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Hi´erarchies de concat´enation Jean-´Eric Pin Current address (2008) : LIAFA, Universit´e Paris VII and CNRS, Case 7014, 75205 Paris Cedex 13, France

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Texte intégral

(1)

Hi´ erarchies de concat´ enation

Jean-´ Eric Pin

Current address (2008) : LIAFA, Universit´e Paris VII and CNRS, Case 7014, 75205 Paris Cedex 13, France

R´esum´e.On sait qu’il existe une correspondance bijective entre les vari´et´es de lan- gages reconnaissables et les vari´et´es de semigroupes finis. Dans cet article, je d´efinis des hi´erarchies de vari´et´es de langages bas´ees sur le produit de concat´enation et je donne une description purement alg´ebrique des hi´erarchies de semigroupe correspon- dantes. On retrouve ainsi comme cas particuliers diverses hi´erarchies d´ej`a connues.

La construction propos´ee repose sur le r´esultat suivant : tout langage reconnu par le produit de Sch¨utzenberger des mono¨ıdesM0, . . . , Mn est dans l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la formeLi0a1Li1· · ·arLir (06i0< i1 < . . . < ir6n) o`u lesaksont des lettres et lesLik des langages reconnus parMik (06k6r). Enfin je montre un r´esultat g´en´eral de d´ecidabilit´e qui permet de retrouver un r´esultat de th´eorie des semigroupes : ´etant donn´e un semigroupe fini S et un entier n, on peut d´ecider siS divise un produit en couronne dendemi-treillis.

Abstract.As well-known, there exists a one-to-one correspondence between varieties of recognizable languages and varieties of finite semigroups. New hierarchies of varie- ties of languages (based on the concatenation product) are defined and an algebraic description of the corresponding hierarchies of varieties of semigroups is given. Various well-known hierarchies are obtained as particular cases. The construction is based on the following result : if a languageL is recognized by the Sch¨utzenberger product of the monoidsM0, . . . ,Mn, thenLbelongs to the Boolean closure of the set of languages of the formLi0a1Li1· · ·arLir (06 i0 < i1 < . . . < ir 6 n) where theak are letters and the Lik are recognized byMik (06k6r). Decidability and inclusion problems are also discussed.

Introduction

Le produit de concatenation est, avec l’´etoile, l’op´eration la plus importante pour l’´etude des langages reconnaissables. En particulier, Brzozowski [1] a pro- pos´e une hi´erarchie des langages ap´eriodiques («star-free» en anglais) bas´ee sur le produit de concat´enation : le niveau 0 est constitu´e par les langages finis de A+ et le niveau n+ 1 est l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la formeL1· · ·Lk aveck>0, o`u chaque Li est un langage deA+ de niveau n.

Brzozowski et Knast [2] on d´emontr´e que cette hi´erarchie ´etait infinie et Knast [5, 6] a r´ecemment caract´eris´e les semigroupes syntactiques des langages de hau- teur 1. Brzozowski a donn´e par ailleurs une version plus fine de sa hi´erarchie en imposant des bornes sup´erieures `a l’entierkde la construction pr´ec´edente.

Straubing [14] a d´efini pour les langages deAune hi´erarchie de concat´enation voisine de celle de Brzozowski. A et l’ensemble vide sont de niveau 0 et le

(2)

niveau n+ 1 est l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la forme L0a1L1a2· · ·akLk, k > 0, o`u les ai sont des lettres et les Li des langages de niveaun. L`a encore on sait caract´eriser les langages de niveau 1, appel´es aussi langages testables par morceaux : ce sont les langages dont le mono¨ıde est J- trivial [13] (cette classe de langages poss`ede sa propre hi´erarchie, propos´ee par Simon [12]). En revanche, on ne sait toujours pas d´ecider si un langage est de niveau 2 dans la hi´erarchie de Straubing, bien que l’on connaisse diverses caract´erisations des mono¨ıdes syntactiques correspondant `a ces langages [10].

Le but de cet article est de montrer que ces diverses hi´erarchies sont des cas particuliers d’une construction plus g´en´erale, obtenue en associant des vari´et´es de langages non plus `a des entiers, mais `a des arbres, selon le proc´ed´e suivant.

Comme pour les constructions pr´ec´edentes, on se donne au d´epart une vari´et´e de langages qui est associ´ee par d´efinition `a l’arbre r´eduit `a un point. Ensuite, on associe `a l’arbre

t=

t0 t1 · · · tn

l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la formeLi0a1Li1· · ·arLir avec (06i0< i1< . . . < ir6n) o`u lesai sont des lettres et o`u, pour 06j6k,Lij

est ´el´ement de la vari´et´e de langages associ´ee `a l’arbretij.

Il reste `a donner l’interpr´etation alg´ebrique de cette construction, ce qui peut ˆetre fait en utilisant le produit de Sch¨utzenberger de (n+ 1) mono¨ıdes M0, . . . , Mn. Cette op´eration, introduite par Sch¨utzenberger dans le cas n= 1 (cf. [4]), puis g´en´eralis´ee par Straubing [15], peut paraˆıtre `a premi`ere vue as- sez artificielle. C’est en fait un cas particulier d’une construction tr`es naturelle [9]. Je d´emontre (section 2) que le produit de Sch¨utzenberger est, en un cer- tain sens, parfaitement adapt´ee `a l’op´eration (sur les langages) (L0, . . . , Ln)→ L0a1L1· · ·anLno`u lesaisont des lettres. Ce r´esultat permet de construire, sans r´ef´erence aux langages, des hi´erarchies de vari´et´es de semigroupes (mono¨ıdes) correspondant, via le th´eor`eme d’Eilenberg, aux hi´erarchies de langages pr´ec´e- demment construites. Autrement dit, partant d’une vari´et´e de semigroupes (ou de mono¨ıdes)V, on associe `a chaque arbret— resp. `a chaque ensemble d’arbres L— une vari´et´e de semigroupes ♦t(V) (♦L(V)).

