FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1900-1901
'
11° 45L E
Chez la Femme
ocOOCo»
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée etsoutenuepubliquement
le 8 Février 1901
PAR
Silvestre-Pascal SER.PH
Né à Savigné (Vieillie),le
28 Mars 1869
MM. LANELONGUE professeur Président.
BOURSIER professe LAGRANGE agrégé.
POUSSON agrégé.
P • . . , .
\
BOURSIERprofesseur.
Examinateurs de laThese:<) ,LAGRANGEKnj>Kvnr, agrege. , 1/JugesT,.ne.
1j3 Candidat répondra aux
questions qui lui seront faites sur leâ
diverses parties de
l'Enseignement médical.
BORDE1UX
IMPRIMERIE DU MIDI —
PAUL CASSXGNOL
91 — RUE PORTE-DIJKAUX —
91
1901
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
PROFESSEURS MM. MICÉ...
DUPUY
) f Professeurs
honoraires.MOUSSOUS J
Clinique interne
j
Clinique externe
j
Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique Médecine opératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que Anatomie
Anatomie générale et
histologie Physiologie Hygiène
A
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
YERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
CANNIEU YIAULT.
JOLYET.
LAYET.
QHÉGÉS 10!%'
Médecine légale Physique Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique desmaladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicaledes maladiesdes enfants Chimiebiologique...
EXERCICE :
MM.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
de NABIAS FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS DENIGuS.
sectionMM.de médecineCASSAET.
(Pathologie
| interneMM. LE DANTEC.etMédecine légale.)AUCHju. I HOBBS.
SABRAZÈS. |
section de chirurgieet accouchements IMM. DENUCÉ. |
Pathologie externe) VILLARBRAQUEHAYE CHAVANNAZ.
Accouchements \MM. CHAMBRELENT FIEUX.
Anatomie,
section dessciencesanatomiques etphysiologiques
^.
JMM.
' N.PR1NCETEAU
|| PhysiologieHistoirenaturelle MM. PACHON.BEI LUE.Physique. MM.sectionS1GALAS.dessciences| Pharmacie....physiques
COURS CORFEÉ1IENTA I R
Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques Clinique desmaladies des voies urinaires Maladies du larynx, desoreilles et dunez.
Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie
Embryologie Ophtalmologie
Hydrologie etMinéralogie Pathologieexotique
Le Secrétaire de laFaculté:
M. MARTHE.
ES :
MM. DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
RaGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
CHAMBRELENT.
DUPOUY.
PACHON.
N.
LAGRANGE.
CARLES.
LE DANTEC.
LE M AIRE.
Purdélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans hS Thèsesqui luisontprésentées doivent être considérées comme
propres àleursauteurs, qu'elle n'entendleurdonner niapprobation ni improbation.
A LA
MÉMOIRE
DEMES GRANDS-PARENTS
A LA
MÉMOIRE
DEMON FRÈRE RAYMOND
A MA FEMME
A MON PÈRE — A MA
MÈRE
Témoignage de mon
affection.
A MON FRÈRE GABRIEL
SERPH
PHARMACIEN DE 2e CLASSE DES COLONIES AU
SOUDAN
A tous ceux qui m'ont
témoigné quelque intérêt
A MONSIEUR LE DOCTEUR DURAND MÉDECIN DES HOPITAUX
A MONSIEUR LE DOCTEUR MONGOUR
MÉDECIN DES HOPITAUX
A MONSIEUR LE DOCTEUR FAIVRE
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE POITIERS
Souvenir de respectueuse reconnaissance.
A MONSIEUR LE DOCTEUR BOUSQUET
A mon Président
de Thèse
MONSIEUR LE
DOCTEUR LANELONGUE
PROFESSEUR DE CLINIQUE
CHIRURGICALE A LA FACULTÉ DE
MÉDECINE DE BORDEAUX
CHEVALIER DE LA
LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE
L'INSTRUCTION PUBLIQUE
MEMBRE CORRESPONDANT DE
L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
INTRODUCTION
Le cancer
primitif du méat urinaire chez la femme cons¬
titueune
affection rare. Personnellement nous 11e connaissions
surce
sujet
queles articles des traités classiques, en particu¬
lier
l'article de Legueu (in Le Dentu et Delbet). C'est l'exa¬
men d'un cas
observé dans le service de notre maître, M. le
Prof.
Boursier, et diagnostiqué cliniquement cancer du méat,
qui
nousa donné l'idée d'en faire le sujet de notre thèse
inaugurale.
Avant
d'aller plus loin, qu'il nous soit permis de remercier
ici ceux
qui nous ont aidé de leurs conseils et de leur ensei¬
gnement au cours de nos études médicales.
A tous nos
maîtres de la Faculté de Poitiers nous conser¬
vons la
plus vive reconnaissance. M. le Prof. Faivre a tou¬
jours été plein de bienveillance pour nous. C'est un devoir
bien doux que
de lui témoigner ici tout notre attachement.
MM. les D1'3
Durand et Mongour, médecin des Hôpitaux,
nous ont reçu
dans leur service avec la plus grande amabilité;
M. le Prof.
Boursier nous a permis de puiser dans les obser¬
vations de la
Clinique gynécologique les éléments de ce mo¬
deste
travail
;à
euxtous, nous sommes heureux d'exprimer
ici notre
reconnaissance.
Nous
remercions enfin le Prof. Lanelongue du grand hon¬
neur
qu'il
nousfait en acceptant la présidence de notre thèse.
