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Bulletin des Amis de la Cappadoce/ Kapadokya Dostları

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Academic year: 2022

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La Cappadoce n’est pas qu’une terre imaginaire que nous survolons en montgolfières les matins de temps clair. Elle est un écosystème constitué de vallées creusées par l’Histoire et du travail des hommes. Chaque visiteur s’en rend compte à condition de sortir des chemins balisés et des lieux d’explorations – forcément superficiels – aux cris de guides effarés par le nombre.

Autant de voix que de grains de poussière répandus dans cette steppe asséchée. Les langues ont changé. Il faut apprendre le chinois maintenant, le russe, le japonais et l’arabe disent les professionnels de l’hôtellerie et les guides plus habitués aux visiteurs classiques de la vieille Europe. Ils ne s’en plaignent pas, les pourboires sont meilleurs, et le flux rendu nécessaire après des années de disette et de désertion.

Le tourisme revient et c’est une bonne nouvelle. Mais là aussi les choses changent, les églises de Cappadoce deviennent un objet de curiosité pour les « nouveaux » pays invités au festin du tourisme de masse, une rencontre des cultures possible, souhaitable même, mais en une seule journée et demie (tout compris). Et si le mot « fée » apparaît, c’est pour se rattacher à la vieille tradition turque du chamanisme, non pour décrire l’enfer des foules qui frôlent les fresques du Jugement dernier.

À nous donc le rêve et la flânerie ! Partir sac au dos le long des flancs de tuf puis suivre les anciennes canalisations à ciel ouvert et se perdre un matin d’automne dans une forêt de peupliers du côté de Soğanlı. C’est si loin depuis Uçhisaret Avanos lorsque la paresse vous saisit, mais si réconfortant lorsque vous réalisez que cette vallée est le havre de sérénité que vous recherchiez, aux contacts de gens simples et chaleureux. Là encore des églises, des fresques – en très mauvais états – et des projets à mettre en place. Encore faut-il en avoir la volonté, sinon le courage. Il faut donc trouver les bons relais, faire de cette expérience une œuvre de vie et ne pas renoncer.

Le samedi 9 mars prochain, nous aurons le plaisir d’accueillir un historien turc qui a soutenu sa thèse en France (Paris I), spécialiste des monuments byzantins de Cappadoce : Tolga Uyar. Non seulement il faut venir l’écouter, mais en parler autour de nous pour être le plus nombreux possible à l’accueillir, lui qui vit en Cappadoce et enseigne à Nevsehir. Une journée qui marquera les 20 ans de l’association et qui se poursuivra, après un déjeuner cappadocien, par un spectacle musical hors norme. Ainsi nous continuons à nous souvenir de nos anciens, depuis Guillaume de Jerphanion au père Blanchard, dans ce même esprit de curiosité et de fraternité.

Sébastien de Courtois

Décembre 2018 n°38

Bulletin

des Amis de la Cappadoce/

Kapadokya Dostları

Mot du président

À Canavar Kilise, une donatrice s’est fait peindre à côté de sainte Catherine. C’était au XIe siècle, elle s’appelait Eudocie, et aurait de nos jours, comme tant de bienfaitrices, rejoint notre association.

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Bulletin des Amis de la Cappadoce En raison de sa position géographique centrale en Asie Mineure, et avec une histoire connue de plusieurs milliers d’années, plongée, selon des fouilles archéologiques récentes, jusqu’aux profondeurs de la préhistoire du VIIIe millénaire, la région de la Cappadoce a connu l’influence de plusieurs civilisations (Hittite, Assyrienne, Perse, Hellénistique, Romaine et Byzantine, Seldjoukide et Ottomane), et elle se caractérise par une importance exceptionnelle surtout du point de vue spirituel, militaire et commercial. Les temps hellénistique et romain-byzantin constituent, dans leur ensemble, la période historique la plus longue dans l’histoire de la Cappadoce. Pendant cette période, la culture hellénique est devenue dominante en Cappadoce, le christianisme y a trouvé des racines profondes et ainsi s’est réalisée, dans cette région, une des synthèses culturelles parmi les plus importantes de l’histoire de l’humanité, la synthèse de la culture helléno-chrétienne qui constitue un des piliers parmi les plus significatifs de la culture et de la civilisation européenne.

Une simple référence à certaines personnalités emblématiques originaires de Cappadoce et à leurs actions suffit à persuader les esprits, même les plus réticents, de la contribution majeure de cette contrée à cette grande synthèse historique constituée par la culture et la civilisation helléno-chrétienne de portée œcuménique.

Le royaume de Cappadoce se constitua pendant l’époque hellénistique et dura jusqu’à la conquête romaine, on lui connait 20 rois. Ces souverains philhellènes ont contribué au développement de la culture hellénique en Cappadoce par la création et le maintien des relations de parenté par mariage avec la dynastie gréco-macédonienne des Séleucides en Syrie, et par l’envoi, pour leur éducation, des jeunes princes du royaume de la Cappadoce soit à Antioche (capitale de l’Empire hellénistique d’Asie des Séleucides) soit à Athènes ou dans d’autres centres intellectuels réputés du monde hellénistique. C’est ainsi, qu’en Cappadoce, le plan culturel d’Alexandre-le-Grand, pour féconder de nouvelles synthèses historiques à travers la propagation de la culture hellénique, a trouvé une application historique parmi les plus intéressantes. Une synthèse culturelle enrichie plus tard par la foi chrétienne, qui a trouvé des racines profondes et solides dans la conscience des Cappadociens, à tel point qu’aujourd’hui la Cappadoce est surnommée en langue grecque «Cappadoce, terre des saints» (« Αγιοτόκος Καππαδοκία»).

