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Moroccan Journal of Entrepreneurship, Innovation and Management (MJEIM) ISSN : Volume 5, numéro 1

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Academic year: 2022

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Le mouvement coopératif féminin dans le milieu rural au Maroc : quelle contribution au développement humain ?

The women’s cooperative movement in rural Morocco: what contribution to human development?

Bouchra DEBBAGH

Professeur d’enseignement supérieur, LAREDEL, FSJES- Fès bouchra_db@hotmail.com

Fatima Zahra YOUSFI Doctorante, LAREDEL, FSJES - Fès

yousfifatima40@gmail.com Abstract

The concept of human development covers several dimensions and is a recent field of research. It is a development that ensures the improvement of human well-being, which is not limited to the economy and incomes; it takes into account social, cultural, educational and health factors. In Morocco, the first phase of the National Human Development Initiative (NHDI) from 2005 to 2010 has enabled the establishment of a series of programs aimed at combating poverty, precariousness and social exclusion; it has also made it possible to move from a phase of assistance to a phase of emergence and development of a number of entrepreneurial dynamics.

Since then, the number of cooperatives has multiplied, and we see today that this cooperative movement plays a vital role in the fight against poverty and the creation of jobs, especially for women in rural areas.

The objective of this article is to show how women’s cooperatives can be a real tool for human development.

Our problematic emerges then: «To what extent women’s cooperatives in the rural world can contribute to human development? ». A qualitative study of three women’s cooperatives in rural Fez-Meknes will allow us to illustrate and answer this last question.

Key words: Fight against poverty; Human development; Women’s cooperatives; Rural areas

Résumé

Le concept de développement humain recouvre plusieurs dimensions et constitue un champ de recherche récent.

C’est un développement qui assure l’amélioration du bien-être humain, qui ne se résume pas à l'économie et aux revenus, il prend en compte des facteurs sociaux, culturels, éducatifs et de santé. Au Maroc, la 1ère phase de l’initiative nationale de développement humain (INDH) de 2005 à 2010, a permis de mettre en place une série de programmes orientés vers la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale ; mais a permis également de passer d’une phase d’assistanat, à une phase d’émergence et d’essor d’un certain nombre de dynamiques entrepreneuriales. En effet, et depuis cette date, le nombre des coopératives s’est multiplié, et nous constatons aujourd’hui que ce mouvement coopératif joue un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté et la création d’emplois en particulier des femmes dans le milieu rural.

L’objectif de cet article est donc de montrer comment les coopératives féminines peuvent constituer un véritable outil de développement humain. Notre problématique s’énonce ainsi : « Dans quelle mesure les coopératives féminines dans le monde rural peuvent contribuer au développement humain ? ». Une étude qualitative auprès de trois coopératives féminines dans le milieu rural de la région Fès-Meknès, nous permettra d’illustrer et de répondre à cette dernière question.

Mots Clés : Lutte contre la pauvreté ; Développement humain ; Coopératives féminines ; Milieu rural

Introduction

En 1990, le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) a publié le premier rapport mondial sur le développement humain1, où il montre que le développement,

1 Selon le rapport : « Le développement humain est un processus qui conduit à l’élargissement de la gamme des

possibilités qui s’offrent à chacun. En principe, elles sont illimitées et peuvent évoluer avec le temps. Mais quel

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19 bien plus que la simple amélioration du niveau de vie, doit aider, d’une part, à construire les capacités humaines (en termes de santé, de savoirs et de compétences), d’autre part, à améliorer les possibilités de conversion de ses capacités acquises en réalisations concrètes (loisirs, activités productives, actions dans les domaines culturel, social ou politique). Le principal objectif du développement humain est d’assurer le bien-être des humains à travers l’accès aux revenus et à l’emploi, à l’éducation et aux soins de santé et à un environnement propre ne présentant pas de danger.

Au cours de ces dernières décennies, le Maroc a fait des progrès remarquables en termes de réduction de la pauvreté et de développement humain en général. Ces avancées socio- économiques se sont traduites par une augmentation de plus 41% de son indice de développement humain qui est passé de 0,46 en 1990 à 0,667 en 2018 selon le dernier rapport2 du PNUD. La question de la pauvreté et du développement humain est complexe, c’est un défi auquel le Maroc doit faire face. Dans ce cadre, les pouvoirs publics ont élaboré des stratégies visant la lutte contre la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion sociale à travers le lancement de l’initiative de développement humain en 2005, des stratégies sectorielles (Tourisme 2020, artisanat 2020, Maroc vert…), et des programmes d’auto-emploi.

Malgré ces efforts, le taux de chômage a atteint des niveaux préoccupants, 10,7% en 2017 (HCP, 2017) et les femmes sont les plus touchées par ce phénomène ; aussi pour sortir de cette situation, le travail coopératif constitue pour elles, une grande issue. A la fin de 2017, les coopératives féminines représentent 29% de ces groupements, 2677 coopératives 100%

féminines représentées par 40345 adhérentes (Secrétariat d’État chargé de l’Artisanat et de l’économie sociale, le Matin, 2017).