Je montre que les vari´et´es de semigroupes ou de mono¨ıdes correspondant aux hi´erarchies de Brzozowski, Straubing et Simon s’obtiennent toutes par ce proc´ed´e. On retrouve ´egalement ainsi d’autres vari´et´es connues telles que la vari´et´eR des mono¨ıdesR-triviaux. je d´emontre ´egalement que l’op´eration qui

`a un arbret associe l’arbre

t

est li´ee au produit semi-direct des semigroupes (Theor`eme 3.7)

Parmi les nombreux probl`emes que posent ces hi´erarchies, on peut en d´egager trois principaux :

(3)

1 Comparaison des vari´et´es `a l’int´erieur d’une hi´erarchie

C’est la g´en´eralisation du probl`eme «la hi´erarchie de Brzozowski est-elle infinie ?», r´esolu positivement par Brzozowski et Knast. De fa¸con pr´ecise, le probl`eme consiste `a comparer entre elles les diff´erentes vari´et´es♦t(V) (ou mˆeme

L(V)). La fin de la section 3 regroupe quelques r´esultats partiels et une conjec- ture sur ce probl`eme.

2 Probl`eme de d´ecidabilit´e

On dit qu’une vari´et´e de semigroupes V est d´ecidable s’il existe un algo- rithme qui permet de tester si un semigroupe fini est ou n’est pas dans V. Le probl`eme est de savoir si les vari´et´es ´etudi´ees dans cet article sont d´ecidables. La question abord´ee dans la section 4 o`u il est montr´e en particulier que toutes les vari´et´es de la hi´erarchie construite `a partir de la vari´et´e triviale sont d´ecidables.

Ce r´esultat a une cons´equence en th´eorie des semigroupes : ´etant donn´e un en- tier n, on peut d´ecider si un semigroupe fini divise un produit en couronne de ndemi-treillis.

3 Equations des vari´´ et´es

Cette question, li´ee `a la pr´ec´edente, n’est pas abord´ee dans cette article et fera l’objet de publications ult´erieures.

1 Rappels et notations

Les r´ef´erences de base sont Eilenberg [4] and Lallement [7] dont j’adopterai la plupart les notations. Si S est un semigroupe, on note E(S) l’ensemble des idempotents deS.

Une vari´et´e de semigroupes (mono¨ıdes) est une classe de semigroupes (mono¨ıdes) finisVtelle que :

(1) SiS∈Vet siT est un sous-semigroupe deS, alorsT∈V.

(2) SiS∈Vet siT est un quotient deS, then T∈V.

(3) Si (Si)i∈I est une famille d’´el´ements deV, le produit direct Q

i∈ISi est dansV.

Eilenberg a montr´e l’existence d’une bijection entre les vari´et´es de semi- groupes (mono¨ıdes) et certaines classes de langages, les +-vari´et´es (∗-vari´et´es) de langages. De fa¸con formelle, une +-vari´et´e de langages V associe `a chaque alphabet finiAun ensembleA+V de langages reconnaissables deA+ tels que : (1) Pour tout alphabet A, A+V est ferm´ee pour les op´erations bool´eennes

finies.

(2) Pour tout alphabetA, si a∈AetL∈A+V, alorsa−1L, La−1∈A+V. (3) Pour tout morphisme de semigroupesϕ : A+ → B+, L ∈ A, L ∈ B+V

entraˆıneLϕ−1∈A+V.

La d´efinition des ∗-vari´et´es s’obtient en rempla¸cant + par∗ et semigroupe par mono¨ıde.

Les hi´erarchies de concat´enation fournissent des exemples particuli`erement int´eressants de vari´et´es de langages. La hi´erarchie de Brzozowski [1] Bn est

(4)

d´efinie comme suit : pour tout alphabet A, A+Bn+1 est l’alg`ebre de Boole en- gendr´ee par les langages de la formeL0· · ·Lk aveck>0 etL0, . . . , Lk ∈A+B\. On peut d´efinir une sous-hi´erarchie `a l’int´erieur deBn+1en consid´erant pour chaque entierr>0 l’alg`ebre de BooleA+Bn+1,r engendr´ee par les langages de la forme L0· · ·Lk avecL0, . . . , Lk ∈A+Bn et 06k6r. On d´efinit ainsi une suite de vari´et´esBn,r. On notera queBn+1,0=Bn pour toutn>0. On montre

´egalement queB1,2k=B1,2k+1pour toutk >0.

La hi´erarchie de Straubing [14]Vn est la suite des ∗-vari´et´es ainsi d´efinie : pour tout alphabetA,AV0 est constitu´e de∅et deAetA+Vn+1est l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la formeL0a1L1· · ·akLk aveck >0 et L0, . . . , Lk∈A+Vn et a1, . . . , ak∈A.

On d´emontre que lesVn(resp.Bn,Bn,k) sont effectivement des∗-vari´et´es (+- vari´et´es). Les vari´et´es de mono¨ıdes (resp. semigroupes) correspondantes sont not´ees Vn (resp. Bn,Bn,k). Le probl`eme majeur concernant ces vari´et´es de- meure leur caract´erisation alg´ebrique. Rappelons les r´esultats conns `a ce jour.

Th´eor`eme 1.1 (Simon [13]) On aV1=J, la vari´et´e des mono¨ıdesJ-triviaux.

En particulier, un mono¨ıdeM est dansJsi et seulement si, pour toutx, y∈M, (xy)n = (yx)n etxn=xn+1 avec n= Card(M).

Si V est une vari´et´e de mono¨ıdes, on note LV la vari´et´e de semigroupes locale associ´ee `aV:

LV={S|eSe∈Vpour toute∈E(S)}.

On note J1 la vari´et´e des mono¨ıdes idempotents et commutatifs (appel´es aussi demi-treillis).

Th´eor`eme 1.2 ([3]) On aB1,2=LJ1.

Les langages deB1,2sont appel´es localement testables. Pour chaque alphabet A, A+B1,2 est l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la forme uA, Av etAwA o`u u,v etwsont des mots de A+.

Simon avait conjectur´e l’´egalit´eB1=LJ. En fait, on a bienB1⊆LJ mais Knast [5, 6] a montr´e que l’inclusion ´etait stricte :

Th´eor`eme 1.3 Un semigroupeS est dans B1 si et seulement si il satisfait la condition suivante :

(K) Il existe m >0 tel que pour toute1, e2∈E(S), pour toutx, y, u, v∈S, (e1xe2y)me1xe2ve1(ue2ve1)m= (e1xe2y)me1(ue2ve1)m SiM est un mono¨ıde, on noteP(M) le mono¨ıde des parties de M, muni du produit usuel des parties :

Th´eor`eme 1.4 ([10]) On a V2 =PJ, la vari´et´e engendr´ee par les mono¨ıdes P(M)o`u M ∈J.

Malheureusement, ni cette description de V2 ni les autres caract´erisation connues [10] ne permettent de r´esoudre le probl`eme suivant : peut-on d´ecider si un mono¨ıde finiM est dans V2.

