• Aucun résultat trouvé

GASTON PALEWSKI PROPOS

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "GASTON PALEWSKI PROPOS"

Copied!
20
0
0

Texte intégral

(1)

r

r

v 1

PROPOS

Q

uand ma pensée se reporte aux années d'avant- guerre, quand j'évoque les lourdes angoisses qui pesèrent sur nous pendant des années, l'incertitude mortelle où nous vivions, les luttes sociales à l'intérieur du pays, les premiers affrontements précurseurs de la guerre sur le plan international, il me semble que ce soit une sorte de bergerie, une manière de conte de fées en face de la situation actuelle. L a lutte était alors concentrée sur l'Europe, et, en fait, c'est l'Europe qui a été abattue dans sa primauté à la suite de cette guerre. Aujourd'hui, c'est le monde entier qui est embrasé ; c'est d'un bout de l'univers à l'autre que s'est allumée cette guerre sourde qui s'appelle le terrorisme. C'est la partie la plus peuplée du monde qui demande le bouleversement de l'ordre économique actuel tandis que les tenants des vieilles féodalités agraires qui ont subsisté dans les autres continents s'entêtent dans l'immobilisme et ne veulent pas entendre raison.

Notre tranquillité d'alors venait, pour nous Français, d'une force militaire qui s'est avérée illusoire puisqu'en avait été écartée la réforme fondamentale que Paul Reynaud, de Gaulle et moi- même réclamions avec l'énergie du désespoir. Aujourd'hui, l'in- certitude s'accroît du fait du déclenchement d'une évolution sociale et économique qui ne répond nullement au vœu de la majorité du pays. Répétons-le, la gauche socialiste n'est aucune- ment majoritaire en France. Si le président de la République l'a emporté, c'est que les bataillons fidèles de l'union des gauches ont été renforcés par tous ceux qui voulaient un changement de personne et non de société. Si les élections législatives ont donné ensuite une majorité au parti socialiste, ce n'est nullement par

(2)

suite d'un élan de l'intelligence ou du cœur réclamant l'avène- ment du socialisme. C'est parce que la portion de l'ancienne majorité qui avait voté pour le président de la République s'était dit qu'il était nécessaire de renforcer l'action de celui-ci afin qu'il ne soit pas dans la nécessité de s'allier avec les commu- nistes. Raisonnement dont la fausseté a été rapidement démontrée.

Dans ces conditions, i l est nécessaire d'en revenir à la lettre et à l'esprit de la Constitution. Celle-ci ne peut fonctionner valablement que si le chef de l'Etat, qui en est la clé de voûte, se dégage des impératifs de parti et gouverne pour tous. S'il n'en est pas ainsi, nous irons vers l'aventure. L e chef de l'Etat le sait bien et voudrait grouper le pays autour de lui. Mais, pour cela, i l faudrait aller au-delà des paroles. Ce n'est pas autour d'une politique partisane que l'on pourra faire l'union de tous.

D'ores et déjà, vis-à-vis d'un monde dont le bouillonnement ne fera que s'accroître avec les mois, avec les années qui viennent, la France est dans l'état d'infériorité que suscite un profond désaccord interne, susceptible, si l'on n'y prend garde, d'amener un jour une véritable crise de régime.

Ayant été voué par le général de Gaulle à la mission difficile de veiller sur les institutions, j ' a i le devoir de pousser ce cri d'alarme en espérant qu'il réussira à percer les murs épais des palais nationaux.

D

ans le monde bouleversé où nous vivons, i l y a pourtant des éléments stabilisateurs. A u premier rang de ceux-ci, la grande voix du Saint-Père avait fait entendre des paroles de raison et de foi. Il avait fait renaître dans beau- coup de cœurs l'espérance. Dans le complot mondial contre lequel

nous avons à nous prémunir, i l est naturel qu'il ait été une cible désignée. O n a suivi avec angoisse le déroulement de sa conva- lescence. Puisse sa sécurité être maintenant totalement assurée.

Dans l'effacement ou la mort des grands hommes qu'avait suscités la guerre, et tandis que bien peu de paroles propres à aimanter l'espérance se faisaient entendre, l'action d'Anouar el-Sadate, le courage et l'intelligence, de même que la délicatesse d'âme qui le caractérisaient, avaient montré que la race des conducteurs d'hommes n'était pas éteinte. Pour tous ceux aux yeux de qui un homme comme de Gaulle a souligné le caractère

(3)

irrésistible d'une politique fondée sur les valeurs morales, la mort d'Anouar el-Sadate constitue un deuil personnel.

- L ' d'Ignazio Silone, l'Ecole des dictateurs. Silone ima- gine qu'au printemps de 1939 un jeune Américain qui aspire à la dictature est venu en Europe accompagné d'un conseiller idéologique afin d'y étudier de quelle manière les dictateurs ont réussi à doter leur pays d'un régime totalitaire. U n hasard médical les fait s'arrêter à Zurich où ils rencontrent un réfugié italien qui a fui le fascisme et qui a pris le nom de « Thomas le Cyni- que ». Il s'agit en réalité de Silone lui-même.