Nous avons cru
bon de faire précéder notre étude de quel-
- 8 —
ques
considérations anatomiques qui
nous permettront de définir nettement ce que nous entendons par tumeurmaligne
du méaturinaire de la
femme, de comprendre
laphysiologie
pathologique de l'organe
malade et la marche de seslésions.
I
Considérations
anatomiques.
Le méat urinaire,
chez la femme, est le point de réunion
du canal urétral et du
vestibule de la vulve. A ce niveau, la
muqueuse
urétrale
secontinue par une transition insensible
avecla muqueuse
vestibulaire. Nous décrirons très rapide¬
ment le vestibule et
l'urètre;
nousdirons aussi quelques
mots de leurs
rapports et de leurs connexions lymphatiques,
dont la connaissance nous sera
indispensable
pourcompren¬
dre la
propagation et la généralisation de l'affection qui nous
occupe.
Le vestibule est une
région triangulaire, limitée latérale¬
ment par
les petites lèvres qui se rejoignent en haut en for¬
mant le
capuchon clitoridien
;en bas, elle est séparée de
l'orifice
vaginal
par uneélevure médiane : le tubercule du
vagin. Sa
muqueuseest lisse, unie, et présente à l'état nor¬
mal une coloration rosée. Au
point de
vueliistologique, c'est
une muqueuse
dermo-papillaire constituée par un chorion
muqueux
surmonté de papilles vasculaires et par un épithé-
lium
pavimenteux stratifié.
Les
lymphatiques de cette région, extrêmement multipliés
(Sàppey),
serendent
augroupe interne des ganglions superfi¬
ciels du
pli de l'aine. Au centra de la région vestibulaire,
immédiatementau-dessusdu
tubercule du vagin, vient débou¬
cher l'urètre que nous
allons maintenant étudier. C'est un
canal, long de 3ô millimètres environ, dirigé obliquement de
haut en bas et d'arrière en
avant et décrivant une légère
courbe à concavité
antéro-supérieure. Il est divisé en deux
portions
parl'aponévrose périnéale moyenne qui le rencon-
tre à 10 ou 12 millimètres du
méat,
au mêmepoint à
peuprès
que
le prolongement de
l'axe de la surface articulaire pu¬bienne. Nous verrons
l'importance
cle cepoint de repère
aupoint de
vueclinique et opératoire.
L'urètre est en
rapport,
en arrière avec laparoi
antérieure duvagin, dont
lesépare
une couche de tissucellulaire, lâche
à sa
partie supérieure, dense
à sapartie inférieure,
constituant la cloisonurétro-vaginale. Cette cloison, triangulaire
surunecoupe,
présente
saplus grande épaisseur,
soit 12millimètres environ,
au niveau de lapartie inférieure
de l'urètre.Au
point de
vuede saconstitutionanatomique, l'urètre
fémi¬nin nous offre à considérer deux
tuniques
: une externe mus-culeuse,
une interne muqueuse. Celle-ci estmince, élastique,
assez
résistante, glissant
sur laprécédente grâce à l'interpo¬
sition de tissu
conjonctif lâche;
onpeut lui
décrire deux couches : un chorion muqueux riche en fibresélastiques
avecpetites papilles vasculaires,
unëpithélium
formé de deux outrois
rangées de
cellulespolyédriques,
surmontées d'une ran¬gée unique de
cellulesprismatiques. En
outre, nous trouvonsau niveau de cette
muqueuse deux
espèces
deformations glandulaires
: desfollicules
et desglandes
en grappe.Ces glandes
ne diffèrent que parleur
forme : elles sonttapissées
par un
épithélium
semblable à celui de la muqueuse urétrale(Tourneux
etHermann), leur
ensemble constitue laprostate
femelle.Les
lymphatiques qui
naissent de l'urètre sejettent
dans lesL'orificeganglions situés
sur les côtés del'excavation pelvienne.
inférieur de
l'urètre,
ouméaturinaire,
est larégion qui
nous occupele plus particulièrement.
C'estun orificepré¬
sentant une forme
arrondie, quelquefois triangulaire,
à som¬met
supérieur,
mesurant 3 à 4millimètres
de diamètre.C'est le
point le plus
étroit et le moins dilatable du canal urétral.Au niveau du
méat, la
muqueuse urétrale se continue insen¬siblement avec celle du vestibule.
D'après Tourneux
et Her¬mann, la muqueuse vestibulaire
pénètre quelquefois
très loin— 11 —
dans l'nrètre
(1 centimètre), surtout sur la partie postérieure
du méat. A
cette région se rattache un certain nombre de
productions glandulaires ; les unes urétrales, les autres vesti-
bulaires. Les
glandes urétrales ont déjà été décrites. Au vesti¬
bule se
rattachent deux ordres de formations : les glandes
péri-urétrales et les canaux de Skene.
Les
glandes péri-urétrales sont semblables aux glandes de
l'urètre, un peu
plus volumineuses.
Les canaux de
Skene, signalés
parcet auteur en 1880, sont
deux conduits
s'ouvrant dans le voisinage du méat, à sa partie
postérieure. Ces canaux, presque constants (80 O/'O d'après
Rochs), existent déjà chez le fœtus à terme ; ils s'accroissent
jusqu'à l'âge adulte, puis s'atrophient à la ménopause. Leur
longueur, chez la femme adulte, est de 4 à 20 millimètres ;
leur diamètre est
tel qu'on peut
yintroduire un stylet de
Bowmann n° 2 ou
3. Dans leur lumière s'ouvrent les con¬
duits excréteurs
des glandes
engrappe en tout semblables
aux
glandes péri-urétrales. Les canaux de Skene ne semblent
donc pas
différer,
aupoint de vue morphologique, de ces
dernières formations.
