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Crâne humain, peut-être néolithique, provenant d'un ancien puits près de Tombouctou (A.O.F.)

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Crâne humain, peut-être néolithique, provenant d'un ancien puits près de Tombouctou (A.O.F.)

PITTARD, Eugène

PITTARD, Eugène. Crâne humain, peut-être néolithique, provenant d'un ancien puits près de Tombouctou (A.O.F.). Archives suisses d'anthropologie générale , 1949, vol. 14, p. 142-150

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:106618

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(2)

Extrait des Archi.ues sutsses d.'Anthropologie gémérale

. Tome XIV, 1949.

Crâne humain, peut-être néolithique, provenant

d'un ancien puits près de Tombouctou (A.O.F'.)

Eugène

oirtt.noo.

Au printemps de 1949 j'ai reçu de M. tr.-J. Paris 1, appartenant au groupe de I'Hydraulique pastorale

du

Cercle de Tombouctou (Soudan français) un crâne humain, sans la mandibule, accompagné d'un fémur et d'un tibia.

Ces os longs furent brisés au cours du voyage. J'ai pu reconstituer le fémur et presque complètement le tibia. Ce crâne et ces os longs sont profondément patinés: leur couleur est brun très foncé, tirant sur le noir. Nous reparlerons de cette patine. La trouvaille de ce squelette n'a malheureusement pas été

faite dans une stratigraphie assez nette pour pouvoir mieux en discuter

la

valeur chronologique. Mais elle revêt des caractères

d'un

intérêt assez

grand pour être rappelée avec quelques détails,

d'autant qu'à

ceux-ci M. Paris ajoute des indications historiques et ethnographiques qui ne sont pas indifférentes pour les annales d'une région dont nous ne savons encore que bien peu de choses au sujet des groupes humains qui, successivement, l'habitèrent.

trt

je ne peux mieux faire, pour commencer, que donner

la

parole à M. Paris. Et cela d'autant plus que Ia lettre de ce très aimable correspondant contient, sur certains points particuliers, des précisions qu'on aurait cluelque peine à trouver ailleurs.

***

a Puisatier

de

profession,

j'ai

l'occasion, parfois,

de

retrouver les

traces d'anciens

puits qui,

bien souvent, donnent de meilleurs résultats que ceux

dont

nous avons l'habitude d'entreprendre

les travaux.

J'ai toujours été très intéressé par l'ethnographie africaine dont l'histoire en général des peuples est encore bien souvent très contestée et parfois contra- dictoire.

> Je me permets de vous adresser la dernière découverte, qui ne remonte qu'à deux mois 2.

1 M. Paris et moi sommes, tous deux, membres de la Société des anciens Africains de Genèvc.

2 Février 1949,

(3)

CRÂNE HUMAIN PRÈs DE

ToMBoucrou

r43

) Par 55.mètres de profondeur, en des temps assez lointains, un homme (je

le

suppose

tout

au moins)

a

été enseveli par l'efiondrement

du

puits dans lequel

il

se trouvait

soit:

pour obtenir un peu d'eau, le fond ayant accumulé les sables et déchets; soit en le recreusant. une troisième hypo- thèse peut aussi être envisagée, celle d'une chute ou plutôt d'un assassinat,

le corps étant jeté dans le vieux puits.

r Cet endroit s'appelle Onantit 1 en tamachek, langue touareg du pays maintenant habité par des Maures Bécabiches, dits < Arabes ), dont l'arrivée

se situe vers Ie xvte-xvlle siècle, sans exactitude (Marty,

t. Ill).

> Les habitants blancs les plus anciens sont les Kel

In

Téchek, du nom de ce puits, marqué sur

la

carte 2, et toujours en activité (malgré que ses possesseurs soient maintenant

plus au

sud, dans

la

boucle

du

Niger).

