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Psychotraumatisme, addictions et fonctionnement limite à l’adolescence : l’hypothèse du complexe traumatique (abord descriptif)

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Academic year: 2022

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L’Information psychiatrique 2018 ; 94 (7) : 569-75

Psychotraumatisme, addictions

et fonctionnement limite à l’adolescence : l’hypothèse du complexe traumatique

(abord descriptif)

Yoann Loisel

1,2

Gérard Shadili

1,3

Maurice Corcos

1,4

1Institut mutualiste Montsouris, 42 boulevard Jourdan, 75014 Paris

2Psychiatre, responsable Unité de jour pour adolescents

3Psychiatre, responsable de l’Addictologie pour adolescents, Département

de psychiatrie de l’adolescent et de l’adulte jeune du Pr Corcos

4Psychiatre, professeur de

pédopsychiatrie, chef du Département de psychiatrie de l’adolescent et de l’adulte jeune

Résumé.La modélisation d’un complexe traumatique, qui propose une descrip- tion renouvelée des fonctionnements limites dont le sous-ensemble des troubles de personnalité borderline, permet notamment de considérer les liens de ces pathologies avec l’appétence addictive selon une détermination du sujet à la fois traumatophilique et auto-thérapeutique. On se trouve sur le terrain de la sémiolo- gie limite laquelle engage toujours«les deux en même temps»pour une logique de sommation paradoxale et jamais de compromis (névrotique). Sur ce chemin de double contrainte, s’il est effectivement fréquent de trouver le psychotraumatisme et diverses addictions, la théorisation du complexe traumatique n’en interprète cer- tainement pas les liens comme comorbidité. Nous en présentons ici les grands axes psychopathologiques.

Mots clés :traumatisme psychique, enfant, psychanalyse, psychisme, addiction, état-limite

Abstract. Psychotrauma, addictions and limited functioning in adoles- cence : the traumatic complex : hypothesis (descriptive approach). The modelling of a traumatic complex, which proposes a revised description of border- line functioning, including the subset of borderline personality disorders, makes it significantly possible to consider the links of these pathologies to an addictive appetite depending on the determination of the patient that is both traumatophi- lic and self-therapeutic. This, which appears as a paradox, precisely means that we are in the field of borderline semiology, which always engages “both at the same time” and then leads to a logic of paradoxical warning but never one of compromise (neurotic). On this pathway of double constraint, if it is in fact frequent to find psychotrauma and various addictions, the theorization of the traumatic com- plex certainly does not interpret its links as comorbidity. Here we present the major psychopathological keys.

Key words:psychic trauma, child, psychoanalysis, psyche, addiction, borderline state

Resumen. Psicotraumatismo, adicciones y funcionamiento límite en la adolescencia : la hipótesis del complejo traumático (enfoque descrip- tivo).La modelización de un complejo traumático, que propone una descripción renovada de los funcionamientos límites, entre ellos el sub-conjunto de los tras- tornos de personalidad borderline, permite en particular considerar los vínculos de estas patologías con la apetencia adictiva según una determinación del sujeto a la vez traumatólogo físico y auto terapéutico. Nos encontramos en el terreno de la semiología límite, la que incluye siempre “a las dos a la vez” para una lógica de conminación lógica y nunca de término medio (neurótica). En este camino del doble contrario, si en efecto suele encontrarse el psicotraumatismo y diferentes adicciones, la teorización del complejo traumático Está muy lejos de interpretar los vínculos como con mórbidas. Presentamos aquí las grandes directrices psicopa- tológicas.

Palabras claves:traumatismo psíquico, ni ˜no, psicoanálisis, psiquismo, adicción, estado límite

La modélisation d’uncomplexe traumatique[1]1, qui propose une description renouvelée des fonctionne-

1Le lecteur y trouvera développés la psychopathologie, diverses illus- trations et cas cliniques ainsi que les grands axes thérapeutiques.