Dans le cadre de la propagation et de la domination de la culture hellénique en Cappadoce, ce n’est pas un hasard qu’un Cappadocien, Apollonius de Tyane (ville de Cappadoce), soit considéré et proposé par certains philosophes hellènes, pendant quelques siècles, comme le dernier grand représentant-le drapeau symbolique des Hellènes et de l’esprit religieux hellénique en antagonisme au prototype religieux incarné par Jésus de Nazareth. Né à peu près à la même date que ce dernier, il a vécu presque 100 ans.

Sous le titre «Τα ες τον Τυανέα Απολλώνιον», (« À propos d’Apollonius de Tyane »), Flavios Filostratos (3) décrit, dans 8 livres, la vie, l'enseignement et les miracles qu’aurait accomplis selon ses disciples ce philosophe-médecin néopythagoricien, monothéiste qui prêchait la vie saine. Aujourd’hui, l’image d’Apollonius de Tyane fait partie des fresques représentant les sept sages de l’Antiquité hellénique dans la nef de quelques temples chrétiens en Grèce et au Mont Athos.

Le grand médecin, Aretaios le Cappadocien (seconde moitié du Ier siècle et première moitié du IIe siècle), a fait le diagnostic et la description des symptômes de plusieurs maladies neurologiques et féminines. C’est lui qui donna le nom de diabète à cette maladie métabolique. Un grand hôpital d’Athènes porte aujourd’hui son nom.

Les Grands Cappadociens de l’Antiquité à nos jours

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Nikolaos G. Intzesiloglou

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(1) Résumé de la conférence donnée le 10 mars 2018 lors de la journée cappadocienne.

2) Juriste et sociologue, professeur émérite de la Faculté de Droit, Doyen de l’École de Droit, d’Économie et des Scien- ces Politiques à l’Université Aristote de Thessalonique, Macédoine-Grèce

(3) Flavios Filostratos :170/172–247/250, représentant principal de la deuxième sophistique qui prétendait être Athé- nien, né dans l’île de Lemnos

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www.kapadokya.fr 3 Bulletin des Amis de la Cappadoce Les Pères Cappadociens de l’Église du IVe siècle, tels saint Basile-le-Grand, son ami saint Grégoire- le-Théologien et son frère saint Grégoire, évêque de Nysse, sont des érudits de la philosophie antique hellénique, surtout celle de Platon, les deux premiers ayant même fait des études à l’Académie platonicienne d’Athènes. Ils ont utilisé des concepts et des idées empruntés à la philosophie hellénique pour servir la foi chrétienne et fonder la théologie chrétienne concernant surtout le dogme de la Sainte Trinité. Une autre grande figure du christianisme et Père de l’Église au IVe siècle en Cappadoce était Amfilochios, évêque de Konia (Ikonio).

Théophile Ulfila (311–382) est un descendant des Cappadociens recrutés dans l’armée du général romain (et par la suite Empereur) Vespasien et installés en l’an 70-71 ap J.C. par ce dernier dans le camp militaire de Carnuntum en Pannorie (à l’ouest de l’Autriche et de la Hongrie). En l’an 341, il est consacré, à l’âge de 30 ans, à Constantinople, premier évêque des Goths par Eusèbe(4), évêque de Nicomédie (Izmit en turc). Théophile Ulfila a écrit les premiers textes en langue allemande en traduisant tout l’Ancien Testament (exception faite du livre des Rois), ainsi que les livres utilisés pendant la messe. Il a christianisé les Ostrogoths, les Visigoths, les Vandales et les Bourguignons.

La grande majorité des saints de l’Église orthodoxe, des plus anciens (du Ier siècle, tel saint Longin, qui a participé à la crucifixion de Jésus-Christ et après s’être repenti, est devenu premier évêque en Cappadoce) aux plus récents (du XXe et XXIe siècles, tels saint Arsène et saint Paisios, tous deux nés à Farassa de Cappadoce et morts en Grèce après l’échange des populations, selon le protocole relatif et le traité international de Lausanne de l’année 1923), est originaire de Cappadoce : les grands Pères cappadociens de l’Église plus haut mentionnés, saint Georges (considéré, entre autre, comme protecteur de l’armée de terre hellénique et de la famille royale d’Angleterre), sa cousine sainte Nina qui a christianisé les Géorgiens (la Géorgie porte ce nom en l’honneur de saint Georges considéré également comme saint protecteur de ce pays), saint Achille (protecteur de la ville de Larissa en Thessalie au centre de la Grèce), saint Mammas, saint Savvas (qui a créé de grands monastères au Moyen Orient), sainte Émelia, sainte Macrine, saint Vlassios, saint Hilarion, les 40 martyrs et tant d’autres. En fait, compte tenu du nombre de ses habitants, la Cappadoce peut être qualifiée diachroniquement comme la région avec la plus grande densité de saints chrétiens dans le monde.

Cappadociens étaient aussi les deux Patriarches de Constantinople qui, pour la première fois, portèrent au VIe siècle, le titre de Patriarche œcuménique. Il s’agit du Patriarche saint-Jean II le Cappadocien et du Patriarche saint-Jean IV le Nisteutis (celui qui jeûne). Le premier est appelé Patriarche œcuménique par les chrétiens de l’Église d’Antioche en l’an 518, tandis que ce titre est donné officiellement au second en l’an 586.