II
Définition.
Historique. Division.
Connaissant les éléments
anatomiques de la région,
nous pouvons maintenant nouspermettre
de définir ce quenous entendons par « tumeur
maligne du
méat ». Sous cetitre,
nous rangeons toutes lesproductions néoplasiques malignes, développées
auxdépens des
muqueuses urétrale etvestibulaire,
ou encore desglandes
afférentes à cesmuqueuses.
Avant nous, nombre d'auteurs se sont
occupés du
mêmesujet, apportant
chacun lecompte rendu
des cas, peu nom¬breux en
général, qu'ils avaient
observés et les résultats de leurexpérience,
aupoint de
vueclinique
ouopératoire.
En
1844,
leprofesseur
Ribéri(de Turin) rapporte
tout aulong l'observation clinique d'une
femmeopérée
parlui d'un
cancer urétral.
En
1852,
paraîtle Traité
d'anatomiechirurgicale de Jarjavay où l'on peut lire
cettephrase
: « Des tumeurs peu¬vent se
développer dans l'épaisseur
de laparoi
urétrale de la femme ou à la surface interne ; elles sont rares les unes et les autres. Le cancer delàvulve s'étendparfois
àl'urètre.
En1846, j'ai observé
un cancer, borné à lapartie inférieure
dece canal, chez une femme de la
province qui
mourutplus
tard à la suite d'une infection cancéreuse
généralisée.
» De 1864 à1869,
Melclriorirapporte quatre
observations.Dès ce moment, l'affection
qui
nous occupe semble entrer dans saphase anatomo-pathologique,
et toutes les observa¬tions
complètes qui
ont parudepuis
comportent undiag¬
nostic
histologique.
— 13 —
Depuis cette époque jusqu'à nos jours, les publications
scientifiques ont rapporté un certain nombre de cas de can¬
cers urétraux, ou
péri-urétraux, nous les retrouverons au
coursde
cet
ouvrage.Il ya
quelques années, en particulier, la question sembla
acquérir tout d'un coup un regain d'actualité. Successive¬
ment
paraissent plusieurs thèses de Paris où il est traité de
notre
sujet. Ce sont celles de Lahaye, Soullier, Daumy;
enfin
l'excellente thèse de Melville-Wasserman, travail très
documenté
à tous les points de vue, et auquel nous avons
fait de
larges emprunts. A ces travaux français s'ajoutent
ceux
plus récents de Ueberchuss, Dietzer, Goldschmidt.
Signalons enfin les articles des traités classiques : celui
de
Legueu (in Le Dentu et Delbet), celui de Michaux (in
Duplay et Reclus) : l'article enfin de M. le Prof, agrégé
Pousson dans son
Précis des maladies des voies urinaires.
Ces derniers travaux nous
ont été très utiles par leur conci¬
sion même, pour
nous donner une vue d'ensemble du
sujet.
La thèse de Wassermann
contenait une bibliographie très
complète jusqu'en 1895, il nous restait à rassembler les élé¬
ments
épars depuis cette époque dans la littérature médicale.
C'est ce que nous
avons essayé de faire. Notre moisson n'a
pas
été bien grande. En France, nous n'avons trouvé que
deux cas : un
de Reclus, rapporté par Bernard, un rapporté
par
David. Les Allemands nous ont fourni trois cas avec
Otto Bosse,
Ehrendorfer et Scliramm. Un sixième cas enfin
est
signalé
parSaudelin dans un journal étranger qu'il nous
a été
impossible de nous procurer.
L'examen
clinique de notre malade nous .a fait croire un
instant que nous
aussi nous apporterions notre contingent
à la liste des tumeurs
malignes du méat. L'examen histolo-
gique
adétruit en partie nos illusions, comme nous le verrons
plus loin. Nous n'avons pas pour cela abandonné un sujet
sur
lequel
nousavions recueilli quelques observations nou¬
velles et surtout
espérant encore tirer de celle qui nous est
personnelle d'utiles enseignements.
— 14 —
Nous
étudierons,
dans leschapitres qui
vontsuivre, l'étiologie, l'anatomie pathologique, l'évolution clinique, le diagnostic
et lepronostic
du cancer du méat.Nous
essaierons, dans
un dernierchapitre, de
poser lesrègles de
son traitement.III
ÉTIOLOGIE. PATHOGÉNIE
Fréquence.
—Nous l'avons dit en débutant, les tumeurs
malignes primitives du méat urinaire chez la femme se ren¬
contrent très
rarement.
Dans la
statistique de Gurtl {Archives de Langenbeck,
t
XXV),
sur7.479 tumeurs malignes, l'urètre féminin n'est
atteint que
8 fois,. encore s'agit-il, probablement, de
tumeurs
-propagées. Wassermann, en 1895, rapporte 24 cas
de tumeurs
malignes urétrales ou péri-urétrales ; ce qui,
avec les
observations
quenous avons pu réunir depuis lors,
porte à 30 le nombre total des cas connus jusqu'à ce jour.
Age.
—Gomme toutes les tumeurs malignes, le cancer du
méat survient
chez la femme adulte après la ménopause en
général. Cependant,' dans 4 cas, l'âge des malades a varié
entre 29 ans et 38 ans.
