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Ce qu est le Parc national de Port-Cros

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Academic year: 2022

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Submitted on 22 Oct 2021

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Ce qu’est le Parc national de Port-Cros

Clément Bressou

To cite this version:

Clément Bressou. Ce qu’est le Parc national de Port-Cros. Revue forestière française, AgroParisTech,

1971, 23 (S), pp.173-177. �10.4267/2042/20560�. �hal-03394987�

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CE QU'EST

LE PARC NATIONAL DE PORT-CROS

C . BRESSOU Class. Oxford (44 x M2 — 57 L) 907 .11

Port-Cros est la plus centrale des îles de l'archipel des Iles d'Or. A quelque dix milles marins à peine de la côte, elle se situe entre l'île de Porquerolles à l'Ouest et l'île du Levant à l'Est . Si dans sa structure géologique et dans sa configuration géographique elle n'est pas foncièrement différente de ses voisines, elle l'est essentiellement aujourd'hui dans son aspect naturel . Elle a échappé, en effet, miraculeusement aux mouvements si profondément transfor- mateurs du siècle ; elle est restée à l'abri de l'urbanisme outrancier et du tourisme dévasta- teur de la Riviéra provençale ; elle a ainsi gardé dans un état de pureté remarquable tous les caractères naturels de la Provence cristalline primitive . De là sa beauté sauvage et son charme magique, le calme de son milieu naturel reposant et salutaire, la richesse de sa faune et de sa flore dont l'exceptionnel équilibre de ses éléments constitutifs n'a pas d'équi- valant sur la côte du bassin occidental de la Méditerranée et son intérêt pour les sciences de la Nature.

Sa superficie est d'environ 640 hectares (contre 1 254 hectares pour Porquerolles et 996 hecta- res pour le Levant) . Sa forme est très irrégulièrement circulaire, déchiquetée sur son littoral qui offre ainsi des baies accueillantes et des calanques pittoresques.

Elle est constituée géologiquement par des roches cristallophylliennes, gneiss et micaschis- tes, analogues à celles du massif des Maures dont elles ont été séparées par une invasion marine aux temps quaternaires . Les terres de Port-Cros qui en découlent+sont calcifuges.

La schistosité des roches mères coïncide généralement avec les plans de stratification . Comme ces couches sont subverticales, il en résulte une meilleure pénétration de l'eau et des racines et une meilleure capacité des substrats, ce qui est un point très important pour la régénération de la forêt . La protection dont bénéficie l'île depuis plusieurs années a permis l'édification des sols dans des conditions qu'on ne trouve pas ailleurs et facilite de remarquables études de pédologie méditerranéenne (Drouineau).

Son relief, tourmenté, est dû, en gros, à une arête transversalement dirigée d'Est en Ouest, sur le versant nord de laquelle vient se greffer une série d'éperons sinueux qui des-

cendent progressivement vers la mer tandis que sa face sud y tombe à pic en de

vertigineuses falaises . . . Les sommets de cette chaîne miniature atteignent 196 mètres au Mont Vinaigre et 207 mètres au Signal de la Vigie voisin, ce qui fait que Port-Cros apparaît

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C . BRESSOU

Baie de Port-Cros et le Fort du Moulin Photo FISCHESSER

du large comme une croupe dominant de sa masse arrondie Porquerolles, dont l'altitude ne dé- passe pas 150 mètres et le Levant avec ses 120 mètres.

Sur la côte du Nord, au fond de la baie de Port-Cros, large, creuse et profonde, se trouve le port et l'unique village dont les maisons typiquement provençales alignées en quart de cercle autour des berges du port abritent une population d'une trentaine d'habitants appar- tenant à des familles de pêcheurs, et où débarquent, en période d'été, d'innombrables tou- ristes venus du continent pour visiter Ille . Ce port est abrité vers l'Ouest par l'îlot de Bagaud, lande rocheuse de 2 kilomètres de longueur et d'une quarantaine d'hectares de superficie, basse et plate, qui lui forme cependant un écran contre le mistral venu de l'Ouest.