On ne connaˆıt `a ce jour aucun r´esultat sur les vari´et´esBn pour n>2 etV pourn>3, hormis les r´esultats g´en´eraux suivants :

(5)

Th´eor`eme 1.5 ([2, 15]) La hi´erarchie Bn est infinie.

Th´eor`eme 1.6 ([14]) On a Bn =Vn∗LI pour toutn >0. En particulier la hi´erarchie Vn est infinie.

Dans ce dernier ´enonc´e, la notation Vn ∗LI d´esigne la vari´et´e engendr´ee par ls produits semi-directs M ∗S d’un mono¨ıdeM ∈Vn et d’un semigroupe S ∈LI.LIest la vari´et´e des semigroupes localement triviaux, i.e.S ∈LIsi et seulement sieSe=epour toute∈E(S).

2 Le produit de Sch¨ utzenberger

SiSest un semigroupe, on noteP(S) le semi-anneau des parties deS, muni de l’union come addition et du produit des parties comme multiplication. On note S1le mono¨ıde ainsi d´efini :

S1=





S si Sest un mono¨ıde

S∪ {1} si Sn’est pas un mono¨ıde (1 est ´evidemment alors l’´el´ement neutre deS1) Soient S1, . . . , Sn des semigroupes. Leproduit de Sch¨utzenberger deS1, . . . , Sn, not´e ♦n(S1, . . . , Sn) est le semigroupe des matrices n×n `a coefficients dans P(S11× · · · ×Sn1) de la forme p= (pi,j)16i,j6n et v´erifiant les trois conditions suivantes :

(1) pi,j=∅si i > j.

(2) pi,i={(1, . . . ,1, si,1, . . . ,1)}pour un certainsi∈Si.

(3) pi,j ⊆ {(s1, . . . , sn)∈S11× · · · ×S1n |s1 =· · ·=si−1= 1 =sj+1 =. . .= sn}.

Il est `a noter que le produit de Sch¨utzenberger n’est pas associatif, c’est-`a-dire qu’en g´en´eral les semigroupes ♦2(♦2(S1, S2), S3), ♦3(S1, S2, S3) et

2(S1,♦2(S2, S3)) sont distincts.

Straubing [15] a montr´e que si les langagesLi(06i6n) deA(resp. deA+) sont reconnus par des mono¨ıdesMi(resp. des semigroupesSi), alors le langage L0a1L1· · ·anLn, o`u lesaisont des lettres, est reconnu par♦n+1(M0, . . . , Mn). Il est facile de v´erifier que si 06i0< . . . < ir6n, alors♦r+1(Mi0, . . . , Mir) est un sous-mono¨ıde de ♦n+1(M0, . . . , Mn). Il en r´esulte que le mono¨ıde

n+1(M0, . . . , Mn) reconnaˆıt tous les langages de la forme Li0a1Li1· · ·arLir

o`uLik est reconnu parMik.

Le but de cette section est d’´etablir la r´eciproque de ce r´esultat. Le casn= 1 a ´et´e trait´e par Reutenauer [11] et la preuve qui suit s’inspire en partie de ses arguments.

Th´eor`eme 2.1 Si un langage L ⊆ A est reconnu par ♦n+1(M0, . . . , Mn), alors L est dans l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la forme Li0a1Li1· · ·arLir (0 6 i0 < . . . < ir 6 n) o`u les ak sont des lettres et o`u Li0, . . . , Lir sont des langages reconnus respectivement parMi0, . . . Mir. D´emonstration. Soit µ : A → ♦n+1(M0, . . . , Mn) le morphisme reconnais- santL et soient (µi,j)06i,j6n les composantes deµconsid´er´ees commeapplica- tions deA dansP(M0, . . . , Mn).

(6)

Lemme 2.2 Soit P ⊂ ♦n+1(M0, . . . , Mn). On a la formule : P µ−1= [

m∈P

\

06i,j6n

mi,jµ−1i,j

C’est imm´ediat.

Lemme 2.3 On a pour touti, j∈ {0,1, . . . , n}

(a1· · ·ari,j = X

i=i06i16...6ir−16ir=j

a1µi0,i1a2µi1,i2 · · · arµir−1ir

La formule est ´evidente pourr= 1. Supposons-l`a acquise jusqu’au rang (r−1).

Il vient :

(a1· · ·ari,j= Xn

k=0

(a1· · ·ar−1i,karµk,j

= Xn

k=0

X

i=i06i16...6ir−1=k

a1µi0,i1 · · · ar−1µir−2,ir−1arµkj

= Xn

k=0

X

i=i06i16...6ir−1=k

a1µi0,i1 · · · ar−1µir−2,ir−1arµir−1,j

d’o`u le r´esultat.

D´esormais, on fixe i et j. D’apr`es le lemme 2.2, il suffit d’´etablir que le langagemi,jµ−1i,j s’´ecrit comme combinaison bool´eenne de langages de la forme Lrar+1 · · · asLsavecak ∈AetLkreconnu parMkpourr6k6s. Sii > j, on a mi,j =∅d’o`u mi,jµ−1i,j =∅et le r´esultat est ´evident. Sii=j,mi,j s’identifie

`a un ´el´ement deMi et mi,jµ−1i,j est un langage reconnu pasMi. On peut donc supposer d´esormais quei < j.

Soit, pour 16k6j−i+1,Rkl’ensemble des suites de lettres (a1, . . . , ak) et Skl’ensemble des suites (i0, i1, . . . , ik) telles quei=i0< i1< . . . < ik =j. Pour rk= (a1, . . . , ak)∈Rk, on d´efinit une application :σrk :A → P(A× · · · ×A) par :

rk ={(u0, u1, . . . , uk)∈A× · · · ×A|u0a1u1 · · · akuk =u}

Poursk = (i0, i1, . . . , ik)∈Sk etrk= (a1, . . . , ak)∈Rk, on d´efinit une applica- tion :

τrk,sk : (A× · · · ×A)→ P(M0×M1 · · · ×Mn) par

(u0, . . . , ukrk,sk=u0µi0,i0a1u1µi1,i1 · · · ukµik,ik

Lemme 2.4 On a la formule uµi,j= X

16k6j−i+1

X

rk∈Rk

X

(u0,...,uk)∈uσrk

X

sk∈Sk

(u0, . . . , ukrk,sk

(7)

D´emonstration. La formule s’obtient imm´ediatement `a partir du lemme 2.3 en regroupant les produits de la forme

asµij,ijas+1µij,ij · · · as+tµij,ij

en (asas+1· · ·as+tij,ij.

