paris, dans un bâtiment de l’hôpital Lariboisière (4 rue Ambroise-Paré, 10e arron- dissement).

Comme nous l’avions annoncé dans notre dernier numéro du Courrier des addictions (“Premières Journées européennes des micro- stuctures”, volume XVIII, n° 3, pages 31-33), une autre salle à Strasbourg, dans l’enceinte de l’hôpital, sous l’égide de l’association Ithaque, vient également d’être inaugurée.

Ces dispositifs, mis en œuvre à titre expéri- mental pour une durée de 6 ans par la loi Santé votée en décembre 2015, font partie des actions prévues dans le Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017. La Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les conduites addic- tives (Mildeca) en assure la coordination nationale.

Financés également par la Mildeca, 2 pro- grammes de recherche permettront d’évaluer ce dispositif et son impact sur la santé et l’ordre publics, de façon indépendante : une évalua- tion socio-épidémiologique sera réalisée dans le cadre du programme “Cosinus” porté par l’Inserm. Elle étudiera l’impact des SCMR dans les villes qui en bénéfi cient versus celles qui n’en bénéfi cient pas, à partir d’une série de critères d’effi cacité tels que la réduction des pratiques à risque ainsi que l’amélioration de la situation sociosanitaire des usagers. Elle per- mettra également d’identifi er les conditions opti- males d’insertion de ces salles dans le dispositif médicosocial de prise en charge des personnes présentant des pratiques addictives.

Par ailleurs, une évaluation de l’acceptabilité sociale des SCMR, conduite par le Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale et société (Cermes 3), permettra d’analyser les évolutions de perception vis-à-vis des nuisances associées à la consommation de drogues avant et après la mise en place des SCMR.

QUI SONT LES PERSONNES ACCUEILLIES DANS LES CSAPA ?

L’observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a publié récemment un numéro de Tendances consacré aux caractéristiques du public accueilli dans les quelques 430 Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et le numéro 110 de la publication, rédigé par Chris- tophe Palle, dresse un état des lieux en 2014 et revient sur les évolutions depuis 2007. Deux sources sont mobilisées : les données du dispositif RECAP (Recueil commun sur les addictions et les prises en charge), conçu pour pouvoir être utilisé au niveau européen, et celles présentes dans les rapports d’activité des structures, transmis chaque année à la Direction générale de la santé via les Agences régionales de santé.

Trois groupes de patients sont considérés selon le produit consommé posant le plus de problèmes.

Les usagers d’alcool constituent le groupe le plus important numériquement, au sein duquel la part des plus de 50 ans augmente. Autre caractéris- tique, la situation face à l’emploi des personnes accueillies en CSAPA se dégrade. La part des personnes prises en charge pour leur usage de cannabis est en hausse. On constate aussi chez ces patients une progression du nombre d’usagers quotidiens et dépendants. Enfi n, concernant les usagers d’opiacés, le plus souvent polyconsom- mateurs, on observe un vieillissement et un recul parmi eux des activités professionnelles . Cette analyse aborde également la question des addic- tions comportementales : jeux d’argent, troubles alimentaires, cyberaddiction et autres. Même si

l’eff ectif des personnes concernées est très faible par rapport aux autres groupes, il a rapidement augmenté au cours des dernières années.

Lire le numéro 110 de Tendances (8 p.), juin 2016 ; télé- chargeable sur www.ofdt.fr

PREMIÈRE ENQUÊTE EUROPÉENNE EN LIGNE SUR LES DROGUES

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), en partenariat avec l’Obser vatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA), agence de l’Union européenne basée à Lisbonne, réalise, depuis le 23 mai 2016, la première enquête en ligne française sur les quantités et les fréquences d’utilisation de diff érentes drogues illicites ainsi que sur les sources d’approvisionnement des usagers. Strictement anonyme et ne nécessitant qu’un temps de réponse de 10 à 15 minutes, elle s’adresse à toutes les personnes majeures ayant consommé au cours des 12 derniers mois du cannabis, de l’ecstasy, de la MDMA, de la cocaïne ou encore des amphétamines. Cette “web survey”

est menée en parallèle dans 6 autres pays euro- péens : la Croatie, la Lettonie, les Pays-Bas, la République tchèque, le Royaume-Uni ainsi que la Suisse. Le succès de cette initiative, qui a vocation à se répéter au niveau européen, repose sur une large information auprès du plus grand nombre afi n de recueillir les pratiques des usagers dans toute leur diversité : des plus occasionnels aux plus concernés. Déjà, plus de 1 000 personnes avaient, en juin dernier, répondu à cette première enquête en ligne fran- çaise. Les données seront utilisées à des fi ns de recherche publique uniquement et les résultats seront publiés en français courant 2017.

Si vous souhaitez et pouvez relayer cette enquête, écri- vez-nous à l’adresse enquete-web-europeenne@ofdt.fr.

Un flyer (format carte postale) et une affiche (format A3) sont disponibles sous forme de fichiers pdf.

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