LA STATION EXPÉRIMENTALE D"APICULTURE DE L’I. N. R. A.
(CENTRE
DE RECHERCHES AGRONOMIQUES DUSUD-EST)
P. LAVIE,
J.
LOUVEAUXStation
expérimentale d’Apiculture,
Centre de Recherchesagro ll’ i /I ziques
dcr Su,I-Est, illoiz!favet(V aurluse)
Station de Recherches sur l’Abeille et les Insectes sociaux, Bitres-sui,-Y?,elle
(S.
& 0.)SOMMAIRE
Le
présent
mémoire est unemonographie
de la Stationexpérimentale d’Apiculture
de Mont-favet.
Après quelques
pagesd’historique
sur la création de cette annexe de la Station de Recherchessur l’Abeille et les Insectes sociaux de Bures nous exposons en détail les moyens et les méthodes mis
en oeuvre pour essayer de résoudre les
problèmes
touchant :1
° Les
techniques apicoles,
2
°
L’élevage
et la sélection de l’Abeille, 3! Latechnologie
du miel.Pour chacune de ces trois grandes directions nous considérons successivement les
problèmes qui
se posent, les moyens dont nousdisposons
pour les aborder, les méthodes utilisées, les résultatsdéjà
obtenus et enfin les perspectives d’avenir. Les études abordées à Montfavet sont donc très différentes de celles réalisées à Bures, mais tout aussiimportantes.
Ces travaux ont nécessité la création d’un rucher d’environcinq
cents ruches et d’une miellerie pilote, dotée d’un matériel moderne.Le laboratoire, de son côté. permet de contrôler l’influence des divers traitements
auxquels
sontsoumis les
produits
de la ruche. Au cours des différentschapitres
le lecteur fera connaissance avecla Station dans les moindres détails. Les locaux et le matériel sont décrits et illustrés abondamment.
Les méthodes de travail et les programmes en cours sont également très
largement
exposés.INTRODUCTION
C’est au début de l’année 1954 que fut lancée à l’I. N. R. A. l’idée de créer une
Station
expérimentale d’apiculture.
La Station de Recherchesapicoles
de Bures-sur-Yvette,
créée en194 6, venait,
sousl’impulsion
de sonDirecteur,
R. CHAUVIN nommé en 1949, d’atteindre un stade dedéveloppement qui permettait d’envisager
un cc
essaimage
». Lepersonnel scientifique
ettechnique
était suffisamment familiariséavec les
problèmes apicoles
pour que l’onpuisse
lui confier la mise surpieds
d’uneannexe dotée de moyens nouveaux
permettant
d’aborder des études totalement différentes de celles réaliséesjusqu’ici,
mais tout aussiimportantes.
L’idée directrice
qui
aprésidé
à la création dans le Sud-est de la Stationexpéri-
mentale
d’Apiculture
est que lesproblèmes
debiologie
de l’Abeille et lesproblèmes
posés
par lestechniques apicoles
relèvent d’un matériel et de conditions de travail totalement différents. Alors que lebiologiste
a besoin de laboratoires bienéquipés,
d’une documentation très vaste et d’un
personnel technique
rompu aux travaux minutieux de laphysiologie
ducomportement,
de lachimie,
etc..., le technicienapicole
réclame uncheptel nombreux,
des locauxsemi-industriels,
du matérield’exploitation
et unpersonnel
habitué au travail sur le terrain. Onpourrait
penserqu’il
aurait suffid’agrandir
la station de Bures pour luipermettre
d’étudier à la fois lesquestions théoriques
de labiologie
de l’Abeille et lesproblèmes pratiques
de l’ex-ploitation
d’un rucher. Enfait,
il n’en est rien. Si levoisinage
de Paris favorise à tous lespoints
de vue le travail deschercheurs, l’apiculture expérimentale exige
aucontraire la
proximité
d’une vasterégion
à vocationapicole
dotée de conditionsclimatiques
favorisant au maximum le travail sur le terrain. Devant cettedivergence
des conditions
requises
pour le fonctionnement des deuxstations,
il fut décidé de rechercher dans le Sud-Est de la France lepoint d’implantation
leplus
favorable.Un voyage d’étude fut
organisé
et,après
avoirpesé
le pour et le contre, la décision futprise
d’installer àproximité d’Avignon,
sur les terrains du Centre de RecherchesAgronomiques
duSud-Est,
la future Stationexpérimentale d’Apiculture.