ments limites dont le sous-ensemble des troubles de personnalité borderline, permet notamment de consi- dérer les liens de ces pathologies avec l’appétence addictive selon une détermination du sujet à la fois traumatophilique et auto-thérapeutique. Ceci, qui se pré- sente comme paradoxe, signifie justement qu’on se trouve sur le terrain de la sémiologie limite laquelle engage toujours « les deux en même temps » pour

doi:10.1684/ipe.2018.1844

Correspondance :G. Shadili

<gerard.shadili@imm.fr>

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une logique de sommation paradoxale et jamais de compromis (névrotique). Sur ce chemin de double contrainte, s’il est effectivement fréquent de trou- ver le psychotraumatisme et diverses addictions, la théorisation du complexe traumatique n’en interprète certainement pas les liens comme comorbidité, conne- xion de deux ou trois intrigues, mais comme architecture structurelle autant que structurante d’antériorité trans- générationnelle. Nous en présentons ici les grands axes psychopathologiques.

Complexe traumatique : hypothèse et définition

La pensée d’un complexe traumatique s’est imposée dans le cadre de notre activité de soin d’adolescents pré- sentant un fonctionnement limite avec des antécédents traumatiques réguliers, pour tenter de rendre compte de ce que nous observions d’une fréquente appétence traumatophile, des caractéristiques d’une organisation préalable de personnalité tournée vers le défaut de tran- sitionnalité et la précarité des aires intermédiaires du psychisme, d’antécédents familiaux eux aussi très sou- vent marqués de divers psychotraumatismes.

Délimitations avec les pathologies du psychotraumatisme

Le terme decomplexeest choisi par référence à une classification connue des psychotraumatismes, celle de Lenore Terr [2] et Judith Herman [3], qui évoquent le traumatisme complexe : non pas un événement délé- tère ponctuel et/ou inattendu, mais plutôt une situation répétée et/ou prolongée. LeDisorders of extreme stress not otherwise specified (DESNOS) est le terme actuel recoupant les manifestations cliniques issues de ce trau- matisme complexe [4], il implique un chevauchement entre trouble limite et trauma selon des influences qui resteraient à définir :

«Ses symptômes cardinaux sont la dérégulation des affects, la dissociation et la somatisation. Il n’y a pas de consensus en ce qui concerne la nature exacte du traumatisme complexe conduisant au DESNOS. Globa- lement, les auteurs font références à un abus survenant avant ou au cours de l’adolescence. Les carences affec- tives et autres événements conduisant à un trouble de l’attachement pourraient aussi être en cause. Ces événe- ments sont aussi souvent décrits comme participant à la genèse du trouble de la personnalité limite (TPL) et un chevauchement est noté entre le DESNOS et le TPL.»[5]

Précisément, tourner différemment la visée d’étude sur ce terme decomplexe, considérer non plus l’adjectif mais le substantif, suspend la position d’observateur comptable d’une factualité événementielle pour davan- tage confirmer une position de«psychiste», c’est-à-dire étudiant l’histoire, le développement de l’appareil à

penser les pensées, l’impact des faits sur celui-ci, certes, mais dans une perspective évolutive. Et là où nous sommes entraînés si régulièrement vers l’extrême, l’inédit, l’irréductible du traumatisme, cette perspective ramène aussi volontairement vers le bien connu du complexesubstantif tel qu’il fut utilisé par Freud : soit, à l’image du complexe d’Œdipe, un formant pour la pensée, quelque chose non pas qui se trame mais qui constitue la trame elle-même.

En nous posant sur les différentes mises en ordre

« classique » du psychotraumatisme, nous consta- tons qu’elles encadrent différentes pathologies et que leur sémiologie, pour les manifestations prolongées, admet un trépied commun constitué de l’hypermnésie, de l’hyperesthésie et de la répétition [6]. Ces trois lignées symptomatiques dérivent d’une assise volon- tiers qualifiée de«dissociation», terme représentant la postérité de J.-M. Charcot et qui n’implique nullement une pathologie psychotique (type schizophrénie : étymo- logiquement, fractionnement de l’esprit). Est entendue là une séparation franche et brutale entre le corps et l’esprit, entre ce qui ne peut qu’être encaissé, l’événement traumatique, et ce qui ne peut ou ne veut être pensé. Ce concept est celui d’une faillite de l’intégration psyché-soma telle que D.W. Winnicott l’a décrite au sujet d’une angoisse dissécante («agony») liée à des situations puissantes de désaide («perte de la complicité psychosomatique, échec de l’installation dans le soma, défense : dépersonnalisation»[7] ou bien défense par faux-self : « l’exemple le plus clair d’une maladie clinique organisée dans un but positif : la préser- vation de l’individu en dépit des conditions anormales de l’environnement»[8]).

