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La recherche de l'or dans la région de Genève

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La recherche de l'or dans la région de Genève

PITTARD, Jean-Jacques

PITTARD, Jean-Jacques. La recherche de l'or dans la région de Genève. Le Globe, 1936, vol.

75, p. 1-93

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:131197

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La.

Beeherehe de l'Or

dama la

Réc;ion de GenèYe

par ·

Jean-eJacques P 1 TT A.BD Dr ès sciences

Privat-docent à l'Université de Genève

GENÈVE

SocIÉ'IÉ GÉNÉBALE n'IMPRDIERIB:, 18, PJ!mt88EBI.lll

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LA RECHERCHE DE L'OR

DANS LA RÉGION DE GENÈVE

)

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---~---~-~

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LA

RECHERCI-IE DE L'OR

DANS LA

RÉGION DE GENEV.E

par

Jean-Jacques PITTARD

Dr ès sciences

Privat-docent à l'Université de Genève

GENÈVE

SomÉTÉ GÉNÉRALE n'IMPRIMERIE, 18, PÉLISBERIE

1936

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~xtrait des Mémoires du Gk>be, tome LXXV, 1936

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LA

RECHERCHE DE L'OR

DANS LA

RÉGION DE GENÈVE

PAR

Jean-Jacques PITT A.RD D• ès sciences

PREMIÈRE PARTIE

HISTORIQUE

CHAPITRE PREMIER

Les recherches anciennes et les concessions d'exploitation

On trouve assez peu de renseignements au sujet de l'ex- ploitation des alluvions qui étaient jadis travaillées, soit dans la région del' Arve, soit le long des rives du Rhône. Celles-ci semblent avoir été plus appréciées par les orpailleurs que celles mêmes de l' Arve.

La plus ancienne mention concernant l'extraction de l'or des cours d'eau de la région de Genève est, à notre connais- sance, une concession accordée en 1397, par le châtelain de

1

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2

Gex, à Etienne Massonay et Jean Probe, de Pougnie7., moyennant la somme de douze deniers chacun, pour le droit de chercher de l'or sur les bords du Rhône, dans la partie de ce fleuve qui appartenait alors au comte de Savoie 1•

Les comptes d'Aymon et de Jacques de Viry (Châtellenie de Chaumont) pour les années 1458-1459, nomi apprennent qnr. les orpailleurs du Rhône, à Chaumont 2, payaient au seigneur du lieu quatre deniers genevois par table de lavage 3 •

L'exploitation de l'or était soumise à un régime de conces- sion, dont les redevances ont varié au cours des années.

II. Golay 4 110118 donne, à ce propos, des indications fort inté- ressantes sur les orpailleurs des Iles d'Aïre:

" Dans le XVme siècle, des chercheurs d'or obtinrent l'au- torisation d'en extraire des sables d'alluvions, notamment, à Aïre, où les eaux limoneuses des grandes crues de l' Arve déposaient du sable à, proximité de la presqu'ile, et où elles ont formé les terres connues sous le nom des .. Iles d' Aïrc ».

En 1471, cette exploitation était pratiquée par quatre cher- cheurs d'or qui payaient pour cette concession une redevance annuelle de 12 livres au duc de Sa voie. En 14 77, la licence fut de nouveau concédée à douze chercheurs, et pour la même redevance de 12 livres par an. Plus tard, la taxe ne fut plus fixée par homme ; elle fut réduite à quatre deniers par appareil employé. D'après un compte de 1519, elle donnait le droit « d'orpilliaire seu aureum quœrere per fluvium Rho- danum ». L'appareil était tout ce qu'il y a de plus rudimen-

1 B LAVIGNAC. Manuscrit inédit. Bibliothèque publique de Genève. Ms.

Suppl. 1273.

2 Chaumont est un village situé à l'extrémité sud ùu Yuache (lite-Savoie) .

• MARTIN, P. Or11aillewrs et chercheurs d'or de l'.Aliym c (Memoires et documents publiés par l'Aco.démie-ealésienne,-.!1';-40, AnMoy,-l!ll!l). - - -

~ GoLAY, H . Rcchci·chts hi&toriques sw1· Ve'l'·tl'ie·r et le Puyi; de Gex, Atar, l!lHl.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 3 taire; il consistait en une longue planche sur laquelle il y avait des rainures transversales ; elle était placée inclinée au bord du Rhône ; un mélange de sable et d'eau était versé dessus, et s'il y avait des paillettes d'or, celles-ci, étant plus lourdes que le sable, restaient dans les rainures où elles étaient recueillies. Ce qu'on nommait les « Iles d' Aïrc ,.

n'existe plus : ce vaste terrain, qui était en jardins maraî- chers pour la plus grande partie, a été submergé en 1896 par l'élévation du niveau des eaux du Rhône, due à la cons - truction du barrage de l'usine de Chèvres. »

F. Borel 1 dit que le droit d'orpaillage était affermé pen- dant le XIV"'" et le XVm• siècles à un prix fixe. A partir de cette époque, on taxait chaque tabula dont se servaient les laveurs de sable.

Dans le Mandement de Peney, il avait été édicté en H>47, des mesures contre ceux qui auraient essayé d'extraire du Rhône le métal précieux sans être en possession d'une auto- risation officielle :

Cries du Mandement de Peney. 10 août 1547 2•

«Item que nulle personne use du rivage ne aussi soyt ouzé de pescher avecque la fuyne, ne aussi fayre edifier ne parillement collir l'or au rivage du Rosne dempuis le pont du Rosne jusque au nant de Billex 3, sinon de la licence des devanditcz seignieurs et de leurs officiers de :Pigney, soub la penne de centz livres genevoyses. ,,

1 BOREL, l!'. Les Foires de Genève au quinzième siècle. Genève, H. Georg, 1892.

2 R1vomE, E., et YAN BERCHEM, Y. Les Soul'ces du Droit du Ganton de Genève. Aarau, H. R. Sauerlander & Cie, 1930.

" Le nant de Billex est le ruisseau qui se jette dans le Rhône en amont du Moulin de Bilet. Ce ruisseau qui porte le nom de La Charmille, prend sa source à La Tuilière dans la commune de Dardagny. Son cours inférieur, à un kilomètre en amont de son confluent avec le Rhône, sert de frontière entre la France et la Suisse.

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4 MFoMOTRE8

Des concessions ont été accordées fréquemment pour le travail d'orpaillage dans les régions proches de la ville de Genève. Nous avons extrait quelques-unes de ces demandes des Registres du Conseil :

Séance du vendredi 17 janvier 1578.

« Claude Pareset d' Asserens a présenté requeste tendante à lui permettre de tirer de l'or au rosne alendroit de St-Victor et Chappitre aesté arresté que on lui accorde sa requeste. 1 ,.

Séance du jeudi 11 février 1578.

« Magnin d' Asserens a présenté requeste tendante à lui permettre de tirer de l'or au rosne aux endroits rière Sei- gneurie arresté qu'on lui oultroie sa requeste. 2 ,.

Séance du mardi 24 septembre 1622.

" Aymon Barbier dict Boujan

a

sa requeste luy a esté donnée permission de tirer de l'or dans le Rhosne rière les terres de la Seigneurie hors le8 franchises durant deux ans prochains moyennant dix ducatons en especes pour les dict deux ans le renvoyant en la chambre pour lui estre passé acte de la dicte permission. 3 ,.