Silone est mort le 22 août 1978 et, quand j ' a i la nostalgie des conversations que nous avions ensemble, je ne puis plus l'apaiser que dans ses livres. I l y paraît tel que le voyaient ses amis avec cette élévation de pensée, avec cette sensibilité pudi- quement cachée, avec cette profonde connaissance des ressorts de la politique, avec cette intransigeance spirituelle qui avait fait de lui tour à tour un des fondateurs du parti communiste italien, puis l'un des premiers à ne pas hésiter à quitter ce parti quand i l se rendit compte de la véritable nature d'un organisme incompatible avec la liberté de pensée et de conscience. Alors il se mit à combattre seul contre le fascisme et écrivit d'admi- rables livres comme Fontamara, tableau de ce qui se passait dans cette région déshéritée où i l était né et où i l avait souscrit un contrat muet de lutte contre la tyrannie et la misère. Quelle ressource i l fut pour moi à Rome ! Comme i l avait bien compris la véritable nature de l'action du général de Gaulle sur lequel i l s'efforçait d'ouvrir les yeux de ses amis ! Je vois encore son regard profond et cette agilité d'esprit qui en faisait un redou- table lutteur dans la joute politique. E n le perdant, l'Italie a perdu un de ses meilleurs enfants.

Reprenons l'Ecole des dictateurs. Silone nous dit : « Pensez à des hommes comme Sun Yat-sen et Gandhi, et comparez-les à nos ministres démocrates ; les uns et les autres appartiennent au même mouvement historique, mais ceux-là en sont à l'aube et ceux-ci au couchant. Les chefs de la démocratie européenne mon- trent, pour le dire en bref, tous les signes d'une classe politique qui a épuisé sa mission. »

hasard me fait tomber sur un livre savoureux

(4)

I

l est bon d'aller chercher dans les musées une distrac- tion aux soucis de l'époque. Quand j'étais auprès de Lyautey, au Maroc, je demandai à un camarade revenu de Paris ce qui l'avait frappé au cours de son voyage. Il me dit : « Un

La Caze, par lui-même

après-midi d'hiver, je suis allé au Louvre. Le jour était en train de tomber. Je regardais sur les murs ces grands portraits dont les modèles sont représentés avec une grandeur qui dépasse la taille humaine, avec une noblesse dont la fierté surpasse infini- ment l'humanité médiocre qui se pressait dans les rues d'alentour.

J'en suis sorti l'âme réconfortée. Dans cette région sereine de l'art, on peut oublier les soucis mesquins et nourrir pour son pays de grandes espérances. »

(5)

Je pense à ces paroles d'un ami poète depuis longtemps disparu en parcourant les salles du Louvre avant que la grève des gardiens en interdise l'accès. Je me suis arrêté auprès de mes tableaux favoris. Devant le Gilles de Watteau qui fut légué

Evrard Jabach, par lui-même

au Louvre avec la collection L a Caze, me rappelant l'accumu- lation de chefs-d'œuvre que représente cette collection, je me souviens de l'étonnement qu'exprimait devant moi l'épouse d'un financier célèbre. « Ce M. La Caze, me dit-elle, pour réunir cette collection, devait avoir de grands moyens ? — Détrompez-vous, madame, lui répondis-je, tel "le cousin Pons", il vivait dans la médiocrité. Il a tout sacrifié à cet amour des tableaux qui lui a permis de doter notre pays de telles richesses. D'ailleurs au

(6)

moment où il collectionnait, les tableaux du x v i ne étaient passés de mode. Bien que les prix en fussent infimes, les musées ne voulurent guère en acquérir. » U n peu plus loin, je retrouvai ce petit tableau charmant grâce auquel Reynolds se trouve repré- senté au Louvre : ce Master Hare, portrait qu'une baronne de Rothschild donna au Louvre bien avant l'ère des dations.

Ce nom de Rothschild, on le retrouve d'ailleurs sur le car- touche des donateurs du grand portrait de V a n Dyck représen- tant la belle marquise Spinola. Sans ce portrait, la période génoise

— la plus belle à mon gré du peintre — serait absente du Louvre. O n trouve aussi ce nom sur le cadre du chef-d'œuvre de Gainsborough : le portrait d'une aristocrate anglaise dont la robe bleue et noire est un éblouissant morceau de peinture.