Pendant la période byzantine, la Cappadoce est la source principale de recrutement des nombreux soldats durs, courageux et chevronnés de l’Empire ainsi que du corps héroïque des gardiens des frontières de l’Empire (les Akrites). Les poèmes épiques médiévaux grecs faisant l’éloge du courage de Digenis Akritas, livrant un combat désespéré contre la mort (le Thanatos ou le Charos), se situent surtout en Cappadoce. Lorsque celle-ci fut perdue pour l’Empire byzantin, l’armée byzantine a beaucoup et définitivement perdu de sa puissance et de son efficacité.

Des Cappadociens figurent aussi parmi les plus grands et glorieux Généraux-Empereurs de l’Empire byzantin, tels Mavrikios (540-602), Herakleios (575-641), Nicéphore Phokas (912-969), Jean Tsimiskès (925-976), les frères Constantin (?-1205) et Théodore (1174-1221) Laskaris(5).

L’impératrice du Saint Empire romain germanique Théophano (961–991), épouse de l’Empereur Otto II, était aussi originaire de Cappadoce (membre de la famille de Nicéphore Phokas). Entre autres, elle a imposé le cérémonial de la Cour impériale de Constantinople à celle du Saint-Empire romain germanique, introduit l’usage de la fourchette et contribué à rendre le plus homogène possible la langue allemande.

(4) Grande figure théologique de l’arianisme qui a baptisé l’empereur Constantin à Constantinople.

(5) Fondateurs de l’Empire de Nicée (en grec Νίκαια et aujourd’hui en turc Iznik) après la conquête de Constantino- ple par les Croisés de la quatrième Croisade en 1204.

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Bulletin des Amis de la Cappadoce Pendant la période historique de l’Empire ottoman, beaucoup de Cappadociens ont développé leurs activités et se sont distingués dans plusieurs domaines, surtout en dehors de la Cappadoce. L’exemple du janissaire et grand architecte de l’art ottoman Mimar Sinan(6) (architecte notamment des mosquées Süleymaniye ou Rüstem Pacha à Istanbul) est concluant.

Les Cappadociens ont toujours été de grands commerçants. Pendant l’Empire ottoman, un nombre important d’entre eux a migré vers les grandes villes et/ou ports de l’Empire (Constantinople, Smyrne, Adana, Mersin, Antioche, Alexandrie...). Durant le XIXe siècle, ils se sont beaucoup enrichis tout en aidant les membres de leurs familles restées en Cappadoce. Des organisations et associations de migrants cappadociens ont aussi contribué, par leur aide financière, à bâtir d’immenses églises et créer des écoles bien organisées dans les villages et villes d’origine en Cappadoce. Même après l’échange des populations des années 1923-1924, et ayant tout perdu de leurs richesses, les commerçants et industriels cappadociens ont gagné leur nouveau pari économique en se distinguant dans les affaires en Grèce. En fait, le développement économique de la Grèce au XXe siècle est, dans sa plus grande partie, dû aux entrepreneurs, aux agriculteurs et aux travailleurs venus d’Asie Mineure en Grèce après l’échange des populations. Une grande partie de ces entrepreneurs et commerçants était originaires de Cappadoce : il suffit de faire référence à deux noms célèbres et emblématiques pour leurs richesses et leur génie entrepreneurial, l’armateur mondialement connu Aristote Onassis (1906 – 1975) et le grand industriel Prodromos Athanasiadis-Bodosakis(7) (1890 – 1979). Tous les deux sont originaires de Cappadoce tant du côté de leur père que de leur mère.

Par son père, Socrate, et sa mère, Pénélope (Dologlou), Aristote Onassis est originaire du village de Moutalaski (Talas en turc), près de la ville de Césarée (Kayseri en turc). Lui-même est né à Smyrne, où son père était venu, vers la fin du XIXe siècle, travailler à la construction de la ligne du chemin de fer devant relier Berlin à Bagdad.

Prodromos Athanasiadis-Bodosakis (propriétaire, entre autre, du grand hôtel « Pera » à Istanbul) est né dans le village de Poros (Bor en turc) de la province de Nigde.

Tous les deux sont parmi les hommes les plus riches qui ont réussi économiquement au XXe siècle.

Tous les deux ont laissé, après leur mort, les plus grandes fondations privées existant en Grèce dans les domaines de l’éducation (bourses accordées aux jeunes Grecs pour faire des études post-universitaires en Grèce et à l’étranger), de la santé (hôpitaux) et de la culture.

La contribution des personnalités originaires de Cappadoce dans les domaines de l’éducation, des arts, des sciences humaines et de la politique est aussi importante que dans le domaine de l’économie.

Une simple référence aux noms qui suivent le prouve.

Pavlos Karolides (1849-1930), originaire du village Andronikeion (Endurluk en turc) de la province de Césarée (Kayseri), grand historien polyglotte (il connaissait 16 langues), titulaire de la chaire d’histoire de la Nation hellénique à l’Université d’Athènes, il a produit, entre autres, des cartes historiques de l’Antiquité grecque et du Moyen Orient parfaitement détaillées et précises, toujours utilisées aujourd’hui dans les écoles grecques pour l’enseignement de l’histoire.

(6) Né Joseph Doganoglou en 1489 ou en 1490, dans le village Agioi Anargyroi (aujourd’hui en turc « Agirna ») et mort en 1588.

(7) Bodosakis veut dire petit « Bodoş » (= « Prodrome » en Cappadoce).

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www.kapadokya.fr 5 Bulletin des Amis de la Cappadoce Ioannes (Giagos) Pesmatzoglou (1918-2003), également originaire d’Andronikeion était, entre autres, professeur d’économie politique à l’Université d’Athènes, député au Parlement grec ainsi qu’au Parlement européen, ministre de l’Économie Nationale, membre et président de l’Académie d’Athènes.