Remarquant que cette sémiologie traumatique géné- rale (dissociation, troubles mnésiques et esthésiques, répétition) constitue les manifestations cliniques, plus ou moins à bas bruit, du fonctionnement limite, nous trouvons d’autant plus légitime d’interroger les liens pouvant unir ces deux nosographies lesquels pointent l’intérêt de l’hypothèse du complexe traumatique.

Fonctionnement limite et trauma : par-delà la connexion d’intrigues

Citant précédemment Winnicott, nous retrouvons logiquement la pensée antérieure de Sandor Ferenczi lorsqu’il décrit un développement traumatique consé- quence d’une inadéquation entre les besoins attendus par l’enfant de tendre et les réponses de l’adulte [9].

En relevant ce décalage, il augure un nouvel élargisse- ment de la théorie freudienne initiale de l’abus sexuel : il y a déjà de l’abus, du trauma dans le manque de tendresse, une excitation possible par-là, non adéquate- ment contenue, qui va être traumatique. Ceci constitue la base de l’établissement et du renforcement intergé- nérationnel du complexe traumatique même si Ferenczi, lui, insiste plutôt sur l’envahissement par le sensuel d’un

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adulte agresseur, une pétrification traumatique relevant à la fois de la dissociation, c’est-à-dire ici clivage plus clivage, mais aussi, également, d’une attraction vers cette pierre de folie par fascination et identification à l’agresseur.

La clinique contemporaine, la prévalence du fonc- tionnement limite par lequel le sujet semble irrésisti- blement surface sensible, interroge sur la possibilité d’insuffisante édification des limites du sentiment de sécurité interne et sur le poids de modalités d’échanges relationnels précoces marqués d’instabilité. Quelles que soient d’ailleurs les directions théoriques retenues concernant la modélisation du fonctionnement limite, les facteurs environnementaux s’avèrent d’une impor- tance prévalente et, parmi ceux-ci, le rôle du stress et l’impact de facteurs traumatiques sont le plus sou- vent mis en exergue [10]. On a pu déterminer ainsi une surreprésentation des antécédents traumatiques dans l’enfance des personnalités borderline (plus de 75 % des sujets révèlent avoir subi au moins une forme de mauvais traitement [11]). On a relevé aussi la fréquente comorbidité de ce trouble avec le syndrome de stress posttraumatique (les auteurs suggérant justement un mécanisme étiopathogénique commun qui, là aussi, res- terait à démontrer [12]).

Effectivement, la question de la mise en place de la relation à l’enfant en termes d’ajustements à ses besoins paraît au cœur de la pathologie limite. Les fac- teurs environnementaux parentaux souvent retrouvés, l’instabilité et la discontinuité des liens, ressemblent à la pathologie limite elle-même. On relève habituellement la fréquence des pathologies psychiatriques chez les parents des patients borderline (avec une prévalence du fonctionnement limite) [13], ainsi que la fréquence des troubles d’attachement. On note aussi que, dans la mise en évidence de ceux-ci, ce serait moins l’intrusion dans les interactions précoces que le retrait de communica- tion de l’adulte, l’absence de réponse face aux relances d’attachement de l’enfant qui représenterait le facteur prédictif le plus puissant d’apparition du trouble limite [14, 15].

Cette apparente sidération renvoie bien la question du traumatique à l’étage parental mais les données de la littérature scientifique sur ce point, des antécédents traumatiques chez les parents eux-mêmes, sont encore aujourd’hui peu étayées, butant sur la difficulté à caracté- riser suffisamment (et subjectivement et objectivement) ce qui apparaîtrait comme traumatique dans l’anamnèse intergénérationnelle. La clinique habituelle, cependant, confirme facilement qu’il se trouve une association entre des manifestations limites et/ou borderline chez un enfant et la fréquence d’événement de vie douloureux chez ses ascendants. Sémiologiquement, la sémiologie limite est exemplaire d’une dynamique de paradoxe irré- solue – par exemple autant angoisse d’intrusion que d’abandon – pesant sur la structuration psychique pré- coce des assises narcissiques et objectales, elle oriente

vers l’hypothèse du complexe traumatique de paraître s’inscrire dans une continuité transgénérationnelle de l’instabilité identitaire et relationnelle, et de pouvoir être ainsi liée à la récurrence traumatique dont, tout autant, elle proviendrait et qu’elle retrouverait.