Séance du vendredi 22 avril 1653.

« Nob. Jean Voisine, seigneur lieutenant represente qu'il y a un honneste homme qui ayant remarqué dans le lict du Rosne rière la Souveraineté qu'il y a quelque mine d'or, et mesme veu quelques paillettes d'or assez grosses il desire en faire la recherche ce qu'il ne veut entreprendre sans congé

1 Hegistre du Uonseil de la !tépublique de Uenève, 1578, fol. 11.

~ Registre du Conseil de la République de Genève, 1578, fol. 41.

" Registré du Conseil dé la ltépubliqué dé Génèvé, 1622, fol. 1'/7.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 5 et permission de la Seigneurie et obtenant la dite permission il offre de bailler au Public la moitié de ce qu'il en tirera.

Arresté que le dit Seigneur lieutenant fasse entendre au dit personnage qu'il comparaisse en la chambre où on l'orra plus particulièrement pour en après etre avisé la dessus 1• ,.

Nous n'avons pas pu savoir si cette dernière demande avait été accordée.

Pour ce qui concerne l'Arve, nous avons obtenu des indi- cations dans le manuscrit inédit de Blavignac 2 , qui donne quelques détails sur une concession accordée à Pierre Amyraut.

A l'époque de la grande inondation de 1651, un nommé Amyraut étudia le limon de !'Arve et en retira de l'or. Encou- ragé par ce succès, il obtint l'autorisation de faire une exploitation en grand. Les lettres (lettres-patentes) lui furent expédiées le 23 mars 16573• Il était autorisé à recueillir Je sable aurifère depuis Conches jusqu'au Rhône, moyennant une

1 Registre du Conseil de la République de Genève, 1653, fol. 105.

2 Loc. cit.

3 Nous avons trouvé l'octroi de cette concession dans le Registre du Conseil de 1657, fol. 94 et fol. 111.

Sén.n.ce <lu lundi 23 T)'lars 1657 :

c Pesche de l'or en Arve. Nob. Jaqu.es Dufour syndic rapporte que Pierre A.mynrnt s'estant presenté en la Chnml1re au subict de ladite pesclie laqoello jl desfrolt ad modict· d.cs Couches en bas sans porte1· aucun prejndice anx possessions des pnirtieuli<n·s el co pour trois nus à raison cle cout florins par nn al'l'e&té qu'on luy pnsso Io.dite admodiaLiou pour la.dite somme el pour trois ans.»

Séance dn 1r.crcredi 6 avril J 657 :

" Pesclie de l'oi", Spect. Daniel Olm.bl'ey. Monsieur le premier Syndic i·ap1lorte que fos spectables Chahrey se sont op posé 1\ Jo. rocerche du })ail\otn.ge d'o1· uclmodié à honn. Amyrnut le long de la l'Îvicre d A1·ve t'iere les terres de ht , ouvci·nineté pret.eudo.n ~ a.voit- droict d'ompcscl1er ledit paill.ot1:Lge aux eudroicts qui <;onflnent les fontis qu'il possede. A.rresté <1ne ledit Amyraut continue lctlit pai l lotngc 1t. forma de son bail à ferme oouob- st1mt op position ni appe ll a~ion quelquonque 1\vcc tleft>nse audit specla.ble Ol)abrey et à tous aut,res de troubl er ni molester ledit, Amyraut en hJ.llite ferme sanf au<lit Noble ühabrey nu cas qu'il veuille persistei· en son oppo- sit.ion t1'en communiquer les cnuses nu sr Procureur général pour cc fait estn.u on être r endu ckojct sm· lad ile opposition au vendredi ].0• du courant. »

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G MÉMOIRES

redevance annuelle de cent ilorirni. Arnyra.ut échoua dans son entreprise ; il y renonça et demanda la résiliation de son bail en 1658.

Nous avons trouvé dans les Registres du Conseil 1 l'histoire d'une demande d'exploitation qui nous montre que la Sei- gneurie, Ri elle affermait .. la peschc de l'or" ne semblait pas très sûre de ses droits concnnant l'octroi de conce~sions

si ces dernières devaient empiéter sur la propriété privée.

Le Conseil, en effet, se rendait alors sur place «pour reco- gnoistre qui a droit de pesche et recerche de l'or,.. C'est ainsi qu'en 1682, un sieur Jean Frezely fait une demande pour exploiter les allnvions de l' Arve et pour avoir la permission d'étahlir une fonderie dans le but de convertir les paillettes d'or en lingots.

Séance du mardi 19 septembre 1682 :

« Recerche de l'or en la riviere d'Arve, veues la proposi- tion remise ceans par escrit d'un particulier d'entreprendre la recerche de l'or et de l'argent le long et dedans la riviere d' Arve, sans charger le public d'avance des frais pour les ustensiles, couvert ni ouvrages, et sous offre de rendre compte à la Seigneurie de ce qui s'y trouvera, pour qu'il plaise au Conseil luy accorder une place au dit lieu propre pour y reconu qu'el sera le fruit et succés de cette entreprise il pourra prendre la dite recerche en ferme à un prix raison- nable. Et de ce délibéré a esté commis Monsieur le premier Syndic, auquel le proposant s'est adressé pour le faire expli- quer plus particulièrement et ra porter. »

La Seigneurie s'intéresse à cette affaire, d'autant plus que le concessionnaire propose de partager les bénéfices

1 R~eiRt.rP.~ ilu Conseil de la Républiqun rln OnnnvP., Hif:l?., fol. 294;

1683, fol. 124-136-142-148-186.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 7 avec l'Etat; celui-ci aurait ainsi une participation dans cette entreprise :

Séance du lundi 9 avril 1683 :

« Recerches d'or en la riviere d' Arve. A esté ra porté par le seigneur Ancien premier syndic Fabri qu'en suite de la comission à luy decernée l'année derniere sur la proposition d'un particulier pour avoir permission de faire la recerche de l'or le long d'Arve du costé de la Ville, il auroit oui le proposant en ses offres de porter toutes les charges et frais et au cas qu'il s'y trouve du benefice, il est content apres les dits frais levés de le partager par moitié avec le fiscq, requerant pour cet effet une place propre pour dresser un four- neau et construire une hutte de bois, et que cet affaire soit tenue dans le dernier secret crainte de le faire eschouer par concurrence dans le voisinage de l'autre costé. Et de ce opiné a esté qu'on agrée la dite proposition et que le dit Noble Fabry s'informera du proposant en quel endroit il desire cette place et raporter. ,.

Mais, pour se rendre sur son chantier, Frezely est obligé de passer dans la propriété des frères Chabrey (qui était située à l'emplacement même des bains actuels de Champel). Ceux-ci s'y opposent; alors Frezely déclare qu'il installera son exploi- tation sur la rive savoyarde. Le conflit est porté devant le Conseil :

Séance du 18 avril 1683

« Sieur Jean Frezely. Recerche de l'or. Le Seigneur ancien Syndic Fabry a dit que sur le raport qu'il tict hier concernant la visite du lieu où le dit Frezely demande une place pour à la recerche de l'or et l'argent le long de la riviere d'Arve il y a un endroit tres propre à quoi s'opposent les sus-

J

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MÉMOIRES

dits freres Chabrey parce qu'il faut passer par leur cour et comme ils nont produit aujourduy leurs moyens d'opposition ainsi qu'il fust ordonné hier, ledit Frezely la prie de represen- ter au Conseil voyant ladite dificulté qu'il est disposé de se retirer de la proposition d'octroy à luy fait pourveu qu'il luy plaise luy permestre de prendre à ferme du costé de Savoye laùite recerche à luy offerte cy devant et qu'il n'a voulu iusqu'a present accepter. Dequoy opiné a esté dit que lesdits susdits Chabrey raporteront vendredi prochain leurs moyens d'opposition. ,.