Dans ce sens, le rôle des coopératives dans le développement économique et social a fait l’objet d’une attention accrue au niveau des stratégies publiques au Maroc. Les coopératives tiennent une place importante dans le développement centré sur l’être humain, elles s’engagent à utiliser et développer pleinement leurs possibilités afin d’éliminer la pauvreté, de créer des emplois productifs pour assurer le plein emploi et renforcer l’intégration sociale3. Ainsi, le nombre des coopératives s’est multiplié, et nous constatons aujourd’hui que ce mouvement coopératif joue un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté et la création d’emplois en particulier les coopératives de femmes dans le milieu rural.

Le rôle primordial que joue le secteur coopératif dans l’évolution des conditions économiques et sociales en particulier en milieu rural, est central et mérite d'être approfondi. Il nous a donc semblé intéressant d’engager un travail de recherche autour de cette thématique afin de clarifier le rôle que revêt le modèle coopératif féminin marocain dans le développement humain. Ainsi, l’objectif de cet article est donc de montrer comment les coopératives féminines peuvent constituer un véritable outil de développement humain. Notre problématique s’énonce ainsi : « Dans quelle mesure les coopératives féminines dans le monde rural peuvent contribuer au développement humain ? »

De cette problématique découlent un certain nombre de questionnements :

- Quelles sont les caractéristiques et les spécificités du secteur coopératif féminin ? - Quelle place occupe ce secteur dans le contexte marocain ?

que soit le stade de développement, elles impliquent que soient réalisées trois conditions essentielles : vivre longtemps et en bonne santé, acquérir un savoir et avoir accès aux ressources nécessaires pour jouir d’un niveau de vie convenable. Si ces conditions ne sont pas satisfaites, de nombreuses possibilités restent inaccessibles » (PNUD, 1990, p. 10).

2 Selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans son classement du développement humain pour le compte de l’année 2018, le Maroc est classé en 123e parmi les pays ayant un

«développement humain moyen » derrière l’Algérie voisine (85e), la Libye (108e) ou encore l’Iraq (120e).

3 Voir Rapport du Sommet mondial pour le développement social, Copenhague, 6-12 mars 1995 [publication des Nations Unies, numéro de vente : E.96 (IV.8)].

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20 - Comment cette forme organisationnelle, peut-elle contribuer au développement

humain ?

Afin de répondre à ces questionnements nous allons dans un premier temps délimiter théoriquement les origines, les concepts et définitions, et établir les liens existant entre le modèle coopératif et le développement humain. Dans un 2ème temps, nous allons présenter l’évolution et les caractéristiques des coopératives féminines du monde rural au Maroc, pour analyser enfin dans une étude qualitative menée auprès de 3 coopératives féminines dans la région Fès- Meknès le rôle et la participation de ces structures à la valorisation des principaux déterminants du développement humain.

1. Vers un développement humain

1.1. Les origines du développement humain

Le concept de développement humain a émergé au cours des années 1990, et est apparu dans le rapport annuel du PNUD sur « Le développement humain dans le Monde », et dans une série de rapports régionaux et par pays. La dimension «humaine» du développement a trouvé ses sources dans les débats nés de la prise de conscience des effets sociaux négatifs, pour de larges couches de la population.

Cette approche différente du développement, fortement inspirée par A. Sen, se distingue sensiblement de la maximisation de la production de richesses qui habite la pensée dominante.

Si la croissance économique est indispensable, elle ne peut garantir à elle seule une progression du niveau de développement humain. Il importe en effet de prendre en compte l’affectation des richesses créées, de mesurer la façon dont elles sont réparties entre les groupes sociaux et les individus. La croissance économique engendre un surplus, mais il existe de multiples façons d’affecter et de répartir ce surplus. L’approche en termes de développement humain a montré les écarts qui existent en ce domaine. Dans ce sens, le développement humain doit permettre à chaque individu d’exploiter au mieux et d’accroître son potentiel dans tous les domaines: politique, économique, social et culturel. Chaque être humain doit disposer au départ de possibilités équitables d’y parvenir ; le choix de la manière d’exercer ces possibilités lui appartient (A. Sen, 1984, 1985, 1992).

Ainsi, le développement humain passe par l’élimination des facteurs d’exclusion socioéconomique. Cette dernière peut être décrite comme ce qui se produit lorsque les personnes n’ont ou ne peuvent pas avoir accès à l’éducation, au marché de travail, à un logement acceptable, aux soins de santé et à d’autres conditions qui permettent de vivre dans l’aisance, de contribuer pleinement à la société, et de se sentir valorisé et respecté par sa communauté (CEPSF-RA, 2000). Ses manifestations sur le plan économique sont : la pauvreté, le chômage, l’emploi non conventionnel, le revenu insuffisant pour les besoins fondamentaux et la participation à la société, l’inégalité, l’écart des revenus, la privation, l’insécurité, la dépréciation de la prestation de soins, l’analphabétisme, l’accès impossible à l’éducation. De telles situations nécessitent la conjugaison des efforts des différentes parties prenantes pour réaliser les conditions inverses qui permettent l’inclusion socioéconomique.

