PRODUCTION DE LA LEUCOCIDINE DE STAPHYLOCOCCUS PYOGENES
G. VIDAL
Station de
Pathologie de
laReproduction,
Centre de Recherches vétérinaires et
zootechniques,
37 -Nouzilly
Institut national de la Rechercheagronomique
Les
auteursqui
ont travaillé cesdernières
années sur laLeucocidine
de PAN-TONet VAI,!NTIN!
(P.
V.Leucocidine), l’ont produite,
soit par des cultures entubes
en T pour les cultures en
petite quantité (G LADS T ON E
et VANH!yNZNG!N, 1957 ;
JWOO
DIN
, 1959 ; WOODIN, ig6i),
soit en fermenteur(WOODIN,
ig5g ;WOODIN, ig6o ; G!AnsTOrr!, ig65 ;
DERBYSHIRE etHE LLIWELL , 19 6 2 )
ou dans desappareils
decul-
ture en semi-continu
(G LADS T ON E
et VANHU YNIN GN N , 1957 )
pour lesproductions
à
plus grande échelle.
La
technique
en tubes en T atouiours
fourni debons
titres detoxine,
mais dèsque les auteurs ont voulu
produire
de la P. V.Leucocidine
enplus grande quantité, ils
se sont heurtés à desirrégularités
deproduction d’une fabrication
àl’autre,
!WO(?DIN, 1959 ) ou bien ils obtenaient des titres peu élevés qu’ils compensaient
par
la quantité
de milieu de culture ensemencé : G!,ADSTON! ( 19 65)
a travaillé sur
2
000litres de
bouillon,
parquantité
dei5o
litres. Pour étudier cettetoxine,
il fallaittrouver une
technique qui permette,
sous des volumesadéquats,
d’obtenirrégu-
lièrement des titres
élevés, analogues
à ceuxproduits
en tubes en T.L’aération
dans les tubes en T animés d’un mouvementlongitudinal
estconsidérable ;
il semblait doncqu’en
réalisant une aération artificiellecomparable,
telle que celle décrite par PLOMM
ET et BOUILLANNE
(zg66),
onpuisse parvenir à ce résultat. La présente
note
décrit
une technique qui,
à partir
de i 50o ml de milieu
de culture, permet
d’atteindre
ce but.
La souche
Vg
deStaphylococcus pyogenes, utilisée
par WOODIN( 1959 )
et parGI,ADSTON!
et VAN HEYNINGEN(ig5!),
estcultivée
dans lemilieu CCY
de GLADS-TONE et
F ILDES
modifié par WOODIN(ig6i).
Les cultures sont réalisées dans les tubes en T décrits par VANH EYNING E N
etG LADSTON E ( 1953 )
avec 10 ml de milieupar tube et dans des ballons de 6 litres à fond
plat,
contenant i 50o ml de milieu deculture, auquel
onajoute,
avantstérilisation,
0,1 ml d’antimousse Rhodorsil42 6 (Rhône-Poulenc-
p
aris).
Le tube en T a unebranche
horizontale de 2,2 cm de dia-mètre
extérieur
sur 16 cm delong,
arrondie aux deuxextrémités ;
la branche verti- cale mesure 10 cm delong
et1 ,8
cm de diamètre extérieur.La technique
deproduction
est la suivante : la souchelyophilisée
est ensemencéedans un tube de milieu CCY et incubée
pendant
4 heures à l’étuve à37 °C.
Apartir
de cette
culture,
on ensemence des tubes inclinés de Bacto Heart InfusionAgar (Difco), qui
sont incubés à37 °C
durant la nuit. Puis on récolte à l’anse les colonies despentes
pour ensemencer des tubes enT,
à raison d’unepente
par tube. Ceux-ci sont incubés au bain-marie à3!!C
avec uneagitation longitudinale alternative de
12
cm et I20mouvements par
minute, pendant
4à 5heures.
On transfère x5o ml de ces cultures dans un ballon.L’agitation (6 00 t/min. environ) et l’aération
sont réali-
sées
par la technique
de Pr,oMM!’r et BOUILLANNE (x 9 66),
en injectant
de l’oxygène
seul avec un
débit de
6litres/heure. L’incubation est faite au bain-marie
durant
14
à 16
heures.