Les autres
malades dont Wassermann rapporte l'observa¬
tion ont de 43 à
72
ans.Dans celle que nous rapportons,
l'âge n'est indiqué que 4 fois ; il s'agit de femmes de 50, 56,
57 et62 ans. Nos cas
rentrent donc dans la limite de ceux de
Wassermann.
Causes
prédisposantes.
—On sait peu de chose sur les
causes
prédisposantes d'ordre général.
L'hérédité, même
cancéreuse, ne semble pas avoir une
influencetrès nette;
c'est l'opinion de Legueu ; c'est égale¬
mentcelle de Wassermann
et de la plupart des auteurs.
Winckel relate un cas
dans lequel la mère de la malade
était morte d'un cancer
utérin. Dans nos observations, les
antécédents
héréditaires
nesont mentionnés qu'une fois
— 1G —
(Bosse)
etprésentent
peud'intérêt,
la malade étant issue d'une famille saine.Rien de certain non
plus
sur l'influence des races,climats, professions.
Certaines habitudes
féminines,
entre autresl'usage de la
chaufferette(Lahaye),
sontégalement
citées comme causeprédisposante.
La grossesse, surtout
répétée,
a été incriminée parbeau¬
coup
d'auteurs.
Nous 11e croyons pas que cet élément écolo¬gique ait
une biengrande, valeur,
si nous considérons d'unepart
quele
nombre des cancers urétraux est minime parrapport
au nombre desmultipares
; et d'autrepart, qu'ils atteignent aussi
les femmesqui n'ont jamais
eu d'enfants.Dans nombre
d'observations
de tumeursmalignes du
méat011 trouve
signalées des
lésionsd'organes voisins, leucorrhée,
fibrome ou
prolapsus utérin,
calculs vésicaux. Les causes semblentagir
parirritation
constante de la muqueuse uré- trale ou vestibulaire.Les affections locales de la
région
semblent aussi êtrepar¬fois le
point de départ du
cancer du méat. Lessyphilides
ont été incriminées parHutchinson
etOzanne,
laprésence de
cicatrices parWest,
lesulcères,
lelupus de
la vulve parLahaye
; nous savons quele lupus
avaitdéjà été signalé
par
M. le Prof, agrégé Dubreuilh
commepoint de départ possible
du cancer de la lèvre.Enfin,
il est deux affections localesqui
semblentjouer
ungrand rôle
dans ledéveloppement
du cancer duméat,
c'esten
premier lieu
laleucoplasie vulvaire,
et en second lieu l'existence de tumeursbénignes dans
larégion. Il
nous a paruintéressant
de rechercherparquel
mécanisme se faisait la transformation de ces deux affections en cancer.Les
leucoplasies
ouleucokératoses
sont actuellement très connues aupoint de
vueanatomo-pathologique, grâce
aux travaux deWirchow,
LeDentu, Reclus, Dubreuilh, Eug.
Monod,
Albarran etHalé,
etc. L'étude desleucoplasies vagi¬
nales et
vulvaires,
enparticulier,
a été faite dans ces derniè-- 17 —
res années par
Bex (Th. de Paris 1887) et par Mme de Magon-
deau
(Th. Paris 1897). Bien connus aussi sont les rapports de
ces
productions avec le cancer. Dubreuilh (.Annales de der¬
matologie, 1896) les appelle des hyperkératoses pré-cancé¬
reuses.
Quel
quesoit l'organe où elles siègent, leur transforma¬
tion
maligne est fréquente. C'est ainsi que l'on voit la pachy-
dermie
laryngée de Wirchow précéder le cancer du larynx
(B. Frànkel)
;la leucoplasie buccale se transformer en
épithélioma (Négligan), les productions verruqueuses ou cor¬
nées dela face
prendre chez les vieillards une allure maligne,
laverrue de la suie
précéder le cancer des ramoneurs. Dans
le cas
qui
nous occupe,la transformation des leucoplasies
vulvaires en tumeurs
malignes
aété signalée pour la pre¬
mière fois par
Robert Weir. Dans ce cas également la fré¬
quence
de cette transformation est très grande, 8 fois sur 10
d'après Mme de Magondeau.
Voyons maintenant comment se fait cette transformation.
Autrefois, avec
Leloir (.Bulletins et Mémoires de la Société
anatomique,
1883), leucoplasie et épithélioma étaient deux
affections différentes,
la seconde
ne sedéveloppant que lors¬
que
la première régressait. C'était également l'opinion de
Quénu.
Cet auteur dit
enparlant des papillomes : « Ce qui
donne le
change
surleur nature véritable, c'est que parfois
sur ces
papillomes il
sedéveloppe un épithélioma, mais la
même transformation ne
s'opère-t-elle
pasau niveau des
cicatrices et de tous les
points de la peau qui sont irrités
chroniquement
:plaques des fumeurs, psoriasis, eczéma chro¬
nique ?
»(Traité de chirurgie, de Duplay et Reclus.)
Actuellement, avec
Pichevin et Petit, Le Dentu (cité par
Mme de
Magondeau), les idées sont tout autres et on consi¬
dère la
leucoplasie
comme unpremier stade des tumeurs
malignes.
«La plaque primitive, dit Le Dentu, est déjà un
épithélioma qui évoluera plus ou moins vers la malignité ;
qui
pourrarester stationnaire, mais qui pourra aussi, à l'âge
oùles forces déclinent,
devenir
unnéoplasme vrai, toujours
s. 2
redoutable,
endépit de la bénignité relative
de certains casque nos
observations
ont mis en évidence. Elle estdonc,
anmoins,
unépithélioina
enpuissance, quand
elle n'est pasdéjà
unépithélioma
effectif. »(Revue
deChirurgie, 1896.)