Or, les Kel

In

Téchek, les plus anciens, que

j'ai

interrogés, se souviennent d'un puits à Onantit qui, disent-ils, existait

il y

a

fort

longtemps'

A

cet

endroit

j'en ai

retrouvé

trois. Il y a

lieu de remarquer que les anciens Touaregs du pays, qui n'ont rien à voir avec les derniers arrivants du xve

ou

xvre siècle (Oullimind-en, Imochars

du

Gourma

et Kel

Antesser), se

souviennent très bien, par tra,rlition, des anciens lieux de parcours de leurs ancêtres avec les points d'eau. Je citerai les plus connus: les Imagharen.

l

Le Tarikh-es-Soudan, ouvrage tombouctouan du xvle siècle (traduit par Houdas, rgr2, Letovx), débute ainsi ; <Tombouctou

fut

fondée par des Toua- regs (Kel Tamachek) (c'est-à-c1ire non pas proprement des Touareg tels qu'on les définit, mais des gens parlant la langue tamachek, c'est-à-dire un dialecte berbère qui actuellement, est encorelemême deTombouctou àAgadez, mais varie au Hoggar). Ces Imagharen nomadisaient entre le fleuve etl'Aza- ouad (région d'Araouane) et se fixèrent non loin du fleuve (xIle-xIIIe siècle).

D A notre arrivée dans le pays, ces Touaregs anciens nomadisaient beau- coup plus au sud, dans

le

territoire de Goundam,

soit

quelque

r5o

km' au S.-W. de Tombouctou.

Ils

ont presque disparu, mais les anciens se sou-

viennent notamment

de leur puits

d'AtouTla

dont,

aujourd'hui,

il

est

impossible de retrouver

la

place exacte du

fait

des sables.

cet

endroit se trouve à une journée au sud de

Bir

ounan, soit environ à 8oo km. au nord

d.e Tombouctou, sur la piste de Taodeni, les mines de sel. C',est dire que les souvenirs peuvent être assez anciens tout de même. J',ai porté d'une croix, sur lê croquis-carte, fci-joint] 2, les emplacements d'anciens puits et villages que des nomades actuels retrouvent ou que moi-même je fais rechercher.

1 Onantit (les ycux), vallée au sud cl'In Técirek, soit environ à r75 km. c1e Tombouctou N.-N'-D., par la piste d'Araouane."--z-ir'"àit"

dont il. est question n''est pasreproduite ici.

(4)

r44 E, PITTARD

> Voici, du début de ry4g,les derniers emplacements retrouvés. Malrouk a donné de bons résultats en janvier, trouvé, au fond, une pierre taillée et polie et un bracelet cassé, de bras (ahbeg).

-

Onantit, février r94g, l,un des

trois puits, un homme, ou, tout au moins, les ossements 1 d,une personne et un morceau de bracelet de pierre parmi les ossements

-

ces derniers fragiles

et

encombrants.

J'ai dfr

les laisser sur place et les

ai

enterrés. N,ayant qu'un sac de cuir à ma disposition je ne pouvais emporter plus. Dans le cas oir d'autres ossements vous intéresseraient

je

pourrais essayer de les retrouver, des morceaux tout au moins, car la chute des pierres constituant le cofirage du puits'ont écrasé la cage thoracique. Le crâne heureusement est entier. Dans ma précipitation,

j'ai

oublié

le

maxillaire inférieur qui, iertainemênt, doit s'y trouver.

> Ces anciens puits, à mon humble avis, ont tous été creusés par des Noirs, longtemps avant I'arrivée des premiers Blancs. certains ont subsisté de

tout

temps, entretenus

par

les nomades touaregs. D'autres

ont

été comblés, ou se sorit éboulés, depuis de nombreux siècles. D'après le Tarikh des Kel Antessar, à l'arrivée de Mohammed ag Sufam,

r6to,

leur ancêtre venu des Iforas (nord de Gao) tous les puits de cette région étaient comblés.

Leur ancêtre serait le premier à avoir recreusé celui d'Atlek encore en service aujourd'hui.

Il

est exact que les Pachas marocains arrivés à Tombouctou en r5gr firent combler de nombreux puits dans un rayon de roo km. pour nuire aux nomades qui les harcelaient aux abords de

la ville;

Marocains clont l'armée pourvue de chevaux ne pouvait assurer que les abords du fleuve, villes et villages sédentaires.

, Tous les anciens puits sont creusés en terrain dur sur les deux-tiers de

la hauteur totale. Parfois granitiques, le plus souvent latéritiques

et

ferru- gineux, ces terrains du N.-E. possèdent tous de belles nappes d.'eau qui proviennent certainement soit des lforas, soit

du

Hoggar.

