Chapitre V
Similitudes planes
1.
Les transformations du plan
1.1.
Dénition
Définition 1 :
Une transformation du plan est une application du plan bijective, c’est à dire telle que chaque point du plan a une image et un antécédent uniques.
Définition 2 :
La transformation du plan la plus simple est l’identité, notée
Id, qui transforme chaque point en lui-même.
1.2.
Opérations sur les transformations du plan
Définition 3 :
Deux transformations du plan f et g sont égales si, pour tout point M du plan, f (M ) = g(M).
Définition 4 :
La réciproque d’une transformation du plan f est la transformation qui à chaque point N du plan, associe l’unique point M tel que f (M) = N . Cette application est bien définie si f est une transformation. On la note f − 1 . Les deux égalités suivantes sont équivalentes :
f (M) = N et f − 1 (N ) = M.
Définition 5 :
Les composées de deux transformations du plan f et g, notées f ◦ g et g ◦ f , sont les transformations qui à tout point M du plan associent respectivement le point f (g(M )) ou le point g(f (M)), c’est à dire
f ◦ g(M ) = f (g(M)) et g ◦ f (M) = g(f (M )).
Remarque : On peut aussi dénir laomposée de trois fontions
f
,g
,h
,qui à tout pointM
du plan assoie lepointf ◦ g ◦ h(M ) = f(g(h(M )))
.Proposition 1 :
Si f est une transformation du plan, alors f ◦
Id=
Id◦ f = f , et f ◦ f − 1 = f − 1 ◦ f =
Id.
Preuve. Sansdiulté.
Remarque: Laompositiondes transformations,ommeelle desfontions,n'est pasune
opérationommutative,'est àdire que
f ◦ g
etg ◦ f
ne sonten généralpas égales.Il estimportantde teniromptede etteréserveenmanipulantlesomposées,ommel'illustre
la démonstrationde la propositionsuivante.
Proposition 2 :
Réciproquement, si f et g sont deux transformations du plan telles que f ◦ g =
Idou bien g ◦ f =
Idalors g = f − 1 et f = g − 1 .
Preuve. Si
f ◦ g =
Id,alorsf − 1 ◦ f ◦ g = f − 1
etdong = f − 1
.De même,f ◦ g ◦ g − 1 = g − 1
,don
f = g − 1
.Proposition 3 :
Si f, g, h sont trois transformations du plan telles que f = g ◦ h, alors g = f ◦ h − 1 et h = g − 1 ◦ f .
2.
Le groupe des similitudes
Définition 6 :
Une similitude plane est une transformation du plan qui conserve les rapports de distances.
Proposition 4 :
Soit s une similitude plane. Quels que soient les points distincts M et N et leurs images respectives M ′ et N ′ par s, le rapport M M N ′ N ′ est un réel positif non nul constant. On l’appelle rapport de la similitude s.
Preuve. Par dénitiond'unesimilitude,quelsquesoient
M
,N
,P
,Q
quatrepointsdistintsetleurs images
M ′
,N ′
,P ′
,Q ′
pars
,M ′ N ′
P ′ Q ′ = M N P Q .
Par unsimple produiten roix, onen déduit
M ′ N ′
M N = P ′ Q ′ P Q
e qui prouve laproposition.
Remarque: Lafamilledes similitudesontientpresquetouteslestransformationsrenon-
tréesdepuisleollège,notammentellesquionserventlesdistanes,appeléesisométries.
Elle ontient aussi les transformationsdu plan déouvertes en première.
Exemple : Les translations, les rotations et les symétries axiales (réexions) sont des
isométrieset don des similitudes.
Les homothéties, déouvertes en première onservent les rapports de distanes, e sont
aussi des similitudes.
Exemple : Les projetions sur une droiteparallèlementà une autre ne onservent par les
rapports de longueurs, puisque des segments de longueurs diérentes peuvent avoir des
segmentsimagesdemêmelongueurs.Cenesontdonpassimilitudes.Cependant,onpeut
noter quee ne sont pasdes transformationsdu plan,puisqu'elles ne sontpas bijetives:
un pointsitué sur ladroite de projetion a une innitéd'antéédents etun pointhors de
ette droite n'en a auun.
Proposition 5 :
L’identité est, de manière évidente, une similitude de rapport 1.
Preuve. Soient
M
,N
,deuxpointsdistintsdu plan.Le rapportest
k =
Id(M )
Id(N )
M N = M N
M N = 1
.Proposition 6 :
La transformation réciproque d’une similitude de rapport k est une similitude de rap- port 1 k .