Posons, pour 16k6j−i+1,rk∈Rk,sk∈SketF ∈ P(P(M0× · · · Mn)) : LF,rk,sk ={u∈A| {(u0, . . . , ukrk,sk|(u0, . . . , uk)∈uσrk}=F} Lemme 2.5 Pour toutm∈ P(M0× · · · Mn),mµ−1i,j est dans l’alg`ebre de Boole des langages de la formeLF,rk,sk.

D´emonstration. Posons uγrk,sk = P

(u0,...,uk)∈uσrk(u0, . . . , ukrk,sk. En in- tervertissant l’ordre des deux derni`eres sommations dans le lemme 2.4, on ob- tient :

i,j= X

16k6j−i+1

X

rk∈Rk

X

sk∈Sk

rk,sk

On en d´eduit la formule :

(1) mµ−1i,j = [

Pmrk,sk=m

\ mrk,skγr−1k,sk

La sommation et l’intersection ´etant ´etendues `a 16k6j−i+ 1,rk ∈Rk et sk ∈Sk. On a d’autre part, sim∈ P(M0× · · · Mn) :

(2) mγr−1k,sk= [

P

fFf=m

LF,rk,sk

D´emontrons (2) en omettant, pour all´eger les notations, les indicesrk etsk : X

(u0,...,uk)∈uσ

(u0, . . . , uk)τ =m et donc en posant :

F ={(u0, . . . , uk)τ |(u0, . . . , uk)∈uσ},

on a `a la fois X

f∈F

f =m et u∈LF. R´eciproquement, si u∈LF avecP

f∈Ff=m, on a :

uγ= X

(u0,...,uk)∈uσ

(u0, . . . , uk)τ=X

f∈F

f =m,

ce qui ´etablit la formule (2). Le lemme d´ecoule alors imm´ediatement de (1) et (2).

Les indicesk, rk, sketF ´etant maintenant fix´es, il s’agit d’´etudier le langage LF ={u∈A| {(u0, . . . , uk)τ |(u0, . . . , uk)∈uσ}=F}.

(8)

Lemme 2.6 On a la formule LF = \

f∈F

Lf\ [

f /∈F

Lf, o`u :

Lf ={u∈A| ∃(u0, . . . , uk)∈uσ (u0, . . . , uk)τ=f}.

D´emonstration. Siu∈LF et sif ∈F, il existe (u0, u1, . . . , uk)∈uσ tel que (u0, . . . , uk)τ =f et doncu∈Lf. Si f /∈F, on a pour tout (u0, . . . , uk)∈uσ, u0, . . . , uk)τ 6=f et doncu /∈Lf.

R´eciproquement, siu∈ \

f∈F

Lf\ [

f /∈F

Lf, on a :

F ⊂ {(u0, . . . , uk)τ|(u0, . . . , uk)∈uσ} ⊂(Fc)c =F

o`uFc d´esigne le compl´ementaire deF dansP(P(M0× · · · Mn)), ce qui ´etablit le lemme.

D´esormais, on fixef ∈ P(M0× · · · Mn). Rappelons la d´efinition deLf : Lf ={u∈A| ∃u0, . . . , uk ∈A u=u0a1u1 · · · akuk et

u0µi0,i0a1µi0,i1 · · · ukµik,ik=f}.

D’apr`es la d´efinition du produit de Sch¨utzenberger de n mono¨ıdes, on peut toujours suppoer quef est contenu dans l’ensemble des (n+ 1)-uplets :

(m0, . . . , mn)∈M0× · · · ×Mn tels quem0=. . .=mi−1= 1

etmj+1=. . .=mn= 1.

On pose donc :

f ={(1, . . . ,1, mi,r, mi+1,r, . . . , mj,r,1, . . . ,1)|16r6|f|}

et, pour 16s6k :

asµis−1,is ={(1, . . . ,1, mis,1(s), . . . , mis,r(s),1, . . . ,1)|16r6rs} o`urs=|asµis−1,is|.

Si u ∈ Lf, il exise par d´efinition des mots u0, . . . , uk ∈ A tels que u = u0a1u1· · ·akuk et :

f ={(u0µi0,i0mi0,t0(1), mi0+1,t0(1), . . . , mi1,t0(1)u1µi1,i1mi1,t1(2),

mi1+1,t1(2), . . . , mik,tk(k)ukµik,ik)|16tj6rj,16j6k−1}.

Il en r´esulte qu’il existe deux applicationsϕetψ: ϕ: {1, . . . ,|f|} → Y

06j6k

{1, . . . , rj}=T, ψ: T = Y

06j6k

{1, . . . , rj} → {1, . . . ,|f|},

telles que pour toutp∈ {1, . . . ,|f|}, on ait, en posant

(3) pϕ= (pϕ0, . . . , pϕk)

(9)

(mi,p, . . . , mj,p) = (u0µi0,i0mi0,pϕ0(1), mi0+1,pϕ0(1), . . . ,

mi1,pϕ0(1)u1µi1,i1mi1,pϕ1(2), mi1+1,pϕ1(2), . . . , mik,pϕk(k)ukµik,ik) et pour toutt= (t1, . . . , tk)∈T :

(4) (u0µi0,i0mi0,t0(1), . . . , mik,tk(k)ukµik,ik) = (mi,tψ, mi+1,tψ, . . . , mj,tψ).

Posons, pour 06j6k,t∈Q

16j6k−1{1, . . . , rj},p∈ {1, . . . , s}, Lj,t,p= (mij,tj−1(j))−1mij,p(mij,tj(j+ 1))−1

µ−1ij,ij

avec la convention (mij,tj−1(j))−1= 1 sij = 0 et (mij,tj(j+ 1))−1= 1 sij =k.

Commeµij,ij est un morphisme A→Mij, le langageL(j, t, p) est reconnu parMij. Il r´esulte d’autre part des formules (3) et (4) la relation suivante : pour 06j6k,

(5) uj ∈ \

p∈{1,...,|f|}

L(j, pϕ, p)

∩ \

t∈T

L(j, t, tψ)

Soit E l’ensemble des applications de {1, . . . ,|f|}dans T et soit F l’ensemble des applications deT dans{1, . . . ,|f|}. On va ´etablir la formule

(6) Lf = [

ϕ∈E ψ∈F

K0(ϕ, ψ)a1 · · · akKk(ϕ, ψ)

avec, pour 06j6k,

Kj(ϕ, ψ) = \

p∈{1,...,|f|}

L(j, pϕ, p)

∩ \

t∈T

L(j, t, tψ)

L’inclusion de gauche `a droite r´esulte de la relation (5) et de la d´efinition deLf. R´eciproquement, soituun ´el´ement du membre droit de (6). Il existe alorsϕ∈ E et ψ ∈ F et u0, . . . , uk ∈A tels que pour toutj ∈ {0, . . . , k},uj ∈Kj(ϕ, ψ).