De nom-breuses raisons militaient en faveur de ce choix :
proximité
d’unegrande
ville reliée directement à lacapitale
par des trainsrapides
etfréquents, position
centrale parrapport
àplusieurs régions agricoles
bien différentes et offrant des ressources melli- fères variées etéchelonnées,
installation dans un ensemble de laboratoires appar- tenant à l’I. N. R. A. etapportant
sur leplan
matériel et moral desavantages
consi- dérables.Les
plans
d’un bâtiment furentrapidement
mis à l’étude et leurexécution,
con- ditionnée par lespossibilités
financières de l’I. N. R.A.,
sepoursuivit jusqu’en
1957, Cette année 1957 vit l’achèvement des travauxprincipaux,
la mise enplace
d’unepetite équipe
de techniciens et l’installation d’unepartie
des ruches nécessaires auxfonctionnement de la station. Seules les campagnes
195 8,
59 et 60peuvent
donc être considérées commeayant permis
un travailexpérimental effectif, chaque
annéeamenant d’ailleurs un accroissement sensible des moyens de travail sous forme de
personnel,
de matériel et decheptel.
A l’heure
actuelle,
la Stationexpérimentale d’Apiculture
occupe un techniciensupérieur ayant grade d’ingénieur principal chargé
de ladirection,
troistechniciens, quatre
ouvriers et une secrétaire. Il est bien évident que cepersonnel
doit faire face à un travailqui dépasse
trèslargement
le cadre desoccupations
habituelles del’api-
culteur
professionnel ;
ilimporte
donc den’opérer
aucunrapprochement
entre lenombre de personnes travaillant à la station et le nombre des ruches
exploitées,
ainsique cela fut fait
parfois.
’
Le bâtiment
qui
abrite la Stationexpérimentale d’Apiculture
est un édifice de20m de
long
sur 10m delarge
dont le rez-de-chaussée estoccupé
par les installationsapicoles (miellerie, atelier, magasins, etc...)
et lepremier étage
par troislaboratoires,
un
bureau,
un secrétariat et des chambrespermettant
de recevoir des chercheurs de passage et desstagiaires. L’appartement qui
futoccupé
autrefois par un technicienchargé
degardiennage
a été libéré récemment et se trouve utilisé pour les besoins du service.Le
cheptel
se monte à 450 ruches environréparties
en unequinzaine
de ruchersde trente colonies. Dès la fin de
19 6 1
la nombre de ruchespeuplées
seraporté
à 550.Quant
aumatériel,
nous aurons suffisamment l’occasion de le décrire pour ne pas nousy attarder ici.
Au moment où s’est terminée la campagne de
i 9 6o
onpeut
considérer que l’essen- tiel des buts matériels que nous nous étions fixés est atteint et que la Station de Mont- favetpeut
désormais fonctionner dans des conditions normales. Elle adéjà
derrièreelle une certaine masse de travaux
ayant
faitl’objet
ou non depublications ;
sonpersonnel
apris
conscience desproblèmes qu’elle
aura à étudier et à résoudre dans l’avenir. C’estpourquoi,
alorsqu’elle
entre dans une nouvellephase d’activité,
ilnous a paru intéressant de
procéder
à unbilan,
aussi bien pour nous-mêmes d’ailleurs que pour tous ceuxqui
veulent bienporter
un intérêt au travail que nouspoursui-
vons. Le but de cette
publication
est doncd’exposer
nos travaux, nos moyens, nosméthodes et aussi nos
espoirs
à tous ceuxqui
vivent del’apiculture
et à tous ceux que l’Abeille intéresse parcequ’ils
ont conscience de laplace
de choixqu’elle
devraitoccuper au sein de
l’agriculture française.
Le
plan adopté
pour la rédaction de cette notes’inspire
duplan général
detravail que nous suivons et
qui
est d’ailleurs conditionné parl’objet
même de nosrecherches, l’apiculture.
Notre tâche est de mettre aupoint
les méthodespermettant d’augmenter
laproduction,
donc les revenus del’apiculteur,
et nous pensonsqu’il
n’est
possible
de la mener à bienqu’en
travaillant dans trois voies distinctes :i
o Diminution du nombre d’heures de travail par
colonie exploitée,
2
°
Augmentation
du rendement en miel par colonieexploitée,
3° Valorisation des
produits
du rucher par élevation de laqualité.
Nous retrouvons là les trois
grandes
directions du programmegénéral
de travailde la station. En
effet,
la diminution du nombre d’heures de travail par colonie ex-ploit-e
est directement fonction du matériel et destechniques
utilisées dansl’exploi- tation ; l’augmentation
du rendement en miel nepeut
être obtenue que par la miseen oeuvre des meilleures
techniques
de sélection etd’élevage ; enfin,
l’amélioration de laqualité
desproduits
est donditionnée parl’emploi
des méthodes de traitement lesplus
rationnelles. Chacune desgrandes
directions du programnte de travail de la Stationexpérimentale d’Apiculture répond
donc à chacune desgrandes
voies utili- sables pour améliorer les conditions de vie del’apiculteur
moyen. C’estpourquoi
nous étudierons successivement :
1
° Les
techniques apicoles.