> Rien à voir avec Ies infiltrations de pluie dont, depuis plusieurs siècres

déjà, les chutes sont sans importance. Tous les renseignements que j,ai obtenus, et d'autres que

j'ai

observés moi-même au Iorage, concordent en ceci: que ces anciens puits sont d'une époque à classer dans

la fin

du néo- lithique. Jamais nous n'avons retrouvé d'instruments de

fer

quels qu,ils soient. Par contre, deux fois sur trois,

j'y

ai retrouvé des instruments en

pierre très dure dont

l'un

est surtout intéressant (trois exemplaires

à

ce jour provenant d'anciens puits). Ils ont la forme de cigares, de ro à 20 cm.

de long, arrondis

d'un

côté, de

l'autre

taillés en biseau

à

trois arêtes e.

1 Ce sont les quelques ossements étudiés dans cette Note 2 Un croquis dc ces objets était annexé zi la lettre.

(5)

CRANE HUMAIN PRÈS DE TOMBOUCTOU r45

>

Or,

dans les roches très dures; on remarque toujours une sorte de

festonnage entourant l'orifice

-

résultat d'un forage en très petit, évidem- ment

-,

le diamètre du cigare étant de 3 cm. alors que I'orifice du puits est de r m. zo à r m. 05 en moyenne. La partie supérieure du

puits

terrain

d.e sable et d,'argile

-

est toujours coffrée en pierre provenant soit du fond du puits soit de Ia montagne (la Kédia).

> Des traces de- villages sont visibles non

loin

de ces

puits.

Enorme pierre polie en forme de baignoire pour enfant et cylindre de pierre atteignant parfois un mètre de longueur

-

certainement ustensiles précédant le mor- tier.actuel

et

servant

à

écraser le

mil

-

ces grosses pierres sont

le

plus

souvent cassées et servent alors à délimiter les tombes dans les cimetières.

chez les anciens Touaregs de cette région, le cylindre est placé debout, en

piquet, à la place de la tête, la < bassine

,

aux pieds 1. Les débris d.e villages n'existent pas en profondeur

-

sauf quelques exceptions.

A r à z

m., des morceaux de poterie.

) C'est à peu près tout ce que ie vois à signaler pour l'ambiance ancienne du pays.

) Je ne puis que faire cles suppositions, Si le crâne est celui dfun Blaric, à ce qu'il me semble, il appartient aux premières invasions berbéro-libyenne, d'après

Ib

Khaldoun, entre le ve et le xe siècle. Si c'est celui d'un Noir

il

serait plus ancien.

> C'est une exception que ces ossements aient pu se conserver si long- temps caf presque tous les autres anciens puits restent humides au fond.

Celui-ci était insuffisamment creusé.

La

nappe ayant baissé, I'argile s'est solidifiée; la couleur noire provient de ce fond vaseux qui existe dans tout vieux puits. La matière cervicale existait encore, intacte, poussière impal- pable, douce comme du coton

-

répandue sur une fourmilière, les insectes

n'y

ont pas touché

-

on aurait

dit

du ciment léger.

> Des gens de la région, Kel In Téchek, prétendent être arrivés sur place autour du xre siècle, mais, disent-ils, d'autres Blancs (Berbères) étaient déjà dans le pays. Les derniers Noirs, cultivateurs, seraient d'une race antérieure au SonghaT d.e l'empire de Gao. Ces

Kel in

Téchek disent aussi qu'avant leur arrivée

il y avait

des cultivateurs d'origine Foulah métissée, établis non loin de

la

Kédia (c'est-à-dire postérieurs aux Noirs

et

antérieurs aux Tamachek).

,,

*

1 Silasuppcsitionquivientd'étrcfaiteausujetdel'utilisationdecesobjetsdev_aitêtre_rete-nulcettecoutume serait i.ippiôcfr"r de Ëele qui a été revélée, èn Êurope, par les tombes Téminines de la vallée du Rhin, datant du Xeàiitulqri."'. ces sépultures ^de Iemmes renfermaieni lài n moulins , de pierre qui, du vivant des ménagères, avaient été utilisés par cellcs-ci.

(6)

t46 E. PITTARD

Le

crâne qu'a bien voulu m'envoyer

M.

paris est d,une belle venue, de construction harmonieuse, sans aucune déformation, à peine un peu de plagiocéphalie.

L'orbite

droite

est un

peu plus grande que

la

gauche.

Toutes les sutures, dont les dessins ne présentent aucun caractère particu- lier, sont ouvertes. Aucune trace d'oblitération, pas même à la hauteur des

trous pariétaux.

ll

n'existe pas d'os wormiens nettement déterminés, sauf un, placé au-dessus de I'astérion gauche, en plein d.ans la suture temporo- pariétale.

cet

os de forme presque circulaire (16 mm.

x

13 mm.) est bien denticulé sur tout son pourtour antérieur.