De même, c'est à la collection d'un banquier luthérien, directeur de la Compagnie des Indes, Evrard Jabach, que l'on doit les œuvres qui confèrent aux collections du Louvre un carac- tère inoubliable. C'est grâce à elles que l'on peut avancer que le Louvre est le plus beau musée du monde. Quelle série de chefs- d'œuvre ! Ils ont tous en commun cette parenté qui fait que l'on reconnaît qu'il s'agit bien d'une collection faite avec amour et non par goût du faste et de l'ostentation. Rappelez-vous la voluptueuse Antiope du Corrège aux seins et au torse admirables ; la Vénus du Prado qui constitue le même adieu à la beauté féminine peint par ce Titien vieillissant que l'accumulation de nus du Bain turc peint par Ingres nonagénaire ; le Concert champêtre dont je ne sais s'il est de Giorgione ou de Titien, mais dont je pense qu'il est, avec la Joconde, le plus beau tableau du Louvre ; et du même Titien ce chef-d'œuvre d'élégance mystérieuse qu'est l'Homme au gant et cette Mise au tombeau devant laquelle avec André Malraux j ' a i souvent rêvé et dont la technique elle-même semble se revêtir de pathétique. E t puis le petit Saint Georges et le petit Saint Michel de Raphaël avec cette Mort de la Vierge du Caravage qui représente l'éclatante irruption du réalisme dans la peinture italienne. Comment ne pas marquer sa reconnaissance et son admiration pour le goût de ce grand homme d'affaires dont Mazarin sut si bien s'assurer la collection. Celle-ci orna la double galerie de l'hôtel du cardinal. Bien d'autres tableaux y étaient joints comme cet autre chef-d'œuvre du Corrège, le Mariage mystique de sainte Catherine et le Saint Jean-Baptiste mystérieux de Léonard. On se rappelle comment Mazarin, dans

(7)

les derniers jours de sa vie, sortait de son lit, vêtu d'une robe de chambre et se promenait au milieu de ses chers tableaux en se disant : « Dire qu'il faut quitter tout cela. Je ne les verrai plus là où je vais. » Mais, grâce à son goût, les générations ont appris à aimer l'art dans ses tableaux.

Caillebotte, par lui-même

De même, c'est au goût de ces grands collectionneurs, sou- vent de moyens fort modestes, que l'on doit la collection des chefs-d'œuvre de l'impressionnisme qui fait l'orgueil de la France.

C'est tout naturel car, sauf de brillantes exceptions, comme Paul Jamot, pour ne citer que des disparus, les conservateurs ont la préoccupation d'avoir des collections complètes où tous les aspects de l'œuvre d'un peintre et de sa technique se trouvent représentés.

(8)

Ils sont aussi obligés de tenir compte de l'esthétique ambiante, tandis que, pour les grands amateurs, ce qu'il s'agit de réunir ce sont les chefs-d'œuvre qui produisent en nous ce choc mystérieux qui nous emmène au-delà de nous-mêmes.

Je me rappelle un brave homme avec sa ceinture de cuir, que je voyais descendre, modestement vêtu, de la plate-forme d'un autobus au milieu du Carrousel. C'était M . Gachet, fils du médecin qui avait tenté de guérir V a n Gogh de ses délires. Père et fils avaient fait présent au Louvre de tableaux qui représen- teraient aujourd'hui des milliards, avec le simple aiguillon de la générosité spontanée et du respect dû au grand art. De même, que seraient nos collections d'impressionnistes si Caillebotte n'avait réussi contre vents et marées malgré l'opposition de l'Institut à faire accepter une partie seulement de sa collection ? C'est au goût pour Cézanne de la famille Pellerin que nous devons de ne pas en être entièrement démunis. Pendant ce temps, Mary Cassatt, que Degas accusait de peindre « le petit Jésus avec sa bonne anglaise », calomniant avec une ironie un peu injuste ce beau et charmant talent, faisait acheter par ses cousins, Havemeyer, les plus beaux Monet, les plus beaux Manet tandis qu'impressionnistes et post-impressionnistes s'accumulaient dans les collections privées de Moscou avant de continuer leur trajec- toire à l'Ermitage ou au musée Pouchkine. E t comment ne pas évoquer le Joueur de fifre et la Lola de Valence de Manet, dont le banquier Camondo nous a dotés ?

Des noms, des exemples se pressent sous ma plume, mais j'en ai assez dit pour rappeler quelle source vivifiante, quel réper- toire inépuisable de chefs-d'œuvre voués tôt ou tard à entrer dans les collections publiques, représente l'action des collectionneurs.

Vouloir pénaliser ceux-ci par l'impôt paraît aussi digne de G r i - bouille que cet excès de fiscalité qui frappe les châtelains et les oblige à vendre des œuvres inégalables que je vois le Conseil des musées contraint d'acheter à prix d'or pour qu'elles ne s'en aillent pas vers l'étranger.

Quant aux chefs d'entreprise dont les succès appellent les rigueurs du régime, rappelons-nous les paroles de Rathenau, le grand industriel allemand dont la tendance au rapprochement avec la France devait lui valoir d'être assassiné. I l évoquait ce moment des succès de l'entreprise où apparaît, dans le cerveau de son chef, « non plus l'ivresse, mais le souci ». Rathenau

(9)

ajoutait : «Au moment où la puissance se réalise, elle s'abolit elle-même. »

a jeunesse d'aujourd'hui ne peut se rendre compte 1—' de ce qu'était pour nous le fait que la France pos- sédait au début de ce siècle le deuxième empire colonial du monde. Ce n'était pas par vanité que nous regardions sur les atlas l'immense tache rose que faisaient en Afrique la France d'outre-mer, en Asie la longue péninsule indochinoise, dans l'océan Indien la côte des Somalis, la Réunion et Madagascar, près du continent américain les Antilles françaises et la proche Guyane, ce que Paul Reynaud, ministre des Colonies, appelait avec une élégance un peu précieuse « les bijoux de famille ». Ce n'était pas, dis-je, par vanité mais nous avions l'intuition que, dans les grands périls dont la menace commençait à s'élever à l'horizon, ces prolongements de la France allaient jouer un rôle capital.