2
°
L’élevage
et la sélection.3° Le miel.
Pour chacune des
grandes
directions nous considérerons tout d’abord les pro- blèmesqui
seposent puis
les moyens dont nousdisposons
pour lesaborder,
les méthodesutilisées,
les résultatsdéjà
obtenus et enfin lesperspectives
d’avenir.Mentionnons encore, avant
d’entrer
dans lapartie descriptive
de cetravail,
l’étroitesse des liens
qui
continuent à unir Montfavet et Bures. Bien loin de chercher à se rendreindépendante,
la Stationexpérimentale d’Apiculture développe
au maxi-mum les relations avec son ainée pour
laquelle
elle constitue l’idéal banc d’essai des travauxthéoriques
à l’échelle del’exploitation apicole
moyenne. Tous les chercheurs de Bures sont enrapports
constants avec ceux de Montfavet et, dans tous les do-maines,
s’est instaurée la collaboration laplus
étroite. Cette collaboration n’est d’ail- leurs pas limitée à la Station de recherchesapicoles ;
elle s’étend aux différents ser-vices de l’I. N. R. A.
chaque
fois que lesproblèmes
abordés intéressent une disci-pline
autre quel’apiculture.
C’estainsi,
parexemple,
que lesquestions
relatives aumiel et à ses traitements sont étudiées en collaboration avec les Stations de Techno-
logie
de l’I. N. R. A.Enfin il serait
profondément injuste
de clore cette introduction sans mentionner tous ceuxqui,
par leuraction,
ontpermis
à la Stationexpérimentale d’Apiculture
de voir le
jour,
des’équiper
et d’atteindre l’état adultequi
est maintenant le sien.M.
F ERRU ,
Directeur de l’I. N.R A.,
M.BusTARR!n, Inspecteur général,
M. TROU-VELOT, Directeur de la Station centrale de
Zoologie agricole
et tous les membres duComité
permanent
de la Rechercheagronomique
ont droit à notreprofonde
recon-naissance et à celle de tous les
apiculteurs.
Souhaitons que laprofession apicole
dansson ensemble comprenne l’effort
qui
a été fait en sa faveur et sache mettre àprofit
les
enseignements qui,
dèsmaintenant,
peuvent être tirés des travaux réalisés.I.
TECHNIQUES
APICOLESLE PROBLÈME.
L’exploitation apicole française
moyenne à base familiale comporte un rucher de 300 à 600 colonies et des locaux à usageprofessionnel.
Elledispose
d’un ou deuxvéhicules. Sa
production
annuelle demiel,
essentiellementvariable, peut
atteindreet
dépasser
une dizaine de tonnes mais ellepeut aussi, hélas,
être à peuprès
nulle.A
quelques
très raresexceptions près
les ruches utilisées sont à cadres mobiles. Dansl’ensemble,
onpeut
dire que lestechniques
de conduite des ruches mises en oeuvresont du
type
extensif.L’apiculture
dite « intensive » reste engénéral
du domaine del’apiculture
d’amateurs.L’essaimage
naturel etl’essaimage
artificielpermettent
demaintenir l’effectif du rucher à son niveau en comblant les vides dus à la mortalité
hivernale,
aux maladies et auxpillages. L’apiculteur professionnel
s’efforce de grouperson
cheptel
dans un rayon de 10à 20km autour de son domicile et de ses diverspoints
de transhumance. Il recherche les
emplacements susceptibles
de lui fournir des miel-lées
régulières
et delongue
durée. La transhumance estpratiquée
deplus
enplus
pour essayer de remédier aux graves inconvénients des
longues périodes
de disette.Nous ne
possédons
pas de bonnesmonographies d’exploitations permettant
une étude
économique approfondie
de la rentabilité de laproduction
du miel. Ilfaut d’ailleurs noter que la tenue d’une
comptabilité
rationnelle est très rare chez lesapiculteurs
et que lesgains
sont souventd’origines multiples.
