MÉTHODE
DE MESURERADIOGRAPHIQUE
DE
L’ÉPAISSEUR
DESTISSUS
ADIPEUXSOUS-CUTANÉS,
CHEZ LE PORC.PAR
B. L. DUMONT
R. FÉVRIER
Station de Recherches
sur l’Elevage
C. N. R. Z., Jouy-en-Josas.INTRODUCTION
Le corps du porc est entouré par un tissu
adipeux qui représente,
selon McM!!xarr
(i), plus
de 20 p. 100 dupoids
vif etplus
des2 / 3
destissus gras totaux d’un porc de 100
kg.
Ce tissu
adipeux
sous-cutané estparticulièrement important
dansles
parties supérieures
desrégions
dorsales et lombaires.A ce
niveau,
il estprélevé
sur la carcasse, dans ladécoupe parisienne,
sous forme d’un morceau
appelé
bardière ou lard dorsal( 2 ).
I,’importance
de ce morceau et, parsuite,
la valeur commerciale de la carcasse, sont étroitement liées à sonépaisseur ( 3 - 4 -5-6).
D’autre
part,
au cours de la croissance du porc, les tissusadipeux présentent
l’allométrie laplus marquée (!).
Les variationsquantitatives
du tissu
adipeux permettent donc,
enpremière analyse,
de connaître l’évolution de lacomposition corporelle pendant
la croissance.La mesure de
l’épaisseur
du tissuadipeux
sous-cutané constitue unmoyen de connaître ces variations et, par
conséquent,
d’étudierquelques aspects
de la croissance du porc.L’utilisation de la
radiographie permet
d’obtenir cette mesure sur l’animal vivant, avecbeaucoup
deprécision.
Elle évite de recourir à la méthode desabattages
successifsqui
devient lourde et coûteuse dèsqu’elle porte
sur de gros animaux.( 1
) Ce travail a été réalisé avec la collaboration de jean RETTAGUAïl et Jean WEBER.
I. - PRINCIPES D’UTILISATION DE LA RADIOGRAPHIE POUR
L’ÉVALUATION
DESDÉPOTS
GRAISSEUX DE L’ORGANISMEGénéralités.
I,es trois
principaux
tissus du corpspossèdent
destransparences
dif- férentes aux rayons X. Le tissu osseux est leplus
opaque ; le tissu adi- peux, aucontraire,
est le moins opaque.L’opacité
du tissu musculaire et celle du tissuadipeux,
bien quevoisines, permettent cependant
depréci-
ser les limites de
séparation
de ces deuxtissus, lorsqu’ils
sont examinéssous la même
épaisseur (fig. i).
Dans les
régions superficielles
du corps,lorsque
ces deux tissus seprésentent
en couchessuperposées (le
tissuadipeux
étant leplus externe),
l’examen
radiographique,
sous des incidences deprofil, permet
de les dis-tinguer
etd’apprécier
leurépaisseur
relative.La mesure de
l’épaisseur
du tissuadipeux
sous-cutané par cette tech-nique
a été introduite par NYLIN, chezl’homme,
en 1929(8).
Depuis,
elle apermis,
par desprises
de clichés en différents endroitsdu
corps,d’apprécier d’adiposité
dessujets
et d’étudier certaines de sesprincipales
causes de variation. I,’ensemble des travaux sur cesujet
a étérécemment
passé
en revue par KEYS et BRozEK(g).
..Application
au pore.La couche de lard est
limitée,
dans leplan
médian du corps :-
supérieurement,
par laligne
médiane dudos,
-
inférieurement,
par uneligne
sensiblementtangente
aux bordssupérieurs
desapophyses épineuses
des vertèbres dorsales et lombaires.Elle est donc
comprise,
à ce niveau, entre deux milieuxd’absorption
très différents : l’air et l’os.
Elle
apparaît,
parsuite,
sur le clichéradiographique,
comme uneplage
de densité moyenne, encadrée par uneplage
externe très noire etune
plage
interne nettementplus
claire où se dessine l’ombreportée
desapophyses épineuses
des vertèbres.L’épaisseur
de cetteplage
de densité intermédiairereprésente l’épais-
seur de la couche de lard
(fig. z).
Différents auteurs ont
déj
à utilisé laradiographie
pourmesurer l’épais-
seur de lard chez le porc
( 10 - 11 - 12 ),
sans toutefoispréciser
les conditionspratiques d’utilisation ;
certainspoints importants,
notammentl’agran-
dissement de
l’image
de la couche delard,
semblent leur avoiréchappé.
Le travail que nous
rapportons
ici résumel’expérience pratique
quenous avons de cette
méthode,
introduite par nous dans notre Station en1952.