Frc, r.

- Crânc considéré comme néolithique provenar)t des environs c1e Tombouctou.

Au maxillaire supérieur

--

le seul existant

-

dix dents sont conservées:

les prémolaires et les molaires. Les premières montrent une usure extrême- ment forte, laissant à nu toute la région pulpaire. cette usure

-

cependant

moins accusée

-

a atteint également les dents de sagesse, surtout la partie antérieure, de chaque côté. L'usure des prémolaires est telle que les cuspid.es des premières sont totalement abrasées, celles des secondes n'étant plus qu'à l'état de traces.

on

peut croire que cette exceptionnelle usure est due, au cours de I'alimentation, à la présence de minuscules grains d.e sable. Tous ceux qui ont vécu dans un territoire proche d'un désert sableux savent à

quel

point il

est quasiment impossible d'éviter de rencontrer quelques grains de sable dans sa nourriture. Mais dans quel état airraient été les dents de cet individu une quarantaine d'années plus tard. ?

(7)

CRÂNE HUMAIN PRÈS DE TOMBOUCTOTI r47

Ce crâne a appartenu à un individu en pleine jeunesse. La suture basilo- sphénoidale est soudée (son oblitération semble pouvoir être ûxée vers la vingtième année). Mais, nous I'avons

dit,

pas trace d'autres oblitérations.

11 s'agit très vraisemblablement d'un crâne masculin. J'ai longtemps hésité pour cette détermination, à cause de la gracilité des os longs, celle du fémur en particulier.

Mesures cranienntes et laciales (en mm').

Diamètre antéro-postérieur

r8r

Diam. ant. trou

occipital

33

Diamètre

transverse r35 Largeur ) )

3o,5

Hauteur crâne (8.

B.) 47

Diamètre alvéolo-basilaire

.

95

Frontal

minimum . 95 ) ophryo-alvéolaire

86

Frontal

maximum rr8 ) naso-alvéolaire

6S

Occipital

maximum . ro7 r

bijugal

' rrr

Hauteur de l'orbite, gauche

32 > bizygomatique rr9

Largeur

> ) )) 36,5

Hauteur ouverture nasale

' .

45

I{auteur> ) droite 33 Largeur ) )

23

Largeur

) ) ) 38

Diam. antéro-post' palais

.'

4r

, Largeur ), .

37

Sous-cérébrale .

Frontale . .

.

Pariétale

Occipitale cérébrale L'indice céphalique

Courbes (en mm.).

20

Occipitale cérébelleuse

. ;

.

. ro.5

Biauriculaire

. . r4o

Partie ant. de la courbe totale

72

Horizontale tntale

75.13, indique

la

sous-dolichocéphalie.

47 304 r53 295

Examen d.es os longs.

Leur état a déjà été indiqué en insistant sur leur caractère de gracilité.

A

propos de celle-ci Seligman (Les races de l"Afrique, Paris, Payot, 1935) rappelle combien les Touaregs (c'est peut-être de

l'un

d'eux

qu'il

s'agit ici) ont les os minces, sans grand développement superficiel de la musculature.

Il

souligne en même temps l'étonnant pouvoir de résistance physique de ces Touaregs. De son côté, Lhote signale que, chez les femmes touaregs'

la

jambe est grêle. chez elles n les attaches sont fines, les mains petites et délicates, mais la jambe est généralement grêle l.

Longueur du

fémur

425 mm.

Longireur du

tibia .

348 mm. (?)

(8)

I48 E. PITTARD

La reconstitution de la taille à l'aide de ces deux os serait, selon re fémur, d'environ r.S? m.,selon le

tibia

r.5B m.

Il

faut rappeler

ici

que les épiphyses n'étaient pas totalement soudées à leurs diaphyses. Au fémur, la ligne de soudure épiphysaire supérieure est encore visible (la région supérieure du

tibia

est en très mauvais état).

On sait que, selon les indications générales données par les manuels, la soudure de la partie supérieure du fémur s'accomplit aux envjrons de 16 à zz ans, celle de

la

partie supérieure

du tibia

aux environs

de

rB

à

z4 ans.

ces chiffres sont une confirmation de ce qui a été

dit

ci-dessus au sujet de l'âge

qu'il

faut attribuer au sujet rencontré par M. paris.