Les frères Chabrey ne veulent décidément pas que l'on traverse leur terrain. Le Conseil décide alors, avant de pren- dre une décision, de se rendre sur place :

Séance du mardi 24 avril 1683 :

"Nobles freres Chabrey, veu les causes d'opposition qu'ils ont produit contre l'octroy fait au sr Jean Frezely d'une place au rivage d' Arve avec liberté de passer sur leur fonds qui leur causeroit un trop grand dommage en toute maniere, A esté dit que le Conseil se portera sur le lieu pour voir ce que cest pour ensuite estre ordonné ce qui sera trouvé à propos. »

Le Conseil reconnaît que le droit d'exploitation de l'or appartient à la Seigneurie qui peut l'affermer à des conces- sionnaires. Ces derniers sont protégés par la loi, ils peuvent utiliser des propriétés privées (moyennant indemnité) si cela leur est absolument nécessaire 1•

Séance du lundi 30 avril 1683 :

«Nobles Chabrey, recerche de l'or. Monsieur le premier Syndic represente que les Seigneurs Syndics Denormandie et

' Uue Lelle ùédsiuu est conforme aux lois minières appliquées a.u,iour- d'hui dans la plupart des Etats européens.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 9

luy s'estans portés samedi dernier au bord de l'Arve du costé de Ville pour voir l'endroit que le sr Frezely desire avoir et pour recognoistre qui a droit de pesche et recerche de l'or et argent le long du bordage d'Arve et estan ouïs en leur raport, A esté trouvé que la Seigneurie avoit le droict de pesche et recerche de l'or et argent dans la riviere et le long du bordage d'Arve, et que l'on prendroit passage sur les fonds des dits susdits Chabrey et autres y adiacents, si tant est qu'on n'en trouve pas ailleurs et au cas que pour ladite recerche on vienne à leur causer quelque dommage considerable, on les dedommagera soit le sr Frezely ou autres droict ayans de la Seigneurie. ,.

Les frères Chabrey, cependant, maintiennent leur opposi- tion contre la décision du Conseil :

Séance du samedi 2 juin 1683 :

« Nobles Dominique et Esaïe Chabrey freres, veue leur requeste tendant à estre receus Recourans de !'Arrest rendu le 30 avril a eux signifié d'ordre du Conseil concernant sr Jean Frezely et permission à luy accordée de recercher l'or et l'argent dedans et le long de la riviere d'Arve, arresté qu'on les recoit recourans, en consignant, cottant et communiquant leurs moyens de recours au sr Procureur general dans la huictaine, apres quoy sera donné jour. »

Il est probable (après la séance du 2 juin 1683, les Regis- tres du Conseil ne font plus mention de cette affaire), qu'un arrangement a dû être pris entre les parties et que le sieur F rezely, moyennant indemnité, a obtenu le droit de passage

dans cette propriété 1•

1 BLAVIGNAC (manuscrit inédit) dit quelques mots de ce Frezely et prétend que c'est à ce droit de passage qne l'on doit le chemiu actuel dit des Bains

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10 MÉMOIRES

L'histoire ne nous dit rien au sujet du résultat de cette exploitation.

Dans la 1·égion proche de Genève (Genevois, .l!'aucigny), des édits réglementaient l'extraction des métaux provenant soit de mines, soit d'alluvions :

A la date du 7 juin 1654 on trouve la mention de lettres- patentes " porto.nt o.lbergemeut, en faveur du seigneur Mar- quis Villecardel de Fleury, de toutes les mines, minières, minéraux, etc ... qui sont dans les terres de Genevois, Fauci- gny et Beaufort, en payant la cinquième partie de tout l'or et azur qui se tireront d'icelles le dixième de l'argent, le vingtième du cuivre et du plomb 1 »,

J. Vincent cite, dan::; ::;on ouvrage sur l'or de Chéran~, une ordonnance parue en 17 6 2, à Chambéry, dans le Registre deR minières de !'Intendant général, qui «fait défense, sous peine de deux écus d'or, d'exporter les paillettes que l'on retire de l'Arve, du Fier, du Chéran et de la Néphaz ,. . (La Néphaz est un affluent du Chéran à Ilumilly.)

Il nous montre ensuite que les bénéficiaires d'une conces- sion étaient protégés par la loi :

«A la demande de François-Marie Pety Ducret, qui s'occupe depuis longtemps à la recherche des paillettes d'or le long des rivières du Chéran, Cier et autres, notamment dans les lieux de St-Donat et St-Maurice d'Alby, St-André, Gruffy, Cusy, Héry-sur-Alby, Mûres et St-Sylvestre, !'In- tendant fait à quiconque de très expresses inhibitions et défenses de molester le requérant dans son travail et plus encore d'y former opposition, tant pour ce qui le regarde que

1 Archives de Chambéry. Requêtes sur patentes. 1663, fol. 100,

2 V1NnFNT, J. L'or du Ohfran . Mémoire présenté et lu ù. 111 Société -<l'llist.nire et d' Archéologie do li\ Savoie. Séance clu OO m"rfl 1924. Cham- hP.ry, Tmp. rf\110i~~, 1028.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 11 pour ses ouvriers, à peine de cinq écus d'amende contre chaque contrevenant. » (26 février 1763.)

Paul Sébillot 1 cite un mémoire de Réaumur, lu à l'Aca- démie des sciences en 1718 et intitulé Essai de l'histoire des Rivières et des Ruisseaux du Royaume qui roulent des pail- lettes d'or.

D'après Réaumur, à cette époque, sur le Rhin, la partie la plus riche était celle entre le fort Saint-Louis et Guernes- heim; les ouvriers employés à rechercher ces paillettes gagnaient 30 à 40 sols par jour ; ils avaient une redevance à payer au seigneur sur les terres duquel passait le fleuve.

Dans le pays de Gex, le Rhône roulait, avec son sable, assez de paillettes d'or pour occuper pendant l'hiver, quel- ques paysans, à qui les journées valaient, à peu près, depuis 1 2 jusqu'à 20 sols.

Dans la Cèze, qui prend sa source dans les Cévennes, on trouvait des paillettes, sur plusieurs lieues de son parcours, qui étaient communément plus grandes que celles du Rhin et du Rhône; il y avait des jours heureux qui valaient aux orpailleurs plus d'une pistole, mais d'autres jours, par contre, ne leur produisaient presque rien.

Vers le milieu du XVIIIm• siècle, l'orpaillage semble être à son déclin dans toute l'Europe occidentale.

En Haute-Savoie, près d'Alby et de Rumilly, quelques familles se livrèrent encore à la recherche de l'or le long des rives du-Fier et du Chéran. Les alluvions de ce dernier cours d'eau furent exploitées jusque vers 1890; les bonnes journées (après les crues de la rivière) rapportaient, paraît-il, quatre ou cinq francs.