Constitution du complexe traumatique

Ce complexe traumatique se conc¸oit comme un cou- rant, profond et de source indéterminable, ayant à voir avec les contenants de pensée, l’accordage affectif au sein des interactions précoces et l’entretien du tendre.

De ce courant qui fournit son énergie à la sémiolo- gie limite, les symptômes de traumatisme psychique décrits en réaction à des événements intercurrents sont les possibles violents et itératifs remous de surface, les addictions, par ailleurs, en constituent une automédi- cation renforc¸ant la vulnérabilité du sujet. Ne pouvant, dans le cadre d’un article, décrire précisément toutes les lignes de force de cette édification du complexe, nous en pointons surtout les renforcements réciproques amenant le sujet, précocement, au bord d’un collapsus psychique dont il se défend en l’entretenant.

Échec de la transitionnalité et des formations originaires, organisation infantile

du fonctionnement limite et borderline

«Ce trauma (une agression par exemple), l’as-tu créé ou l’as-tu trouvé ? ». Il est régulier, pour le soignant, d’éprouver l’effet d’une ambiguïté liée aux rencontres traumatiques du patient limite mais, comme pour ce qu’il en est du transitionnel, la question n’a pas à être posée.

Cette indétermination, néanmoins, doit faire signe : elle reflète la substitution du transitionnel par ce qui en mime le fonctionnement, c’est l’empreinte du complexe trau- matique.

Dans la sémiologie limite, les qualités transitionnelles sont substituées par leur opposé : dureté en place de souplesse et fragilité en place de résistance. La rela- tion d’objet est une relation investie massivement à la mesure où elle est évaluée comme manquante et fra- gile, cassante aussi, ce qui ne tarde jamais à s’exprimer sur le mode du dépit ; la potentialité transitionnelle (du doudou) est remplacée par l’accrochement fétichique à certains objets, c’est-à-dire certaines personnes autant que certains comportements. Le sujet limite attend de ces objets«durdurs»qu’ils comblent les failles de ses assises narcissiques et, si la velléité fétichique pose tou- jours la question d’une organisation perverse, celle-ci doit être comprise comme la défense du sujet confronté à un ressenti de béance interne par«empiègement » précoce de ses capacités représentatives. Cette béance qui suscite le ressenti récurrent de vide, est située dans l’aire transitionnelle intériorisée, au cœur des fantasmes originaires destinés à structurer les terreurs et les exci- tations.

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Il faut, à propos de cette béance qui provoque deux sortes de réactions contrastées, l’accrochage idéalisé à l’objet et/ou l’intolérance bruyante vis-à-vis de celui- ci, préciser que le fonctionnement limite n’est pas résumable par le seul trouble de personnalité bor- derline, lequel se caractérise manifestement par le

« bruit » suscité dans la relation objectale (efforts pour éviter l’abandon, impulsivité avec possible autoa- gressivité ou hétéroagressivité, instabilité, colères dites inappropriées. . .). Il est tout un spectre de troubles, devant être compris comme relevant aussi du fonc- tionnement limite, qui est beaucoup plus silencieux de trouver un aménagement plus ou moins durable dans le colmatage de la faille narcissique par l’adhésion à un objet qui paraîtra effectivement idéalisé, agrippé en raison d’une valeur narcissique en règle consen- suellement partagée par l’environnement du sujet. Le consensuel est ici un dérivatif au sensuel et, généra- lement, cet aménagement rompt lors de l’adolescence de l’individu laquelle semblera«cataclysmique»pour son entourage. C’est, avant, le champ des personnali- tés dites « as if » évoquées par H. Deutsch, de celles développant un«faux-self»tel que Winnicott théorise celui-ci, l’organisation infantile du complexe trauma- tique se fixant le plus régulièrement de ce côté-là, d’un silence comportemental de l’enfant d’autant plus qu’il y trouve la satisfaction de rassurer, voire réparer, ses objets parentaux.