J'étais d'autant plus porté à comprendre ce que ce facteur avait d'essentiel que j'avais eu la bonne fortune, par le hasard de relations de famille, de commencer ma vie de service public auprès du maréchal Lyautey, voyant ainsi à l'œuvre sa politique d'association, leçon qui a eu ce retentissement sur toute mon existence. J'ai déjà dit le souvenir que je conservais de cette

« popote » du Maréchal où se réunissaient ses collaborateurs civils et militaires, où lui-même amenait ses hôtes les plus favo- risés et où l'enthousiasme des jeunes se communiquait aux plus rassis, aux Juin, aux Sorbier de Pougnadoresse, aux Saint- Quentin, aux François Piétri ; à combien d'autres qui, de même, ont été formés dans cette équipe Lyautey. Celle-ci avait tenu au début dans une petite pièce de la baraque en bois qui fut l a première résidence de Rabat. Après le retour du Maréchal, ce fut une imposante cohorte qui, groupée autour de Saint-Aulaire, vint le fêter dans l'immense salle à manger du Palais d'Orsay dont Lyautey, la comparant avec le simple décor de jadis, disait :

« Alors, il y avait moins de festons, moins d'astragales. » Parmi les jeunes de l'équipe, à côté de Gérard de Launay, d'Edmond de Pourtalès, de Christian Funck-Brentano, de M a u - rice Durosoy, i l y avait un grand lieutenant dont la calme gravité était au-dessus de son âge et dont la vieille hérédité

(10)

militaire permettait de présager les services qu'il allait rendre dans sa longue carrière : c'était Georges Spillmann. Toute sa vie, il a servi. Après sa mort que nous avons déplorée, voici qu'il parle encore dans un livre que la tendre piété de son épouse a fait publier et qui s'appelle : De l'Empire à l'hexagone. Il avait écrit déjà les Souvenirs d'un colonialiste où i l s'attachait à mettre en valeur les services rendus par la France aux territoires d'outre- mer sur le plan de l'hygiène, de la culture, de l'animation écono- mique.

« Comment ne pas reconnaître, écrit-il dans sa préface, qu'à deux reprises, de 1914 à 1918 d'abord, de 1940 à 1945 ensuite, l'Empire colonial, si décrié, que nous avions fini par constituer contre vents et marées, contribua puissamment à nous sauver d'un désastre complet, probablement irrémédiable ? Comment nier que cette fidélité exemplaire témoigne des bienfaits apportés aux populations d'outre-mer, notamment en matière d'hygiène générale et d'aide prompte en cas de déficit alimentaire ?

Nous l'oublions trop volontiers, et maintenant que nous sommes rentrés avec un lâche soulagement dans le "précarré"

de nos rois, appelé aujourd'hui "l'hexagone", il nous manque bon nombre de ressources naturelles, comme le pétrole, les phosphates, le cuivre, le manganèse, le cobalt et même le fer.

D'autres sont en quantités insuffisantes.

Aussi nous faut-il importer à grands frais de l'étranger.

D'où une menace constante pour notre monnaie, pour le plein emploi de notre main-d'œuvre, pour notre indépendance aussi, qui n'est plus totale. »

Le général Catroux qui était un bon connaisseur d'hommes avait choisi Spillmann comme le premier de ses collaborateurs.

C'est ainsi qu'en arrivant de Londres à Alger avec le général de Gaulle, je retrouvai avec joie cet ami des jours anciens.

Depuis le départ du maréchal Lyautey, l'essentiel de ses métho- des, qui avaient commencé à faire tache d'huile dans toute l'Afrique du Nord, avait été abandonné. C'est ainsi que quel- ques tours de passe-passe avaient permis au Glaoui de s'assurer des profits miniers qui auraient dû revenir à l'Etat. Or Lyautey m'avait dit quelques mois avant son départ : « Je ne peux plus tolérer les manèges du Glaoui. L'an prochain, nous nous débar- rasserons de lui. » Hélas ! l'honorable M . Steeg n'avait rien compris à la situation, et les appuis que le Glaoui avait en

(11)
(12)

France le rendirent inexpugnable par de faibles résidents. Mais, dans cette Algérie o ù déjà un malaise pesait sur les relations avec les musulmans, on voit de quel avantage ont été les hommes formés comme Catroux, comme Spillmann, aux méthodes de Lyautey.

