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Devoir de synthèse n° 7
« Souvenirs et nostalgie » Etude de texte
Je suis né aussi loin de toute littérature qu’il est possible. Il n’y avait pas un livre dans la maison où j’ai grandi, à peine quelquefois un journal. Mon père aimait parler mais n’aimait pas lire. Il se faisait dire les nouvelles par ses camarades. Ma mère, toujours à sa « machine » ou à son fourneau, n’avait pas de temps à perdre, et personne autour de nous, ni de nos parents, ni de nos voisins, n’eût pu seulement concevoir ce que pouvait être un livre. Je n’ai, avant mes quatorze ans, jamais lu que par utilité. J’étais devenu un homme quand j’entendis parler des trois mousquetaires et de ces romans d’Alexandre Dumas qui ont été pour tant de gens comme une première réserve de songes. Ce n’était plus le temps de les lire, je ne le trouverai jamais, et j’ai senti souvent quelle perte à cela a été dans ma vie de n’avoir que si tard lu gratuitement et seulement pour le rêve et la délectation (1). Quand j’eus quatorze ans et que la bibliothèque de la ville me fut ouverte, j’y entrai comme dans un temple, le premier dimanche qui suivit mon anniversaire, et dès lors je n’ai plus cessé d’aimer passionnément les livres. Mais le vieil homme bigot qui en avait la garde les surveillait comme autant de démons qui eussent pu ensorceler sa ville, et il ne me permit que Mayne Reid, Feniomore Cooper ou Jules Vernes(2). Je les dévorais, mais pendant des années seulement utiles, et sans doute ce travail de solitaire et d’autodidacte (3) vous donne-t-il la joie de la découverte et de la conquête, mais on n’y gagne pas tout, et même devenu professeur et distributeur aux autres du savoir, je sais que quelque chose m’aura manqué toujours, tout ce que rapportent l’habitude de la culture et la tradition, tout cela qu’on apprend on ne sait
comment par une sorte de contagion, par des conversations, par des camarades, enfin cette grâce et cette gentillesse dans l’esprit qui ne s’acquièrent peut-être qu’en ne lisant que pour son plaisir.
Jean Guéhenno Carnet du vieil homme-1972-
(1)Délectation : plaisir.
(2)Mayne Reid, Fenimore Cooper, Jules vernes : romanciers du 19ème siècle.
(3)Autodidacte : qui s’est instruit lui-même, sans maître.
A- Compréhension
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1) Qu’est ce qui caractérisait le milieu dans le lequel évoluait l’auteur /enfant ?
2) Quel profit de la lecture n’a-t-il pas pu tirer à son grand regret ?
3) En quoi la lecture est-elle importante pour l’auteur ? Relevez, identifiez et expliquez deux procédés d’écriture qui le montrent.
4) Quels sont, dans le texte, les deux rôles assurés par la lecture ? justifiez votre réponse par deux indices textuels.
B-Grammaire
« La concordance des temps »
*Conjuguez correctement les verbes entre parenthèses.
-J’ai toujours dit qu’il n’y (avoir) pas un live dans la maison où je (grandir) et que mes parents (ne jamais manifester) un penchant pour la lecture.
-J’ai pensé que mes étudiants (s’intéresser) dorénavant aux volumes qui (orner) les étagères de la bibliothèque
-Quand j’eus quatorze ans et que les portes de la bibliothèque me (ouvrir), je (foncer) sur les volumes et j’en (prendre) un bon nombre.
C- Essai
Sujet : « Personne autour de nous, ni de nos parents, ni de nos voisins n’eût pu seulement concevoir ce que pouvait être un livre » affirme Jean Guéhenno Pensez-vous qu’un homme ou un peuple qui ne lit pas court un risque ? Développez votre point de vue sur la question en vous appuyant sur des arguments et des exemples précis.