• Aucun résultat trouvé

Retour sur « De la collecte en milieu urbain chez les Mataco (Chaco argentin) »

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Retour sur « De la collecte en milieu urbain chez les Mataco (Chaco argentin) »"

Copied!
4
0
0

Texte intégral

(1)

Techniques & Culture

Revue semestrielle d’anthropologie des techniques

 

54-55 | 2010

Cultures matérielles

Retour sur « De la collecte en milieu urbain chez les Mataco (Chaco argentin) »

François-René Picon

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/tc/5079 DOI : 10.4000/tc.5079

ISSN : 1952-420X Éditeur

Éditions de l’EHESS Édition imprimée

Date de publication : 30 juin 2010 Pagination : 526-528

ISSN : 0248-6016 Référence électronique

François-René Picon, « Retour sur « De la collecte en milieu urbain chez les Mataco (Chaco argentin) » », Techniques & Culture [En ligne], 54-55 | 2010, mis en ligne le 30 juin 2013, consulté le 15 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/tc/5079

Tous droits réservés

(2)

© J. Braunstein

(3)

François-René Picon

Université Paris Descartes- UMR CPED

francois-rene.picon@parisdescartes.fr Techniques & Culture54-55 volume 2, 2010 : 526-528

Retour sur

« De la collecte en milieu urbain chez les Mataco (Chaco argentin) »

Cultures matérielles 2 - VI

J’ai lu quelque part – mais où et quand ? – qu’il y a deux sortes d’auteurs : ceux qui aiment à se relire et ceux pour qui, le texte une fois terminé, devient étranger et laissé sur le rayonnage des écrits abandonnés. Quelles que soient les motivations avouées ou profondes de l’une ou l’autre attitude, dans le cas présent il n’y avait pas de choix : il fallait se relire pour respecter les contraintes éditoriales, pour éliminer quelques lignes et le seul souvenir ne suffisait pas. Relecture orientée donc, technique, et si je n’ai guère de goût pour l’exercice, sauf peut-être en cachette et par accident, un paragraphe par-ci, un autre par-là, il serait malhonnête de prétendre que ce qui est écrit m’est étranger. L’impression qui domine est d’abord l’étonnement – comment diable ai-je pu écrire ça ? – mais surtout ce qui ressort d’entre les lignes c’est que je me suis retrouvé peu à peu « alors et là-bas », entre le hic et nunc et le « ici et là-bas » de C. Geertz, ce lieu et ce temps qui font soudain irruption et font renaître des sensations presque physiques : chaleur et sable, cette ville hors du temps dont l’Amérique du Sud semble avoir le secret – ce qui est évidemment faux. Bien entendu, je suis seul à pouvoir ressentir ce que j’ai senti et vécu car même le talent d’écriture le plus grand ne permet que d’approcher cette réalité qui étrangement semble plus forte à la lecture qu’alors.

Pour quitter le registre des sentiments – pas très originaux, je le crains, et une certaine nostalgie argentine – quelques mots sur le fond. Je retiendrais aujourd’hui deux points étroitement liés : d’abord, cette inversion de perspective – non, les Mataco ne sont pas des mendiants – ensuite, quelles sont les pensées qu’on peut leur prêter ? S’il fallait citer ses sources (d’inspiration), il est évident qu’elles font presque partie du domaine public : La première société d’abondance de M. Sahlins en est une, l’autre c’est le conseil métho- dologique de C. Geertz (encore !), à savoir regarder par-dessus l’épaule de l’indigène, à défaut de connaître ce qu’il a dans la tête. Par ailleurs, si j’ai pris quelques libertés avec le

(4)

thème du numéro, en me situant en amont des pratiques alimentaires, c’est que le temps passé à s’approvisionner, celui des techniques d’acquisition, est incomparablement plus long que celui de la consommation proprement dite parce que dans ce temps il y a un projet, une parole qui va avec, sous-tend, voire détermine le geste et, bien entendu, un choix. Le choix le plus manifeste étant celui de délaisser les espaces cultivés dans les villages matacos proches de la ville où poussent comme ils peuvent quelques plants de melons, maïs ou haricots. La chaîne opératoire, celle de l’acquisition, est d’abord pen- sée, ensuite, si elle est viable, elle sera accompagnée d’un discours (les représentations).

