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L’ Les NTIC et les médiathèques :quels enjeux pour la formation ?

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Academic year: 2022

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quels enjeux pour la formation ?

Mohand Boughanem Nicole Le Pottier – Marie Moulis

expression Nouvelles technologies de l’information et de communication (NTIC) est née de la convergence de l’informatique, des télécommunications et du multimédia. Les NTIC recouvrent tous les moyens et outils permettant de générer de l’information (textes, images, sons, séquences vidéos, etc.) par saisie ou numérisation, de traiter cette information, de la conserver sous forme numérique et de la transmettre par des réseaux informatiques.

Pour les médiathèques, la numérisation permet de penser l’accès aux documents en termes non plus de support physique à conserver et à traiter, mais d’information libérée de tout support. Cela modifie considérablement la bibliothèque, tant dans ses usages que dans ses pratiques professionnelles : elle n’est plus le point de passage obligé pour l’accès à l’information.

Dans ce contexte, le rôle du bibliothécaire se déplace : de conservateur et gestionnaire de collections, il va vers celui de médiateur et de formateur à la recherche documentaire. Ainsi, il ajoute des compétences pédagogiques aux compétences « techniques ». L’accès à ces collections d’un nouveau genre implique de savoir utiliser les bons moteurs de recherche et maîtriser leur langage de recherche, évaluer les documents et les qualifier. Il faut savoir identifier la source du document et son auteur, évaluer le contenu et la pertinence du document, ainsi que sa valeur scientifique. S’ajoute alors une fonction critique qui le rend « expert » d’un domaine ou d’une discipline.

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La formation universitaire à l’ère des nouvelles technologies de l’information

L’alphabétisation nécessaire : de l’informatique aux NTIC

L’enseignement de l’informatique est, aujourd’hui, de plus en plus répandu dans les formations universitaires. La plupart des programmes universitaires intègrent un enseignement de base en informatique : l’utilisation d’un ordinateur et de quelques outils donnant à l’étudiant une

« habileté minimale ». Cette habileté, qualifiée par McMillan [MCM 96]

d’« alphabétisation informatique », est relative et souvent liée à l’utilisation des seuls logiciels bureautiques. Il s’agit généralement de savoir utiliser un traitement de texte.

Or, les NTIC se démocratisent, puisqu’un ordinateur et un modem suffisent pour accéder à des millions d’informations disséminées dans le monde et qu’elles sont présentes dans tous les secteurs d’activités. Cela entraîne leur intégration croissante dans la formation universitaire. On forme notamment à l’utilisation de l’internet : usage des moteurs de recherche, du courrier électronique, notions sur les formats de documents.

On est ainsi conduit de l’alphabétisation informatique à l’alphabétisation aux NTIC.

Les cas des formations aux métiers documentaires

Les formations universitaires aux métiers documentaires, qui sont au cœur de l’information et de sa communication, sont sans doute les premières à subir des transformations importantes dans leurs programmes.

Ces formations doivent intégrer, outre la pratique des outils bureautiques, la maîtrise des techniques liées au maniement du document électronique :

– techniques de numérisation ;

– connaissance des formats de stockage et de représentation des documents numériques (texte, image, son) ;

– spécificités de l’indexation des documents numériques ;

– maîtrise des techniques de recherche d’informations, et notamment des modes d’interrogation des bases de données multimédias intégrant des données factuelles, du texte, des images, etc.

En matière de formation à l’internet, l’alphabétisation passe par la connaissance des différentes ressources, des moyens de sélectionner l’information pertinente et de signaler des ressources. Les champs d’application peuvent être :

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– la constitution d’un portail vers des ressources documentaires ; – la création de sites web.

Le traitement des documents et l’élaboration d’outils de recherche

En matière de traitement des documents numériques, les futurs professionnels doivent être en mesure de s’orienter dans le maquis des standards, formats et autres normes en usage. C’est un domaine où la situation est particulièrement confuse et évolutive.

