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(1)

UN AMBASSADEUR TURC A PARIS

sous LA RÉGENCE

Ambassade de Mehcmet-Effendi en France, d'après la relation écrite

par

lui-mcme et des documents inédits des Archives

du

Ministère des Affaires étrangères.

Louis

XIV,

qui, en 1673, avait obtenu du

Grand

Seigneur le renouvellement des capitulations, avait sollicité, mais en vain, la réparation de la voûte du Saint-Séptilcre de Jérusalem qui n'ofTraitplus à la piété des latins qu'un abri fortprécaire. M. de iVointcl, M. des Alleurs, nos ambassadeurs auprès de la Porte, avaient fait de

nombreuses démarches

dans le

même

sens, sans réussir davantage. Celte alTairc,sisimple enapparence,éveillait la superstition des Turcs, excitait lajalousie des Grecs, et il

y avait à lutter

non

seulement contre l'avaricedes premiers et le zèle artificieux des seconds,mais encore contre les réclamations maladroites de nos religieux et la politique

du

pape

lui-même

qui, par le

moyen

dela Congrégation de Proparjanda Fide^ pro- tégeait les

moines

italiens et jalousait les avantages quipou- vaient échoir à nos missions.

Le

marquisde Bonac,qui était depuisle mois d'octobre1716

1) Jean-Loiiis Dusson ou d'Usson, niarquis de Bonac, seigneur du pays, souverain de Donnezan elconseillerd'Étal cl'épée, chevalierd'honneur au Par- lementde Toulouse, etc., était originairedupays deFoix. C'était un dif.lomate de« carrière ». Il avait débuté en accompagnant, en 1696, son oncleM. de Bonrepaus, anihossadeur, successivement en Danemark et en Hollande: ilavait vingt-deux ans lorsqu'il fut envoyécomme médiateur de la paixentrelaSuède

et le Danemark à Trauendal. Il représenta la France auprès de Charles XII, suivitce prince en Suède eten Pologne. Après la bataillede Pult.iwa, il résida à lacour de Stanislas, roi de Pologne, puis fut envoyé en Espagne lors des négociations d'Ulrecht, pourdemanderà Philippe V de céder au roi,son uïeul, ses pleins pouvoirs pour traiterde lapaix; il réussit dans sa mission, obtint, en 1716, l'ambassade de Constantinople. Il rJemanda son rappel en 1723, fnl

ambassadeuren Suisse jusqu'en1736 etmourut le 1" septembre 1738.Ilavait

(2)

UN AMBASSADEURTURC A PARISSOUS LA RÉGENCK 79 notre

ambassadeur

à Conslanlinople, fut plus heureux que ses prédécesseurs et obtint duraut la minorilé de Louis

XV un

lirman du

Grand

Seigneur qui terminait cette affaire pendante depuis plus de trente années; il avait su choisirle

moment

et saisir l'occasion.

Celait lors

du

congrès de Passarowitz qui mit finàla guerre entre l'Empereur et la Porte et se termina par

un

traité fort onéreux pour celte dernière, mais qui écartait pour

un

inslant le péril suspendu sur Tempirc d'Orient', Notre ambassadeur, pour seconformer àses instructions, n'avait pas

manqué

d'en- courager les Turcs à la résistance; maintenant que la guerre

était terminée, il lesengageait àfaire le

moins

de concessions possible à nos ennemis traditionnels et s'allachait à maintenir auprès

du

sultan et de son

nouveau

vizir, Ibrahim-Pacha, la

suprématie de la France, que pouvaient atteindre les succès récents de

IKmpereur.

Il représenta au

Grand

Vizir que les

Impériaux avaient l'intenlion de prendre en mains l'affaire du Saint-Sépulcre de Jérusalem dont il l'avait déjà personnelle-

ment

entretenu. « Je sais que les Impériaux doivent en parler

au

traitéde paix, dit le marquis de

Bonac

au Grand-Vizir, et il

n'y a pas d'autre

moyen

pour vous de leurrefuser

honnêtement

que de direque vous l'avezdéjà accordéeà S. M. l'Empereur de France. » Là-dessus, noire

ambassadeur

prenant Ibrahim par son propre intérêt ajouta : u Si vous ne prenez point ce parti,

vous mettrez entre les

mains

des Allemands

une

occasionper- pétuelle de ruplure, el les rendrez, pour ainsi dire, les maîlres de lapaix et de la guerre; les affaires deJérusalem devenant un

article de paix, les

Allemands

n'en parleront plus

comme

nous avecamitié, mais ils feront la loi avec la hauteurqui leur est naturelle; c'est à vous à considérer ces inconvénients et à don- ner à l'amitié de la France ceque vous ne pouvez refuser autre-

épousé une desfilles fia'maréchal de Biron, le23 décembre 1715. Ln m.irqiii?e de Bonacétait liée avec milady Montagne, qui fait dans seslettres l'éloge de .M""* lie Bonacen luireprochant toutefoisde trop tenir au cérémonial.