P. Martin dit dans sa publication sur les chercheurs d'or de l'Abyme (Chéran), parue en 1919 (loc. cit.) : «Aujour-

1 SÉBILLOT, P. Les Travaux Publics et les Mines dans les traditions les superstitions de tous les pays. Paris, J. Rothschild, 1894.

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12 MÉMOIRES

d'hui, malgré tout, la tribu des orpailleurs à la planche, n'est pas encore éteinte ... Je rappellerai le nom de Claude Favre que le 2 aoftt 1914 a arraché à ses tables après toute une vie d'orpaillage ... François Ramu, Eugène Lessens, Favricon et d'autres encore sont des pêcheurs d'or incorrigibles. Mais le salaire exceptionnel que reçoivent les ouvriers agricoles dans l'Albanais détourne les jeunes générations de la pêche de l'or. 1,.

A Genève et dans ses environs immédiats, l'industrie de l'orpaillage se fit de plus en plus rare et se perdit à la fin du XIXm•siècle. R.-L. Piachaud, dans son ouvrage sur Carouge 2 dit avoir vu les derniers orpailleurs de l' Arve, tireurs de sable, dont l'espèce a disparu vers 1900. Ces gens-là n'étaient au bénéfice d'aucune concession : on prétend qu'en travail- lant bien, ils réussissaient à obtenir pour environ trois ou quatre francs d'or par journée de travail.

1 Au mois de juin 1936, M. Marcel Gysin, professeur à l'Université de Genève, a organisé avec moi une séance de travaux pratiques de prospec- tion alluvionnaire le long des rives du Chéran. Nous avons conduit les étudiants du laboratoire de minéralogie au Pont de l'Abyme et nous avons examiné avec eux les sables de cette rivière en aval du Pont. Au cours de trente batées, faites selon les règles, nous n'avons trouvé que deux toutes petites paillettes d'or !

2 PucnAuD, R.-1. Carouge. Editions du «Journal de Genève"'> 1936.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 13

CHAPITRE II La provenance de l'or

Au moyen-âge, on pensait que la naissance des métaux était due à l'intervention de divinités inférieures qui prati- quaient, dans le monde souterrain, une sorte d'alchimie sur- naturelle à laquelle les astres prenaient part.

C'est dans le « Bergbüchlein,. de Calbus Fribergius 1,

publié en 1505, que l'on trouve le plus d'indications concer- nant la genèse des métaux à laquelle les astres prenaient une part active : chaque métal rc~oit une influence particu- lière de sa propre planète «d'après sa conformité en chaleur, froid, humeur ou acidité,.. Ainsi l'or s'est fait par le Soleil, l'argent par la Lune, le vif-argent par Mercure, l'étain par Jupiter, le cuivre par Vénus, le fer par Mars, le plomb par Saturne.

En ce qui concerne l'or alluvionnaire, on admettait géné- ralement qu'il était enlevé à un gisement métallique par le cours d'eau. Cependant, on lui donnait aussi une origine surnaturelle. Sebillot 2 cite à ce sujet une légende expliquant la présence des paillettes d'or que roule la Jordane à Aurillac et qui furent exploitées jusqu'en 17 40 : « Gerbert, qui fut depuis pape sous le nom de Sylvestre II, après avoir tracé des cercles magiques et prononcé des mots cabalistiques, frappa les ondes de la Jordane avec une baguette qui parais-

1 DAUBRÉE. La génération des minéraux métalliques dans la pratique des mineurs du moyen-âge d'après le Bergbiichlein. «Journal des savants~, juin-juillet 1890.

2 Loc. cit.

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14 MÉMOIRES

sait enflammée. Soudain les eaux, de bleues et claires qu'elles étaient, se changèrent en flots d'or, et pendant un instant l'or coula par larges nappes entre les deux rives, comme s'il se fut échappé en fusion d'une fournaise ardente. Le doyen de Saint Géran se jeta à genoux épouvanté, et le charme cessa ; mais depuis ce moment, la Jordane a roulé des pail- lettes. 1 "

A Genève, on pensait que l'or de l'Arve provenait d'un gisement inconnu, situé probablement dans le massif du Mont-Blanc.

«L'année 1651, dit Spon 2, ne fut remarquable que par un grand débordement de l' Arve qui en entraina presque tous les ponts, et fit remonter le Rhône du côté du lac, jusques-là

1 Nous extrayons de l'ouvrage de Sébillot une curieuse indication concer- nant les sables aurifères que l'on croyait pouvoir découvrir grâce à des fourmis : •Une légênde qui remonte à une antiquité reculée, et dont la première mention se trouve dans Hérodote (I, II, ch. CH et suiv.) attribuait à des fourmis énormes la découverte de sables aurifères. Elles étaient plus petites qu'un chien, mais plus grosses qu'un renard: c'est en se creusant des tanières qu'elles élevaient des monticules de sable dans lesquels se trouvait de l'or; lorsque, pendant l'été, la chaleur excessive les obligeait à se cacher sous terre, les Indiens survenaient, montés sur des chameaux, et se hâtaient de remplir leurs sacs, car les fourmis, averties par l'odorat, ne tardaient pas à les poursuivre. i\Iégasthènes, que cite Strabon, leur donnait la taille d'un loup et plaçait leur résidence chez les Dardes, dans la partie

mont~gneuse de l'Inde. On leur jetait des morceaux de venaison, et l'on profitait du temps où elles se jetaient dessus pour lenr enlever le sable auri- fère; mais il fallait se hâter, sous peine d'être atteint, ainsi quP. les cha- meaux, et dévorés par ces bêtes . Pline, qui racontait les mêmes choses, leur attribuait la couleur du chat et la taille d'un loup d'Egypte. Cette légende traversa le moyen-âge; on la retrouve dans le traité De Monsti·is et Belluis et, sous une forme un peu différente, dans la version arabe des Merveilles de l'Inde : dans les hautes régions du pays de Zindjs, les hommes creusent le sol pour y trouver de l'or; si leur travail les amène dans un terrain excavé comme les fourmilières, il en sort des nuées de fourmis grosses comme des chats qui les dévorent et les mettent en pièces lchap. XXXVI). La Cosmo- graphie de Munster (Bâle 1550) en fait aussi mention et représente ces fourmis par une figure assez grossière. Munster pensait qu'on avait donné le nom de fourmis à dos mineurs à causa do la oimilitudo do leurs fonctions.

2 l:lPON. Histofre de (:fenève, rectifiée et augmentée pm: d'amples Notes mrnr.

tes actes et autres pièces servant de I'reuves à cette IIisto·ire. T. 1. Genève, Gabri et Barillot, MVCû.X...X...X...

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LA RECHERCHE DE r.'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 15 que les moulins de Genève en tournèrent à rebours. L' Arve est un torrent, qui vient des montagnes de Faucigny, et se jette dans le Rhône une mousquetade au-dessus de Genève. Ce torrent roule avec son sable, comme l'ancien Pactole, des paillettes d'or que cette Rivière enlève de quelque Mine où sans doute elle passe. Il est vrai qu'on en tire aussi du Rhône, mais ce n'est qu'au dessous de l'endroit où l'Arve s'y jette, comme à Colonge et ailleurs. Ceux qui s'amusent à ce travail ne gagnent qu'un quart d'écu par jour. Ce qui a fait dire à quelques-uns que le meilleur or, et le gain le plus certain que l'on a du Rhône, c'est celui qui se tire entre le Lac et le Rhône, parce que c'est à. l'endroit où cette Rivière sort du Lac, que les Truites, se prennent qui font un meilleur revenu, que l'or qu'on tire de son sable. ,.

l3aulacre 1 déclare que l'or que l'on trouve dans le Rhône est amené dans ce fleuve par l'Arve : Lettre sur quelques particularités du Rhône (Journal helvétique, mai 1741).