A

quel groupe humain l'individu dont le crâne vient d'être décrit a-t-il appartenu ?

M.

Paris pense que,

s'il

ne peut être attribué

à un

Nègre,

il faut

immédiatement songer aux Touaregs, ou aux Maures

qui

sont les

populations blanches

du

Soudan. Peut-être

y aurait-il lieu

d,ajouter, à ces deux noms, celui des Peuls, nomades appartenant au groupe des Rouges

d'Afrique, dont l'anthropologie physique est encore assez mal connue.

Il

faut, semble-t-il, considérer

tout

d'abord les Touaregs.

La

stature de ceux-ci est indiquée en général comme élevée. Dans la carte quril vient de publier, Léon Pales 1 a inscrit pour cette population celle qui

vit

dans les confins mêmes de l'4. O. F.

-

-,

les chifires de r.7o m. à

r.75 m., ce

qui

représentè une haute stature.

La

dernière de ces valeurs est celle qui est donnée par Seligman qui ajoute que ce chiffre est plus élevé que celui qui est obtenu chez les vassaux et les serfs.

Henri Lhote (Les Touaregs dot. Hoggaz, Paris,

payot,

rg44) qui a vécu

longtemps parmi les Touaregs, constate que le type physique de ces derniers est

loin

d'être uniforme.

Il

écrit, à propos de cette population: r

Il

doit

y

avoir eu des composants multiples et.le chapitre consacré à leur passé le

laisse facilement entrevoir.

,

(Mais

de

quels composants

peut-il

s'agir racialement parlant ?). La stature moyenne varierait de r.56 m. (Kel Agger, suzerains) à r.758

m.

(Ioulliminden lchadahanaren). De son côté, Leblanc a indiqué la taille de r744 m. (Ihaggaren).

L'individu

dont

le

squelette

a

été recueilli

par M.

paris appartenait (s'il était véritablement un Touareg) à un groupe de petite taille (on pour-

rait

dire de très petite taille.) (Les Sardes, les plus petits des Blancs d'Eu- rope, ont à peine

r

m. 62.)

La

valeur représentant l'indice céphalique est relativement élevée par rapport à ce que montrent habituellement les Touaregs qui sont considérés

1 Léon P.rrrs, Le bilan d.e la nission enthropotogique tte l',4, O, F., Dakar, 1949.

(9)

CRÂNE HUMAIN PRÈS DE ToMBoUcToU r49

comme des dolichocéphales. Pour Seligman, ils seraient < les plus dolicho- céphales des Khamites septentrionaux >. Les Touaregs nobles sont franche- ment dolichocéphales, leur indice céphalique dépassant à peine 73.

La

pré- sence, parmi eux, de quelques types brachycéphales permettrait de rattacher ceux-ci aux Berbères de I'Afrique du Nord, mais, ajoute Seligman, on ne peut rien dire au sujet de ce rattachement. De son côté H. Lhote mentionne des valeurs d'indice allant de 7r.o8

à

76.9. Ce

qui lui

permet dfajouter

< que les Touaregs sont les plus dolichocéphales des populations berbères r.

Mais

il

constate aussi qu'on rencontre chez ces nomades, notamment chez

ceux

qui

parcourent les territoires méridionaux, quelques types brachy- céphales, ce qu'avait révélé Verneau dans son étude sur les documents anthropologiques rapportés par l'expédition de Gironcourt,

qui

rencontra chez les Touaregs du Sud, des individus à ind.ice céphalique relativement élevé (Bz.or).

Et

de tels indices font songer aux Kabyles brachycéphales.

Ce rapide exposé permet de penser que, par son indice céphalique, le crâne découvert par

M.

Paris pourrait, sans difûculté,. s'intégrer dans le groupe touareg (excepté dans cette partie de

la

population qualifiée de

< noble rr, laquelle paraît être très franchement dolichocéphale).

L'indice nasal

(5r.r)

indique

la

mésorrhinie.

Quelques renseignements

au sujet

de I'indice nasal (obtenu

par

des

mesures sur

le vivant)

existent dans

la

littérature. Mais

ils

ne sont pas nombreux. Ceux que

j'ai

sous les yeux varient de 63.o2 à Br.B9. L'écart est considérable. Le premier de ces chiffres indique

un

caractère très

net

de

leptorrhinie, le second de platyrrhinie.