La représentation des documents électroniques

Tous les documents codés électroniquement pourront être plus ou moins bien lus, stockés et traités par ordinateur. Le problème est alors d’intervenir sur le document, pour extraire, ajouter ou supprimer une partie précise du document, d’où l’idée de proposer un modèle de représentation logique (structurelle) du document. De nombreux travaux de l’ISO portent sur la standardisation des modèles de représentation de documents qui ont pour but d’uniformiser les formats pour qu’ils soient échangeables et portables entre différents systèmes. Des formats importants ont été adoptés comme normes internationales, d’autres sont plutôt des standards industriels.

Du côté des normes internationales, on relève :

– SGML (Standard Generalized Markup Language), ODA (Office Document Architecture) et HyTime (Hypermedia/Time-based Document Structuring Language);

– MPEG (JPEG, MPEG, MHEG) issus des travaux de normalisation des procédures de compression des fichiers images et sons.

Parmi les standards industriels ou fortement influencé par les usages industriels, on peut citer :

– PostScript, PDF pour les formats d’impression ;

– HTML, le langage du web, utilisé pour la représentation des documents hypertextuels destinés à la diffusion par le www et issu de SGML.

L’évolution de l’internet a entraîné l’apparition de demandes de plus en plus précises, notamment la prise en compte de structures documentaires dynamiques et extensibles. Le langage HTML, dans sa forme actuelle, ne répond pas à ces attentes. SGML aurait pu y répondre, mais il est considéré comme trop complexe et contient beaucoup d’options qui n’ont pas d’utilité dans le contexte du web. Ceci a conduit le consortium W3C à développer XML (eXtensible Markup Language), une sorte de version allégée de SGML,

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permettant de traiter les documents volumineux et fortement structurés. Il est donc extensible, à la différence de HTML, et permet à l’utilisateur de créer ses propres balises.

Les métadonnées

Les métadonnées sont des « données structurées sur des données ». Elles constituent un ensemble de rubriques contenues ou associées à un document et donnant des informations sur son contenu. Ce sont des « notices descriptives » de documents.

Plusieurs communautés ont défini des standards de métadonnées correspondant à leurs besoins propres, par exemple :

– les formats de la famille MARC (Machine Readable Cataloging Record) pour l’élaboration de catalogues de bibliothèques ;

– le Dublin Core, qui définit les métadonnées permettant d’associer aux pages web leur description.

Ainsi, les systèmes de métadonnées conçus à l’origine pour décrire des documents imprimés et qui ont accompagné la transformation des bibliothèques en médiathèques et l’informatisation de leurs catalogues s’adaptent aux nouvelles formes de documents et aux nouvelles formes d’accès aux documents : le format MARC permet de lier la description bibliographique à l’accès en ligne, au document lui-même. Mais le développement du numérique suscite de nouveaux systèmes concurrents [LUP 98].

Les métadonnées sont donc de plus en plus fréquemment intégrées dans les documents web, à des fins diversifiées : la description des documents isolés ou des collections bien sûr, mais aussi la gestion des droits d’auteurs, la signature électronique, etc. Pour organiser leur compatibilité, un standard a été proposé par le W3C, le RDF (Resource Description Framework). Il est basé sur le Dublin Core et permet l’interopérabilité entre les applications qui échangent des informations sur le web [MICH 99].

L’indexation des documents numériques

L’indexation est l’opération qui consiste à identifier les éléments significatifs pouvant représenter le contenu d’un document. Dans le cas des documents numériques, ce contenu peut être, isolément ou simultanément, du texte, de l’image fixe ou animée, ou du son. Le résultat de l’indexation est souvent une liste de mots-clés représentant le contenu du document, même si ce dernier est un document non textuel.

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Les recherches entreprises ces dernières années dans le domaine de l’indexation automatique des informations multimédias, tentent de proposer des techniques permettant d’indexer ces informations par leurs contenus.

Toutefois, l’indexation des images animées et fixes présente quelques particularités en raison de leur temporalité et du mode de présentation des informations. Leur numérisation permet un accès au contenu qui était jusqu’alors relativement problématique en termes d’économie documentaire : la description et l’indexation des documents audiovisuels était pour la plupart du temps réservée à l’analyse du film tout entier et décrite dans son contenu textuel et non formel [MOU 99a].