Avroteles Eleftheropoulos (Abraham Selbesoglou, 1869-1963), originaire de Flaviana (Zincidere) de la province de Césarée (Kayseri), était professeur de philosophie à l’Université de Zurich en Suisse, avant d’être élu en 1929 premier professeur de sociologie en Grèce, à la Faculté de Droit de l’Université Aristote de Thessalonique. Cette dernière venait d’être créée dans les années 1920, selon des plans élaborés par le grand mathématicien Constantin Karathéodori pour une université qui n’a jamais eu le temps de fonctionner, à Smyrne.

Haralampos Théodorides (1883-1958), originaire de Césarée (Kayseri), fut le premier professeur de la chaire d’histoire de la philosophie à la Faculté de Philosophie à l’Université Aristote de Thessalonique. Il a écrit, entre autres, le premier livre volumineux, complet et systématique d’Introduction à la philosophie, qui a influencé plusieurs générations. Il a participé activement à la Résistance contre l’occupation allemande de la Grèce pendant la 2è guerre mondiale.

Démosthène Danièlides (1889-1972), originaire de Prokopion (Űrgüp en turc) de la province de Neapolis (Nevşehir en turc) en Cappadoce, docteur en droit, en sociologie, en sciences économiques et politiques ayant fait des études dans les Universités de Constantinople, de Berlin, de Bern, de Zurich et de Genève, a beaucoup travaillé personnellement ainsi que dans le cadre du Parti agricole pour l’élévation du niveau éducatif du peuple grec. Il a, entre autres, écrit dans les années 1930 (réédité dans les années 1970, après la chute de la Junte militaire en 1974) un fameux livre intitulé « Économie et Société hellénique » très important surtout à propos de la prise de conscience de l’identité nationale hellénique.

Elia Kazan (Kazantzioglou, 1909-2003) est né à Constantinople, mais originaire par son père, George (Kazantzioglou), et sa mère, Athèna (fille de Isaak Sismanoglou et de Anna Karaïosifoglou), du village de Kermira de la province de Césarée (Kayseri). Metteur en scène et cinéaste mondialement reconnu, il a reçu 3 Oscars (dont le dernier pour l’ensemble de son œuvre). Il a fait connaître au grand public et promu à Broadway des auteurs importants tels Tennessee Williams et Arthur Miller, et à Hollywood des acteurs devenus célèbres tels Marlon Brando, James Dean, Rod Steiger et Warren Beatty.

Le diplomate et grand poète Georges Séféris (1900-1971), né à Vourla de Smyrne, est, du côté de son père (Stylianos Seferiades), originaire de Moutalaski (Talas en turc) de la province de Césarée (Kayseri). Il est le premier Grec à avoir reçu un prix Nobel, celui de littérature en 1963

Enfin, le grand homme politique Constantin Karamanlis (1907 – 1998), qui a été plusieurs fois ministre et Premier ministre de gouvernements grecs et deux fois Président de la République Hellénique, est originaire de Cappadoce. Il est considéré, avec le Crétois Eleftéerios Venizelos, comme le plus grand homme politique de la Grèce contemporaine.

(6)

Bulletin des Amis de la Cappadoce Nikolaos Ouzounoglou, professeur au Metsovion Université Nationale Polytechnique d’Athènes , résume la position grecque sur Le maintien de la culture des populations romaines–grecques orthodoxes (Roums) d’Asie Mineure intérieure après le XIe siècle et le rôle de l’émirat de Karaman dans le processus d’imposition de la langue turque.

La propagande nationaliste turque, dans le droit fil de la conception turque de l’histoire prévalant dans les années 1930, a tenté ces derniers temps de mettre en doute l’origine romaine–grecque orthodoxe (Roum) des chrétiens orthodoxes de Cappadoce, victimes de l’échange des populations imposé par le traité de Lausanne (24 juillet 1923). On retrouve une continuité historique de la grécité (romiosyni) de l’Anatolie Centrale ainsi que de l’Asie Mineure, régions où vivaient des communautés grecques orthodoxes organisées jusqu’à leur destruction finale, en automne 1922 par le régime étatique d’Ankara, successeur de l’Empire ottoman, qui avait dès la fin de l’année 1913 commencé à les exterminer. La théorie de la propagande turque prétendant que les Cappadociens grecs orthodoxes descendent des tribus turkmènes ayant migré en Cappadoce lorsque l’Empire byzantin se trouvait en plein essor, aux IXe et Xesiècles (avant la bataille de Manzikert), en dehors du fait qu’elle ne trouve aucun écho dans les sources de l’historiographie et de la bureaucratie byzantine pourtant très développée en ces temps-là, ne peut pas non plus répondre aux questions suivantes :

• Si cette pseudo-théorie était valable, comment expliquer alors que les très nombreuses populations helléniques aient complètement disparu, elles qui ont produit une culture hellénique admirable (théologie, philologie, temples, iconographie, architecture, fondations, etc., c’est-à-dire les fondements de la civilisation et de la culture byzantines) durant au moins six siècles avant l’invasion des tribus turkmènes juste après 1071 ?

• Comment d’anciens dialectes helléniques ont-ils survécu dans des enclaves isolées, découvertes au début du XXe siècle (R.M.Dawkins, Modern Greek in Asia Minor, Cambridge UniversityPress, 1916) ?

• Comment est-il possible que

• les prétendues « populations d’origine turque » aient choisi de ne pas être (ré)islamisées et de rester chrétiennes après 1071, si quelques générations auparavant elles avaient appartenu à des tribus turques?

