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Chambre d’ionisation à dépôt de carbure de bore (B4C )
pour la mesure des flux de neutrons thermiques
Jacques Labeyrie, Claude Lallemant, Jacky Weill
To cite this version:
32 A.
CHAMBRE D’IONISATION A
DÉPÔT
DE CARBURE DE BORE(B4 C )
POUR LA MESURE DES FLUX DE NEUTRONSTHERMIQUES
Par JACQUES
LABEYRIE,
CLAUDE LALLEMANT et JACKY WEILL. Commissariat àl’Énergie
atomique.
Laboratoire du Fort de
Châtillon,
Fontenay-aux-Roses
(Seine).
Sommaire. - Cette
chambre, moins sensible mais plus aisée à construire que les chambres d’ioni-sation à fluorure de bore, est destinée à mesurer des flux de neutrons thermiques. L’ensemble de la
chambre et du préamplificateur a été conçu pour le contrôle des piles atomiques et permet de mesurer des flux compris entre I et I08 neutrons par seconde et par centimètre carré.
On décrit la structure et les propriétés de la chambre, et, en annexe, la fabrication et les propriétés
des dépôts de carbure de bore B4C. JOURNAL
PHYSIQUE APPLIQUÉE. TOME
12,
OCTOBRE195i,
1.
Description
de la chambre. 2013 La chambre est essentiellement constituée par troisplateaux
d’aluminium de iocm dediamètre,
dont chacunFig. i. - Vue en
coupe de la chambre d’ionisation à six dépôts
et de son préamplificateur.
porte
sur les deuxfaces
undépôt
de carbure de borelié par du silicate de sodium, . La surface de chacun
de ces
dépôts
est de76
±o,5
cm2 et leurépaisseur
moyenne estégale
à 2,7 it0,5
mg : cm2. Chacun de cesdépôts
absorbe6
à I o pour 100 du flux de neutronsthermiques
qui
le traverse. Les troisplateaux,
fixés à une mêmetige
d’aluminium cons-tituent l’électrode’ collectrice de la chambre. Cetteélectrode est reliée à la
grille
d’entrée dupréampli-ficateur,
qui
sera décritplus
loin. Le passage isolé dusupport
de l’électrode collectrice à travers laparoi
de la chambre est assuré par uneporcelaine
vitrifiée,
servantégalement
desupport
mécanique.
.L’électrode haute tension est constituée par sixcoupelles
enaluminium,
montées de telle sorte que chacun des troisdisques porte-dépôt
est entouré presquecomplètement
par deux de cescoupelles.
L’électrode
haute-tension estsupportée
d’unefaçon
rigide
par troiscolonnes,
fixées elles-mêmes à laparoi
extérieure de la chambre par des porce-lainesvitrifiées,
identiques
à cellequi
supporte
l’électrode collectrice. Laparoi
de la chambre est en acier. Lesporcelaines
sont fixées d’unefaçon
étanche sur cetteparoi
par de la soudure à l’étain.Les dimensions de la chambre sont données sur
la
figure i.
La
paroi
en forme de cloche de la chambre est soudée à l’étain sur leplateau qui
porte
les passagesaprès
la soudure de ceux-ci.Une fois
montée,
la chambre est vidéeet
remplie
d’air sec à une
pression
de76
cmHg.
,2. Relation entre la tension entre électrodes
et le courant débité. - Avec
une sources de
rayons y, le courant de saturation est atteint à I
pour 100
près
avec une tension inférieure à IO V(à
1, 5
V,
la saturation estdéjà
atteinte à I o pour 100prés).
Avec une source de neutronsthermiques,
il faut33 A
une tension
supérieure
à 5o V pour atteindre lasaturation à i pour Ioo
près.
Sur la
figure
2 on a tracé ces deuxtypes
extrêmes de courbes de saturation.Fig. 2. - Variation du courant débité
par la chambre
en fonction de la tension entre électrodes (flux faible).
Fig. 2 bis. - Variation du courant débité
par la chambre en fonction de la tension entre électrodes (flux fort).
3.