II. - TECHNIQUE.
1. - Matériel utilisé.
a)
Appareillage :I,es résultats que nous
rapportons
ici ont été obtenus avec unappareil- lage simple : appareil portatif,
dont lesprincipales caractéristiques
sontles suivantes :
-
caractéristiques électriques ;
Deux tensions
possibles
pour le tube : 72 KV et io mA(«
fortepéné-
tration
»)
et 57 KV et 10mA(« faible pénétration»).
- finesse de
l’image :
dimensions utiles du
foyer :
i,o X 1,0 mm.- filtre
permanent.
Les rayons, en
quittant
lefoyer,
doivent traverser la fenêtre de verredu tube à rayons X, une couche d’huile et le
capot
de la fenêtre enphilite.
L’ensemble
équivaut
à un filtre de moins de o,5 mm d’aluminium.- minuterie
électrique :
réglable
par dixième deseconde,
entre o et 10 secondes.Comme le laissent
prévoir
cescaractéristiques,
lespossibilités d’emploi
de
l’appareil
sont assez limitées. Iloffre,
par contre,l’avantage
d’être aisé- menttransportable
et, dans la gamme desappareillages
deradiographie,
d’être relativement peu onéreux.
b)
Matériel divers.Film Kodak
Regulix,
Ecrans
renforçateurs super-rapides,
Filtre o,5 mm
d’aluminium,
Cassette
porte-film, épaisseur
12 mm.II. - Mode
opératoire.
a)
Formation de l’image :Un faisceau de rayons X
(fig. 3 )
est centré sur larégion
à examiner(AB)
etimpressionne
un filmradiographique placé
dans une cassetteporte-
film
qui
estparallèle
auplan
médian du porc(A’B’C’D’).
I,’image
de la couche de lard se forme sur le film enA’B’,
entre l’extrémitésupérieure
desapophyses épineuses
et laligne supérieure
du dos.Un témoin
métallique,
delongueur
connue(CD), placé
dans leplan
médian du corps,
permet
de calculerl’agrandissement
subipar
lesimages radiographiques
desobjets placés
dans leplan
médian.x :
représente l’épaisseur
réelle de la couche delard,
1 : est la
longueur
du témoinmétallique,
x’ :
représente l’épaisseur
del’image
de la couche delard,
l’ : est lalongueur
del’image
du témoinmétallique.
Ona:
d’où:
b)
Position de l’animal :Les
prises
de clichéspeuvent
se faire sur animal debout ou sur ani- mal couché sur le côté.Il est très
important
desurveiller,
dans les deux cas, leparallélisme
Annales de Zootechnie. - r!;!
entre le
plan
médian du porc et la cassetteporte-film,
et deplacer
lerepère
exactement dans le
plan
médian. Pourcela, quand
l’animal estcouché,
nous
plaçons
le témoinmétallique
sur uneplanchette
àlaquelle
est fixéun niveau à bulle.
I,a
correspondance
des mesures faites dans les deuxpositions
est trèsbonne.
c)
Temps de pose.Les
temps
de pose utilisés sontconsignés
dans le tableau I. ,Dans les intervalles de
poids marqués,
ilss’appliquent
à des porcsd’épaisseur
moyenne. Il y aurait lieu de lesmajorer légèrement
pour des porcsplus épais
que la normale.III. -
RÉSULTATS
ET DISCUSSION.Après
avoir mis aupoint
cestechniques
d’obtention d’uneimage radiographique
nette, nous avons vouluéprouver
la validité des résultatsqu’elle permet
d’obtenir en lescomparant
à ceux quefournit,
au mêmeniveau,
la lecture sur la carcasse,après
fente de l’animal suivant sonplan
médian par une coupe
sagittale
de la colonne vertébrale.La mesure faite sur la carcasse
peut
êtreprise
comme mesure de réfé-rence. Il convient toutefois de la considérer avec une certaine
prudence.
Tout
d’abord,
pourprocéder
à la section du corps dans le sens lon-gitudinal,
celui-ci doit êtresuspendu
et l’effet de tractionqu’il
subit estsusceptible
de modifier ladisposition
de la couche de lard et, de la sorte,son
épaisseur.
De
plus,
ilpeut
arriver que cette section ne soit pasrigoureusement
effectuée dans le
plan médian,
et la lecture del’épaisseur
du lard s’en trouveaffectée.
Pour estimer la
précision
aveclaquelle
la mesure del’épaisseur
dulard
peut
êtreeffectuée,
nous avons déterminé cette dernière sur les deux moitiés du même animal. I,es résultats obtenus ont été les suivants(tableau II) .
La
comparaison
des mesuresprises
sur la carcasse et sur le clichéradiographique
nous a donné les résultats suivants(tableau III ).
Par
conséquent,
les erreurs quepeuvent
ddnner lesimages
du clichéradiographique
parrapport
à la lecture directe sur la carcasse,présentent
une distribution voisine de celle que donnent les lectures d’une moitié de la carcasse par
rapport
à l’autre moitié.Compte
tenu de laprécision
de-mandée et de
l’objectif poursuivi,
laprécision
obtenueparaît acceptable.