C'est pourquoi, à notre retour en France, quand i l a paru nécessaire de créer auprès du général de Gaulle un Comité de l'Afrique du Nord, je n'ai eu de cesse que le secrétariat général de ce Comité fût confié à Georges Spillmann. E n plus de nos souvenirs, nous étions unis par une admiration commune pour un homme dont le nom reste inconnu en France et qui a été un grand serviteur du pays. Je veux parler de ce diplomate hors série que fut Eirick Labonne. U n certain maniérisme d'aspect et de vêtement, un humour peu aisément perceptible pour les gens dits sérieux ont empêché Eirick Labonne d'occuper la place que son immense valeur, son intelligence originale, son culte du service de l'Etat auraient dû lui valoir. Dès avant la guerre, Labonne avait discerné l'importance du sous-sol africain.

Quand i l vit les difficultés que rencontrait la construction d'une Union française sur le plan politique, i l se demanda s'il ne serait pas possible d'en bâtir une autre, une communauté économique.

Spillmann rappelle qu'il ne s'intéressa pas seulement à l'Afrique du Nord, à l'Afrique noire, à Madagascar. Il com- mence à discerner, en effet, les virtualités du Sahara, encore mal inventorié, réservoir possible, sinon probable, de grands gise- ments, qui, bien loin de séparer les Etats riverains, auraient dû, au contraire, les unir pour une exploitation commune de ses richesses latentes. Informé des travaux des Français Killian, Meyendorff, Menchikoff, son flair lui fait percevoir des effluves de pétrole au Sahara septentrional.

« Alors qu'il était ambassadeur à Moscou, il avait étudié le système russe des "combinats", c'est-à-dire de l'implantation dans certaines régions, favorisées par l'abondance virtuelle d'éner- gie (hydraulique, charbon, pétrole, gaz de pétrole) et de minerais (fer, manganèse, plomb, zinc, etc.), de puissantes industries lour- des pour obtenir des métaux et, à partir de ces métaux, des produits fabriqués, usinés. On avait alors du matériel, des objets finis en grande quantité et d'un prix de revient modique. Le transport aux lieux d'utilisation, de consommation, n'était pas un obstacle majeur car ils étaient moins pondéreux, moins cou-

(13)

teux à transporter que du minerai brut. C'est grâce aux "combi- nats" de l'Oural et de Sibérie que les Soviets avaient équipés leurs armées durant la dernière guerre. »

Spillmann ajoute : « De haute taille, sec, maigre, d'aspect austère, de noir ou de gris foncé vêtu, une large cravate nouée autour d'un haut col cassé, Eirick Labonne avait le visage ascé- tique d'un prophète de l'Ancien Testament. Comme les prophètes, il s'exprimait volontiers d'une manière elliptique, voilée, toute chargée de poésie. Parfois, mais rarement, il tonnait et lançait l'anathème. Souvent, il souriait malicieusement presque d'un sourire d'enfant, et se montrait gai, enjoué même. Il était aller- gique à la bêtise, ce qui lui faisait beaucoup d'ennemis. L'homme était droit, pur et sûr.

Quand Eirick Labonne affirma la nécessité de mettre en valeur le Sahara où, selon lui, existaient d'immenses richesses, la méfiance revint de nouveau. Dans quelle aventure insensée voulait-il donc entraîner le pays ? Comme on avait raison de se méfier des poètes ! Et le dialogue suivant s'engageait de part et d'autre :

— Le Sahara, c'est bien loin !

— Assurément ! Le Grand Nord canadien et la Sibérie aussi, ce qui n'empêche pas Canadiens et Soviétiques d'en tirer d'importantes ressources.

— Mais nous n'avons pas d'ingénieurs !

— Les ingénieurs se forment. Notre corps des mines est d'ailleurs de valeur, une fois débarrassé des idées préconçues...

Les Américains eux-mêmes ont souvent recours à la Société française de géophysique qui utilise les procédés mis au point par M. Schlumberger, ingénieur de réputation mondiale. Imi- tons-les.

— Mais nous n'avons pas le matériel de forage voulu !

— Achetons-le à l'étranger en attendant d'en fabriquer nous-mêmes.

— Mais le budget français est pauvre et les devises rares !

— Certes ! Pas au point pourtant de nous empêcher de dépenser quelques dizaines de millions — le dollar valait alors cinquante francs — pour nous procurer le strict nécessaire au lancement de la prospection. »

Spillmann évoque les premiers résultats de cette prospection minière. O n les relit avec nostalgie. Il ajoute :

5

(14)

« Mais comment, dans les conditions de la décolonisation, pouvait-on sérieusement envisager de garder sous notre contrôle le Sahara (bien qu'il n'ait jamais été algérien) ? Car cette vaste contrée, sans accès à la mer, ne pouvait guère communiquer avec le reste du monde, et avec nous en particulier, que par le terri- toire algérien. Quoi qu'on en ait dit, c'était impossible. »

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Georges Spillmann.

Ce n'était peut-être pas impossible.