« Croiriez-vous, Monsieur, que parmi ces rivières, tribu- taires du Rhône il y en a une qui lui paie son tribut, non seulement en eau, mais encore en or? C'est la rivière d'Arve, qui se jette dans le Rhône à portée de canon de notre ville.

C'est un gros torrent qui, descendant des montagnes, entraîne de l'or avec soi. Dès que ces deux rivières se sont confondues, le Rhône devient un autre Pactole, dont le sable est d'or, pour parler le langage des poètes. Ne vous allez pourtant pas figurer que l'on trouve chez nous autant de ce précieux métal que l'on tire de poudre d'or de la Guinée. Il me semble avoir lu dans la relation du Père Labat, qu'il y a un canton de ce pays-là où l'or abonde tellement, qu'il n'y a qu'à se baisser et en prendre. Si je m'en souviens bien, il dit qu'un homme qui

1 MALLET, E. Œuvres historiques et littéraires de Léonard Baulacre, ancien bibliothécaire de la République de Genève (1728 à 1756), T. I., Genève, J ullien frères ; Paris, A. Allouard, 1857.

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16 MÉMOIRES

est dans le besoin n'a qu'à puiser dans sa gamelle du sable dans l'endroit où il se rencontre, laver et relaver ce sable jusqu'à ce que l'eau l'ait tout emporté, et qu'il ne manque point de trouver au fond de ce vaisseau de bois une honnête quantité d'or. Il s'en faut bien que nous en soyons là au bord de notre Rhône. Tout se réduit à quelques paillettes d'or fort clairse- mées qu'il roule ùans ~on ~able. Cet or est fin, à la vérité, mais il est en si petite quantité que les ouvriers qui s'amusent à le chercher n'y trouvent guère que le prix de leur journée.

Aussi cet or est fort négligé, et on a pris le parti de le laisser courir. Les laboure.urs du voisinage se tournent d'un autre côté. Il s'en tiennent à chercher le trésor q ne le Père commun des hommes a caché dans la terre, et qu'ils trouvent toujours quand ils s'appliquent à le chercher avec soin. ,.

Dans une autre lettre 1 Baulacre raconte l'histoire d'une expédition anglaise partie ùam; leii Alpe1:1 ùe Savoie afin ù'y faire des observations scientifiques, et, à cc sujet, il fait de nouveau allusion à l'or du Rhône :

« ... Nos voyageurs côtoyèrent l' Arve, et la traversèrent plusieurs fois sur des ponts, tantôt bons, tantôt mauvais. Je sais que vous ne connaissez guère cett.e rivière. (fommr. il r.n est souvent parlé dans nos relations, il ne sera pas mal de commencer par vous en donner une idée. Elle tire sa source précisément des montagnes que ces Messieurs allaient visiter, et elle vient se jeter dans le Rhône un peu au-dessous de Genève, à une petite portée ùe canon. Sou cour::; esL à peu près d'orient en occident. Ce qu'elle a de plus singulier, c'est qu'elle roule des paillettes d'or dans son sable comme le fameux Pactole. On fait ordinairement honneur au Rhône de cette singularité; mais c'est de l'Arve qu'il tient cet or. C'est la dot qu'elle lui apporte en se mariant avec lui. Après tout, pour

1 Lettre sur les glacières de Savoie, •Journal helvétique », mai 1743.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 17 dire les choses telles qu'elles sont, cet or n'a jamais enrichi personne, parce qu'il n'y est qu'en très petite quantité.»

Enfin, dans une missive parue un mois plus tard, Suite de la description des Glacières de Savoie, «,Journal helvétique», juin 17 43, l'auteur pense que tout l'or que l'on trouve dans l' Arve et dans le Rhône provient d'un petit affluent de l' Arve, l' Arbairon ou l' Arveyron :

« J'ai déjà parlé de l'eau qui coule continuellement sous la glace des glacières, ma.is cet article demande un peu plus de détails, et nous offrira de nouvelles merveilles. De la plus considérable de ces glacières, que l'on nomme Glac,ière des bois, sort une petite rivière appelée l'Arbairon. C'est dans ces cavités qu'elle prend sa source, qui est, par conséquent, inconnue. C'est une eau vive qui ne gèle jamais, et qui a tou- jours son cours. L' Arbairon sort de ces gouffres par deux voùtes toutes de glace. De loin, l'entrée de ces voûtes paraît être le frontispice d'un ancien temple, chargé de colifichets gothiques ; mais de près, le spectacle est encore plus admi- rable ...

"L'Arbairon, qui sort de ces voûtes, roule avec soi quan- tité de paillettes d'or, dont il enrichit l'Arve, en se joignant à elle environ à une demi-lieue de là. Un habile orfèvre, qui était de la troupe genevoise 1, fit remarquer à ses compagnons de voyage ces paillettes d'or au bord de l'Arbairon, et on en chercha inutilement dans le sable de l' Arve avant sa jonc- tion avec cette petite rivière. »

Baulacre imagine donc que l'or contenu dans les alluvions du Rhône y est amené par l' Arve, qui le reçoit elle-même de l'Arveyron.

' Il s'agit d'une expédition scientifique genevoise, partie le lundi 20 ll(>Ût 1742, comprenant notamment un botaniste et un ingénieur géographr, constructeur d'instrnments ùe mathématique et de physique, nommé Pierre l\Iartel.

2

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18 MÉMOIRES

De Saussure avait remarqué également, en 1761, la pré- sence de paillettes d'or dans les sables de l'Arveyron .

. Cependant, bien avant lui, et bien avant Martel (voir note ci-dessus), les Cham?niards avaient connaissance de l'exis- tence d'un gisement aurifère dans cette région. Durier 1, en effet, cite, dans son ouvmge sur le Mont-Illanc, une légende concernant la richesse en or de FArveyron : .. Les habitants de Chamonix croyaient que la voûte de glace du torrent cachait un grand trésor, qui se faisait voir deux fois par an, le jour de Noël et celui de la Saint-Jean et seulement à l'heure de la messe, ce qui fit que le curé ne put jamais le voir. »

Cette opinion relative à un trésor constitué par un minerai d'or qui se montre à une certaine époque de l'année est assez répandue dans la région. M. G. Amoudruz, de Genève, qui possède une remarquable documentation sur le folklore de la.

Savoie et du Valais, nous a indiqué plusieurs légenrles sem- blables, rle provenances géographiques diverses : Mégevette, Plaine des Rocailles, Pissevache, Vacheresse, etc ...

