Editorial
La canne à sucre et l'eau
A
vec une production m ondiale de près de 1,3 m i l l i a r d de tonnes, la canne à sucre est la plus importante matière agricole que les hommes aient jamais extraite des champs. Les volum es d'eau utilisés p a r la c a n n e p o u r p r o d u ir e c e tte énorm e quantité de tiges usinables, sont é v id e m m e n t très élevés : une estimation rapide donne 200 tonnes d 'e a u p o u r 1 t o n n e de c a n n e . Q u 'e l le s o it d 'o r ig in e p lu v ia le ou a p p o r t é e p a r l ' i r r i g a t i o n , l'e a u d ev ien t qua sim en t partou t une res source rare et son utilisation agricole sera sans d ou te de plus en plus en com pétition avec les usages domes tiques ou industriels. La filière canne à sucre dans son ensemble d oit donc veiller à valoriser cette ressource. D e p u is lo n g t e m p s , la r e c h e r c h e agronom ique étudie les bases scien tifiques de la consomm ation de l'eau dans la p ro d u c tio n végétale. Nous avons fait de grands progrès dans la co nn ais s an c e du système e au -so l- plante.Nous avons une assez bon ne c o m p ré h e n s io n des effets c lim a tiq u e s , tout au moins les effets hydriques, et n o u s d is p o s o n s de m é th o d e s et d 'o u tils p ou r évaluer, a p r io r i ou a
p o s te rio ri, l'a p p o r t d 'e au u tile à la
plante.
N ous conn aisson s de plus en plus finem ent l'im po rta n ce de l'eau dans les m écanism es de photosynthèse, de respiration et de transpiration du couvert végétal, toutes fonctions qui d é te rm in e n t son b ila n énergétique. Les mécanismes mis en jeu lorsque
la p lante d o it faire face à un stress h y d r iq u e sont de m ie u x en m ie u x connus.
Nous progressons dans la c o n n a is s a nce du s ta tu t de l'e a u p o u r les différents types de sol — bien q u 'il reste de très larges zones d 'o m b re — et dans celle des interactions entre le c o m p le x e a bso rb an t du sol, l'e au , la s o lu t io n c h im i q u e du sol et le système racinaire des plantes. D ep uis plus de 30 ans, les sp écia listes de l'Ira t (Institut de recherche en a g r o n o m ie t r o p i c a l e ) p u is du Cirad (Centre de co op ératio n inter nationale en recherche agronom ique pour le d éveloppem ent) o nt c o n tri bué à faire progresser ces c o n n a is sances. Ils les ont appliquées au cas spécifique de la canne à sucre pour raisonner les questions des p ro d u c teurs sur l'a daptation c lim a tiq u e de la culture, la conduite de l'irrigation ou la gestion des risques hydriques. Ce numéro de la revue Agriculture et
d éveloppem ent présente des c o n tri
b u tio n s sur ces d iffé re n ts thèm es, ainsi que que lq ue s études menées par nos p artenaires. Les que stion s liées à l'eau et la canne à sucre sont très diverses selon l'échelle à laquelle elles se situent et selon la finalité de celui qui les pose. Les articles illus trent bien cette diversité d 'é c h e lle : m icrom étrique, de la dim ension des poils absorbants, des stomates et des pores du sol ; m illim étrique, précipi ta tion s et irrig a tio n , réserve u tile ; d é c im é triq u e , à l'é c h e lle du fo n c tionnem ent hydrodynam ique du sol, de la sphère racinaire, et de la crois sance du c o u v e rt ; h e c to m é tr iq u e
p o u r la c a rto g r a p h ie des réserves utiles, des tours d'eau, le c h o ix du système d 'irrig a tio n et k ilo m é triq u e pour établir le réseau d'irrigation, la cartographie de périmètres.
Il resterait bien des questions à abor der pour faire de ce dossier un traité d ' i r r i g a t i o n de la c a n n e m ais les c o n trib u tio n s des auteurs m on trent q u e p o u r ra is o n n e r la g e s tio n de l'eau d 'u ne parcelle de canne, il est indispensable de bien connaître son sol, qui constitue le support essentiel de cette eau utile, son c lim a t et de disposer d 'o u tils pour se placer sur des échelles appropriées de temps et d'espace, prévenir de la dégradation d'u n périmètre.
Pour la r é a lis a tio n de ce n u m é ro , Rémi Gaudin, mis à la disposition du m in istère des affaires étrangères, a consacré beaucoup de temps notam m e n t p o u r la c o o r d i n a t i o n et les c o m p lé m en ts apportés, nous lui en sommes particulièrem ent reconnais sant. Nous avons aussi bénéficié des c o n s e ils d 'u n c o m i t é de le c t u r e é la r g i : R. C a l v e t de l ' l n a - p g ; P. Ruelle et J. M a illo l du Cemagref ; D. T ra n M i n h , M de R aïssac, E. M alézie ux, M . D in g kuh n, S. M arle t et R. Baran du C ira d . Enfin, nous devons b ea u c o u p à J.-R. T ie rc e lin , qui a accep té de re lire l'e n s e m b le des a rticles et de fa ire des sugges tions. Nous exprim ons ici, à tous ces participants, toute notre reconnais sance.
E. H ainzelin Chef du programme canne à sucre
(Montpellier, septembre 2000)