1.2. Définition du développement humain

Le rapport mondial sur le développement humain (PNUD 1990, p. 10) a défini le développement humain comme un processus qui conduit à l’élargissement de la gamme des possibilités qui s'offrent à chacun. En principe, elles sont illimitées et peuvent évoluer avec le temps. Mais quel que soit le stade de développement, elles impliquent que soient réalisées trois conditions essentielles : vivre longtemps et en bonne santé, acquérir un savoir et avoir accès aux ressources nécessaires pour jouir d'un niveau de vie convenable. Si ces conditions ne sont pas satisfaites, de nombreuses possibilités restent inaccessibles.

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21 En fait, le PNUD divise le développement humain en deux aspects : les capacités personnelles et l’emploi de ces capacités par les individus. D’abord, le PNUD considère la création de

«capacités personnelles4 » pour un individu afin de mettre en place des conditions faisant en sorte que tout être humain puisse atteindre et maintenir un bon état de santé et développer ses connaissances et aptitudes multiples (mise en place d’un système de santé, d’éducation, etc.).

Selon A. Sen, cela correspond à l’augmentation de chaque fonctionnement. Ensuite, le PNUD s’attarde à l'emploi que les individus font de ces capacités dans leurs loisirs, à des fins productives ou culturelles, sociales et politiques. En d’autres termes, l’objectif qui sous-tend ce deuxième aspect est que les individus puissent profiter de ces « capacités » acquises, pour les utiliser à leur gré, dans des activités professionnelles ou dans leurs loisirs.

1.3. L’apparition de l’indice de développement humain (IDH)

La prise de conscience s'est élargie sur le fait que le seul critère de croissance du PIB était très insuffisant pour caractériser l'état réel de développement d'un pays ; l'état de ses systèmes d'éducation, de santé, entre autres, devait aussi être pris en compte. Ceci s'est matérialisé, via les efforts du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) par son premier rapport mondial sur le développement humain en 1990 qui a introduit une nouvelle mesure du développement, sous la forme d’un indicateur synthétique : l’Indicateur de Développement Humain (IDH). Trois dimensions sont ici prises en compte : la durée de vie, mesurée d’après l’espérance de vie à la naissance, l’éducation mesurée par le taux d’alphabétisation des adultes, et enfin le niveau de vie mesuré par le PIB réel par habitant ajusté au pouvoir d’achat.

L’IDH était obtenu en fonction de la moyenne de ces trois indicateurs, c’est pourquoi il s’agit d’un indice composite, c’est-à-dire un indice qui en agrège d’autres. Les pays sont ensuite classés selon leur résultat allant de 0 à 1, où 1 serait la plus haute note.

Dès l’apparition du nouvel indice (IDH), un ensemble de critiques ont été émises. D’abord, plusieurs auteurs ont contesté la qualité des données utilisées dans l’IDH et ses lacunes méthodologiques. A première vue, ces indicateurs ne semblent pas suffisants pour rendre compte du bien-être de toutes les populations, tant leur nombre est limité et leur calcul trop

«inconsistant». Perkins, Radelet et Lindauer (1991) disent « nombreux sont ceux qui seraient d’accord avec le concept fondamental sous-jacent au développement humain », mais c’est le passage du concept à la mesure qui pose problème. D’après (Bagolin et Comim, 1992), l’IDH ne contient pas de mesures d’inégalité à proprement parler et que les inégalités entre les nations ne sont pas prises en compte dans l’indice. Enfin, (Hicks, 1997) ajoute l’absence de mesures d’inégalité à l’intérieur des pays entre les groupes sociaux et les sexes.

En réponse à cela, le PNUD a présenté dans sa vingtième édition de son rapport annuel d’autre indicateurs synthétiques, l’indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) est une version améliorée de l’Indice de pauvreté humaine créé en 1997 qui mesure l’importance des dénuements vécus par les populations dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’accès à certains services de base. D’autre part, dans les autres nouveautés du rapport de 2010, nous pouvons compter l’Indice des inégalités de genre (IIG), qui exprime le désavantage des femmes sur plusieurs plans, notamment la santé génésique, l’autonomisation et le taux d’activité sur le marché de l’emploi. Celui-ci vient donc remplacer les anciens Indicateur sexospécifique de développement humain (ISDH, créé en 1995) et Indicateur de participation des femmes à la vie économique et politique (IPF, créé en 1995) en une formule plus actualisée.

2. Les coopératives et le développement humain : quels liens ?

2.1. Le rôle des coopératives

4 La version anglaise du rapport parle de « human capabilities ».

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22 La coopérative, par sa double nature économique et sociale, favorise l’intégration sociale de classes exclues et l’amélioration de leur niveau de vie à travers des activités génératrices de revenu. Le rôle des coopératives ne se limite pas à la satisfaction de ses membres, mais il tend à contribuer au développement de la communauté sur plusieurs plans (M. Gertler, 2001) :

- sur le plan économique à travers la création des emplois et des revenus ;

- sur le plan social par la valorisation des ressources humaines, la diffusion des valeurs d’entraide, de l’équité et de solidarité, du bien-être social et économique en intégrant les personnes marginalisées dans le but de réduire le chômage, la pauvreté et la discrimination ;

- sur le plan environnemental par la sensibilisation de ses membres sur l’importance de préserver l’environnement dans une perspective du développement durable.

