INFLUENCE DU RÉGIME MATERNEL SUR LA CROISSANCE DU JEUNE POUSSIN.
EFFETS D’UNE DÉFICIENCE EN ACIDE LINOLÉIQUE
B. LECLERCQ, J.-C.
BLUM P. DELPECHM.-Rose SALICHON Annette DUJON Station de Recherches
avicoles,
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Lorsque
lapoule reçoit, depuis
sa naissance, unrégime
déficient en acidelinoléique,
lepoids
del’oeuf et du nouveau-né sont
également
diminués d’environ 10p. 100. L’éclosivité est faible, le déve-loppement post-natal
est considérablementretardé ;
un apport de 1,1p. 100d’acidelinoléique
dansle
régime
dupoussin
ne permet pas de rétablir une croissance normale : à 28jours,
lepoids
des ani-maux est inférieur de 22p. 100à celui des témoins alimentés avec le même
régime,
mais provenant de mèresqui reçoivent
unequantité
convenable d’acidelinoléique.
A l’inverse,lorsqu’on
distribueun
régime
déficient à despoussins
nés d’une mère alimentéenormalement,
la croissance est àpeine
ralentie. Dans les limites de notre étude
( 2 8 jours d’expérience),
ledéveloppement pondéral dépend
donc
davantage
durégime
de la mère que de celui dupoussin.
Lors de déficience en acide
linoléique,
larésorption
du sac vitellin est ralentiependant
la vieembryonnaire ;
au cours de la viepost-natale,
elledépend
de la richesse durégime
en acides gras essentiels. Laséparation
des constituantscorporels
etl’analyse chimique globale
montrent que la croissance reste harmonieusequels
que soient lesrégimes
de la mère et dupoussin.
Lesproportions
de
protéines
et de cendres dosées dans ladépouille
nedépendent
que del’âge
de l’animal. Par contre,l’aptitude
àl’engraissement paraît
liée à la richesse durégime
maternel en acidelinoléique. Quelle
que soit leur
alimentation,
les animaux nés d’une mère recevant unrégime
déficient en acides grasessentiels demeurent
plus maigres
que les témoinspendant
les 28jours d’expérience.
Au moment de
l’éclosion,
lacomposition
en acides gras de tous les tissus est étroitement liée à celle durégime
maternel. Dans le foie et la carcasse, le renouvellement estrapide ;
àl’âge
de 14jours,
la
proportion
des divers acides gras est sous la seuledépendance
de l’alimentingéré
par lepoussin.
En revanche, les
lipides
du cerveau demeurentbeaucoup plus longtemps
«marqués
n par la compo- sition durégime
maternel ; àl’âge
de 28jours,
cet effet est encore très accentué.INTRODUCTION
On sait
depuis longtemps
que la nature des acides gras durégime
de la Poule estsusceptible
de modifierprofondément
celle de l’oeuf. Des travauxplus
récents ontmontré
qu’à
leur tour, ces modifications ont un effet sur lacomposition
deslipides
tissulaires du Poussin au moment de l’éclosion
(I SAAKS
etal., ig6q. ; LE CL E RCQ , ig66 ;
D ONAI , DSON
, zg6 7 ). Lorsque
lerégime
maternel contient unequantité
insuffisante d’acidelinoléique,
lesgraisses
du nouveau-né sont pauvres en cet acide gras essentiel(ME N
GE
etal., ig6q.).
Dèslors,
onpeut
se demander si cette déficience influence la viepost-natale
etquel
sera leplus important
durégime
de la mère ou durégime
dupoussin.
Dans une courte note, HOPKINS et NESHEIM
( 19 62) apportent
uneréponse
par- tielle à cettequestion.
Lespoussins
nés d’une mère carencée en acidelinoléique
croissent
plus
lentement que les animauxtémoins ;
une addition d’huile desoja
aurégime
dupoussin permet
depallier
ce défaut.Cependant,
les auteursn’indiquent
pas la
composition
exacte de leursrégimes
et ils necomparent
pas l’effet d’une défi- cience suivantqu’elle
survient avant(régime maternel)
ouaprès
la naissance(régime
du
poussin).
Il nous a paru utile dereprendre
cette étude en cherchant àpréciser
l’effet sur la croissance
post-natale
etl’importance
relative desrégimes
de la mère et dupoussin.
En outre, pour essayer decomprendre
comment intervient la déficienceen acide
linoléique,
nous avons effectué diversesanalyses portant
sur lacomposition corporelle
et larépartition
des acides gras dans les tissus du Poussin entre o et 28jours.