• sous la domination du sultanat seldjoukide de Roum et ensuite dans l’Empire ottoman ils aient préféré vivre comme sujets de seconde classe en tant que membres du Rum-Milliet, subissant en conséquence toutes les contraintes liées au payement des multiples taxes ainsi que les razzia d’enfants chrétiens raflés pour en faire des janissaires ?

• Pour quelle raison aucun élément essentiel d’origine turque n’a-t-il été conservé par les populations cappadociennes, exception faite de la langue de tous les jours, en partie turque, tandis que la langue de leur conscience nationale continuait pendant des siècles à être grecque, dans toutes ses manifestations quotidiennes et religieuses, dans la continuité de la période byzantine ?

• Pour quelle raison la théorie turque passe-t-elle sous silence le fait qu’en juin 1277 la langue turque fut officiellement imposée de manière autoritaire comme la seule langue qu’il était permis de parler en public (même l’arabe et le persan étaient interdits), dans l’émirat de Karaman, l’entité étatique opposée à l’État ottoman en Anatolie jusqu’en 1487 ?

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www.kapadokya.fr 7 Bulletin des Amis de la Cappadoce

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La Symbolique des Kilims,

Ahmet Diler, Marc-Antoine Gallice, préface de Jacques Lacarrière. Éditions Bleu autour, 2017

Avec La Symbolique des Kilims, c'est un bien bel ouvrage que proposent les éditions Bleu autour et ses auteurs, Ahmet Diler et Marc-Antoine Gallice. L'objet tout d'abord est agréable à lire et à regarder, la qualité du papier, de l'impression et des photographies en font un livre qu'on aime à posséder et à feuilleter. Au-delà de ces aspects matériels, ce livre est avant tout le fruit de trente années d'enquête que les auteurs ont menée autour d'une passion commune, le kilim, passion qui les a poussés sur les

routes de Turquie, du Caucase et d'Asie centrale. C'est sans doute là que réside la particularité de cet ouvrage. De nombreux livres existent sur les tapis et les kilims de Turquie, d'Iran ou d'Afghanistan, mais celui-ci propose à ses lecteurs de manière originale de prendre la route avec Ahmet Diler – issu d'une famille de tisserandes d'Avanos – et Marc-Antoine Gallice – fils de marin marseillais, passionné par les voyages et les kilims – et de les suivre sur leur terrain.

La partie introductive de l'ouvrage, "Le kilim dans tous ses états", alterne entre des paragraphes ethnographiques, historiques et techniques. Dans "Trente ans de recherches empiriques et comparées", les auteurs présentent leur approche scientifique et méthodologique. L'importance donnée à l'ethnographie se retrouve plus loin, dans les paragraphes "L'omniprésence du kilim" et "Au cœur du lien social" qui présentent respectivement les différents usages du kilim et le rôle de cet artisanat dans les liens sociaux et intergénérationnels, comme "instrument de valorisation sociale". Les paragraphes intitulés "Kilim et kilims"

et "Vieux et beaux à la fois" sont plus techniques. Dans les premiers, on apprend à reconnaitre la grande variété des techniques de tissage tandis que dans les seconds, ce sont les techniques de datation, qui, aux dires même des auteurs, restent néanmoins "limitées" qui sont présentées. Les photographies des kilims sont accompagnées de photographies de tisserandes travaillant sur leurs métiers à tisser mais aussi de schémas permettant d'illustrer de manière plus claire les différents types de trames utilisées. Un chapitre plus historique reprend la chronologie de cet artisanat millénaire. Le parallèle fait avec la céramique apporte ici une mise en contexte précieuse permettant de situer l'art du kilim dans un cadre culturel plus général. L'ensemble de ce chapitre est agrémenté de nombreuses photographies ethnographiques, voire personnelles, montrant les deux auteurs sur leur terrain au fil des années. Le corps du livre est plus classique en termes d'illustrations mais aussi avec quelques photographies de voyage présentant les artisans, les techniques de tissage et de teinture et les paysages dans lesquels a évolué l'art du kilim.

Le corps du livre porte le titre "Les symboles des kilims" et analyse une vingtaine de motifs dont les trois grands dénominateurs communs sont présentés dès le début : fécondité, fertilité et protection. « Ils traduisent autant de préoccupations vitales des groupes humains : se perpétuer grâce à la fécondité de la femme, se nourrir grâce à la fertilité de la terre, (…) et se prémunir des fléaux qui menacent leur fragile équilibre (…) en s'en remettant à la protection des supérieures. » Parmi les principaux motifs étudiés, on pourra nommer en particulier la Déesse Mère (p.66-75), les cornes de bélier (p.76-84), la dualité source de vie (que les auteurs nomment kıvrım tout en précisant la grande variété de ce symbole à travers les traditions asiatiques et proche-orientales : yin et yang, t'ai-ki, loup et biche, ciel et terre, fini et infini, homme et femme...), le losange symbole de la fécondité féminine, l'épi, le dragon, l'arbre de vie, les empreintes d'animaux... Pour chaque motif, les auteurs proposent différentes analyses, interprétations et hypothèses, présentant toute la complexité et l'ampleur du sujet et du terrain étudiés.

Pour conclure, on ne peut donc qu'encourager les passionnés de la Turquie – et en particulier de la Cappadoce qui a une place centrale dans les textes et les photographies – à lire et à observer avec attention ce magnifique ouvrage.

Aude Aylin de Tapia

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Bulletin des Amis de la Cappadoce

Le cerf. Une symbolique chrétienne et musulmane

, Thierry

Zarcone et Jean-Pierre Laurant. Paris, Les belles lettres, 2017, pp. 250 avec illustrations en couleur.