1) L'Aulrichegardait toutes ses conquêtes : la Valacliie occidentale, le bnn- natde Tameswar, Belgradeel laSerbie.

(3)

80 REVUE d'histoire DIPLOMATIQUE

ment

à la supériorité des Allemands'. » Ibrahim-Pachafutcon- vaincu etpromit de toutterminerà son retouràConstanlinople.

« Et véritablement, écrit le marquis de

Bonac

au roi, le grand

vizir

m'a

tenu parole depuis avec

deux

particularités remar- quables;lapremière, quecelte affaire fut finie dansle temps que l'ambassadeur extraordinaire de l'Empereur élait à Constanli- nopleet sous ses yeux; la secondequ'afin que personne ne put douter dansl'Europequelachrétientédevait cetteconsolation

aux

soinsetàlaprotectionde VotreMajesté,il luifaitenvoyerune

ow-

bassade solennelle

uniquement

pour l'informer que laréparation qu'elle désirea été

heureusement

terminéeselonses souhails'. »

La

nouvelle de celle

ambassade

ne futpas accueillie avecfaveur dans l'entourage

du

jeune roi et le marquis de IJonac reçut l'ordre de s'opposerà sa venue par toutes sortes de bonnes rai- sons et autant qu'il dépendrait de lui'. Les Orientaux avaicni mauvaise réputation h la cour de Versailles, cl l'ambassadeur de Perse, Mehemet-Rizabey*, qui, quelques années auparavant, s'était faitremarquer par son insolence et sagrossièreté, n'avait faitqu'accroître la prévention qui régnait contre eux.

En

outre, la peste faisait en Provence de

nombreuses

viclimes, impoiléc par

un

navire

venu

de l'Orient; l'ambassadeur cl sa suite ne pouvaient débarquer à

Toulon

sans s'exposera la contagion et devaient, dans tous les cas, se soumettreaux précautions et

aux

ennuis inséparables des différentes quarantaines imposées soit

au débarquement, soitàchaque passage d'une province

ou

d'une

1) Relation del'ambassarle du marquisde Bonac à Constanlinople (Archives nationales], I^. 1346,n* 19).

2) Mémoire précité.

3) Lettrede Dubois au marquis de Bonac, \ novembre 1720. Arctiives du Ministère desAffairesétrangères, Constanlinople.

4) Rizabey, envoyé du sophi de Perse, arrivaà Marseilleau mois d'octobre 171i.C'était lapremièreamtiassade de cesouverain au roide France. Le choix du sophi n'avait pas été heureux pour le début. Rizabey était superstitieux, violent et débauché. Lorsque Louis XIV luifil annoncer que son jour d'au- dience étaitvenu, il parcourut son livre « des lunes » et manifesta l'intention

quecejourfut remis au 13 de lalune, assurantqu'il lui élait impossibled'as- sisteràunepareille cérémonieun journéfaste. Durunt son séjourà Paris, il se livra à. unedébauche effrénée,et par la violencede son caractère s'attira plu- sieurs affaires désagréables. Il sen retourna en Perse parla lîussieavec les présents du Roi, mais n'ayant pointde quoi subvenir à ses dépenses, il les vendit en route, etcomme il n'osait pas rentrerauprès de son souverain sans lesprésents qui lui étaient destinés, il se suicida sur lafrontièrerusse.

(4)

UN AMBASSADEUR TURC A TARISSOUS LARÉGENCE 81 ville dans

une

autre. Toutes ces circonstances ne pouvaient qu'ajouter

aux

embarras cl aux difficultés du cérémonial; de plus, dans la détresse où se trouvaitle Trésor, cette

ambassade

était une dépense assez considérable. L'usage voulait que les envoyés

du Grand

Seigneur fussententretenus

aux

frais

du

roi,

eux ettoute leur suitependant la durée de leur séjour. C'était lacoutume, à Constantinople, pour les envoyés extraordinaires et les ambassades solennelles.

Le

marquis de

Bonac

s'était

llatté que diverses intrigues sur l'ambassade ou le choix de l'ambassadeur rompraient ou retarderaient le dessein du

Grand

Seigneur; mais il apprit bientôt que le cafetan^ qui était à Constantinople la

marque

publique de l'installation dans

un

emploi et

comme

le signe de l'investiture, avait été

donné

à Mehemet-ElTendi, Tcfterdar, c'est-à-dire grand trésorier de l'Empire ottoman et ancien plénipotentiaire au congrès de Pas-

sarovvitz.

Mehemet-Effendi vint aussitôt rendre visite à notre ambassa- deur et le prier de lui procurer

un

vaisseau pourse rendre en France « Il m'a paru

un homme

d'esprit, versé danslesaffaires de cet empire, et ayant quelque connaissance des étrangers, écrit le marquis de Bonac'; c'est

un homme

de cinquante ans, d'un visage agréable, et une

longue

barbe noire qui

commence

à blanchir ne change rien à la douceur de saphysionomie; il a plus de politesse qu'on n'en doit naturellement attendre des gens de ce pays etil soutient par ses discours lapolitesse deses manières. Je lui ai

donné

une fois à

manger

et il viendra encore chez

moi

avant son départpour être plus près

du

portlejour de son

embarquement,

sa

maison

étantfort éloignée de la marine.