On en d´eduit que, pour tout p∈ {1, . . .|f|}(resp. pour tout t∈T) la formule (3) [resp. (4)] est satisfaite. Il en d´ecoule, en remontant encore les calculs, que u∈Lf, et la formule (6) est ´etablie.

Comme chaque L(, j, t, p) est reconnu par Mij, il en va de mˆeme pour Kj(ϕ, ψ) et la formule (6) permet de conclure la preuve du th´eor`eme.

Dans le cas o`u les langages sont des parties d’un semigroupe libre, on d´emontre le la mˆeme fa¸con le r´esultat suivant :

Th´eor`eme 2.7 Si un langageL⊂A+ est reconnu par♦n+1(S0, . . . , Sn), alors Lest dans l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la formeLi0a1· · ·arLir

(06i0 < i1< . . . < ir6n), o`u lesak sont des lettres et o`u Li0, . . . , Lir sont des langages reconnus respectivement par Si0, . . . , Sir.

Les cons´equences des th´eor`emes 2.1 et 2.7 seront examin´ees dans la section suivante.

(10)

3 Hi´ erarchies de concat´ enation

Dans cette section, je construis des hi´erarchies de vari´et´es qui contiennent en particulier les hi´erarchies propos´ees par Brzozowski [1], Simon [12] et Straubing [14].

On noteP l’ensemble des arbres (ou mots bien parenth´es´es) sur l’alphabet {a,¯a}. De fa¸con formelle,P est l’ensemble des mots de{a,¯a}congrus `a 1 dans la congruence engendr´ee par la relationa¯a= 1. De fa¸con intuitive, les mots deP sont obtenus par le proc´ed´e suivant : on dessine un arbre (au sens na¨ıf du terme) et on le parcourt en partant de la racine (suivant le sens trigonom´etrique) en codantapour une descente et ¯apour une mont´ee. Par exemple

est cod´e par aa¯aaa¯aa¯aa¯aa¯a¯a¯aa¯a.

Le nombre de feuilles d’un motude{a,¯a}, not´ed(u), est par d´efinition le ombre d’occurrences du facteura¯adansu. Dans le cas des arbres, cette d´efinition est bien conforme `a l’intuition.

Je rappelle ci-dessous quelques propri´et´es classiques des arbres que j’utiliserai par la suite :

(1) tout arbre use factorise de fa¸con unique enu =au1¯aau2¯a · · · auna¯ o`u n > 0 et o`u les ui sont des arbres. On a alors d(u) = P

16i6nd(ui).

L’interpr´etation intuitive de cette propri´et´e est illustr´ee par le sch´ema suivant :

u=

u1 u2 · · · un

(2) Soit uun arbre et soit u=u1au2¯au3 une factorisation deu. On dit que les occurrences deaet ¯ad´efinies par cette factorisation sontli´ees siu2st un arbre. On d´emontre que toute occurrence de a dans uest li´ee `a une unique occurrence de ¯a. L’interpr´etation intuitive de cette propri´et´e est tr`es simple : les occurrences de a et ¯a sont li´ees si et seulement si elles codent respectivement la descente et la mont´ee sur une mˆeme arˆete de l’arbre. Par exemple,

est cod´e par a¯a aa¯a a¯a¯a, o`u les occurrences li´ees sont indiqu´ees par des crochets.

(3) Siu=au1¯aau2a¯ · · · aun¯aest la factorisation de l’arbreud´ecrite en (1) et si u=w1aw2¯aw3 avec w2 ∈ P, alors l’arbre aw2¯a est facteur de l’un

(11)

des mots aui¯a (1 6i 6n). L’interpr´etation intuitive est illustr´ee par le sch´ema suivant :

· · · w2

u1 u2 un

A chaque arbre` uet `a chaque suite V1, . . . ,Vd(u) de vari´et´es de semigroupes (resp. de mono¨ıdes), on associe une vari´et´e de semigroupes (mono¨ıdes)

u(V1, . . . ,Vd(u)) d´efinie r´ecursivement par : (a) ♦1(V) =Vpour toute vari´et´eV.

(b) Siu=au1¯aau2¯a · · · aun¯aavecn>0 etu1, . . . , un ∈P,♦u(V1, . . . ,Vd(u)) est la vari´et´e engendr´ee par les semigroupes de la forme ♦n(S1, . . . , Sn) avec S1 ∈ ♦u1(V1, . . . ,Vd(u)), . . . , Sn ∈ ♦u(Vd(u1)+...+d(un−1)+1, . . . , Vd(u1)+...+d(un)).

Exemple. Soitu=aa¯aa¯a¯aa¯aetV1,V2,V3 trois vari´et´es de semigroupes. La vari´et´e ♦u(V1,V2,V3) est la vari´et´e engendr´ee par les semigroupes♦2(S, S3) o`uS3∈V3et o`uS est dans la vari´et´e engendr´ee par les semigroupes♦2(S1, S2) tels queS1∈V1et S2∈V2.

V1 V2

V3

On observera que S ∈ ♦u(V1, . . . ,Vd(u)) si et seulement si S divise un semi- groupe de la forme ♦n(S1, . . . , Sn) avec S1 ∈ ♦u1(V1, . . . ,Vd(u)), . . . , Sn

u(Vd(u1)+...+d(un−1)+1, . . . , Vd(u1)+...+d(un)). Ceci r´esulte de la formule sui- vante, qui se d´emontre facilement : pour tout semigroupe Si,j, 1 6 i 6 n, 16j6r:

n(S1,1, . . . , Sn,1)× · · · × ♦n(S1,r, . . . , Sn,r) divise

n(S1,1× · · · ×S1,r, . . . , Sn,1× · · · ×Sn,r)

Lorsque V1 = . . . = Vd(u) = V, on note simplement ♦u(V) la vari´et´e

u(V1, . . . ,Vd(u)). Plus g´en´eralement, si L est un langage contenu dans P, on note♦L(V) la plus petite vari´et´e contenant les vari´et´es♦u(V) avecu∈L.

