Ce soir, notre Théâtre ferme ses portes. Le dernier coup de minuit roule sur le pavé. La bière n’amasse plus mousse. La musique s’est tue. L’âtre-théâtre qui hier encore réchauffait nos cœurs s’est teint d’un gris-perle qui peu à peu vire au cendré. Les derniers buveurs s’essoufflent à vouloir étirer la nuit ; leurs yeux flamboient mais l’or et l’ambre dans les derniers verres ne suffisent plus à ranimer la flamme. Doucement, le bar s’assoupit, la salle se vide, bientôt le silence s’installe. Certains noceurs s’égrainent ici et là pour pousser plus loin l’ivresse. Derrière eux, lentement, tout doucement le rideau glisse, s’affaisse telle une paupière alourdie par trop de bière. Puis la lumière sombre. C’est fini ! l’enseigne s’est éteinte. Elle s’est endormie à jamais : Paix à notre âme.
Ne soyons pas tristes outre-mesure. Cet été, dans nos cœurs, le Théâtre dormira en paix sous d’épais tapis d’or. Alors, pas de tristesse ! Au mieux, soyons nostalgiques ; la nostalgie n’est-elle pas le miroir des heures passées où se reflètent les souvenirs joyeux (?) La tristesse, quant à elle, est un puits sans fond.