MATERIEL
ETMÉTHODES
a) Animaux et
régimes
Depuis
leur naissancejusqu’à l’âge
de 18 semaines, 50poulettes
d’une souche Cornishreçoivent
un
régime
contenant moins de 0,05p. 100d’acidelinoélique.
Elles sont alorsréparties
en 4lots de12
poules
selon la teneur durégime
en acidelinoléique ajouté :
o, 1, 2ou 5 p. 100. Lacomposition
exacte de ces
régimes
estindiquée
dans le tableau i.Lorsque
lapériode
de ponte est assez avancée pour que lepoids
des oeufsdépasse
50grammes dans tous les lots, on inséminechaque poule
2fois par semaine avec unmélange
de spermes de coqs de la même souche Cornish. Les oeufspondus
au cours d’une même semaine sontplacés
dans unincubateur et isolés dans des cases individuelles au moment de l’éclosion. Les
poussins
ainsi identifiés sont élevés par groupe de 3dans des batteries decages chauffées électriquement.
On leur distribuead libitum l’un des deux
régimes
dont lacomposition
estindiquée
dans le tableau 2.L’aliment normal et l’aliment
lipidoprive
ne diffèrent que par leurs teneurs en huile de maïs, cellulose et cérélose. Ils restentisoénergétiques
mais renferment unequantité
différente d’acide lino-léique :
0,1 ou r,i p. roo ; ils sont, parailleurs, complets
etéquilibrés.
En tenant compte de leur
origine,
les animaux sontrépartis
en 8 lots : 4régimes
mater-nels X 2
régimes
de croissance. On effectue 6 séries d’incubation d’oeufspondus
au cours d’unesemaine.
Malheureusement,
par suite d’un accidentd’élevage,
5 séries seulement pourront êtreprises
en considération. En outre, l’éclosivité étant
médiocre,
on nedisposera
pourl’expérience
que de23
6 poussins répartis
dans les 8 lots de la manière suivante : 1Les animaux du lot 4N élevés dans de bonnes conditions et provenant des mères recevant le meilleur
rédime
seront considérés comme témoins de référence.Des animaux de
chaque
lot provenant de différentes séries sont sacrifiés au moment de l’éclosion(série
2),à l’âge
de 2jours (série 5 ), 4 jours (série 5), 7 jours (séries
r, 3 et4 ), r 4 jours (séries
r, 3 et4 ),
2
r
jours (séries
i et4 )
et 28jours (série 3 ).
Après
le sacrifice, onsépare
et onpèse
le cerveau, le foie, la peau et lesplumes,
le sac vitellinet le reste de la carcasse.
b)
Méthodesanalytiques Composition chimique globale.
On détermine la
composition chimique globale
de ladépouille (carcasse
+ peau etplume) :
matières
sèches, protéines, lipides,
cendres, dans le seul cas des animaux appartenant aux lotsrC, rN, 4
C et 4 N.
L’azote est dosé par la méthode
Kjehldal
et leslipides
totaux de la carcasse par la méthode de DELPECHet al.
( 19 66).
Les
lipides
du cerveau et du foie sont extraits par lemélange
chloroforme-méthanol-eau( 2 - 1 - 1 ).
Composition
en acides gras deslipides de différents
tissus.Les esters
méthyliques
obtenus partransméthylation
sontanalysés
enchromatographie
gaz-liquide
sur DEGS à17 6 0 C. L’appareil (Proffit, France)
est muni d’un détecteur à ionisation de flamme.RÉSULTATS
a) Effet
durégime de la
Poule sur lepoids
del’oeuf
Dans le tableau 3, nous montrons l’influence du
régime
sur lepoids
des oeufsqui
ont donné naissance à despoussins après
incubation. Cette influence estappré- ciable ;
danschaque série,
l’oeufpèse
d’autantplus
lourd que lerégime
est riche enacide
linoléique.
La différence observée entre le lot(régime
sanslipides)
et le lot 4yo
p. 100d’huile demaïs)
est de 6 à 8 grammes ; elle est trèssignificative (P
<o,oi).