Le th´eor`eme ci-dessous permet, par r´ecurrence, de d´ecrire les langages as- soci´es aux vari´et´es♦u(V1, . . . ,Vd(u)) pour tout arbreu.

(12)

Th´eor`eme 3.1 Soit n un entier positif et V0, . . . , Vn des vari´et´es de semi- groupes (mono¨ıdes). On note respectivement Vj et W les vari´et´es de langages correspondant `a Vj (0 6 j 6 n) et `a ♦(a¯a)n+1(V0, . . . ,Vn). Alors pour tout alphabet A,A+W (AW) est l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la formeLi0a1Li1 · · · akLik, avec06i0< i1< . . . < ik6n,a1, . . . , ak ∈Aet pour06j6k,Lij ∈A+Vij (AVij).

D´emonstration. SiL=Li0a1Li1 · · · akLik, avec les conditions pr´ecis´ees par l’´enonc´e,Lest reconnu par le semigroupe♦k+1(Si0, . . . , Sik) o`u, pour 06j 6k, Sij est le semigroupe syntactique deLij. Or

k+1(Si0, . . . , Sik)<♦n+1(1, . . . ,1, Si0,1, . . . ,1, Si1, . . . , Sik,1, . . . ,1) =T et T est dans ♦(a¯a)n+1(V0, . . . ,Vn) par d´efinition. Donc L ∈ A+W et A+W contient l’alg`ebre de Boole d´ecrite dans l’´enonc´e.

R´eciproquement soit L ∈ A+W. Alors d’apr`es une remarque faite plus haut, le semigroupe syntactique de L divise un semigroupe de la forme S =

n+1(S0, . . . , Sn) avec pour 06i6n,Si ∈Vi. On en d´eduit queS reconnaˆıt Let il suffit d’appliquer le th´eor`eme 2.7 pour conclure.

Les propositions qui suivent, qui sont pour l’essentiel des reformulations de r´esultats d´ej`a connus, me serviront d’exemples. Je commence par la hi´erarchie de Simon [12]. Pour tout alphabetA, on noteAJnl’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la formeAa1Aa2 · · · AakA avec 06k6net ai ∈ A pour 16i6k. On d´emontre queJn est une∗-vari´et´e et on noteJn la vari´et´e de mono¨ıdes correspondante. La vari´et´eJd´efinie dans la section 1 est bien sˆur la r´eunion des vari´et´esJn.

Proposition 3.2

(1) Si u=a¯aa¯a(arbre V

),♦u(I) =J1, la vari´et´e des mono¨ıdes idempotents et commutatifs.

(2) Si u= (a¯a)n+1 (arbre · · · `an+ 1feuilles),♦u(I) =Jn. (3) Si L= (a¯a),♦L(I) =J, la vari´et´e des mono¨ıdesJ-triviaux.

D´emonstration. C’est une cons´equence imm´ediate du th´eor`eme 3.1.

La hi´erarchie de Straubing Vn peut se d´ecrire de fa¸con analogue. soit Ln

la suite de langages d´efinie par L0 = {1} et Ln+1 = (aLn¯a). Pour guider l’intuition, on peut repr´esenter ces langages par des arbres«infinis en largeur»:

L0 ·

L1 · · · ·

L2 · · · ·

· · ·

· · ·

· · ·

· · · ·

Proposition 3.3 Pour toutn>0, ♦Ln(I) =Vn. en particulier,♦L0(I) =I,

L1(I) =J,♦L2(I) =PJ.

(13)

D´emonstration. L`a encore, la proposition r´esulte imm´ediatement du th´eor`eme 3.1

La hi´erarchie de Brzozowski s’obtient en consid´erant des vari´et´es de la forme

L(Nil) ouNil d´esigne la vari´et´e des semigroupes nilpotents. De fa¸con pllus pr´ecise :

Proposition 3.4 Pour toutn, k>0, on a : (a) Bn=♦Ln(Nil).

(b) Bn+1,k=♦(aLna)¯k+1(Nil).

D´emonstration. On a B0 =♦L1(Nil) par d´efinition. Par r´ecurrence je sup- pose ´etablie la formule Bn = ♦Ln(Nil). Alors pour tout k > 0, A+Bn+1,k

est l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la forme L0 · · · Lr avec r 6 k et L0, . . . , Lr ∈ A+Bn. Soit An+1,k la vari´et´e de langages correspon- dant `a ♦(aLn¯a)k+1(Nil). Le th´eor`eme 3.1 et l’hypoth`ese de r´ecurrence montrent que pour tout alphabetA,A+An+1,k est l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la forme L0a1L1 · · · arLr o`u 0 6 r 6 k, L0, . . . , Lr ∈ A+Bn et a1, . . . , ar ∈ A. Il suffit donc d’´etablir, pour tout k > 0, l’´egalit´e An+1,k = Bn+1,k. L’inclusionAn+1,k ⊂ Bn+1,kr´esulte du fait [4, p. 259] que siL∈A+Bn, alorsaL, La∈A+Bn pour touta∈A. Un produit de la formeL0a1L1 · · · arLr

avec L0, . . . , Lr ∈ A+Bn et a1, . . . , ar ∈ A s’´ecrit donc sous la forme L0(a1L1) · · · (arLr) avec L0, a1L1, . . . , arLr ∈ A+Bn. Pour d´emontrer l’in- clusion oppos´ee, on montre par r´ecurrence sur k que tout langage de la forme L0 · · · Lk avec L0, . . . , Lk ∈ A+Bn est union finie de langages de la forme K0a1K1· · ·arKr avec 06r6k, K0, . . . , Kr ∈A+Bn et a0, . . . , ar ∈A. C’est

´evident sik= 0. SiL=L0 · · · Lk+1, on observe que : Lk+1= (A∩Lk+1)∪ [

a∈A

a(a−1Lk+1), d’o`u :

L= [

a∈A∩Lk+1

(L0 · · · Lk)a∪ [

a∈A

(L0 · · · Lk)a(a−1Lk+1).

Mais d’apr`es l’hypoth`ese de r´ecurrence,L0 · · · Lk s’´ecrit comme union de lan- gages de la formeK0a1 · · ·arKravec 06r6k,a1, . . . , ar∈AetK0, . . . , Kr∈ A+Bn. Or puisqueBn est une vari´et´e de langages, on aa−1Lk+1∈A+Bn pour tout a∈ A. Ces deux observations permettent d’exprimer L comme union de langages de la forme K0a1 · · · apKp (avec 0 6 p 6k+ 1, a1, . . . , ap ∈ A et K0, . . . , Kp∈A+Bn), ce qui conclut la r´ecurrence. DoncAn+1,k =Bn+1,kpour tout kce qui ´etablit (b).