Ici

également

il

faut faire intervenir la qualité sociale rles inrlividrrs exa.minés. I.es inclices élevés paraissent avoir été obtenus en mesurant non des Touaregs de race, mais des vassaux (se

rappeler que les Touaregs

ont

eu de tous temps

- et

ont encore

-

des

esclaves capturés dans des groupes ethniques divers). Lhote cite les chiffres que voici chez les suzerains Touaregs : KeI Agger : 63.o2; Kel Ahaggar : 64.8r, qui sont des valeurs de très nette leptorrhinie. L'auteur dont noùs parlons

dit

que le type touareg de

l'Aïr

a été aItéré par les Haoussas.

Les Berbères

du

Nord de

l'Afrique

sont des leptorrhiniens. Dans les

listes de Deniker on peut recueillir les chifires suivants; Kabyles .divers, 66.5; Tunisiens, 69.8; autres Tunisiens, 7o.2. Ce dernier chifire indique à peine la mésorrhinie.

En

bref,

le

crâne trouvé

par M.

Paris,

s'il

est

un

crâne de Touareg, celui-ci n'appartenait pas, selon toute vraisemblance, au type

dit

n noble >.

Le très grand intérêt de la trouvaille faite par M. Paris réside dans la qualité archéologique qui est proposée.

(10)

r50 E, PITTARD

Je ne crois pas

qu'il

existe, dans les collections, beaucoup de crânes néolithiques provenant de la région même où a travaillé M. Paris. Et spécia-

Iement de crâne néolithique ayant, selon toutes probabilités, appartenu à un représentant de la race blanche.

Quoique appârtenant à une époque qui n'est pas très loin de la nôtre, cette trouvaille est

à

mettre en parallèle avec celle faite par Besnard et Th. Monod à Asselar. Le squelette qui porte ce nom est considéré comme appartenant

à

une époque beaucoup plus ancienne puisqu'il daterait du Paléolithique t.

Le squelette d'Onantit viendrait donc se placer, dans la génétique des races africaines, entre celui d'Asselar

et

ceux appartenant aux périodes dites historiques. Je rappelle que M. Paris n'a rencontré, au cours de ses travaux, aucune trace de métal, rien que des objets de pierre.

De telles découvertes doivent être soigneusement conservées, car nous sommes encore très mal renseignés sur tout ce qui a

trait

au peuplement pri- mitif de I'Afrique, à la succession des types humains au cours des millénaires.

La patine extrêmement poussée de ce crâne permet-elle d'être associée à ces dernières indications archéologiques pour assurer une date à ces restes humains ? Je ne le crois pas. Evidemment, la couleur de ce crâne pourrait être facilement rapprochée de celle que présentent les crânes des stations lacustres de

la

période néolithique suisse.

Et

on pourrait, par cela même,

par cette rr similitude archéologique >, être tenté d'utiliser chronologique- ment la patine. Mais je pense que, sur ce point,

il

faut être réservé.

Il

est

certain qu'un

tel

degré de transformation peut être invoqué comme un argument chronologique, mais il paralt difficile de fixer celui-ci avec autorité dans le temps.

Quoi qu'il en soit, la trouvaille de M. Paris est à inscrire dans le tableau de la préhistoire soudanaise. Elle doit inciter tous ceux qui pourraient en faire de semblables à suivre I'exemple de M. Paris, c'est-à-dire de recueillir avec le plus grand soin non seulement tous les objets mis au

jour,

mais noter, avec tous les détails nécessaires, toutes les circonstances dans les- quelles

ont

lieu. leurs découvertes. Les anthropologistes seront toujours prêts à se mettre à leur disposition pour interpréter leurs trouvailles.

1 Asselar se trouve ( en plein Sahara, dans le bassin et non loin de la vallée morte du Tilemsi, ancien a{lluent du Niger, près du poste d'Asselar r (nord de Tombouctou), Le crâne de cet homme d'Asselar est dolichocéphale (ind, céphal.: 7o,9), ouverture nasale platlrrhienne, Individu de grande taille, r m. 70 au moins. Os des membres grêles, Selon Boule et Vallois, ( c'est avec les Bantous, particulièrement ceux du sud-ouest africain, et avec les Hottentots qu'il présente le plus de ressemblances sans qu'on puisse dire qu'il se relie plus étroitement aux uns qu'aux autres r. Voir Boure et VALLors, Les Hommes lossdlas, Paris, 1946. Ce mémoire original a paru dans les Archives de I'Institut de Paléontologie humaine,. Mém. 9. r932.

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