11 avoulu

me

donner à manger, et il l'a fait avec tantde magni- ficence et de politesse qu'il a

donné

envie à M""= de

Bonac

de voir un festin à laturque. Ilapassé surlesusagesdece pays-ci, l'a invitée et lui a

donné un

repas où il n'y avait rien à désirer pour le goùl, l'ordri:! et lapropreté, qu'une plus grande table et plus élevée; ses femmes, à qui

M"'

de

Bonac

renditvisite, lui

1) Minislère desAffaires clrangère?, Archives, Conslanlinople, année 1720, 7 octobre.

G HIST. DIPL.

(5)

82 REVUE d'histoire DH>LOMATIQUE

firent, selon l'usage, des présents d'étoffes et de mouchoirs, de

même

qu'aux

femmes

qui l'avaient accompagnée. »

Bonac

donnait ces détails au roi pour dissiper d'avance lesidées que les ambassades de ce genre et le souvenir do l'en-

voyé de Perse pouvait avoir laissées contre les Orientaux.

« J'espère qu'on trouvera

une

grande ditlerence entre

Mchemct-

Effendi et cet

ambassadeur

(celui de Perse); au

moins

ne cesse-

l-ilde m'assurerqu'ilpartavecune forte inclinaisonde serendre agréable à Votre Majesté, etje saisque le Grand-Vizir', qui est

lui-même

très poli, lui a

donné

parliculièrcment cet ordre*. »

Le

choix d'Ibrahim était bon, et le marquis de

Bonac

lui en exprima sa satisfaction dans une entrevue qu'il eut avec lui peu de temps après.

Comme

notre

ambassadeur

cherchait à s'as- surer si Mohemel-ElTendi n'était pas chargé de quelque mis- sion secrèle, le Grand-Vizir lui répondit que cotte

ambassade

n'avait d'autre but que de démontrer l'union qui régnait entre la France et la Porte etde contenir leurs voisins

communs

dans

un

espritdepaix. « Mais, répliqua Bonac, il ne

me

paraît pas convenable de faire

une démarche

si authentique sansychercher quelque utilité. J'ai à vous en proposer une dont vousprofiterez personnellement, carsivous y donnezlesmains,j'aurai

moins

sou- ventàvous importuner des discussions presque perpétuelles où nous noustrouvons tous lesjours sur l'explication du sens dos capitulations. Cet ancien traité, ajoulai-je,a étérenouvelé par le

même ambassadeur

qui a renouvelé aussi le palais quej'habite, et il leur est arrivé la

même

chose : le temps y a apporté des

changements

qui nous obligent d'un côté à des explications et de l'autre à des réparations perpétuelles, et il serait plus court et plus convenable de faire de nouvelles capitulations et un

nouveau

palais que defairejournellement de nouvellesdépenses pour

empêcher

celui-ci de tomber et d'expédier une infinité de

commandements

^ourexpliquer les capitulations. »

«

Le Grand

1)Le grandvizir Ibraliim, dont le marquis de Bonnacs'était attaché à cul- tiver l'amitié.

2)Archivesdu Ministère des Aiïairesétrangères. Conslantinople. Lettredu marquis de Bonnacau Roi, 7 octobre 1720.

(6)

UN AMBASSADKUK TURC A PARIS SOUS LA RÉGENCL 5^3 Vizir, écrit Bonac, qui connaît par lui-même le palais de V. M. et qui

me

dit toujours qu'il veut m'y venir voiren pas- sant au sérail de Péra, se mil à rire de

ma

comparaison.

— Vous

avez raison, ajoula-til, cl

comme

vous

me

trouvez toujours disposé à écouter et à décider favorablemeul les questions qui se forment sur le sens des capitulations,je le serai de

même

èi

les renouveler.

Que

les ministres de l'Empereurde France con- fèrent avec Mehemet-Effendi surce sujet, afin qu'à soo retour

il m'informe de vos prétentions; nous pourrons alors terminer celte affaire*. »

Le

Grand-Vizir ajouta en outre qu'il ne pouvait pas

comprendre comment,

depuislaprise de Conslanlinople, les prédécesseurs

d'Achmet

III avaient négligé d'envoyer des ambassades à l'Empereur de France et que pour lui, dès qu'il avait occupé lapremière place d.ms le ministère, il avait songé

à réparer celle omission, que l'occasion de la réparation dela

grandevoûte

du

Saint-Sépulcre lui avait paru favorable, que le

Grand

Seigneuravait accordé une chose difficile, contraires aux lois

musulmanes,

et qu'il convenait à l'ancienne amilié des

deux

empires de faire connaître par une

ambassade

solennelle les motifs qui avaieut porté le

Grand

Seigneur à de pareilles concessions

^

Et, en effet, Célibi-Mchemet-Effendi est le premier ambassa- deur turc qui soit

venu

à Paris en

ambassade

solennelle et avec des litres

non

contestés.