Alors, ne serait-ce que pour apporter ce qui ressemblerait à une preuve de l’existence de cette chaîne, quel est donc le discours sur cette collecte, était-il déjà construit ou, tout simplement, ne l’ai-je pas vraiment cherché ?

Ces mouvements vers les villes sur quelque continent qu’elles se trouvent ont été bien entendu largement documentés. Mais pour rester dans la même aire – sinon culturelle, du moins géographique – deux mémoires de Master d’ethnologie datant de 2006 sur ce

« rapport à la ville » peuvent prolonger et compléter la cueillette mataco, même si Las Lomitas est bien petite comparée à Santa Cruz et à Asunción. Dans le premier, « La Terre sans Mal dans la décharge ? » (G. Scappini Meza, Paris Ouest Nanterre) l’auteure montre comment l’appropriation de la décharge d’Asunción par un groupe d’Indiens Guaranis et son utilisation (tri, revente…) s’accompagne d’une légitimation où se retrouvent des éléments essentiels de la Terre sans Mal – ce mouvement messianique guarani fort célèbre –, notamment l’abondance d’eau et de biens matériels : la décharge se situe sur la rive du fleuve Paraguay et elle est évidemment lieu d’abondance. Le second travail, « Les Ayoreode urbains de Santa Cruz de la Sierra (Bolivie) » (I. Roca Ortiz, Paris Descartes), analyse l’installation, il y a quelques années, des Ayoreode dans le centre ville puis dans sa périphérie et leur relation avec leur lieu d’origine. Quant aux raisons de leur présence en ville, elles se résument à une formule lapidaire – santé, scolarité, nourriture – d’autant plus « forte » que les Ayoreode n’ont été que récemment contactés et que certains d’entre eux évitent toujours et encore toute rencontre avec le monde blanc.

Petites ou grandes, les villes ne sont pas forcément le lieu de toutes les perditions.

Elles sont perçues en réalité comme des lieux sinon d’abondance, du moins de ressources, des milieux productifs qui comportent des facilités : leur périphérie est colonisée et leur centre est exploité. Dans la mesure où ces immigrants, ces colons, gardent un pied dans leur territoire d’origine – dont ils ont, plus souvent qu’on ne pense, la propriété ou, si l’on veut, un usage exclusif –, leurs activités urbaines sont une extension et non un effa- cement de leurs manières de faire traditionnelles, comme c’est bien souvent le cas dans les phénomènes d’urbanisation. Une double morphologie, deux lieux, deux ensembles d’activités, qui se donnent sens, cette anthropologie urbaine là est évidemment « multi- située » et, à cet égard, à la dernière mode.

François-René Picon

Références

Documents relatifs

La première rangée d‟articles scientifiques concernant l‟addiction au sexe était exclusivement des « case reports », soit des cas cliniques individuels

L’Algérie, comme tous les pays en voie de développement a soutenu son cadre institutionnel par des textes et des institutions en matière de gestion et élimination des

To abort a file transfer, use the terminal interrupt key (usually Ctrl-C). The sending of transfers is immed~ately halted. The receiving of transfers is halted

Le travail était lié aux activités économiques en relation avec la sédentarisation : l’agriculture (tâche partagée entre les hommes et les femmes chez les Matacos), l’exercice

Chapter 3 includes the development of a new framework for the emulation and cali- bration of stochastic computer simulators, where two approaches are explored: The first relies

Un jour, alors que la jeune femme était au travail, attendant impatiemment l’heure où elle pourrait voir Jack, et tenant deux plateaux à la main, elle fut prise d’un malaise

Ecuador Emotions demande à ses passagers de s’assurer de la validité de leurs passeports pour les dates du voyage et de vérifier s’ils auront besoin d’un

Graduer une ligne droite avec les nombres entiers, c'est placer régulièrement les nombres entiers sur cette ligne en les rangeant du plus petit au plus grand.. ● On peut graduer