Deux plages, d'autre part, s'offrent aux baigneurs : l'une, à une vingtaine de minutes du port, la plage du Sud, l'autre un peu plus loin vers le Nord, la plage de la Palu, qu'agrémente l'îlot rocheux de la Rascas. Des chemins agrestes y conduisent, tantôt à l'ombre de véritables tunnels de verdure sous les hautes frondaisons de la forêt, tantôt à travers le maquis en- soleillé et odorant.

La côte sud constitue un des paysages les plus sauvages de l'île, formée de hauts escarpements constituées de schiste micacé, brillant au soleil, plongeant verticalement dans une eau pro- fonde, d'une exceptionnelle transparence dont les lames viennent s'écraser au pied des épis rocheux . Ces impressionnantes falaises, dont l'ocre brun flamboie au soleil, sont animées par le vol bruyant d'une multitude de Goélands argentés et les Puffins qui viennent nicher dans ses anfractuosités ou sur la pyramide rocheuse de la Gabinière émergeant à quelques cen-

taines de mètres de cette côte tourmentée.

Le climat de Port-Cros est doux et agréable, tempéré par la brise de mer sauf pourtant les jours où souffle le mistral ou la largade. La moyenne des températures annuelles varie de

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11,8° à 18,7°, les températures les plus froides atteignant + 5 0 et les plus chaudes + 27°.

Les gelées y sont pratiquement inconnues.

Les pluies y sont rares et saisonnières ; elles atteignent de 550 mm à 650 mm suivant les années, avec des étés secs suivis de précipitations automnales et printanières abondantes.

Cette hygrométrie est suffisante pour alimenter les quelques sources que l'on trouve dans l'île, mais l'humidité de l'atmosphère y contribue autant que la pluviosité . La douceur thermique générale, des précipitations modérées, une humidité atmosphérique amortissant un rayonne- ment solaire excessif constituent les caractéristiques d'un climat des plus agréables, favo-

risant le développement harmonieux d'une faune et d'une flore riches et variées.

La faune de Port-Cros est à la fois terrestre et aquatique puisqu'une zone maritime de 600 mètres est protégée tout autour de l'île et fait partie intégrante du Parc national.

La faune terrestre est peu riche, les oiseaux et les insectes exceptés, conséquence sans dou- te de l'insularité et peut-être aussi d'une insuffisante prospection.

Parmi les mammifères on trouve : le Lapin, le Rat noir venu de Bagaud à la nage, le Chat haret, des Chauves-souris (pipistrelles et noctules).

Les reptiles ne comptent que six espèces de Couleuvres dont certain spécimen de Couleu- vre de Montpellier atteindrait, dit-on, près de 2 métres ; des Lézards des murailles et de grands Lézards ocellés, l'Orvet, le Gecko et le Seps ; la Rainette, le Discoglosse et le Crapaud

ponctué y ont été relevés.

Les oiseaux sont abondants certes, mais moins nombreux qu'on pouvait le présumer, tant sans doute l'île a été jadis chassée et braconnée avec excès.

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C . BRESSOU

L'avifaune terrestre comprend des oiseaux vivant sur terre en permanence et y trouvant nour- riture et repos . On y connaît certainement 10 espèces nicheuses avec, d'abord, le Faucon pèlerin et le Merle bleu, le Guêpier et la Huppe, ensuite, I'Epervier, le Petit duc . Il est sur- prenant qu'on n'y ait pas signalé le Moineau et l'Hirondelle alors qu'on y a trouvé la Tourte- relle et le Martinet noir.