Près d' Alby, en 17 40 2, quelques habitants croyant que le Diable puisait de l'or dans les grottes de Bange, lui vendirent leurs âmes afin qu'il leur fit connaître l'emplacement de cette mine. Ils avaient obligé un prêtre, entraîné de vive force dans la grotte de Bange, à y célébrer une messe à rebours. Mais le Diable qui passait chaque nuit le Chéran avec deux mulets chargés d'or ne se montra point. Pour restituer leur âme à Dieu et se venger du Malin, les sacripants baptisèrent un chevreau ... d'où le sobriquet resté aux habitants d'Héry-sur- Alby, et qu'on ne manque pas de leur rappeler dans toute discussion un peu vive ; batéyerets de cabris!

1 D11R1ER1 G. Le Mont-Blanc. Huitième édition annotée et illustrée par Joseph et Charles Vallot. Paris, Fischbacher, 1923.

" DEPPING, G. B. Merve·ittes et beautés de ta nature en .lf'rance. Paris, 1812.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 19 Dans la région toute proche de chez nous, on trouve plu- sieurs traditions ayant trait à de l'or alluvionnaire. Nous en citerons quelques-unes 1 :

Légende du bouquetin (Vallée du Giffre)

Il y a bien longtemps, un chasseur suisse, en tournée dans la Savoie, avait tué un bouquetin dans la vallée du Giffre, près de Sixt. En examinant sa victime, il vit que les sabots étaient couverts de poudre jaune qui était formée de paillettes d'or. Le chasseur suivit les traces parsemées de particules brillantes, laissées par l'animal, qui le conduisirent à un endroit plein d'or. Le Suisse en ramassa et rentra à Sixt.

Plus tard, lorsqu'il voulut retourner à son gisement, il fut incapable de le retrouver, les traces de pas ayant disparu.

Le gisement d'or des Voirons

On raconte qu'un nommé Pautex de Boëge avait trouvét dans les rochers, un creux où il coulait de l'eau transportant du sable mêlé d'or. Il porta ce sable à Genève pour le faire analyser par un essayeur, mais en grand mystère, et sans dire à personne l'endroit exact de sa découverte. Quelque temps plus tard, l'expert de Genève se rendit à Boëge, demandant à voir Pautex, mais ce dernier venait de mourir en gardant son secret! Quel malheur ! s'écria le Genevois, sa fortune était faite et la mienne aussi ! 2

1 AMOUDRuz, G. Manuscrit inédit (Folklore savoyard).

2 Ce genre de légende est très fréquent. On retrouve une histoire sem- blable dans la vallée d'Abondance, où un paysan envoie à Paris un minerai d'or. Peu de temps après les experts parisiens accourent dans la vallée, cherchant l'expéditeur ... qui venait de mourir en emportant son secret.

C'est grand dommage, dirent-ils, nous serions tous riches si nous pouvions trouver l'endroit d'où proviennent ces cailloux.

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20 MÉMOJRES

Le chat noir de la Tour de Langin 1

On disait que si une jeune fille pouvait trouver un chat noir et sans un seul poil blanc et qu'elle aille avec lui à la Tour de Langin elle trouverait une masse d'or (pépites) qui lui servirait de dot. Malheureusement, aucune jeune fille n'a pu trouver jusqu'à présent un chat noir sans un poil blanc!

La mine d'or de la Grotte d' Archamps (Salève) Les habitants de la région, pensaient que l'eau circulant autrefois dans la grotte d'Archamps (Grotte aux Fées), transportait des paillettes d'or. De nomhreux travaux forent exécutés en vue de trouver la couche de sable aurifère, enfouie sous les dépôts calcaires et argileux. On peut voir aux deux extrémités du boyau dit « le laminoir,, des excavations assez profondes qui furent creusées par les chercheurs de trésors qui ont dû être bien désillusionnés.

Une curieuse croyance, répandue en Savoie au XVIm0 siècle, dans le Pays de Gex, dans le Lyonnais et dans certaines régions de la Haute-Italie, imaginait que beaucoup de poissons se nourrissaient de paillettes cl' or; ils les cherchaient dans le sable des rivières. Pierre Belon en parle dans ses Obser- vations de plusieurs singularités et choses mémorables z.

Cependant, ayant fait l'autopsie de ces poissons, il remarque que leur estomac est incapable de digérer de l'or :

« Pource que sçavons qu'il. y a beaucoup de nations qui ont opinion que les poissons nourris es rivieres qui ont bruit d'avoir de l'or, s'en nourrissent et le prennent pour pasture: il nous a

1 T ,a. Tour de Langin est située sur le versant ouest des Voirons.

:i fü:LuN, P . Les obse1"val-ions de plusieurs singularités et choses mémota·

blcB. Pnria, 165d.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE G~~NÈVE 21 semblé avoir trouvé occasion d'en dire quelque petit mot. Les habitans de Pesquere au rivage du lac de Garde et aussi de Salo, se sont persuadez que les carpions de leurs lacs se nourrissent de pur or. Et pour ne parler de si loing, grande partie des habitans du Lyonnais pensent fermement que les poissons nommez Humble et Emblon ne mangent autre viande que de l'or. Il n'y a paysan au contour du lac du Bourget qui ne voulust maintenir que les Lavarets, qui sont poissons qu'on vend journellement à Lyon, ne s'appastent que du fin or. Ceux aussi du lac de Paladrou en Savoye prétendent que l'Ernblon et aussi l'Ombre ne vivent d'autre chose que de for. En cas pareil, ceux de Lode au pays du Milanois nous ont dit que le poisson nommé Themelo ou Themero, et anciennement Thymalus s'engresse de la pas- ture de l'or : mais ayant regardé plus curieusement es esto- macs d'un chascun, et observé chasque chose en faisant leur anatomies, i ay trouvé par leurs entrailles qu'ils vivent d'au- tres choses et non de l'or; et que les Lavarets, Humbles, Ombres, Emblons, Carpions, Themeres, n'ont estomac qui puisse digérer l'or : combien que les hommes du pays disent en commun proverbe, que les poissons nourris d'or, sont excellents par dessus les autres, voulant entendre des dessus- dicts qui surpassent tous autres poissons de riviere en bonté seulement. Mais le vulgaire ignorant la chose à la véritér l'assure comme si elle estoit vraye. "

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22 MÉMOIRES

CHAPITRE III

Les méthodes d'exploita~ion

Les plus anciennes exploitations d'or alluvionnaire se fai- saient au moyen de peaux de mouton que l'on étendait dans le courant de la rivière. Les paillettes se prenaient dans la laine et il suffisait, lorsqu'il y en avait assez, de secouer la peau dans une cuve pleine d'eau et de la brosser. «De ceste maniere de separer l'or et de le trier ù'avec le sablon est née une fable sur la toison d'or. C'est que Iason avec ses Argo- nautes ayant navigé en Pont et parvenus au fleuve Phasis ou les paysans le separoyent avec la toison, eurent grand argu- ment d'en reciter beaucoup de choses à leur retour.» (Belon).

Agricola, dans son traité 1, cite également cette fable; une gravure nous montre même l'expédition des Argonautes allant prendre la toison d'or à une fontaine.