L’exemple des images illustre bien les perspectives nouvelles ouvertes au traitement des documents numériques :

– une recherche documentaire associée à une visualisation en temps réel ; – l’accès immédiat à des séquences de films ou à des plans de films, sans avoir l’obligation de regarder le document en entier ;

– la possibilité de construire des corpus thématiques et formels inédits (par exemple, toutes les images représentant la chasse à l’ours, ou des images de chasse à l’ours filmées en plan séquence, ou un montage alterné du chasseur et de l’ours, etc.) ;

– l’accès à d’autres types de documents écrits ou visuels qui viendront documenter le film, soit au moment de sa production, de sa réalisation, soit à celui de sa réception, recréant ainsi divers types de contextes (économique, historique, esthétique, critique, sociologique, politique, etc.) ;

– l’accès à des collections audiovisuelles hors de l’institution qui les a numérisées, ce qui implique un traitement documentaire repensé pour un public indéterminé alors que la plupart du temps, l’indexation est fondée sur un objectif répondant aux besoins d’une communauté ayant les mêmes attentes et possédant le même vocabulaire [DEC 99].

C’est dans le contexte d’un large public naviguant sur le réseau, que se situe le projet de norme MPEG 7 : description standard du contenu des documents multimédias dans lequel un certain nombre d’accès se feront par indexation automatique des images. L’indexation par le contenu est effectuée sur des caractéristiques visuelles, comme la couleur, la texture, la forme, etc. Des systèmes basés sur ces techniques commencent à voir le jour, on y trouve notamment, QBIC d’IBM, PhotoBook du MIT, Virage de Virage Inc., VisualSeek de Columbia university, etc., associés à la rédaction d’un DTD (Definition Type Document) qui permet la localisation spatio-temporelle dans un document audiovisuel, et à laquelle est jointe une analyse de contenu du segment ainsi défini. Ce qui permettrait aux moteurs de recherche d’extraire les informations utiles pour le repérage et la consultation de ces documents.

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La formation des professionnels à ces nouvelles conditions

Pour la formation, l’enjeu se situe dans l’acquisition de plusieurs niveaux de compétences. D’abord, les compétences traditionnelles de catalogage et d’analyse de contenu en vue d’une indexation. Savoir décliner l’identité du document et prescrire des mots-clés afin d’organiser l’accès à l’information, reposent sur une très bonne connaissance des règles et des méthodes de catalogage et d’indexation, ainsi que de leurs principes fondateurs. Ensuite, il faut s’approprier des outils informatiques, afin de pouvoir adapter et transférer ces techniques vers les traitements automatisés et les logiciels documentaires adéquats, voire d’être en mesure de proposer des évolutions de ces systèmes.

Et aujourd’hui, des dispositions intellectuelles capables de fédérer ces compétences sont nécessaires pour avoir accès à des documents délinéarisés qui pourront être fragmentés (extraits de films, par exemple) associés à d’autres documents (d’autres extraits de films, afin de constituer des corpus thématiques à partir de séquences, de photos, de textes, etc.), et pour lesquels l’identification et la validation scientifique demeurent plus que jamais pertinentes dans le cas de recherche d’information par navigation.

C’est d’autant plus vrai que les procédures sont loin d’être stabilisées et que, même si les formats des documents numérisés intègrent de plus en plus des accès aux contenus, ils sont encore en cours d’élaboration : ainsi, pour les documents images, certains formats de compression images fixes (le format TIF permet d’inclure des métadonnées) et les formats à venir, JPEG 2000 et PNG, ainsi que la norme MPEG 7 pour les images animées. Cela implique une veille informative, destinée à suivre les évolutions des différents standards de description avec tout ce que cela représente d’incertitude, de flou, mais aussi de perspectives nouvelles.