On

ne peut eneffet donnercelle quali- fication à Soliman-Aga-Muslapha-Raca, simple bostmidgi,c'est- à-dire intendant des jardins du sérail, qui avait été envoyé à Louis

XIV

en 1669 et dont la qualité douteuse' et l'humeur fantasque fournirent à la cour du grand roi l'occasion de plus d'un divertissement comique'.

Mehemet,

au contraire, apparie-

1)Archives desAtTuircs étrangères, volume précité.

3) On ne sutjamais s'ilétait ambassadeurou simple« envoyé », distinction fortimportante clans l'ancien cérémonial.

4)M. Vandal, dans un ingéneiux travail plein d'intérêt, a retracé les aven- tures amusantes et quelque peu grotesques dont l'envoyé de Sa Hatitesse fut alors le lu'ros. Voir la hcvuriVIIi^^loire diplomatviue,anm'e1888, n°3: « Mo-

lière etle cérémonialturc àla cour de LouisXIV». Unautreenvoyé du Grand Seigneurétait venu en 1663 apporter les excuses des mauvais truilemenls intligés à de La Haye, notreambassadeur; mais il ne futpas moineadmis eu laprésence de Louis'XiV.

(7)

84; REVUE d'histoire diplomatique

nail à la classe des effendis\ c'est-à-dire des Icllrés fort en

honneur

dans tout rcmpirc; il avaitpassépar plusieurscharges considérables; ses qualités personnelles, les circonstances qui motivèrent son envoi , l'intention

non

équivoque du

Grand

Seigneurfirent prendre sa miscion ausérieux". Des fèlcs magni- fiqueseurent lieuà Paris, à Versailles, à Chantilly à cette occa- sion; des gravures de l'époque en ont perpétué le souvenir; le lecteur curieux pourra les trouveravecdo

nombreux

portraits de l'ambassadeuret de son fils au cabinet dos estampes de la Bibliothèque nationale deParis,

elles figurent dans lacollec- tionde YHistoiredeFrance.

11

Mehemcl-Eiïcndi s'embarqua à Conslantinople le 7 octobre 1720et toucha sans

encombre

au port de Cette, le 16 décembre.

11 fut mis en quarantaine avec toute sa suite

composée

d'une soixantaine de personnes^ dans l'île de

Maguelonnc

située à deux lieues de Montpellier.

Une

vieille chapelle

abandonnée

et

aménagée

pourla circonstance lui servitde palais.

Par une

sorte

i) Voirles lettresde lady Montagne.

2) « Commele Roilienl le premierrang des princesde l'Europe dans l'em- pire oUoman,eiqu'ily a de laprc^^cance,incmc sur l'Empereur, etesL toujours

nommé empereur par le Grand Seigneur, et dans tous Ips acies qui se font avec lui et quecet ambassadeurest du premierordre etest lepremier qui ait été envoyé en France, S. A. R. peut avoir attention qu'il soit traitéavecla dignité quiconvientau Roi et qn'il s'enretourne avec une grande idéedela puissance et de la dignité de la couronne de Fiance. » Lettre du Régent à M. de Bernage,23 décembre 1720.

3} L'ambassadeurdevaitremettre au Roi une listedes personnes de sa suite;

c'élsit une précaution très utile pourempêcherqu'elle ne se grossisse en che- min de négociants, de gens d'intrigue qui augmentaient la dépense; c'est cependantce qui arriva. AI.Bernageécrivaitau Régent en décembre : « J'ai eu l'honneur de vous mander l'arrivée de l'ambassadeur de la Porte à Mague- lonne, ilne setrouve pas trop mal logépour sa personne; mais il n'en est pas de mêmepour sasuite, parl'indiscrétion et, j'ose dire même, par l'impu- denced'un nombre de Français, d'Anglais, de Hollandais qui ont trouvé le

moyen à Toulon de briguersa protection pour être reçus dans le port il a abordé et qui sont venus dans le lieu de saquarantaine, nonseulement y res- serrerle logement, mais se faire défrayer par une table de quinze couverts, qu'ils ontétablieaux dépens du Roi. Les égards qu'on a pour eux, parconsi- rlération et pour ne pas fâcher cet ambassadeur, n'empêchent pasqu'ils ne mentent indignation, et je crois mêmequ'il sera bon de leur faire sentir, en tempsetlieu Jene vous feraipoint ledélai! de laconsommationexcessive

(8)

UN AMBASSADEUR TURC A PARIS SOUS LARÉGENCE S5 de bizarrerie dont son fanatisme aurait

pu

souffrir, l'église était

encore décorée de peintures et de statues; il était,

comme

il le dit lui-même, « environné de visages d'anges et fort surpris de sevoir encet endroit. »

Un

jour, il

demanda

à abrégerle temps de sa réclusion, ou toutau

moins

à lepasserdans

un

lieu

moins

désert et plus agréable. « Je n'aurais pas cru, disait-il, êlre envoyé en exil

quand

on m'a

nommé

ambassadeurauprès d'un aussi grandprince que l'Empereur de France. »

Dans

lalongue conférence qu'il eut cejour-là avecl'interprète, il parut se lais- serpersuader de la force des raisons qu'on lui donnait et revint de sa première vivacité.