Plus tard on utilisa le mercure pour amalgamer l'or dans des sluices. Belon 2 fait allusion à ce procédé en 1554 :

« I'ay maintes fois ouy disputes entre gens de sçavoir, doubtans si l'on trouvoit ile l'or avec le sablon es rivieres, comme Ion a estimé : de ce i ay esté incité d'en noter brief- vement quelque petit mot en cest endroict. Il est certain que les hommes ont ùe tous temps cherché l'or, le mieux à propos qu'il leur a esté possible. Aussi l'experience leur ayant apris, que celuy qui est meslé avec le sablon des rivieres, estant

1 A GRIOOLA1 G. Do ro inotallica Xll, quibu$ of{iciti, ùt~l'l"uu1~nli1, ·nwchinae ac omnia denique ad metalticam specta1'1tie1 ob ocnlo8 pnnum.t?M', Ba~ilea, 1657.

" Loc. cit.

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J,A RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 23

plus pesant et en si menus grains et deliez : va au plus par- fond et donne peine à le separer. Parquoy s'estants imaginé une industrieuse maniere de le trier, l'ont recueilly avec des peaux de moutons à tout la laine, cela me faict presupposer qu'ils n'avoient encore l'usage du vif argent, duquel Ion use maintena.nt. Car telle maniere de le separer avec les peaux de moutons est hors d'usage. »

Dans nos régions, l'on utilisait des appareils (tabula) qui étaient formés de planches sur lesquelles on fixait des peaux de mouton. Dans certains cas, on se servait de la toison seule 1 •

Après les toisons vint l'emploi des sluices en bois, dont Biringuccio 2 donne, en 1556 déjà, une excellente des- cription :

« Les eaues au temps des inundations du plat pais laissent une certaine couleur bellete, liee aux arenes, avec laquelle ledit or est mellé en forme de menues paillettes ou escailles ou comme un petit bout d'un grain de blé. Les paisans en hiver les ayant prinses apres la retraicte des eaues le portent dehors du cours du fleuve et en font des monceaux. Depuis en esté avec une certaine patience en tour, le lavent et purgent de sa terrestreité. Ils accoustrent certaines tables ou ays de tremble ou d'ormeaux, ou de noyer blanc, ou d'autres boys, qui depuis la sie demeure chevelu. Et, les ayant couchees avec un peu de pendant, iectent les arenes dessus avec force eaue, usant a ce de pelles concaves ou cruchés, qui prennent arenes et eau ensemble. Ce que faisant, l'or qui est dedans, comme matière plus pesante, entre au fond des sieures estoupcuses

t FAv1tE1 A. Description géologique du Canton de Genè·ve (Bull. de la Classe d'agriculture de la Société des Arts de Genève, N° 79, T. 1). Genève, 1870.

~ Brn111uucc10. La Pyrotechnie oii art du feu, composé par le seigneur Vanoccio Biringuccio, Siennois, et traduit d'italien en français par feu maistre Jacques Vincent. Paris, 1556.

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24 MÉMOIRES

et s'attache : et ainsi demeure pris et separé de la compagnie des arenes, duquel voyant qu'il en soit quelque peu demouré, diligemment le chercheut et recueillent. Et l'ayant recueilly finablement le mettent en un vaisseau de bois semblable a une nauctte la ou on lave le linge en savonnant, ou sur un grand ireuclwir creusé au milieu et !le nouveau tant qu'ils peuvent le relavent. "

P. Martin 1 nous indique comment les chercheurs d'or savoyards du Chéran et du Fier procédaient encore il y a une vingtaine d'années :

.. Parti au petit jour avec sa planche de peuplier, essence reconnue plus favorable pour le lavage, longue de 1 m. 10 environ et large de 80 centimètre:-), banée de quatre ou cinq rainures transversales, l'orpailleur cherche un banc de sable fraichement déposé, de préférence à l'aval d'un barrage ou d'un bloc de molasse, creuse une rigole destinP.e à, amener un filet d'eau et dispose sa planche sous un angle de 45 degrés dans une excavation peu profonde suivie d'une cuvette d'écou- lement. Une pelle ou un plat lui sert à vider lentement le iorn hlr. à la partie supérieure de la table d'où le courant l'en- traîne en laissant l'or plus lourd se déposer au fond des rai- nures. Dès que celles-ci sont remplies, l'orpailleur au moyen d'une brosse de crin, amène l'or encore mêlé d'un peu de sable dans un plat évasé à demi-plein d'eau, puis il imprime au rédpient un mouvement giratoire; l'eau s'élève en tourbil- lonnant, entraîne le sable qui monte avec elle ; un coup habile la rejette au loin tandis que l'or reste au fond presque pur.»

Quelques orpailleurs n'utilisaient que des batées rudimen- taires, mais ce moyen n'était applicable que dans les zones suffisamment riches du cours d'eau.

' Loc. cît.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 25 En 1752, des habitants de Genève estimant sans doute que les alluvions de l'Arve et du Rhône avaient un rendement insuffisant, décidèrent d'aller orpailler le Chéran, dans la grotte de Bange, où ils étaient bien tranquilles, car peu de gens osaient pénétrer dans cette « affreuse concavité .. , ainsi qu'en fait foi un mémoire de !'Intendant général à Annecy 1 qui pense que les Genevois sont gens hardis :

« Àllève. L'on dit que plusieurs habitans de Genève sont venus à diverses reprises, et en certain temps de l'année, de nuit avec de la lumière sur le territoire de la communauté cy dessus, dans un endroit apellé au Pont de Bange au dessus du village des Martinods, où l'on voit une grande et affreuse concavité, dans l'espérance d'y découvrir des mines d'or et d'argent. Cette espérance pouvoit être fondée sur l'opinion qui règne assez communément dans cette paroisse de l'exis- tence de ces minières ; en conséquence de laquelle divers particuliers dudit endroit sont aussy entrés dans la même concavité et pour la même fin. L'on ajoute que dans cette concavité se trouve une eau verte, dont le fond est du sable, qui contient des grains ou paillettes d'or, et que les rochs de cette caverne fournissent aussi certain métal que l'on porte à Genève. Il faut pourtant bien de la hardiesse pour pénétrer dans ces endroits souterrains où l'on ne peut se conduire sans lumière. »

Depping 2 ajoute que «ces Genevois venaient chaque année, avant la Révolution, chercher du sable mêlé de paillettes

' Stcitistique minière de la Prvvince dit Genevois par l' Intendant de Passie1·, Annecy, 6 octob1·e 1752.

Mémoire concernant les mines de métal, demi-métal, sables, marbres, cri$tn.ux, charlic;>ns de pierre. terres et eaux miné~·ales qui ont des pro- priétés pni•tic;nlières, et qne l'on Ll'Ouve sur le territoire des Communautés de la Province du Genevois et Balliages de Teruier, ledit mémoire dressé en conséquence des ordres de M. l'Intenclant général contenus dans sa lettre du 17 juillet 175:! (Revue savoisienne, 1872).

2 Loc. cit.

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26 MÉMOIRES

d'or ; ils avaient soin de se cacher, et si l'on entrait dans la grotte pendant le jour, on n'y trouvait personne; mai!'l au mois d'août, on voyait la nuit un feu auprès duquel ils fai- saient cuire leurs aliments ,. .

DEUXIÈME PARTIE

RECHERCHES ACTUELLES

CHAPITRE PREMIER

Origine de l'or dans la région de Genève Nous ne pensons pas que l'ur charrié par les cours d'eau du canton de Genève provienne directement du massif alpin par l'intermédiaire de l'Arve. On admet en effet, que ce métal, à cause de sa forte densité, ne peut pas être entraîné à plus de 25 à 50 kilomètres de son point d'origine (par exemple des filons de quartz aurifère détruits par l'érosion fluviale).