L’´egalit´eBn+1=♦Ln+1(Nil) s’en d´eduit facilement puisque Bn+1= [

k>0

Bn+1,k et ♦Ln+1(Nil) = [

k>0

(aLna)¯k+1(Nil).

D. Th´erien (communication personnelle) a propos´e de modifier la hi´erarchie de Brzozowski en partant de la vari´et´eLI au lieu deNil. On d´efinit alors des +-vari´et´esBn,k de la fa¸con suivante. Pour tout alphabetA,

(14)

(1) A+B0est constitu´e des langages de la formeXAY∪Zo`uX,Y etZ sont des langages finis deA+.

(2) A+Bn+1,r est l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la forme L0a1L1 · · · akLk avec 06k6r, a1, . . . , ak ∈Aet L0, . . . , Lk ∈A+Bn. (3) A+Bn+1=S

r>0A+Bn+1,r.

On sait queB0 est la vari´et´e de langages correspondant `a LI. Par cons´equent, il r´esulte ais´ement du th´eor`eme 3.1 :

Proposition 3.5 Pour toutn, k>0,Bn etBn,k sont des vari´et´es de langages.

Les vari´et´es de semigroupes correspondantes sont respectivementBn =♦Ln(LI) etBn+1,k=♦(aLna)¯k+1(LI).

Le lien entre les vari´et´esBn,k et Bn,k est pr´ecis´e par l’´enonc´e suivant, dˆu `a D. Th´erien :

Proposition 3.6

(1) Pour tout k>0,B1,2k =B1,2k+1=B1,k

(2) Pour tout n >0 etk>0,Bn+1,k=Bn+1,k etBn =Bn.

D´emonstration. (1) Soit A un alphabet. D’apr`es la d´efinition deA+B1,k et l’expression des ´el´ements de A+B0, on voit que A+B1,k est l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la forme uA, Auet u0Au1 · · · urAur+1 o`u 06r6k etu, u0, . . . , ur+1∈A+. Or on sait [4, p. 258] que l’alg`ebre de Boole ainsi d´efinie estA+B1,2k =A+B1,2k+1.

(2) On d´eduit de (1) la relation : A+B1 = [

k>0

A+B1,k = [

k>0

A+B1,k=A+B1 d’o`uB1=B1. Les autres relations s’en d´eduisent par r´ecurrence.

Comme on le voit, les hi´erarchiesBn,k etBn,k ne diff`erent que pourn= 1.

Cependant, la hi´erarchieBn me paraˆıt plus int´eressante. Par exemple, comme me l’a fait remarquer D. Th´erien, le th´eor`eme 1.5 peut s’´ecrire

Bn =Vn∗LI pour toutn>0,

alors que le cas n = 0 ´etait curieusement ´elimin´e dans la version donn´ee plus haut.

Le th´eor`eme qui suit donne une caract´erisation alg´ebrique int´eressante des op´erations sch´ematis´ees parV→

V I

etV→

I V

.

Th´eor`eme 3.7 Pour toute vari´et´e de mono¨ıdesV, on a : (a) ♦aa¯a(V,I) =J1∗V.

(b) ♦aa¯a(I,V) =V∗rJ1.

(15)

La d´emontration repose sur le«principe du produit semi-direct», qui est une version simplifi´ee du«wreath product principle»de Straubing (Ph. D. 1978), le- quel est lui-mˆeme le premier ´enonc´e complet d’un r´esultat utilis´e ant´erieurement dans des cas particuliers, notamment par A. Meyer (1969) et Brzozowski-Simon (1973). Soitη:A →M∗N un morphisme deA dans un produit semi-direct de mono¨ıdesM∗N et soitπ:M∗N →N la projection canonique. On a alors, en posantB =N×A etϕ=πη :

Proposition 3.8 (Principe du produit semi-direct) SiL est reconnu par η, alorsLest r´eunion de langages de la formeX∩Y σ−1o`uX ⊂Aest reconnu parN,Y ⊂B est reconnu parM et o`uσ:A→Best la fonction s´equentielle d´efinie par 1σ= 1 et(a1 · · · an)σ= (1, a1)(a1ϕ, a2) · · · ((a1 · · · an)ϕ, an).

D´emonstration. Il suffit d’´etablir le r´esultat dans le cas o`u L = (s0, t0−1 pour un certain (s0, t0) ∈ M ∗ N. Selon l’usage, je noterai additivement le mono¨ıdeM et par juxtaposition l’action deN surM.

Soit α : B = N ×A → M d´efini par (t, a)α = ts o`u s est la premi`ere composante de aη (c’est-`a-direaη = (s, u) pour un certain u∈ T). Soit X = t0ϕ−1 etY =s0α−1 :X est donc reconnu parN etY parM. Il vient

X∩Y σ−1={a1· · ·an∈A|(a1· · ·an)ϕ=t0 et (a1· · ·an)σα=s0} Or en posantai= (si, ti), on a successivement :

(a1· · ·an)σα= (1, a1)(a1ϕ, a2) · · · ((a1· · ·an−1)ϕ, an) α

= (1, a1)α+ (a1ϕ, a2)α+. . .+ ((a1· · ·an−1)ϕ, an

=s1+t1s2+. . .+t1· · ·tn−1sn

et (a1 · · · an)ϕ=t1· · ·tn.

On en d´eduit ((a1· · ·an)σα,(a1· · ·an)ϕ) = (a1· · ·an)η, d’o`u finalement X∩Y σ−1= (s0, t0−1ce qui d´emontre la proposition.

Remarque. La fonction s´equentielleσest r´ealis´ee par le transducteur dont les

´etats sont les ´el´ements de N (1 ´etant ´etat initial) et dont les transitions et la fonction de sortie sont repr´esent´es par le diagramme :

t a|(t, a) t(aϕ)

On d´eduit du principe du produit semi-direct l’´enonc´e suivant, qui est une ver- sion am´elior´ee d’un exercice propos´e par Eilenberg [4, p. 253].

Proposition 3.9 Soit V une vari´et´e de mono¨ıdes et soit V la vari´et´e de lan- gages correspondante. Soit AV l’alg`ebre de Boole engendr´ee par les langages de la forme L ou LaA avec a ∈ A et L ∈ AV. Alors V est une vari´et´e de langages et la vari´et´e de mono¨ıdes correspondante estJ1∗V.