Une

circonstance assez singulière était

venue

au secours de l'éloquence du

drogman.

« Je ne sais par quelle voie, raconte Lenoir (le

drogman

auprès de la Porte qui avait

accompagné

Mehemet-Efîendi en France) l'ambassa- deur avait su qu'on faisait des gazettesen Europe; dès son arri- vée, il m'avait fait prier de les lui envoyer.

La

première qu'il reçut était de Hollande et marquait la crainte des babitants des Provinces-Unies de l'arrivée

du

ministre de la Porte à Paris, qui,

non

seulement venait d'un pays où la contagion régnait presque toujours, mais aussi devait, selon le gazelier, passer par des provinces du

royaume

très suspectes; cet article, qui fut rendu àl'ambassadeur et qui lui parut n'avoir

pu

être mendié,

le résolut à supporter plus pali^^mmcnt la longueur de la qua- rantaine, et, depuis, il n'en a plus parlé. »

« Il aurait été difficile de revenir sur ses pas, écrit Mehcmet-EITendi dans la relation de son ambassade, etje ne trouvai pas de meilleur parti

que de baiserle bas de la robe de la patience. »

Le

rapport de M. de Bernage* au régentnous

montre

l'ambas- sadeur conservant à

Maguelonne

ses babitudcs orientales. 11

demoutons, veaux et volaille, riz, café, bois et charbon,quecelte grandecom- pagnie consomme, vous en jugerez aisément quandje vous dirai qu'elle est do plus de 100vohiilles,2 quintaux de riz el 15livresde calé parjour. »

Dès que MehemeL-Effendi eût terminé sa quarantaine, on parvint à écarler ces parasites.

Nouscitons àla fin de notretravail, parcuriositéetd'après les registresdos Arcliives du MinistèredesAfTaires étrangères,la listedes personnes de lasuite de l'ambassadeur.

1) Gouverneur de le provincedu Languedoc. Voir, à lafin d? notre travail, lesextraitslesplus intéressants de ce rapport.

(9)

80 REVUE D'HISTOir.F DIPLOMATIQUE

faisait cinq fois le jourla prière avec ses gens, mang-eait avec ses doigts, s'essuyait aux vêtements de ses domestiques,jouait aux échecs ou au tric-trac avec des haricots en guise de

mon-

naie, maintenait la discipline dans sa

maison

en faisant donner cinquante coups de bâton sur la plante des piedset « quelque-

fois,mais plus rarement, sur le derrière', »à ceux de ses gens qui ne respectaient point ses ordres.

Le

12 janvier, il célébrait l'anniversaire dela naissance de Miihomct en allumant cent cin- quante chandelles et passant toute la nuit en prières. 11 est un point sur lequel la loi du Prophète ne fut point observée :

un

Turc fidèle aux préceptes

du Coran

doit s'abstenir de vin. « Or, raconte

M.

de la Beaune, l'ambassadeur défend avec soin qu'on

donne du

vin à ceux de sa suite; il n'est pas si rigoureux pour cequi leregarde eten boit en cachette avec quelques-uns deses principaux officiers ; ils ont

même

fait

demander

du vin do

Champagne;

je leur en ai fait fournir. . Toutefois, il n'est point encore sorti des bornes que les honnêtes gens doivent se pres- crire... J'aurai grande attention, pendant le voyage à ce qu'ils n'en boivent que

modérément

etqu'on ne leurenfournisse point assezpour attirerquelque embarrras. »

L'ambassade entière trouvait dans les plaisirs de la table

un

ample

dédommagement

aux ennuisdesa réclusion.« Ils

mangent

la nuit

comme

le jour, écrivaitM. Hocquart au

Régenl^

L'am-

1)Rapportau Ré<rpnl.

2) Nous donnons ici, àlitrerie curiosité, le nnenu journalierdes festins pan- taj'i'uéiiques préparésà Mnguelonne.

Etalde cequ'il faut par jour pourla subsistance deM. l'ambassadeur et de sa suite:

12 douzaines depains ,

24 poules:

Gpairesde poulets-.

4dindons;

'i pairesde pigeons;

•'i moulons;

1 veau pour deuxjours;

100 livresde riz

;

:SG livres de sucre;

oO livres defarine; .T livres d'umidon;

40livres de pois chiclies, lentilles etharicots;

15livres de café;

35livres de beurre;

8 douzaines dœufs frais;

(10)

UN AMBASSADF.rn TURC A PARIS SOUS LARKGENCF. 87 bassadeur, ajoule-t-il, prend soin degarder une partie des pro- visionsqu'on lui porle et les fait mettre dans des caisses pour

les envoyer dès à présent à Constantinople. » Les domestiques, de leur côté, imitaientl'exemple de leurmaître.