Les stades de l'évolution
histologique des leucokératoses
vers le cancer ont été bien étudiés par
Pichevin
etPetit,
etrapportés dans
la thèse de Mme deMagondeau
àqui
nousempruntons les lignes suivantes.
«
Microscopiquement,
en allant de larégion leucoplasique
vers l'ulcération
épithéliomateuse,
on voit lespapilles deve¬
nir
irrégulières
et s'effacer en mêmetemps
quel'épiderme
envoie dans le derme des
prolongements
avecglobes épider- miques. Ce n'est
queplus loin
quedisparaissent
les coucheshyperkératinisées caractéristiques de
laleucoplasie.
»La transformation en cancer des tumeurs
primitivement bénignes
a étésignalée explicitement, deux fois,
parles
observateursqui
nous ontprécédés.
Dans le cas deRibéri,
il
s'agit d'une
tumeurayant débuté
dans lejeune âge,
cons¬tatée à
l'âge de
onze ans etqui
apris des
caractères de mali¬gnité après la ménopause. Dans
le cas deAlbarran,
unpolype
apparu
à
trente et un ans, traité pardes
cautérisationsrépé¬
tées, devient
un cancer àcinquante-six
ans. Aucun de ces deux auteurs ne nousrenseigne
sur la natureliistologique
de la tumeur
primitive,
nous ne pouvons donc rienprésumer
surle processus de la
transformation.
Dans notre
observation,
nous avons eu la bonne fortune de rencontrerune tumeurqui, diagnostiquée cliniquement
can¬cer du
méat,
nous a paru,après
examenhistologique, n'être qu'un stade
d'un adénome en voie de transformation. Voici l'observation de notre malade due à l'extrêmeobligeance de
M. le Prof. Boursier.
Observation I
(Boursier)
Madeleine V..., soixante-neufans, cultivatrice. Rien à signaler dans les antécédents héréditaires. Premièresrègles à seize ans, irrégulières
jusqu'à vingtans, depuis lors régulières et normales. Jamais de leucor¬
rhée. Ménopause à quarante-neufans, sans troubles. Six grossesses devingt etun àquarante-cinq ans. La première de ces grossesses s'est terminéepar unefausse couche de deux mois etdemi, survenue sans cause connue et qui ne fut suivie d'aucun accident. Les cinq autres grossesses se sont terminées par des accouchements faciles et sans suites. La malade gardait le lit cinq à sept jours après chaque accou¬
chement.
Peu de chose àsignaler commeantécédents pathologiques jusqu'à la maladie actuelle.
Il y a un an,la malade commençaà ressentir, en urinant, une sensa¬
tion de brûlure qui persistait pendant quelques minutes après chaque miction. Cette sensation disparaissait après des lavages à l'eau fraîche.
Progressivement cette douleur a augmenté d'intensité, sa persistance
est devenue plus grandesans que pour celase manifestât aucun autre troubleurinaire.
Il y adeux mois (juillet
1900),
la malade s'aperçut qu'elle portait,auniveau du méat, une petite tumeur de la grosseur d'un pois. Cette
tumeur était très douloureuse au toucher et,en mêmetemps,la malade, qui jusqu'alors n'avait souffertquependant la miction, commença à ressentir des douleurs continuelles. A ce moment aussi elle vit ses
urinesprendre uneteinte rougeâtre etla sensation de brûlure à la mic¬
tions'accrutbeaucoup. Enoutre, depuis trois mois, la maladedit avoir beaucoup maigri, ellea perdu l'appétit et les forces, elleest très cons¬
tipée.
Entrée àl'hôpital, le 3 octobre 1900, dans le service de M. le Prof.
Boursier, salleI, lit 16.
A l'examen de la vulve, on constate l'existence, entre les petites lèvres, d'unetumeur grosse comme une noisette, rouge, dure et adhé¬
rente,non saignante et non ulcérée. Cette tumeur entoure comme d'un
anneau l'orifice urétral, quiestvisible au centre du néoplasme et pré¬
sente une formeétoilée.
Le cathétérismeest facile. Le toucher vaginal montre que la tumeur n'apas dépassé le tiers antérieur de l'urètre en profondeur. La vulve et
levagin sontsains. Il n'y a pas d'adénopathie inguinale.
L'âge de la' malade, larapidité de l'évolution, le retentissement sur
- 20 —
«
l'état général font porter le diagnostic d'épithélioma péri-nrétral.
Enraison du développementde la tumeur(premier stade de
Winckel),
on décide de pratiquer l'ablation large de celle-ci.
Opération, le 5octobre 1900. — Sous
chloroforme,
la malade étanten position dorso-sacrée, on introduit une sonde dans l'urètre. La tumeur est circonscrite par une incision circulaire dans les parties saines. On
dissèque
tout autour, dans les tissus sains, jusqu'au delàdes limites du néoplasme. Section de l'urètre sur la sonde; suture aucatgut de la muqueuseurétrale avec la muqueuse vestibulaire, de façon à reconstituerle méat. Onlaisse une sonde à demeure.Lacicatrisation se fait normalement, la malade quitte l'hôpital, le 20 octobre, l'urètre est très perméable, le méat est bien reconstitué; pas d'incontinence.