2.1.1. Réduction de la pauvreté

A travers le monde, les coopératives se sont étendues et ont gagné divers secteurs et activités comme l’agriculture, les pêcheries, le logement, l’artisanat, l’assurance, l’eau et l’électricité ainsi que les soins de santé. Ainsi, elles jouent un rôle primordial en contribuant à l’élimination de la pauvreté à la fois directement en améliorant la situation économique et sociale de leurs membres et employés, et indirectement en stimulant l’économie et en renforçant le tissu social des communautés dans lesquelles elles sont implantées. D’autre part, cette forme d’organisation économique et sociale favorise l’initiative personnelle, elle aide leurs membres à subvenir à leurs besoins d’ordre social et économique. Elle génère des revenus et fournit des emplois en mettant en commun des ressources individuelles limitées et en diminuant les risques tout en favorisant l’intégration sociale et la cohésion des communautés.

Leur importance découle des valeurs et des principes qu’elles représentent pour leurs membres et pour la communauté qui mettent l’accent sur la responsabilité sociale et le développement communautaire (tableau 1). En d’autres termes, si l’objectif est d’aider les pauvres à faire preuve d’initiative grâce à une activité économique qui met à profit leurs atouts et compense leurs insuffisances, ces entreprises sont soucieuses de l’être humain et présentent des avantages essentiels (Johnston Birchall, 2004).

Tableau 1. Les coopératives : valeurs et principes Qu’est-ce

qu’une coopérative?

Une coopérative est une association autonome de personnes unies volontairement pour répondre à leurs besoins et leurs aspirations économiques, sociaux et culturels communs par une entreprise leur appartenant en commun et régie démocratiquement.

Valeurs Les coopératives sont fondées sur les valeurs d’autonomie, de responsabilité à l’égard de soi, de démocratie, d’égalité, d’équité et de solidarité. Suivant la tradition de leurs fondateurs, les adhérents des coopératives croient dans les valeurs morales que sont l’honnêteté, l’ouverture, la responsabilité sociale et le souci des autres.

Principes Adhésion volontaire et ouverte Pouvoir démocratique des membres Participation économique des membres Autonomie et indépendance

Éducation, formation et information Coopération entre coopératives Dévouement à la collectivité

Source : (Andrew Bibby et Linda Shaw, 2005).

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23 2.1.2. Production de revenus et création d’emplois

Les coopératives mettent en commun les ressources individuelles limitées de leurs membres et créent ainsi des entreprises qui permettent à chacun de participer à la production, de partager les bénéfices, de réduire les coûts ou de partager les risques. Elles ont pour but de promouvoir le bien-être économique et social d’individus qui, seuls, ne pourraient pas créer leur propre entreprise. Leur valeur ajoutée tient à ce qu’elles peuvent fournir des services, utiliser les ressources, commercialiser les produits ou les services beaucoup plus facilement que ne le feraient des individus isolés, en particulier les pauvres.

Les coopératives jouent un rôle important dans les différents secteurs économiques en particulier l’agriculture, l’une de leurs formes les plus courantes est la coopérative de production agricole. Cette forme permet aux agriculteurs éloignés des centres urbains d’accéder à des marchés, notamment à l’international, auxquels ils n’auraient pas accès individuellement. Étant donné qu’une majorité de pauvres vivent en milieu rural et travaillent dans le secteur agricole, ces types de coopératives constituent un bon moyen pour les agriculteurs pauvres d’augmenter ou de conserver leurs revenus.

2.1.3. Intégration et cohésion sociale

Les coopératives peuvent contribuer utilement à renforcer l’intégration et la cohésion sociale en répondant précisément aux besoins des populations les plus démunies et les moins favorisées de la société surtout les femmes dans le monde rural et les groupes marginalisés.

Elles peuvent aider à promouvoir et faciliter le renforcement des capacités et l’investissement dans le capital humain grâce à la formation et l’éducation de leurs membres, en leur offrant la possibilité d’acquérir des compétences dans les domaines de l’entreprise, de l’organisation et de l’exploitation collective de l’information.

En outre, les valeurs qui animent les organisations coopératives peuvent véhiculer des valeurs sociales et inspirer d’utiles modèles d’identification. En principe, les valeurs coopératives – honnêteté, transparence, responsabilité sociale et altruisme – favorisent la compréhension mutuelle chez les coopérants, leur permettant ainsi de travailler et de vivre en harmonie.

D’autre part, l’approche participative et démocratique du mouvement coopératif aide également à responsabiliser les pauvres et à leur permettre de mieux se faire représenter.