Preuve. Soient
s
une similitude,s − 1
saréiproque,M
,N
,deuxpointsdistints duplanetM ′
et
N ′
leurs imagespars
.s
est derapportk
donk = M ′ N ′ M N
.Deplus,
s − 1 (M ′ )s − 1 (N ′ )
M ′ N ′ = M N M ′ N ′ = 1
k
Les rapports sont bienonservés.
s − 1
est eetivement une similitude de rapport1
k
.Proposition 7 :
La composée de deux similitudes de rapports k et k ′ est une similitude de rapport kk ′ .
Preuve. C'est uneonséquene direte deladénition dessimilitudes.
Proposition 8 :
Les similitudes conservent les rapports de longueurs. Elles conservent donc les angles géométriques. (cos( → u ; → v ) =
→ u . → v
|| → u |||| → v || ).
Définition 7 :
Une similitude qui conserve les angles orientés est appellée similitude directe. Le chapitre 6 est consacré à leur étude. Une similitude qui ne conserve pas l’orientation des angles est appelée similitude indirecte.
On avu en lasse de seonde qu'une façonde dénir des trianglesisométriques est basée
sur l'existene une isométrie du plan transformant un triangle en l'autre. La déouverte
des similitudes ore une dénition analogue pour les triangles ou plus généralement les
gures semblables.
Définition 8 :
Deux figures du plan sont dites semblables si il existe une similitude transformant l’une
en l’autre.
Remarque : Cette nouvelledénition est ohérenteave elle vue en seonde, puisqu'une
similitudemultiplietoutes leslongueurs par un même nombre : son rapport.
3.
Ériture omplexe
Dans ette partie, on munit le plan omplexe d'un repère orthonormé diret
(O; ~ u; ~v)
.Nous allons ainsi pouvoirétudier lesfontions omplexes assoiées auxsimilitudes.
Rappel : Soit un point
M
d'axez
etM ′
un point d'axez ′
.Soit
t
une translation de veteur~ u
d'axeb
.M ′ = t(M ) ⇔
− − − − − − − − − − →
M M ′ = → u
⇔ z ′ − z = b
⇔ z ′ = z + b.
L'ériture omplexe d'une translation est de laforme
z ′ = z + b
.Soit
h
une homothétiede entreΩ
d'axeω
etde rapportk
.M ′ = h(M) ⇔
− − − − − − − − →
ΩM ′ = k − ΩM − − − − − →
⇔ z ′ − ω = k(z − ω)
⇔ z ′ = kz − kω + ω
⇔ z ′ = αz + β
L'ériture omplexe d'une translation est de la forme
z ′ = kz + b
oùα = k ∈
R etβ = − kω + ω ∈
C.Soit
r
une rotationde entreΩ
d'axeω
etd'angleθ
.M ′ = h(M ) ⇔ Ω M ′
ΩM = 1
et( − ΩM , − − − − − →
− − − − − − − − →
ΩM ′ ) = θ
⇔ | z ′ − ω
z − ω | = 1
etarg
z ′ − ω z − ω
= θ
⇔ z ′ − ω z − ω = e iθ
⇔ z ′ − ω = e iθ (z − ω)
L'ériture omplexe d'une rotation est de la forme
z ′ = az + b
oùα ′ = e iθ ∈
C est unomplexe de module 1 et
β ′ = −e iθ ω + ω ∈
C.Remarque : On observe que toutes es transformations ont des éritures omplexesde la
forme
z ′ = az + b
,ave diérentes ontraintes sur les nombres omplexesa
etb
.•
Sia = 1
, latransformation assoiée est une translationde veteur d'axeb
.•
Sia ∈
R− {1}
, la transformationassoiée est une homothétiede rapporta
.•
Sia 6∈
R et|a| = 1
,la transformation assoiée est une rotationd'anglearg(a)
.Nous allons nous intéresser dans ette partie aux transformations que l'on obtient en
omettant es ontraintes, 'est à dire en imposant simplement
a ∈
C∗
etb ∈
C. (Le asa = 0
ne donne pas une transformationdu plan, ar l'imagede haque point est alors le pointd'axeb
.)Théorème 1 :
Toute transformation du plan dont l’écriture complexe est de la forme
z ′ = az + b
ouz ′ = az + b
où a et b sont des nombres complexes, a étant non nul, est une similitude plane de rapport |a|. La première forme est celle d’une similitude directe, la seconde d’une similitude indirecte.
Preuve. Soient
s
une transformationdupland'éritureomplexede laformez ′ = az + b
,M
etN
deuxpointsd'axes respetivesx
ety
,M ′
etN ′
d'axesx ′
ety ′
lesimages deM
etN
pars
.Alorss(M )s(N )
M N = M ′ N ′ M N
= |y ′ − x ′ |
|y − x|
= |(ay + b) − (ax + b)|
|y − x|
=
a(y − x) y − x
= |a|.