Eneffet,
à laproduction
de miel
s’ajoutent
souvent celle de lagelée royale,
dupollen,
des essaims etquelque-
fois des reines. La
plus grande régularité
de cesprodutions
annexespermet
de com- penser, enpartie,
l’extrême variabilité de laproduction
du miel.Malheureusement,
le manque
d’organisation
nuitbeaucoup
auxpossibilités
d’écoulement de cesproduits
en
quantités importantes
et à desprix
rémunérateurs.L’apiculteur présente
un niveau d’instruction extrêmementvariable ;
d’unefaçon générale
il cherche à s’instruire des choses de son métier mais il le fait d’unefaçon
assezanarchique ;
il fait difficilement la distinction entre les résultats scienti-fiquement acquis,
les donnéesempiriques
et les affirmationsgratuites ;
son intérêtpour la recherche est faible. I,’absence d’un
enseignement apicole digne
de ce nomn’est pas faite pour faciliter la solution du
problème
de la formationprofessionnelle
qui,
laplupart
dutemps,
reste livrée au hasard.Tel est le très bref tableau que l’on
peut
brosser d’uneprofession
éminemmentsympathique
et utile au pays,qui
devraitpouvoir
être celle d’unbeaucoup plus grand
nombre d’individus attirés par une existence rurale.
Pour
pouvoir
donner à laprofession d’apiculteur
la stabilitéqui
lui manque ilfaudrait,
biensîtr,
résoudre defaçon équitable quelques problèmes économiques majeurs.
Mais les mesures d’ordreéconomique
nepourront
avoir d’effet durable que si elles sontaccompagnées
deprogrès techniques susceptibles
derégulariser
la pro- duction et de la rendre moins coûteuse. Il en va de l’avenir d’un métierqui
ne doitpas et
qui
nepeut
pasdisparaître
parcequ’il
estindispensable
à toutel’agriculture.
Tous les travaux
scientifiques
sur lapollinisation
desplantes
cultivées ont abondam-ment
prouvé
que l’Abeille est un auxiliaire nécessaire del’agriculture.
Ilimporte
doncque la recherche se
penche
sur les conditions de travail del’apiculteur
et s’efforce dedécouvrir les moyens propres à rendre
régulièrement
rentable uneproduction
hau-tement utile à tous.
MOYENS ET MÉTHODES.
. La meilleure méthode pour étudier les améliorations
techniques
que l’onpeut apporter
à la conduite des ruches est évidemment de seplacer
dans les conditions habituelles d’uneexploitation
et d’en vivre la viequotidienne.
C’est dans ce but que le rucher de la Stationexpérimentale d’Apiculture
a étéporté
à 450 ruches. Un lot de 300 colonies a été réservé pourl’expérimentation
destechniques apicoles
et serten même
temps
aux travaux de sélection dont il seraquestion
ultérieurement. Le reste constitue une masse de manoeuvre pour lesexpériences risquant
d’avoir des incidences incontrôlables sur laproduction.
Nous sommes doncplacés
dans lesconditions d’une
exploitation
moyenne et notre méthode consiste d’unepart
à sou-mettre à une
critique objective
toutes lesopérations
courantes faisantpartie
de laconduite des ruches et d’autre
part
àanalyser
d’unefaçon
rationnelle les résultatsobtenus,
ceux-ci étanttoujours
traduits en chiffres seprêtant
à uneinterprétation statistique.
PROGRAMMES, RÉSULTATS,
PERSPECTIVES.I
. Le matériel
d’exploitatio!z.
Une
partie importante
ducapital
de touteexploitation apicole
est constituée parun matériel
d’exploitation comprenant
lesruches,
les véhicules et lepetit
matériel.Il est donc normal que nous fassions
porter
unepartie
de nos efforts sur l’amélioration de ce matériel aveclequel l’apiculteur
est en contactquotidien.
Nous examinerons successivement les diversescatégories
de ce matériel.a)
Les ruches.Au moment de la création du rucher
expérimental,
deux solutions seprésentaient
à nous. Nous
pouvions adopter
d’emblée un modèle de rucheparaissant
convenir ànos besoins ou
bien,
aucontraire, multiplier
lestypes
mis en service et rechercherparmi
eux leplus
convenable. Les inconvénients de la seconde solution sont évidentssur le
plan pratique ;
ils sont non moins graves sur leplan théorique
car la multi-plicité
destypes
de ruches introduit une variablesupplémentaire
dans toutes lesexpériences.
Parailleurs,
sans vouloir contesterl’importance
du choix de laruche,
nous considérons
qu’il
ne convient de lui accorderqu’un
intérêt assez secondairepourvu que l’on reste dans le cadre des solutions raisonnables. Nous avons donc
opté
pour la ruche Dadant Blatt 10
cadres,
forme «pastorale
» en nousréservant,
bienentendu,
lapossibilité d’essayer
d’autres modèles en fonction des constatations faites sur letype
courant. Demême, partant
d’un modèle de construction trèssimple,
nous nousefforçons
de remédierprogressivement
à sesimperfections
ouà ses lacunes. Cette méthode nous a paru
préférable
à cellequi
auraitconsisté,
àpartir
d’un modèlecomplexe
pour ledépouiller graduellement
de ses accessoiressuperflus.