Pour qui aime la Cappadoce, l’image du cerf est bien connue. Elle fait partie de la symbolique christique et est représentée dans la vision d’Eusthate dont un bel exemple (mentionné par les auteurs) se trouve à Soğanlı. Dans la région de Bithynie, le marcheur peut rencontrer le turbe de Geykli Baba orné de ramures et construit à l’aide de remplois datables de l’époque byzantine (également mentionné par les auteurs). Toutefois, peu de monographies portent sur l’évolution de la symbolique du cerf et aucune ne propose un tour d’horizon en comparant les religions islamique et chrétienne. L’importance du livre de T. Zarcone et de J.P. Laurant prend donc, dans ce contexte, toute son importance. Ils offrent au lecteur la possibilité de découvrir le rôle de cet animal dans l’imaginaire tout en proposant judicieusement des comparaisons sur l’imbrication de ces deux religions. Les auteurs font voyager leurs lecteurs du Pacifique aux mondes celtiques grâce à des anecdotes et des récits. Doté d’un index et d’une table des illustrations, le lecteur peut facilement retrouver les noms et les toponymes mentionnés dans la monographie. La richesse de la bibliographie, les trente-trois pages de notes et la qualité de l’ouvrage – notons les images en couleur qui illustrent le propos des auteurs – certifient la rigueur avec laquelle cette recherche a été menée.

L’ouvrage est divisé en trois parties qui progressivement amènent à s’interroger sur les sens de la symbolique du cerf dans les milieux abrahamiques. Partant d’une introduction illustrée, la fonction centrale du cerf en tant que passeur est mise en avant. C’est d’ailleurs par ce prisme que les auteurs ont choisi d’analyser le cerf et sa symbolique.

La première partie aborde la sacralité du cerf. Les trois premiers chapitres - « De l’Antiquité classique au monde biblique, le parcours compliqué du cerf dans la forêt des symboles », « Le passage par les forêts européennes du nord et de l’ouest », « De la rumination à l’assimilation » - convient le lecteur à découvrir le cerf dans les écrits antiques puis du Moyen Âge de l’ouest et du nord de la Méditerranée.

Chemin faisant, le processus d’assimilation de l’animal dans la religion chrétienne est explicité à travers l’évocation des textes fondateurs comme ceux de Xénophon, d’Hésiode et d’Isidore de Séville ou dans la saga arthurienne ou la chanson de Roland. Le cerf devient alors symbole biblique, passeur et lumière.

Dans « la Mère-à-la-ramure en Asie centrale et en Sibérie », le symbole du cerf, du sud à l’est de la Méditerranée, est abordé. On y apprend à cette occasion que le cervidé, plus que le cerf, est l’objet de vénération. Le contexte, dans lequel il est célébré, décide du type d’animal adoré : il devient élan, chevreuil ou gazelle. On perd alors le rythme imposé par la chute de la ramure pour aboutir à l’assimilation de la forme des bois en végétaux. Les trois derniers chapitres de cette première partie – « Quand le chamane imite le cerf », « Cerfs et bêtes à cornes entre chamanisme et islam » et « Le cerf guide et messager en Haute-Asie » – illustrent la dimension de l’image du cervidé chez les populations d’Asie centrale. Le cerf, incarné par le chamane, revêt un rôle psychopompe faisant un lien entre le monde des vivants et celui des esprits. Il faut retenir de cette première partie qu’au-delà de l’image du cerf ou de l’homme qu’il peut remplacer, ce sont les esprits qui endossent les rôles de passeurs, d’éveilleurs voire de messagers.

La deuxième partie – Le cerf, le saint chrétien et le soufi – est consacrée plus particulièrement aux figures d’exception que sont les saints et les soufis dans les religions chrétiennes et islamiques et à l’incarnation du cerf. Dans « Le cerf dans l’Europe médiévale : un imaginaire symbolique surpeuplé », le lecteur constate la richesse de la symbolique liée au cervidé et son caractère de thaumaturge. Toutefois, c’est dans « Du cerf-Bouddha au cerf crucifère » que l’ami cappadocien se reconnaît le mieux. Le lien entre les religions musulmane et chrétienne se fait en Cappadoce, où l’image du cerf, incarnation du Christ, aurait permis le partage de légendes autour du cerfs crucifères entre Chrétiens orthodoxes et Soufis d’Anatolie.

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www.kapadokya.fr 9 Bulletin des Amis de la Cappadoce La sacralisation du cervidé se dessine dans « Hommes, cerfs et esprits », « Transformations : de l’esprit-cerf au saint-au-cerf » où les auteurs rappellent les interdictions le touchant. Les mésaventures tragiques, advenant aux chasseurs de cerf, caractérisent la sainteté de l’animal réincarné en esprit. « Des croyances solidement ancrées jusqu’à la Renaissance et au-delà » revient un temps dans l’Europe de la Renaissance, les auteurs présentant le rôle d’anargyre du cerf. Les témoignages écrits qui perdurent jusqu’au XVIIIe siècle mettent en valeur le rapport entre alchimie et cervidé. Le deuxième chapitre s’achève sur « Mort et résurrection » où, encore une fois, les auteurs. établissent des analogies très fructueuses entre le cerf chrétien et le cervidé musulman.