2.2. Le système coopératif vecteur de développement humain

Le développement humain est un développement qui met l’être humain au centre de ses préoccupations, il insiste sur la capacité des individus à prendre leurs décisions, à respecter leur environnement social et naturel, à agir en collectif. Cette vision semble largement partagée par le paradigme coopératif (Attouch, 2011) qui met l’épanouissement et la dignité de l’homme au centre de ces préoccupations sans oublier les obligations des coopératives d’être socialement responsables et de garantir les droits des générations futures. Dans ce sens, le modèle coopératif se propose comme une véritable alternative d’inclusion socioéconomique et de cohésion sociale surtout pour les populations pauvres ou démunies ou en situation de précarité ou tout simplement défavorisées.

Sur un autre plan, la finalité d’un développement humain est l’amélioration des conditions de vie des individus, le respect de leur droit, la satisfaction de leurs besoins essentiels tout en garantissant la préservation des ressources naturelles. Nous résumons les objectifs de ce type de développement dans la figure 1, en mettant en valeur le modèle coopératif, vu que les principes de ce dernier épousent parfaitement les exigences du développement humain aussi bien au niveau des valeurs et des finalités (libre adhésion, altruisme, intérêt collectif, utilité sociétale, durabilité, démocratie…) qu’au niveau des pratiques au niveau territorial (auto- emploi, proximité, action participationniste, entreprendre autrement, dynamique innovante,

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24 commerce équitable, saisonnalité, initiatives socioéconomiques, éducation, …) (Drainville, 2001; Attouch, 2011; Elkandoussi et al, 2011).

Figure 1. Lien entre le modèle coopératif et le développement humain

Source : Auteurs

Ce modèle de liens coopératives /développement humain montre bien comment le système coopératif à travers ses valeurs de solidarité et sa finalité sociale, répond aux exigences et aux principaux déterminants du développement humain :

- Développement des capacités personnelles : les principes d’éducation et de formations dispensées par les coopératives contribuent fortement au développement des capacités à travers des actions de formation visant l’amélioration des connaissances, habiletés et attitudes de ses membres.

- Amélioration de la qualité de vie et des libertés : les coopératives ont un rôle important dans la réduction de la pauvreté. Elles agissent comme des catalyseurs dans l’amélioration des conditions de vie de leurs membres en permettant l’autonomisation des personnes défavorisées et en facilitant leur accès aux ressources qu’ils utilisent afin de subvenir à leurs besoins.

- Satisfaction des besoins essentiels (éducation, santé, emploi..) : les coopératives ont un rôle majeur dans la création d’emplois et de sources de revenus. Aussi, elles peuvent constituer une source directe de financement de l’éducation et d’accès aux soins de santé à travers l’augmentation des revenus de leurs membres.

- Respect des droits de l’homme : les coopératives contribuent à renforcer l’égalité entre hommes et femmes, non seulement par une proportion croissante de femmes parmi leurs membres, mais en élargissant un peu partout le champ des possibilités offertes aux femmes dans les économies et sociétés locales.

2.3. Présentation des caractéristiques du modèle coopératif marocain 2.3.1. Evolution et caractéristiques

Au Maroc, les coopératives font partie du paysage socioéconomique du pays depuis plus d’un demi-siècle. Elles sont considérées comme l’une des composantes majeures de l’économie sociale et solidaire. En effet le secteur contribue de manière efficace à la création de projets générateurs de revenus et de postes d’emplois et participe à la résorption du chômage, en

Développement humain

• Développement des capacités personnelles ;

• Amélioration de la qualité de vie et des libertés ;

• Satisfaction des besoins essentiels (éducation, santé, emploi) ;

• Respect des droits de l’homme.

• Production des revenus et création d’emploi

• Valorisation des ressources humaines

• Réduction de la pauvreté et l’exclusion sociale

• Assurer l’intégration sociale Système coopératif

L’être humain

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25 particulier dans le monde rural, vu la part importante qu’il représente dans les différents programmes de développement socio-économique du pays.

L’essor que connaît le travail des coopératives au Maroc est dû en particulier aux efforts du gouvernement marocain dans le cadre de la nouvelle loi qui vise à simplifier les procédures de création des coopératives, et à valoriser leurs produits en mettant à leur disposition de nouveaux mécanismes de financement et des structures d’accompagnement. C’est avec le lancement de l’initiative de développement humain INDH en 2005 que la création des coopératives a augmenté, notamment dans le milieu rural, qui souffre le plus de l’exclusion et de la pauvreté.

Au niveau institutionnel et réglementaire, la loi n° 24-83 fixant le statut général des coopératives et les missions de l’office du développement de la coopération a été promulguée par le dahir n° 1-83-226 du 5 octobre 1984. Cette loi était de nature à instaurer un partenariat effectif entre le gouvernement et le mouvement coopératif et visait à promouvoir une meilleure législation à même de soutenir les actions des coopératives, de favoriser la formation, la recherche, l’échange de bonnes pratiques et la mise en valeur des ressources humaines.