Ici le régulier (et paradoxal) blanc des antécédents signe avant tout la présence des failles dans la struc- turation narcissique des contenants, il ne tarde en général pas à se recouvrir, en détaillant l’anamnèse, du plein trop-plein d’altérations intergénérationnelles dans la sécurité des liens. C’est que l’infiltration trans- générationnelle du complexe traumatique organise une modalité de clivage, en général du type faux-self, avec même, comme ce qu’en décrit S. Ferenczi, une dyna- mique de clivages sur clivages pesant directement sur l’aménagement de la transitionnalité, celle-ci comprise d’abord comme, du contenant au contenu, une qualité de structuration des représentations psychiques pouvant être à la fois souples et résistantes pour suffisamment bien asseoir un narcissisme suffisamment bon, protec- teur et nourrissant pour l’individu.

La différenciation contenante du tendre et du sensuel est en défaut

Élever l’enfant signifie aussi le remplir d’une satis- faction narcissique (his Majesty the Baby. . .), asseoir suffisamment en lui le principe de plaisir avant que de, nécessairement, le détromper, lui amenant par-là à créer/trouver les ressources de l’auto-érotisme et du transitionnel. Ainsi la séduction se pose d’abord sur la séduction de l’adulte par l’enfant, celui-ci devant effectivement ressentir combien il séduit l’adulte. Nous retrouvons les risques du traumatique tel que Ferenczi

les a théorisés toutefois, à la différence de sa description princeps, il s’agit de faire entendre surtout que le risque traumatique, l’évolution-confirmation dans la sémiolo- gie du complexe traumatique, n’est pas tant lié à l’abus précoce du sensuel adulte sur le tendre infantile mais que, plus fréquemment, il va se constituer via des inter- actions précoces où le tendre, en entendant par là ce contenant narcissique d’une jubilation mutuelle, ne se trouve pas assez confirmé – avant tout parce que l’adulte ne peut s’y autoriser, lui-même soumis à son complexe traumatique (nous ne développons pas ici le contrat féti- chique des parents qui permet l’entretien renforcé du complexe).

Dans l’édification, la reprise intergénérationnelle du complexe traumatique, le défaut de tendre autant que le défaut de transmission de ce tendre iraient en ampli- fiant la sclérose de ce contenant, base continue de la subjectivation et du jeu de l’individu. Par-là serait en carence ce qui doit contenir le sensuel, lequel ne tardera pas à faire vivre au sujet les risques d’une excitation sans canalisation c’est-à-dire d’un déborde- ment qui ne saura atteindre de but. Le destin de cette excitation est d’abord de rester à l’intérieur de soi, saisissant les limites du corps propre ou, plus réguliè- rement et rapidement, d’être renvoyé au plus profond par le bouchon du faux-self, ce consensuel qui, pour un temps le plus souvent (jusqu’à l’exacerbation des charges d’excitation à la puberté), dévie effectivement le sensuel bien au-dessous de la ratification narcis- sique d’idéaux familiaux (du moins ce que l’enfant s’en représente). Le risque reste celui de la confu- sion de langue, en entendant par là le débordement toujours aux aguets du sens familier par une excita- tion ressentie énigmatique qui ne cesse d’imposer la nécessité de défense en couvercle : faux-self donc, col- lage à des idéaux fétichisés, recherche toujours d’une contenance dont l’attente est moins celle d’une struc- turation subjectivée de la pulsion que celle d’une mutilation renouvelée de cette part de soi. La cli- nique du Rien peut s’imposer à l’adolescence, ainsi l’ascétisme et l’anorexie, l’adhésion à de nouveaux idéaux prenant en charge la part destructive du sujet (idéologies, sectes. . .). Le terrorisme, qui donne pour issue à la projection de la terreur d’être l’ensemble d’une société, est une destinée possible du complexe traumatique : évoquant une transmission transgénéra- tionnelle du faux-self, nous devrions bien étudier ces phénomènes comme conséquences de problématiques d’intégration, à la condition de penser l’intégration dans son sens somato-psychique autant que dans l’ensemble des chaînes d’une histoire familiale où une génération aura dû assumer la migration qui suscite toujours la stimulation du faux-self. Cette clinique du Rien motive aussi l’apparente traumatophilie qui, souvent, exprime une sorte d’erreur sur le contenant et, toujours, une dynamique de mise au négatif de plus en plus négative de l’individu.