Quand j ' a i été chargé de la politique saharienne, dans le gouvernement Edgar Faure, comme ministre délégué du prési- dent du Conseil, j ' a i fait un grand effort pour la réalisation d'une unité administrative saharienne dans laquelle je voyais la base d'une unité politique du Sahara, si le temps nous permet- tait de la faire éclore. Mais je me suis heurté au conservatisme à courte vue, non seulement du gouvernement général de l'Algé- rie, mais de la résidence générale du Maroc, de la résidence générale à Tunis, du gouvernement général de l'Afrique occi- dentale française. Aucun ne voulait lâcher son morceau de Sahara. Quand, réclamant la création d'un gouvernement de salut public, je démissionnai de mon poste ministériel, mon successeur, Houphouët-Boigny, dont on connaît l'intelligence politique et le caractère, ne fut pas plus heureux que moi. Nous payons encore les frais de cette occasion perdue.

Certes, rien n'a pu résister à l'élan vers l'indépendance qui s'est fait jour dans tous les continents. Nous devons au général de Gaulle que ce passage inévitable se soit accompli dans la paix ou dans l'apaisement relatif. Mais, du point de vue de la langue et souvent de l'économie, nous devons aux grands Français qui ont pu gouverner l'Empire, que notre présence l'ait profondément marqué.

D'autre part, nos gouvernants feraient bien d'écouter les paroles d'outre-tombe de Georges Spillmann :

« Notre indépendance économique reste fragile, aléatoire, situation dangereuse à laquelle il faut de toute urgence mettre un terme. D'où l'impérieuse nécessité de développer l'énergie nucléaire et de dégager sur notre sol même les ressources com- plémentaires indispensables, aussi coûteuse que soit leur mise en œuvre. Quel que soit le prix on y gagnera ! C'est là pour notre pays une question de vie ou de mort, et il est grand temps

(15)

que tous les Français en soient enfin bien convaincus. Sinon le réveil sera d'autant plus cruel que le temps des illusions aura été plus long. »

J

e retrouve Elisabeth de Miribel dans le livre de sou- venirs qu'elle vient de publier. Cette arrière-petite- fille du maréchal de Mac-Mahon, élevée dans la pure tradition du faubourg Saint-Germain, ne semblait pas destinée à faire une révoltée. Pourtant c'était, dans l'âme, une Française libre. Car elle avait ceci de commun avec tous les Français libres que, pour elle, la foi était inséparable de l'action.

Mais c'est par un hasard de relation qu'elle a coopéré à un moment de l'histoire qui devait ensuite commander à son destin. Elle s'était engagée comme traductrice-rédactrice aux Affaires étrangères le jour de la déclaration de guerre. Elle avait été affectée à Londres à la Mission de guerre économique dirigée par Paul Morand. Geoffroy de Courcel, qui la connaissait depuis des années, savait qu'elle était à Londres. Je laisse la parole à Elisabeth :

« Dans l'après-midi du 17 juin 1940, le coup de téléphone que j'espérais secrètement m'a convoquée pour le lendemain matin à Seymour Place, dans un petit appartement donnant sur Hyde Parle, dont Jean Laurent avait remis les clés au général de Gaulle.

Cette fois-ci, je me suis retrouvée devant une machine à écrire, alors que je tapais fort mal, et devant des feuilles manus- crites très difficiles à déchiffrer.

J'étais installée dans une chambre, à côté de la salle de séjour. Le Général s'est absenté une partie de la matinée. Il est sorti pour déjeuner. Mon vrai travail a commencé vers trois heures. Je m'applique à lire un texte finement écrit et surchargé de ratures. Je dois le recopier, au propre, à la machine. Pour gagner du temps, Geoffroy de Courcel m'en dicte des passages.

Il emporte, au fur et à mesure, les feuillets dactylographiés pour les soumettre au Général. Je ne me souviens plus si j'ai dû les refaire plusieurs fois. Ces mots vont constituer une page d'his- toire. Je ne le sais pas encore. Pourtant j'ai l'obscur sentiment de participer à un événement exceptionnel. Seul Geoffroy de Courcel qui a suivi, pas à pas, les démarches de la journée peut

(16)

mesurer la portée de ce message. L'heure passe. Le temps presse.

Il sera bientôt six heures du soir. Ma tâche est terminée. Le Général fait appeler un taxi pour se rendre à la B.B.C. avec Courcel. Ils me déposent en chemin devant ma porte, à Brompton Square. Il fait encore clair, c'est la fin d'une belle journée. Je monte préparer mon dîner. Pendant ce temps, des paroles irrévo- cables s'envolent vers la France. »

Elisabeth relate les commencements de cette incroyable aventure. Une fois de plus, on admire la volonté géniale qui a fait sortir d'un amas de ruines la libération de la France dans l'indépendance. Après les premiers jours d'incertitude, elle part pour essayer de recruter des volontés et de recueillir un argent si nécessaire, au Canada. A New Y o r k , elle rencontre le père Couturier, ce peintre devenu dominicain qui, avec Jacques M a r i - tain, âme de l'Ecole des hautes études, devait avoir une grande influence sur son évolution. Quand elle arrive à Alger, je la recrute aussitôt pour s'occuper de la presse étrangère, fidèle à la volonté que j'avais de retenir dans l'entourage du Général ceux qui l'avaient suivi dès le premier jour. A Alger, sa sincérité évidente, sa transparence d'âme, son charme féminin l'imposent aux journalistes étrangers et surtout aux journalistes américains qui étaient venus en grand nombre aux aguets de cette grande aventure militaire de leur pays. Je puis attester qu'elle trouva grâce auprès des plus coriaces, même auprès du terrible Callender.