Notre ruche est donc du
type
Dadant Blatt io cadres. Nous avonsadopté
pour la recouvrir la tôlegalvanisée
de5/ io
mmd’épaisseur plutôt
que la feuille d’alumi- niumqui
est moins résistante aux chocs et dont la réverbération est trèsdésagréable
en
plein
soleil.L’expérience
nous a montré que les cotesprimitives
de la Dadantio cadres
équipée
de cadres Hoffmann n’étaient paspratiques.
Pour unemanipu-
lation
plus
facile nous avons été amenés à réduire la distance entre les cadres(de
centre à
centre)
à3 6
mm au lieu de 37 mm. Cecipermet,
sansaugmenter
lalargeur
intérieure de la
ruche,
depouvoir déplacer
les cadres avec uneplus grande
facilité.En ce
qui
concerne les hausses nous avons dûrapidement
nous rendre à cette évi-dence
qu’il
est très incommoded’y
utiliser l’écartement Hoffmann si l’on veutplacer
9
cadres seulement et obtenir des rayons de miel
plus épais.
Nos hausses ont doncété uniformément
équipées
de rateliersqui
nousgarantissent
une mise enplace
cor-recte des cadres.
Le
problème
de laprotection
du bois des ruches est sans doute celuiqui
a leplus
retenu notre attention. FRES2B&dquo;AYE(ig 5 g-ig6o)
apublié
le résultat de nos pre- miers essais de revêtement. Nous renvoyons le lecteur à ces deux mémoires très documentés. I,e travail sepoursuit
et de nouvellespublications
nousrenseigneront
dans les années à venir sur la valeur réelle des différents modes de
protection
du boisdes ruches actuellement
préconisés.
Il semble dès maintenant que l’avenir soit auparaffinage,
à conditionqu’il
soitpratiqué rationnellement,
et auxpeintures
à l’huileavec
pigment
aluminium.L’étude des matériaux nouveaux, autres que le bois
brut,
pour la fabrication des ruchesfigure aussi
à notre programme. Il ne semble pas pour le momentqu’il
y ait un
grand
intérêtéconomique
à sediriger
dans cettevoie,
lesprix
du bois d’ceuvreétant
plutôt
en baissequ’en
hausse. Rien ne prouve que dans l’avenir desproduits
entièrement nouveaux,
légers
et à basprix
ne mériteront pas une étude. Pour le moment notreobjectif
est de mettre aupoint
les normes de construction d’un maté- riel àlongue durée,
doncéconomique,
débarrassé de tous les fauxperfectionnements
mais
répondant
aux besoins réels des abeilles et desapiculteurs
cequi
n’est d’ailleurs pastoujours parfaitement
conciliable. Nous nous proposonségalement
de rechercher les meilleurs moyens de conserver à ce matériel toute sa valeurpendant
letemps
leplus long possible
avec le minimum d’entretien. Nousrappellerons
comme l’asignalé F
RESNAYE
,
que nousdisposons
pour toutes cesétudes,
d’unepart
de l’ensemble des ruchesexpérimentales,
d’autrepart
d’un rucherspécialisé particulièrement exposé
aux
intempéries
et destiné aux essais de revêtements.b)
Les véhicules.La Station
expérimentale d’Apiculture
utilise deux véhicules utilitaires diffé- rents. L’un est une 2CV Citroëncamionnette,
decharge
utile 25okg ;
l’autre est uncamion Citroën I200
kg type
tôlé. Notre choix s’estporté
sur ces véhicules pour de nombreuses raisons.Véhicule
léger.
- Sans aucune modification la camionnette 2 CVpermet
lesdéplacements
dupersonnel
dans les ruchers pour unprix
de revientmodique (o, i
r NFdu km
roulant).
Lacharge
utile est très suffisante pour le matériel couramment uti- lisé au cours des visites. Huit ruchespeuvent
facilementprendre place
àl’arrière,
ce
qui permet
lestransports
occasionnels de colonies.Véhicule lourd. - Ce véhicule est essentiellement destiné à la transhumance ,et au
transport
des hausses. Ilpermet
dedéplacer
en une seule fois l’effectifd’un rucher soit 30 colonies avec hausses. Il a étééquipé
intérieurement d’une cloisonlégère
enisorel avec
porte qui
isolecomplètement
lepersonnel
des ruchestransportées.