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Le toxique est toujours déjà là

Résultat de la liaison naturelle de la séduction à la représentation originaire, confirmé également par l’expression des difficultés représentatives parentales autant que par diverses données de la réalité familiale, le complexe traumatique est enferré sur une rétroversion de l’équation symbolique «enfant » égale «cadeau » [16]. Conséquence du climat d’ambiguïté lié au contrat bien souvent fétichique qui unit les parents, également du besoin narcissique ontologique de l’enfant, l’équation est en fait paradoxale : l’enfant est un cadeau (ultime, seule issue par exemple pour réparer ses parents) et,en même temps, l’enfant est un déchet, un toxique confir- mant par exemple le mortifère de la relation entre ses parents. Ce paradoxe est la colonne du complexe trau- matique, il n’est pas, pas du tout, paradoxe dans un sens transitionnel c’est-à-dire propice à la stimulation psychique dans le plaisir du jeu autour d’une énigme, il est paradoxe au sens systémicien, participant puis- samment à la sidération, d’allure toxique même, des capacités représentatives. Ce paradoxe, dans la course du complexe traumatique, nous en observerons surtout les résurgences d’une source le plus souvent sans vrai début déterminable et, même, nous en constaterons plus régulièrement encore l’«empiègement»2des capacités représentatives, fortifié par diverses digues défensives se renforc¸ant les unes aux autres pour rigidifier, cica- triser au plus raide (mais au plus fragile), le cadre des fantasmes originaires qui s’y engluent.

Ainsi l’intranquillité du sujet est remarquable et pré- coce, toujours à fleur de peau – ce lieu du tendre qui n’a pas suffisamment eu lieu. Même au temps du confor- misme, au stade habituellement retrouvé de l’enfant sans histoire, celui-ci restait bien souvent vigile : la vigilance date d’avant le coup du traumatisme authen- tifié (alors qu’il paraît logique de penser que c’est le trauma allégué qui a suscité la mise en place de cette vigilance), c’est un indice d’installation du complexe traumatique. Cet éveil de l’enfant, à considérer aussi dans sa possible dimension d’hyperstimulation cogni- tive par le traumatique, est évidemment lié aux bruits de la scène primitive mais, tout également, à la crainte d’une rencontre par trop passive avec l’ensemble du monde interne. La terreur est aux aguets (possible ren- contre avec le monstre d’un intérieur insuffisamment cadré) et le sujet du complexe traumatique, en règle, a peur du rêve ou bien en arrive à faire des rêves faux-self eux-aussi (matériel onirique répétitif sans décalage avec l’opératoire diurne).

Si, après la puberté généralement, le sujet du complexe traumatique peut étonner par son impru-

2Pour citer l’originaire de Pantagruel, Rabelais décrivant le paradoxe du parent qui ne sait s’il doit se réjouir ou pleurer la naissance de son enfant qui a tué sa mère en couche (on sait que Pantagruel développe, sur cette équation originaire, des défenses de taille).

dence, celle-ci est de dynamique elle-même complexe, constituant largement l’écho d’une faille des premiers contenants (l’enfant pas bien contenu, c’est-à-dire pro- tégé, ne sait pas comment se protéger), également la conséquence de laterreur d’êtrequi réside au fond de lui. Celle-ci est un au-delà de l’angoisse, ou plutôt un en- dec¸à qui ne peut jouer son rôle de signal préservateur.

La prudence existe de pouvoir écouter sa peur, la ter- reur n’est pas appréhendable de la même manière : elle suscite une méconnaissance totale du danger lorsque le sujet ne sait se détacher du bruit de fond blanc de la terreur d’exister ; elle peut aussi l’entraîner dans des actes apparemment contra-phobiques dont l’attente est conjuratoire (valence fétichique de la relation objectale) ; elle peut aussi le sidérer, le patient limite développant des conduites de claustration de plus en plus drastiques.

Ces différents comportements s’associent variablement mais, à propos de la préservation de soi par claustration, la très mal dénommée«phobie scolaire»est une pos- sibilité fréquente qui, souvent, voile et dévoile la terreur d’être confronté au propre monde interneviatout travail sur la pensée.