La troisième et dernière partie est dénommée Chasse qui sauve, chasse qui perd. Dans « La chasse et la mort, le grand passage » sont évoquées les légendes occidentales du cerf psychopompe. Il n’est plus question de chamanes mais de magiciens et de psychagogues. Contrairement au chamanisme et au soufisme, c’est une brèche dans la théologie chrétienne qui permet aux croyants de reconnaître ce rôle particulier à l’animal. « Entre chasse malheureuse et chasse interdite en Anatolie centrale » et « La chasse du cerf blanc, figure christique et la légitimité du pouvoir politique » reviennent sur les interdictions édictées au bénéfice du cervidé. Contrairement à l’Anatolie où la chasse, même pratiquée par la figure royale, est condamnée ; en Europe, la chasse devient un moyen de légitimer son pouvoir. Les trois chapitres « Le cerf comme « monture » ou « enveloppe charnelle » du saint soufi », « Le cerf messager du Prophète : récits de conversion à l’islam » et « Le miracle du cerf initiateur : récit de conversion du soufisme » s’attachent à illustrer l’exceptionnelle sacralité du cerf en Orient. Associé au Prophète et à ses paroles, le cerf est un initiateur qui permet aux Chrétiens de se convertir à la religion musulmane. C’est à travers les récits hagiographiques que le lecteur peut se rendre compte de l’importance du symbole du cerf dans les courants religieux d’Anatolie et d’Asie centrale. Un détour vers l’Afrique est amorcé avec « Le marabout-à-la-gazelle en Afrique du Nord ». Ce n’est plus au cerf mais à la gazelle que l’on prête les paroles du Prophète. Bien que sa consommation soit recommandée, la bête à corne est, à l’instar des autres cervidés d’Asie, protégée si elle réside à proximité d’un tombeau de saint. Encore une fois, la gazelle est incarnée. De retour en Europe, « Le cerf vole au secours des rois de France » aborde l’image du cerf comme emblème royal. L’animal légitime la divinité du roi dès la fin du Moyen Âge. Le chapitre se termine par une évocation du Japon et du Mexique pour montrer comment le cervidé endosse toujours le rôle de passeur entre les dieux et les hommes et de guérisseur. La vénération du cerf et des rituels qui lui sont associés en Asie sont mis à l’honneur dans les chapitres « Le chasseur qui aimait la biche », « Bois et cornes : dévotions au cerf et rituels de pèlerinages ». Enfin dans « Saints-esprits, saints-aux-cerfs : un culte qui perdure... », « Des « Lumières » au retour de l’image symbolique du XIXe siècle » et « Tel qu’en lui- même : le cerf court toujours dans ces voies », les auteurs rappellent qu’à l’époque contemporaine, le symbole du cerf continue d’exister. Les écrits bibliques ou hagiographiques font place aux films et aux séries qui mettent en scène le cerf et son rôle de passeur. Il devient animal de compagnie ou être personnifié pour transmettre un message universel.

La conclusion, brève et synthétique, rappelle l’ensemble des sens donnés à l’image du cerf. Elle met également en exergue le paradoxe du symbole de cet animal qui est à la fois mâle et femelle, sauvage et domestiqué, chassé et sacré.

À travers une balade féérique autour du monde, T. Zarcone et J.P. Laurant nous permettent de mieux cerner la complexité de la symbolique du cerf. Mêlant les chapitres portant sur l’Europe et sur l’Asie, ils dénouent avec brio les difficiles interprétations de la symbolique des animaux à cornes. L’organisation chronologique, discrète mais bien présente, permet enfin aux lecteurs de comprendre l’évolution du symbole du cerf en Europe et en Asie, d’appréhender les différences importantes entre Chamanes d’Asie centrale, Soufis d’Anatolie, Catholiques et Protestants d’Europe et Orthodoxes orientaux. Bien plus qu’un simple ouvrage sur le cerf, cette monographie introduit des analogies entre le Christianisme et l’Islam. Il offre ainsi une nouvelle vision des religions et incite au partage plus qu’à l’opposition.

AnaIs Lamesa

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Bulletin des Amis de la Cappadoce La vingtième « Gavoustima » à Thessalonique

Ces rencontres (Gavoustima) annuelles rassemblent, pendant trois jours, environ quinze mille descendants des exilés de Cappadoce des années 1920, après le traité de Sèvres. Pour la 2e année, l’Association Les Amis de la Cappaodce avait été invitée par

Theophanis Issakidis, Président de PEKS, l’Union panhellénique des associations cappadociennes, et était là, le 24 août, représentée par François de Jerphanion. La Gavoustima assemble chaque année les participants dans un lieu différent, celle-ci bénéficiait, dans la seconde ville de Grèce, d’un site exceptionnel mis à sa disposition, celui d’une ancienne base militaire. Un rituel d’introduction spectaculaire : l’association hôte transmet à celle qui recevra l’année suivante l’icône de St Basile. Ce sont alors deux théories de danseurs, en costumes traditionnels distincts, qui viennent l’une vers l’autre en dansant pour le transfert. Puis devant cinq mille convives, se succèdent les

danseurs et danseuses de divers villages grecs, hôtes chacun des traditions d’un village cappadocien où vivaient depuis plusieurs siècles leurs ancêtres. Si les pas de danse se ressemblent les costumes, notamment les coiffures des danseuses diffèrent étonnamment. Chaque village présente deux troupes, l’une de danseuses l’autre de danseurs, qui peuvent aller

simultanément mais ne se mêlent jamais.

Ceux de nos lecteurs qui assisteront à la journée du 9 mars 2019 pourront découvrir l’ambiance exceptionnelle de ces soirées. Grâce à l’aide de l’équipe de direction de la PEKS, Issy -les-Moulineaux résonnera des accents qui naguère, à Sinassos, venaient bercer leurs parents quand leurs grand- mères chantaient leurs romances. Ces rencontres sont aussi l’occasion de brèves conférences, dont celle présentant les activités des Amis de la Cappadoce, fort applaudies par un public reconnaissant

.