Dès

qu'ilsfurent sortis de leur retraite, ils vendirent cequ'ilsne

consommèrent

point. L'intendant, le juifMoïse, le médecin, etc., tiraient ainsi parti de leur « excédent»'.

Ce

petit

commerce

et ses

menus

profits étaient dans les usages et «

comme

la récompense de l'ambassade, »dit le rapport que nous avonssousles yeux*.

Entre temps, Mehemet-Effendi écrivait ses impressions de

10livresde Tromagede Hollande;

18livresde chandelle;

5 livresde bougie;

3 poisd'eau-de-vie,

20 livres de sel

;

12bouteilles deliqueur;

30 livresde raisins secs;

25 livresdemiel; 5 livresd'olives ;

40 livresde pommes etpoires ;

15livresde savon;

6 livresdeconfitures sècheset liquides;

24 grosbiscuits; Demi-livredepoivre; Demi-livrede girofle; Demi-livre decannelle;

Derni-livredemuscade;

8pots devinaigre; Safran, légumes,etc.

Au total,montant deladépense: 497 livres.

(Archives duMinistère des Affaires étrangères).

1) Le chapelain de Pierre-le Grand agissait de même lorsqu'il accompagna son maître en France. Di(lybois raconte qu'il exigeait pour ses prières une fournitureénorme de bougiesqu'il revendait impudemmentdans laville.

2) Arrivé àParis, Mehemet-Effendi demanda et obtintque le montantde sa subsistancelui fûtfourni en espèces:

« Ilfautconvenirde la somme d'argentqu'ondonnepar jour à l'ambassa- deuretà sa suite. C'est le point le plusimportant pour l'ambassadeur, parce quec'estce qui est le motifet lebutde leurambassadeet la récompense pour laquelle on laleurdonne.Pendant ladernièreambassade delaPorteà Vienne, outre lesvivres en espècesque l'on fournissait à l'ambassadeur,on lui donnait par jour 300florins de 40 livres de France et les vivres en nature avec cet argent coûtaient à l'Rmpereur 3,000 florins par jour. 11 estvrai que celle am- bassadeétaittrèsnombreuse, car ilyavait 400 personnes desuiteet beaucoup dechevauxetdechameaux. Cetteconvention, qui estle principal article dela conduite qu'il y aàtenir, doit être négociée par legentilhommeordinaireet le sieur Lenoir, interprèle, et doit être traitée sansduperie, maisavec bienséance pour ne rien prodigueretne pas mécontenter l'ambassadeur. »

(Lettredu RégentàM. de Bernage,23 décembre 1720).

(11)

88 REVUE D HISTOIRE DIPLOMATIQUE

voyage, lisait des poésies persanes, se faisait interpréter les g-azettes, ou riaitdes saillies de son bouiïon.

Le

25janvier, à huit heures

du

matin, la quarantaine étant achevée, l'ambassadeurpartitde

Maguelonnc

et s'embarquaavec sa suite pour Frontignan; c'est que M. de la Beaune, genlil-

homme

ordinaire

du

Roi, chargéde l'accompagnerjusqu'àParis, vintlui souhaiterlabienvenue au

nom

de

Sa

Majesté. Toutesles autorilés dela ville vinrent lui faire les compliments et lui offrir les présents d'usage : c'étaient des confitures, des biscuits, des gâteaux, des fruits et

du

café,

comme

les symboles, aux

yeux

des Turcs, d'un

commerce

doux, agréable et intellectuel.

L'am-

bassadeur dcmanrJa ensuite à recevoir les

dames

qu'il avait aperçues enentrant etqui étaientaccourues en grand

nombre

de Montpellieret des villesvoisines;elles entrèrent; illes accueillit avec toute la politesse possible, les fit asseoir, leur fit présenter des confitures et du café. « Elles lui parurent fort aimables, ra- conte M. de la

Beaune

; il les fitprier d'ôler leurs gants, ce qui

lui

donna

une occasion de dire « qu'il n'avait point encore vude

sibelles mains » '.

Dans

la relation qu'il a écrite de son ambassade,

Mehemet-

Effcfi^di s'élonue de ce que les

femmes

ne peuvent

demeurer

un

moment

chezelles, « elles ne font, dit-il, que se

promener

de

maison

en maison pendant toute la journée »; il se montre,

du

restfr, particulièrement édifié de la galanterie française : «

En

France, écrit-il, les

hommes

ont

beaucoup

de respect pour le

%\o

; lesplusgrandsseigneurs ferontdes honnêtetésincroyables

aux femmes du

plus bas état; de sorte que les

femmes

fontce qu'elles veulent etvont en tel lieuqu'il leur plaît; leur

comman- dement

passe partout; on dit aussi que la France est leur para- dis, parce qu'elles y vivent libres de toutes peines et de tous soins »^.