La rétroversion de l’équation symbolique, enfant égale toxique, et la disqualification des constructions ori- ginaires et transitionnelles ne cessent effectivement de renforcer un risque que nous nous autorisons à qualifier de psychotoxique. Cette caractérisation toxique appa- raissant notamment plus juste pour définir l’origine des dites phobies du penser, dont la phobie scolaire, tant l’aménagement des conflits ne peut se faire ici dans la direction d’un quelconque compromis névrotique. Il arrive aussi que le psychotoxique suscite chez le sujet, par un apparent paradoxe (que lui reste-t-il à aménager sinon des paradoxes durs ?), le recours à un toxique qui prend pour charge de«vitrifier»le monde interne. Là aussi l’histoire est plus longue qu’elle n’apparaît habi- tuellement tant l’organisation du complexe traumatique suscite, comme deux voies parallèles, un risque psy- chosomatique autant qu’un risque psychotoxique tôt éprouvé à l’intérieur de la possibilité des mouvements psychiques.

Pour grandir, développer souplement le moi, l’ébran- lement du sens est nécessaire, doit être caressée la sensation traumatique (par exemple, l’angoisse de l’étranger), ceci de même que l’étrangeté, ce percept qui, d’unir par surprise le dehors et le dedans est res- sort de la transitionnalité, apparaît devoir être tolérée bien que, toujours, possiblement inquiétante. Cepen- dant, cette expérience d’étrangeté sera intolérable ici, davantage qu’inquiétante encore, terrorisante ettrauma- tique déjàdans la mesure où elle confronte le sujet à un élément qui ébranle le sens familier tôt construit, pré- maturément achevé et ratifié par le contenant familial (ce sujet ne joue pas, ou si peu, le ludique est psychotoxique pour lui car il en craint ces expériences).

Ceci rend compte aussi de la lutte en contre l’affect exprimée par la narrativité opératoire ou alexithymique.

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L’affect est bien l’élémentaire forme corps-pensée reflé- tant d’abord l’autre en soi, à la fois le corps (toujours un irréductible étranger à la pensée) et l’objet-jeu pri- maire écho des premières traductions des éprouvés somatiques du sujet, il ranime par là la corporéité de l’inclusion mère-infans et son risque d’étrangeté, donc la possibilité d’un intolérable sollicitant les défenses les plus strictes. Cependant, s’il peut y avoir une carence dans le montage de la pulsion, il ne saurait s’en trouver dans l’excitation somatique qui l’anime irrésistible- ment en son fond, cette excitation suscitant l’apparente compulsion de répétition, avant tout l’entretien et la répétition des défenses mutilantes, et l’expressivité régulière d’un mal-être au niveau du corporel pour le sujet limite.

Traumatophilie comme recherche de contenance

La subjectivation se construit aux limites sur les- quelles s’échoue l’individu dit limite, nous soulignons par-là que le traumatisme fait partie de la vie et qu’il est même nécessaire à une suffisamment riche construction psychique (modèle de l’angoisse de l’étranger, proto- type de la première projection phobique). Nous pouvons nous en rappeler la possibilité d’un traumatisme qui ne soit donc pas que du fort négatif, de l’écrasement du sujet, ainsi que le propose Jean Guillaumin d’une appétence«normale»vers celui-ci à l’adolescence pour constituer/reconstituer le moi, rétablir ses frontières [17].

Mais ce besoin, pour ne pas répéter un tour désubjec- tivant, doit être déjà établi sur certaines limites, celles qui font souci au complexe traumatique. Dans ce cas, le trauma estbête(asymbolique) comme le symptôme psy- chosomatique, il réitère une aliénation du sujet, ce qui ne veut pas dire que celui-ci n’espérait pas un tout autre tour de cette nouvelle rencontre puisque nous constatons le plus souvent une forme d’espoir dans ce qui aura dirigé vers le traumatisme, cet espoir rendant compte aussi de la dynamique en récidive.