Aussi, un nouveau projet de loi n° 112-12 relatif aux coopératives a été adopté par la chambre des représentants le 16 juillet 2014. Il définit la coopérative comme "un groupement de personnes physiques ou morales, qui conviennent de se réunir pour créer une entreprise"

(article 1). Dans le cadre de cette nouvelle loi, la procédure de création des coopératives est simplifiée, de même que l’obligation de l’obtention d’un agrément est supprimée. Le capital minimum pour leur constitution est fixé à 1 000 dirhams. Les coopératives doivent effectuer leurs enregistrements dans le « registre des coopératives ». Il s’agit de l’une des nouveautés de ce texte. Il est «constitué d’un registre central, tenu par l’Office de développement de la coopération (ODCO) et de registres locaux tenus par les secrétariats greffes des tribunaux de première instance » (article 9). Il permet aussi de conserver les dossiers des coopératives, de diffuser les informations afférentes et vulgariser leur activité auprès des tiers.

2.3.2. Le mouvement coopératif féminin

Le secteur coopératif joue un rôle très important dans l’émancipation de la femme marocaine et son insertion dans le tissu économique en particulier dans le milieu rural où les femmes souffrent encore de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Les études de l’ODCO montrent que le mouvement coopératif féminin au Maroc est en plein évolution. Selon ses statistiques, les coopératives créées entre femmes sont passées de 986 en 2010, à 2 280 coopératives au 31/12/2015 avec un nombre d’adhérents qui a atteint 37 960.

La création de ces coopératives est fortement focalisée sur la région Laayoune-Assakia Al Hamra qui prédomine avec 17%, suivie de la région Souss- Massa avec 5%, suivie des deux régions Marrakech-Safi et Fès-Meknès avec 10% (tableau 2).

Tableau 2. Les coopératives de femmes par région en 2015

Région Nombre Adhérents Capital en DH

LAÄYOUNE-ASSAKIA AL HAMRA 393 3 457 1 246 443

SOUSS-MASSA 352 8 947 1 994 800

MARRAKECH-SAFI 227 4 497 2 043 189

FES-MEKNES 226 3 558 2 845 222

TANGER-TETOUAN-AL HOCEIMA 216 3 168 2 303 485

GUELMIM-OUED NOUN 199 2 182 489 750

BENI MELLAL-KHENIFRA 133 2 221 1 775 647

ORIENTAL 129 1 902 703 226

DRÄA-TAFILALET 129 4 712 1 400 838

CASABLANCA-SETTAT 127 1 640 1 047 104

(9)

26

RABAT-SALE-KENITRA 107 1 372 1 021 910

EDDAKHLA-OUED EDDAHAB 42 304 140 600

Total 2 280 37 960 17 012 212

Source : (ODCO, 2015)

Ainsi, les coopératives féminines sont présentes dans les différents secteurs économiques. Par ailleurs, le secteur d’artisanat prédomine le tissu coopératif féminin avec 43% (987 coopératives), le secteur d’agriculture vient en second, avec un taux de 34% et l’Argan occupe la troisième place avec un taux de 12% (tableau3).

Tableau 3. Répartition des coopératives de femmes par secteur en 2015

Secteur Nombre de coopératives Adhérents Capital DH

Agriculture 763 13 835 6 724 659

Alphabétisation 8 59 102 600

Argan 274 7 117 1 877 126

Art et culture 1 14 7 000

Artisanat 987 13 965 7 379 626

Commerçants détaillants 10 70 20 750

Consommation 3 22 12 400

Denrées Alimentaire 170 1 766 597 501

Forêts 7 127 26 400

Imprimerie-papeterie 1 7 700

Main d’œuvre 13 101 20 850

Pêche 8 178 55 300

Plantes médicinales et aromatiques

35 699 187 300

Total 2 280 37 960 17 012 212

Source : (ODCO, 2015)

On peut constater que les coopératives participent d’une manière importante dans l’autonomisation économique et sociale des femmes marocaines de plusieurs manières.

D’abord, elles leur assurent la participation à la production économique en leur permettant de générer des revenus de leurs activités jusqu’alors de subsistance. Ce faisant, les femmes ont la possibilité d’accroître leur pouvoir décisionnel et leur autonomie autant dans la famille que dans la collectivité. Dans certains cas, elles permettent même aux femmes de surmonter les contraintes culturelles qui restreignent leurs activités économiques. Ensuite, les coopératives permettent aux femmes de créer des réseaux favorisant leur émancipation et leur insertion dans leur collectivité.

3. Etude de cas

3.1. Champ d’application et méthodologie de recherche

Notre démarche de collecte des données s’inscrit dans une approche qualitative. Le terrain est abordé selon plusieurs méthodes5 qui se complètent : examen documentaire afin de tirer des conclusions de la revue de littérature sur le lien entre le développement humain et les coopératives, et aussi une enquête par entretien adressée à un échantillon de trois coopératives de femmes dans le monde rural. L’association de ces méthodes nous permettra de montrer comment les coopératives féminines du monde rural peuvent constituer un véritable outil de développement humain.

5Selon Denzin et Lincoln, « l’utilisation de plusieurs méthodes de recherche, ou triangulation, reflète la volonté de sécuriser en profondeur la compréhension du phénomène étudié».