L'examen de lapièce aété pratiquéparM. le Prof, agrégé Sabrazès, quia bien voulu nous remettrela note suivante : « Cette tumeur est
anfractueuse.A lapériphérie,les coupes
histologiques
superficiellesmon¬trentqu'elle est constituéepar un revêtement pavimenteux stratifié à
prolongements malpighienspénétrant très profonddans la trame de la tumeur. Quelques cellulesdu revêtement sont vacuolisées ; la trame a
la structure
fibro-muqueuse,
elleest traversée par de nombreux capil¬laires
lymphatiques
; elle présenteçàet làdesfoyers
detissulymphoïde, parfois ce tissu est aggloméré et forme de véritables follicules clos.Les vaisseaux
lymphatiques
sont quelques-unsgorgés delymphocytes.
Plus profondément, le revêtement
périphérique
change de caractère,on se trouve en présence d'unezone de transition entre l'épithélium pavi¬menteuxstratifié du méatetl'épithélium cubique de l'urètre profond.
Le revêtement muqueux estpapillaire, maisconstituépar la stratifica¬
tion de cellules cubiques,avec çà et là
interposition
de culs-de-sac de glandules muqueuses, dans lesquels lescellules proliférées formentunépais revêtement etparfois un tube plein, sans cependant production exogène debourgeons épithéliaux. La muqueuse repose sur un chorion parsemé de tissu adénoïde. Au-dessous d'elle, on trouve du tissu mu¬
queux àcellules ramifiéesqui constitue latrameprincipalede latumeur.
Ce tissu muqueux est entrecoupé par des faisceaux de fibres muscu¬
laires lisses nombreuses. On trouve au centre de la tumeur des vais¬
seaux sanguins avec staseet manchon de
leucocytes.
Dans le corps de la- 21 -
tumeur, on trouve
des glandes muqueuses
•ectasiées, sinueuses, dont
l'épithélium est disposé suivant plusieurs couches stratifiées. Ces pro¬
ductions
glandulaires sont du type adénomateux avec prolifération
cellulaire, sans effraction
de la basale.
Lorsqu'on
comparela tumeur à
unpolype glandulaire simple, la
différence est desplusnettes.
Dans le polype, les culs-de-sac glandulaires
sont petits, avec une
seule assise de cellules gonflées par le mucus, une
lumière centrale ovalaire très nette.
Dans la tumeur qui nous occupe,
lesglandes sont
beaucoup plus volumineuses, sinueuses, avec des végé¬
tations
intra-glandulaires. Les cellules sont moins différenciées vers le
type muqueux
et tendent à devenir atypiques. »
Nous venons de
voir quels étaient les éléments histologi-
ques
de notre tumeur. S'agit-il d'un cancer ? Certainement
non ! maisil y a
plus qu'un adénome.
Enlisant l'observation
d'un
casde Richet, diagnostiqué
aussi cancer de
l'urètre et examiné microscopiquement par
Brault, nous avons
trouvé des analogies telles avec notre
cas que nous avons cru
bon de rapporter ici cette observation
pour
établir le parallèle.
Observation II
(Richet)
Mme X..., âgée de
soixante-quatre
ans, atoujours joui d'une bonne
santé générale. Il y a
vingt-quatre
ans,elle a présenté un fibrome
utérin qui s'est
éliminé spontanément sous l'influence de l'ergot de
seigle. Depuis dix-huit ans
elle
aconstaté l'existence d'une leucorrhée
peu abondante.
La ménopause est venue vers
l'âge de cinquante ans. Il y a cinq ans
environ, la malade éprouva des
démangeaisons à la vulve et des dou¬
leurs à la miction. Depuis six
mois
cessymptômes
sesont notablement
aggravés ; pour la
première fois, il Survint une perte abondante qui
prit, ily a deuxmois environ,
les caractères d'une véritable hémorra¬
gie. Lamalade consulta à diverses
reprises
sonmédecin qui se borna à
quelques injections
banales.
Lorsqu'elle se présenta
la première fois à M. Richet, il fut facile de
— 22 -
constater un notable rétrécissementde la vulve dù à unedureté siégeant
au niveau du vestibule. Par l'examen
direct,
M. Richet constata tout autour del'urètre,
mais surtout à gauche eten haut, une ulcération à bordsindurés,
saignant au moindre contact et à la surface delaquelle
existait une série de granulations semblant se
prolonger
sur la mu¬queuse urétrale. Lapalpation dela face inférieure du canal faite sur une sonde permit dereconnaître que l'induration ne
dépassait
pas, sur cetteface, une étendue de 1 cent.1/2
à partir du méat urinaire. Pas de rétention d'urine.En présence de ces signes, qui permettaient d'affirmer la nature
maligne de
l'affection,
M. le Prof. Richet proposal'extirpation
qui fut acceptéeparla malade.Le manuel opératoire fut
simple.
Line sondemétallique
futintroduite dans l'urètre et la partie infiltrée fixée à celte sonde à l'aide d'une pince à griffes.L'extirpation
au bistouri fut des plussimples
et consista dans l'excision circulaire de toutela partie antérieure du canal ainsi fixé sur la sonde.
Il n'yeut aucun trouble
consécutif,
la plaie se cicatrisa rapidement.M. le Prof. Richet a revu récemment la malade,cinq mois après
l'opé¬
ration. Lejet d'urine est
légèrement
dévié en arrière, mais il n'existe pas derétrécissement.