De fait, l’enjeu majeur de la formation aujourd’hui est de mobiliser les compétences traditionnelles et de les faire évoluer, de telle sorte qu’elles puissent suivre l’évolution constante des outils et des pratiques documentaires. Ceux-ci vont, par ailleurs, se mêler à d’autres dispositifs normatifs et technologiques : on va évoluer d’un savoir-faire autonome et constitué vers un savoir-faire qui passera par des partenariats obligés, pour le traitement comme pour l’accès aux documents. C’est un partenariat réversible, car les compétences propres des médiathécaires dans l’organisation et la hiérarchisation des informations seront très utiles aux producteurs de documents multimédias, notamment dans la création d’outils d’aide à la navigation.

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La recherche de l’information

La formation à la recherche de l’information s’inscrit dans le cadre plus large de l’accès à la maîtrise de l’information. On y retrouve les axes définis pour les formations des étudiants à cet ensemble de compétences :

« – savoir préciser l’information dont on a besoin ; – savoir où et comment la trouver ;

– savoir sélectionner de manière pertinente les documents que l’on souhaite retenir ;

– savoir identifier les sources ;

– savoir lire, comprendre et extraire l’information essentielle ;

– savoir évaluer un document, mettre en perspective l’information proposée et faire l’analyse critique de son contenu ;

– savoir gérer sa documentation ;

– savoir communiquer une information de manière efficace oralement ou par écrit à l’aide de différents types de supports. » [FOR 99].

Mais il s’agit de former des gens qui seront à la fois des utilisateurs et des médiateurs. Les connaissances et les savoir-faire acquis seront mis en œuvre pour leur usage propre afin de rechercher efficacement l’information spécialisée de leur sphère professionnelle, mais cette maîtrise devra aussi s’exercer pour d’autres dans des domaines souvent divers et être transmise sous forme d’aide, de conseil, ou de formation. La formation des professionnels des médiathèques à la recherche de l’information est donc aussi un apprentissage de la médiation, médiation qui s’exerce à toutes les étapes du processus (analyse de la question, déroulement de la recherche, évaluation et communication des résultats).

Maîtriser l’éparpillement et la diversité

A l’âge du numérique, et particulièrement du numérique en réseau, la difficulté la plus apparente pour qui veut prétendre maîtriser l’information est sans doute la profusion des documents. Les ordres de grandeur atteints par le nombre de pages mises en circulation sur le web sont sans commune mesure avec celui des publications imprimées, et le couplet traditionnel sur la « croissance exponentielle des documents » des introductions aux cours de recherche documentaire des décennies passées paraît maintenant un peu dérisoire.

En facilitant la publication d’informations et leur diffusion tous azimuts, l’internet a mis en circulation des masses d’informations qui ramènent l’idée de maîtrise exhaustive au rang d’une prétention irréaliste, sauf à réévaluer

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les objectifs de la maîtrise de l’information : apprendre à maîtriser l’information sur l’internet, c’est d’abord renoncer définitivement à poursuivre cette chimère au profit de notions plus réalistes comme le représentatif ou le significatif.

Un corollaire de la profusion est l’éparpillement des sources documentaires. Rapidement dit, n’importe qui peut publier un document sur l’internet. Les détenteurs d’une information ou d’un message à transmettre peuvent se passer, et souvent le font, d’intermédiaires. Aussi, connaître l’auteur d’une information n’aide plus seulement à expliquer le contenu ou la forme d’un outil de recherche – on explique l’étendue du recensement d’une bibliographie officielle par l’organisme qui la produit et par ses moyens, le dépôt légal, par exemple, – c’est aussi la condition pour s’orienter vers une source d’information. Savoir qui détient une information ou qui est susceptible de mettre un document à disposition sur le web, est dans bien des cas le moyen rapide de trouver ce que l’on cherche sur l’internet. Cette démarche, habituelle à la recherche en archives, déplace l’attention des outils vers les organismes ressources et la typologie de leurs sites.