A la saison des passages et en hiver, de nombreuses espèces nouvelles envahissent l'île et I'on estime qu'une centaine de migrateurs doivent pouvoir y être observés en une année . Sur la grande voie de migration qui du Nord-Est va vers le Sud-Ouest, Port-Cros occupe une place privilégiée ; les oiseaux y prennent quelque repos avant de poursuivre leur route vers l'Ouest en longeant le littoral du Languedoc ou, pour la minorité, de s'élancer au-dessus de la mer Méditerranée.

Dans la catégorie des oiseaux marins, deux espèces y nichent couramment : le Goéland ar- genté et le Puffin yelkouan, sans doute aussi d'autres Puffins. Le premier de ces oiseaux abonde. On trouve leurs nids dans les falaises du versant sud de l'île, sur les rocs de Bagaud, de la Gabinière et de la Rascas . Beaucoup de ces nids sont détruits par des tou- ristes ignorants, par quelques braconniers et surtout par des prédateurs au nombre desquels figurent les Rats . Les Pétrelles et les Puffins, déjà en déclin, sont des espèces mena- cées de disparaître du littoral méditerranéen si on ne parvient pas à limiter les dégâts causés à leurs nids par les Goélands et les Rongeurs . C'est une tache de sauvegarde à laquelle la Commission scientifique du Parc doit s'attacher.

La faune entomologique de Port-Cros a fait l'objet de nombreux travaux, cependant l'inven- taire est loin d'être terminé et aucun travail d'ensemble n'a été publié . Cela tient sans doute à ce que les naturalistes séjournent dans l'île et procèdent aux captures nécessaires durant les mois de printemps et d'été, alors que pour beaucoup d'espèces le rythme d'activité bio- logique a lieu en automne ou en hiver . Ceci explique certaines lacunes, notamment chez les Diptères, les Hyménoptères, les Orthoptères, etc . . . Les Diptères, par exemple, ont des sous- ordres pratiquement inconnus, comme celui des Mycetophillidés, alors que ces insectes sont étroitement associés aux champignons supérieurs dont on connaît le grand développement à Port-Cros . De même, on ne sait que peu de choses sur les Microhyménoptères de l'île alors que ces insectes jouent un raie prédominant dans l'équilibre de la faune entomologique de

l'ïle dont ils régularisent le pullulement.

Cette faune est cependant captivante, ne serait-ce que par la présence du plus beau des papillons diurnes de France, le Jason (Chalcophora mariana L .) ou le Sphynx du laurier-rose (Deilephiha nerii L .) plusieurs fois capturé par M . ou Mme Marcel Henry au Manoir.

Plus de 600 Coléoptères ont été identifiés à Port-Cros, chiffre très en dessous de la richesse réelle de l'île . On y trouvera, parmi les plus curieux : le Bolbocère (Bolbocera gallicus M .), le Rhinocéros (Oryctes nasicornis gyrus I .), le Foulon (Polyphylla tulle L.), le Scarabée des roses (Cetonia aurata M .) et tant d'autres . 20 espèces de Coccinelles sont présentes dans le Parc national de Port-Cros, dont certaines sont puissamment entomophages, 50 de Chryso- mèles, 150 de Charançons, dont l'un (Meira balachowski H .) est étroitement associé aux Chéno- podées du rocher de la Gabinière.

La faune des Coléoptères xylophages est particulièrement intéressante à étudier ici puisque les insectes s'y développent dans leurs biotopes naturels, à l'abri de toute exploitation fores- tière, en équilibre avec les nombreux commensuraux et parasites qui se trouvent biocoenoti- quement associés à eux.

Les Lépidoptères ne figurent dans l'inventaire de Port-Cros, que pour 220 espèces, ce qui est peu, notamment pour les Microlépidoptères, dont 21 espèces ont été seulement signalées. Il est vrai que parmi les magnifiques papillons du Parc national figurent les plus somptueux qu'on ait décrit chez nous.

Les Orthoptères ne sont que très incomplètement inventoriés, encore que parmi eux figurent des insectes fort curieux comme la Saga (Saga pedo P .), le plus gros des Orthoptères français et le grand Criquet d'Egypte (Locusta migratoria denica L.).