L'examen
microscopique
a été fait par M. leDrBrault.La tumeur a été trouvée formée uniquement de boyaux, tapissés
d'épithélium cylindrique
sur plusieurs couches.Quand on considère une cavité isolément on voit que l'épithélium est supporté pardes végétations papillaires très
irrégulières
de forme et de dimensions très différentes. Le tissu conjonctifde ces papillesest presque exclusivementembryonnaire. Tout autour desboyaux épithéliaux,
il existe des vaisseauxcapillaires extrêmement dilatés et mêmedans la partie profonde de la tumeur de véritables
hémorragies
interstitielles.Sur sa face libre la tumeur est
exulcérée et quelques cavités viennent s'ouvrir à la surface. La tumeur est encore
d'un trop petitvolume pour affirmer qu'on est en présence d'un épithéliomaau début.
Cependant
l'abondance du tissuconjonctif jeune, laprésence
d'hémorragies
inters¬titielles et
l'irrégularité
du revêtement épithélial des cavités les plus grandes sont bien plus en rapport avecl'hypothèse
d'un épithéliomaqu'en
faveur d'une production glandulaire simple. Or, le néoplasme a
récidivé, ainsi
qu'il
estdit plus loin dans l'observation. Il semble donc
bien quece
soit là
uncasde plus
enfaveur de la fréquence relative de
l'épithélioma
de cette région. Quant à la variété, on sait que la présence
exclusivedecellules cylindriques
dans les premières phases n'indique
nullement que l'on
soit
enprésence de la forme dite cylindrique de l'épi¬
thélioma. D'autre part, vu
la fréquence générale de l'épithélioma pavi-
menteuxetla région où notre tumeur
s'est développée, il est infiniment
probable
qu'il s'agit
encoreici d'un épithélioma pavimenteux.
Peu de chose, en somme,
différencie le
casde Richet de
celui que nous
rapportons. Dans l'un et' l'autre cas, il y a prolifération cellulaire mais intra-glandulaire, sans effraction
de la membrane basale.
L'argument
surlequel Brault
se fonde pouraffirmer la nature épithéliomateuse de cette
tumeur est de peu
de valeur, puisque
nousvoyons récidiver
lestumeurs les
plus bénignes.
Nous croyons
donc être plus près de la vérité en considé¬
rant notre cas et celui de Brault en même
temps
commeun stade oupassage
entre l'adénome et le cancer.
Gomment se fait cette transformation?
Nous n'avons,
ainsi
queBrault, assisté qu'à
uneétape de
cettemarche lente et
progressive;
pourle reste
noussommes obligé de raisonner
paranalogie avec ce qui se passe au
niveau de tumeurs mieux connues.
Depuis longtemps déjà Verneuil
aformulé une théorie
pathogénique qui explique
cedéveloppement, à partir de la
structurenormale des
glandes, des productions àdénomateuses
et
épitliéliales.
Dansun
premier stade, il
y aprolifération intra-glandulaire
des cellules
épithéliales normales
;les cellules remplissent
la cavité de la
glande qui devient bosselée et pousse à l'exté¬
rieur des
bourgeons pleins. C'est
ce queRemack appelle
adénome; Verneuil
luirefuse déjà
ce nom.A
cestade il n'y
a pas
d'effraction de la membrane basale.
Dans un second stade, sous
l'influence d'une irritation
ou— 24 -
sans cause
apparente, la
basale serompt, les cellules prolifé-
rées font
irruption dans
le tissueonjonctif du voisinage.
L'épitliélioma infectant
est constitué.Dans ces derniers
temps, Gouvy (Thèse de
BordeauxT899)
a étudié révolution
anatomo-pathologique des
adénomessudoripares. Il
a réuni un certain nombred'observations
avec examenhistologique et
voici comment il les asynthétisées
:« Dans une
première phase, les glomérules sudoripares
sont comme
œdématiés, le
tubesécréteur, augmenté de volume, présente
uneprolifération exagérée de
sonunique
couche de cellules
épitliéliales,
les tubes excréteurs sontbos¬selés et
irréguliers,'leur
lumière centrale estoccupée
par uneplus
ou moinsgrande quantité
de matière colloïde. Ils sont seulement inconnaissables à leurs deux rangsde
cellules limitées en dedans par une cuticule.Quelques éléments épi-
théliaux de néoformation affectent le
type glandulaire
avecmembrane propre et
lumière
centrale. »Dans une deuxième
phase, dégénérescence
muqueusedes
cellules
qui remplissaient
l'intérieur des canaux,formation
de
kystes,
altération des cellulesépitliéliales,
des fibres mus¬culaires
lisses,
de la cuticule interne et de la membrane pro¬pre
des parois glandulaires qui deviennent
moins caractéristi¬ques
et laissent échapper
audehors, dans
le tissueonjonctif voisin,
ungrand
nombre de cellulesépitliéliales qui s'orga¬
nisenten
cylindres pleins, anastomosés,
sereproduisant
avec une trèsgrande rapidité.
Dans une troisième
phase, envahissement
desparties
pro¬fondes par
les cylindres épitliéliaux,
ulcération des tissussous-jacents,
nécrose desparties
centrales de cescylindres
dont les cellules
deviennent complètement atypiques.
Nous voyons
qu'en
somme cette théorie serapproche de
celle de Verneuil. Pour nous et dans le cas
qui
nous occupe,nous pouvons concevoir que
la transformation
despolypes glandulaires
de l'urètre en cancer se fait par un processusanalogue. A l'inverse
de cequi
seproduit
pourles
leucokéra-toses,
cette évolution despolypes glandulaires
vers la mali-— 25 -
gnité ne' semble pas être la règle. On ne sait d'ailleurs rien
des causes
qui déterminent cette transformation. On incri¬
mineles
irritations locales
;peut-être, étant donné le cas d'Al-
barran,
pourrait-on incriminer le traitement intempestif
agissant de la même façon. Mieux encore, croyons-nous, est
de confesser
notre ignorance à cet égard.