Une autre méthode pour s’orienter dans ce trop plein éparpillé est fournie par l’hypertexte. L’apprentissage de la maîtrise de l’information sur le web passe aussi par le repérage des affinités documentaires matérialisées par les choix de liens vers d’autres ressources externes trouvées sur un site ou dans un document pertinent. Cette tactique, qui permet à partir d’un document ou d’un site intéressant, d’attirer à soi une chaîne de documents du même genre est une adaptation de la « tache d’huile », procédé très anciennement utilisé pour constituer une bibliographie sur un sujet, mais sans les dangers de vieillissement progressif des références ainsi recueillies.

Maîtriser l’évolutif et le fugace

Les ressources mises sur l’internet sont susceptibles d’évoluer en permanence. Les facilités qu’offre le support numérique pour corriger, compléter, remettre à jour ou modifier un document sont un des avantages des systèmes utilisant les NTIC. Elles rendent toutefois la connaissance des sources d’information et des outils de recherches plus difficile, car toujours remise en question.

Beaucoup d’outils de recherche ou d’ensembles d’informations sont mis en ligne avant d’être achevés, parfois encore à l’état d’esquisses. Contours flous du recensement, fonctionnalités annoncées mais non encore en place, la description de bien des outils de recherche en ligne, – les catalogues des grandes bibliothèques intégrant au fur et à mesure les résultats de

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programmes de rétroconversion, par exemple, – ne présente pas le caractère ferme et définitif (et rassurant pour l’étudiant) de leurs équivalents imprimés, même complexes et imparfaits.

Les ressources sur l’internet sont par ailleurs fugaces ; elles disparaissent sans crier gare. Savoir saisir la bonne occasion quand elle se présente fait aussi partie des petits talents à acquérir.

Maîtriser la diversité

La multiplication des outils de recherche et de systèmes d’information accessibles par les NTIC entraîne une grande hétérogénéité de présentation.

L’utilisateur doit s’adapter à une grande variété dans les fonctionnalités offertes par les formulaires de recherche, dans les langages documentaires (vocabulaire d’indexation et syntaxe) des recherches par mots-clés, dans les logiques de recherche par arborescences ; il devra souvent interroger dans plusieurs langues simultanément ou successivement.

Le développement de l’utilisation des NTIC par un public de plus en plus large, qui s’est amorcé avec la diffusion sur cédérom des bases de données, a suscité des formules simplifiées d’interrogation, mais il a accentué encore l’apparente diversité des systèmes.

Maîtriser la recherche d’informations passe donc par la connaissance du maniement des divers modes d’interrogation, mais aussi par la capacité à reconnaître sous l’hétérogénéité des habillages les principes de bases sous- jacents qui, eux, sont constants.

La recherche dans bien des systèmes d’interrogation mis en œuvre sur le web (robots de recherche, recherches sur des collections de documents en texte intégral) suppose de savoir bâtir des équations complexes et jongler avec les différents champs, ainsi qu’avec des opérateurs booléens, des opérateurs de proximité et autres troncatures.

Par ailleurs, les outils de recherche ne permettent pas de déterminer la sélection et la nature des documents offerts. Il s’agira alors de clarifier rapidement quelle réponse valider. Ainsi, pour des documents particuliers, comme les images fixes et animées, à l’exception de quelques moteurs spécialisés, il est impossible d’opérer des sélections préalables sur des accès à des bases de données de références bibliographiques ou filmographiques, ou à des références de collections avec visualisations d’extraits de films, ou directement à des fichiers d’images. Il s’agit alors de savoir mémoriser les accès afin de pouvoir combiner les références et poursuivre les recherches pour mémoriser les collections.

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L’apparente uniformité des informations rendue possible par la numérisation des documents devient alors un handicap quand il s’agit de faire des recherches sur des documents autres que les imprimés. Cela est d’autant plus vrai que le signalement des images repose sur une démarche volontaire de la part du gestionnaire du site, puisqu’il est impossible de faire une recherche textuelle sur une image si cela n’a pas été prévu à l’avance [MOU 99b].

Maîtriser l’indifférencié

L’environnement du web a tendance à estomper les points de repère habituels des repérages des documents et la hiérarchie des informations présentes. Les ressources sont apparemment toutes placées sur le même plan, d’autant plus que le mode d’accès aux documents – on entre plus souvent sur un site par une « porte dérobée » que par l’entrée principale – contribue à voiler encore le contexte.