Il faut
également
remarquer que lesrégimes
déficients en acidelinoléique
freinentl’augmentation
dupoids
de l’oeufqui
survient normalement à cetteépoque. L’écart
entre les lots déficients et le lot 4
paraît
deplus
enplus
accusé.b)
Croissance despoussins
Le tableau 4 indique
à la fois lepoids
moyen dupoussin (P), l’écart-type (S)
et lenombre d’animaux
(N)
selon les lots à o, 7, 14, 21 et 28jours. Quelle
que soit leurorigine maternelle,
lespoussins qui reçoivent
unrégime
carencé en acidelinoléique
ont une croissance
plus
lente que leurscongénères
bénéficiant d’un alimentéquilibré.
Cependant,
cet effet n’estmarqué qu’à partir
de la3 e semaine ;
il concerne toutparti-
culièrement les animaux
provenant
de mères recevant elles-mêmes unrégime
déficienten acide
linoléique :
à 21jours,
lespoussins
du lot i C ont unpoids inférieur
de33 p. 100 à ceux du lot i N.
Pendant les 14
premiers jours
devie,
ledéveloppement pondéral dépend
surtoutdu
régime
maternel. Par lasuite, l’influence
de la mère reste trèsimportante
et ne tend quelentement
às’estomper.
Si l’on compare la croissance des animaux appar- tenant aux lots i N(régime
de la mèrecarencé, régime
dupoussin normal)
et 4 N(régimes
dela
mère et dupoussin normaux),
on constate que lepoids
despremiers
est
inférieur
à celui des seconds de z7,5 p. 100 au moment de lanaissance,
26 p. 100 à 7jours,
31 p. 100 à 14jours,
24 p. 100à 21jours
et 22 p. 100à 28jours.
Dans tousles cas, les différences sont très
significatives,
sauf pourl’âge
de 28jours qui
neconcerne que
trop
peu d’animaux.c)
Indice de consommationL’indice
de consommation(quantité
d’aliment consommé par unité degain
depoids) témoigne
dans une certaine mesure de l’efficacité alimentaire. Sa valeur a été calculée au cours de 2périodes :
o à 14jours
et 15 à 28jours. Les
résultats sontconsignés
dans le tableau 5.Pendant les r4
premiers jours
devie, l’indice
de consommation est voisin de 2 -, il diffère peu d’un lot àl’autre ;
sa valeurn’augmente
que trèslégèrement lorsque
lespoussins
sont issus de mères recevant unrégime
déficient en acidelinoléique.
Entrele
14 e
et le 2$ejour,
l’influence maternelle estnégligeable;
l’indice de consommationdépend
seulement de la nature de l’aliment distribué auxanimaux ;
il tendquelque
peu à
s’élever
lors d’unapport
insuffisant en acides gras essentiels.d)
Donnéesanalytiques
La
séparation
des constituantscorporels
et les différentesanalyses portant
sur lacomposition chimique
des tissus concernent seulement les animauxdes
lots lyC, iN)
et 4( 4 C, 4 N),
autrement dit lespoussins
dont lerégime
maternel était soittrès
déficient,
soit très riche en acidelinoléique.
Dans le tableau6,
nousindiquons
lenombre d’animaux intéressés par ces
analyses
effectuées chezchaque
individu sacrifiéau cours de la croissance.
Nous
interpréterons
les résultats obtenus en tenantcompte
du nombre d’ani-maux
analysés
àchaque
stade de la croissance.a)
Constituantscorporels.
Nous ne mentionnerons ni le
poids
dufoie,
ni lepoids
de la carcasse, ni celui de la peau et desplumes,
car leursproportions
relatives sontindépendantes
desrégimes
distribués à la mère et au
poussin.
Elles varient seulement en fonction del’âge
del’animal. Les données montrant comment évolue le
poids
du sac vitellinaprès
l’éclo-sion,
retiendrontdavantage
notreattention ;
elles fontl’objet
du tableau 7.Au moment de
l’éclosion,
lepoids
du sac vitellin estplus
élevé chez lespoussins
issus d’une mère carencée en acide
linoléique. Compte
tenu de la taille réduite de cesnouveau-nés,
le sac vitellinreprésente y ,5
p. ioo dupoids
du corps contre i3,4 p. 100 chez les animauxtémoins,
la différence étantsignificative.
Larésorption
des réserves vitellines déficientes en acidelinoléique
est donc ralentie au cours del’embryogenèse ;
elle l’est
également
etdavantage
encoreaprès
la naissancelorsque
l’animaldispose
d’un
régime
riche en acidelinoléique :
cas du lot iN dont le sac vitellinreprésente
22p. ioo du
poids
du corps 2jours après
la naissance. Par contre, chez lespoussins
nés d’une
mère
recevant unrégime normal,
la distribution d’unrégime
carencé nemodifie en rien la
cinétique
suivantlaquelle
le sac vitellin est résorbé au cours de lavie
post-natale.