Leprix
de revient du km roulant est de o,23 NF. Onpeut transporter
i5o hausses videsou 7o hausses
pleines représentant
unpoids
de 1 200kg
environ. Nousindiquerons plus
loin lestechniques
mises enpratique
lors des transhumances. Le volume inté- rieur utile étant de formerégulière
laplace perdue
auchargement
estinsignifiante.
Enfin la
plateforme
du véhicule n’étantqu’à
40cm dusol,
lechargement
et le déchar-gement
du matériel sont d’unegrande
facilité.Étant
donnél’importance
du choix offert aux usagers dans ce domaine par les constructeursfrançais
etétrangers
et en raison aussi du coîit très élevé de telles re-cherches,
notre programme necomporte
pas d’étudesspéciales
sur les véhicules àusage
apicole.
c)
Petit matériel.Nous rangeons dans cette
rubrique
tout cequi
concernel’outillage
del’apicul-
teur sur le terrain :
enfumoir, lève-cadres, voiles,
etc... De tout cematériel,
l’enfu- moir est l’instrumentqui
mérite leplus
une étudeapprofondie.
Dans l’ensembleon
peut
dire que lesapiculteurs
s’en tiennent aux modèles courants, faute de mieux.Bien peu en sont satisfaits. Les solutions
parfois préconisées qui
consistent àrempla-
cer
purement
etsimplement
l’enfumoir par une réserve deproduit
actif concentré distribué au moyen d’un gaz souspression
sonttoujours
coîiteuses. Onenvisage plutôt
la fabrication depains
de combustiblecomprimé
exactementadaptés
à l’en-fumoir,
decomposition soigneusement
étudiée pour donner une fumée d’actionphy- siologique
constante et durable. Les solutions dans ce domaine relèvent bienplus
des travaux de laboratoire sur le mode d’action de la fumée que du travail sur le terrain.
Rappelons
à ce propos les travaux de Clorr,T,oT( 1954 ) qui
ont abouti à l’iso-lement de
quelques principes
actifs de la fumée.En ce
qui
concerne le reste dupetit
matériel notre programme est très limité.Nous
n’envisageons guère qu’une comparaison
sous lerapport
de laqualité
et duprix
des différents outilsproposés
par les fabricants.2
. Les bâtiments
d’exploitation.
Rappelons
tout d’abord que la Stationexpérimentale d’Apiculture
est installéedans un bâtiment de 20m x ro m dont le rez-de-chaussée constitue la
partie
pure- mentapicole (fig. i).
Lafigure
2 donne leplan
coté du local et la distribution desdifférentes
parties.
En A et B la miellerie et lemagasin
destockage
des hausses dont l’étude détaillée sera faite ultérieurement. En C se trouve l’atelierapicole qui
com-porte
lespostes
de travail suivants :menuiserie,
travail dufer, préparation
dusirop,
extraction de la
cire ;
un mur de 9 m delong
sur 3 m de haut estoccupé
par des casiers derangement
oùprennent place l’outillage
et certaines réserves. En D setrouve un garage pour le camion avec
plateforme
dechargement
par l’arrière don-nant directement sur l’atelier. Cette
disposition permet
lechargement
et le déchar-gement
du matériel à l’abri des abeilles et desintempéries.
En E et F se trouve unepièce
destinée austockage
et aulavage
de tous lesemballages,
la machinerie d’unepièce
conditionnée et la chaufferie.Signalons
seulementqu’à part
le garagequi
est encontrebas,
l’ensemble du bâtiment est au niveau du sol. La hauteur sousplafond
est de 3 m. Le besoin s’estrapidement
fait sentir d’une annexe pour le maté- rield’exploitation
momentanémentinutilisé ;
c’estpourquoi
nous avons dûajouter
à ces locaux
primitifs
unhangar léger
de 60 m2 où sontentreposées
les ruches vides et tout le matériel de réserve à usage saisonnier. Demême,
le garage du véhicule:léger
se trouve à l’extérieur du bâtiment.Un
conclusion,
nous pouvonsindiquer
que les surfaces de bâtimentsprévues
pour 5oo ruches
exploitées
sont un peu faibles. Le mode de construction et les maté- riauxadoptés
par l’architecte de l’I. N. R. A. sont en accord avec les traditions locales et lesexigences
administratives.L’apiculteur qui
désireraits’inspirer
de nosplans
devra en tenircompte
et il pourra, bienentendu, adopter
des solutions diffé- rentes sanschanger l’esprit
duplan.