L'or de nos rivières a été apporté dans les alluvions gla- ciaires provenant des Alpes, alluvions transportées par le glacier du Rhône et par celui de l' Arve. Il a été mis en évidence par les cours d'eau qui, traçant leur route dans ces terrains (mor.aines de fond, poudingues fluvio-gla,~ia.ires, etc.) ont opéré un claRRement des matériaux.

C'est donc au remaniement de ces dépôts glaciaires que le

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 27

Rhône doit d'être aurifère dans la région de Genève et dans les plaines du Lyonnais. Il en est de même pour le cours inférieur de l' Arve et des autres affluents du Rhône circu-

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lant dans des alluvions venues des Alpes grâce au transport par les glaciers.

L'Asie centrale nous donne un exemple remarquable de ce phénomène. En effet, dans l'immense région glaciaire qu'est le flanc ouest du Pamir, le sud des Monts Alaï ainsi que le versant ouest du Tian-Chan, on trouve de très nom-

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28 MÉMOIRES

breux placers, activement exploités pa.r les populations locales. Ces placers, souvent très riches, sont situés dans des territoires formés d'alluvions glaciaires fréquemment rema- niées par les rivières actuelles 1 •

Les matériaux transportés par le glacier composent une masse amorphe ; ils ne sont nullement classés.

S'il8 contiennent de l'or, ce dernier est réparti inégale- ment dans la masse et il a peu de chances d'être exploitable 2•

Par contre, si un cours d'eau trace son lit dans ces dépôts, il y aura élimination graduelle des minéraux légers et des argiles; les cailloux et les graviers s'useront peu à peu en roulant sur le fond de la rivière, tandis que les minéraux lourds auront tendance à stationner et à s'insinuer dans la profondeur des alluvions : ils échapperont donc en partie à l'usure et vont enrichir le fond de la rivière. Les crues de cette 1ler11ière, tlei:; modifications dans le système hydrogra- phique de la région, ou toute cause pouvant amener un remaniement des alluvions, seront une raison de leur enri- chissement en minéraux lourds.

Un auteur ancien, ignorant les théories moderneEl concer nant les mouvements des glaciers, de Dietrich, pensait déjà aux environs de 1780, que l'or du Rhin, de même que celui du Rhône ne provenait pas directement des Alpes, mais était arraché aux terrains traversés pa:r ces fleuves 3 :

" Dans mon mémoire sur l'Oriège, j'ai déjà dit mon sen- timent sur l'origine des pailloles œor que charrient les rivières, et plus je lis et j'observe, plns je suis convaincu de

1 Les exploitants se servent d'une pelle à sable ou à gravier (pelle per- forée pour laisser passer l'excédent d'eau, tout comme les godets d'une drague) emmanchée au bout d'une longue perche. lis tirent ainsi sur le rivage le sable des ruisseaux qui est traité à la batée. C'est donc là le plus primitif système de dragage.

~ Sauf dans le cas oü lea alluvions glaciaires ùrnLes se1·aieuL Lrè~ richeH.

3 D~ DrnmrnH. Description des gîtes de minerais de la Haute et Basse .Alsace. T. 2, Paris, Didot; Strassbourg, Treuttel; MDCCLXXXIX.

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENEVE 29 la vérité de la théorie que j'ai établie. Je regrette de ne pouvoir connottre la dissertation sur l'origine des paillettes d'or qu'on trouve dans les rivières aurifères du Languedoc, que M. Montel a lue à l'Académie de Montpellier, le 2 mars l 776 (« Gazette des Tribunaux ,, , année 1776, N° 22, p. 347), et une dissertation sur la manière dont se pêche l'or dans une rivière des Cévennes, nommée le Céze} par M. le Comte, qui se trouve dans les registres de l'Académie de Nismes (Hérissant, Bibliot. phys. de la France, N° 414, p. 410) : peut-être y aurois-je trouvé quelque nouvelle instruction à cet égard.

«Toujours, est-il certain, que M. Schœpfün, n'a suivi que l'ancienne idée des naturalistes, en attribuant aux Alpes l'or que le Rhin charrie.

"Ailleurs j'ai rapporté l'opinion dans laquelle étoient les riverains du Rhin, que l'or de ce fleuve leur venoit des ter- rains adjacens. Tilemanns Friesen ( « Müntz S piegel» chap. 3 5, p. 185) dit que l'expérience appreucl que l'or est renfermé dans le terrain, que les fortes pluies l'en détachent, et qu'il est ainsi entraîné par de petits ruisseaux dans les grandes rivières. En effet, on ne voit point qu'on retire d'or du Rhin dans les lieux où il n'y a pas de terrains graveleux et limo- neux adjacens ; et si je devois ajouter quelque chose aux exemples que j'ai déjà cités à l'appui de mes observations dans mon mémoire sur l'or de l'Oriège, je rapporterois les paroles de l'auteur du Mémoire sur les rivières des provinces du Lyonnais, Forez et Beaujolais qui roulent des pailloles d'or et d'argent (Alléon du Lac, " Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des provinces du Lyonnais, Forez et Beau- jolais,.; tome I, pages 292 et suivantes). On est incertain, dit-il, si le Rhône possède ces paillettes de son propre fonds, ou si la rivière d' Arve ne les lui apporte point avec ses eaux, car on n'y en trouve que depuis la jonction de cette rivière

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30 MÉMOIRES

da.ns l'étendue de cinq lieues : au moins paroît-il sûr que ce fleuve ne les amène point d'auprès de sa source. Il les dépo- seroit dam! plus de trente lieues de pays qu'il parcourt depuis cette source jusqu'au lac de Genève .

., Les orpailleurs du Rhin cherchent communément l'or dans le gravier, accumulé dans certains creux qu'ils nomment Goldgründe, fonds d'or, cc qui est d'accord avec la pratique des orpailleurs du comté de Foix qui cherchent des pailloles dans les petites anses. ,.

En ce qui concerne l'or existant dans la région qui nous occupe, nous avons constaté une grande similitude (aspect et dimensions) entre les paillettes, qu'elles proviennent del' Arve, du bassin de l' Aire ou de l' Allondon. Elles sout très minces et ne dépassent généralement pas trois millimètres de dia- mètre; la plupart sont d'un beau jaune d'or-paille. Quelques- unes présentent des taches d'oxyde de fer (provenant de la décomposition des pyrites); nous en avons trouvé qui étaient enchassées dans des petits fragments de quartz blanc-laiteux.

CHAPITRE II

Recherches dans le cours de l' Arve

Au cours des années 1930-1932, le professeur Duparc organisa pour les étudiants du laboratoire de prospection minière une série de travaux pratiques de prospection allu- vionnaire.

Les recherches commencèrent au pont de Sierne où les sables de l'Arve, traités à la batée par les étudiants, mon- trèrent l'existeuce ùe lJuel4 ues petites paillettes ù 'or.

Plus tard, le laboratoire construisit un sluice et un craddle

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LA RECHERCHE DE L'OR DANS LA RÉGION DE GENÈVE 31 et fit l'acquisition d'une pompe pour alimenter ces appareils et d'un matériel d'extraction, pelles, pioches, pics, etc ...

On acheta aussi, d'occasion, une camionnette Ford afin de pouvoir transporter à pied d'œuvre tous ces engins.

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