On aura donc des difficultés nouvelles à répondre à de « vieilles » questions : quel est l’auteur de ce document, s’agit-il d’un document

« entier » ou d’un extrait de document (texte ou film) et en ce sens, comment peut-on l’identifier ? La signature est-elle celle de l’auteur ou du créateur du fichier (c’est souvent le cas pour les fichiers d’images fixes qui sont signalés par un terme très générique, à défaut de titre ou de légende, et ensuite par leur format de compression), quelle est sa relation avec le sujet traité, quelle est sa légitimité scientifique ? De quand datent le document et les informations qu’il contient ? Les questions de propriété intellectuelle, anciennes elles aussi, sont particulièrement délicates dans ce contexte et la rumeur selon laquelle « tout est libre de droit sur l’internet puisqu’il y a un vide juridique » se substitue aux règles classiques de la propriété intellectuelle, pourtant parfaitement applicables dans la plupart des cas. Ce qui pose question en revanche, c’est souvent le statut de la personne qui met à disposition des informations ou des documents : est-il producteur, compilateur, voire emprunteur illégitime ?

Les permanences

La formation à la recherche d’informations dans le contexte des NTIC n’apparaît pas en rupture avec les méthodes et les apprentissages de la documentation traditionnelle. Il s’agit plutôt de mettre les futurs professionnels des médiathèques en mesure de s'adapter à une évolution tranquille, l’arrivée de nouveaux moyens, procédés et documents à intégrer dans la panoplie déjà existante, en évitant l’enthousiasme béat tout aussi bien que le rejet épouvanté. L’entrée de l’internet dans les bibliothèques est

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dans la logique d’une appropriation progressive des nouveaux supports ou systèmes d’information, au fur et à mesure de leur émergence : les services d’interrogation des banques de données en ligne au milieu des années 1970, la mise à disposition en accès libre des cédéroms, bibliographiques puis multimédias, au cours de la décennie suivante.

Toutefois, si les bibliothèques ont adopté le robinet, ni elles ni leurs usagers n’ont encore totalement renoncé au puits [VAR 83] pour leur approvisionnement documentaire. Actuellement, dans l’offre éditoriale, comme dans les pratiques des usagers, chercheurs ou public large, les NTIC ne se substituent pas aux supports d’information traditionnels, elles viennent les compléter. Les premières observations des pratiques des usagers, tant dans le domaine de la lecture publique que dans celui des bibliothèques d’étude, montrent que l’utilisation des ressources de l’internet en matière de recherche documentaire reste encore limitée [LEC 99], la fonction de communication interpersonnelle étant encore de loin la plus valorisée. Comme outil documentaire, l’internet est, semble-t-il, considéré comme une source d’informations ponctuelles et rapides pour une première approche. Les difficultés rencontrées pour extraire efficacement une documentation approfondie et pertinente dont les facteurs ont été évoqués plus haut font préférer des sources plus traditionnelles mais mieux maîtrisées.

Préparer les professionnels des médiathèques à un terrain dans lequel les outils issus des NTIC viennent en complément des outils traditionnels, suppose une formation qui soumette les uns et les autres à une grille commune d’analyse. Les moyens d’apprentissage n’en seront pas bouleversés : ils nécessitent toujours le même type d’acquisitions. Il faut toujours passer par la connaissance d’un ensemble significatif d’outils, choisis pour soutenir et illustrer une typologie fonctionnelle. Cette connaissance s’acquiert par l’analyse de ces outils (contenu et fonctionnement) et par leur manipulation dans le cadre de recherches concrètes. Comme pour les supports traditionnels d’information, cet apprentissage se nourrit des autres techniques acquises. La formation aux outils de recherche est inséparable de l’acquisition des techniques d’élaboration d’outils (catalogage et indexation en particulier). Une initiation, même modeste, à l’élaboration d’un site web, fait progresser de manière décisive dans le déchiffrement des ressources web.