(10)

27 Le recueil des données s’est effectué à travers des entretiens semi directif (face à face ou téléphone) avec les responsables des trois coopératives féminines de la région Fès-Meknès (objet de notre étude de cas) actives dans le secteur d’artisanat.

Le guide d’entretien auprès des coopératives, structuré sur la base des thématiques suivantes:

- Une fiche technique des coopératives, objet de l’étude (tableau 4).

- La situation socioéconomique des adhérentes.

- Les mesures d’amélioration en terme de coopération, formation, recherche de financement et volonté de changement.

- Les difficultés rencontrées.

Tableau 4: Fiche technique des coopératives étudiées

Source : Auteurs

3.2. Résultats de l’analyse des données collectées

Le but recherché est de mettre l’accent sur la capacité d’évolution des coopératives en question. En effet le capital humain a été au centre de l’analyse car il représente l’élément essentiel de notre problématique. L’analyse des données collectées nous a permis de relever les résultats suivants:

Situation socioéconomique

Pour déterminer et caractériser la situation socioéconomique des femmes, nous nous sommes appuyés sur les indicateurs suivants : le niveau d’éducation, le revenu, et le contexte économique et social dans lequel vivent les adhérentes des 3 coopératives.

Les informations recueillies à partir du guide d’entretien ont permis de dresser la situation socioéconomique des femmes comme suit :

La majorité des femmes des 3 coopératives sont issues de couches sociales défavorisées ce qui a rendu difficile le développement de leur activité génératrice de revenu à partir de leur propre investissement. L’idée de se grouper en coopérative était initiée par la société civile dans le cadre de l’INDH ou d’autres programmes nationaux ou internationaux. L’analyse des données nous a révélé que la femme rurale adhère à la coopérative dans le but d’acquérir un revenu, qui dans la plupart des cas est considéré comme la ressource principale du ménage.

C’est la raison pour laquelle, elles accordent un intérêt particulier au devenir de leur coopérative.

Malgré que le niveau d’instruction des femmes reste faible, ces dernières ont annoncé que grâce au travail coopératif, leur situation économique et sociale a été sensiblement améliorée.

En effet, elles ont pu développer un esprit entrepreneurial, lutter contre l’analphabétisme, améliorer le niveau d’éducation de leurs enfants et les conditions de vie de toute leur famille.

En outre, elles ont pu dans certaines situations et certains produits conquérir les marchés nationaux ou même internationaux.

Coopératives Localisation Activités Durée d’existence

Nombre d’adhérentes

ANNAJAH MISSOUR Tricot

Crochet Couture

6 ans 21

ALHOUDA OUTAT LHAJ Tissage Couture Broderie

5 ans 16

ATMA GUIGOU Tapis

Tissage Couture

16 ans 75

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Les mesures d’améliorations

Concernant les mesures prises par les femmes pour améliorer leur situation économique et sociale, nous avons posé des questions relatives à la motivation, à la recherche des partenariats et mutualisations, à la recherche de l’appui financier et des opportunités de formation. Les informations recueillies ont révélé les constats suivants :

En premier lieu, les femmes réunies dans ces 3 coopératives ont exprimé leur volonté de lutter contre la pauvreté dans le milieu rural à travers leur prise de conscience de l’importance des enjeux du travail coopératif, et des offres de développement aussi bien de la part des programmes de l’Etat que ceux des organisations de développement. Pour se faire, les femmes ont déclaré qu’elles sont toujours à la recherche des différentes formations initiées par la société civile ou les programmes d’Etat afin de renforcer leurs capacités en matière de gestion des projets, de recherche de financement et développement personnel…, et aussi la recherche des mécanismes de participation aux salons à l’international.

Ensuite, les femmes interviewées ont révélé que leurs activités artisanales représentent un patrimoine ancestral qui a traversé des générations entières et que celui-ci pourrait constituer un soubassement à des programmes de développement dans la région. Ainsi, la solidarité, l’entraide, l’égalité et le sens de responsabilité constatés entre ces femmes, constituent une véritable devise sociale qui contribue à la valorisation du capital humain.

Finalement, les entretiens ont montré que les femmes sont ouvertes à toute forme de coopération et mutualisation avec d’autres coopératives de même activité ou autre, parce qu’elles partagent les mêmes engagements et attentes entant qu’adhérentes et qui se résument dans l’amélioration des conditions de vie et le développement des capacités.

Difficultés rencontrées

Afin de relever les difficultés auxquelles sont confrontées les coopératives, nos questionnements ont porté sur le côté managérial, la commercialisation des produits fabriqués et la disposition des outils de communication et promotion. Les informations recueillies et l’analyse des données ont permis de dégager les constats suivants :

Le côté managérial des coopératives souffre du problème de commercialisation des produits.

La production dans sa totalité ne peut être écoulée que dans des marchés locaux ou le cas échéant dans des marchés régionaux lors des salons. En effet, ces coopératives dans le milieu rural ne bénéficient pas d’un emplacement stratégique qui assure une partie importante de leur commercialisation, elles sont situées dans des villages isolés.