P) Composition chimique globale
de ladépouille (carcasse +
peau etplumes).
Nous avons dosé les matières
sèches,
lesprotéines (N
X6, 25 ),
leslipides
et les cendres.Les résultats sont mentionnés dans le tableau 8 sous forme de teneurs moyennes
expri-
mées en grammes par 100grammes de
poids
frais.La composition chimique globale dépend
del’âge
des animaux. La teneur enmatière sèche
augmente progressivement
entre le Ier et le 28ejour. Cette déshydra-
tation des tissus a pour effet
de
concentrer tous lescomposants
de ladépouille. Mais,
alors quela proportion
deprotéines s’élève parallèlement
à celle des matièressèches,
la teneur en cendres s’accroît trèsrapidement
pouratteindre
unevaleur
immuable de 3p. 100après
leiq e jour.
Ces modifications ne sont liéesni
àl’origine
despoussins,
ni au
régime qu’ils reçoivent.
En excluant lesmatières
grasses, on constate, à lasuite de l’un de nous
(D!!,P!cH, i 9 66),
que lacomposition corporelle dépend très
peudes conditions de vie de l’animal.
A l’inverse des 3
composants
que nous venonsd’évoquer,
leslipides subissent
des variations d’ordre
quantitatif qui
ne sont pasuniquement
associées àl’âge
dupoussin.
Dans tous les cas, laproportion
degraisse
tendquelque
peu à diminuerpendant
les 2 à 5premiers jours
de vie pouraugmenter
par lasuite ;
mais il existe des différences entre lotsqui
sont nettementplus
accusées.Le
tableau 8 montrequ’à
un
âge donné,
les teneurs moyennes sonttoujours plus
basses dans les lots i(iN
etiC)
que
dans
les lots 4( 4 N
et4 C). !tant donné
le faible nombre d’animauxanalysés (cf.
tabl.6)
etl’importance
desfluctuations individuelles qui
estde règle pour les lipides,
on a
groupé
les animaux des lots i et 4 pouranalyser
les résultatsstatistiquement.
y) Composition
en acides gras de divers tissus.Nous mentionnons seulement les résultats
permettant d’apprécier
l’état dedéficience des animaux en acides gras
essentiels,
autrementdit,
les teneurs enacides linoléique, arachidonique
eteïcosatriénoïque. Les
autres acides gras sontrépartis
dans les molécules
lipidiques
suivant lesproportions
habituelles et leurs variations n’ont rien deremarquable.
La
figure
i montre comment évolue la teneur du foie en acides graspolyinsaturés
au cours
des
28jours d’expérience.
L’effet du régime
maternel est manifeste au moment de la naissance.Après
14
jours
devie, il
est àpeu près nul ;
lacomposition
du foie en acides grasparaît
alorsétroitement liée
à cellede l’aliment distribué
aupoussin.
Témoin de la déficience enacides gras
essentiels,
l’acideeïcosatriénoïque disparaît
très tôtchez
les animauxprovenant
de mèrescarencées,
mais recevant unrégime
normal(lot rN).
D’unefaçon plus générale, après l’âge
de 14jours,
ondistingue
seulementdeux
groupes d’ani-maux : ceux
qui ingèrent
de l’acidelinoléique (lots
IN et4 N)
et ceuxqui
en sontprivés (lots
IC et4 C).
’
L’analyse
destriglycérides
de réserve confirme cepoint
de vue ; elle faitl’objet
de la
figure
2.La
teneur en acidelinoléique,
seul acide graspolyinsaturé présent
dansle tissu
adipeux
enquantité notable, dépend uniquement
del’apport
alimentairelorsque
lepoussin
estâgé
deplus
de 14jours.
Les résultats concernant le cerveau sont
rapportés
dans lafigure
3. Le compor- tement du tissu nerveuxs’oppose
manifestement à celui du foie et destriglycérides.
de réserve.
L’influence maternelle
demeuremarquée jusqu’au
28ejour d’expérience.
Chez
les animauxnés
d’une mèrecarencée,
la distribution d’unrégime
normal(lot I N)
ne fait pasdisparaître
l’acideeïcosatriénoïque, alors
que dans lefoie,
cet acide gras est presque entièrementrésorbé
4jours après
lanaissance.
Dansle
cas de l’acidearachidonique,
l’influence del’apport
alimentaire ne devientprépondérant
qu’à
la fin del’expérience.