Etant donné
enfin
ce quenous venons de dire, nous pou¬
vons
concevoir maintenant la signification de ces cancers du
méatàévolution en apparence
très lente. Ce ne sont que des
tumeurs
primitivement bénignes, qui après avoir longtemps
évoluécomme
telles subissent à un moment donné la trans¬
formation cancéreuse.
/
■ï
Epithélioma primitif
de l'Urètre chez laFemme.
N°" NOM DED'OBSERVATEUR»
ET INDICATIONS BiliMOGIlAPIIIQUES AGE
NATURE HISTOLOGIQUE
DATE
DITDÉBUT TRAITEMENT RÉSULTATS
ET SURVIE REMARQUES
1 Ribéri, de Turin fin M. Lahaye,
th. de Paris 1888).
58 Squirre. 47ans. Résection totale de l'urè¬
tre,2juin 1844. Bon. Incontinence d'urine pas¬
sagère.
2 Melckiori (Ibid., obs. IV). 65 Cancroïdepé¬
ri-urétral.
3ans. Résection de l'urètre et et de la paroi antre du vagin,2mars1854.
Bon. Pas d'incontinence.
3 Melchiori(Ibid, obs. I). 49 Carcinome péri-urétral.
2 mois. Résection, 12 avril 1862. Pas de récidive après 6 ans.
4 Melehiori (Ibid., obs. II). 52 Squirre péri- urétral.
4 mois. Palliatif.
Mort, septembre
1866. Mort danstique. un étatcachec¬
5 Melchiori(Ibid., obs. III). 51 Cancroïde pé¬
ri-urétral.
2ans.
Palliatif. ?
6 Schlesinger (Wochenblatt der Geselschaft der Aerzte.
Wien 1868, vol. VIII).
58 Cancroïde pé¬
ri-urétral.
? ?
Mort,20 avril
1867. Pièce trouvéeà l'autopsie.
7 Bardenheuer(Jakresberickt1875 des Kolner
Burgerspitals,
Co¬logne 1876, p.222).
30 Carcinome. 6 mois. Curettage,22octobre1875. Mort 8jours après.
Mort d'une hydroné- phrose.
8 Thomastelrics(Améric. Journ.of obs- 1877).
29 Carcinome. 2 mois. Résection de l'urètre au
galvanocautère. Guérison, 26 dé¬
cembre 1876.
9 Winckel (Pathologie derWeibli- ohen Sexualorgane, Leipzig 1881, p 99).
58 Epithélioma. ? Résection de
l'urètre, 19
juillet 1878. Guérison après 3 ans.
10 Winckel, Loc. cit. 36 Epithélioma. 15 mois. ?
Mort, 15 octobre 1878.
„ jn Tarnm
Epithélioma
primitif de l'Urètre chez la Femme.
I
N"NOMDE L'OBSERVATEUR
ETINDICATIONSBIBLIOGRAPHIQUES
AGE
NATURE HISTOLOGIQUE
DATE
DUDÉBUT
TRAITEMENT
RÉSULTATS
ET SURVIE
REMARQUES
11 Péan(Th.
Soullier, Paris 1889).
54 Epithélioma. 5 mois Excision,20 mai1880. Récidive. Récidive opérée au ther¬mocautère le30 octobre 1880.Guérison.
12 Richet(la th.
Soullier).
64 Epithélioma. 6mois Extirpation. Pas de récidive après5mois.13 Picqué(In th.
Soullier).
60 Epithélioma. ? Extirpation auPaquelin,
21 novembre 1887.
Pas de récidive après3 mois.
14 Lwow (Wrntch,
1889).
46 Epithélioma. 2ans. Excision de la tumeur, 20septembre1888.
Pasderécidive après6mois.
Plusieurs opérations an¬
térieures pour polypes
urétraux.
15 Winckel-Frankenthal
(M'ûnche-
ner med. Wochenschrift, 1889, uoXII).
43 Carcinome
péri-urétral.
12 mois. Excision de la tumeurau Paquelin,25janvier
1889.
Récidive après 6semaines.
Mèremorte de cancer de
l'utérus. Incontinence d'uxûne.
16 Reichel
(Sitzungsbericht der
Wûrzburgphys. med.
Gesells-
chaft, 9 mai1890],
64 Epithélioma. 6 semaines. Résectiontre. totale de l'urè¬
? Incontinenced'urine.
17 Reichel(Loc.cit. et
Ueberchuss,
th. Wûrzburg, 1890).
62 Epithélioma. 1 mois. Palliatif.
? Incurable.
18 Mann(Mcdical Neios,
1892, LX).
64 Epithélioma. 6mois. Palliatif.19 Veit-Dielzer(lu th. Dietzer,
Ber¬
lin,1893;.
59 Epithélioma. 9 mois Résectiontotale de l'urè¬
tre, 16février1892.
.Pasderécidive aprèsil
mois.
Incontinenced'urinegué¬
riepar opération
plas¬
tique.
20 Landau Goldschmidt (In th.
Goldschmit, Berlin, 25 mars 1893).
57 Epithélioma. 6 semaines Dilatationdel'urètre.
Mort après
8jours.