Il faut apprendre également à mobiliser rapidement une stratégie de recherche efficace (pertinente, rapide et adaptée) appuyée sur la connaissance pratique des outils, la capacité à analyser précisément le problème posé au départ et à évaluer les résultats à l’arrivée. Il faut être capable de se placer en médiateur dans ce processus de recherche.

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En effet, les professionnels seront la plupart du temps amenés à effectuer des recherches d’information dans une double posture de conseil et de formation. La formation des usagers est une fonction qui se développe dans toutes les catégories de bibliothèques. Préoccupation ancienne, elle a pris un caractère plus urgent avec la mise à disposition directe du public de ressources numériques (cédéroms puis internet). La transformation des services de recherche informatisée à l’avènement des banques de données bibliographiques sur cédéroms illustre ce changement de nature de la médiation offerte : les bibliothécaires y sont passés du rôle d’opérateur à celui de formateur. La formation à la recherche d’information dans le contexte du développement des NTIC est aussi une formation à la pédagogie.

Les déplacements et les évolutions

Le développement de systèmes permettant un accès rapide à une masse énorme d’informations et de documents ne transforme pas véritablement la recherche documentaire dans ses principes et ses mécanismes fondamentaux, mais il déplace le centre de gravité des apprentissages. D’autre part, la formation initiale ne donne qu’un instantané provisoire d’une situation en mouvement.

Les formations sont amenées à insister sur certains savoir-faire dont l’acquisition est de plus en plus difficile. Etre capable de prendre en main rapidement un instrument de recherche est plus que jamais indispensable, mais de plus en plus délicat. Il faut avoir intégré comme un réflexe les techniques d’analyse et de repérage, tant du contenu que des moyens d’accès au contenu d’un instrument de recherche pour les appliquer à des objets (un OPAC, une banque de données, un moteur de recherche, ou un site web proposant un ensemble de services, la juxtaposition de ressources différentes dans un parcours hypertexte) dont la « lecture » peut être brouillée par divers facteurs que nous avons évoqués plus haut.

On demandera de plus en plus au bibliothécaire une expertise pour trier dans l’offre documentaire de l’internet, alors que ce volet est peu développé dans l’aide « traditionnelle » à la recherche documentaire. Le professionnel doit disposer des repères internes et externes nécessaires pour évaluer le contenu des ressources numériques en réseau, les outils comme les sources.

Là encore, la compétence n’est pas nouvelle, elle est à l’œuvre depuis longtemps dans la constitution des collections, mais le champ d’application s’est considérablement élargi et les repères sont devenus flous. Il faut donc, dans la formation à la recherche d’information, accentuer les exigences en matière d’évaluation et de présentation des résultats, définir plus rigoureusement une information utile et une recherche pertinente.

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La formation doit enfin persuader les futurs professionnels de la nécessité de la veille informative et technique. Cette remise à jour permanente des connaissances commence dès le lendemain de leur acquisition.

Dans le contexte du développement des NTIC, la formation des professionnels des bibliothèques doit atteindre plusieurs objectifs. Les formations initiales s’attachent à préparer des médiathécaires capables de s’adapter à des profils de postes et à des situations professionnelles variées.

Sur le terrain, on demande aux nouveaux professionnels d’être rapidement en mesure d’utiliser l’environnement technique existant, de participer à la définition ou à la mise en œuvre de nouveaux systèmes d’information (réinformatisation, ouverture d’accès publics à l’internet, création ou maintenance de sites web, etc.), de s’insérer dans des programmes de formation des usagers. On demande à la formation continue de répondre aux besoins engendrés par les évolutions successives de l’environnement technique et le développement des tâches d’accueil et de formation. Le succès de l’entreprise suppose que soient réunies plusieurs conditions, et notamment qu’une véritable place soit accordée aux compétences professionnelles dans les concours de recrutement, que les tâches de formation soient plus largement inscrites dans les statuts, et que dans les formation universitaires les relations avec le terrain professionnel soient renforcées.

Bibliographie

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Références

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