Rendement. -
a. Pour les rayons y : i mc deradium
filtré par 1 mm de cuivre etplacé
en A(fige 1) produit
un courantqui
est de l’ordre de1,5 .1 om
A;
.b. Pour les neutrons
thermiques :
’Le
rendement
de la chambre a été déterminé enla
plaçant
à la sortie d’un canaltangentiel
de lapile
ZOE et encomparant
le courant que donnealors cette chambre à celui que donne dans les mêmes conditions une chambre d’ionisation
spé-ciale,
à un seuldépôt
de B4 C(d’épaisseur égale
audouble du parcours des rayons
a)
et àparoi
minceen aluminium. Le rendement de cette chambre
spéciale
a étédéterminé,
parailleurs;
en laplaçant
dans un flux de neutronsthermiques
étalonné aumoyen d’un détecteur au
manganèse
de faibleépaisseur :
on trouve ainsi que i cm2 dedépôt
de
B4C
donne un courant maximum de3,1.10-17
Alorsqu’il
estplacé
dans un flux de 1 neutron : cm2 : s.En fin de
compte,
le rendement de la chambre à sixdépôts
est donné parl’expression
F étant le flux de neutrons traversant la chambre
(exprimé
en neutrons par centimètre carré et parseconde)
et I étant lé courant débité par la chambre(exprimé
enampères).
.Remarque.
- A titre decomparaison,
une chambreremplie
de trifluorure de bore(BF,)
sous unepression
de
76
cmHg,
etqui
a même volume intérieur que la chambre àdépôts
solides,
donne dans les mêmesconditions un courant
On voit
qu’à
volumeégal
les chambres àdépôt
/ solide sont environ 20 fois moins sensibles que les chambres
remplies
deBF3.
4. Sensibilité. - La sensibilité de la chambre
est limitée
par. la
résistance de mesure R( fig.
5).
Lâ valeur de cette résistance ne
peut,
enpratique,
dépasser
1012 03A9 à cause de l’instabilité et de lapola-risation
spontanée
des résistances de valeurplus
élevée. .
Le courant le
plus
faiblequ’on
puisse
mesurerainsi à l’aide de
l’amplificateur
à courantcon-tinu C. E. A.
standard,
avec uneprécision
de l’ordrede 5 pour 1 00@ est Io-14
A,
cequi correspond
à un flux minimum d’environ i neutronthermique
par seconde et par centimètrecarré..
.
5.
Proportionnalité
du courant débité et du flux de neutrons. - La linéarité de la variationdu courant en fonction de celle du flux de neutrons
a été vérifiée en
plaçant
la chambre dans un canalde contrôle de
ZOE;
,1° à
l’emplacement
dit «position
reculée »(fig.
3);
20 àl’emplacement
dit «position
avancée »( fig. 3
bis)
et en faisant croître lapuissance
de lapile
entre 10o W et 5o kW. On voit que la variation du courant reste
proportionnelle
à
la variation du fluxjusqu’à
des flux de 3.108 neutrons : : cm2 : s(courant
de 4
03BCA environ)
pour une différence depotentiel
6. Effet de la direction du flux de neutrons.
---On constate que
lorsque
l’axe de la chambre estparallèle à
la directionprincipale
du flux deneutrons,
’
Fig. 3. -
Proportionnalité du courant débité par la chambre
au flux de neutrons (flux faible).
Fig.
3,bis.
-Proportionnalité du courant débité par la
chambre au flux de neutrons (flux fort).
le courant débit par la chambre est
plus
grand
quelorsque
l’axe de celle-ci estperpendiculaire
à la direction duflux..
Les valeurs
correspondantes,
ainsi que les valeurs intermédiaires sontportées
sur lafigure
4.
7.
Préamplificateur.
-- La chambred’ionisa-tion est suivie
immédiatement
d’unpréamplifica-teur relié lui-même par un
câble,
dont lalongueur
peut
atteindreplusieurs
dizaines demètres,
à unamplificateur
à courant continu à contre-réactiontotale
(fig. 5).
L’emploi
d’un telamplificateur
a conditionné lechoix des passages isolants utilisés dans la chambre. On
sait,
eneffet,
que la contre-réaction totaleconsiste à opposer à la tension ee que l’on veut
mesurer la totalité de la tension de sortie de
l’ampli-ficateur. Dans ces
conditions,
A étant legain-
deFig. 4.
2013 Variation
du courant débité par la chambre en fonction de son orientation par rapport à la directionprin-cipale du flux de neutrons.
l’amplificateur
sanscontre-réaction,
la tension de sortie est .Fig. 5. - Schéma du circuit d’entrée de l’amplificateur.
valeur très sensiblement
égale
à ee car A estgrand.