DISCUSSION
L’importance
deslipides
dans l’alimentation de la Poulepondeuse
a été souli-gnée
par de nombreux auteurs(JE NSEN
etS HU T Z E, ig6 3 ; CA LV E R T, ig65).
Onsait,
en
particulier, qu’il
faut 2,5p. ioo d’acidelir.oléique
dans lerégime
pour que lepoids
de l’oeuf
atteigne
une valeur maximum. Nos résultats confirment cetteobservation ;
en cas de déficience
(lot i),
la taille de l’oeuf est réduite de 10p. 100.Par
ailleurs,
divers travaux ont montré que l’intensité de croissanceaugmentait
en même
temps
que lepoids
de l’oeuf(U pp , ig28 ;
GooDmNig6i).
Notre essai étant réalisé à uneépoque
où lepoids
de l’oeuf ne cesse des’accroître,
nous avons pu recher- cher son influence sur ledéveloppement
du Poussin. Cette influenceparaît
très faible :chez les animaux témoins
(lot 4 N),
il n’existe aucune corrélation entre lepoids
del’oeuf et celui du
poussin
àl’âge
de 7jours.
Parconséquent,
la lenteur de l’accroisse- mentpondéral
chez lespoussins
nés de mères carencées ne doit pas êtreuniquement
attribuée à la taille réduite de l’oeuf. En
fait,
ledéveloppement embryonnaire paraît
lui-même
ralenti ;
en l’absence d’acidelinoléique,
les réserves vitellines sont diffici- lementrésorbées ;
elles restent abondantes au moment de la naissance etdisparaissent
très lentement
lorsque
le Poussindispose,
dans sonrégime,
d’acides gras essentiels(lot IN).
Si le
régime
maternelprolonge
son effetpendant
toute la durée del’expérience,
on
peut, cependant, distinguer
deuxpériodes.
Pendant lapremière ( 14 premiers jours),
l’influence maternelle estprédominante ;
l’indice de consommation est voisin dans tous les lots et l’intensité de croissance diffère peu selon que l’animalreçoit
ounon un
régime
carencé.Après
le14 e jour,
ledéveloppement pondéral dépend
davan-tage
de l’alimentingéré ;
l’indice de consommationaugmente
chez lespoussins
nerecevant pas
d’acides gras essentiels et, en cequi
concerne lepoids
desanimaux,
si l’écart entre les lots iN et4 N
consommant lerégime
normal resteélevé,
il tendquelque
peu à se combler. Ledosage
des acides gras dans divers tissus confirme l’existence de ces deuxpériodes.
Il faut au Poussin 14jours
de vie pour effacer l’in- fluence durégime
maternel au niveau du foie et du tissuadipeux ;
tandis que le renou- vellement des acides gras du cerveauexige
unlaps
detemps supérieur
à toute la duréede
l’expérience. Ainsi,
chez le Poussinâgé
deplus
de 14jours,
seuls certains consti- tuantscorporels (ou cellulaires)
conservent des acides grasdéposés
dans l’oeuf au cours del’ovogenèse.
Il est difficile d’édifier deshypothèses
sur la nature de ces cons-tituants ;
mais étant donné ce que l’on sait de la structure et du rôle desmembranes,
on
peut
supposer que leur influence s’exerce au niveau deséchanges
cellulairesqui
contrôlent l’utilisation des nutriments et,
partant,
l’intensité de croissance.Ce mode d’intervention des acides gras essentiels rend
compte
de nos observa- tions montrant que la croissance reste harmonieuse. Chez les animauxcarencés,
laproportion
des divers constituantscorporels
n’est pasmodifiée ;
iln’y
a pas de stéatosehépatique,
cequi
va à l’encontre des résultats obtenus par HOPKINS( 19 6 4 )
chez desanimaux
plus âgés. Dépendant
surtout del’âge
des animaux(D ELPECH , 19 66)
lesproportions respectives d’eau, protéines
et cendres ne sont pas modifiées par la défi- cience en acidelinoléique, qu’elle
intervienne avant(régime maternel)
ouaprès
l’éclo-sion
(régime
dupoussin).
Aucontraire, l’aptitude
àl’engraissement qui
varie selon.les
individus,
sembleprofondément
altéréelorsque
les animaux sont issus de mères.carencées en acides gras essentiels. Force est d’admettre que certains processus bio-
chimiques responsables
de la formation du tissuadipeux
sont mis enplace
au coursde
l’embryogenèse
et subsistentlongtemps après
la naissance. Seull’usage
d’éléTments
marqués pourrait indiquer
comment intervient la déficience durégime
mater-nel : diminution de la vitesse de
synthèse
ou bien utilisation accrue desdépôts lipi- diques.
