• Aucun résultat trouvé

Monsieur l Ambassadeur de Pologne, Excellence, Monsieur le Ministre - Conseiller, représentant l Ambassadeur de

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Monsieur l Ambassadeur de Pologne, Excellence, Monsieur le Ministre - Conseiller, représentant l Ambassadeur de"

Copied!
11
0
0

Texte intégral

(1)

Cérémonie du souvenir au mémorial de Coudehard-Montormel Samedi 24 août 2013

Discours de M. Jean-Christophe MORAUD, Préfet de l’Orne

Monsieur l’Ambassadeur de Pologne, Excellence,

Monsieur le Ministre - Conseiller, représentant l’Ambassadeur de Belgique,

Madame et Monsieur les Députés, Monsieur le Sénateur,

Monsieur le Président du Conseil Régional,

Monsieur le Président du Conseil Général, Monsieur le Ministre, M. le Général, commandant la 10ème brigade de Cavalerie Polonaise,

(2)

Monsieur l’Attaché de défense à l’Ambassade de Pologne, Monsieur l’Attaché de défense à l’Ambassade du Canada,

Monsieur le représentant de l’Attaché de Défense à l’Ambassade de Grande-Bretagne,

Madame le Maire de Coudehard, Monsieur le Maire de Montormel, Messieurs les Officiers Généraux,

Mesdames et Messieurs les Présidents et représentants d’associations d’anciens combattants,

Mesdames, Messieurs,

En ce mois d’août 1944 redevenu enfin chaud, s’est conclue dans l’Orne il y a près de 70 ans l’une des plus furieuse bataille avec celle des Ardennes qu’ait connue le front occidental entre 1940 et 1945.

La bataille de Normandie aura duré 85 jours. Elle a donné lieu à de terribles combats pour prendre pied sur le sol français tout d’abord, pour conquérir Caen, Cherbourg, Saint Lô, pour percer

(3)

vers l’Ouest et entre les 7 et 20 août réduire la poche de Mortain – Falaise à l’intérieur de laquelle les allemands des VIIème armée et Vème armée blindée s’étaient fait envelopper.

Cette féroce bataille de Normandie – ou plutôt cette succession d’éprouvants combats entre le 6 juin et fin août 44 – se déroule dans une région paisible, heureuse qui n’avait pas vu se dérouler d’affrontements militaires depuis la guerre de 100 ans. Elle a coûté la vie à près de 20 000 civils, lancé 300 000 sinistrés sur les routes, détruit bien des villes normandes.

On raille parfois la placidité des normands, aujourd’hui comme en 1944. En réalité, il faut se louer de leur extraordinaire endurance : leurs villes et fermes ravagées, leurs troupeaux décimés, pris entre deux feux, ceux qui ont survécu ont malgré tout réservé un extraordinaire accueil à ces libérateurs dont ils ne parlaient pas la langue et ils ont fait souvent preuve de compassion à l’égard des blessés et agonisants allemands.

(4)

Cette campagne normande apaisée que nous contemplons du haut de cette cote 262, la colline de Montormel a été parfois comparée au soir du 24 août 1944 au Stalingrad de l’Ouest.

Laissons aux stratèges et experts en art des batailles leurs comparaisons mais il est certain que cette furieuse bataille qui se joue entre le 15 et le 22 août dans le triangle (je devrai plutôt dire le verrou) Argentan – Trun – Chambois eut une influence déterminante sur le cours de la bataille de France : elle a cassé la puissance utile de l’armée allemande.

Dans cette poche de Mortain – Falaise, 19 divisions allemandes ont été taillées en pièce ; dans le verrou Argentan – Trun – Chambois, 150 000 soldats de la Wehrmarcht souvent démoralisés et désorganisés ont combattu âprement pour échapper à l’encerclement, fuir un déluge de feu et gagner la Seine, leur salut.

Certes, la Wehrmacht parvient à faire traverser la Seine a plus de 200 000 hommes mais elle a laissé en Normandie et dans l’Orne pas moins de 450 000 prisonniers, 350 000 blessés et disparus, tous combattants solides et aguerris, sans doute plus expérimentés que

(5)

les alliés, une grosse partie de son parc de blindés, son artillerie de campagne, et quasiment toute sa traction hippomobile.