Causes d’erreurs. - Précautions à
prendre.
I,es causes de discordances entre la mesure sur la carcasse et l mesure sur le
cliché,
en dehors de cellesqui
concernent la lecture sur la carcasse, sont les suivantes :Mauvais contrôle du
parallélisme
entre lerapport d’agrandissement
et la cassette
porte-film.
Mauvaise
position
du témoin parrapport
auplan
médian du porc.Mauvaise
position
de l’animal.Erreurs de lecture sur la radio :
a)
del’épaisseur
de la couche delard, b)
de lalongueur
du témoin.Il est
indispensable
de faireapparaître
lesapophyses épineuses
desvertèbres pour fixer avec
précision
la limite inférieure de la couche de lard.Il arrive que, pour des porcs
plus épais
que la moyenne, lestemps
depose
indiqués
dans le tableau I ne suffisent pas. Il estdifhcile,
pour des gros porcs, dedépasser
letemps d’exposition indiqué,
en raison du floupossible
résultant de larespiration.
Dans ce cas, les conditions deprise
(i seconde,
72KV,
iomA)
nepermettent
pas d’obtenir sur le clichéles tissus osseux, La radio
présente
alors trois zonescaractéristiques :
une zone extérieure très
noire,
une zone
blanche,
une zone intermédiaire
grisâtre (fig. 4 ).
L’épaisseur
de cette zone intermédiaire nereprésente
pas nécessaire- ment, comme onpourrait
lecroire, l’épaisseur
du lard. Lafigure
5indique l’importance
de l’erreur commise aux différents endroits, entre les mesuresprises
sur le cliché et cellesprises
sur la carcasse, chez des porcs deioo
kg.
Ces différences
s’expliquent
de lafaçon
suivante : les conditions théo-riques
de la formation del’image représentée
dans lafigure
3ne sont pra-tiquement jamais réalisées,
et notamment le bordsupérieur
del’apophyse épineuse
des vertèbres est presquetoujours
en-dessous du niveausupérieur
des masses musculaires latérales. La
conséquence
de cette différence de niveau est que lapartie supérieure
des masses musculairesprojette
sur lecliché,
au-dessus desapophyses épineuses,
une ombreportée (fig. 6) qui
sesuperpose à l’ombre propre du lard et, par
suite,
en masque le bord infé- rieur. I,es différencesenregistrées
dans ce casdépendent,
d’unepart
de la différence du niveau entre les masses musculaires et lesapophyses épi-
neuses, et d’autre
part
ducentrage
du flux de rayons X.Ce rebondi des masses musculaires par
rapport
à la colonne verté- brale estparticulièrement important
dans larégion postérieure
du reinet celle du sacrum où était
prise
la troisième mesure « rein ». Ilexplique
les différences
importantes
entre les mesures radio et les mesures carcasse,et il interdit la
prise
de mesureradiographique
à ce niveau avec ce genred’appareil pour
des porcs d’unpoids supérieur
à 100kg.
A ce niveau,en
effet,
la couche de lard ne reposeplus
sur cesapophyses épineuses
desvertèbres, mais sur des masses musculaires.
La
qualité générale
des clichés obtenus est assezmauvaise, manquant
nettement de contraste. Ce fait résulte des
possibilités
très limitées del’appareil
en intensité(io mA), qui obligent
àutiliser,
pourcompenser
cette
insuffisance,
des films trèsrapides
et des écransrenforçateurs
ultra-rapides.
L’utilisation d’un
appareillage plus puissant (appareil
fixe à 2 ou qkenotrons) permettrait
sans douted’augmenter
suffisamment le contraste des clichés et, parsuite,
depermettre
des mesuresprécises
au niveau dusacrum.
L’augmentation
depuissance
autoriserait desprises
de clichés àgrande
distancefoyer-film,
cequi supprimerait,
en rendant les rayons Xpratiquement parallèles,
lesrapports d’agrandissement,
etsupprime-
rait par là les causes d’erreurs
possibles
introduites par son utilisa- tion.RÉSUMÉ
Une méthode de mesure
d’épaisseur
du lard in vivo a été mise aupoint.
Pàlle utilise unappareil portatif
de faiblepuissance
etpeut s’appli-
quer à des porcs de la naissance à 100
kg.
Elle estapplicable
à la mesurede la couche de lard dans la
région
dorsale et lombaire de l’animal. Elle donne des résultats concordant avec ceux fournisaprès abattage
des ani-maux.
Reçu Pour publication
le yoctobre195 6.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES (
I
)
Mc MEEKAN(C. P.).
-J. A g y ic.
5ct., 30,27 6,
1940.( 2
)
Production et commercialisation de la viande. C. R. IIIeJournées
d’EtudesF. E. Z. Sienne, 1953.