Si
le
est le courant fourni par. la chambred’ionisa-tion ;
.IR
le couranttraversant
-la résistanceR;
Ir
le courant de fuite traversant la résistance réquivalente
à l’ensemble des résistances para-sites(résistance
dupassage
isolant de lachambre,
résistancesuperficielle
de lalampe
électromètre,
etc.),
on a35 A
Le courant
Ir,
non mesuré parl’amplificateur,
constitue l’erreur commise sur la .mesure de lc.
On voit que dans le cas du
montage’
àcontre-réaction
représenté
sur lafigure
6, le courant de fuite est :Fig. 6. -- Schéma du dispositif d’amplification
à contre-réaction utilisé.
Il
serait
Lr
dans unmontage
sanscontre-réaction.
Par
l’emploi
de lacontre-réaction,
on a doncdivisé par A le courant
I,.,
donc l’erreurcommise
sur la mesure de
le.
_ Le
gain
del’amplificateur employé
étantA=4ooo,
nous remarquerons que
l’emploi
d’une résistance de mesure Rde 1012-Q
nécessite,
pour une mesure dele
avec uneprécision
meilleure que i pour ioo, une résistanceparasite
rsupérieure
à1014
03A9,
s’iln’y
a pas de contre-réaction et seulement à
2,5. 101003A9
dans le
montage
àcontre-réaction,
cequi
permet
l’emploi
d’un isolant ordinaire comme la stéatitepour le passage de l’électrode centrale de la chambre.
Fig. 7. -
Coupe du relais blindé pour la mise à zéro.
Outre la
lampe
électromètre et la résistance R de mesure, lepréamplificateur
contient un relaisqui
permet
de court-circuiter à distance la résistance R et de réaliser ainsi le « zéro » del’amplificateur.
Ce
relaiscomporte (fig. 7) :
a. un
blindage
magnétique
empêchant
les fuitesmagnétiques
qui perturbent
le fonctionnement de lalampe
électromètre;
b. des contacts
argent
surargent
diminuant considérablement la différence depotentiel
de contact.Ces deux
dispositions
sont nécessaires pour évitertout « faux zéro » de
l’amplificateur.
ANNEXE.
Dépôts
de carbure de bore(B4C).
1. Fabrication des
dépôts
deB4 C.
- Lesdépôts
solides décrits ci-dessous. sont constituéspar une couche de carbure de bore
pulvérulent,
dispersé
dans un vernis de silicate de sodium.Le
carbure de boreB4C
se trouve dans le commercesous forme d’une
poudre
àpetits grains
(dia-mètre : 3 ± 2
03BC),
très durs. Ce carbure est très stable et d’unepureté
relativement trèsgrande (1).
D’autrepart,
leB4C
est lecomposé
leplus
riche enbore
répondant
aux conditions suivantes :absence,
à l’exclusion dubore,
d’éléments absorbant fortementles neutrons;
régularité
defabrication;
facilitéd’approvisionnement, d’application
et d’utilisation. La densité est de2,5 ± o,3
(en
couchetassée).
Lesdépôts
ordinairementappliqués
sur desdisques
d’aluminium(2)
ont uneépaisseur
de l’ordrede 0,01 mm
(2,5
mg : cm2environ).
Voici unefaçon
simple
de les faire :io
Mélanger
intimement lapoudre
deB4C
à unepetite quantité
de solution de silicate de sodium à 15 pour 100jusqu’à
l’obtention d’unesuspension
ayant
la consistance d’un laitcrémeux;
20
Dégraisser
soigneusement
lapièce
surlaquelle
doit être effectué ledépôt,
et ladécaper
aupapier
émeri no
0;
,30
Étaler
lasuspension
deB4C
à l’aide d’unpinceau
trèsdoux,
ens’efforçant
d’obtenir une coucheunie,
sans trous etd’épaisseur
aussi faible quepossible;
40
Laisser sécherquelques
minutes à l’airlibre;
5p
Étuver
à 2ooOpendant
10 h.Le
dépôt
ainsi obtenu est résistant aufrottement,
il a un
aspect velouté,
de teintegris
noir.On
peut
aussiopérer
par sédimentation dans une solution de silicate ’desodium
à 5 pour 100. Laproportion
deB4C
est,
de l’ordre deo,5 g
pour 100 cm3
de solution.Le
séchage
etl’étuvage
se font comme il est dit ci-dessus. Ce second
procédé
fournit desdépôts
trèshomogènes,
etd’épaisseur
bien définie. Il est
cependant
d’une exécution moinsrapide
que lepremier.