C’est une armée formée de lambeaux d’unités qui bat en retraite désormais vers les frontières allemandes au Nord et à l’Est. Les alliés libèrent la France sur la lancée, et ils ne sont confrontés à de véritables combats qu’en Hollande, dans les Vosges et sur la ligne Ardennes – Rhin à la fin de l’année.

C’est dire si cette bataille de l’intérieur, mal connue au sein de la grande bataille de Normandie aura pesé sur l’issue militaire de la seconde guerre mondiale, sur le front européen.

Il est pourtant frappant de constater combien cette mêlée furieuse n’a guère laissé de traces visibles en Normandie et dans l’Orne tant les corps, les villes et villages ont été meurtris, détruits.

Nous avons tous en tête – les vétérans plus encore – les images sidérantes de ce boyau de 8 km de long entre Chambois et la Vallée de la Dives, cette route de la mort où étaient enchevêtrés les corps des combattants, des chevaux, les carcasses des véhicules,

(6)

blindés, charrettes, vélos... Les allemands avaient tenté de fuir mais ils n’avaient tout simplement pas de place !

Nous avons tous en tête ces photographies des correspondants de guerre souvent prises sous des angles surprenants parce qu’à cette époque les Robert Capa, David Seymour, Joe Rosenthal suivaient au plus près les combattants. Elles montrent un amoncellement monstrueux de matériels calcinés, de corps dont les yeux encore ouverts portent à jamais l’effroi de ces combats, de chevaux déchiquetés qui nous renvoient à la figure centrale du tableau Guernica et ces regards vides et hébétés des prisonniers allemands dont un officier canadien dira qu’ils n’avaient même plus la force de se rendre.

Eisenhower quelques années plus tard décrivit ce spectacle dans ses mémoires Croisades en Europe : « je fus conduit d’un bout à l’autre à pied pour voir des scènes qui seul Dante aurait pu décrire. Il était possible de marcher pendant des centaines de mètres, en ne marchant sur rien d’autre que de la chair morte et pourrissante ».

(7)

A la fin de la décennie 2010, et plus encore l’an prochain avec les commémorations du 70ème anniversaire de cette bataille, nous basculons dans une autre période, marquée dorénavant par l’absence des vétérans de ces combats.

Ces temps appartiendront désormais aux livres d’histoire avec des pages que l’on consulte, que l’on tourne. Les paysages de Normandie, hauts lieux d’âpres combats avalent les stigmates des batailles comme du côté de Verdun ou du chemin des Dames. Les âmes meurtries cicatrisent avec le temps.

L’importance des hauts lieux comme Montormel ou Omaha Beach et des moments solennels dédiés à la commémoration procède des deux fonctions que la collectivité leur assigne :

- la première est continuement de rendre un hommage aux combattants. Ils sont venus des lointaines plaines du Manitoba, des vallées du Kentucky, de Posnam ou de Katowice, de Ségovie, Terruel ou d’AEF pour la 2ème DB et pour ces jeunes hommes, Argentan, Trun, Chambois, Montormel étaient des points ou des côtes sur une carte d’Etat-Major.

(8)

Ils sont venus, ont combattu, ont vaincu et beaucoup d’entre eux sont restés là. Comme représentant de l’Etat dans le département, je tiens à saluer et à rendre l’hommage qui est dû au sacrifice de ces soldats venus d’ailleurs et au travers de leurs représentants, aux troupes polonaises, canadiennes, américaines et anglaises.