Parcomparaison, des
cultures dans des tubes enT,
ensemencéscomme le ballon
( I
ml pour 10ml
demilieu)
àpartir
de sub-cultures de 4à 5 heuressont incubés au bain-marie avec
agitation pendant
16 heures.Les mesures de croissance
bactérienne,
sont faites paropacimétrie,
avec l’échellede Brown
(Burroughs
Wellcorne and Co.London) après
dilution au1/10
des cultures.Le
titrage
de la P. V.Leucocidine
est fait par la méthode de WOODIN(1 959 ),
mais on utilise une
suspension
depolynucléaires
delapin
au lieu demacrophages.
Ces
leucocytes
sont obtenus parinjection intra-péritonéale
d’une solution à o,i p. ioo(p/v)
deglycogène,
selonla technique
de Coarr etMORSE ( 1959 )
et,après
une nou-velle
injection
de 100ml detampon gélatine-phosphate
àpH
= 7,2(W OODI N, xg59)!
ils sont recueillis dans un flacon à
plasma
contenant 20 ml d’une solution salined’EDTA
disodique
ào,6
p. 100.Après
troislavages,
lesglobules
blancs sont ramenésà la concentration de 4 X
io l /mI. I,’unité de titrage
est la Dose Minimale Leuco-
toxique (DMLe)
définie par WOODIN ( 1959 ) ;
c’est la plus petite quantité
de leuco-
cidine dans i ml
capable
de tuer lesleucocytes
dans les conditions dutitrage.
Une
expérience comparative
de la croissance du germe et de laproduction
deP. V.
Leucocidine
entre tubes en T et ballon avecoxygène,
en fonction dutemps
est donnée par la
figure
i. Onpeut
voir que la croissance est sensiblementéquiva-
lente en ballon et en tubes en T. La
production
de toxine elle aussi estcomparable,
avec toutefois un
léger
retard dans la culture en ballon.Cinq productions
en ballonavec
oxygène
ontrégulièrement
donné un titre de 60oooDMI,e/ml, égal
à celuifourni par les cultures en tubes en
T,
avec un nombre de germesde 4
X10 10 /ml
environ. Les
proportions
relatives des fractions F et S(WooDirr, 1959 )
mesuréesen titre et en
poids
deprotéines
restentcomparables
à celles obtenues avec les tubesen T. Des essais de culture sans
aération,
ou bien avec aération parsimple agitation
à l’aide d’un barreau
magnétique,
ont donné des croissances bactériennes et des titres de P. V.Leucocidine
médiocres : pour les cultures sansagitation
un maximumde 4 x io9
germes/ml
au bout de z2jours
deculture,
avec un titre de 30DMLe/ml ;
pour les cultures avec
agitation
par barreauaimanté,
2,4 X lo’Ogermes/ml
et untitre de 700
DMI,e/ml après 16 heures d’incubation. Dans cette dernière technique,
au-delà de 18 heures de
culture,
le titre de toxine tombe brutalement.Ceci démontre que
l’oxygène
favorise laproduction
deLeucocidine
dans des cultures dont la croissance microbienne diffère peu de celles de culturestémoins,
réalisées en l’absence
d’oxygène.
Parailleurs,
il est intéressant de noterqu’une
tech-nique comparable, simple
et peu coûteuse dupoint
de vuematériel,
adéjà permis
la
production
de deux autres toxinesstaphylococciques :
les 8 ety-Hémolysines (P
LOMMET
etB OUILLANNE , i 9 66).
Ceci doitpermettre
aux laboratoires s’intéressant à cesproblèmes
unesimplification technique
et une normalisation dumatériel,
envue de la
production
des différentes toxines destaphylocoque.
Reçu
pourpublication
enfévrier 19 6 7 .
SUMMARY
PRODUCTION OF STAPHYLOCOCCAL P. V. LEUCOCIDIN
A
technique
for theproduction
ofstaphylococcal
P. V. Leucocidinusing ordinary laboratory glassware
andbubbling
withO 2 ,
was described. Thistechnique yielded regularly
asgood
titres asthe VAN HEYNINGENand GLADSTONE’S T tube
technique (fig. I ),
but was carried out volumes onehundred times more
important.
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