1) Relation de ce qui s'est passé à.laréception de l'umbassarleur rlu Grand Seigneuretdu traitement(|ui lui a élôfuit depuis le 16 décembre 1720, qu'il est arrivé au port de Celte, en Languedoc, jusques à son entrée en Guyenne.

J.inteà la lettredu duc de Ruquelauredu 28 févrirr 1721.

2) La«Relation lie l'ambassailede Mehemel-Liïendi à lacour de France, en 1721, écrite pnrlui-même et traduite duturc», existeen manuscrits àla Biblio- thèque de l'Arsenal et à la Bibliothèque Nationale. Mais le manuscrit de la

(12)

UN AMnASSADEURTURC A PARISSOUS LA RÉGENCE 80

Au

sortir de Montpellier, il s'embarque sur le canal de

Lan-

guedoc et ne peut retenir son admiration à la vue de ce fleuve artificiel dont les eaux disciplinées gravissent des montagnes. Il

arrive à Toulouse; il reçoit les compliments des autorités et des présents ; lacérémonie terminée, il invite à dîner la prin- cesse d'Auvergne, la présidente de Riquet et quelques autres

dames

quilui avaientfaitvisite: elles acceptèrent l'olTreet trou- vèrentdansl'ambassadeur, pendantson repasà laturque, «toute lagalanterie d'unancien courtisan deFrance»'. Puisildébarque à Bordeaux, ville qu'il trouve digne d'être

comparée

àConstan- linople pour la beauté de son port : il observe le flux et le refluxdela mer; ce

phénomène

l'étonné : « C'est une merveille,

il faut le voir

pour

le croire », s'écrie-t-il naïvement dans sa relation.

Des

fêles, des illuminations, des feux dejoie

marquent

son passage; les troupes l'escortent et le conduisent en

pompe

à son logis, le canon tonne et

un

concours

immense

de peuple, poussé par la curiosité, se précipite à sa rencontre.

Mehemet-

Eflendi montre

beaucoup

d'attention à ces honneurs : « Il y avait toujours sur

mon

chemin, écrit-il, une si grande foule

d'hommes

et de

femmes

qu'il semblait que, dansla villej'ar- rivais, il n'y avait de

monde

que dans les endroits paroiije pas- sais. Après que j'étais descendu à

mon

logis, toute cette popu- lace faisait de si grands efforts pour entrerqu'il était impossible

aux

soldats qui gardaient la porte de l'en

empêcher

; ily avait

Bibliothèque Nationale (fonds français, n*- 10777) est incomplet, il a subi de nombreuses corrections réclamées par le marquis de Bonnac, les passages où Mehemet-Effendi témoigne de son ressenliment contre lecarJinal Dubois, dont

il eut àse plaindre, en ontétéretranchés surles indicationsdenotre ambassa- deur. Cette copie corrigée et traduitea été envoyée à M. de Morville, ;dors ministredes affaires étrangères. C'est aussi celle Iraduclion mutilée qui a été publiée en 1757. Le manuscrit de la Bibliolhéque de l'Arsenal, conforme à l'original, nous fournira lescitationsque nous aurons occasion de faireau cours de ce travail. Il est curieux d'entendre Mehemel-EITendi traduire son admira- tiondanslepittoresqueetemphatiquelangage del'Orient, et vanterà son maître

lagrandeuretla magnificence deParis, deVersailles elde laCour. Il fautcon- sidérerquesi Mehemet-Effendi n'estpaslepremier desTurcs qui soit venu en France, il est lepremier quiaitraconté ce qu'ily a vu.

Ajoulons, pour être complet,quele textedela Relation dont nous parlons a été imprimé en langueoriginale par les soins de M. Schefer; il figure dans le recueilconnu desorientalistes sousle nomdeChrcatomaUdes orientales, Paris, Didot, 1841.

1)Le duc deRoquelaureau Régent, 28 février 1721.

(13)

90 RKVUE D'iIîSTOinE DIPLOMATIQIF.

loujontsquelque personnequi, presque étouffée parlapresse, se meltait àfaire de hauls cris et je voyais

même

venir devant

moi

des

femmes

évanouies.

Quoique

ceux qui entraienteussent souf- fert mille peines pour y parvenir, il ne faut point croire

que

lorsqu'ils étaient sortis ils s'en retournassent chezeux; ils res- taient dans la courpour attendre l'occasion de

demander

encore une outre fois à enirer; etj'en remarquai qui, malgré tout co qu'il y avait à essuyer, entraient jusqu'à trois ou quatre fois.

Enfin, le froid et lapluie ne les empêchaient point de demeurer en tremblant jusqu'àtrois ou quatreheuresde nuit danslacour de

mon

logis. Jelaisse àpenser

combien

j*étais émerveillé d'une

si grande curiosité » *.