Elle rencontra les résistants venus à l'Assemblée consultative et surtout Pierre Brossolette. Elle est fascinée par lui : «Un homme jeune, de taille moyenne, au regard ardent. Teint mat, cheveux noirs striés d'un épi blanc. Cette fameuse mèche blanche qui devait, après son arrestation, le faire reconnaître, le mener à la torture et à la mort qu'il s'est donnée de crainte de trahir les secrets de son action. Un homme intelligent et libre, cachant sous une apparence ironique, parfois dure, une sensibilité frémis- sante. Il est sans illusion sur les lendemains de la Résistance.

Les vieux partis, dit-il, se reconstitueront pour s'entre-déchirer.

Socialiste convaincu, il se bat pour la dignité de la personne humaine, pour le respect de la liberté. Une grande cause le dévore. H est animé d'un feu qui jamais ne dit : assez !

Je n'ai rencontré chez nul autre, durant ma vie, une telle gratuité dans l'esprit de sacrifice, ni une telle lucidité de juge- ment. »

(17)

De fait, la mort héroïque de Pierre Brossolette a été un malheur pour le pays. S'il est un homme qui pouvait obtenir que le parti socialiste ne rentre pas dans ses vieilles chapelles et soit l'âme de la Résistance au service du pays, c'était lui et lui seul. Hélas ! à la Libération, lui et Jean Moulin n'étaient plus de ce monde.

Elisabeth écrit quelques pages émouvantes sur les Français libres retrouvant leur pays. Elle évoque les débuts du R . P . F . , après qu'elle nous eut accompagnés à New Y o r k . « Mais, dit-elle, nous ne comptons pas que des amis dans Paris libéré. Autant la rencontre entre le Général et Bernanos ou Mauriac a été chaleu- reuse, autant une certaine intelligentsia et une partie de la société gardent la réserve. Quant aux hommes politiques, ils reprennent leur liberté pour préparer leur avenir à travers celui de leur parti. »

Et puis, c'est une nouvelle aventure, celle du R . P . F . : « La réunion, écrit-elle, se tenait à Gentilly, au Gaîté-Palace. La salle était pleine de centaines de gens, de milieux fort différents et de croyances diverses. Les communistes y voisinaient avec des petits- bourgeois et de braves paroissiens du dimanche. Des garçons à casquette, mégot aux lèvres, écoutaient debout avec la même passion que le général Vanier et les invités d'honneur assis sur leur estrade. La foule était tendue, captivée : un silence vibrant planait sur l'auditoire. Ni Stanislas Fumet ni moi, qui avons pris la parole à notre tour, n'étions des orateurs. Mais nous avons expé- rimenté, ce soir-là, que le seul fait d'en appeler tout simplement aux valeurs essentielles peut rassembler les hommes à une profon- deur située très au-delà de leurs divergences d'opinion appa- rentes. »

Elisabeth de Miribel rentre dans le combat. « Le R.P.F., écrit-elle, débutait modestement, dans de petits bureaux, avenue de l'Opéra. On y voyait passer ses promoteurs : Gaston Palewski, Pasteur Vallery-Radot, Jacques Soustelle, le colonel Rémy et, bien sûr, Malraux avec lequel j'ai beaucoup travaillé à l'époque.

Louis Vallon, Diomède Catroux, Nellita Mac Nultry, Alice Gadof- fre font partie de l'équipe. Avec Claude Guy et Gaston de Bonneval, les aides de camp du Général, nous préparons les réunions publiques et les déplacements en province. De nom- breux journalistes étrangers viennent frapper à notre porte ; plus

(18)

que leurs collègues français, ils prennent le Rassemblement au sérieux. »

Elle trouve dans Malraux un guide qui peut satisfaire son besoin d'idéal et de chevalerie au service d'une foi. Mais elle éprouve un grand vide après le départ du Général.

Je me rappelle les visites que je lui rendais au carmel de Nogent où elle avait prononcé ses premiers vœux. Mais quand se soulevait le grillage au travers duquel elle me parlait, je me rendais compte de sa curiosité un peu fébrile de la politique mondiale, de tout ce qui se passait à l'extérieur ; et je me disais qu'elle se ferait difficilement à une vie entièrement contempla- tive. Maintenant, la voici en fin de carrière après avoir occupé brillamment le beau poste qu'est le consulat général de France pour l'Italie du centre, c'est-à-dire Florence.

Chère Elisabeth, qu'allez-vous faire demain ? O ù vous entraînera votre besoin d'action et d'idéal ?

J

'apprends la mort d'Eugenio Montale. C'était un esprit élevé et généreux, un des grands poètes de notre temps. Le prix Nobel avait justement consacré la haute valeur de son œuvre. L a France doit lui être reconnaissante de l'immense affection qu'il lui portait.