Ainsi, la transformation
s
onserve les rapports de distanes, e qui prouve que 'est bien unesimilitude.Sonrapportestbien
|a|
.Ladémonstrationestlamêmesis
estdelaformez ′ = az +b
,puisque
|y − x| = |y − x| = |y − x|
.Soient de plus
V
etW
deux points d'axes respetivesv
etw
,V ′
etW ′
d'axesv ′
etw ′
lesimages par
s
dees deuxpoints. Sis
aune ériture omplexe delaformez ′ = az + b
,alorsM \ ′ N ′ V ′ W ′ = arg
w ′ − v ′ y ′ − x ′
= arg
aw + b − av − b
ay + b − ax − b
= arg
w − v
y − x
= M N V W . [
Toute similitude de ette forme onserve don les angles orientés, il s'agit don de la forme
générale dessimilitudesdiretes.Si
s
aune ériture omplexe delaformez ′ = az + b
,alorsM \ ′ N ′ V ′ W ′ = arg
w ′ − v ′ y ′ − x ′
= arg
aw + b − av − b
ay + b − ax − b
= arg
w − v
y − x
= −[ M N V W .
Toutesimilitude de ette forme inverse don l'orientation des angles, il s'agit don de laforme
générale dessimilitudes indiretes. La formule
arg a−b c−d = ( − DC; − − − → − BA) − − →
permetd'étudier sans di-ulté laonservation desangles danshaqueas.
Lapropositionpréédenten'est qu'uneimpliation.Il nousreste àprouversaréiproque,
'est à dire que toute similitude plane admet une ériture plane d'une des deux formes
proposées.
Théorème 2 :
Toute similitude plane admet un écriture complexe de la forme z ′ = az + b si elle est directe et z ′ = az + b si elle est indirecte.
Preuve. Soient
s
une similitude planede rapportk
,M
etN
deuxpoints distintsduplan,M ′
et
N ′
leurs images respetives pars
. On note respetivementz
,c
,z ′
etc ′
les axes des huitpointsainsidénis. Onsait alorsque
N ′ M ′
N M = k.
La forme omplexe deette égalité est
|z ′ − c ′ |
|z − c| = k.
Onen déduit alors que
|z ′ − c ′ | = k|z − c| = |k(z − c)|.
Les nombres omplexes
z ′ − c ′
etk(z − c)
diérent don seulement par leur argument, à laonjugaison près. Il faut don distinguer deux as. Soit
z ′ − c ′ = k(z − c)e iθ
, e qui donne laforme
z ′ = az + b
d'une similitude direte, soitz ′ − c ′ = k(z − c)e iθ
, e qui donne la formez ′ = az + b
d'unesimilitude indirete.4. Points fixes des similitudes planes
Les translations sont des similitudes diretes qui n'ont auun point xe. La proposition
suivante armeque e sont lesseules.
Proposition 9 :
Toute similitude directe qui ne soit pas une translation admet un unique point fixe.
Preuve.Posons
z ′ = az + b
l'éritureomplexe d'unsimilitude diretes
dansleplanmunid'unrepèreorthonormé diret.Si
s
n'est pasune translation,alorsa 6= 1
.L'axed'unpoint xepars
doit vérier l'équationz = az + b
.Il est lair que ette équation admet une unique solutiondansC, égaleà
ω = b 1 − a .
Théorème 3 :
Toute similitude ayant deux points fixes distincts est soit une symétrie axiale, soit l’i- dentité.
Preuve. Si'estune similitude direte, alorselle ne peutêtre qu'une translation, arsinonelle
n'aurait qu'un point xe, d'aprèsla proposition préédente. Maisune translation ne peut avoir
deux points xesque sielle estde veteur nul. C'est donl'identité.
Si'est unesimilitude indirete,notons
A
etB
sesdeux points xes etz ′ = az + b
sonéritureomplexe. Onpeutalors hoisirun repèredu pland'origine
A
et dontl'axe desabsissessoit ladroite
(AB)
. Les axes deA
etB
sont alorsz A = 0
etz B ∈
R.PuisqueA
est un point xe,z A = az A + b
, e quidonneb = 0
.PuisqueB
estun point xe et quez B
estun réel,on a aussiz B = az B = az B
, e qui prouve quea = 1
. L'ériture omplexe de notre similitude est donz ′ = z
,e quisignie que'estlasymétrie d'axe(AB)
.Proposition 10 :
Toute similitude ayant trois points fixes non alignés est l’identité.
Preuve. La similitude atroispointsxes non alignésdon elle ena au moinsdeux. C'estdon
soit une symétrie, soit l'identité. Comme elle a despointsxes non alignés, e ne peut pasêtre
une symétrie.C'est don l'identité.