Nous pensons que, d’ici
quelques années, l’expérience acquise
en matière de bâtimentsapicoles
nouspermettra
de proposer desplans types
d’installations pour z oo, 500et i oooruches,
avec ou sansmiellerie,
ainsi que desplans
de mielleriescoopé-
ratives. Ce travail ne pourra d’ailleurs être achevé
qu’avec le
concours des servicescompétents
du Génie Rural.3
. Les
emplacements
t/C ruchers.I,a sélection
d’emplacements
de ruchers satisfaisants constitue certainement l’une des difficultésmajeures
del’exploitation apicole.
Onpeut
dire que le bonempla-
cement fait la bonne récolte. Reste à définir ce que l’on doit entendre par un bon
emplacement.
I,’apiculteur expérimenté
reconnait assez vite la valeur d’unelocalité ;
maisconvenons que, bien souvent, ce n’est
qu’après plusieurs
campagnesqu’il
lui estpossible
de se faire uneopinion
définitive.Pourquoi
cette difficulté ? Il semble que la valeur d’unemplacement
soit sous ladépendance
d’un nombre très élevé de facteurs que l’onpeut
classer en trois groupes :- Micro-climat du lieu oit sont
placées
lesruches,
- - Méso-climat du territoire de
butinage,
- F’acteurs
écologiques
divers(flore,
nature dusol, relief, points d’eau, etc...).
En
définitive,
on constatequ’un
rucher donne des résultats satisfaisants ou médio- cres ; on nel’explique
pas ou onl’explique
mal. Pouvoirdistinguer parmi
la fouledes influences
qui
s’exercent sur les colonies d’un rucher celles<l ui
sont réellementimportantes
et cellesqui
sont secondaires reviendrait à donner àl’apiculteur
lapossibilité
de choisir dans de meilleures conditions l’endroit où il installe sesruches,
donc lui fournir un moyen d’améliorer saproduction
et d’éviter les essais infruc- tueux.L absence de doctrine valable en matière d’installation des ruchers nous a con-
duits à
procéder
par tâtonnements dans lespremières
années. De nombreuxempla-
cements
qui paraissaient
favorables ont été successivement abandonnés etremplacés
par d’autres
qui
semblent meilleurs. Nous ne sommes pastoujours
en mesure d’ex-pliquer
les échecs ou les réussites mais nous nousefforçons d’y parvenir.
Ils’agit
là d’un travail de très
longue haleine,
demandant la mise en oeuvre d’un matérielimportant
et des observations nombreuses. L’étude du micro-climat d’un rucher réclame des milliers de mesures detempérature, d’hygrométrie,
de vitesse et de direc- tion du vent, de rayonnement, etc... Un tel travail n’a pas encore pu êtreabordé,
pas
plus
d’ailleurs que l’étude du méso-climat du territoire debutinage.
Par contrel’écologie
dubutinage
a étéentreprise
par LECOMTE( y 6o) qui
adéjà
mis en évi-dence
l’importance
du relief et de certains obstacles naturels dans l’orientation des butineuses vers les sources de nourriture.Nous abordons nous-mêmes le
problème
par un autrebiais,
celui del’analyse
pollinique
des miels récoltés dans les différents ruchers combinée avec lacartographie
des secteurs de
butinage. Depuis
la campagneig6o,
tous les miels récoltés dans nosruchers font
l’objet
d’unprélèvement spécial
trèssoigneux
et d’uneanalyse polli- nique approfondie.
Les reconnaissances effectuées sur le terrainpermettent
de mettreen
parallèle
la flore locale et lespectre pollinique
des miels. Nous attendonsbeaucoup
de cette méthode pour l’étude des
rapports qui
existent entre la flore et la valeurmellifère d’une localité.
Ajoutons
que toutes les récoltes étantpesées,
ainsi d’ailleurs que lesruches,
nousdisposons
de très nombreuses donnéesquantitatives
utilisables.La
disposition
des ruches sur le terrain avec toutes les incidences sur lebutinage
mérite aussi des études
approfondies portant
sur l’orientation du trou devol,
la distance minimum entre ruches et les mesures àprendre
contre la dérive. Nousconsidérons par ailleurs
qu’un emplacement
de rucher doittoujours permettre
l’acces- sibilité aux véhicules de manière à éviter de lafatigue
et despertes
detemps.
Dans un autre ordre d’idées nous devons encore mentionner une étude compara- tive de l’intérêt des différents
types
de socles de ruches sur le terrain. Les résultats de ce travail ferontl’objet
d’unepublication particulière.
4.
L’organisation scientifique
du travail enaPiculture
et la conduite du rucher.