D´emonstration. Tout d’abord, siL∈AV,LaAest reconnu par♦2(M(L),1).

Or on sait que♦2(M1, M2) =M2r(V ∗M1) pour un certain mono¨ıdeV ∈J1. On en d´eduit ici♦2(M(L),1)∈J1∗V.

R´eciproquement, soitL⊂A un langage reconnu par un ´el´ement deJ1∗V.

Il existe alors deux mono¨ıdes M ∈ J1 et N ∈ V tels que L soit reconnu par

(16)

M ∗N. Avec les notations de la proposition pr´ec´edente, il suffit d’´etablir que Y σ−1est ´el´ement deAV. Or puisqueY est reconnu parM,Y est combinaison bool´eenne de langages de la forme BbB avec b ∈ B. Comme σ−1 commute aux op´erations bool´eennes, il suffit d’´etablir que (BbB−1 ∈AV. Or si on poseb= (t, a), il vient

(BbB−1={a1· · ·an∈A|il existeitel que 16i6n ((a1· · ·ai−1)ϕ, ai) = (t, a)}

= (tϕ−1)aA.

Comme tϕ−1 ∈ AV, on a (BbB−1 ∈ AV et donc finalement L ∈ AV. Il en r´esulte que V est une vari´et´e de langages et que la vari´et´e de mono¨ıdes correspondante estJ1∗V.

D´emonstation du th´eor`eme 3.7. (a) d´ecoule directement de la proposition 3.8 et du th´eor`eme 3.1. L’´enonc´e (b) est dual.

Corollaire 3.10

(1) Si u=an(¯aa¯a)n (arbre ···

`

an+ 1 feuilles),

u(I) =Jn1=J1∗J1∗ · · · ∗J1

| {z }

nfois

(2) Si L = {an(¯aa¯a)n | n > 0}, ♦L(I) = R, la vari´et´e des mono¨ıdes R- triviaux.

D´emonstration.

(1) Par r´ecurrence `a l’aide des th´eor`emes 3.1 et 3.7.

(2) Un r´esultat de th´eorie des semigroupes affirme qu’un mono¨ıde est R- trivial si et seulement si il divise un produit en couronne de la forme U1◦U1

· · · ◦U1. En termes de vari´et´es, cet ´enonc´e se traduit par l’´egalit´eR=S

n>0Jn1 ce qui ´etablit (2).

Corollaire 3.11 Soit V une vari´et´e de mono¨ıdes et V la vari´et´e de langages correspondante. Soit, pour tout alphabet A,AV la plus petite alg`ebre de Boole contenant AV et ferm´ee pour les op´erations L→LaA (resp.L→AaL) o`u a∈A. Alors V est une vari´et´e de langages et la vari´et´e de mono¨ıdes correspon- dante estR∗V (V∗rR).

D´emonstration. L’´enonc´e r´esulte de la proposition 3.9 et de l’´egalit´e R = S

n>0Jn1.

Il est int´eressant de comparer entre elles les vari´et´es♦u(V1, . . . , Vd(u)). Voici une premi`ere observation, qui est une cons´equence imm´ediate des d´efinitions.

Proposition 3.12 Soit u un arbre. Alors, pour toute vari´et´e V1, . . . ,Vd(u), on a ♦u(V1, . . . , Vd(u)) =♦au¯a(V1, . . . , Vd(u)) =♦a(♦u(V1, . . . , Vd(u))).

(17)

la suite repose sur un th´eor`eme de substitution qu’on peut illustrer par le sch´ema suivant :

V1

V2

V3

V4 V5

V6

V7

= V1

V2 V V6

V7

o`uV= V3

V4 V5

Th´eor`eme 3.13 (th´eor`eme de substitution) Soit u = u1au2¯au3 un arbre avec u2∈P. alors pour toute vari´et´eV1, . . . ,Vd(u), on a

u(V1, . . . ,Vd(u)) =♦u1au3(V1, . . . ,Vd(u1),

u2(Vd(u1)+1, . . . ,Vd(u1)+d(u2)),Vd(u1)+d(u2)+1, . . . ,Vd(u)).

D´emonstration. Par r´ecurrence sur|u|. Siu=a¯a, la relation cherch´ee s’´ecrit

a(V) =♦a(♦1(V)) et r´esulte de l’´egalit´eV=♦1(V). Dans le cas g´en´eral, on factoriseuenu= (av1¯a)· · ·(avn¯a) avecv1, . . . , vn∈P.

Premier cas : n = 1. Si u1u3 = 1, il vient u2 = v1 et d’apr`es la pro- position 3.12, on a♦u(V1, . . . ,Vd(u)) =♦a(♦u2(V2, . . . ,Vd(u))). Sinon, on a n´ecessairement u1 =au1, u3 =u3¯a d’o`u v1 =u1au2¯au3. La relation cherch´ee s’obtient en utilisant `a la fois la proposition 3.12 et l’hypoth`ese de r´ecurrence appliqu´ee `av1.

Deuxi`eme cas : n > 2. Alors l’un des arbres avi¯a (1 6 i 6 n) admet au2a¯ comme facteur. On pose avi¯a =uau2¯au′′ et on applique l’hypoth`ese de r´ecurrence :

avi¯a(V1, . . . ,Vd(vi)) =♦vi(V1, . . . ,Vd(vi)) =

uau′′(V1, . . . ,Vd(u),♦u2(Vd(u)+1, . . . ,Vd(u)+d(u2)), . . . ,Vd(vi)).

La relation cherch´ee s’en d´eduit puisque

u(V1, . . . ,Vd(u)) =♦(a¯a)n(♦v1(V1, . . . ,Vd(v1)), . . . ,

vn(Vd(v1···vn−1)+1, . . . ,Vd(u))).

On en d´eduit `a l’aide de la proposition 3.12 :

Corollaire 3.14 Soit u=u1aau2¯a¯au3 un arbre avecu2∈P. Alors pour toute vari´et´e V,♦u(V) =♦u1au2au¯ 3(V).

Soientuetvdeux arbres. On dit queuest un arbreextraitdevsius’obtient

`

a partir deuen supprimant dansv un certain nombre d’occurrences li´ees dea et ¯a. De fa¸con formelle, la relation«est extrait de» est la fermeture r´eflexive et transitive de la relation 6d´efinie par u6v si et seulement si il existe une factorisationv=v1av2¯av3 telle quev2∈P etu=v1v2v3.

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