Deux nouveaux musées à Avanos

Un grand musée archéologique rupestre intitulé Kapadokya Bölge Müzesi (Musée régional de Cappadoce) verra le jour courant 2019. Les objets archéologiques des musées d’Ürgüp et de Nevşehir y seront transférés.

Un musée ethnologique, organisé par l’université Haci Bektas Veli de Nevsehir et la sous- préfecture d’Avanos., ouvrira ses portes courant de l’été 2019 dans le kiosque historique Haci Nuri Bey à Avanos. Kirkit fera une donation d’un tapis ancien d’Avanos de sa collection.

De nouvelles découvertes

Eric Gigli et le spéléologue turc Ali Yamaç auraient découvert de nouvelles églises rupestres et une ville souterraine à Agirnas près de Kayseri, l’été dernier .

Aménagements du territoire

La construction d’une ligne de train rapide selon l’axe a été Antalya-Konya-Aksaray-Nevsehir- Kayseri votée. Elle devrait desservir Acigöl, avant Nevsehir, et Avanos et être achevée d’ici 4 ans

.

Suite au recensement d’une centaine de constructions illégales dans les vallons de la Cappadocce et plus particulièrement autour de Göreme, le gouvernement prévoit de créer la Constitution Régionale de Cappadoce (Kapadokya Mekansal Anayasasi) sous la coordination du ministère de la Culture et du Tourisme avec la participation du ministère de l’Environnement et de l’Urbanisme, celui de l’Agriculture et de la Forêt ainsi que des académiciens et les maires de la région.

Brèves cappadociennes

N.G. Intzesiloglou et F. de Jerphanion

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Nouvelles de l’association

Lors de la journée cappadocienne annuelle du 10 mars 2017, le président de l’Union Panhellénique des Associations cappadociennes (PEKS), Theophanis Issakidis, a remis à notre association une icône représentant Saint Basile en témoignage des actions des Amis de la Cappadoce, notamment pour sauvegarder l’Eglise rouge et faire connaître la Cappadoce.

Cette icône est la reproduction de celle qui est transmise d’année en année à l’association qui organise la Gavoustima (voir page précédente). La dédicace suivante figure sur son revers : « En souvenir d’une belle journée de rencontre avec l’Association des Amis de la Cappadoce », et en reconnaissance de son œuvre, cette Icône de Saint Basile le Grand, Evêque de Césarée de Cappadoce et Père de l’Eglise, vous est offerte par l’Union Panhellénique des Associations des Cappadociens. Paris, le 10 mars 2018. »

A vos agendas

Notre

journée cappadocienne annuelle

se tiendra le samedi

9 mars 2019

16 rue de l’Abbé Derry à Issy-lès-Moulineaux :

9 h 30 Accueil, Nouvelles de l’association

10 h Conférence du Professeur Tolga UYAR : La Cappadoce médiévale et son patrimoine bâti : passé, présent et futur

La Cappadoce, « réservoir » du passé médiéval, est surtout connue pour ses extraordinaires monuments rupestres.

Or la région est aussi riche, bien qu’à un moindre degré, d’un patrimoine archéologique architectural. Cette présentation constitue une vue d’ensemble de l’héritage byzantin construit, en le mettant dans son contexte historique et culturel. Il s’agit de montrer en quoi les monuments construits sont plus fragiles et ont été soumis à d’importants dommages depuis les premières découvertes de Guillaume de Jerphanion et de ses prédécesseurs, et d’explorer quelques pistes pour leur préservation et leur mise en valeur.

Midi Déjeuner cappadocien 14 h La Cappadoce en Grèce

Les descendants des exilés des années 1920 ont à cœur de préserver leurs traditions, contées, chantées voire dansées, et nous feront participer à une culture toujours vivante.

16 h Fin de la journée .

Les

prochains lieux de l’exposition

:

- Le consulat de France à Thessalonique, dans les premières semaines de 2019.

- Le centre culturel de l’évêché de Besançon

,

au cours du printemps 2019.

www.kapadokya.fr Bulletin des Amis de la Cappadoce

Coordination éditoriale: A. Delépine et Fr. de Jerphanion.;

Relecture : A. Cavé, M.C. Comte et G. Sosnowski Mise en page: A. Delépine.

Impression et envoi : F. Clément.

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Bulletin des Amis de la Cappadoce

LES AMIS DE LA CAPPADOCE

FICHE DE MISE A JOUR DE L’ANNUAIRE 2019 ou d’INSCRIPTION D’UN NOUVEAU MEMBRE

(rayer la mention inutile)

Nom : … ……….………. .…….Prénom :………..………...

Merci de remplir lisiblement et complètement toutes les rubriques ci-dessous, en évitant les abréviations Activité professionnelle (si besoin) :

Fonction : ………..

Société/Organisme : ……….

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Cotisation :membre actif 30 € (une personne)

40 € (couple)

membre adhérent 15 € Don pour le fonds de sauvegarde :

Montant réglé : ………€ par chèque libellé à l’ordre de : « Les Amis de la Cappadoce » Date : Signature :

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Retourner cette fiche dûment remplie, accompagnée de votre chèque à notre Trésorière : Claire LATOUCHE, 33 rue Danton 92240 Malakoff

tél. : 01 46 57 28 14- courriel : clairelatouche@orange.fr

Un reçu fiscal est adressé pour les dons et cotisations ouvrant droit à une réduction fiscale de 66 % dans la limite de 20

% du revenu imposable

Ces données servent à la gestion des adhésions et à adresser les informations relatives au fonctionnement de l’association, ainsi que le bulletin de liaison. Elles ne sont communiquées à aucune autre structure.

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