C
OMMENTAIRE SUR L’
ARTICLE DEL
INDAB
LACKHistorical and conceptual foundations1
Linda Black propose une synthèse très claire et très dense sur le thème
« Fondations historiques et conceptuelles de l’éducation à distance ».
Il y a une certaine différence de ton entre son commentaire des trois premiers chapitres et celui des cinq autres, repérable par le fait que des citations longues des théoriciens présentés étayent le propos dans la deuxième partie (Théorisation de l’éducation à distance), alors que ce sont plutôt des données factuelles et des chiffres qui le soutiennent dans la première (Perspectives historiques et tendances en recherche).
Mais, au final, en une douzaine de pages, l’auteure fournit un aperçu consistant, précis, et complet semble-t-il, des savoirs produits par le monde académique anglophone sur le sujet, le tout assorti de références nombreuses permettant de suivre l’évolution des thèses dans les travaux successifs et d’une bibliographie très fournie.
Cette performance a une contrepartie – à imputer sans doute aux contraintes éditoriales de longueur : l’auteure ne se met pas à distance des thèses présentées pour en dégager les enjeux présents. Mais le lui reprocher serait mal venu et le défi est plutôt pour nous d’amorcer cette mise à distance en posant deux questions qui, en réalité, sont très liées.
1) Que nous apprennent les théories de la relation à leur contexte historique de naissance ?
Moore explicite à quel point il a été important pour lui de démarquer l’éducation à distance du modèle classique dominant. Alors qu’elle n’était censée en différer que par les aspects techniques, il en a fait ressortir la singularité en tant que modèle pédagogique inédit.
Peters part de la même idée mais il insiste surtout sur le fort degré d’intrication entre la forme « éducation à distance » et l’âge industriel qui la rend possible, faisant de celle-ci un produit de l’industrialisation de la société.
2) Que nous disent-elles du maintien d’une autonomisation du champ de l’éducation à distance aujourd’hui ?
La pertinence d’un tel maintien sera posée explicitement lors du symposium Distances et savoirs à Poitiers (10-11 décembre 2009) : l’autonomisation, nécessaire dans les années soixante, n’est-elle pas obsolète à une époque où il est
1. Michael G. Moore, Handbook of Distance Education, 2007.
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552 D&S – 7/2009. À la croisée des recherches
beaucoup question d’hybridation entre des formes d’éducation en présence et à distance ? L’idée de modèle pédagogique inédit est-elle, par ailleurs, encore liée à l’éducation à distance stricto sensu ?
Peters, en pointant une exigence théorique contemporaine (« Explorer à quel point l’état d’esprit des étudiants post-modernes influence et change l’apprentissage en ligne », propos retranscrits in Bernath et Vidal, 2007, p. 445) nous semble aller dans le sens d’un rapprochement, de même que Garrison et Archer lorsqu’ils font valoir leur intérêt pour les « communautés d’apprentissage », un modèle pédagogique qui n’est pas l’apanage de la seule éducation en ligne. Mais Moore a peut-être aussi raison, en évoquant l’embrouillamini de concepts générés par les rapprochements entre éducation à distance et éducation en proximité, d’attirer l’attention sur le fait que le modèle pédagogique inédit porté par l’éducation à distance pourrait, à son tour, sombrer dans cet embrouillaminis.
Merci, en tous cas, à Linda Black, de nous permettre l’ouverture d’un tel débat.
ELISABETH FICHEZ GERICO – Université Lille 3 Fichez.elisabeth@wanadoo.fr
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