Vos combattants sont tombés ici, dans cette campagne dont ils ignoraient tout. Que leurs pays et leurs descendants sachent bien que nous ne les ignorons pas car depuis près de 70 ans, il y a entre eux, les normands et les français un lien de sang et une fraternité d’arme et de souffrance. Chaque cérémonie à Montormel est l’occasion de raviver cette fraternité et de se remémorer un passage des Feuillets d’Hypnos de René Char : ceux qui partagent leurs souvenirs, la solitude les reprend, aussitôt fait silence ;

- la seconde fonction s’imposera de plus en plus à mon sens . Même si les fronts russes ou pacifique n’ont pas été en reste durant cette guerre, les combats dans ce triangle Argentan – Trun

(9)

– Chambois ont été épouvantables. J’ai dit à l’instant l’effroi et l’hébétude qui ont saisi les combattants qu’ils soient vainqueurs ou vaincus. Elle se découvre dans les photos ou films d’époque même si l’objectif de l’opérateur n’a pas voulu saisir cette réalité.

Il est important – et je salue le rôle du Conseil Général de l’Orne qui porte le Mémorial comme celui des communes de Coudehard et Montormel dans l’organisation de cette cérémonie – de conserver et de produire ces images et ces témoignages – surtout, au moment où la silhouette des vétérans s’évanouit.

Elles nous rappellent que le feu tue pour reprendre le mot de P. Valéry et qu’on ne fait pas la guerre pour des vaines querelles.

Montrer l’immontrable et dire l’indicible de la guerre doivent nous rendre non pas pacifistes mais déterminés à imposer politiquement une vision commune de la paix aux hommes.

Montormel parce qu’il rassemble le souvenir des combattants alliés et des soldats allemands doit jouer le même rôle repoussoir de guerre que le roman d’E.M. Remarque A l’Ouest rien de nouveau.

(10)

Tant de souffrance partagées entre soldats et civils, tant de courage, tant de sacrifices ne peuvent déboucher que sur des relations empreintes de tolérance et de respect, parce que marquées au sceau du sang versé.

On ne rappellera jamais assez combien cette guerre mondiale fut une tragédie « planétaire ». Il est important de préserver des lieux où cette tragédie évidemment ne se rejoue pas, mais où elle est mise en scène, en relief car c’est sur cette fondation sanglante que l’alliance atlantique, l’Europe se sont reconstruites avec à la clef 70 années émaillées certes par des conflits et des guerres mais jamais d’ampleur comparable à la seconde guerre mondiale.

Ici, la mémoire des combattants qui ont perdu la vie, ont été broyés est honorée, préservée. Elle reste vivante car elle est frappée à l’aune de notre gratitude pour leur sacrifice dans la défense des valeurs suprêmes de la démocratie, la liberté et la paix qui nous réunissent aujourd’hui.

La mémoire de ces soldats, qui sont passés par la Normandie et qui pour beaucoup sont restés là, y est également honorée pour

(11)

entretenir dans le cœur des hommes d’aujourd’hui cette envie de vivre dans un monde libre, fraternel, en paix et qui ne soit pas une utopie.

Je vous remercie.

Références

Documents relatifs

Le chien grommela comme s'il voulait mar- quer son désaccord, mais il rentra dans sa niche.. Iwan toussa encore une fois et s'empressa

Vous dire que l’annonce de la conclusion de cet accord que le Gouvernement a découvert dans la presse démontre à nouveau l’incohérence, parce qu’en pleine crise COVID,

En réponse à la lettre précitée, j'ai l'honneur de vous informer que la mention sommaire des SMUR dans l'avis relatif au programme de soins. « urgences» comporte

En œ qui concerne la proposition formulée, à savoir« qu'un infirmier en chef, ne répondant pas aux critères fixés, mais exerçant pendant 1 0 ans déjà la fonction d'infirmier

L'AR du 10 août 1998 modifiant l'arrêté royal du 23 octobre 1964 portant fixation des normes auxquelles les hôpitaux et leurs services doivent répondre, dispose que

Par votre présence, Monsieur le Président, honorables Ministres, Excellences, chers invités, vous démontrez visiblement pour tous, l’importance que vous accordez à la culture et

La Vélomaritime - en Hauts-de-France - sera la dernière partie de cette aventure, qui nous aura permis de découvrir notre pays, en compagnie d'amis français et européens, pour aller

Le régent répondit que sur ce point il ne pouvait qu'assurer la Porte des bons offices de la France, sans toutefois répondre du consentement des Mallais. Dans le même temps que