Cette dernièrehypothèse pourrait
trouver unappui
dans les essais effectués in vitro sur du tissuadipeux
de rat par B!RGSTR!nz et CARLSON(ig65).
Selon cesauteurs,
la déficience en acides gras essentiels accélère la mobilisation deslipides ;
il est
possible
que cette actionprovienne
d’un défaut de formation desprostaglan-
dines
qui
sont, on lesait, synthétisées
àpartir
des acides graspolyinsaturés.
CONCLUSION
Antérieurement à cet
essai, quelques
travaux ont montréqu’une
déficience durégime
maternel en acidelinoléique
étaitsusceptible
de ralentir la croissance dupoussin.
Mais onpouvait
supposer que cet effet étaitanalogue
à celui d’une carence survenant au cours de la viepost-natale.
Nos résultats montrent que la déficience durégime
maternel intervient suivant des modalités distinctes : influence très mar-quée
sur ledéveloppement pondéral
dupoussin,
diminution del’aptitude
àl’engrais-
sement.
Cependant,
nous tenons àsouligner
que ces conclusions ne concernent que des animaux trèsjeunes ingérant
desquantités
d’acidelinoléique
habituellementsuffisantes,
mais nonpléthoriques.
Dans d’autres conditionsexpérimentales,
l’effetmaternel pourra être nul ou peu
apparent (H OPKINS , ig6 4 ).
On doit supposer, selon toutevraisemblance,
que la vie de l’animal n’est pas définitivementperturbée
par lerégime
maternel. Nos observations révèlent seulement que les conditionsqui président
au
développement
del’embryon
ont un rôleparticulièrement important
sur le devenirultérieur de l’animal. C’est donc là un des
aspects
de l’influence dujeune âge
sur lavie future. Plus une déficience alimentaire intervient tôt dans la vie de
l’animal, plus
ses effets sur la croissance sont
prononcés (S INGSEN
etal., ig6q.).
Nos résultatssemblent bien confirmer ce
point
de vuepuisque
l’onparvient plus
facilement à modifier les processusqui règlent
la croissance encarençant
l’animal au cours de sa vieembryonnaire plutôt
quependant
sa viepost-natale.
Reçu pour
publication
enjanvier
1969.SUMMARY
INFLUENCE OF MATERNAI, DIET ON THE GROWTH OF YOUNG CHICKENS.
EFFECT OF DEFICIENCY OF LINOLEIC ACID
Forty-eight
Cornish hens were divided into 4groupsaccording
to the linoleic acid content of the diet : o, 1, 2or 5 per cent. The chick hatched from eggs laidby
these hens weregiven
a feed with0 . 1
or 1.1 per cent linoleic acid as maize oil.
They
were killed at ages between o and 28days.
Gainand
daily
intake of feed were recorded.Analyses
were made ofseparation
ofbody
constituents(liver,
brain,
skin and feathers,carcass...),
estimation ofprotein, lipids
and ash, extraction and estimation offatty
acids in liver, carcass and brain.When the hens had been
given
the feed deficient in linoleic acidweight
of the egg and of thenewly
hatched chick were both reduced. Growth afterhatching
was retarded; asupply
of 1.1per cent linoleic acid in the diet of the chick did not allowresumption
of normalgrowth during
the 28days
ofthe
experiment.
Nevertheless
growth
remained harmonious. Contents ofprotein
and ashdepended only
on theage of the chick. In contrast,
deposit
of fat was related to the content of the maternal diet in essentialfatty
acids ; whichever feed wasgiven
to thechickens,
those hatched fromdeprived
mothers wereleaner than those from control hens.
At
hatching
thefatty
acidcomposition
of all the tissues wasclosely
related to that of the mater- nal diet. However, in liver and carcass the formation wasrapid
and after r4days
of age thefatty
acidcomposition depended only
on the diet of the chick.Lipids
in brain, on the other hand, remained « marked!· by
the maternal diet for muchlonger
and at 28
days
of age this effect was still accentuated.Deficiency
of linoleic acid in the egg from the effect of maternal diet allows anexplanation
ofthe
slowing
ofgrowth
of the chick. The effects of thedeficiency
are the greater the earlierthey
areapplied
in the course ofdevelopment.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
B
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