Malgré leur désir d’améliorer le circuit de commercialisation et la recherche des points de distribution pour leurs produits de manière à accroître leurs ventes, les coopératives ne font aucune promotion de leurs produits, ni de publicité ; elles sont aussi inactives au niveau de la recherche d’éventuelles opportunités d’exportation, tout ceci face à la concurrence du secteur privé.

D’autre part, le financement constitue une entrave majeure pour les coopératives. Ces dernières ne possèdent pas un capital important et doivent d’abord se constituer un fond de roulement pour assurer le renouvellement de la matière première et des frais liés au fonctionnement. La faiblesse des moyens d’autofinancement est due essentiellement à l’absence de l’épargne chez les femmes car tout ce qu’elles gagnent est absorbé par les dépenses ménagères quotidiennes.

3.3. Discussion des résultats

D’après les résultats obtenus, il est clair que l’objectif de la création des coopératives par les femmes dans le milieu rural est en particulier l’amélioration de leurs conditions de vie et capacités de leurs membres. Toutefois, certaines limites continuent de peser sur l’atteinte de ces objectifs:

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29 - Les coopératives ne sont pas encore à un niveau professionnel avancé, du fait qu’elles sont toutes gérées par des femmes avec un niveau de formation assez moyen. Malgré que des formations sont assurées au profit des adhérentes, elles relèvent toutes de la gestion quotidienne de l’activité et non pas de la stratégie d’amélioration de cette dernière.

- Pour assurer leur viabilité et leur pérennité, les coopératives doivent élargir leurs sources de financement et s’associer à de nouveaux partenaires non traditionnels (INDH, ADS, associations de microcrédits…), elles doivent se concentrer sur les problèmes de leurs membres et de leur localité, et elles doivent se renforcer et s’adapter aux nouvelles réalités du marché national.

- En termes de diversification de leurs sources de financement, les coopératives sont appelées à se réunir dans des réseaux coopératifs et établir des partenariats avec les pouvoirs publics. Les partenariats ont notamment pour avantage de permettre un échange plus efficace de ressources et d’ouvrir des possibilités de formation et d’assistance technique entre les coopératives.

- Afin de promouvoir le rôle des coopératives dans la réduction de la pauvreté, le gouvernement devrait offrir aux coopératives des chances égales et les traiter comme des fournisseurs de biens et de services compétitifs, au même titre que les autres entreprises.

- Le renforcement des capacités et l’amélioration des compétences des membres des coopératives en matière d’organisation, de gestion et de financement et de commercialisation nécessite d’adopter et d’appuyer des programmes visant à faciliter l’accès des coopératives aux nouvelles technologies.

Conclusion

Pour conclure, nous pouvons dire que les coopératives, quelques soient leurs secteurs d’activités, demeurent de véritables réponses apportées par les populations en général et les femmes rurales en particulier, face à la pauvreté. Elles contribuent de façon importante au développement économique et social des individus. En tant que forme puissante de solidarité humaine, les coopératives favorisent d’une part la création de richesses et leur répartition plus équitable ; d’autre part, elles constituent des espaces d’insertion sociale pour leurs membres.

Bref, la lutte contre la pauvreté en milieu rural marocain se régule mieux par les initiatives de développement pensées et entretenues par les institutions publiques, la société civile et les populations locales elles-mêmes. Les coopératives dans ce sens, restent pour les femmes un espace d’amélioration, de savoir-faire, d’autonomisation et de respect des droits de l’Homme en général et d’expression de la liberté en particulier. Autrement dit, les coopératives créées par des femmes dans le milieu rural constituent un véritable outil de développement humain.

Les résultats de notre étude ont indiqué que les coopératives rencontrent d’énormes difficultés internes dans leur déploiement sur divers plans (technique, technologique humain etc…). En outre, plusieurs difficultés externes se posent encore aux coopératives dans le milieu rural, elles sont relatives à l’isolement géographique, à l’accès au transport qui constitue une entrave lors de l’acquisition des matières premières et de la commercialisation des produits, à l’accès au crédit et à la dépendance excessive de l’aide extérieure.

De cette analyse, nous avons pu tirer les conclusions suivantes :

- Pour faire face au chômage, à l’exclusion et à la précarité des femmes vulnérables dans le milieu rural, le modèle coopératif constitue la meilleure alternative pour la création des activités génératrices de revenus et l’amélioration de la situation socio- économique des adhérentes, de leur famille et leur environnement.

- Les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle important en termes de sensibilisation, d’aide au financement, de formation, et peuvent également faciliter l’accès aux

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30 technologies afin de garantir la viabilité des coopératives féminines dans le milieu rural.

- En matière de qualité, gestion et finance, les coopératives doivent faire face aux contraintes de financement, au retard technologique, aux difficultés de commercialisation des produits, et même à la mauvaise gestion comptable et financière, etc. Aussi, afin de développer ce secteur, il faudra surmonter ces handicaps par des formations continues, un accompagnement permanent et des aides financières.

- Pour assurer la pérennité des coopératives de femmes dans le milieu rural, ces dernières doivent se mutualiser, et établir des coopérations avec les différents acteurs locaux à travers les fédérations des groupements coopératifs et des partenariats public- privé.

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