2. Influence de
l’épaisseur
dudépôt
deB4C
sur le rendement. -
L’énergie
desparticules
« et des noyaux de lithium issus de la réactionB (n, a)
Li est relativement
faible, 1,64 MeV
eto,g3 MeV
(1) Impuretés du B4C :
Si, Fe, Mg : I o-2 à 10 1; Al, Mn : I o-2; Pb : I o-4; Cu : I o-6 à 10 4; Ag, Be, Cd, Co, Ni, Sn : faibles traces (io-Il à io-5).
(Échantillon
provenant de Larderello, Florence, Italie.) (2 ) Analyse spectrographique qualitative de l’aluminiumutilisé pour supporter les dépôts décrits dans cet article :
respectivement.
Cesparticules
ont des parcours de3,8
pu et de 1 li- environ dans ledépôt
deB 4C
(densités superficielles correspondantes : 1
mg : CM2 eto,25
mg :cm2),
et des parcours de l’ordrede 7
mm et de1,8 mm,
respectivement,
dans l’air àpression
normale. .
Avec le
prodécé
d’obtention
desdépôts
décritsplus
haut,
il estpratiquement impossible,
à cause de la taille desgrains
deB4C
de descendre au-dessousde
l’épaisseur
correspondant
au parcours maximumdes rayons oc dans le
dépôt.
Pour des
épaisseurs supérieures,
on observeexpérimentalement, lorsque l’épaisseur
croît,
une lente décroissance du rendement due àl’absorption
‘des neutrons dans le
dépôt.
3.
Évolution
dudépôt
deB4C.
- Desdépôts
de
B4C
suraluminium,
faits il y a 18 mois et conservées dansl’atmosphère
normale de larégion parisienne
n’ont paschangé d’aspect,
nid’adhérence.
Cepen-dant,
une évolution dudépôt (en particulier
dusilicate de sodium servant de
liant)
était à craindre sous l’influence du bombardement des neutrons et surtout des rayons ce et de lithiumprenant
nais-sance dans la réaction B
(n, 03B1)
Li. On a donc soumisdes
plaques
d’aluminium recouvertes dudépôt
deB4C
à un flux de neutrons très intense en lesplaçant
dans larégion
centrale de ZOE. La dosetotale reçue a été
de 7.1015
neutrons : cm2 à unflux moyen de 3.109 neutrons : cm2 : s. Ce flux
correspond
à laproduction
d’un courant d’ionisa-tion de 0,1 fJ- A : CM2 dedépôt.
Cette dose de neutronsest
la dose que recevraient en 3o ans des chambresd’ionisation de contrôle
situées
à leuremplacement
normal dans unepile atomique
marchantcons-tamment à une
puissance
de 2 ooo kW.Après
cette irradiation massive il n’a été constatéaucun
changement
dansl’aspect
et l’adhérence dudépôt.
4. Activité du
dépôt après
irradiation.-L’activité
p
et y àlongue
période prise
par ledépôt
deB4C
est’trèsfaible;
elle décroît suivant unepériode
de 3 h environ due au
manganèse présent
à l’étatd’impureté
dans leB4C
et dans l’aluminiumsuppor-tant le
dépôt.
A cette activité se superpose une activité de
plus
grande période, peut-être
due
aucuivre,,présent
également
à l’étatd’impureté.
Ces activitéparasites
du
dépôt
ne’ sont pasgênantes,
car elles ne sontguère plus importantes
que cellesqui
sontprises
par l’aluminium
constituant
lesparois
de la chambreet
qui produisent
un courant d’ionisationnégli-geable
devant celuiqui
est dû à la réaction B(n, 03B1)
Li.Fig. 8. -
Trajectoires
produites dans une émulsionphoto-graphique Ilford C2 placée contre un dépôt de B,C
d’épais-seur supérieure au parcours limite, et qui a reçu une dose de 7,5. 108 neutrons : cm2.
M. Jean-Pierre Grillon a réalisé les différents