A

Châtellerault, ville «

renommée

pour ses bons faiseurs de couteaux,ilvoitquantitéd'instruments à trancher»*; d'Étampes àCorbeil, « il

promène

sesyeux sur des palais enchantés, sur des jardins charmants... sur des bosquets d'une beauté admi- rable M '. Il arrive enfin à Charenton où

un

palais est préparé pourle recevoir; ils'yrepose huitjoursavant defaire son eniréo solennelle àParis, fixée au

dimanche

suivant. Cejouravait été choisipour nepas priverlepeupln de Paris d'un spectaclecurieux qui était pourla ville

un événement

depuislongtemps

annoncé

et

impatiemment

attendu.

Le

Roi devaityassister, place Royale, à une fenêtre de Ihôtel habité par la maréchale de Bouflers

;

aucune

marque

extérieure ne devait trahir sa présence « pour que la dignité royale ne fut point

commise

* ».

Des

histoires merveilleuses

ou

galantes circulaient de bouche en bouche sur

le

compte

de notre ambassadeur, compromettant sa dignité, mais

augmentant

encore l'impatience et l'envie qu'onavaitde le voir".

1) Mehemet-Eiïendi, Relationîle sonambassaiïf.

2)Idem.

3) Idem.

4] Lptlredu maréchal deVilleroiauRégent,6 mars.

5)<( On conteune histoire d'une galanterie qu'il a eue en chemin, qu'il a

partagée avec son fils, son interprèteet son maître d'hôtel et on anombre

follement jusqu'à 87 retours de leur passion amoureuse en quatre jours;

LaFontaine dit:

Touthommeeslgascon surce point.

(14)

UN AMnASSADEUn TURCA PARISSOUS LA RÉGENCE 01 Les huit jours de repos de Mehemet-Eiïendi furent employés àrégler le cérémonial dont tousles détails avaientfait àlacour

et dans les bureaux

du

ministère l'objet des discussions et de

nombreux

commentaires.

On

savaitque les Turcs sont, sur le chapitre de l'éliquette, très susceptibles et très exigeants.

De

plus,

un

ambassadeurde la Porteétait alléà

Vienne

Tannée pré- cédente et y avait été traité aveclaplus grande magnificence* ;

il importait donc à l'Empereur de France de ne point se laisser éclipser par celui d'Allemagne et de faire impression sur l'en-

voyé du

Grand

Seigneur en déployant tout lefaste quiconvenait à sa qualité.

On fait direauxcoquettes:

.l'î voudrais bienavoir ce quis'en manque.

{Journalde Mathieu Marais,t. II,p. iOi).

Voiraussi Huvat,t. II,p. 225;leMircuredi;France^lesMémoires de Saint- Simon, etc.

1) Cet ambassadeur, envoyé à Vienne lors de rechange des ratifications de lapaixde Passarowilz, était chargé denombreux présents pourl'Empereur. Il

s'appelait Ibiahim-Muckerem-Pacha etavait été plénipotentiaire commeMehe- met-Rffendi lorsdelasignaturedu traité.

[A suivre.)

(15)

UN AMBASSADEUR TURC A PARIS

sous LA RÉGENCE

Ambassade de Mehémet-Effendi en France , d'après la relation écrite par lui-même et les documents inédits des Archives

du

Ministère des Affaires étrangères de Paris.

Enfin, le jour de la cérémonie arriva (le 16 mar.s) : il était d'usage que les ambassadeurs fissent leur entrée par la porte Saint-Antoine, c'était le

chemin

le plus convenable pour do pareilles cérémonies ; mais laissons parler l'ambassadeur : u

Le

dimanche,

M.

Cognard,

un

des écuyers

du

Roi, se rendit à

mon

hôtel pour distribuer les chevaux. Il

donna

à

mon

fils,

comme

étantDivan-EU'endi-, une jument quiavait une bride garnie d'or et de pierreries: il

donna

aussi à

mon

intendant

un

cheval con- venable etauxautres pareillement, selonleurrang: ensuite arri- vèrent le maréchal d'Estrées et l'Introducteur dans un carrosse du Roi: je ne

manquai

pasd'allerau-devant d'eux. Ils

me

dirent que le Roi m'avait «invoyé son propre carosse pour

moi

et que toutes les personnes de distinction m'avaient aussi envoyé les leurspar honneur \

Dans

le

même

instant, je vis paraître une centaine de carrosses superbesetmagnifiques.

<<Il n'y a point

1) Cet ambassadeur, envoyé àVienne lorsfie rechange des ratificationsde

la paix de Passarowilz, étaitcharj^é de nombreux présents pourl'Empereur. Il s'appelait Ibrahim-Miickerem-Pacliaetavait été plénipotentiaire comme Mehe- met-Eflendi lorsde la signaturedu traité.

2) Uivan-ElÎL'ndi, c'est-à-dire secrétnire d'ambassade,

3) C'était lacoutumequ'àl'arrivéed'unambassadeurto^sles gentilshommes, princes etprincesses ilu sang, envoyassent leurs carrosses pour former cortège àson entrée.

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