Le but de toute
organisation scientifique
du travail est d’introduire l’ordre et lalogique
dans la série desopérations qui
conditionnent la fabrication d’unobjet,
la
production
d’unedenrée,
l’éxécution d’un travail déterminé. Son résultat est l’abaissement desprix
de revient et une diminution de lafatigue physique
et nerveusede l’exécutant. Pour des raisons assez évidentes les méthodes
d’organisation
scien-tifique
du travail ont vu lejour
dans l’industrie. Enagriculture,
elles sont encoresouvent considérées comme un
mythe.
Il est vrai quel’agriculteur dépend
d’unefaçon
tellement étroite du milieu naturelqu’il éprouve
lesplus grandes
difficultés àorganiser
son travail. Cela ne veut pas dire que la chose soitimpossible
mais ilconvient d’accorder à l’éxécution d’un
plan
de campagne unesouplesse beaucoup
plus grande qu’à
l’exécution d’unplan
deproduction
industrielle. Mais le travail del’agriculteur
n’étant pas exclusivement fonction des conditionsmétéorologiques
il reste
toujours possible
de rationnaliser le matériel et lestechniques qui
sont toutde même des éléments
importants
du rendement.En
apiculture,
comme dans toutes les branches del’agriculture, l’organisation scientifique
du travail estsusceptible d’applications
fort intéressantes. Si elle n’est pas lapanacée
universelle elle doitcependant permettre
d’éliminer lespertes
detemps
et les
déplacements
inutilesqui
constituent leplus
lourdhandicap
desexploitations
mal
organisées.
Si l’on admet
qu’une
annéereprésente
en moyenne 2 200 heures de travail pour un individunormal, compte
tenu de 20à 30jours
decongé,
onpeut
considérerque la division de ce nombre d’heures par le nombre de ruches
exploitées
donne le temps moyen consacré àchaque
colonie. Le chiffre de dà heures
de travail par colonie et par an estgénéralement
admis comme normal. Toute réduction de ce chiffre de basequi
n’entraîne pas une baisse de laproduction signifie
uneaugmentation
de la
productivité.
Il en est de même pour touteaugmentation
de laproduction qui
se fait sans
augmentation
dutemps
consacré àchaque
colonie et sansaugmentation
des frais
généraux.
Onpeut
encore considérerqu’il
y aaugmentation
de laproduc-
tivité
lorsqu’un procédé permet
de faire progresser laproduction plus rapidement
due les frais
généraux
et la main d’oeuvre.I,e
problème
del’organisation scientifique
du travail enapiculture
et des métho-des de conduite des ruches est
complexe.
Nous sommes convaincusqu’on
ne pourra y voir clairqu’en
se livrant à uneanalyse
serrée et à unecritique rigoureuse
des occu-pations quotidiennes
et des moindresgestes
del’apiculteur
au travail. C’est à ceprix qu’il
serapossible
de déceler le caractèrelogique
ouillogique
desopérations
élémentaires dont l’enchaînement conduit à la
production
du miel. Un tel travaild’analyse
suppose enpremier
lieu un classement de cesopérations
élémentaires selon leur nature. Nous pouvonsdistinguer :
- les
opérations portant
sur le matérield’exploitation,
- les
opérations portant
sur les coloniesd’abeilles,
- les
opérations portant
sur lesproduits
récoltés.Il n’est pas
question
icid’apporter
des résultats nombreux alors que notre ex-ploitation
vient toutjuste
d’entrer dans saphase productive.
Nous nous borneronsdonc à
évoquer
et à motiver lesgrandes lignes
de notre programme enreprenant
les troispoints
énoncés ci-dessus. Nous citerons au passagequelques
réalisationspratiques.
a) Opérations portant
sur le matérield’expluitation.
Le matériel le
plus important
est constitué par les ruches que l’onpeut
considérercomme des bâtiments d’un
type spécial
édifiés sur le terrain du rucher.Chaque
annéel’apiculteur
doit se livrer à desopérations
d’entretien sur ces bâtiments pour les maintenir en bon état. Selon laqualité
du bois et laprotection qu’il
a reçue, selon le moded’assemblage,
le climatlocal,
lafréquence
destransports,
etc... les travaux de réfection sontplus
ou moinsimportants.
Il est donc utile de déterminer dansquelle
mesure un choixjudicieux
du matérielpermet
de réduire les frais d’entretienpuis
de fixer lafréquence
aveclaquelle
ce matériel doitobligatoirement
passer à la réfection. Une bonneorganisation
dans ce domaine doitpermettre
d’abaisserla
fréquence
des passages du matériel àl’atelier,
de réduire letemps
nécessaire à la réfection d’une ruche par l’utilisation d’unoutillage approprié,
derégulariser
lespassages de matériel à