Les Hémiptères n'ont fait l'objet que de listes très fragmentaires et cependant, terrestres ou aquatiques, les insectes de cet ordre sont nombreux dans l'île . Les Cigales notamment y abon- dent, l'espèce commune autant que la Cigale plébéienne si bruyante . Les Pucerons et les Cochenilles, dont 46 espèces sont complètement décrites, ont été par contre parfaitement étudiées .

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Les Diptères enfin, sont mal connus ; il existe des mouches communes rudérales, mais la faune sauvage reste à étudier.

Les Araignées ont fait l'objet d'études méthodiques (Denis) puisque 166 espèces ont été dé- crites, dont plusieurs endémiques . Parmi elles certaines sont remarquables, comme l'Epeire fasciée de J .-H . Fabre et sa proche parente Desiopsis racowitzsi F.

Les Myriapodes offrent à considérer, entre des espèces peu nombreuses, le volumineux Sco- lopendre (Scolopendra morsiteng G .) qui étale sur une longueur de 10 cm ses brillantes couleurs

vert et jaune.

Les Scorpions sont représentés par le petit Scorpion brun (Euscorpius flavicaudis G .) com- mun mais sans danger.

Outre sa richesse et sa variété, un autre caractère de la faune entomologique de Port-Cros est son exceptionnelle pureté originelle tenant à ce qu'elle a évolué à l'abri de l'action modificatrice de l'homme ; elle présente de ce fait un intérêt biogéographique capital . On pourra y étudier les biotopes caractéristiques du maquis, des plages et de la frange littorale, des zones humides d'eau douce, des falaises et des rochers marins, etc . . . dont le dynamisme biocoenotique est des plus instructifs . Et cette diversité est d'autant plus précieuse qu'elle n'exclut pas une certaine originalité, car on trouve dans les insectes de Port-Cros de nom- breux endémiques.

L'intérêt de la faune de Port-Cros est donc exceptionnel car on ne saurait trouver dans tout le bassin méditerranéen, dans un même état de pureté primitive, des biotopes aussi caracté- ristiques et aussi variés . C'est pourquoi le Comité scientifique du Parc national doit en pour- suivre l'étude méthodiquement et systématiquement.

La présente monographie sommaire de Port-Cros doit être complétée par un examen de sa sylve et de sa zone maritime . La connaissance de l'île ne saurait se passer d'une description de son riche couvert végétal, avec ses Pins d'Alep et ses Chênes verts, ses sous-bois aux Fou- gères arborescentes, ses Arbousiers, ses Lentisques, ses Romarins, l'évocation des couverts ombreux du vallon de la Solitude, de la fraîcheur du Val noir, du val monacal du Silentiaire, des

hauteurs ensoleillées du Mont Vinaigre et de la Vigie.

La mer, si merveilleusement transparente et bleue, abrite un monde vivant lui aussi d'une grande originalité, où les groupements biocoenotiques végétaux et animaux se disposent en une série de zones s'étageant de la surface vers des grands fonds aux peuplements étranges et magni- fiques.

On ne saurait oublier que si Port-Cros constitue aujourd'hui un monument naturel d'une valeur exceptionnelle tant par la richesse et la pureté de ses éléments constitutifs que par leur harmonieux équilibre, par le charme et la beauté envo0tante du site et par le rôle qui lui revient dans l'illustration des sciences de la Nature, on le doit à la préscience et la générosité de Mme et M . Marcel Henry, à leur opiniâtreté, à leur persévérance, à leur courage . Ils ont droit à notre fidèle souvenir de reconnaissance.

Clément BRESSOU Membre de l'Institut Directeur honoraire de l ' Ecole nationale

vétérinaire d ' Alfort 46, boulevard Port-Royal

75 - PARIS (5. )

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