Ceci rejoint ce qu’a pu avancer Claude Janin lorsqu’il théorise la recherche du traumatisme comme partici- pant moins d’une liaison d’expériences, type bobine, que comme moyen entraperc¸u de retrouver des limites sur un vécu premier d’effraction :

«Il s’agit pour le sujet, au moyen d’un traumatisme, de tenter de reconstituer l’enveloppe effractée : ainsi, dans une situation habituelle, qui nous paraît en même temps psychiquement incroyable, une réaction banale est de dire à l’interlocuteur :“pince-moi, je rêve” [. . .]

[. . .] il s’agirait alors de provoquer une excitation

traumatique de la barrière de contact susceptible de mobiliser les contre-investissements, de refermer ainsi la béance qui fait communiquer l’intérieur et l’extérieur, et de reconstituer, sous couvert de ce traumatisme demandé à l’autre, une enveloppe psychique : la visée

poursuivie par la recherche du traumatisme serait ainsi anti-traumatique.»[18].

«Pince-moi». . .mais le sujet du complexe trauma- tique ne rêve pas, ou si peu, à la limite il solliciterait effectivement d’être pincé pour enfin rêver. Nous retrou- vons le risque psychotoxique avec, en particuliers, l’intolérance à l’étrangeté : le trauma pourrait être cherché, en excitation de la barrière de contact, pour contrecarrer l’expérience d’étrangeté et retrouver de la contenance.«Pince-moi», l’expression aide aussi à nous représenter la nécessité d’une sollicitation vers l’autre dans une modalité certaine d’excitation. Ceci se rap- proche de la«recherche de sensations»fréquente : une certaine désinhibition sociale, l’utilisation de toxiques, des activités sexuelles à risques. . .

De l’attirance vers l’illégal et, conséquente, la pos- sibilité de se faire pincer, nous introduisons aussi un lien d’évidence avec la tendance antisociale définie par D.W. Winnicott («le patient oblige quelqu’un, par des pulsions inconscientes, à le prendre en main»[19]). Est- elle toutefois bien nommée cette tendance, tant le social y est justement sollicité pour qu’il agisse, se remette en place, regarde, à la fois réponde par cette attention et, bien sûr, encadre l’impulsion des limites nécessaires ? Il faudrait poser que la tendance antisociale peut être considérée comme un espoir encore, une tendanceanté- sociale : quelque chose qui bouscule pour rediriger le lien vers soi, le réanimer (et qui, à force de déceptions, peut virer vers l’anti :l’effacement du lien à l’objet, le négatif forcené, ce que nous préférons appelerpulsion de videplutôt que pulsion de mort).

La contrainte«pince-moi»peut évidemment se pas- ser de la sollicitation antésociale à l’autre, en témoigner même son apparent affranchissement : c’est aussi le registre des automutilations que nous retrouvons, alté- rations effectives de la barrière de contact régulièrement entretenues par les fonctionnements limites.

Conclusion

Il sera d’autant plus important,psychiquement vital, de faire«travailler»ici les bourgeonnements représen- tatifs (à quoi le sujet pensait ?) que les comportements mentionnés (usages de toxiques, mutilations, troubles du comportement alimentaire, sexualité compulsive), s’ils témoignent d’une recherche de contenance, pos- sèdent tous une velléité addictive dont la logique à plus ou moins moyen terme est celle d’un très serré masochisme de vide, la vitrification progressive du monde fantasmatique dans l’envahissement biologique de celui-ci. C’est le ravalement ou l’engluement confirmé du sentiment au niveau du plus organique, la déméta- phorisation, l’inaccessibilité sous la coupe d’une terreur d’être et d’étrangeté à la métaphore entraînant abus au lieu de séduction, coupure au lieu de castration.

(7)

Si nous avons voulu indiquer ici que le traumatisme psychique constituerait l’épine dorsale et irritative des troubles limites, une cicatrice déjà là, intérieure, précé- dant le coup du trauma souvent retrouvé avec ambiguïté à l’adolescence, cette hypothèse ducomplexe trauma- tiquefournit surtout des axes de travail renouvelés avec les patients et leur famille. Elle valorise la nécessité d’un contenant thérapeutique institutionnel et, pour retisser tendre et transitionnel au niveau des premiers emboî- tements représentatifs, pointe l’intérêt de la médiation corporelle. Ces directions sont en germe dans le contenu de cet article qui ne pouvait, par son format, les envisa- ger plus complètement.

Liens d’intérêts les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article.

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