J

e ne recevrai plus les petites lettres d'un style ésoté- rique, soutenant parfois des thèses hasardeuses mais toujours animées par une affectueuse confiance, que m'adressait Jacques Lacan. Je savais qu'il était malade. J'étais allé le voir rue de Lille et j'eus le sentiment qu'il s'orientait déjà vers un voyage sans retour. J'avais pu me rendre compte en Italie des services rendus par son œuvre au rayonnement de la pensée française. Derrière le maniérisme de ses propos, i l y avait une intransigeance très respectable au service des grandes thèses aux- quelles i l s'était voué.

J

e ne sais, à l'heure où j'écris ces lignes, ce qui va sortir de la conférence sur le tiers monde, qui va avoir lieu à Cancun. Mais je veux répéter ce que j'écris depuis

(19)

longtemps : continuer à agir d'après les méthodes suivies jus- qu'à présent, c'est vouloir labourer la mer. Ce qu'il y avait de suprêmement intelligent dans le plan Marshall, c'est que, sans porter atteinte à l'indépendance des pays d'Europe secourus, un représentant que son expérience administrative imposait pouvait veiller au bon emploi des fonds distribués. Or, c'est là qu'est la racine du mal. L a manière dont se sont organisés les régimes politiques au lendemain de l'indépendance nouvelle des pays du tiers monde était sans doute inévitable. Mais si l'on veut mettre fin à une situation qui s'avère de plus en plus dangereuse pour la paix du monde, i l faut passer par des canaux différents. Il faut que l'ensemble des fonds distribués par l'Amérique, par l'Europe et les pays riches d'Arabie soit accru. Il faut que des mesures pratiques soient enfin prises pour la stabilisation des cours des matières premières. Mais i l faut surtout qu'ils donnent lieu à une distribution organisée et contrôlée. Certes, i l y avait en Europe une infrastructure administrative et économique qui fait souvent défaut dans les pays du tiers monde. Raison de plus pour que des hommes d'une haute qualité soient sur place afin de remédier à ces manques et organiser la progression vers le mieux-être.

Puissé-je être entendu !

C

eci posé, j'apprécie beaucoup l'insistance mise par M . François Mitterrand à vouloir obtenir une amé- lioration de la situation de l'Amérique latine ainsi q u ' à rechercher une solution valable pour les problèmes du tiers monde. Nous sommes arrivés au moment où i l reste bien peu de temps pour que ces problèmes soient réglés d'une manière pacifique. Je l'ai dit et redit avec la même insistance que j ' a i mise à attirer l'atten- tion sur les conséquences catastrophiques qu'aurait la continua- tion d'une inflation nourrie par les euro-dollars américains. Jac- ques Rueff m'avait prédit que nous ne serions écoutés que quand il serait trop tard. E n voyant les gouvernements s'écrouler les uns sur les autres, comment ne pas regretter de n'avoir pas été entendu ? Ne commet-on pas la même erreur en ce qui concerne le tiers monde ?

L a télévision française est devenue si orientée dans le choix des programmes comme dans la présentation des commentaires

(20)

que je la regarde de moins en moins. J'ai pourtant entendu l'autre jour avec effarement l'honorable M . Jospin faire compren- dre qu'il serait passé outre à la décision du Conseil constitutionnel si celui-ci s'opposait aux nationalisations. Ainsi, le secrétaire général du parti socialiste déclare sans être blâmé par quiconque mettre en cause le caractère définitif des décisions du Conseil tel que l'avait défini la Constitution. Il s'agit là d'une atteinte aux principes essentiels sur lesquels repose la démocratie en France.

Et cette nouvelle imprudence de langage et de pensée n'a suscité aucune mise au point, aucun démenti ! Où allons-nous ?

G A S T O N P A L E W S K I de l'Institut

P.S. C'est Mme Jacquiot, conservateur honoraire du Cabinet des Médailles, qui est l'auteur de l'intelligent com- mentaire du médaillon de Catherine de Médicis reproduit dans mes « Propos » de juin dernier.

Références

Documents relatifs

; que chaque nature de recou- vrement y est portée distinctement, mais pour la totalité du mois dont il est rendu compte, le produit n'y étant pas désigne ni par jour ni par décade

C'est beaucoup plus large, donc on peut trouver des emplois pour un Français, un jeune, qui, s'il voyage, complétera sa formation dans un autre pays ; pour d'autres gens en

« Vous avez le choix entre deux pavillons : celui de la Lanterne qui est un chef-d'œuvre mais qu'il faut réparer et celui de Marly, dans les tirés de la présidence de la

Quand, à la Sorbonne, j ' a i rappelé que le général de Gaulle avait été le seul à élever la voix pour que la France, fidèle à ses alliances, restât dans la guerre,

Le présent compte-rendu avait pour ambition de démontrer empiri- quement, en prenant appui sur la classification isotopique des images (Durand G, 1968), l’influence voire

Par convention nous dirons qu’il s’agit de l’entier le plus proche de x.... L’anneau A est

Dans ce contexte, le mécanisme REDD+, qui s’inscrit dans le cadre des négociations internationales sur le climat, et qui vise à soutenir les pays qui réduisent

[r]